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Full text of "Bulletin de l'Institut océanographique"

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THE 

ACADEMY  OF  NATURAL  SCIENCES 

OP 

PHILADELPHIA. 

exchange. 

A  of  (o  6e  loaned. 

- - — - 1 1 


L  IJVSTITUT  OCfAPfiRIPHIOUI 

(Fondation  ALBERT  Ier,  Prince  de  Monaco) 

- 

Nos  8  8-108 


MONACO 

AU  musee  oce:anographique 


TABLE  DES  MATIERES 

(par  ordre  alphabetique) 


Le  numero  de  chaque  article  se  trouvant  au  bas  du  recto  de 
chaque  feuillet  il  est  tres  facile  de  trouver  rapidement  1' article 
cherche. 


Albert  Ier,  Prince  de  Monaco.  —  N°  go.  —  Sur  la  huiti&me  cam- 
pagne  de  la  Princesse- Alice  II. 

Allemandet  (G.-H.).  —  N°  88.  —  Analyse  des  dchantillons  d’eau  de 
mer  recueillis  pendant  la  Campagne  du  yacht  Princesse- Alice 
en  1906. 

Allemandet  (G.-H.).  —  N°  91.  —  Analyse  de  quelques  dchantillons 
de  Pdlagosite  recueillis  dans  le  port  de  Monaco. 

Bouvier  (E.-L.).  —  N°  93.  —  Quelques  impressions  d’un  naturaliste 
au  cours  d’une  campagne  scientifique  de  S.  A.  S.  le  Prince  de 
Monaco  ( 1  go5). 

Chevreux  (Ed.).  —  N°96.  —  Orchomenella  lobata,  nouvelle  espece 
d’Amphipode  des  regions  arctiques. 

Couture  (H.).  —  N°  98.  —  Questionnaire  relatif  aux  especes  comes¬ 
tibles  de  Crustacds.  . 

Coutiere  (H.).  —  N°  104.  —  Sur  quelques  formes  larvaires  enigma- 
tiques  d'Eucyphotes,  provenant  des  collections  de  b.  A.  b.  le 

Prince  de  Monaco.  .....  , 

Fauvel  (Pierre).  —  N°  107.  —  Premiere  note  prdliminaire  sur  les 
Polychetes  provenant  des  campagnes  de  1  Ihrondelle  et  de  la 
Princesse- Alice,  ou  ddposdes  dans  le  Musde  Oceanographique 
de  Monaco.  .....  , 

Guer.n-Ganivet  (J.).  -  No  105.  -  Notes  Z 

ments  de  Mollusques  comestibles  des  Cotes  de  Prance. 
L’embouchure  de  la  Loire,  la  baie  de  Bourgneuf  et  les  cotes  de 

JaquetV(MQL—  N“  90? —  Description  de  l'extrdmite  posterieure  du 
corps  anormale  chez  deux  Motella  fusca  Risso. 

Jaouet  [M )  —  N°  102.  -  Note  sur  une  forme  jeunede  Trigla. 

Jaquet  (M  j.  -  No  109.  -  Considerations  sur  les  Scorpemdes  de  la 

TouBis^L^-^No'sg.  -  Notes  sur  les  gisements  comestibles  des 
Joubin  (L.).  prance.  — La  region  d’Auray  (Morbihan)  avec  1  carte. 
Joubin  (L.).  -  No  92.  -  La  Presqu’ile  de  Quiberon  (avec  quatre 

i.n»T»P!ianiCh-'No  io3.  —  Note  sur  les  Brachiopodes  recueillis  au 
J°U  cours  des  demises  croisieres  du  Prince  de  Monaco. 

(R  )  —  No  00.  —  Note  prdliminaire  sur  quelques  Astenes 
k  et  Ophiures  provenant  des  campagnes  de  la  Princesse-Ahce. 
Maillard  (L.L  —  N°  100.  —  L’lndustne  des  Salines  c6tieres._ 
n™ (M  V  —  No  108.  -  Quelques  observations  biologxques  et 
°*  e^i'ences  sur  la  “  Faune  des bords  de  cuvette 
Portier  et  Richard  (J.).  -  N«  97.  -  Sur  une  mdthode  de  prelevement 
de  l'eau  de  mer  destinde  aux  dtudes  bactdriologiques. 

Richard  (J.).  —  N°  106.  —  Campagne  scientifique  de  la  Princesse- 
Alice  en  1907,  liste  des  stations,  avec  1  carte. 

Richard  et  Portier.  —  N°  97.  —  (Voir  Portier  et  Ri^?ard). 

Sars  (G  -O.). _ N°  101.  —  Notes  supplementaires  sur  les  Calanoides 

^  de  \a  Princesse- Alice  (corrections  et  additions). 

Vles  (F.). _ N°  94.  —  Sur  l’existence  de  la  Mye  dans  la  Mediterranee. 


f 


86G01 


TABLE  DES  MATIERES 


Le  numero  de  chaque  article  se  trouvant  au  bas  du  recto  de 
chaque  feuillet  il  est  tres  facile  de  trouver  rapidement  l’ article 
cherche. 

Nos  88.  —  Analyse  des  echantillons  d’eau  de  mer  recueillis  pendant 
la  Campagne  du  yacht  Princesse- Alice  en  1906,  (kun 
esperanta  traduko),  par  G.-H.  Allemandet. 

89.  —  Notes  surles  gisements  comestibles  des  Cotes  de  France. 

—  La  region  d’Auray  (Morbihan)  avec  1  carte,  par 
L.  Joubin,  professeur  au  Museum  d’Histoire  naturelle 
de  Paris  et  a  l’lnstitut  Oceanographique. 

9°-  —  Description  de  l’extremite  posterieure  du  corps  anormale 
chez  deux  Motella  fusca  Risso,  par  le  Dr  M.  Jaquet, 
conservateur  au  Musee  Oceanographique  (avec  une 
planche  double). 

91.  Analyse  de  quelques  echantillons  de  Pelagosite  recueillis 

dans  le  port  de  Monaco,  (kun  esperanta  traduko),  par 
G.-H.  Allemandet. 

92.  —  Conference  du  i=r  decern bre  1906.  —  La  Presqu’lle  de 

Quiberon  (avec  quatre  planches),  par  L.  Joubin,  pro¬ 
fesseur  au  Museum  d’Histoire  naturelle  de  Paris  et  a 
l’lnstitut  Oceanographique. 

93.  —  Quelques  impressions  d’un  naturaliste  au  cours  d’une 

campagne  scientifique  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco 
( 1 9°h),  par  E.-L.  Bouvier,  professeur  au  Museum 
d’Histoire  naturelle,  Membre  de  l’lnstitut. 

94.  —  Sur  l’existence  de  la  Mye  dans  la  M^diterranee,  par  Fred 

Vles,  preparateur  du  Laboratoire  de  Roscoff. 

95.  —  Sur  la  huitieme  campagne  de  la  Princesse-Alice  //,  par 

S.  A.  S.  le  Prince  Albert  I"  de  Monaco. 

96.  —  Orchomenella  lobata,  nouvelle  espece  d’Amphipode  des 

regions  arctiques,  par  Ed.  Chevreux. 

97.  —  Sur  une  methode  de  prelevement  de  l’eau  de  mer  destinde 

aux  etudes  bacteriologiques,  par  MM.  Portier  et 
J.  Richard. 


98.  • 
99-  ■ 

100. 

101 . 

102. 

103. 

104. 

105. 

106. 

107. 

108. 

109. 


-  Questionnaire  relatif  aux  especes  comestibles  de  Crus- 

taces,  par  H.  Coutiere. 

-  Note  prdliminaire  sur  quelques  Asteries  et  Ophiures 

provenant  des  campagnes  de  la  Princesse-Alice ,  par 
R.  KcEHLER,  professeur  a  la  Faculte  des  Sciences  de 
Lyon. 

-  L’Industrie  des  Salines  c6til res,  par  le  I)r  L.  Maillard, 

professeur  agrdge  a  la  faculte  de  Mddecine  de  Paris 
(avec  8  planches). 

-  Notes  supplementaires  sur  les  Calanoides  de  la  Princesse- 

Alice  (corrections  et  additions),  par  G.-O.  Sars. 

-  Note  sur  unc  forme  jeune  de  Trigla ,  par  le  Dr  M.  Jaquet, 

conservateur  au  Musee  Oceanographique. 

-  Note  sur  les  Bracliiopbdes  recueillis  au  cours  des 

dernieres  croisi&res  du  Prince  de  Monaco,  par  M.  L. 
Joubin,  professeur  au  Museum  d'Histoire  naturelle  de 
Paris  eta  l’Institut  Octianographique. 

-  Sur  quelques  formes  larvaires  dnigmatiques  d 'Eucy- 

pliotes,  provenant  des  collections  de  S.  A.  S.  le  Prince 
de  Monaco,  par  H.  Coutiere. 

-  Notes  preliminaires  sur  les  gisements  de  Mollusques 

comestibles  des  Cotes  de  France.  —  L’embouchure  de 
la  Loire,  la  baie  de  Bourgneuf  et  les  cotes  de  Vendee 
(avec  trois  cartes),  par  J.  Gukrin-Ganivet,  preparateur 
au  Musdum  d'Histoire  naturelle  de  Paris. 

-  Campagne  scientifique  de  la  Princesse-Alice  en  1907, 

liste  des  stations,  avec  1  carte. 

-  Premidrenote  prdliminaire  sur  les  Polychetes  provenant 

des  campagnes  de  YHirondelle  et  de  la  Princesse-Alice , 

ou  deposdes  dans  le  Musde  Oceanographique  de 

Monaco,  par  Pierre  Fauvel,  professeur  a  l’Universite 
catholique  d’Angers. 

-  Quelques  observations  biologiques  et  experiences  sur  la 

“  Faune  des  bords  de  cuvette  ”,  par  le  Dr  Mieczyslaw 
Oxner,  secretaire  au  Musde  Oceanographique  de 
Monaco. 

_  Considerations  sur  les  Scorpdnides  de  la  mer  de  Nice, 

par  le  Dr  M.  Jaquet,  conservateur  au  Musee  Oceano¬ 
graphique. 


N°  88 


14  Janvier  1907. 


BULLETIN 

DE 

L’iJVSTITllT  OCiMOGMPHIOUIS 

(Fondation  ALBERT  Rr,  Prince  de  Monaco) 


ANALYSES  DES  ECU  ANTI  i. LONS  DEAL  DE  MER 

RECUEILhIS 

PENDANT  LA  CAMPAGNE  DU  YACHT  “  PRINCESSE-AUCE  "  EN  1906 
(KUN  ESPEKANTA  TEADUKOj 

Par  G.-H.  Allemandet 


MONACO 


.A-V  I  s 


l.es  auteurs  sont  pries  de  se  conformcr  aux  indications  suivantes  : 
i»  Appliqucr  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congrfes 
internationaux. 

2»  Supprimer  -autant  que  possible  les  abreviations. 

3o  Donner  en  notes  au  has  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 

bibliographiqucs. 

4°  Ecrire  en  italiques  tout  nom  scientifique  latin. 

3-  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  B.|  ou 

a  l’encre  de  Chine.  • 

G-  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papiers 

caiques  les  rccouvrant. 

70  Faire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noir  sur 

papier  proccde.  .  * 

8»  Reniplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  tigures  .ms  e 
textc  en  donnant  les  dessins  fails  d’un  tiers  ou  d'un  quart  plus  gran  s  que 
la  dimension  definitive  qu'on  desire. 


l.es  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  11s  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nombre  quelconque  -  faire  la  demande  sur 
manuscrit  —  suivant  le  taril  sui\ant  . 


Un  quart  de  feuille  . . 

Une  demi-feuille . . 

Une  feuille  entiere. .  . 


50  ex. 

100  ex. 

150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

4/  » 

5f  20 

Gf8o 

8140 

10  <40 

jyfSo 

1  470 

- 

6  70 

8  80 

1 1  » 

t3  40 

2  2  SO 

|  8  10 

0  So 

i3  80 

iG  20 

19  40 

35  80 

11  faut  ajouter  a  ces  prix  celui  des  planches  quand  il  y  a  lieu. 


A  dresser  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  a  I'aJresse  suivante 
Mus6e  oceanographique  (Bulletin),  Monaco. 


AVIS 


An  niois  de  mai  igo6,  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco 
a  elargi  consider ablement  le  cadre  de  Son  oeuvre  en  creant 
Vlnstitut  Oceanographique. 

Pour  repondre  an  changement  resultant  de  cette  fon- 
dation,  le  Bulletin  du  Musee  Oceanographique  de  Monaco 
voit  son  titre  modifie  et  devient  le  Bulletin  de  l'lnstitut 
Oceanographique.  Rien  nest  d’ailleurs  change  a  son  pro¬ 
gramme  et  tout  permet  d’esperer  que,  sous  son  nouveau 
titre,  cette  publication  conservera,  dans  le  monde  savant, 
I'estime  dont  elle  a  joui  jusqu’d  present. 


S\ 

<A\ 


Bulletin  de  l’In stitut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 

N°  88.  —  14  Janvier  1Q07. 


Analyses  des  echantillons  d  eau  de  mer 
recueillis  pendant  la  Campagne  du 
yacht  “  Princesse- Alice"  en  1906. 

(KUN  ESPERANTA  TRADUKO) 

Par  G.-H.  ALLEMANDET 


Ces  analyses  ont  ete  executees  de  la  meme  maniere  que 
celles  des  Campagnes  1904  et  jpoS  (1).  Cependant,  dans  reva¬ 
luation  des  densites  par  le  pyknometre,  toutes  les  pesees  ont 
ete  ramenees  au  vide,  correction  que  j'avais  negligee  les  annees 
pre'cedentcs. 

En  outre,  sur  la  demande  de  M.  le  D1  Portier,  j’ai  cryoscope 
tous  les  echantillons  d’eau.  J’ai  employe  pour  cela  un  cryoscope 
ordinaire,  peut-etre  un  peu  petit,  et  un  thermometre  au  1 /So  de 
degre.  L’agitation  etait  faite  it  la  main  avec  une  spirale  de  fil 
de  nickel,  et  le  froid  etait  produit  par  le  melange  de  glace  et  de 
sel.  Les  temperatures  indiquees  sont  les  points  de  congelation 
commencante  de  la  solution. 

Les  nombres  fournis  par  le  pyknometre  concordent  bien  avec 
ceux  fournis  par  la  me'thode  de  Knudsen,  quoique  ceux-ci  soient 
encore  legerement  au-dessus  des  premiers  (0,00002  en  moyenne  . 

Si  1’on  reprdsente  graphiquement  la  relation  entre  la  densite 
a  o°  et  les  halogenes,  on  obtient  pratiquement  une  lignc.  Cela 


(1)  Bulletins  N°s  q3  et  5q  (igo5). 


—  4  — 


n  a  rien  d  ctonnant.  puisque  ces  echantillons  d  eau  ont  ete  tous 
recueillis  dans  les  mers  du  nord,  et  ont  une  composition  voisine 
de  celle  de  l'eau  normale  des  Scandinaves.  Du  reste,  mes  ana¬ 
lyses  de  l’annde  derniere,  elfectuees  sur  des  eaux  de  l’Atlantique, 
m’avaient  fourni  des  rdsultats  semblables. 

La  relation  entre  la  densite  a  o°  et  la  teneur  en  SO3,  repre¬ 
sent^  graphiquement  a  la  meme  echelle,  est  encore  nettement 
une  surface. 

Kn  somme,  les  analyses  d’eau  de  cette  Campagne  confirment 
cclles  des  anndes  precedentes  au  point  de  vue  des  deux  methodes 
d'analyse. 

Nota.  —  Dans  le  tableau  suivant,  je  reprdsente,  comme  je 
l'avais  fait  pour  les  analyses  des  Campagnes  precddentes  : 

Par  a®,  la  densitd  k  o°  par  rapport  k  l’eau  distillde  a  40  C. 

Par  j?,  la  densitd  a  la  temperature  in  situ  6,  calculde  sur  les 
courbcs  de  dilatation  de  l’eau  de  trier,  de  M.  Thoulet. 

Par  n  la  densitd  in  situ,  en  tenant  compte  du  coefficient 
de  compression  correspondant  ii  la  profondeur  n  a  laquelle  1  eau 
a  dte  puisde  (1). 

Les  colonnes  Halog^nes  et  SO3  representent  les  quantites 
de  ces  composants  par  kilogramme  d  eau. 


(t)  J.  Thoulet.  Oceanographic  statique  (1890),  p.  36i. 


Analizoj  de  la  specimenoj  de  marakvo 
kolektitaj  dum  la  Krozado  de  la  sipo 
4t  Princesse-Alice  en  la  jaro  1906“. 


Tiuj  analizoj  estas  efektivigitaj  samamaniere  kiel  tiuj  de  la 
Krozadoj  1904®  kaj  icjoS3.  Tamen,  pri  la  determinado  de  la  den- 
secoj  per  la  piknometro,  ciuj  la  pezoj  estas  korektitaj  pri  la 
aerpezo,  korektajo  pri  kiu  mi  ne  zorgis  la  antauajn  jarojn.  Plie, 
demandinte  tion  la  D°  Portier,  mi  krioskopis  ciujn  la  specime- 
nojn  d'akvo.  Mi  uzadis  pri  tio  krioskopon  ordinaran,  eblc  iom 
malgrandan,  kaj  termometron  gradigitan  po  la  5oono  de  grado.  La 
svingo  estis  farita  de  la  mano  per  spiralo  el  nikela  fadeno,  kaj 
la  malvarmo  estis  produktita  de  la  miksafo  de  glacio  kaj  de  salo. 
La  varmgradoj  montritaj  estas  la  punktoj  krioskopaj  de  la  lik- 
voro. 

La  nombroj  donitaj  de  la  piknometro  konformigas  bone  kun 
tiuj  donitaj  de  la  Knudsen’a  metodo,  kvankam  tiuj -ci  estas 
ankorau  iom  super  la  unuaj  (0,00002  mezokvante). 

Se  oni  prezentas  per  grafiko  la  rilaton  inter  la  denseco  ce  o° 
kaj  la  halogenoj,  oni  ricevas  praktike  Union.  Tio  havas  nenion 
mirigan,  car  tiuj  specimenoj  d’akvo  estas  ciuj  kolektitaj  en  la 
nordaj  maroj,  kaj  estas  kunmetece  proksimaj  je  la  normalakvo 
de  la  Skandinavoj.  Aliparte,  tniaj  analizoj  je  la  antaiia  jaro, 
efektivigitaj  pri  akvoj  el  l’Atlantiko,  estis  al  mi  donintaj  similajn 
rezultatojn. 

La  rilato  inter  la  denseco  ce  o°  kaj  la  kvanto  de  SO3,  grafike 
prezentita  je  la  sama  skalo,  estas  ankorau  klare  suprajo. 

Sume,  la  analizoj  d’akvo  de  tiu-ci  Krozado  certigas  tiujn  de 
la  jaroj  antauaj  pri  la  du  metodoj  d’analizo. 


(88) 


-  6  — 


Xoto.  —  lvn  la  nombraro  sekvanta,  mi  prezentas,  kiel  por 
miaj  analizoj  dc  la  krozadoj  antauaj  : 

Per  la  densecon  ce  o°  ri late  al  la  distilita  akvo  ce  40  C. 

Per  tJ.  la  densecon  cc  la  varmgrado  in  situ  0.  kalkulitan  lau 
la  kurboj  Thoulet’aj  pri  la  dilatigo  de  la  marakvo. 

Per  ii  7},  la  densecon  in  situ ,  rilate  al  la  koeliciento  de  kum- 
premebleco  lau  la  profundo  n  el  kiu  la  akvo  estis  cerpita  1). 

La  kolonoj  Ualogenoj  kaj  SO:<  prezentas  la  kvantojn  da  tiuj 
radikaloj  en  unu  kilogramo  da  akvo. 


U|  J.  Thoi  i.kt.  Oceanographic  statique  (i8ck>°),  p.  36i. 


— •  * - 


% 


Resultats  numeriques 

DES 

anatyses  dean  de  mer  de  la  Campagne  1906 


Rezultatoj  nombraj 

DE 

Vanalizoj  de  marakvo  de  la  Krozado  1906a 


88 


N°  de 

STATION 

j\o  de 
stacio 


DATE 

DA  TO 

l»OA 


LOCALITE  —  LOKO 

LONGITUDE 


LATITUDE 


Latitudo 


Longiludo 

(Greenwich) 


\ 


{154  2  aout  ( augusto ) 


Cote  E.  du  Nord  de 
Prince  Charles  Foreland 
(Marbordo  orienta  de  la  Norda 
de  la  Prince  Charles  Foreland) 


Profondeur 
en  metres 

Profundo 

metre 


Surface:  suprajo 


4  aout 


f  Au  large  du  Prince  Charles  Foreland^ 
'  (Spacamare  antaii 

Prince  Charles  Foreland) 

78°  19’  N.  |  11°  7’ 

En  entrant  dans  l’lcefjord 
(Enirante  la  Icefjord ) 

Icefjord  (En  face  la  baie  Coal) 
(Icefjord,  kontraii  la  golfeto  Coal) 

A  l'entree  de  la  baie  Advent 
Ce  la  enirejo  de  la  golfeto  Advent) 

Baie  Advent  (pres  du  mouillage) 

^ (Golfeto  Advent,  proksime  al  la  ankrejo / 

Baie  Advent  (au  mouillage)  1 
(Golfeto  Advent,  ce  la  ankrejo) 


4 

10 

20 


Surface;  suprajo 


—  9  — 


METHOD 

ME  TOD 

E  DE  ' 

r  H  0  U  L  E  T 

HOULE T 

METHO 

ME  TO 

DE  DE 

KNUDSEf 

CNUDSEN 

4  =  1 

.2  5  D 

5  ,  ^ 

S  |& 

0  | 

«  is  ? 

—  -2  ^ 

0  DE  T 

DO  DE  b 

a? 

Hi jO 

Halogene; 

Halogeno j 

SO, 

Cl. 

Salinite 

Salkvanto 

r. 02744 

1 . 02688 

1 .02688 

18.92 

2. 1 5 1 

1.02747 

18.92 

34.18 

—  1.98 

2711 

2663 

2663 

18.70 

2.123 

2715 

18.70 

33 . 78 

—  1 -975 

2745 

26g3 

2693 

i8-94 

2  .  I  5  I 

2749 

18.94 

34.22 

—  2.005 

2636 

2596 

2696 

18.18 

2.059 

263g 

18.18 

32.84 

—  1.925 

2566 

2520 

2520 

1 7  •  67 

2.000 

2565 

■7-67 

3 1 .92 

—  [.865 

2540 

2485 

2485 

17.50 

1 .970 

2540 

17.50 

3i  .62 

—  1.84 

OO 

Tt- 

(N 

2437 

2437 

17.13 

1 .942 

2489 

i7.i5 

3o.gg 

—  1 .80 

0328 

0317 

0317 

2.3i 

0.265 

o332 

2.3i 

4.20 

—  0.265 

l3g5 

1 352 

i352 

9.62 

I.O92 

i397 

9.62 

17.39 

-  I  .02 

-497 

2450 

2452 

T7  •  r9 

1.945 

2495 

17.19 

3 1 .06 

—  1.795 

2534 

2489 

2494 

17.46 

1  -977 

2533 

17.46 

31.40 

—  i.83 

2656 

2624 

2633 

18. 2q 

2.086 

2655 

18.29 

33.04 

—  1.94 

2747 

2728 

2751 

18.96 

2.  l52 

2752 

18.96 

34.25 

—  1.985 

2 '49 

2096 

2096 

14.83 

1 .6q3 

2i53 

14.83 

26.80 

—  1.545 

2i38 

2i85 

2 1 85 

14-74 

1 .671 

2140 

14.74 

26 . 64 

— 

2610 

2573 

2574 

17.98 

2.045 

2610 

17.98 

32.48 

—  1 .885 

2647 

2621 

2622 

18.26 

2.0D2 

265 1 

18.26 

32.99 

-  I  .93 

2664 

2634 

2b3g 

18. 36 

2.o85 

2665 

18. 36 

33.17 

—  i.g35 

2702 

2677 

2686 

18. 61 

2.  102 

2702 

18.61 

33.62 

- —  1.96 

2735 

2710 

2724 

18.87 

2.  I41 

2789 

18.87 

34.09 

—  i-98 

2736 

2711 

2729 

18.88 

2.142 

2741 

18.88 

34.11 

—  1.985 

2743 

2712 

2730 

18.90 

2. 1 58 

2744 

18.90 

34.14 

—  1 .993 

o 


N°  de 

STATION 


No  de 
stacio 


*4*1 


*4*1 

*4** 


*4*» 


«4t>» 


*5  05 
?SHS 


DATE 


DA  TO 

l»OG 


12  aout 


14  aout 


ib  aout 


20  aout 
24  aout 


LOCALITE  —  LOKO 


LATITUDE 


Latitude 


LONGITUDE 


Longitudo 

(Greenwich) 


Havre  Safe  (Safe  Harbour) 
( Haveno  Safe) 


Havre  Safe  (Safe  Harbour) 
(Haveno  Safe) 


Baie  Cross  (Cross-Road) 
(Golfeto  Cross) 


Baie  Muller 
(Golfeto  Muller ) 


Profonde UR 

en  METRES 


Profundo 

metre 


(  Surface;  suprajo 


2 

5 

20 

29 


D7 


Surface;  suprajo 
5 


10 
1 2 


10 

20 

3o 

40 

5o 

60 


Surface;  suprajo 


2Q0 


304 


l  Surface ;  suprajo 


1 

o 

3 

IO 

22 


i  H 


4.5 


6.55 

6.1 

4.2 

3-7 


DJ 


i-4 

0, 

i-3 


1  -4' 


i.5! 


2.3 
2.1 
2.7! 
3.H 
24 

2.4 

3.5 
0.7 
oi- 


4-’ 


4-3 

3.9’ 

3.'! 

3.0’ 


I 


METHOD E 

METODO 


D E  T H  OUL E T 


1.02218 

2448 

2499 

>63(3 

2687 

2743 

2556 

2621 

265 1 

2G60 

2673 

2673 

2716 

2723 

2736 

2754 

2754 

2754 

2476 

278: 

2793 

a3o5 

2304 

2548 

2G26 

2676 


1 .02186 

2392 

2448 

2604 

265g 

2526 

2533 

2608 

2643 

2632 

2665 

2664 

2700 

2710 

2715 

2780 

2737 

2737 

2454 

2776 

2787 

2280 

2473 

25:8 

26o3 

2655 


DE  THOU  LET 

11  9 


1 .02186 

2393 
2450 
26 1 3 


2533 

2610 
2648 
2(358 
2667 
2669 
2  709 
2724 
2734 


2753 


2765 

2765 

2454 

2915 

2953 

2280 

--473 

2520 

2608 

2665 


Halogenes 

Halogenoj 


13.29 

16.91 
17.23 
18. 16 
18 . 5 1 

18.91 

17.62 

18.09 

18.29 

18.34 

18.43 

18.42 

18.71 

18.76 

18.87 

18.99 

19.00 

18.99 

J7  °7 
!Q .  19 

IQ-24 

1 5  .90 

1 7  •  27 
17.55 

18.09 

18.46 


SO., 


1 .730 

1 .898 
1 .  q5o 


2  ■  094 
2. 1 36 

2.005 

2,o39 

2 . 060 

2.075 

2.077 

2.o83 

2 . 099 

2.063 

2. 123 

2.168 

2 . 134 

2. 1 5  r 

1.930 

2.194 

2.184 

1.791 

1 .965 
1 .968 
2.o56 
2.084 


METHODE  DE 

IvNUDSEP 

4  =  1 

«  r-'Q 

METODO  DE  KNUDSEN 

—  t 

r  1  it 

-  * — 

a° 

Cl. 

Salinite 

-  -2 

Salkvanto 

'£  £ 

I .02219 

l5.29 

27.63 

- —  1.60 

2455 

16.91 

3o.  55 

—  1.795 

25oi 

17.23 

3 1 .  r  3 

—  1 . 8.1 5 

2636 

18.16 

32.8i 

-  I . 905 

2687 

18 . 5 1 

33.44 

—  1.95 

, 

274> 

18.  QI 

34.16 

—  1.995 

2558 

17.62 

3i  .83 

—  1.855 

2626 

18. oq 

32.68 

—  1 . 8g5 

2655 

18.29 

33.04 

—  1.940 

2662 

18J4 

33.  i3 

-  I .925 

2675 

18.43 

33 . 3o 

—  1.945 

2674 

18.42 

33.28 

—  1.945 

2716 

18.71 

33 .80 

—  i .q55 

2723 

18.76 

33.89 

—  1.965 

2739 

18.87 

34.09 

— 1.98 

2757 

18.99 

34. 3i 

—  2.005 

2768 

19.00 

•)  .  O  '> 

^4  .  DD 

—  2.005 

2757 

18.99 

34.31 

—  2.005 

2479 

17.07 

3o.86 

-  1.79 

2786 

19.19 

34.67 

—  2.02 

2793 

19.24 

34.76 

—  2.o3 

2808 

l5.90 

28.73 

—  1.665 

25o7 

•7-27 

3 1 . 20 

—  1 . 8 1 5 1 

2647 

17.55 

3i.71 

—  1 .845 1 

2626 

18.09 

32.68 

—  1 . 895 

2680 

18.46 

33.35 

-  1.945 

INSTITUT  OCEANOGRAPHIQUE 

(FONDATION  ALBERT  I",  PRINCE  OE  MONACO) 

Reconnu  d'utilite  puhlique  par  DCcret  du  16  Mai  1906 

Enseignement  Populaire  de  l’Oceanographie 

CONFERENCES  de  1906-1907 

Ces  Conferences  auront  lieu  le  samedi,  a  9  lieures  du  soir 
A  LA  S  014.13  OjTSFIVE  (Amphitheatre  Descartes) 

[Entree  par  la  porte  de  la  rue  de  la  Sorbonne  no  j7j  ; 


Ordre  des 

Samedi  17  Novembre  1906 

M.  BERGET 

Doclfnr  es-Sriences,  charge  de  Conferences  ii  la  Sorbonne 

Mouv.ements  de  Tatmosphere  au-dessus 
des  Oceans:  —  Vents  alizes.  —  Regions 
de.s  ealmes  equatoriaux. 

Samedi  24  Novembre 

M.  le  D>  CHARCOT 

CcmmanJaiU  de  rpxpedilion  a n  1  a rrl  1 1] tt e  franraise 
Les  moeurs  des  animaux  de  1’Antarctique. 

Samedi  Dr,  Decembre 

M.  le  U>  JO II BIN 
Profrssmr  an  Museum  d'lllsloire  Nalurelle 

F.a  Presqu'ile  de  Quiberon. 

Samedi  8  Decembre 

M.  le  Dr  POR  1  IER,  Direcleur-Adjoint  du 
Lalmraioirc  de  Physiologic  ii  la  Sorbonne 

Physiologic  des  animaux  polaires. 

Samedi  15  Decembre 

M.  Gabriri.  BERTRAND 
Docleur  es-Scienees,  charge  de  Coins  ii  la  Farnlte  des  Sciences 

La  composition  chlmique  de  la  mer 
an  point  de  vue  industriel. 

Samedi  22  Decembre 

M.  FABRE-DOMERGUE 

Insjieeienr  general  des  Peeling  Marilimes 
I  es  methodes  actuelles  de  la  Pisciculture. 

Samedi  5  Janvier  1907 

M. BERGET 

^  ents  superieurs  de  retour.  —  Contre- 
aiizes.  —  Recherches  du  Prince  de 
Monaco.  —  Moussons. 

Samedi  12  Janvier 

M.  le  Dr  MAIL  LARD 
Professenr  agregii  ii  la  Faculle  de  Medeeine 

Res  industries  chimiques  de  la  mer. 

10  l.’industrie  saliniere. 


Conferences 

Samedi  19  Janvier 

M.  JOUBIN 

Les  commenjaux  et  les  parasites  des 
animaux  marins. 


Samedi  26  Janvier 

M.  PORTIER 

Les  resspurees  alimentaires  de  la  mer 
(ire  partie).  . 

Samedi  2  Fevrier 

M.  Gabriki  BERTRAND 

La  composition  du  milieu  ntarin 
au  point  de  vue  hiologique. 

Samedi  9  Fevrier 

M.  BERGET 

Regimes  except  ion  nets  des  vents  ocea. 
niques.  —  Cyclones  et  typhons. 

Samedi  16  Fevrier 

M.  JOUBIN 
L'industrie  ostreicole. 

Samedi  23  Fevrier 

M.  PORTIER 

Les  resources  alimentaires  de  la  mer 
(ac  partie). 

Samedi  2  Mars 

M.  MAJLLARD 

Les  industries  chimiques  de  la  mer. 

2°  I  ’industrie  des  varechs. 


Samedi  9  Mars 

M.  BERGET 

Particularites  des  surfaces  oceaniques  au 
point  de  vue  du  magnetisme  terrestre 
et  de  la  pesanteur. 

Samedi  16  Mars 

M.  PORTIER 
l.es  organes  des  sens 
chez  les  animaux  marins. 


1  la  disDosiiim.' r8  Ju,1  fesirent .  assister  aux  Conferences  devront  Cure  munies'de  cartes.  —  Ces  cartes  sont 
I rocadero  et  11  “  public  au  Secretariat  scientifique  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  io,  avenue  du 
'/dresser  oar  let*-.  I?  - lat  Provlsolre  de  1’Institut  OcCanographique,  2,  rue  Logelbacb,  oil  Ion  peut 
Li  Sorhonn,,  •  f'  ,9n.en  ,rouve  Cgalement  au  MusCum  d'Histoire  nSturelle,  5y,  rue  Cuvier  et  17,  rue 
Mnej  a  ja  Sorbonne,  . 


AVIS 


Lc  Bulletin  est  cn  depot  chez  Fricdlander,  i 
Berlin. 


Garlstrasse. 


Lcs  numeros  du  Bulletin  se  vendent  separement  aux  prix 
suivants  et  franco  : 

Fr. 

88.  —  Analyse  des  cchantillons  d'eau  dc  mer  rccucillis  pendant  la 
Campagne  du  yacht  Princesse-Alice  cn  1906,  (kiln  espe- 

ranta  traduko),  par  G.-H.  Allemandet  . . .  o  5o 

K9.  —  Notes  sur  lesgisementsde  Mollusqucs  comestibles  dcs  Cotes 
dc  France.  —  La  region  d’Auray  (Morbihan)  avec  1  carte, 
par.  L.  Jo'ubin,  professeur  au  Museum  d’Histoire  naturelle 

dc  Paris  et  a  FI nstitu t  Oceanographiquc .  2  5o 

90.  —  Description  de  l'cxtremite  postericurc  du  corps  anonnale 
chez  deux  Motella  fusca  Risso,  par  le  Dr  M.  .Iaquet, 
Conservateur  au  Musee  Oceanographique  (avec  Une  plan- 
che  double) . . .  J  » 


MONACO. 


IMPR.  DE  MONACO 


N°  89 


1907 


(Fondation  ALBERT  I 


Prince  de  Monaco) 


Par  L.  Joubin 

Profosseur  au  Museum  d’Histoire  n 
et  a  1’lnstitut  Oc£anograi 


-A-'V  X  S 


Les  auteurs  sont  pries  de  se  conformer  aux  indications  suivantes  : 

i°  Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congres 
internationaux. 

2°  Supprimer  autant  que  possible  les  abreviations. 

3°  Donner  en  notes  au  bas  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

4°  Ecrire  en  italiques  tout  nom  scientifique  latin. 

5°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  B.)  ou 
a  l’encre  de  Chine. 

6°  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papiers 
caiques  les  recouvrant. 

7°  Fairc  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noir  sur 
papier  procede. 

8°  Remplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  le 
texte  en  donnant  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d’un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 

* 

*  * 


Les  auteurs  re^oivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  Ils  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nombre  quelconque  —  faire  la  demande  sur  le 
manuscrit  —  suivant  le  tarif  suivant  : 


Un  quart  de  feuille . 

Une  demi-feuille. . 

Une  feuille  entiere . 


100  ex. 

150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

5f  20 

6f  80 

8f40 

10  f40 

80 

6  70 

8  80 

1 1  » 

1 3  40 

22  80 

9  80 

1 3  80 

16  20 

19  40 

35  80 

11  faut  ajouter  a  ces  prix  celui  des  planches  quand  il  y  a  lieu. 


Adresser  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  a  I’adresse  suivante . 
Musee  oceanographique  (Bulletin),  Monaco. 


Bulletin  de  l’Institut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 

N°  89.  —  i5  Janvier  1907. 


NOTES 

SUR  LES 

Gisements  de  Mollusques  comestibles 
des  Cotes  de  France. 


La  region  d’Auray  (Morbihan) 

(Avec  1  Carte) 

par  L.  JOUBIN 

Professeur  au  Musdum  d’Histoire  naturelle  de  Paris 
et  a  l’lnstitut  Oceanographique. 


La  region  de  notre  littoral  comprenant  le  quartier  maritime 
d  Auray,  les  confins  de  ceux  de  Vannes  et  de  Lorient,  avec  celui 
de  Belle-Isle,  est  une  des  plus  importantes  et  des  plus  interes- 
santes  des  cotes  de  France  au  point  de  vue  de  l’Ostrdiculture 
envisage'e  dans  ses  rapports  avec  1’Ocdanographie  et  la  Biologie 
marine.  Elle  constitue,  en  effet,  l’une  des  plus  riches  stations 
ostrdicoles  du  monde  entier,  tant  pour  l’abondance  des  huitres, 
que  pour  la  qualite  particulierement  recherchee  de  ces  Mollus¬ 
ques.  Aussi  leur  valeur  et  leur  reputation  sont-elles  tres  grandes 
et  chaque  annee  c'est  par  centaines  de  millions  qu’il  faut  compter 
les  huitres  produites  industrieilement  dans  cette  region  et  expor- 
u!es  tant  a  1’e’tranger  qu’en  d’autres  points  du  littoral  francais. 

Lette  cote  du  Morbihan  est  encore  fort  interessante  au  point 
de  vue  ocdanograpihique  et  il  est,  me  semble-t-il,  bon  de  faire 
■  emarquer  les  conditions  biologiques  tout  a  fait  speciales  dans 
lesquelles  les  huitres  s’y  developpent  et  s’y  multiplient. 


Le  present  memoire  fait  partie  de  la  serie  de  notes  sur 
l'Ostreiculture  et  la  Mytiliculture  dont  M.  Guerin  et  moi  avons 
entrepris  la  publication.  Trois  de  ces  notes  (i)  ont  deja  paru,  dont 
deux  dans  le  Bulletin  du  Musde  Ocbanographique  de  Monaco. 
Qu’il  me  soit  permis  de  presenter  a  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco 
nos  remerciements  pour  l’insertion  de  ces  travaux  dans  Son 
Bulletin. 

Bien  que  l’expose'  qui  va  suivre  soit  tres  court  il  n’en  reprd- 
sente  pas  moins  le  re'sultat  d’un  travail  considerable.  J’ai,  en 
effet,  visitd  presque  toute  l’dtendue  des  gisements  et  des  pares 
qui  sont  si  nombreux  dans  cette  region  ou  ils  sont  disperses  sur 
un  dnorme  developpement  de  cote.  J’ai  suivi,  par  les  moyens  de 
locomotion  les  plus  varies,  et  quelquefois  peu  confortables, 
toutes  les  rivieres  et  le  littoral  de  la  mer  entre  la  presqu’ile  de 
Rhuys  et  les  environs  de  Port-Louis. 

Malgrd  cet  effort  personnel  je  ne  serais  pas  arrive  a  mettre  au 
point  la  carte  que  Ton  trouvera  dans  ce  travail  si  je  n’avais  e'te 
puissament  aide  par  diverses  personnes  auxquelles  je  me  fais  un 
devoir  d’adresser  l’expression  de  ma  gratitude.  Je  crois  devoir 
les  citer  nominativement,  parce  que  beaucoup  d’entre-elles  m’ont 
fourni  des  documents  et  des  renseignements  qui,  etant  donnee 
leur  competence  speciale,  ont  beaucoup  diminue  les  inexacti¬ 
tudes  qui  auraient  pu  exister  dans  ce  travail. 

C’est  tout  d’abord  M.  le  Ministre  de  la  Marine  et  M.  Trefeu, 
directeur  de  la  Marine  Marchande,  qui  ont  bien  voulu,  sur  la 
recommandation  de  M.  Fabre-Domergue,  inspecteur  ge'neral 
des  peches,  prendre  ce  travail  sous  les  auspices  du  Ministere  de 
la  Marine;  ils  ont  donne'  les  ordres  ndeessaires  pour  que  le 
personnel,  les  archives  et  les  embarcations  des  Bureaux  d  Ins¬ 
cription  maritime  et  d’Inspections  des  peches  fussent  mis  a  ma 


(i)  J.  Guerin.  —  Notes  preliminaires  sur  les  gisements  de  Mollusques 
comestibles  des  cotes  de  France,  i«  note  :  Les  cdtes  de  la  Charente  Infe- 
rieure.  C.  R.  de  F  Association  francaise  pour  Favancement  des  Sciences. 
Grenoble  XXXIII,  1904. 

L.  Joubin.  —  Id.  Les  coles  de  la  Loire  a  la  Vilaine.  Bulletin  du  Musee 
Oceanographique  de  Monaco,  n°  59.  1906. 

J.  Gu£rin.  —  Id.  Le  Golfe  du  Calvados.  Bulletin  du  Musee  Oceanogra¬ 
phique  de  Monaco,  n°  67.  1906. 


—  3  — 


disposition.  C’est  ensuite  M.  Duportal,  administrateur  principal 
de  1  Inscription  d’Auray,  et  Messieurs  les  Administrateurs  des 
Quartiers  de  Vannes,  Lorient  et  Belle-Isle,  qui  m’ont  fourni 
avec  une  grande  complaisance  des  renseignements  importants. 
J’ai  visite  en  detail  avec  M.  Le  Comte,  inspecteur  des  peches  a 
Auray,  les  rivieres  d’Auray,  de  Crac’h  et  de  Saint-Philibert,  a 
bord  de  la  vedette  a  vapeur  qu’il  commande. 

En  M.  D.  Jardin,  president  de  la  Societe  Ostreciole  d’Auray, 
j  ai  trouve  un  ostreiculteur  aussi  aimable  que  savant,  qui  m’a 
donne  une  quantite  de  renseignements  techniques,  biologiques 
et  commerciaux  dti  plus  grand  mteret.  II  m’a  montre  sur  place 
les  methodes  ostreicoles  employees  dans  la  region.  J’ai  pu  assis- 
ter  a  la  reconstitution  d’un  ancien  banc  naturel  de  la  riviere 
d’Auray  faite  sous  sa  direction. 

J’ai  parcouru  la  plus  grande  partie  de  la  riviere  d’Etel  en 
compagnie  d  un  autre  ostreiculteur,  M.  V.  Bedex,  qui  m’a  con¬ 
duit  dans  les  pares  de  la  region  et  m’a  donne  de  nombreuses 
indications  pour  completer  la  carte  de  cette  riviere.  M.  le 
baron  de  Wolbock,  ostreiculteur  a  la  Trinitd,  M.  Ezanno,  ostrei¬ 
culteur  a  Carnac,  M.  Bavay,  pharmacien  en  chef  honoraire  de 
la  Marine,  m’ont  donne'  des  renseignements  interessants  sur 
les  huitrieres  et  les  moulieres  de  divers  points  de  la  region, 
(iiace  a  tous  ces  concours,  mon  travail  a  acquis  une  grande 
precision,  et  il  represente,  a  ce  qu’il  me  sernble,  l’etat  actuel 
exact  de  I’industrie  ostreicole  dans  le  Morbihan. 

La  region  qui  a  ete  dtudiee  et  qui  est  ddcrite  dans  ce  memoire 
a  fait  l’objet  des  etudes  topographiques  du  commandant  Ragiot, 
qui  en  a  publie  en  1880  et  1881,  un  atlas  au  dix-millieme.  Mais 
cet  atlas,  qui  a  dte  tire  seulement  a  cent  exemplaires,  est  devenu 
presque  introuvable,  et,  n’ayant  pu  me  le  procurer  dans  aucune 
bibliotheque  de  Paris,  j’ai  du  seulement  a  l’obligeance  de 
MM.  Duportal  et  Jardin,  de  pouvoir  le  consulter.  Ces  cartes, 
tres  detaillees,  representent  une  sorte  de  cadastre  ostreicole  de 
la  region;  elles  sont  faites  uniquement  au  point  de  vue  des 
limites,  du  bornage  et  du  numerotage  de  chacune  des  conces¬ 
sions  ostreicoles.  Mais  on  doit  y  relever  une  grave  lacune.  II 

(89)- 


—  4  — 


n'y  est  pas  fait  mention  des  bancs  naturels  d'huitres  des  rivieres 
de  la  rdgion.  Ce  sont  cependant,  si  l’on  peut  ainsi  parler,  les 
organes  fondamentaux  de  tout  le  systfemc  huitrier  du  pays, 
puisque  ce  sont  eux  qui  fournissent  le  naissain,  base  et  matiere 
premiere  de  l’dlevage  industriel  des  huitres. 

L’atlas  du  commandant  Ragiot  devrait.  en  outre,  pour  etre  a 
jour,  subirde  nombreuses  modifications  et  de  serieuses  correc¬ 
tions;  depuis  26  ans,  en  effet,  des  pares  qui  y  figurent  ont  dis- 
paru,  beacoup  d'autres  ont  dte'  ajoutes  en  de  nombreux  points. 
En  comparant  rna  carte  et  celle  du  commandant  Ragiot,  on 
pourra  constater  quelle  profonde  difference  existc  entre  elles  et 
combien  la  repartition  des  pares  a  varid  dans  son  ensemble. 

Pour  etablir  ma  carte  je  me  suis  place  a  un  point  de  vue 
absolument  different  de  celui  qu’a  recherche  le  commandant 
Ragiot.  J’ai  voulu,  avant  tout,  faire  l’dtude  de  cette  region 
ostrdicole  au  point  de  vue  de  l’histoire  naturelle,  aussi,  les 
repdres  exacts  de  chaque  pare,  leurs  dimensions  precises,  n’ont- 
el les  pour  moi  aucun  intdret.  Je  n’ai  tenu  compte  que  de  leur 
ensemble,  de  leurs  groupements,  et  ce  sont  les  raisons  de  ces 
groupements  qui  m’intdressent  avant  tout.  Aussi  ai-je  considere 
comme  un  seul  pare,  des  sdries  entieres  de  petits  pares  contigus 
et  les  ai-je  marquds,  sur  la  carte,  comme  ne  formant  qu’une 
unitd.  En  un  mot,  je  n’ai  pas  voulu  faire  un  cadastre  ostreicole.  II 
existe  au  Ministere  de  la  Marine  une  commission  qui  fonctionne 
pour  prdparer  cet  immense  travail,  avec  lequel  le  mien,  n’ayant 
pas  d’analogie,  ne  fait  pas  double  emploi. 

Comme  dans  les  cartes  precedentes,  j’indique  les  gisementsde 
moules  concurremment  avec  les  gisements  d’huitres.  D’ailleurs, 
dans  cette  region,  les  moulieres  n’ont  qu’une  importance  ties 
secondaire ;  elles  ne  donnent  lieu  actuellement,  a  aucune  indus- 
trie,  elles  ne  sont  meme  pas  classdes  au  point  de  vue  adnunis- 
tratif.  11  en  est  de  meme  pour  les  autres  mollusques  comestibles 
qui  sont  peu  abondants  et  a  peine  recherches.  A  ma  connais- 
sance,  il  n’existe  qu’un  tres  petit  nombre  de  pares  a  Palourdes; 
on  recolte  quelques  Cardium  et  Pecten. 

A  ce  point  de  vue,  le  contraste  est  frappant  avec  ce  que  1  on 
trouve  tout  pres  de  la,  sur  la  cote  qui  entoure  l’embouchure  de 


—  5  — 


la  Vilaine  et  sur  le  littoral,  jusqu’a  la  Loire  ou  les  bouchots  a 
Moules  et  les  pares  a  Palourdes  sont  extremement  nombreux, 
comme  on  peut  le  voir  par  un  simple  coup  d’oeil  jete  sur  la 
carte  que  j’ai  publiee  dans  n°  59  de  ce  Bulletin.  Par  contre,  les 
huitrieres  y  sont  peu  abondantes. 

Nous  examinerons  tout  d’abord  les  huitrieres,  qui  sont  de 
beaucoup  plus  importantes,  puis  ensuite,  les  autres  gisements 
de  Mollusques. 

HUITRIERES. 

La  region  dont  Auray  est  le  centre  comprend,  en  realite, 
plusieurs  groupes  ostreicoles  de  nature  differente.  Par  ordre 
d’importance,  les  centres  de  production  et  surtout  de  reproduc¬ 
tion  sont  :  i°  la  rivi&re  d’Auray;  20  la  riviere  de  Crac’h;  3°  la 
riviere  de  Saint-Philibert.  Dans  ces  rivieres  on  fait  la  recolte 
du  naissain,  dont  on  vend,  a  l’etat  jeune,  la  plus  grande  partie, 
et  dont  on  fait  grandir,  a  l’e'tat  de  demi  elevage  presque  tout  le 
reste,  une  tres  petite  partie  seulement  etant  engraissee  pour  la 
consommation. 

Au  contraire,  dans  la  riviere  d’Etel,  on  se  contente  d’elever 
du  naissain  achete  ailleurs  et  de  le  conduire  jusqu’au  moment 
de  l’engraissement;  alors  la  plus  grande  partie  des  jeunes 
huitres  est  expediee  a  Marennes  pour  etre  engraissee,  tres 
peu  l’etant  sur  place. 

11  y  a  done  une  tres  grande  difference  dans  Pindustrie 
ostreicole  du  premier  groupe,  celui  des  rivieres  placees  a  1’est  de 
la  presqu’ile  de  Quiberon  et  celle  du  2e  groupe  forme'  par  la 
riviere  d’Etel  qui  est  situee  a  l’ouest  de  la  presqu’ile. 

La  carte  qui  accompagne  ce  travail  donne,  a  Test,  l’embou- 
chure  de  la  riviere  d’Auray  et  l’entre'e  du  golfe  du  Morbihan;  la 
plus  grande  partie  de  cette  entree  depend  du  quartier  de  Vannes 
mais,  ne  m’occupant  pas  des  limites  officielles,  j’ai  consideTe 
cette  partie  comme  une  annexe  naturelle  de  la  riviere  d’Auray. 
Le  teste,  c  est-a-dire  le  golfe  ou  mer  du  Morbihan  proprement 
dite,  e’est-a-dire  la  plus  grande  partie,  ainsi  que  la  presqu’ile  de 

(89) 


Rhuys,  dont  la  pointe  Ouest  est  ici  la  seule  representee,  fera 
l’objet  d’une  autre  carte,  qui,  englobant  1’inte'ressante  riviere  de 
Penerf,  s’etendra  jusqu’a  Tembouchure  de  la  Yilaine. 

Dans  la  riviere  d’Etel  la  rive  gauche  du  chenal  avec  toutes  les 
lies  qui  s’y  rattachent,  dependent  du  quartier  d’Auray ;  la  rive 
droite  avec  ses  lies,  depend  du  quartier  de  Lorient;  mais  Tad- 
ministration  maritime  a  decide  que  tout  ce  qui  concerne  Tos- 
treiculture  sur  les  deux  rives  de  la  riviere  serait  rattache  au 
quartier  d’Auray. 

II  faut  tout  d’abord  s’entendre  au  sujet  de  cette  expression 
de  riviere.  On  pourrait  croire  qu’il  s’agit  de  Tembouchure  de 
cours  d’eau  d’une  certaine  importance  et  que  le  volume  d’eau 
douce  qui,  par  suite,  est  mele'  a  l’eau  de  mer  dans  les  estuaires 
est  un  facteur  serieux  dans  la  biologie  des  huitres.  II  n’en  est 
rien. 

Ces  rivieres  sont  bien  plutot  des  golfes,  des  fiords  anfrac- 
tueux,  aux  berges  elevdes,  suivant  probablement  une  formation 
ge'ologique  particuliere.  Ce  sont  de  grandes  cassures,  sensible- 
ment  paralleles  entre-elles,  decoupant  profondement  la  cote  et 
faisant  pdnetrer  la  mer  fort  loin  dans  Tinterieur  des  terres. 
Tout  au  fond  de  ces  fiords  ou  de  leurs  ramifications,  viennent 
se  jeter  a  la  mer  de  petits  ruisseaux,  presque  toujours  sans 
aucune  importance,  qui  apportent  une  quantite  d’eau  douce 
absolument  negligeable.  Dans  un  seul  des  rameaux  de  la  riviere 
d’Auray,  que  Ton  appelle  la  riviere  de  Bono,  il  y  a  un  peu  plus 
d’eau  douce  dont  Teffet  est  d’ailleurs  prejudiciable  aux  huitres; 
il  arrive  quelquefois,  dans  les  hivers  tr£s  rigoureux,  d’ailleurs 
tres  rares,  que  cette  eau  douce  fait  geler  les  huitres. 

La  riviere  d’Etel  est  plutot  un  golfe  interieur  tres  dtendu, 
tres  ddcoupe',  parseme  de  nombreuses  'lies  et  d’ilots,  en  commu¬ 
nication  avec  la  mer  par  un  seul  orifice  etroit  ou  les  courants 
sont  tres  violents;  cette  disposition  est  analogue  a  celle  que  Ton 
observe  dans  la  mer  du  Morbihan.  Il  arrive  que  lorsqu’on  navi- 
gue  dans  ces  rivieres  on  n’apercoit  pas  leur  issue  vers  la  mer,  et 
Ton  pourrait  alors  se  croire  dans  des  lacs  absolument  clos.  On 
peut  ainsi  tres  longtemps  parcourir  ces  rivi&res  sans  que  le 

(«9) 


8  — 


irtage  de  la  mer  soit  trahi  autrement  quc  par  les  traces  de  la 
marte  sur  les  berges. 

Ces  riviferes  aux  falaises  dlevdes  dans  leur  partie  supdrieure, 
couvertes  de  fordts  et  de  pares,  sont  absolument  admirablesau 
i  de  vue  pittoresque;  la  rividre  d’Aui  .  en  particulief, 
renferme  des  sites  de  toute  beautd. 

A  cette c6te,  si  profonddment  ddcoupde,  est  rattachde,  parun 
dtroit  isthme  de  sable,  la  presqu’ile  de  Quiberon  suivie  des  lies 
d  Houat  et  d  Hoedic  qui  en  ont  autrefois  fait  partie  et  cn  sont 
actuellement  sdpardes. 

An  point  de  vue  de  l’ostrdiculture  cette  presqu'ile  et  ces  lies 
n’oat  qu’une  importance  trl  aron  ne  trouve  plus 

aujourd  hui  que  quelques  restes  de  pares  sur  la  cote  orientals. 
Maisc’est  la  presqu’ile  de  Quiberon  qui,  parsa  protection,  pro- 
cure  au  golfe  de  Quiberon  oil  ddbouchent  les  rivieres  d’Auray, 
de  Crac’h  et  de  Saint-Phi  I  ibert,  le  ealme  et  la  tmnquilitd  des 
eaux  ndeessaires  a  I’dlevage  des  huitres.  Le  contraste  est  en  effet 
des  plus  curicux  entre  la  cote  occidentale  de  la  presqu'ile  exposee 
au  grand  vent  et  aux  grosses  mers  de  l’Ocdan,  et  la  cote  orien- 
tale,  protdgde  par  clle,  oil  la  mer  est  toujours  ealme  et  les  vagues 
a  peu  pres  nulles.  La  cote  ouest  est  ties  ddcoupde.  a  falaises  tres 
hautes,  escarpdes,  usdes  et  ddmolies  par  les  riots,  tandis  que  la 
cote  Est  est  base,  couverte  d'herbiers,  de  plages  sablonneuses 
ou  vaseuscs  oil  abondent  des  animaux  varies. 

Si  la  presqu’ile  de  Quiberon  est  peu  importante  pour  son 
Industrie  ostrdicole,  en  revanche,  les  nioules  y  pullulent.  Toute 
la  cote  ouest,  exposee  a  la  grossc  mer,  est,  au  niveau  de  la  zone 
des  Fucus,  tapissde  par u ne  couch e  presque  continue  de  nioules. 
Nous  y  reviendrons  plus  loin.  Les  ilotsde  Houat  et  d  Hoedic 
sont  depourvus  d’huitrieres,  mais  on  y  trouve  d’importantes 
moulieres  qui  continuent  celle  de  Quiberon;  el  les  v  occupent 
une  situation  analogue. 

Lnrin,  dans  cette  mime  region,  il  faut  ajouter  Belle-lle  qui 
constitue  un  cquartier  maritime  avec  Houat  et  Hoedic.  La  cote  y 
est  tellement  escarpee  et  la  mer  si  violente  que  les  huitres  ne  peu- 
vent  s’y  developper  faute  d’aucun  abri.  En  revanche,  on  trouve 
des  moulieres  peu  importantes  sur  la  cote  ouest. 


—  9  — 


L’industrie  ostreicole  de  toute  la  region  dont  Auray  est  le  cen¬ 
tre,  s’exerce  exclusivement  sur  YOstrea  edulis  L. ;  les  parqueurs 
veillent  avec  un  soin  jaloux  a  ce  qu’aucune  huitre  portugaise  ne 
soit  introduite  dans  leur  riviere.  Ils  craignaient  autrefois  l’hy- 
bridation  des  deux  especes  et,  par  suite,  la  perte  de  la  variete 
armoricaine  de  YOstrea  edulis  dont  la  reputation  fait  leur 
fortune;  mais  il  parait  ddmontre  que  l’hybridation  entre  ces 
mollusques,  qui  appartiennent  a  deux  genres  bien  differents,  est 
impossible,  en  raison  surtout  du  mode  si  dissemblable  de  la 
ponte;  la  gryphee  portugaise  est,  en  effet,  ovipare  et  l’ostrea 
vivipare.  Le  danger  1c  plus  a  redouter  serait  l’invasion  des 
portugaises  qui,  plus  robustes,  tres  prolifiques,  s’adaptant  faci- 
lement  a  des  conditions  plus  variees  d’existence,  s’installeraient 
dans  les  rivieres  et  prendraient  la  place  et  la  nourriture  de  l’huitre 
indigene.  Malgre  toutes  les  surveillances,  les  reglements  et  les 
interdictions,  on  trouve,  chaque  annee,  dans  les  bancs,  les  pares 
oules  collecteurs,  un  tres  petit  nombre,  quelques  unites,  d’hui- 
tres  portugaises  qui  sont  immediatement  detruites.  Elies  pro- 
viennent  soit  d’embryons  transportes  par  les  courants,  soit 
d’huitres  fixees  sur  la  carene  de  bateaux,  soit  d’autres  causes 
accidentelles.  Jusqu’ici,  elles  ne  se  sont  installees  nulle  part  sur 
la  cote  d’  Auray.  Ilya  quelques  annees,  cependant,  une  veri¬ 
table  invasion  d’huitres  portugaises  s’est  produite  subitement 
sur  les  rochers  de  la  partie  basse  de  la  riviere  d’Etel.  Ces  huitres 
ont  disparu  l’annee  suivante,  n’ayant  probablement  pas  rencon¬ 
tre  les  conditions  favorables  a  leur  developpement ;  elles  n’ont 
pas  reparu  depuis. 

L’histoire  de  l’industrie  huitriere  dans  la  region  d’Auray  est 
fort  interessante.  C’est  fun  des  centres  ou  Coste  fit  une  partie 
de  ses  cdlebres  experiences  et  ou  ses  continuateurs,  apres  de 
nombreux  tatonnements  et  des  essais  souvent  fort  couteux, 
ont  amend  l’industrie  ostreicole  a  l’etat  ou  nous  la  trouvons 
aujourd’hui.  Les  precedes  actuels  semblent  donner  des  resultats 
a  peu  pres  definitifs  et  avoir  acquis  le  maximum  de  certitude 
que  l’on  peut  attendre  dans  une  industrie  soumise  a  des  aleas 
varids.  11  serait  tout  a  fait  hors  de  mon  sujet  d’entreprendre  un 

(89) 


IO 


historique  de  ces  procdd^s.  on  1c  trouvera  dans  divers  ouvrages 
sp&iaux.  Jc  me  contente  de  ddcrire  l’ctat  actuel  de  cette 
industrie. 

Le  fond  du  chenal  des  rivieres  d’Auray,  de  Crac’h  et  de 
Saint-Phiiibert,  est  occupy  par  des  bancs  naturels  d’huitres  plus 
ou  moins  prospbres  dont  il  sera  question  plus  loin.  Ces  bancs, 
draguds  tous  les  trois  a  ns.  fournissent  des  huitres  qui  sont 
inunddiatement  vendues  pour  la  consummation  ou  aux  par- 
queurs.  Mais  ce  n’est  lit  qu’un  produit  tout  a  fait  secondaire  de 
1  industrie  locale,  d'autant  plus  restreint  que  depuis  quelques 
anndcs  le  nonibre  des  huitres  dragudes  et  leur  prix  de  venteont 
considerablement  diminue. 

Le  role  principal  des  bancs  naturels  est  de  contenir  les  huitres 
mdres  dont  les  embryons  deviennent  le  naissain  qui  est  recolte 
au  moyen  d’appareils  spdeiaux  qui  seront  ddcrits  plus  loin.  Ce 
naissain  devient  de  petites  huitres  qui  sont  vendues  a  des  par- 
queurs;  les  uns  les  ddposent  sur  place  dans  des  pares  oil  elles 
grandissent,  les  autres  les  emportent,  par  navires  entiers,  soit 
sur  d’autres  points  du  littoral  francais,  soit  a  l’e'tranger,  pour  les 
faire  grandir  et  les  engraisser,  ou  encore  pour  les  verdir;  e’est  le 
cas  de  Marennes. 

La  protection  et  la  surveillance  des  bancs  naturels  sont  done 
essentielles  et  font  l’objet  des  soins  de  l’administration  de  la 
marine  qui  entretient  a  Auray  un  inspecteur  des  peches  avec 
des  embarcations  et  plusieurs  gardes-peche;  d’autres  gardes 
sont  re'partis  dans  les  rivieres  voisines;  leur  nombre  cependant 
ne  parait  pas  suffisant  car  les  pillards  ne  manquent  pas  qul 
viennent,  la  nuit,  draguer  les  bancs  et  meme  les  pares,  et  y  fal'e 
des  chargements  que  Ton  a  vu  atteindre,  en  une  seule  fois? 
40,000  huitres. 


Les  huitres  natives  des  bancs  naturels  sont  done  avant  tout 
des  reproducteurs.  On  sait  qu’une  seule  huitre  adulte,  ayant 
5  ou  6  ans,  peut  donner  un  nombre  d’embryons  qui  varieentre 
un  et  deux  millions.  Les  ceufs,  apres  la  fdcondation  et  leur  soi  tie 
des  organes  genitaux  restent  enfermds  entre  les  lames  des 


branchies  et  les  deux  moities  du  manteau  de  la  mere,  pendant 
7  a  8  semaines.  Ils  sont  tout  d’abord  blancs  et  produisent  ce 
qu’on  appelle  les  huitres  laiteuses;  en  avancant  en  age,  ils 
deviennent  gris-clair  et  ressemblent  a  de  la  cendre;  finalement 
ils  passent  au  gris-fonce,  de  ton  ardoise',  lorsqu’ils  approchent 
de  la  fin  de  la  periode  d’incubation.  C’est  a  ce  moment  que 
l’huitre  mere,  par  des  contractions  brusques  de  ses  valves, 
chasse  ses  embryons  dans  l’eau  sous  forme  d’un  petit  nuage 
grisatre. 

Ces  embryons  sont  alors  pelagiques  et  ils  nagent  au  moyen 
d’une  houppe  de  grands  cils  vibratiles  qu’ils  portent  jusqu’au 
moment  oil  ils  se  fixent  et  qui  est  destinee  a  disparaitre  ensuite. 

L’epoque  oil  se  fait  la  reproduction  des  huitres  correspond 
a  l’ete;  c’est  vers  le  milieu  de  juin  qu’elles  commencent  a  devenir 
laiteuses;  elles  emettent  leurs  embryons  gris  depuis  le  commen¬ 
cement  de  juillet  jusque  dans  la  premiere  rnoitie  d’aout.  Les 
variations  dans  l’dpoque  oil  se  fait  remission  oscillent  dans  une 
limite  de  4  a  5  semaines,  6  au  plus.  II  semble,  au  premier  abord, 
que  ces  variations  n’ont  pas  grande  importance  pratique;  on  va 
voir  par  ce  qui  suit  qu’elle  est  au.  contraire  enorme  au  point  de 
vue  des  resultats  que  l’ostrdiculteur  est  en  droit  d’attendre  de 
son  travail.  II  semble  que  la  periode  de  reproduction,  si  elle  est 
assez  variable  d’une  annee  a  l’autre,  ne  Test  pas  autant  dans  une 
merne  localite ;  les  pontes  ne  s’echelonnent  pas,  et  au  dire  des 
ostrdiculteurs,  toutes  les  huitres  sont  mures  en  meme  temps. 
On  a  remarque,  en  outre,  que  l’huitre  mere  lance  son  nuage 
d’embryons  seulement  au  moment  oil  la  mer  monte,  jamais 
lorsqu’elle  baisse;  il  en  resulte  que  les  jeunes  embryons,  entrai¬ 
ls  par  les  Hots,  se  dirigent  d’abord  vers  le  haut  de  la  riviere. 

La  determination  du  moment  pre'cis  de  remission  des  em¬ 
bryons  gris  est  capitale  pour  le  succes  de  la  campagne  ostreicole 
de  chaque  annee;  aussi,  quand  le  moment  approche,  des  prele- 
vements  frequents  d’huitres  sont  faits  sur  les  bancs,  pour  la 
surveillance  de  l’etat  des  glandes  genitales.  L’ostriculteur  doit, 
en  effet,  disposer  ses  appareils  collecteurs  a  une  epoque  aussi 
voisine  que  possible  de  ce  moment,  tres  peu  avant,  pas  apres; 

1  operation  de  la  pose  des  collecteurs,  qui  est  assez  longue,  ne 

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pent  se  faire  qu’aux  dpoques  de  grandes  mardes,  aux  malines, 
pendant  les  trois  heures  environ  oil  la  mer  cst  assez  basse,  pour 
se  rapprocher  le  plus  possible  des  chenaux.  Si  on  laisse  passer 
une  iiKirec.  il  Taut  attendre  la  suivante,  soit  un  retard  de  quinze 
jours  pendant  lesquels  remission  du  naissain  peut  avoir  eu  lieu, 
C’est  alors  pour  l’ostreicultcur  des  frais  considerables  et  une 
annce  perdue,  car  les  collecteurs  ne  recolteront  absolument 
rien. 

On  pourrait  penser  que  l’ostrdiculteur  n’a  qu'a  placer  ses 
collecteurs  plus  tot  et  qu’il  sera  certain  alors  de  ne  pas  manquer 
la  pontc  et  par  suite  sa  recoltc.  II  n’cn  cst  l  ien.  L’eau  des  rivieres 
contient  en  suspension  de  tines  particulcs  de  vase  qui  se  depo- 
sent  sur  les  collecteurs  et  les  recouvrent,  dans  1’espace  de  io  a 
20  jours,  d’un  mince  enduit  gras.  Les  jeunes  huitres  alors  ne 
s’y  attachent  plus,  car  les  embryons  ne  se  fixent  que  sur  des 
surfaces  solides  et  propres,  jamais  sur  la  vase,  mime  lorsqu  elle 
est  en  couche  trds  mince. 

Lorsque  les  collecteurs  sont  posds  trop  tot,  on  risque  de  voir 
d’autres  amateurs  de  surfaces  solides  et  propres,  profitant  de 
l’excellente  aubaine  qui  leur  est  offerte,  s’y  fixer  et  s’y  developpei 
rapidement,  sans  laisser  de  place  libre  pour  les  jeunes  huitres. 
Parmi  ces  intrus  il  faut  citer  en  premiere  ligne  les  Ascidies, 
les  unes  sont  les  Ascidies  simples,  presque  exclusivement  des 
Ciona  intestinalis  que  1’on  appelle  dans  le  pays  des  Polypes- 
Elies  se  reproduisent  de  la  fin  de  juin  au  commencement  de 
juillet.  Si  Ton  place  les  collecteurs  trop  tot  on  recolte  en 
abondance  ces  Ascidies  qui  les  couvrent;  j’ai  pu  constater  que 
quelques  uns  d’entre  eux  en  dtaient  abondaniment  gainis- 
D’autres,  sont  des  Ascidies  composdcs  de  diverses  especes,  niais 
plus  particulierement  un  Didemnum  (?)  brun,  marbl’d,  formant 
des  plaques  minces  et  membraneuses  qui  doivent  s’accroitie 
avec  une  grande  rapiditd.  On  y  trouve  aussi  des  Bryozoaires  en 
plaques  et  diverses  Eponges. 

On  voit,  par  ce  qui  precede,  combien  l’epoque  de  la  mise  en 
place  des  collecteurs  necessite  une  grande  experience  et  laisse, 
malgre  tout,  place  a  un  alea  qui  cause  souvent  des  pertes  aux 
ostreiculteurs,  malgre  leur  active  surveillance.  Il  faut  songel 


que  plusieurs  d’entre  eux  posent  plus  d’un  million  de  ces 
collecteurs,  qu’ils  n’ont  que  3  ou  4  jours  de  maree,  et  qu’il  est 
impossible  de  recommence!-  les  preparatifs  necessaires  pour  la 
maree  suivante  si  Ton  vient  a  s’apercevoir  que  Ton  a  commence 
trop  tot. 

On  a  cru  arriver  a  des  resultats  plus  surs,  en  essayant  de 
faire  reproduire  les  huitres  dans  les  bassins,  ce  qui  permettait 
aussi  de  choisir  les  reproducteurs  et  de  n’employer  a  cet  usage 
que  des  huitres  meres  exemptes  de  defaut.  Tantot  on  construi- 
sait  des  bassins  en  maconnerie,  tantot,  par  une  digue,  on  isolait 
le  fond  d’une  baie,  tantot  enfin,  on  utilisait  des  salines.  Tout 
cela  ne'cessitait  des  amenagements  fort  couteux;  certaines  digues, 
par  exemple,  ont  plus  de  200  metres  de  long;  mais  les  resultats 
furent  insignifiants  ou  nuls  et  Ton  y  a  presque  completement 
renonce;  il  reste  cependant  encore  un  ou  deux  etablissements 
ou  Ton  persiste  a  faire  des  essais  dans  des  bassins.  II  semble 
acquis  que  les  huitres  ne  se  reproduisent,  au  moins  normale- 
ment,  que  dans  les  rivieres  et  c’est  la  que  1’on  place  les  collec¬ 
teurs. 

Voyons  maintenant  en  quoi  consistent  les  appareils  collec¬ 
teurs. 

L’embryon  de  l’huitre,  une  fois  mur  et  mis  en  liberte,  nage 
pendant  un  temps  que  les  uns  evaluent  a  quelques  heures,  les 
autres  a  quelques  jours;  puis  il  se  pose  sur  un  objet  solide  et 
s’y  fixe  s’il  lui  convient.  A  ce  moment  il  perd  ses  cils  vibratiles, 
secrete  une  coquille  excessivement  mince  dont  une  des  valves 
adhere  de  suite  au  support  qu’il  a  choisi.  Ce  terme  de  choisi  est 
exact,  car  on  a  vu  l’embryon  tater  divers  emplacements  et  ne  se 
fixer  que  sur  une  place  solide,  propre  et  lisse,  non  recouverte  de 
vase,  et  ddpourvue  d’animaux  parasites.  Dans  la  nature,  l’em- 
bryon  se  fixe  tres  souvent  aux  coquilles  des  huitres  qui  l’entou- 
rent,  a  conditions  qu’elles  ne  soient  pas  vaseuses;  Ton  utilise 
quelquefois,  comme  collecteurs,  de  vieilles  coquilles  d’huitres 
que  Ton  jette  sur  le  sol  au  point  ou  Ton  veut  etablir  un  banc  ou 
le  reconstituer.  Mais  ce  collecteur  est  mediocre ;  il  a  plusieurs 
defauts,  dont  l’un  est  de  s’envaser  facilement  et  un  autre,  d’etre 

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anfractueux,  de  sorte  qu’en  grandissant,  lcs  huitres  sont  irrigu- 
liires,  difformes  et  perdentune  partie  de  kur  valour  marchande. 

On  a  cssaye  de  nombreux  procidis  avant  d’arriver  aux  col- 
lectcurs  actuellement  en  usage;  on  a  employe  des  fagots  lestds 
de  pierres  et  immergis  dans  les  rivieres  an  voisinage  des  bancs. 
C’est  la  mithode  des  fascines  utilisies  ail  leu  rs,  notammenten 
Italic.  Kile  n’a  pas  domic  de  bons  resultats;  on  s’est  servi  de 
pierres,  de  planches,  de  briques,  etc.  Je  ne  veux  pas  insister  sur 
ces  mithodes,  aujourd’hui  abandonnies,  qui  ont  causi  des 
deboires  considerables;  je  me  bornerai  it  indiquer  les  mithodes 
en  usage  actuellement  dans  la  rigion  d'Auray. 

On  se  sert  de  deux  sortes  de  collecteurs  :  i°  les  Plateaux, 
2°  les  Tuiles. 

i°  Les  collecteurs  it  plateaux  sont  constituis  par  des  planches 
assemblies  en  un  plateau  ayant  environ  deux  mitres  de  long  sur 
un  de  large;  elles  sont  lisses  et  goudronnies.  On  les  superpose 
it  plat  entre  quatre  forts  piquets  cnfonces  dans  le  sol  et  relies 
entre  eux  par  des  traverses.  On  s’arrange  de  facon  it  ce  que  le 
plateau  inferieur  soit  it  une  quinzaine  de  centimetres  au-dessus 
du  sol  et  a  ce  qu’il  y  ait  un  espace  vide  de  3  it  4  centimetres  entie 
deux  plateaux  consicutifs.  Chaque  pile  comprend  8  ou  10  de  ces 
plateaux;  elles  sont  posies  assez  pres  les  unes  des  autres  mats 
on  laisse  entre  elles  un  passage  sulfisant  pour  que  les  ouvriers 
puissent  circuler. 

Les  embryons  d’huitres  amends  par  le  courant,  a  mesure  que 
la  marie  monte,  se  fixent  sur  la  face  infirieure  des  plateaux  en 
commencant  par  ceux  du  bas,  et  Ton  peut  en  voir  qui  sont 
entierement  reconverts  de  jeunes  huitres. 

20  Les  collecteurs  en  tuiles  sont  d’un  usage  plus  friquent  que 
les  plateaux.  Les  tuiles  dont  on  se  sert  sont  en  terre  cuite,  ce 
sont  les  mimes  que  celles  qui  sont  employies  pour  les  toituies. 
Ce  sont  des  demi  cylindres  de  32  a  35  centimetres  de  long  sui 
12  a  i5  de  diametre,  et  1  centimetre  d’ipaisseur.  Elles  sont 
percies  de  deux  trous  sur  l’arete  midiane,  situis  a  6  ou  7  centi" 
metres  de  l’extrimiti.  On  dispose  ces  tuiles  par  piles  d’une 
vingtaine,  de  facon  a  ce  que  leur  face  concave  soit  en  dessus;  on 
en  pose  d’abord  deux,  cote  a  cote,  puis  dessus  deux  autres  en 


travel's,  puis  dessus  deux  autres  paralleles  aux  premieres;  on 
continue  ainsi  en  les  alternant  2  a  2 ;  le  tout  forme  une  pile  de 
60  a  70  centimetres  de  haut.  II  n’y  a  plus  qu’a  passer  deux  bou- 
cles  de  fil  de  fer  galvanise  par  les  trous  qui,  se  trouvant  super¬ 
poses,  se  correspondent,  et  a  les  fermer  pour  avoir  un  collecteur. 
II  est  assez  solide  pour  ne  pas  etre  demoli  par  la  mer. 

II  y  a  deux  methodes  pour  disposer  ces  piles  dans  les  pares. 

La  premiere  consiste  a  etablir,  dans  la  vase,  des  piquets  sur 
lesquels  on  pose  une  sorte  de  plancher  a  une  dizaine  de  centi¬ 
metres  au-dessus  du  sol.  Sur  ce  plancher  on  pose  les  piles  de 
tuiles  disposees  comme  il  vient  d’etre  dit,  de  facon  a  en  former 
un  tas  de  25o  a  3oo  tuiles.  Gela  ressemble  vaguement  a  une 
ruche,  d’oii  le  nom  dc  collecteurs  en  ruche  que  Ton  donne  a  ces 
appareils.  On  les  charge  de  quelques  grosses  pierres  pour 
assurer  leur  stabilite.  On  en  voit  dans  lesquels  le  fil  de  fer  reliant 
les  piles  de  tuiles  est  supprime  et  celles-ci  sont  simplement 
posees  sur  le  plancher.  Souvent  un  pare  contient  des  centaines 
de  ces  tas,  et  on  en  voit  qui  renferment  quatre  ou  cinq  cent  mille 
tuiles.  On  comprend  qu’il  faut  un  travail  considerable  pour 
l’amenagement  de  tels  pares,  et  qu’il  est  necessaire  d’avoir  un 
nombreux  personnel  puisqu’on  ne  dispose  que  de  quelques 
heures  pendant  quelques  jours  au  moment  d’une  grande  maree. 
On  peut  penser  aussi  qu’une  pareille  installation  exige  un  mate¬ 
riel  enorme,  representant  un  capital  important;  il  faut  en  outre 
des  bateaux  et  de  grands  chalands  pour  transporter  le  personnel 
et  le  materiel,  a  mer  haute,  sur  l’emplacement  ou  le  pare  doit 
etre  installs  a  mer  basse. 

Cette  ruche  difffere  un  peu  de  celle  que  Ton  emploie  a  Arca- 
chon  oil  les  tuiles  sont  maintenues  en  place  dans  une  sorte  de 
cage  a  claire-voies. 

D’autres  ostrdiculteurs,  et  e’est  presque  l’unanimite  chez  ceux 
qui  ont  des  pares  dans  la  riviere  de  Crac’h,  au  lieu  de  disposer  les 
piles  de  20  tuiles  en  tas  de  3oo,  comme  il  vient  d’etre  dit,  prefe- 
rent  attacher  chaque  pile  au  sommet  d’un  piquet  de  im5o  que 
1  on  enfonce  dans  la  vase.  Cela  a  l’aspect  d’un  gros  champignon, 
d  oil  le  nom  de  collecteurs  en  champignon  qu’on  leur  donne ;  on 
les  appelle  aussi  collecteurs  en  bouquets.  Tous  ces  champignons 

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sont  places  les  uns  pie’s  des  auti'es  de  facon  a  ce  quo  les  tuiles 
se  touchent,  et,  s’appuyant  les  unes  sur  les  autres,  se  consohs 
dent.  Ces  collecteurs  sont  un  peu  plus  simples,  mais  moins 
solides  que  les  ruches;  ils  donnent  des  rdsultats  analogues.  On 
se  sert  surtout  des  ruches  dans  la  riviere  d  Aura}'. 

Les  collecteurs  en  champignon  prdsentent  pourtant  un  avan- 
tage  assez  serieux;  on  peut  les  poser  en  se  servant  d  un  chaland 
ei  enfoncei  les  piquetsdans  la  vase,  meme  lorsqu  il  resre  encore 
bo  ou  60 centimetres  d’eau.  cequi  prolonge  sensiblement  le  delai 


quotidien  et  la  pdriode  de  marde  oil  l’on  peut  fa  ire  1  opeiation 
de  la  pose  des  collecteurs.  11s  ont  ccpendant  1  incon\ dnient  de 
tenir  un  peu  plus  de  place;  on  met  dans  un  meme  espace  moins 
de  tuiles  en  champignon  qu’en  ruche. 

Ce  n’est  pas  sans  un  grand  nombre  d’expdriences  et  d  essais 
dispendieux,  suivis  d’dchecs  rdpdtds,  que  1’on  est  arrive  a  let3 
blissement  des  mdthodes  qui  paraissent  aujourd’hui  fort  simples- 
Maintes  fois  on  en  est  approchd  mais  il  manquait  toujours 
quelque  ddtail  et  les  huitres  ne  se  fixaient  pas,  ou  se  tixaient 
d’une  facon  defectueuse  sur  les  collecteurs.  Quelquefois  des  inci 
dents  insignifiants  ont  mis  sur  la  voie  de  progres  considerables. 
Par  exemple,  ayant  mis  des  huitres  mures  dans  un  bassin  avec 
un  attirail  compliqud  destind  it  fixer  le  naissain,  un  ostieiculteur 
remarqua  que  cclui-ci  avait  completcment  ndgligd  ses  appat 
pour  se  fixer  sur  le  mortier  qui  servait  a  unir  les  pierres  du  niui 
du  bassin.  De  ce  fait,  on  conclut  que  les  huitres  avaient  chois 
cet  emplacement  parce  qu’clles  avaient  trouve  dans  le  moitiet 
le  calcaire  necessaire  a  la  secretion  de  leurs  coquilles.  On  P°u 
vait  espdrer  les  voir  se  fixer  sur  les  tuiles  en  les  recouvrant  d  un 
enduit  contenant  du  calcaire.  C’est  en  effet  ce  qui  eut  lieu  et 
la  est  venue  l’idde  du  chaulage  des  tuiles. 

Avant  de  disposer  les  tuiles  en  piles,  comme  on  vient  de ^ 
voir,  on  les  trempe  dans  un  melange  de  chaux,  de  sable  fin  et 
ciment,  dans  des  proportions  qui  varient  selon  les  habi 
particulieres  des  ostrdiculteurs.  Cc  melange,  en  sechant,  f011^ 
sur  la  tuile  un  enduit  blanc,  lisse,  tres  propre,  sur  lequel 
embryons  d’huitres  se  fixent  en  abondance.  On  a  soin  de  com 
biner  les  elements  de  Penduit  de  facon  a  ce  qu’il  soit  resistant, 


sans  toutefois  etre  trop  dur,  afin  de  faciliter  dans  la  suite  l’ope- 
ration  du  decollage  des  jeunes  hultres,  operation  ditedu  detro- 
quage. 

Cette  operation  fort  importante  etait  extremement  difficile 
avant  que  Ton  cut  invente  le  chaulage.  Les  hultres  adheraient 
fortement  aux  tuiles  qu’il  fallait  briser  pour  les  enlever ;  ce 
cassage  des  tuiles  detruisait  beaucoup  d’huitres  et  necessitait  un 
renouvellement  couteux  du  materiel.  Quelques  ostreiculteurs 
ont  cependant  conserve  la  methode  du  cassage  des  tuiles  pour 
prod u ire  ce  qu’on  appelle  des  huitres  a  tesson.  Ils  pensent  que 
lorsqu’on  detroque  l’huitre,  sa  valve  fixde  qui  est  tres  mince 
etant  mise  a  nu,  l’animal  est  beaucoup  plus  expose  aux  attaques 
de  ses  ennemis  et  qu’un  grand  nombre  perissent  de  la  sorte. 
En  laissant  l’animal  sur  son  tesson  on  evite  cet  inconvenient, 
mais  on  est  oblige  de  decouper  les  tuiles  une  a  une  en  fragments, 
au  moyen  de  cisailles  spdciales,  pour  laisser  a  chaque  huitre  le 
tesson  sous  jacent.  L’ope'ration  est  longue  et  couteuse,  les  tuiles 
sont  detruites  et  le  tout  revient  a  plus  cher  que  la  perte  causee 
dans  le  detroquage  ordinaire. 

Le  chaulage  permet  de  detroquer  facilement  les  huitres  au 
moyen  d’un  couteau  a  bout  rond  que  Ton  fait  glisser  entre  la 
tuile  et  l’enduit;  celui-ci  se  detache  sans  effort  en  lamelles 
minces  supportant  les  jeunes  hultres  et  la  tuile  peut  servir  de 
nouveau.  Un  petit  nombre  seulement  d’huitres  est  blesse,  et  le 
transport  ultdrieur  du  naissain  est  facilite,  les  huitres  etant 
intactes  et  n’ayant  pas  quitte  leur  support  primitif. 

Lorsque  le  naissain  vient  de  se  fixer,  les  jeunes  huitres  for- 
ment,  sur  l’enduit  blanc  de  la  tuile,  un  petit  point  jaunatre,  bril- 
lant,  a  peine  visible  a  l’oeil  nu.  11  arrive  qu’elles  sont  en  si  grand 
nombre,  que  tous  les  points  brillants  se  touchent  presque.  J’en 
ai  vu  chez  M.  Jardin  oil,  sur  un  espace  grand  comme  le  creux 
de  la  main,  il  y  avait  1 35  jeunes  hultres. 

Des  le  mois  de  fevrier  ou  mars  de  l’annde  suivante,  les  jeunes 
huitres  ont  de  io  a  12  millimetres  de  diametre;  au  mois  d’aout 
dies  atteignent  5  ou  6  centimetres;  elles  ont  alors  un  an.  C’est 
au  printemps  que  se  fait  la  vente  la  plus  active  de  naissains  qui 
a  6  ou  8  mois.  On  les  detroque  et  on  les  expedie  par  chargements 


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de  navires,  on  Angletcrrc.  on  Irlandc,  cn  Belgique,  a  Marennes, 
en  Bretagne,  etc.  Kilos  pouvent  supporter  un  voyage  de  8  a  io 
jours  et  meme  12  jours. 

11  ny  a  pas  avantage  a  les  laisser  trop  longtemps  sur  les 
collecteura;  quand  elleaaont  trop  nombreuscs  olios  se  genent 
mutuellement,  deviennent  difformeset  une  panic  est  ctoullee;  si 
cllos  sont  peu  nombreuscs  olios  s’ltalent  sui  la  tuilc  et  elles 
deviennent  trop  plates;  elles  manquent  d’dpaisseur,  dc  creux;  ce 
nest  qu  une  fois  ddtachdes  qu'ellos  acquifercnt  ces  qualitds  et 
consolident  leur  valve  infdrieure. 

C  est  lk  que  finit  le  role  de  l'ostr£iculteur  producteur  de 
naissain,  dans  le  quartier  d’Auray.  Mais  ces  toutes  petiteshui- 
tres  ne  reprdsentent  pas  la  totalitd  do  la  production  et  beaucoup 
d  entre  elles  restent  encore  un  certain  temps,  souvent  un  ou 
deux  ans,  dans  la  localitd  apres  le  detroquage.  10 1  les  sont  depo- 
sdes  dans  des  pares  oil  elles  grandissent  et  forment  ce  quon 
appelle  des  huitres  de  demi-dlevage.  Elles  sont  ensuite  expe* 
dides,  pour  etre  engraissdes,  dans  divers  endroits,  notamrnent 
a  Marennes.  On  ne  fait  que  peu  d’engraissement  complet  dans 
la  rdgion  d’Auray. 

Les  pares  d  dlevage  sont  tout  simplement  des  surfaces  de 
tenain  situdes  dans  le  voisinage  du  chenal  des  rivieres,  et  ea 
tout  des  tantot  dune  murette  en  pierre  sdche,  tantot  d’un  gril 
lage  bas,  tantot  de  simples  piquets. 

Les  pares  d  dlevage  ne  peu  vent  etre  organises  sur  tous  les 
points  des  berges  des  rivieres.  En  effet,  presque  partout,  la 
beige  est  constitude  par  de  la  vase  molle,  noire,  brune  ou  gnse 
souvent  tres  profonde,  dans  laquelle  on  enfonce  en  marchant- 
Les  huitres  ne  peuvent  pas  vivre  sur  cette  vase  oil,  d’ailleUlS’ 
1  eftet  de  leurs  poids  seul  suflirait  a  les  submerger.  Les  points 
ou  le  sol  est  naturellement  propice  sont  fort  rares.  II  faut  done 
presque  partout  transformer  le  sol  avant  d’y  deposer  les  huitres; 
il  faut  enlever  souvent  une  forte  epaisseurde  vase,  puis  durcirsa 
suiface,  la  transformer  en  une  veritable  croute  resistante,  afin 
de  pouvoir  y  circuler  selon  les  besoins  de  l’exploitation.  On  jette 
pour  cela  sur  le  sol  du  gravier  et  du  sable  propre,  qui,  en  se 
melangeant  a  la  vase,  forment  un  vdritable  bdtonnage  solide.  On 


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apporte  ces  materiaux  dans  des  chalands  que  Ton  vide  sur 
l’espace  a  consolider.  Ce  sont  la  des  frais  considerables. 

Le  pare  etant  dispose  convenablement,  il  s’agit  d’y  placer  les 
jeunes  huitres.  Plusieurs  me'thodes  sont  employees.  Tantot  les 
jeunes  huitres  sont  simplement  de'posees  sur  le  sol  aussitot 
apres  le  detroquage;  e’est  ainsi  que  1’on  precede  pour  les  huitres 
a  tesson.  Tantot  on  les  enferme  dans  de  grandes  caisses  plates, 
a  couvercle,  en  toile  metallique,  isolees  du  sol  par  des  piquets. 
Ces  caisses  «  Ostreophiles  »  qui  ont  environ  2  metres  de  long 
sur  1  metre  de  large,  coutent  en  moyenne  dix  francs,  et  comme 
certains  ostreiculteurs  en  ont  plusieurs  milliers,  et  que,  d’autre 
part,  elles  ne  durent  guere  que  6  ou  7  ans,  on  voit  que  e’est  la 
une  mise  de  fonds  considerable  qui  doit  etre  rapidement 
amortie. 

Les  petites  huitres  de  10  a  i5  millimetres,  sont  mises,  apres 
le  detroquage,  dans  ces  boites  jusqu’a  ce  qu’elles  aient  acquis 
une  certaine  dimension  et  une  solidite  suifisante  pour  resister 
aux  nombreux  ennemis  qui  les  devorent.  Elles  grandissent 
d’ailleurs  rapidement  dans  ces  caisses,  et  le  bord  de  leur 
coquille  se  garnit  dune  mince  lame  calcaire  qui  montre  une 
«  pousse  »  rapide. 

Dans  la  region  d’Auray  presque  tous  les  pares  viennent  a 
sec  dans  les  jours  de  marees;  ils  sont  en  pente  douce  vers  les 
chenaux,  et  Ton  de'pose  les  huitres  de  facon  a  ce  que  les  plus 
jeunes  soient  vers  le  haut  et  les  plus  agdes  vers  le  bas.  Ces 
huitres  sont  souvent  remuees  au  rateau,  changees  de  place,  net- 
toyees  pour  enlever  la  vase,  les  parasites,  les  coquilles  de  celles 
qui  sont  mortes;  ce  sont  des  soins  continus  qui  exigent  un 
nombreux  personnel. 

On  trouve  un  petit  nombre  de  pares  organises  de  facon  a  ce 
que  l’eau  de  mer  y  reste  a  maree  basse.  Ce  sont  des  «  claires® 
ou  se  fait  l’engraissement.  Tantot  ce  sont  des  portions  de  terrain 
ou  Ton  a  enlevd  la  vase  pour  y  faire  une  degression  peu  pro- 
*°nde;  tantot  ce  sont  des  bassins  dans  des  salines,  tantot  des 
surfaces  separees  de  la  mer  par  des  digues  dans  des  fonds  de 

aie.  Mais  ces  bassins  d’engraissement  constituent  des  excep¬ 
tions. 


(89) 


—  20  — 


Si  les  ostrtficulteurs  ont  it  fairc  dc  grandes  depenses  pour  la 
production  du  naissain  ct  (’installation  dcs  pares  ou  des  claires, 
ils  ont  encore  k  compter  avec  une  foulc  d’ennemis  des  huitres 
quifont  de  tr<  digits  dans  leurs  pares  et  diminuenf 

sensiblement  leurs  bdntfficcs.  II  y  n  toutc  une  sdrie  dc  cesenne- 
mis  qui,  pai  des  proeddds  vari<  s,  ddtt uisent  beaucoup  d  huitres 
jeunes  ct  adultcs. 

Le  bigorneau  pcieeui  .  Xfurex erinaceus  I ...  est  peu  abondant, 
sauf  dans  le  voisinage  de  Locmariaker.  e’est-a-dire  versle  basde 
la  rivifcre  d’Auray;  il  ne  remontc  gu&rc  dans  la  riviere,  il est 
rare  dans  les  autres. 

LesGtoiles  dc  mer,  Asterias  rubais  L.,  sont  ties  abondantes 
dans  le  cours  inferieur  dcs  rivieres;  cllcs  sont  tres  communes 
dans  le  bas  de  la  rivifcre  de  la  Trinitd,  d’Ktel,  au  banc  de  lOurs 
dans  la  riviere  d’Auray.  Giles  devorent  de  nombreuses  huitr^ 
de  toutes  dimensions.  On  a  beau  en  enlever  beaucoup  e 
remontent  des  chenaux  dans  les  pares  et  leur  enlevement  est 
recommencer  continuellcment. 

Le  plus  redoutable  de  tous  est  lc  Crabe  vulgaire.  C&® 
mcenas  L..  que  1’on  nomme  Carter* dans  la  rdgion.  11  cstexces 
vement  abondant  et  ddtruit  les  jeunes  huitres  en  crevant  ^ 
coquilles  avec  ses  pinces  avant  de  les  ddvorer.  On  trouveia  ^ 
peu  plus  loin,  a  propos  de  la  rivifere  d’Etel)  des  renscignem 
particuliers  sur  leurs  ddgats.  On  les  capture  au  moycn  de*13 
en  fil  de  fer,  dites  «  piegc  a  cancre  »,  et  on  en  dc:truit  des  q  ^ 
tites  considerables;  e’est  par  pleines  barriques  qu’on  les  pr 
a  certaines  dnoques. 

1  T  .  Vfll  ti 

Il  faut  encore  citer  plusieurs  raies,  Raja  pasttnaca,  ^ 
aquila,  7  rygon  vulgaris  qu’on  appelle  indilTeretnment 
qui  ddvorent  les  huitres ;  on  s’en  preserve  en  entourant  les  f  ^ 
d  un  grillage  ou  d’un  filet  tendu  verticalement  sur  des  P1^11  e 
La  Daurade,  que  Ton  appelle  dans  le  pays  «  gueule  pavee  ”  P  ^ 
aussi  pour  faire  des  degats  dans  les  pares  ainsi  qu’un  squa  ’ 
Carcharias  glaucus  ou  bleu. 

Les  Arenicoles,  Arenicola piscatorum  Lam.,  dits  I  e,s  n0 
en  bouleversant  le  sol  des  pares  arrivent  a  recouvrir  les  hu 
de  vase. 


21 


Les  Anomyes,  Anomya  ephippium ,  dites  huitres  nacrees,  se 
fixent  sur  les  collecteurs  ou  elles  grandissent  vite  et  prennent  la 
place  des  huitres. 

Une  algue  est  venue  s’installer  depuis  peu  au  bord  de  la 
riviere  d’Auray  ou  elle  cause  des  pertes  importantes  dans  les 
pares.  Elle  se  fixe  sur  les  huitres,  grandit,  prend  la  forme  d’une 
boule  remplie  d’air,  grosse  comme  un  oeuf,  et  a  un  moment 
donnd  elle  est  assez  grosse  pour  hotter  en  entrainant  1  huitre ; 
on  en  a  ainsi  trouvd  de  grandes  quantites  porte'es  a  la  cote  par 
lescourants  ou  entrainees  au  large.  Cette  algue  a  ete  recemment 
etudiee  parM.  Fabre-Domergue. 

II  faut  encore  citer  une  Eponge,  la  Clione  celata ,  qui  cause 
quelques  degats  sur  des  points  tres  restreints  des  rivieies 
d’Auray  et  de  Crac’h,  notamment  sur  le  banc  de  Locqueltas. 
Elle  ne  parait  pas  d’ailleurs  en  voie  d’extension. 

Le  rapide  apercu  que  Ton  vient  de  lire  des  methodes  ostrdi- 
coles  dans  la  rdgion  d’Auray  est  evidemment  incomplet  tant  au 
point  de  vue  historique  que  dans  les  details  dont  plusieurs  ont 
ete  omis  a  dessein.  Je  renvoie  le  lecteur  qui  voudra  completer 
ces  renseignements  aux  nombreux  volumes,  memoires,  rapports, 
etc.,  qui  ont  dte  public's  depuis  un  demi  siecle  sur  ce  sujet,  et 
notamment  aux  travaux  de  Coste,  Brocchi,  Bashford-Dean, 
Hauser,  etc.,  et  au  bulletin  de  la  Socidte  Ostreicole  d’Auray  que 
preside  M.  D.  Jardin. 

Jevais  maintenant  passer  a  l’examen  de  la  rdgion  d’Auray 
et  a  l’explication  de  la  carte  qui  accompagne  ce  memoire. 

Io.  _  BANCS  NATURELS 

Les  principaux  bancs  d’huitres  naturels  se  trouvent  dans  les 
rivieres  d’Auray,  de  Crac’h  et  de  Saint-Philibert.  Mais  en 
dehors  de  ces  bancs  officiellement  classes  il  en  existe  d’autres 
dont  il  sera  question  plus  loin. 

Si  Ton  examine  dans  leur  ensemble  les  divers  bancs  de 
chacune  des  rivieres  d’Auray  et  de  Crac’h,  on  constate  qu’en 

(89) 


rdalitd  il  n’y  a  qu’un  seul  banc  par  riviere  et  que  lcs  diverses 
denominations  dont  on  se  sert  pour  designer  olliciellement  leurs 
sections  ne  sont  que  des  fictions  administrative*  commodes 
mais  qui  ne  rdpondent  a  rien  dans  la  nature. 

11  est  bien  certain  qu’autrefois  dans  chaque  riviere  le  banc 
dtait  continu  et  que  plus  ancienncmcnt  encore  il  cxistait  non 
seulement  dans  l’entrde  dc  la  riviere  mais  se  raitachait  a  un 
grand  banc  naturel  de  haute  mer.  On  trouve  encore  des  vestiges 
de  ce  banc  dans  la  baie  dc  Quibcron  oil  les  pecheurs  au  chalut 
prennent  un  peu  partout  quelques  huitres  dparses.  Mais  aujour- 
d’hui  les  bancs  ne  se  continuent  plus  en  haute  mer;  l’embou- 
chure  des  rivieres  ne  contient  plus  de  bancs  et  les  abus  de  toutes 
sortes  joints  a  diverses  causes  naturclles  en  ont  fait  disparaitre 
des  sections  entieres  et  appauvri  lc  reste  au  point  que  leur 
existence  est  sous  la  dependance  de  l’observation  des  r&glements 
actuels.  Cette  observation  est  fort  importante,  car,  non  loin  de 
la,  on  a  pu  voir  disparaitre  totalemcnt  les  bancs  des  rivieres  de 
Vannes  et  de  Penerf.  Pour  avoir  voulu  donner  satisfaction  aux 
inscrits  on  les  a  laissd  draguer  it  outrance  sous  pretexte  de 
nettoyer  les  bancs;  ils  les  ont  si  bien  nettoyes  qu’ils  les  ont 
entierement  detruits  et  ruind  l’industrie  du  pays;  ils  en  ont  ete 
les  premieres  victimes.  11  est  a  souhaiter  que  1’administration 
continue  a  appliquer  strictement  les  reglements  dans  les  rivieres 
de  la  region  d’Auray  et  resiste  aux  influences  qui  voudraient,  la 
aussi,  lui  faire  tuer  la  poule  aux  oeufs  d’or. 

Quoi  qu  il  en  soit,  les  bancs  occupent  actuellement  le  chenal 
des  parties  moyennes  des  rivieres  seulement;  ils  s’arretent  loin 
de  1  embouchure  et  ils  sont  loin  de  remonter  jusqu’au  point  oil 
la  maree  cesse  de  se  faire  sentir. 

Les  huitres,  dans  les  conditions  les  plus  favorables,  reposent 
sui  un  sol  dur,  formd  de  sable,  de  petits  cailloux,  de  vieilleS 
coquilles,  qui,  tassds  et  melangds  a  la  vase  sous  jacente,  fotnre 
un  terrain  solide  que  Ton  irnite  dans  les  pares.  Les  huitres  sont 
tantot  isolees,  tantot  attachees  les  unes  aux  autres  pour  constt- 
tuer  des  paquets  ou  bouquets  plus  ou  moins  gros. 

Les  bancs  sont  loin  d’etre  tous  e'galement  riches,  ou,  poUl 
etie  plus  exact,  «  le  banc  »  prdsente  des  parties  tres  inegalement 


—  23  — 


prosperes.  La  commission  qui  chaque  annde  precede  a  la  visite 
des  bancs,  constate  que  certains  d’entre  eux  sont  riches,  les 
autres  mediocres,  d’autres  enfin,  et  c  est  la  majoiite,  sont  mau- 
vais.  Quand  on  constate  qu’en  certains  points  les  vieilles  huitres 
ont  servi  de  support  d’attache  adu  naissain  1  on  peut  espererque 
deux  ou  trois  ans  plus  tard  il  y  aura  la  un  point  liche,  cat  alors 
le  banc  est  en  voie  de  reconstitution.  Ailleurs  au  conti  aire,  on 
ne  trouve  que  quelques  huitres,  pas  de  naissain,  et  une  abon- 
dance  de  vieilles  coquilles  vides  plus  ou  moins  enfouies  dans  de 
la  vase  noire;  c’est  un  banc  en  voie  de  disparition.  Les  causes 
de  ces  extinctions  sont  diverses  et  diversement  appreciees  .  abus 
du  dragage,  envasement,  envahissement  par  des  ennemis  diveis, 
cliones,  asteries,  deplacement  des  courants,  pillage  par  la  drague 
ou  par  le  chalut  a  crevettes.  II  faut  reconnaitre  cependant,  que 
depuis  que  le  dragage  des  bancs  a  ete  reglemente  et  limite  a 
une  heure  par  jour  pendant  huit  jours,  leur  situation  s  est  - 
tres  am^lioree,  surtout  dans  la  riviere  de  Crac’h.  En  outre,  les 
bancs  sont  divises  en  3  zones  et  on  ne  les  drague  qu’a  tour  de 
role  tous  les  trois  ans. 

La  surveillance  tres  active  de  l’inspecteur  des  peches  et  des 
gardes  peche  qui  sont  sous  ses  ordres,  a  beaucoup  diminue  le 
pillage  et  la  fraude.  La  vedette  a  vapeur  de  l’lnspection  est  bien 
connue  des  pillards  qui  viennent  surtout  de  la  riviere  de  \  annes, 
et  que  Ton  appelle  dans  le  pays  «  les  Synagots  ».  Quelques  salu- 
taires  exemples  font  reflechir  les  autres.  Malheureusement  les 
penalites  infligees  a  ces  voleurs  sont  derisoires;  les  quelques 
francs  d’amende  auxquels  ils  sont  condamnes  ne  les  empechent 
pas  de  recommencer  et  de  s’en  vanter.  La  saisie  de  leurs  cargai- 
son  d’huitres  leur  est  plus  penible.  Que  nous  sommes  loin  des 
reglements  severes  des  Etats-Unis  ou  d’Angleterreou  les  bateaux 
sont  saisis  et  meme  detruits,  et  les  pillards,  condamnes  a 
d’enormes  amendes.  Aussi  la  fraude  n’existe-t-elle  pour  ainsi 
dire  pas  chez  eux. 


Pour  donner  une  idee  de  l’importance  des  dragages  d’huitres 
dans  la  riviere  d’Auray,  il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  le  tableau 
qui  suit.  On  constate  de  suite  combien  les  huitres  drague'es  ont 

(89) 


RIVIERE  D’AURAY 

j  Annies 

U  _ 

v.  ~ 

•*  5  « 

Sit 

£  -5 

1  = 

®  J 

2  £ 

B  « 

,•  *o 

*r. 

Quotildi  lalalai 

d'llallral  perbeei 

m 

*»•  ~ 

•  s 

■  ■ 

■ 

Cm 

Total 

hi:  la 

Vknte 

Nombre  de  jouri 

de  Drague 

1876 

fr.  c. 

fr. 

J94 

1782 

i9.974.OtKl 

2 1 .65 

432.341 

,877 

623 

2496 

l3.343.OOo 

19.75 

263 .652 

1878 

694 

2300 

27. 145.000 

i5.75 

427.841 

1879 

782 

263o 

1 1 . 173.OOO 

16.70 

1 86 . 670 

1880 

809 

2870 

8 . 583 . 000 

20 . 40 

175.263 

1881 

832 

2961 

1 1 .061 .000 

.  13.70 

1 8 . 1 5 

1 5 7.644 

1882 

5*7 

021 

7 . 707 . 000 

1 35 .000 

1 883 

722 

2558 

6. 58 1 .700 

24.55 

161 .63o 

^84 

727 

2805 

4.617.500 

26.52 

122.456 

1 885 

i5o 

1648 

4.241.700 

24.74 

72.064 

4 

1886 

265 

822 

6. 132.400 

10.32 

5q. 181 

4 

1887 

84 

23i 

3.993.000 

12 

47.900 

9 

1888 

140 

47 1 

2.921 ,65o 

16.45 

47.926 

9 

1889 

189 

681 

3.148.200 

15.44 

46.999 

6 

1890 

108 

366 

3.379.600 

8.04 

27.172 

9 

1891 

97 

348 

1.181 .280 

24.45 

28.210 

9 

1892 

5i 

172 

3 ,2i5 .000 

9.75 

12.49 

29 • 25o 

8 

1893 

98 

373 

3 . 2o3 . 400 

41.552 

8 

1894 

82 

280 

2.109.400 

10.64 

23.216 

8 

1895 

73 

241 

1 .678.250 

10.88 

16.637 

8 

1896 

53 

i75 

1 . 58i .400 

9-35 

i5.2IO 

8 

1897 

65 

205 

1 .854.000 

7.  go 

14.543 

8 

1898 

53 

1 77 

1.615.700 

1 1 . 10 

17.182 

12.422 

8 

1899 

54 

i65 

2 . 5 1 3 . 700 

4.28 

8 

1900 

79 

265 

2.91 I .200 

4.20 

12.523 

8 

igOl 

65 

205 

2.084.300 

3.70 

6.3o8 

8 

1902 

22 

71 

2.200.000 

3.5o 

J.OOO 

8 

1903 

rg 

59 

1.450.000 

4 

5.6oo 

8 

1904 

H 

45 

1.294.000 

5.75 

6.900 

8 

1905 

20 

62 

2.099.000 

5 

10.000 

8 

1906 

28 

87 

2 . 706 . 000 

4 

8.000 

8 

expriment  des  tot..,,  ,  u  Chlffres  indiclu®nt  J«  nomhre  des  pScheurs  et  des  bate, 

les  hTffrel  de  !  d  ’  *  "°mbre  des  >ours  de  P*che  n'a  pu  etre  reirouvd.  A  partir  de 

II  t  e  '  e  7  colonnes  indiquent  le  nombre  quotidien  des  bateaux  et  des  pecheu 
nombre  de  ours  He  n,  ,  Cp-”pw?bl“  ■“  chifte,  de  la  premiere  piriode,  les  multiplier  par 
les  femmes  et  les\mn  ^  sta,l5tklues  on  fait  des  colonnes  spdciales  pour  les  p^heu 

temmes  et  les  mousses.  -  Dans  ce  tableau  ils  on,  ««  coroptes  ensemble. 


—  25  — 


diminue  de  nombre  et  de  prix  depuis  3o  ans.  On  peut  dire  que 
si  autrefois  la  vente  des  huitres  de  drague  constituait  un  veri¬ 
table  revenu  pour  les  inscrits  maritimes,  actuellement,  le  pro- 
duit  en  est  presque  insignifiant. 

On  peut  voir  dans  ce  tableau,  dont  j’ai  releve  les  ele'ments 
dans  le  Bulletin  de  la  Societd  Ostreicole  d’Auray,  et  dans  celui 
que  Ton  trouvera  un  peu  plus  loin  pour  la  riviere  de  Crac’h,  que 
le  nombre  des  huitres  draguees  a  atteint  son  maximum  en  1878, 
avec  plus  de  27  millions  d’huitres,  et  son  maximum  de  prix  en 
1884,  a  26fr52c  le  mille.  Actuellement  on  ne  drague  que  de  deux 
a  trois  millions  d’huitres  et  on  ne  les  vend  pas  4  francs  le  mille. 
A  peine  3o  bateaux  prennent  part  a  la  drague  et  deux  cents 
personnes  se  partagent  les  8  ou  9  mille  francs  de  la  vente  qui, 
en  1876,  atteignait  432.000  francs.  D’ailleurs  il  est  a  remarquer 
que  les  consommateurs  ne  veulent  plus  acheter  d’huitres  de 
drague  dont  la  qualite  est  tres  inferieure  it  celle  des  huitres  de 
pares.  La  drague  n’est  plusguere  qu’une  simple  partie  de  plaisir 
ou  une  bonne  partie  de  la  peche  est  consomntee  de  suite  et 
arrosee  de  force  litres  d’alcool.  Si  on  supprimait  la  drague  ou 
si  on  la  limitait  aux  seuls  bancs  que  la  commission  ddsignerait 
comme  bons  a  nettoyer,  il  n’y  aurait  guere  que  les  cabaretiers 
et  les  pseudo-inscrits  qui  pourraient  s’en  plaindre. 


A.  —  Bancs  naturels  de  la  riviere  d’Auray. 

Les  noms  qui  suivent  sont  les  denominations  officielles  des 
bancs  et  leurs  limites  reglementaires.  Leur  nomenclature  suit 
le  cours  de  la  riviere  en  partant  d’Auray  pour  descendre  vers  la 
mer. 

Sur  la  carte,  les  numeros  des  bancs  sont  inscrits  en  rouge, 
dans  un  cercle  rouge,  sur  le  banc  merne  ou  tout  pres  de  lui.  I  Is 
correspondent  a  ceux  qui  precedent  leurs  noms  dans  le  texte. 

1.  Banc  du  Plessis.  —  Du  Rolland  a  la  cale  de  carenage  de 
la  pointe  de  Rosnarho. 

2.  Banc  de  Rosjiarho.  —  De  la  pointe  de  Rosnarho  a  la 
pointe  de  Vide-Bouteilles. 


(89) 


—  26  — 


hn  face  de  la  portion  infdrieure  dc  ce  banc,  sur  la  rive  gau¬ 
che,  vicnt  se  jeter  la  riviere  de  Bono  dont  il  sera  question  plus 
loin. 

3.  Banc  du  Mane-l  erc'h  'ou  du  Rocher  .  —  De  la  pointede 
Vide-Bouteilles  Jt  la  Villa  Leclair. 

4-  Banc  de  Locqueltas  (ou  du  Rohello).  —  De  la  Villa  Leclair 
au  Port  Espagnol. 

3 .  Banc  de  l  Ours.  —  Du  Fort  Kspagnol  a  la  pointe  de  Ker- 
levarec. 

6.  Banc  reserve  dc  Bascatique  OU  reserve  dc  Basse  Catique). 

0  est  une  vaste  etendue  contiguii  au  Banc  dc  l’Ours,  sur  la 
rive  gauche  de  la  riviere,  ou  Fon  ne  drague  jamais.  Lc  sommet 
de  cc  banc  est  couvert  d’un  herbier  et  les  huitres  y  sont  peu 
abondantes;  mais  le  pourtour  du  banc,  le  long  du  chenal,  est 
riche  ct  en  bon  etat.  Des  tuiles  ddposdes  sur  la  partie  mddiane 
de  la  resene  se  sont  couvertes  d’huitres  et  ellesont  etd  utilisees, 
en  ma  piesence,  pour  un  essai  de  reconstitution  d’un  banc,  dans 
le  voisinage  de  la  balise  de  la  Truie.  S’il  etait  possible  de  faire 
disparaitre  les  zosteres,  il  est  certain  que  1’on  aurait  la  une 
reserve  fort  belle.  Malheureusement  l’enlfcvement  des  zosteres 
entramerait  des  ddpenses  considerables. 

7-  Banc  de  Coet-Courzo  et  de  la  Cote  du  Bier.  —  De  la 
pointe  de  Kerlevarec  a  la  pointe  du  Bier. 

Ce  banc  est  extremement  compliqud  car  il  comprend  en 
^  ^es  vest'ges  d  anciens  bancs  presque  completenient 

parus  et  un  banc,  celui  de  Coet-Courzo  en  pleine  prospdrite* 
1  on  se  leporte  a  la  carte  on  remarquera  sur  la  rive  gauche 
u  cienal  la  longue  presqu’ile  du  Bier  ;  clle  est  bordee  par  le 
e  a  cote  du  Bier  dont  une  partie  seulement,  celle  qu* 
onge  la  cote,  est  garnie  d’huitres;  toute  la  partie  centrale 
j  r  ,ant  6  C'lcna'  a  disparu  depuis  longtemps.  De  l’autre  cote 
dn  Ri  3  ’  0,c^ant  |a  berge,  se  trouve  un  banc  parallele  a  celui 
eK  est  celui  de  Coet-Courzo.  Mais  il  faut  y  distinguer 
et  !  l0ngeant  le  §rand  chenal  qui  est  a  peu  pres  detruite, 
aui  est  ^°rtlon  au  nord-ouest,  dans  un  petit  chenal  sinueux, 
Coet-P  nC  e,  et  °lu'  constitue  a  elle  seule  le  banc  actuel  de 

piHa„e  i  Z,°"  -  CSt  Un  cana*  etr°it  oil,  malgrd  la  drague  et  le 
pillage,  les  huitres  sont  toujours  tres  abondantes. 


—  27  — 


Tout  au  sud  de  ces  bancs  se  trouve  l’ancien  banc  du  Lezard, 
entre  la  pointe  du  Lezard  et  les  ilots  du  Grand  et  du  Petit 
Harnic.  Ce  banc  qui  a  ete  tres  riche,  a  completement  disparu 
actuellement.  II  ne  serait  peut  etre  pas  impossible  de  le  recons- 
tituer. 

Au  dela  il  n’y  a  plus  d’huitres  dans  la  riviere  jusqu’a 
l’embouchure. 

8.  Banc  du  Moulin  de  Baden.  —  De  la  pointe  du  Bier  a 
Port  Gludic.  Ce  banc  extremement  etroit  occupe  le  chenal  de 
l’Anse  de  Baden.  C’est  un  ruban  sinueux  qui  serpente  le  long 
de  la  rive  orientale  de  la  baie  fermee  de  Baden;  sa  partie  sud  est 
la  plus  riche;  il  remonte  en  s’apauvrissant  jusqu’au  Moulin  de 
Baden  qui  ferme  le  fond  de  la  baie. 


B.  —  Bancs  naturels  de  la  riviere  de  Bono. 

La  riviere  de  Bono  est  un  petit  affluent  de  la  riviere  d’Auray 
ou  elle  debouche  un  peu  au-dessous  d’Auray.  Elle  est  tres 
decoupee,  etroite  dans  sa  partie  inferieure,  etalee  en  vasieres  et 
en  anses  sinueuses  dans  sa  partie  moyenne  et  haute.  Le  chenal 
est  etroit  et  contient  un  banc  d’huitres  divise  en  deux  sections. 

9.  Banc  de  Sainte-Avoye .  —  De  la  pointe  de  Bransquel 
au  pont  du  Bono.  Ce  banc  est  assez  long,  il  cesse  au  point  ou 
la  riviere  s’dtale  largement. 

10.  Banc  Marie.  —  Du  pont  du  Bono  a  la  riviere  d’Auray 
au  niveau  de  la  pointe  du  Rocher.  Une  vasiere,  dite  de  la  Sar- 
celle,  ovale  et  peu  etendue,  se  trouve  dans  le  chenal  au  confluent 
des  deux  rivieres. 

Les  deux  bancs  de  la  riviere  de  Bono  sont  assez  riches;  mais 
■  Is  ont  un  inconvenient.  La  riviere  apporte  une  quantite  appre¬ 
ciable  d’eau  douce,  de  doucin,  pour  employer  1’expression  locale, 
et  il  arrive  quelquefois  que  les  huitres  du  bord  du  chenal  sont 
tuees  par  la  gelee,  a  maree  basse.  Cet  accident  est  d’ailleurs  fort 
lare,  etant  donnee  la  douceur  du  climat. 


(89) 


—  28  — 


C.  Bancs  naturels  de  la  rlvl6re  de  Saint-Philibert. 

■  •  I  ct'te  •i'ii-ic  de  Saint-Philibert,  qui  cst  bicn  pi u tot  une 
aseuse  de  la  cote  qu  une  riviere,  ne  conticnt  plus  actuel- 
1  f’  ^ue  'cs  'cstiges  d  un  ancien  banc  presque  completement 
„  Spa.^ pai  *  'n'asiondes  zostires.  On sait  que  lcs  bancs  d’hui- 
ep  rissent  et  disparaissent  sur  lcs  surfaces  oil  s’installent 

T  qU  I‘  CSt  Pres<iU€  impossible  de  faire  disparate. 

Le  f°nd  du  chena*  seul  contient  quelques  huitrcs. 


D. 


Bancs  naturels  de  la  riviere  de  Crac’h. 


est  gent?rale  des  bancs  dans  la  riviere  de  Crac’h 

Ils  formen/u  ana  °®ue  a  celle  des  bancs  de  la  riviere  d’Auray. 
movenne  r  °  ^  continue  dans  le  chenal  de  la  riviere 
sur-mer  ’  °mmencent  un  Peu  au-dessous  du  port  de  la  Trinite- 
dans  la  rivi^  fcan.C  de  Saint-Jean,  assezhaut 

contieni-rlpc  k  '  _,„S  °nc  *a  Partie  moyenne  seulement  qui 

propremem  —i  n’existan,  pas  done  Pesmaire 

Nous  suivrons  nrmr 

la  riviere  pn  ^  ^  numeration  de  ces  bancs,  le  cours  de 

vers  le  portde  k^rinir  ^  ^  PlUS  cdeV^S’  et  en  descendan 

du  Lac.  Ce  banr  ^La"'  Be  *a  P°inte  Saint-Jean  au  passage 

ilot  de  vase;  il  es/en^  £ntOUre’  dans  sa  Partie  superieure,  un 

une  mouliere  sur  k  ^  °n  dt3t‘  Sur  sa  rive  gauche  on  trouve 
sm  un  banc  de  sable  jaune. 

Banc  du  Lac  ts, 

banc  est  riche  et  en  bon  '  U  paSSa^e  du  Lac  a  Pierre  jaune.  Ce 
*4-  Banc  de  Pierro  „ 

Tr°c’h.  Ce  banc  est  rf  h  ~~  °e  .Pierre  ,aune  k  la  Balise  dU 
constituer  une  reserve  °  ^  partie  en  a  e'te'  detachee  pour 

Rcscvpp  rlit  Z)  7 

s’etend  sur  la  rive  drohIV *  fierre  Jaune-  ~  Cette  surface 

u  chenal  oil  elle  forme  une  longue 


RIVIERE  DE  CRAC’H 


Annees 

Nombre  moyen 
de  Bailments 
quolidien 

Nombre  moyen 

de  Pecheurs 

Ooantiles  lo ( a  1  e 

d’Huilres  pechees 

Prix  moyen 

du  mille 

1876 

i33 

429 

2.042.000 

fr. 

l7 

1877 

n5 

273 

2.258.000 

22.20 

1878 

154 

5  08 

2 . 20 6 . 000 

22. 5o 

CO 

VO 

i35 

5i9 

i .o58.ooo 

22 

1880 

88 

277 

257.000 

34 

1881 

83 

279 

601 .000 

24 

1882 

92 

218 

665 . 000 

25 

1 883 

io5 

343 

796 . 800 

24.60 

1884 

q5 

3o5 

904 . 5oo 

28.51 

1 885 

86 

288 

378.300 

18.45 

1886 

40 

I  12 

3 1 5 . 000 

9.66 

GO 

OO 

40 

125 

480 . 000 

16 

1888 

24 

74 

36.85o 

20 

CO 

OO 

VO 

39 

124 

521 .000 

3o 

1890 

24 

79 

1 34 . 800 

II 

1891 

47 

1 55 

375.000 

II 

1892 

45 

148 

417.000 

12 

■893 

57 

182 

72.600 

18.75 

i894 

5i 

173 

1 3 1 .35o 

18 

1895 

3o 

hi 

69 . qoo 

16.66 

1896 

29 

io3 

29.659 

22.49 

1 897 

33 

III 

i39.95o 

14.28 

1898 

28 

81 

90 . 400 

l7 

1899 

2  6 

76 

1 1 5 . 5oo 

8.57 

1900 

32 

95 

186. 5oo 

8.57 

1901 

28 

84 

I  19. 400 

10 

1902 

18 

71 

170.000 

6.5o 

1903 

22 

80 

I 2 I . 000 

6. 5o 

1904 

20 

66 

IOI .000 

10 

1905 

21 

75 

I27.OOO 

8 

1906 

24 

90 

145.000 

5 

Total 

DE  LA 

V  E  N  T  E 


fr. 


34.722 

50.232 

49.594 

23 . 33o 
8.737 
14.670 
16.000 
19.720 
26.058 
7.134 
3.248 
7-5oo 
725 
i5.63o 
1 .584 

4.000 

4.65o 

1.363 

2.384 

1 . 172 
5qo 
2.5o5 
1.463 
990 
1.099 
1 .089 
1 .060 
760 
1 .000 
960 
700 


4 

3 
2 
2 

4 
4 
2 
2 

2 

3 
2 
2 

4 
2 
2 
2 
2 
2 
2 
2 
2 
2 


Nota.  —  Voir  la  note  explicative  du  tableau  de  la  riviere  d’Auray,  page  24. 


(89) 


Nombre  de  jours 


—  3o  — 


bande  couverte  de  tr£s  noriibreuses  et  tr£s  belles  huitres.  Elle 
n’est  jamais  dragudc. 

A  pa i  tii  de  ce  point  le  chenal  de  la  riviere  s’dlargit  bcaucoup 
et  Ton  distingue,  dans  la  section  suivante,  deux  bancs  parallels, 
1  un  sur  la  rive  gauche,  l'autre  sur  la  rive  droite. 

16.  Banc  de  la  Gohenne  (rive  droite).  —  l)e  la  balise  de  la 
loche  le  T roc  h  au  pont  de  Kerisper. 

/p.  Banc  de  Culian  (rive  gauche  .  —  De  la  roche  le  Troc’h 
au  pont  de  Kerisper,  sous  l’lle  de  Cuhan.  Ce  banc  est  tres  riche; 
il  decouvre  presque  entierement  dans  les  grandes  m  aides. 

i<S.  Banc  de  Gonvaterc’h.  —  Du  pont  de  Kerisper  a  la  bouee 
touge  en  rade  de  la  I  rinitd,  rive  gauche.  Ce  banc  qui  est  le  der¬ 
nier,  est  trespauvre,  surtout  dans  sa  partie  la  plus  voisine  dela 
mer.  II  n’existe  meme  pour  ainsi  dire  plus  avant  d’arriver  a  sa 
limite  officielle. 


La  drague  des  bancs  de  la  riviere  de  Crac’h,  a  lieu,  comme 
dans  la  livieie  d  Auray,  chaque  annde,  pour  un  tiers  de  chaque 
anc,  sous  la  surveillance  de  l’Inspection  des  peches.  Les 
resultats  de  cette  operation  suivent  une  marche  decroissante 
analogue.  Le  total  des  huitres  pechees  est  passe  d’un  maximum 
e  -...5(S.ooo  en  1877,  a  u5.ooo  en  1899;  le  prix  total  de  la 
vente,  qui  depassait  5o.ooo  francs,  est  passd  aux  environs  de 
iooo  en  1901.  Ce  sont  la  des  rdsultats  tout  a  fait  insignifiants. 

remaiques  que  j  ai  faites  plus  haut,  a  propos  de  la  drague 
ans  a  riviere  d  Auray  s  appliquent,  a  mon  avis,  de  tous  points 
a  nviere  de  Ciac  h.  La  veritable  industrie  de  cette  riviere  est 
a  lecolte  du  natssain  et  1’elevage  des  jeunes  huitres;  le  naissain 

uim  par  les  bancs  naturels  qu’il  est  necessaire  de 
proteger. 

Le  tableau  ct-dessus  donne  une  idee  des  variations  decrois- 
santes  u  produtt  de  la  drague  des  huitres  dans  la  riviere  de 
,•  Les  chlffl'es  relatifs  au  nombre  de  bateaux  et  de  pecheurs 
sont  es  moyennes  quotidiennes  pendant  les  jours  de  drague. 

.  ®imP_e  c°up  d  oeil  sur  ce  tableau  montre  la  decroissance 

'  und?trie  de  la  dra§ue’  tant  Pour  le  produit  que  pour  le 
nombre  des  personnes  et  des  embarcations  qui  y  prennent  part. 


3 1  - 


E.  —  Banc  naturel  de  la  baie  de  Quiberon. 

1 9 •  —  Dans  la  baie  de  Quiberon,  au  large  du  Fort  Pen- 
thievre,  dans  le  voisinage  de  la  roche  Menn-er-Roue,  se  trouveun 
banc  naturel  oil  Ton  peche  de  fort  belles  huitres.  De  nombreux 
pecheurs  y  draguent  continuellement  et  des  personnes  dignes  de 
foi  m’ont  affirme  qu’on  en  avait  pris  plus  de  ioo.ooo  cette 
anne'e.  Ce  banc,  malheureusement,  n’est  ni  classe  ni  par  conse¬ 
quent  surveille,  et  comme  cette  surveillance  necessiterait  un 
personnel  nombreux  et  un  bateau  a  vapeur  il  est  a  craindre 
que  les  choses  restent  en  l’etat  actuel.  Cependant  ce  banc,  qui 
doit  etre  fort  etendu,  constituerait  une  reserve  de  premier  ordre 
pour  I  avenir  etant  donne  l’appauvrissement  progressif  des  bancs 
en  rivieres.  Le  chalut,  la  drague,  le  chalut  a  chevrettes,  le  de- 
tiuisent  peu  a  peu.  Ce  dernier  engin,  d’ailleurs,  est  particulie- 
tement  redoutable  non  seulement  la  mais  sur  tous  les  autres 
bancs;  sa  surveillance  est  impossible  car  le  pecheur  peut  tou- 
jouis  dire  qu’il  peche  la  chevrette,  alors  qu’en  realite  il  n’est 
qu  un  pretexte  a  draguer  les  huitres. 

20 •  A  l’entrde  de  la  baie  de  Plouharnel  des  vestiges  de 
banc  ancien  existent  au  nord  du  precedent.  Recemment  une 
miportante  cargaison  d’huitres  saisies  a  bord  d’un  bateau 
fraudeur  a  ete  jetde  en  ce  point;  il  est  possible  que  le  banc  se 
teconstitue.  Mais  s’il  n’est  pas  plus  surveille'  que  celui  de 
Menn-en-Roue  il  ne  durera  pas  longtemps. 


F  —  Banc  naturel  de  la  riviere  d’Etel. 

21 •  Ce  banc  n’a,  pas  plus  que  le  pre'cedent,  d’existence 
officielle.  Il  s’etend  dans  le  haut  de  la  partie  moyenne  de  la 
|i'ieie  d  Ete]  entre  la  presqu’ile  de  la  Foret  et  la  presqu’ile  du 
Cci  dans  la  branche  de  la  riviere  appele'e  Ster-er-Hislrec 
iviere  des  Huitres).  Ce  banc  serait  fort  riche  car,  bien  que 
etant  pas  surveille,  les  dragueurs  y  prennent  une  quantity 

(89) 


dhuitics.  Mais  sa  vitality  est  telle  que,  quelques  anndesapris 
avoii  cte  cpuise,  il  est  reconstitud.  II  scrait  important  qu’il  fut 
classc  et  surveille.  car  d'abord  les  pOcheurs  qui  actuellement 
sous  prdtexte  de  draguer  dans  le  banc  jettent  volontiers  leur 
engin  dans  les  pares,  n’auraient  plus  de  pr<  i  cte  pour  y  venir, 
et  ensuite  on  aurait  la  line  reserve  pour  reconstituer  1’industHe 

de  1  elevage  si  les  bancs  des  rivifcres  voisines  venaient  a  dispa- 
raitre. 


J  ai  indique  ce  banc,  sUr  la  carte,  coinmc  les  bancs  olliciel- 
lement  classds.  M.  Bedcx,  ostrdiculteur  a  Ktel,  pense  que  ce 
banc  est  Ie  dernier  reste  d’un  banc  trds  ancien  et  tres  considera¬ 
ble,  dont  on  trouve  ca  et  la  des  traces,  qui  occupait  toute  la 
riviere.  Je  pense  aussi  que  ce  banc  peut  s’accroitre  par  l’apport 
d  huitres  enleve'es  aux  pares  par  les  courants  et  qui  viennent 
s  accumuler  en  ce  point. 


ii°.  —  etablissements  ostr£icoles 

II  est  impossible  et,  d’ailleurs,  tout  a  fait  inutile,  de  donner 
ici  une  liste  complete  des  concessions  de  terrains  pour  l’ostrei- 
culture  qui  bordent  le  littoral  de  la  mer  et  des  rivieres;  leur 
n ombre  atteint  en  effet  prhs  de  900,  sans  compter  les  proprietes 
piiiees.  II  sulliia  d  indiquer  leurs  groupements  avec  les  parti- 
cularite's  les  plus  inte'ressantes. 

Ces  etablissements  sont  de  diverses  sortes  dont  il  a  e't^ 
donne  une  idee  plus  haut.  On  trouve  tout  d’abord  des  pares  dis¬ 
poses  pour  la  recolte  du  naissain,  situ^s  le  plus  pres  possible  du 
bord  duchenal;  ils  sont  tr^s  dtroits  dans  les  endroits  oil  la 
leie  est  lessen ee  et  posds  sur  les  rochers  niveles;  ailleurs  ib 
sont  beaucoup  plus  larges  quand  la  riviere  setale  sur  des 
asieies  ou  des  herbiers.  Ces  pares  portent  les  divers  modeles 
e  collecteurs  dont  il  a  ete  question  prdeddemment.  On  y  ren¬ 
contre  des  claires,  bassins  de  diverses  sortes  oil  l’eau  reste  a 
mer  basse,  des  surfaces  niveldes  pour  l’etalage  des  huitres,  qui 
sont  posees  a  m^me  sur  le  sol  ou  dans  des  caisses  ostreophiles- 
ntm  ?a  et  la  sur  le  rivage  on  trouve  des  bassins  separes  de  la 


_ 


—  33  - 


riviere  par  une  digue  a  vannes.  Ce  sont  des  etablissements  par- 
ticuliers  ou  Ies  ostreiculteurs  engraissent  ou  entreposent  des 
huitres.  Certains  d’entre  eux  sont  amenages  dans  les  etangs 
ou  des  salines  tra'nsformdes. 

On  aura  une  idee  dc  l’importance  des  concessions  ostrei coles 
de  la  riviere  d’Auray  par  les  chiffres  suivants.  II  yavaita  la  fin 
de  iqo3  dans  la  seule  riviere  d’Auray  797  concessions  recouvrant 
081  hectares  52  ares  ;  il  faut  y  ajouter  ses  dependances  naturelles 
de  la  riviere  de  Bono  qui  compte  29  concessions  de  11  hectares 
3o  ares,  et,  a  l’entree  de  la  riviere  de  Vannes,  les  baies  de 
Locmiquel  et  de  Kerdellan  qui  comptent  07  concessions  de 
9  hectares  i5  ares.  Au  total  863  concessions  recouvrant  601  hec¬ 
tares  97  ares.  11  faut  encore  y  ajouter  quelques  proprietes 
payees  recouvrant  plusieurs  hectares. 

Hepuis  un  an  la  commission  chargde  de  la  revision  du  cadas¬ 
tre  ostreicole  a  profondement  modifie  la  classification  des 
concessions.  Elle  a  groupe  sous  un  meme  numero  diverses 
concessions  adjacentes;  fondu  diverses  autres  quand  elles 
ctaient  juxtapose'es  et  appartenant  au  meme  proprie'taire,  slip¬ 
py111  c  celles  qui  n’etaient  pas  utilisees,  reduit  les  empietements 

cei’tains  adjudicataires.  II  en  resulte  que,  bien  que  depuis 
■9o3.  le  nombre  d’hectares  utilises  ait  augment^,  le  total  des 
concessions  a  diminue.  Actuellement  l’Inscription  maritime 
hAuray  evalue  a  •jbo  hectares  la  surface  des  concessions  utili- 
St-Ies,  et  leur  nombre  a  480  pour  la  riviere  d’Auray,  ii7  Poul 
Cc'he  d  Ltel,  104  pour  celle  de  Crac’h  et  53  pour  celle  de  Saint- 

Philibert. 

Quant  a  la  production  des  huitres  et  du  naissain  il  est  ties 
illlcile  de  fevaluer  exactement,  les  parqueurs  n’etant  point 
°hhges  a  donner  le  chiffre  de  leur  production.  Les  chiffres 
su'yants  sont  done  approximates ;  ils  proviennent  de  diverses 
s°uices  et  ils  nr’ont  paru  assez  concordants  pour  etre  consideres 

°mme  approchant  de  la  verite. 

Pu  1881  la  statistique  indique  33  millions  et  demi  d  huities 
'^fchandes  et  1 55  millions  de  naissains  ;  niais  ces  chiffres  sont 
‘'oerieurs  4  ceux  des  affaires  actUelles.  On  peut  penser  que  la 
'ente  du  naissain  doit  atteindre  au  rnoins  180  millions  et  arnver 

(89) 


-34- 

peut-ltrc  k  200  millions.  60  millions  de  naissains  sont  vendus 
a  Marcnncs.  environ  40  millions  a  Etel,  le  reste  est  employdpar 
les  parqueurs  sur  place,  ou  exportl.  Les  centres  ostrlicoles  ou 
sont  expediees  ces  jeunes  hultres sont,  k  Pltranger,  en  Irlande, 
en  Belgique,  en  Hollande,  en  Angleterre.  La  plus  grande  partie 
des  hultres  engraissdes  ou  verdies  a  Marennes  sont  desArmo- 
ricaines  de  la  legion  d’Auray. 

li  t. mi  malheureusemene  constater  que  depuis  quelques 
annles  l’industrie  de  l’llevage  pour  I’exportation  subit  une 
crise  trts  grave.  Les  ventes  de  naissains  k  IVt  ranger  ont  beau- 
coup  dimimic  et  les  prix  qui,  il  y  a  7  OU  s  ans  ctaient  de  5  fr. 
le  mi  I  If  sont  descendus  au  dessous  de  1  fr.,  mime  0,73.  II  faut 
rcconnaitrc  &  cette  crise  deux  causes  dont  la  plus  grave  est  la 
sm  pi  eduction.  On  fait  tropde  naissain ;  tout  le  monde  a  voulu 
en  tail c  en  voyant  les  blnlfices  obtenus  par  les  premiers  pro- 
ducteurs.  Avec  une  vente  a  prix  aussi  bas  et  en  raison  des  mul¬ 
tiples  alias,  de  la  main  d’ceuvre  ties  couteuse,  du  dlchet  con¬ 
siderable.  cette  Industrie  n’est  pour  ainsi  dire  pas  renumera- 
trice.  Une  autre  cause  de  depreciation  a  etc  la  campagne  de 
presse  faite  a  propos  de  la  tievre  typhoide  soit  disant  cause'e  par 
les  hultres.  Les  concurrents  Itrangers  ont  exploits  cette  aubaine 
et  les  ventes  se  sont  considdrablement  ralenties.  Le  ideent 
rapport  de  M.  lc  professeur  Giard  charge  de  faire  une  enquete, 
a  montre  le  peu  de  sdrieux  des  fait  racontes  par  les  journaux. 
11  y  a  actuellement  une  llglre  tendance  a  une  amelioration. 

La  description  et  remuneration  des  pares  et  etablissenients 
ostre'icoles  divers  suit  le  cours  des  rivieres  en  descendant  vers 
la  mer.  Les  groupes  de  concessions  correspondent  aux  banc 
naturels  dont  il  a  dtd  question  plus  haut;  ils  ont  chacun  un  nu 
mero  qui  est  reporte  sur  la  carte  en  rouge  dans  un  cercle  rouge- 


A.  —  Riviere  d’Auray. 

22.  Partie  haute  de  la  riviere.  —  Elle  correspond  au  banc 
du  Plessis  (i).  Autrefois  les  pares  s’avancaient  presque  jusc|U 


-  35  — 

Auray  bien  au-dessus  de  la  limite  du  banc  du  Plessis,  sur  la 
nve  gauche.  Actuellement  les  premiers  pares  apparaissent  a 
drone  au  niveau  du  milieu  du  banc  du  Plessis,  sous  le  chateau 
de  Plessisker.  La  riviere  est  etroite  et  les  pares  forment  une 

ligne  de  quelques  metres  seulement  d’epaisseur  le  long  du 
chenal. 

23 '  Banc  de  R°snarho.  —  La  riviere  s’elargit  dans  la  partie 
correspondant  au  banc  de  Rosnarho  (a).  Sur  la  rive  gauche 
vient  se  jeter  la  riviere  de  Bono;  on  trouve  la  une  petite  vasiere, 

ue  de  la  Sarcelle,  entouree  de  pares.  Sur  la  rive  droite  les  pares 
sont  plus  nombreux. 

24-  Banc  du  Rochet -  ou  du  Mane  Verch.  —  La  riviere  est 
de  nouveau  etroite  au  banc  du  Rocher  (3)  et  les  pares  forment 
une  ligne  ininterrompue  dtroite. 

25.  Ban c  de  Locqueltas.  La  riviere  est  beaucoup  plus 
urge  et  bordde  de  baies  profondes  couvertes  de  vase,  surtout 
sur  la  rive  gauche  du  banc  de  Locqueltas  (4).  Les  pares  sont 
etroits  sur  la  nve  droite,  mais  sur  la  rive  gauche  ils  sont  disposes 
sur  plusieurs  rangees,  surtout  dans  1’anse  de  Kerdreau  ;  on  en 
trouve  aussi  le  long  du  petit  chenal  qui  parcourt  cette  anse. 
ans  3  Petite  anse  de  Port-Parun  ils  sont  sur  deux  rangs. 

2  .  Banc  de  I’Ours.  —  Ce  banc  (5)  est  large  et  occupe  tout 
e  chenal ;  il  est  bordd  sur  ses  deux  rives,  d’un  grand  nombre  de 
pares  sur  plusieurs  rangs,  notamment  sur  la  rive  droite  en 
dessous  du  rocher  de  I’Ours  du  Fort  Espagnol  et  du  chatea!  de 
cijcan.  Au  milieu  de  la  baie  se  trouve  un  chenal  allant  jusqu’a 

igue  du  moulm  de  Moustoir;  des  pares  bordent  les  deux 
rives  de  ce  chenal. 

7,AU  f°nd  de  la  baie  de  Moustoir  se  trouve  un  impor- 

ec^uses  r’SSTnt-PriVd’  *****  ^  Ia  ™er  Par  une  a 

uses.  C  est  ancienne  saline  du  Roc’h  Du  (Pierre  noire)  qui 

ete  amenage  en  bassin  ostreicole.  On  y  fait  de  l’dlevage  et  de 

graissemem,  et  piusleurs  miHions  d’huitres,  m’a-t-on  dit,  y 
sont  parque'es.  J 

dan!  n  ~  ^  3Utre  PGtit  Chena1’  dit  de  Twl-en-Hir ,  est  place 
ans  1  anse  du  meme  nom  et  est  borde  de  pares. 

29m  Banc  r4ser™  de  Bascatique  (6).  -  Sur  le  bord  du  che- 

(89) 


—  36  - 


nal,  dans  une  anse  profonde,  autourdu  banc  rdservd,  setrouvent 
dc  nombreux  pares,  remplis  de  collecteurs  en  planches  ou  en 
tuiles.  On  en  trouve  aussi  prfes  de  la  cote,  derrifcre  la  reserve, 
disposes  sur  plusieurs  rangs.  C’est  un  des  points  les  plus  impor- 
tants  dc  la  riviere  d’Auray. 

30.  Banc  de  Coit-Cour^o.  Ce  banc  (7)  est,  commejel’ai 
dit.  le  plus  riche  de  la  rivifere,  danssa  partie  entourant  le  petit 
chenal  sinueux.  Ses  deux  rives  sont  borddes  de  nombreux  pares 
qui  en  suivent  les  contours  et  remontent  au-delk  dc  la  limite 
du  banc  jusqu’a  la  cote.  11  y  avait  la  autrefois  un  bassin  mais  il 
a  etd  abandonnd. 

3 1 .  Le  chenal  de  Keriavel ,  au  sud  du  banc  de  Couet-Courzo, 
contourne  la  baie  pour  rejoindre  le  precedent,  determinant 
ainsi  une  ile  vaseuse;  cettc  ile  et  le  chenal  qui  l'entoure,  dit  de 
Keriavel,  sont  bordes  d’un  grand  nombre  dc  pares. 

3-j.  —  Toute  une  serie  d’autres  pares  suivent  la  rive  droite 
du  grand  chenal  jusqu’a  la  pointe  du  L6\ard. 

Cette  baie  de  Coet-Courzo,  avec  ses  chenaux,  est  probable- 
ment  la  plus  riche  et  la  plus  peuplee  de  pares  de  toute  la  riviere. 

33.  —  Sur  la  rive  gauche,  le  long  de  la  presqu’ile  du  Bier , 
il  y  avait  autrefois  une  sdrie  ininterrompue  de  pares  appuyes 
sur  la  cote  rocheuse  du  Bier.  I  Is  ont  presque  disparu;  cette 
partie  de  la  cote  n’etant  pas  assez  abritde,  les  collecteurs  etaient 
souvent  demolis.  11  ne  reste  plus  que  quelques  pares. 

3-f..  Baie  de  Locmariaker.  —  En  face  de  cette  petite  ville  que 
l’industrie  ostreicole  a  enrichie,  s’c:tcnd  une  enorme  vasiere  plate 
jusqu’au  bord  du  chenal.  Les  pares  y  sont  tres  nombreux  et 
suivent  les  uns,  la  riviere  elle-meme,  les  autres,  un  chenal  courbe 
profond,  qui  permet  aux  bateaux  d'arriver  jusqu’a  la  ville  me  me. 
Une  autre  serie  de  pares  suit  le  grand  chenal. 

35.  —  Une  serie  d’autres  pares  suit  le  chenal  depuis  Loc¬ 
mariaker  jusqu’a  l’embouchure  de  la  riviere.  I  Is  sont  nombreux 
au  nord  et  diminuent  vers  le  sud  oil  il  n’y  en  a  plus  qu’un  seul 
rang;  ils  disparaissent  tout  a  fait  avant  d’arriver  a  la  mer. 

36.  Anse  du  Moulin  de  Baden. —  Cette  anse  estparcouiue 
par  un  chenal  tres  etroit  qui  renferme  le  banc  naturel  du 
moulin  de  Baden  (8).  Sur  la  rive  gauche  du  chenal  une  seiie 


-37- 


de  pares  etroits  remonte  jusqu’au  moulin.  Sur  la  rive  droite  il  y 
a  des  pares  qui,  suivent  les  uns  la  cote  du  Bier,  les  autres  sont 
disperses  ca  et  la  sans  ordre  regulier  dans  la  baie. 

3 7.  L’ Arise  de  Selino  est  un  appendice  a  ouverture  tres 
etroite  de  la  baie  de  Baden.  L’ouverture  est  fermee  par  une 
digue  de  149  metres  de  long  sur  8  metres  de  haut;  la  superficie 
de  1  anse  de  Selino  est  de  5o  a  60  hectares;  elle  forme  une  seule 
concession,  mais  le  fond  en  a  ete  transforme  en  cultures.  Ce 
grand  bassin  avait  etc  amenage  par  la  Princesse  Bacciocchi  pour 
en  faire  un  vivier  it  poisson;  a  la  suite  d’incidents  divers,  1’eta- 
blissement  a  etc  transforme  en  une  exploitation  ostre'icole  qui 
est,  parait-il,  trbs  florissante. 

33.  lie  Renaud.  —  Cette  ile,  dans  les  grandes  mare'es,  est 
teliee  a  la  terre  et  protege  une  grande  vasiere  ronde  dont  la  cote 
nord  est  formee  par  la  pointe  de  Sept-Iles  et  la  pointe  de  Loc- 
mtquel.  Des  pares  sont  disposes  tout  autour  de  cette  greve 
vaseuse.  II  y  en  avait  autrefois  sur  la  face  sud  de  file  Renaud, 
ils  ont  disparu. 

3g.  Hols  du  Grand  et  du  Petit  Veisit.  —  Des  pares  en  demi 
cercle  entourent  les  bords  sud-est  du  Grand  Veisit,  nord-ouest, 
nord  et  est  du  Petit  Veisit.  Entre  les  deux  il  y  a  un  pare  a 
Palourdes. 


B.  —  Riviere  de  Bono. 


-t-°-  —  La  partie  etroite  de  la  riviere  de  Bono,  celle  qui  con¬ 
sent  les  bancs  Marie  et  de  Sainte  Avoye,  est  seule  utilisee  par 
Ls  parqueurs.  Des  que  la  riviere  s’etale,  a  partir  du  banc  des 
Calmars,  les  bancs  et  les  pares  cessent. 

I  out  le  long  du  chenal,  sur  les  deux  rivages,  sont  installes 
des  pares  e'troits  en  un  seul  rang.  Sur  la  rive  gauche  ils  sont 
eonttnus,  sur  la  rive  droite  ils  sont  moins  nombreux.  Quelques 
uns  entourent  un  petit  chenal  dans  l’anse  de  Kerdaniel.  — -  Je 
n  lnsiste  pas  sur  ce  que  j’ai  dit  plus  haut  au  sujet  de  l’eau  douce. 


(89) 


—  38  — 


C.  —  Entree  du  golfe  du  Morbihan. 

L’entrde  du  golfe  du  Morbihan  peut  etre  considdrde  comnie 
une  dependance  de  la  rivifere  d'Auray.  Elle  ne  contient  plus  de 
bancs  naturels,  mais  un  grand  nombre  d’dtablissements  ostrei- 
coles  y  sont  installds. 

La  cote  sud  est  compl&tement  depourvue  d’dtablissements 
ostrdicoles;  elle  est  constitute  par  la  presqu’ile  de  Rhuys  qui, 
aussi  bien  du  cott  de  la  mer  que  du  cott  de  la  riviere,  ne  pre¬ 
sente  ni  mouliferes  ni  huitrieres. 

41 .  —  Sur  la  cote  nord,  il  y  a,  dans  la  baie  de  Locmiquel, 
des  pares  installs  sur  trois  cote's  de  cette  grande  vasiere,  mais 
le  fond  de  la  baie  qui  est  forme  d’herbiers  en  est  depourvu. 
Autour  du  petit  port  de  Larmor,  sur  la  cote  de  la  pointe  de 
Batis  et  a  Test  du  Port,  on  trouve  quelques  pares  peu  impor- 
tants. 

42.  —  Depuis  Vile  Berder  jusqu’au  fond  de  la  baie  de  Ker- 
dellan  on  trouve  une  se'rie  de  pares  e:troits  en  ligne  ininterrom- 
pue  tout  le  long  de  la  cote.  Sur  le  bord  du  chenal  de  cette  meme 
baie,  un  peu  au-dessus  de  File  Berder,  une  serie  de  pares  ferme 
la  baie  en  demi  cercle.  Enlin,  ca  et  la,  sans  ordre  apparent,  on 
trouve  de  petits  pares  aupres  de  Tile  de  Berder. 

43.  —  Au-dessus  de  la  pointe  de  Larmor  se  trouve  un  goulet 
ttroit  s'ouvrant  dans  l’etang  de  Pen  er  Toul.  LTne  vaste  exploi¬ 
tation  ostreicole  a  existt  la  autrefois. 

Dans  l’entree  du  golfe  du  Morbihan  il  y  a  plusieurs  lies, 
parmi  lesquelles  il  faut  citer  File  de  Gavr’inis ,  ctlebre  par  son 
dolmen.  Mais  4  seulement  d’entre  elles  sont  pourvues  de  pares. 
Ce  sont  les  suivants  : 

44.  lie  Radenec.  —  Quelques  pares  au  nord-est. 

45.  lie  Longue.  —  Un  grand  pare  au  nord-est,  un  petit  a 
l’ouest. 

46.  lie  Ga^ek.  —  Trois  petits  pares  dont  un  a  Fouest  etdeux 
a  l’est. 

47'  He  Berder.  —  Cette  lie  est  rattache'e  a  la  cote  par  un 


—  3g  — 

dtroit  banc  de  sable.  On  y  trouve  deux  grands  pares  a  l’ouest  et 
deux  au  nord-est. 

On  remarquera  que  tous  ces  pares  des  rivages  et  des  lies  de 
l’entree  du  golfe  du  Morbihan  sont  orientes  de  facon  a  etre  pro¬ 
teges,  soit  par  les  lies  ou  caps  voisins,  soit  par  la  cote,  des  cou- 
rants  et  des  vagues  qui  entrent  par  l’embouchure  de  la  riviere 
d’Auray.  Les  courants  sont  extremement  violents  dans  cette 
region,  car  toute  l’eau  qui,  a  chaque  mare'e,  remplit  Fimmense 
golfe  du  Morbihan,  doit  penetrer  et  sortir  par  cette  etroite 
embouchure. 


D.  —  Riviere  de  Saint-Philibert. 

Cette  riviere  n’est  en  realite  qu’une  petite  baie  de  la  cote, 
parcourue  par  un  chenal  contenant  les  vestiges  du  banc  naturel 
de  Larmor(n).  Lesetablissements  ostre'icoles  consistent  surtout 
en  pares  d’e'talage.  Les  huitres,  dont  une  partie  importante  a 
passd  un  an  ou  deux  dans  la  riviere  de  Crac’h  ou  d’Auray  sont 
deposdes  dans  la  riviere  de  Saint-Philibert  oil  elles  trouvent  des 
conditions  propices  a  leur  pousse  et  a  leur  engraissement. 

4$-  —  Les  pares  en  serie  bordent  le  chenal  principal  et 
s’etendent  un  peu  lateralement  autour  de  petits  chenaux  secon- 
daires. 

49 •  —  Le  haut  de  la  riviere  a  ete'  autrefois  ferme  par  une 
digue  de  220  metres  de  long  et  contenait  les  etablissements  de 
M.  Brossard  de  Corbigny,  bien  connus  des  ostrdiculteurs  pour 
les  essais  et  les  experiences  qui  y  ont  ete  tente's;  ils  n’existent 
plus  aujourd’hui. 

La  partie  la  plus  importante  des  concessions  de  la  riviere  de 
Saint-Philibert  appartient  a  un  ostreiculteur,  M.  Martin,  qui  a 
de  fort  beaux  pares  dans  la  riviere  de  Crac’h  d’ou  il  tire  les 
jeunes  huitres  deposees  ensuite  dans  les  pares  d’etalage  de  Saint- 
Philibert. 

5°-  —  Sur  la  rive  gauche  de  la  riviere,  pres  de  la  mer,  on 
trouve  deux  grandes  concessions  comprenant  de  la  vase  et  des 
rochers;  elles  ne  sont  utilisees  que  dans  la  partie  basse  qui 
avoisine  le  chenal. 


(89) 


E.  —  Rivi6re  de  Crac’h. 


La  panic  haute  de  la  rivifcre  de  Crac’h  ne  contient  aucun 
banc  ni  aucun  pare.  La  partie  moyenne,  qui  represente  les  deux 
tiers  de  la  rivifere,  est  garnie  presque  sans  interruption  de  pares 
dont  les  uns  sont  remplis  de  collecteurs,  les  autres  servent  a 
l’dtalage.  On  emploie  presque  exclusivement  les  collecteurs  en 
champignon;  je  n’aivu  que  deuxou  trois  pares  contenant  des 
collecteurs  en  ruches  ct  aucun  a  plateaux. 

La  partie  basse  de  la  riviere  moyenne,  autour  de  la  l  rimte, 
renferme  peu  de  collecteurs,  plutot  des  pares  et  des  claires. 

La  carte  ancienne  du  commandant  Ragiot  indique  des  con¬ 
cessions  entre  la  pointe  Saint-Jean  et  le  bois  de  Kervcan,  c  est- 
a-dire  tres  hautdans  la  riviere.  Liles  n'existcnt  plus  aujourd  hui. 

5  /.  Banc  de  Saint-Jean.  —  La  partie  superieure  de  la  riviei  e 
correspondant  au  banc  de  Saint-Jean  (12)  est  tres  retrecie  et  la 
berge  souvent  presque  a  pic,  aussi  n’y  a-t-il  qu’une  ligne  ties 
etroite  de  collecteurs,  oil  il  n’y  a  quelquefois  qu’un  seul  cham¬ 
pignon. 

52.  - —  Tout  pres  du  Passage  du  Lac  se  trouve  un  banc  de 
sable  jaune  oil  Ton  recolte  a  la  main  quelques  huitres,  des 
Palourdes,  des  Pectcns,  des  Moules  en  petite  quantite.  II  seia 
question  de  ce  banc  plus  loin  a  propos  des  moulieres. 

53.  Banc  du  Lac.  —  La  riviere  est  plus  large  autour  du  Banc 
du  Lac  (13),  qui  contient  un  tres  grand  nombre  de  collecteuis 
repartis  sur  des  bancs  de  sable  et  de  vase  ou  sur  la  berge. 

Un  grand  etang,  sur  la  rive  droite,  se  remplit  it  maree  haute 
et  actionne  un  moulin  tout  en  servant  d’entrepot  pour  les 
huitres.  En  face  de  cet  etang  se  trouve  un  ilot  de  sable  jaune  ou 
on  recueille  des  Palourdes. 

54.  —  Sur  la  rive  gauche,  un  peu  plus  bas  se  trouve  1  anse  de 
Ster  en  Houet ,  pres  du  chateau  de  Kergurione.  Cette  anse,  qui 
contient  actuellement  des  collecteurs  le  long  du  chenal,  est 
connue  par  les  experiencs  d’ostrdiculture  qui  y  ont  ete  faites. 
A  la  suite  se  trouve  un  pare  d’etalage  magnifique  contenant 
plusieurs  millions  d’huitres  de  4  a  (i  centimetres. 


—  4.i  — 


55.  —  Sur  la  rive  droite  on  remarque  une  serie  de  petits 
pares  qui  appartiennent  a  une  association  de  quelques  marins 
retraite's;  cette  partie  du  rivage  est  appelee  la  petite  Grassenne 
par  analogie  avec  les  concessions  appartenant  a  une  association 
semblable,  dite  la  Grande-Grasseme ,  situee  plus  bas,  pres  du 
port  de  la  Trinite,  dont  il  sera  question  plus  loin. 

56.  Banc  de  Pierre  Jaime  (14).  —  La  riviere  s’elargit  ddfi- 
nitivement  en  ce  point  oil  commencent  de  grandes  vasieres. 

Sur  les  deux  rives  du  chenal  on  voit  une  large  bande  de 
collecteurs.  Au  niveau  de  la  reserve,  dont  il  a  ete  question  plus 
haut,  il  y  a  aussi  des  pares  d’etalage. 

5y.  —  En  face  de  cette  reserve,  sur  la  rive  droite  se  trouve 
l’etablissement  de  Port-Pesquet ;  il  renferme  de  grands  bassins 
qui  servirent  autrefois  aux  experiences  ostreicoles  de  M.  Wol- 
bock.  Actuellement  MM.  des  Pommiers  et  Godefroy  ont  installs 
un  tres  bel  dtablissement  de  pisciculture  oil  se  fait  en  grand 
1’elevage  des  turbots,  des  bars  et  des  saumons.  Un  laboratoire 
fort  inte'ressant  y  est  annexe.  Les  bassins  renferment  aussi  des 
huitres. 

58.  Banc  de  Cuban  (17)  sur  la  rive  gauche  et  de  la  Gohenne 
sur  la  rive  droite.  —  Au  milieu  de  la  grande  vasiere  de  la  rive 
gauche  se  trouve  Pilot  de  Cuban  au-dessus  du  pont  de  Kerisper; 
d  est  entourd  et  le  chenal  voisin  est  borde  de  pares  a  collecteurs 
et  d’etalage  qui  entourent  aussi  un  petit  chenal  prds  du  pont. 

5g.  —  Sur  la  rive  droite  une  disposition  analogue  montre 
une  serie  de  collecteurs  le  long  du  banc  de  la  Gohenne  et  au 
bord  d’un  chenal  accessoire  longeant  la  berge.  Plusieurs  grands 
bassins  en  maconnerie  servent  d’entrepot  pour  les  huitres. 

60.  Banc  de  Gorwaterc’h.  —  Sur  la  rive  droite,  entre  le 
pont  de  Kerisper  et  le  port  de  la  Trinite  se  trouve  la  vasiere  de 
la  Grassenne  sur  laquelle  sont  etablis,  en  ligne  le  long  du  chenal, 
des  pares  appartenant  a  une  association  de  quarante  marins 
retraites  ou  veuves  de  marins.  Elle  est  administree  par  un  conseil 
fut  chaque  anne'e  vend  les  produits  et  procede  aux  operations 
u  entretten.  Ce  conseil  rend  chaque  annee  des  contptes  en 
assemble  ge'ne'rale  des  sjmdiques  presidee  par  le  dele'gue  de 
1  inscription  maritime.  A  cote  de  ces  pares,  au  nord  du  port 
sont  plusieurs  grands  bassins  de  depot.  (89) 


—  42  — 


6 1.  —  Aprils  le  port  de  la  Trinity  les  pares  continuent  le 
long  du  chenal  jusqu’au  niveau  de  la  pointe  de  Melaneuc.  Une 
grande  vasifere  avec  herbiers,  dite  de  la  Vaneresse  porte  des 
pares  a  huitres  et  k  palourdes  isolds. 

62.  —  Sur  la  rive  gauche  une  slrie  de  collecteurs  et  de  pares 
dont  les  premiers  sont  adossds  aux  piles  du  pont  de  Kerisper, 
entoure  la  vasicie  de  Gorwaterc’h,  puis  sc  continue  en  une 
bande  dtroite  le  long  de  la  cote  jusqu’a  la  petite  anse  dite  Port 
du  Cidre. 

Comrne  on  le  voit,  presque  toute  l'dtendue  du  rivage  du 
chenal  est  couverte  d’dtablissements  ostrdicoles  qui  sont,  a  peu 
prds  partout,  en  pleine  activite. 


F.  —  C&te  de  Port-Navalo  a,  Carnac. 

Les  dtablissements  ostreicoles  ne  se  rattachant  pas  dnec- 
tement  aux  trois  rivieres  sont  tres  peu  nombreux ;  les  points  de 
la  cote  oil  Installation  de  pares  est  possible  est  restreint  en 
raison  de  l’abri  qu’ils  exigent. 

63.  Etang  de  Breneguy .  —  Get  dtang  est  situe  entre  les 
embouchures  des  rivieres  d’Auray  et  de  Crac’h.  Des  huitres 
draguees  et  deposees  dans  ce  pare  ont  donne  autrefois  de  grandes 
quantitds  de  naissain.  On  y  fait  actuellement  de  lengiais- 
sement. 

64.  Anse  de  Trihennarvour .  —  Plusieurs  concessions  se 
trouvent  la  mais  elles  ne  sont  exploitees  que  par  internnttence 
la  mer  y  est  trop  forte  et  detruit  quelquefois  les  installations. 
On  n’y  met  d’huitres  que  pendant  la  belle  saison. 

65 .  Anse  de  Gueric.  —  C’est  une  petite  anse  couverte  de 
vegetation  terrestre,  parcourue  par  un  chenal  sinueux.  Au  fond 
de  l’anse  se  trouve  des  claires  d'entrepot  qui  se  remphssent 
seulement  quand  la  mer  recouvre  cctte  anse  dans  les  grandes 
marees. 

66.  Salines  de  Kerdual  et  de  Menn-Du.  —  Une  vaste  saline 
organisee  dans  un  terrain  separe  de  la  mer  par  des  bassins, 
renferme  dans  sa  portion  voisine  de  la  cote  des  claires  a  huitres. 
La  partie  dite  Menn-Du  est  reservee  aux  palourdes. 


-43  - 

6y.  Pointe  de  Port-Bource.  —  Des  bassins  peu  importants 
sont  installs  pres  de  la  cote  derriere  l’llot  de  Trehan  qui  ne 
parait  leur  fournir  qu’une  protection  insuffisante. 

68.  Saline  du  Breno.  —  Les  bassins  d’entree  de  l’eau  de 
cette  saline,  qui  se  trouve  au  dessous  de  Carnac,  ont  ete  utilises 
comme  bassins  a  huitres.  Ils  ne  fonctionnent  pas  actuellement. 


G.  —  Baie  de  Plouharnel-Carnac  et  presqu’lle  de  Quiberon. 

Le  fond  de  la  baie  de  Quiberon  est  forme'  par  un  vaste  bas- 
fond  couvert  de  vase  et  d’herbiers  qui  vient  a  sec  a  toutes  les 
mare'es.  Un  chenal  peu  profond  suit  la  cote  nord  ;  une  longue 
bande  de  dunes  ferme  la  baie  au  sud  est  et  ne  laisse  qu’un  etroit 
passage  pour  le  chenal.  C’est  dans  ce  point  que  Ton  trouve  des 
etablissements  ostrdicoles. 

6g.  —  II  y  avait  autrefois  une  se'rie  ininterrompue  de  pares 
en  bordure  de  la  cote,  depuis  le  village  de  Plouharnel  jusqu’a 
Port  en  Drou  au  sud  de  Carnac.  Actuellement  le  notnbre  en  a 
beaucoup  diminue  et  Ton  trouve  quelques  pares  d’etalage  de 
peu  d’importance  sous  Plouharnel  au  rocher  Toul-en-Ours ,  un 
autre  en  dedans  de  la  pointe  de  Penn-er-Le,  deux  autres  a  la 
pointe  du  Pd. 

10.  —  Le  seul  e'tablissement  important  et  inte'ressant  est 
celui  de  M.  Ezanno  qui  comprend  des  claires,  des  pares  d’eta¬ 
lage  et  ou  se  fait  aussi  la  re'colte  du  naissain  sur  des  tuiles. 

Ces  etablissements  sont  ceux  ou  le  Dr  Gressy  fit  des  expe¬ 
riences  fort  interessantes  dont  il  est  necessaire  de  dire  quelques 
mots,  en  raison  des  services  qu’elles  ont  rendu  aux  ostrei- 
culteurs. 

II  y  avait  autrefois  un  banc  naturel  d’huitres  tres  riche  dans 
la  region,  dont  le  banc  de  Menn-er-Roue  au  large  du  Fort 
Penthievre  est  le  dernier  vestige.  Les  essais  de  recolte  du 
naissain  furent  d’abord  nuls;  plus  tard  des  huitres  placees  en 
grand  nombre  dans  des  bassins  produisirent  du  naissain  qui 
fut  recolte  en  abondance  sur  des  tuiles  disposees  dans  le  voisi- 
r'age.  Cette  rtfcolte  continue  actuellement  par  les  soins  de 

(89) 


—  44  — 

M.  Ezanno.  II  est  interessant  dc*  remarquer  que  lcs  huitres 
produisant  ce  naissain  ne  sont  pasen  mer  libre  mais  dans  des 
claires  recouvertes  par  la  mer. 

C.  est  la  que  Ie  l)r  Gressy  reconnut  le  premier  que  les  tuiles 
posees  trop  tot  se  couvraient  d'Ascidies;  l’etude  de  leu r  biologie 
lui  montra  que  si  on  place  les  tuiles  assez  haut  sur  la  berge  les 
Ascidies  ne  s’y  fixent  pas  et  que  d’autre  part  leur  ponte  se  ter- 
minant  au  commencement  de  juillet,  on  les  evite  en  posant  les 
collecteurs  a  ce  moment.  Par  des  drainages  le  l)r  Gressy  est 
arrivd  a  detruire  lcs  herbiers  deZosteres  oil  les  huitres  pe’rissent. 
II  inventa  le  durcissement  de  la  surface  de  la  vase  par  maca- 
damisage,  ce  qui  a  permis  de  transformer  en  pares  d’immenses 
surfaces  vaseuses  inutilisables.  C’cst  encore  le  l)r  Gressy  qui 
inventa  1  huitre  a  tesson,  dont  il  a  ete  question  plus  haut,  et  les 
petites  claires  sans  cloture,  creusees  peu  profondement  dans 
le  sol. 

I  outes  les  autres  concessions  qui  existaient  il  y  a  trente  ans 
dans  cette  region  out  ete  abandonne'es.  Quant  it  la  presqu’ile  de 
Quiberon  il  n  y  rien  a  en  dire  au  point  de  vue  ostre'icole.  Des 
concessions  assez  importantes  ont  existe  autrefois  au  nord  de 
Port-Haliguen  sur  la  cote  orientale,  entre  la  terre  et  la  roche  des 
Pierres-noires.  Elies  ont  disparu  ainsi  qu'un  pare  dont  on  voit 
les  vestiges  etabli  jadis  sous  le  fort  Penthievre  par  la  Princesse 
Bacciocchi. 


H.  —  Riviere  d’Etel. 

La  plupart  des  renseignements  qui  suivent  m’ont  ete  donnes 
par  M.  V.  Bedex,  ostreiculteur  it  Etel  qui  a  eu  1’obligeance  de 
me  guider  dans  la  visite  que  jai  faite  avec  lui  de  la  plus  grande 
partie  de  la  riviere  d’Etel. 

L  industrie  ostreicole  dans  cette  riviere  est  fort  importanteet 
ties  speciale.  Il  n’y  est  pas  produit  de  naissain,  les  parqueurs 
1  achetent  entierement  au  dehors,  it  Auray,  Crac’h  ou  Saint- 
Philibeit.  Tantot  ils  achetent  du  jeune  naissain  de  6  mois, 
ayant  io  a  12  millimetres  et  le  placent  dans  des  caisses  ostreo- 
philes  en  toile  metallique,  tantot  ils  achetent  des  huitres  de  denti 


-  45  - 

elevage  ayant  entre  i  et  2  ans,  et  ils  les  deposent  dans  des  pares 
d'etalage,  sur  le  sol  durci.  Quand  toutes  ces  huitres  ont  atteint 
de  2  a  3  ans  et  demi  ils  les  vendent,  principalement  a  Marennes 
pour  l’engraissement  et  le  verdissage,  oil  ils  les  expedient  par 
chargements  de  navires.  Une  partie  est  engraissee  sur  place 
pour  la  vente  en  detail. 

On  peut  estimer  a  18  ou  20  millions  les  huitres  livrees  par 
la  riviere  d’Etel  a  l’engraissement. 

II  est  necessaire  de  donner  quelques  renseignements  sur  cette 
industrie  a  Etel. 

Si  les  parqueurs  d’Etel  arrivent  a  vendre  20  millions  d’huitres 
de  2  a  3  ans  e’est  qu’il  est  entrd  dans  leurs  pares  sensiblement 
plus  du  double  de  jeunes  huitres.  Le  dechet  est  en  effet  consi¬ 
derable;  beaucoup  de  jeunes  huitres  blessees  au  moment  du 
detroquage  perissent  dans  les  caisses  ostreophiles.  D  autressont 
devotees  par  les  crabes,  etoiles  de  mer,  bigorneaux  perceuis, 
d’autres  sont  enleve'es  par  les  courants,  tuees  par  les  trop  grandes 
chaleurs  ou  quelquefois  par  la  gelee;  les  pillards  entrent  aussi 
en  ligne  de  compte.  Les  parqueurs  estiment  que  la  perte  depasse 
toujours  5o°/0,  et  quelquefois  elle  atteint  jusqu’a  70  %■  Un 
parqueur  qui  achcte  5  millions  de  naissains  compte  que  sa  vente 
d’huitres  de  3  ans  ne  de'passera  guere  2  millions.  On  peut  se 
rendre  compte  que  ces  conditions  defavorables  augmentent 
beaucoup  le  prix  des  huitres. 

Un  autre  fait  biologique  interessant  a  noter  est  le  suivant. 
Les  huitres  laissees  trop  longtemps  sur  le  meme  terrain  cessent 
de  grandir.  Si  alors  on  les  transporte  ailleurs  elles  poussent 
subitement  et,  en  tres  peu  de  temps,  doublent  leur  diametre. 
Partant  de  ce  principe  les  parqueurs  d  Etel  laissent  les  huities 
un  certain  temps  dans  les  pares  du  bas  de  la  riviere  puis  ils  les 
transportent  dans  leurs  pares  de  la  riviere  haute;  ce  seul  tians- 
port  les  fait  rapidement  doubler  de  poids.  Ils  les  redescendent 
ensuite  et  le  meme  effet  se  produit.  Lorsqu’ils  expedient  ensuite 
leurs  huitres  a  Marennes  ou  en  Angleterre  le  meme  phenomene 
a  lieu. 

Ce  fait  est  encore  confirme  par  une  observation  particuliere. 
Les  e'leveurs  d’Aurav  ou  de  la  Trinite  ont  remarque  que  dans 

(89) 


-  46  - 

le  naissain  d  line  meme  annee  il  y  a  des  huitres  dc  belle  venue, 
qu’ils  trient  ct  vendent  pour  l’engraissement.  Mais  il  y  en  a 
d  autres  chdtives,  de  mediocre  apparence  qui  ne  grandissent  pas. 
(.c  sont  celles  la  qu'ils  vendent  a  Etel.  Or,  aussitot  installees 
dans  ces  nouveaux  pares,  elles  montrent  une  pousse  extraordi¬ 
naire  et  dies  ont  bientot  fait  d'etre  aussi  belles  que  leurs  soeurs. 
(,es  particularity  meriteraient  d'etre  etudiees  de  plus  pres;  elles 
coincident  avec  ce  que  j’ai  dit  plus  haut  de  insure  du  terrain 
des  pares. 

Une  surface  donnee  de  terrain  peut,  pendant  un  certain 
temps,  fournir  de  la  nourriture  a  une  quantite  considerable 
d'huitres;  mais  il  arrive  un  moment  oil  cette  nourriture  est  in- 
suffisante,  cominc  disent  les  parqueurs,  le  terrain  est  usd;  il 
faut  le  laisser  reposer.  Quand,  et  e’est  le  cas  a  Etel,  le  nombre 
dcs  huitres  est  enornre  dans  les  pares,  il  devient  ne’cessaire  de 
les  changer  de  place.  Si  on  veut  faire  de  l’engraissement  il  ne 
faut  laisser  dans  les  pares  qu’un  petit  nombre  d’huitres,  une 
dizaine,  par  exemple,  au  metre  carre. 

Ces  observations  manquent  evidemment  de  precision  et  de 
rigueur  scientifiques ;  elles  auraient  besoin  d’etre  controlees 
experimentalement.  Mais  elles  sont  si  generalement  admises  par 
les  parqueurs,  et  les  resultats  qu’elles  leur  fournissent  sont  si 
palpables,  que  leur  exactitude  est  certaine;  il  resterait  a  en  pre- 
ciser  les  causes. 

Il  me  reste  a  dire  quelques  mots  des  ennenris  des  huitres  et 
des  moyens  que  Ton  emploie  dans  la  riviere  d’Etel  pour  les 
combattre. 

L  envasement  est  un  des  principaux  dangers  auxquels  les 
huitres  sont  exposees  dans  les  pares.  Les  courants  violents  de  la 
livieie  remuent  la  vase  et  la  transportent  partout;  elle  a  ten¬ 
dance  a  se  ddposer  dans  les  endroits  plus  calmes,  e’est-a-dire 
dans  la  riviere  haute  et  dans  les  baies  late'rales.  Elle  se  depose 
sui  les  huitres  des  pares  sous  forme  d’une  mince  couche  de  boue 
giise  qui  tend  a  epaissir.  On  est  oblige,  pour  empecher  les  hui- 
ttes  d  etie  enfouies,  de  les  remuer  au  rateau,  de  les  laver.  Cela 
exige  un  personnel  d’autant  plus  nombreux  que  ce  travail  ne 
peut  etie  fait  que,  pendant  quelques  heures  seulement,  les  jours 
de  maree. 


47  — 


Mais  les  parqueurs  ont  trouvd  un  auxiliaire  inattendu  et  fort 
curieux  pour  les  aider  dans  cette  besogne  de  nettoyage  :  c’est  le 
Bigorneau  vulgaire,  Littorina  littoralis.  Quand  ils  voient  que 
les  huitres  des  pares  ont  un  mince  revetement  de  vase  fine,  ils 
sement  a  poignees  ces  bigorneaux  sur  les  huitres.  En  peu  de 
temps  ces  Gaste'ropodes,  en  se  promenant  en  tous  sens,  de'tachent 
la  couche  de  vase  sur  leur  chemin;  ils  se  nourissent  en  merne 
temps  des  petites  algues  vertes  qui  se  fixent  sur  les  huitres.  En 
quelques  jours  les  huitres  sont  parfaitement  propres.  II  est tres 
facile  de  distinguer,  meme  de  loin,  dans  un  pare,  les  places 
blanches  nettoyees  par  les  bigorneaux  qui  tranchent  comme  des 
ilots  sur  le  reste  qui  est  gris  et  sale.  Quand  les  bigorneaux  ont 
achevd  leur  besogne  on  les  enleve  et  on  les  seme  plus  loin.  Mais, 
comme  toute  medaille  a  son  revers,  il  y  a  a  craindre  un  exces 
de  la  part  des  bigorneaux.  Quand  ils  n’on  plus  de  vase  it  rentuer 
sur  les  huitres  ils  se  mettent  a  ronger  le  bord  de  leur  coquille, 
la  «  pousse  »  recente,  la  «  barbe  »  mince  et  fragile  recemment 
sdcretee.  II  faut  done  les  arreter  a  temps. 

Un  autre  ennemi  des  huitres  est  la  rnoule,  qui  se  developpe 
facilement  dans  la  riviere  d’Etel.  Les  jeunes  moules  se  iixent 
dans  les  caisses  ostre'ophiles  et  a  l’aide  des  nombreux  filaments 
collants  de  leur  byssus,  elles  aglutinent  les  jeunes  huitres  en 
paquets  et  les  font  perir.  Elles  en  font  autant  dans  les  pares 
d  etalage  sur  les  huitres  plus  grosses.  Les  parqueurs  les  detrui- 
sent  le  plus  qu’ils  peuvent,  car  souvent  elles  pullulent  au  point 
de  couvrir  les  parois  des  caisses  ostreophiles. 

L  ingeniosite  des  parqueurs  a  su  cependant  tirer  un  petit 
parti  de  ces  moules.  Void  comment.  Un  des  plus  grands  enne- 
ntis  des  huitres  est  le  crabe,  le  cancre  (Carcinus  mcenas).  Or, 
ces  crabes,  lorsqu’ils  se  trouvent  en  presence  de  caisses  oil  il  y  a 
a  la  fois  des  moules  et  des  huitres,  commencent  toujours  par 
manger  les  moules,  et  n’attaquent  les  huitres  que  quand  il  n’y  a 
plus  de  moules.  On  respecte  done  les  moules  tant  qu’elles 
n envahissent  pas  trop  les  caisses,  puis  on  les  detruit  ensuite. 

Les  crabes  font  en  effet  des  degats  considerables  dans  les 
Parcs.  Ils  passent  l’hiver  caches  dans  les  rochers  et  dans  la  vase 
du  chenal  de  la  partie  basse  de  la  riviere  d’Etel ;  puis  au  mois 

(89; 


-  48  -  * 

d’avril  i Is  sortent  de  leur  retraite  et  sc  mettent  a  dcvorer  moules 
et  huitres,  et  a  bouleverser  le  sol  des  pares.  Quant  arrive  la 
chaleur  ils  remontent  vers  les  vasiferes  de  la  haute  riviere  et  les 
parqueurs  sont  ddbarrassds  d’eux.  A  l’automne  ils  redescendent 
et  apres  un  nouveau  sejour  dans  les  pares,  ils  reprennent  leurs 
quartiers  d’hiver.  Leur  rdapparition  en  avril  coincide  avec  l’epo- 
que  oil  Ton  installe  les  petites  huitres  et  le  naissain  nouvelle- 
ment  achetes  et  dont  ils  font  une  forte  consommation. 

Les  Pieuvres  Octopus  vulgaris)  sont  aussi  tres  friandes 
d’huitres,  elles  aiment  les  bivalves  en  general  mais  plus  particu- 
lierement  les  huitres. 

Les  Etoiles  dc  mer  sont  tres  abondantes  dans  la  riviere  d’Etel. 
J’en  ai  vu  un  tr&s  grand  nombre  dans  les  pares. 

On  accuse  le  Buccinum  undatum  et  la  Nassa  reticulata  de 
divers  mefaits;  je  ne  sais  ce  qu’il  faut  en  croire. 


PARCS  DE  LA  RIVIERE  D’ETEL 

Les  pares  de  la  riviere  d’Etel  sont  exclusivement  disposes 
pour  l’elevage  des  huitres  en  caisses  ou  sur  le  sol.  II  est  done 
inutile  d’entrer  dans  des  distinctions  sur  leur  compte,  je  signa- 
lerai  seulement  les  emplacements  occupes  par  les  groupes  de 
pares. 

Comme  dans  les  autres  rivieres,  les  pares  occupent  les  deux 
tiers  moyens  de  la  riviere  d’Etel.  11s  ne  remontent  pas  jusqu’au 
sommet  des  branches  compliqudes  de  cette  petite  mer  interieure 
oil  les  vases  sont  trop  abondantes  et  submergent  rapidement  les 
clotures  et  les  piquets  des  pares.  II  n’y  en  a  pas  davantage  dans 
la  riviere  basse  oil  l’embouchure  est  creusee  dans  du  sable  pur 
jaune.  Les  pares  commencent  un  peu  au-dessus  du  port  d’Etel. 

77.  Parcs  d’Etel.  — Situds  sur  les  deux  rives  de  la  riviere, 
ils  entourent  completement,  a  droite,  l’ile  No'ic  et  se  continuent 
jusqu’au  Vieux-Passagc.  Sur  la  rive  gauche  on  en  trouve  egale- 
ment  quelques  uns  au  bord  du  chenal, 

75.  Anse  du  Sack.  —  C’est  un  profond  golfe  vaseux  dont 
l’entree,  sur  la  rive  gauche,  et  une  partie  des  rives  est  garni  de 
pares;  ils  entourent  un  ilot  bas  a  l’entree,  dit  le  banc  du  Sach. 


—  49  — 


j3.  Environs  du  Pont  Lorois.  —  Ce  magnifique  pont  sus- 
pendu  a  ete  lance  entre  les  deux  points  les  plus  voisins  des  rives. 
Le  courant  de  la  riviere  est  la  excessivement  violent,  car  toute 
l’eau  qui,  a  chaque  mare'e,  remplit  le  golfe  d'Etel  et  en  sort,  doit 
passer  par  cet  etroit  chenal.  Sur  la  rive  droite,  au-dessous  du 
pont,  se  trouve  un  tres  beau  pare  ou  M.  Be'dex  eleve  des  huitres 
de  divers  ages  dans  des  caisses  et  a  plat.  On  peut  voir  resumees 
dans  ce  pare  toutes  les  methodes  speciales  a  la  riviere  d  Etel. 
Divers  autres  petits  pares  se  trouvent  dans  le  voisinage. 

yg.  —  Sur  la  rive  gauche,  au-dessus  du  pont,  il  y  a  toute 
une  serie  de  petits  pares  abrites  derriere  la  pile  du  pont  et  les 
rochers  de  Kergo. 

yS.  De  Vile  Minnvavah  d  la  chapelle  Saint-Guillaume,  sui  la 
rive  droite,  on  trouve  une  ligne  de  pares  sur  le  bord  seulement 
du  chenal  ear  ils  ne  s’etendent  pas  en  arriere  sur  la  vasiere  qui 
les  surplombe. 

y6.  Atise  de  Kerguerhan.  —  Une  serie  de  pares  bordent  le 
chenal  sur  la  rive  gauche  5  il  en  a  existe  d  autres,  plus  avances 
dans  l'anse,  qui  se  sont  envases. 

77.  Groupe  de  Vile  Saint-Cado.  —  Cette  petite  lie,  celebie 
en  Bretagne  par  ses  le'gendes  bizarres,  est  entouree  de  paics  qui 
se  continuent  sur  la  cote  voisine.  Leur  nombre  a  diminue  pai 
suite  de  l’envasement. 

y8.  Groupe  des  iles  de  Niheu.  —  Un  dedale  de  chenaux 
entoure  les  iles  de  Niheu  et  de  Riech ;  une  immense  vasiere 
s’etend  fort  loin  autour  d’elles ;  elle  a  envahi  une  grande  partie 
des  pares,  il  ne  reste  plus  que  ceux  qui  sont  diriges  vers  le  giand 
chenal. 

yg.  He  Fandrouillec.  —  Cet  llot,  situe  sur  la  rive  droite  au 
bas  d’une  immense  vasiere,  est  tout  entoure  de  pares. 

80.  Banc  de  Taraguenne.  —  Ce  banc  en  forme  depeion 
divise  la  riviere  en  deux  branches;  la  principale  remonte  au 
noi'd,  l’autre  vers  Test.  Tout  l'eperon  est  borde  de  tres  beaux 
pares  jusqu’au  niveau  du  banc  de  Ker-an-Trec’h:  c  est  la  pai  tie 
*a  plus  riche  de  la  riviere. 

8 lie  de  I-nes-mour.  (lie  de  la  grande  maree).  Dans  les 
environs  de  cette  ile  une  bande  de  tres  beaux  pares  se  tiou\e  le 
'0ng  du  chenal.  (89) 


8a.  Riviere  Saini-Jean.  —  11  n'y  a  a  signaler  qu’uri  seul  pare 
situd  assez  haut.  Le  fond  de  cette  rivifere  a  etc  classd  autrefois 
comme  pecherie  de  i”  catdgorie;  on  y  a  dlevd  des  huitres  dans 
les  chenaux,  mais  dies  ont  disparu.  line  partie  envasee  de  la 
concession  a  dtd  transformde  en  cultures;  dans  le  bas  est  installee 
une  pecherie  de  mulets  et  d’anguilles. 

83.  Riviere  de  Ster-er-Histrec.  Riviere  des  huitres).  —  Au 
dessus  du  banc  de  Kcr-an-Trec'h,  la  riviere  bifurque  et  sa 
branche  orientalc  devient  la  riviere  de  Ster-er-Histrec,  qui  tire 
son  nom  du  banc  naturel  d’huitres  contcnu  dans  le  chenal  et 
dont  il  a  dtd  question  plus  haut  (21).  Dans  la  partie  moyenne 
de  cette  branche  se  trouve  une  sdrie  importante  de  pares  autour 
du  passage  du  Plec,  sur  les  deux  rives  du  chenal;  deux  autres 
sont  sur  la  rive  gauche  au  bas  du  banc  naturel. 

84.  Branche  occidenlale  de  la  riviere  d’Elel.  —  A  partir  du 
banc  de  Ker-an-Trec’h  la  riviere  monte  vers  le  nord  tout  le 
long  de  la  presqu’ile  du  Plec;  les  pares  diminuent  beaucoup  et 
Ton  n'en  trouve  plus  que  3,  en  bordure  du  chenal  sur  les  deux 
rives. 

85 .  Riviere  de  Nostang.  — -  Le  chenal  principal  bifurque 
encore  une  fois  pour  former  deux  rivieres,  celle  de  Landevant  et 
celle  de  Nostang.  Un  seul  pare  se  trouve  dans  cette  riviere,  e’est 
le  plus  dloigne  de  la  mer  de  toute  la  riviere  d’Etel.  A  partir  de 
la,  les  vasieres  deviennent  enormes  et  l’ostreiculture  n’est  plus 
possible. 


MOULIERES 

Autant  l’industrie  ostreicole  est  importante  dans  la  region 
d’Auray,  autant,  au  contraire,  les  moules  sont  delaissees.  II 
n  existe  dans  toute  l’etendue  du  quartier  et  sur  les  confins  des 
quartiers  limitrophes,  aucune  mouliere  naturelle  classee  par 
l’administration  et  la  seule  mouliere  artificielle  a  disparu  par 
suite  du  pillage  dont  elle  a  ete  l’objet. 

Les  moulieres  et  les  chiffres  qui  s'y  rapportent  sont  indiques 
en  bleu,  dans  un  cercle  bleu,  sur  la  carte. 


—  5 1  — 


A.  —  Moulidres  naturelles. 

86.  Riviere  d’Auraj'.  —  Une  petite  mouliere  a  exists 
sur  la  rive  gauche  de  la  riviere,  un  peu  au-dessous  d’Auray, 
au-dessus  du  banc  du  Plessis.  Elle  a  disparu  actuellement. 
D’ailleurs,  quand  il  apparait  quelques  moules,  les  ostreiculteurs 
les  detruisent  imme'diatement  craignant  qu'en  se  multipliant 
elles  envahissent  les  pares. 

87.  Riviere  de  Crac’h.  —  II  existe  un  petit  banc  de  moules 
dans  le  haut  de  la  riviere,  au-dessus  du  moulin  du  Lac.  Les 
moules  y  sont  petites  mais  d’excellente  qualite ;  elles  sont  isolees, 
en  tres  petite  quantite,  enfouies  dans  du  sable  jaune  assez 
meuble.  Cette  mouliere  est  en  voie  de  disparition;  ce  pheno- 
mene  s’est  ddja  produit  plusieurs  fois ;  elle  se  reconstitue  d’ail¬ 
leurs  re'gulibrement. 

88.  Rochet's  du  Spice  ou  de  Spi.  —  Sur  la  cote  entre  Car- 
nac  et  Plouharnel,  au  niveau  de  Saint-Colomban  se  trouve 
cette  petite  mouliere  sans  importance. 

89.  Cote  occidentale  de  la  presqu’ile  de  Quiberon.  —  Presque 
toute  la  cote  occidentale,  depmis  le  fort  Penthievre  jusqu’au 
port  de  Quiberon,  est  entierement  tapissee  de  moules.  Elles 
forment  une  immense  mouliere  ininterrompue  qui  s’e'tend 
depuis  le  sommet  de  la  zone  des  fucus  jusqu’a  celle  des  Lami- 
naires.  Dans  les  endroits  nombreux  ou  la  cote  est  verticale 
1  e'paisseur  du  banc  de  moules  n’est  que  de  3  ou  4  metres ; 
quand  les  rochers  sont  horizontaux  le  banc  a  plus  de  100  metres 
de  largeur.  Etant  donnes  les  anfractuosites  de  la  cote  il  est 
difficile  de  fixer  une  longueur  a  cette  mouliere,  mais  on  doit 
etie  pres  de  la  realite  en  lui  attribuant  i5  kilometres  sans  autre 
lnteiruption  que  deux  ou  trois  greves  de  sable,  ou  d’ailleurs  la 
moindre  pierre  est  couverte  de  moules.  Au  dela  du  port  de 
Quiberon  la  mouliere  est  fragmentee  et  Ton  ne  trouve  plus  les 
'Uoules  que  par  ilots  isoles. 

Les  moules  y  sont  extraordinairement  serrees  et  de  tres  petite 
tcldle.  Les  habitants  de  la  cote  recueillent  les  plus  belles,  mais 

(89) 


—  5  2  — 


ne  les  exploitent  pas  rdguli£rement:  on  n'en  expcdic  pas,  et  Ton 
n’en  vend  m6me  pas  au  marchd  de  Quiberon.  Ces  moules 
d'ailleurs  ont  une  cqqutlle  trfes  epaisse.  un  byssus  ti  cs  developpe 
et  la  masse  charnue  de  l’animal  est  excessivement  reduite. 
11  semble  ddpenser  toute  sa  vitalite  a  augmenter  ses  moyens 
de  resistance  aux  chocs  de  la  mer  qui  lui  sont  cependant 
ndeessaires. 

po.  —  Tous  les  Slots  et  les  rochers  qui  se  trouvent  ou  nord- 
ouest  de  la  presqu'ile  de  Quiberon,  en  face  de  Portivi  et  du 
fort  Penthievre  sont  egalement  converts  de  monies  sur  leur 
face  occidentale  qui  est  tournee  vers  la  haute  mer.  Certaines 
de  ces  roches  et  les  basses  qui  les  avoisinent  sont  renonimees 
dans  le  pays  pour  la  grande  taille  de  leurs  moules.  par  exemple 
Pilot  de  Rohellan. 

9 1 .  —  Le  long  de  la  cote,  sur  le  sable,  on  trouve,  parait-il, 
une  longue  bande  ou  les  moules  abondent  au-dessous  du  niveau 
des  marees;  el  les  forment  un  long  banc  irregulier  et  tres  inega- 
lement  riche.  Je  n’ai  pas  pu  en  vdrifier  Pexistence. 

92.  Embouchure  de  la  riviere  d'Elel.  —  Un  banc  de  moules 
se  trouve  a  plat  sur  un  Hot  de  sable  vaseux  qui  decouvre  a  toutes 
les  marees;  ilestsitue  dans  le  milieu  de  la  riviere  tout  pres  de 
son  embouchure.  Les  sables  de  cette  partie  de  la  cote  forment 
des  dunes  tres  eleve'es,  et  la  riviere  les  coupe  pour  se  jeter  a  la 
mer  ou  elle  forme  une  barre  diflicile  a  franchir  pour  les  bateaux 
meme  de  fort  tonnage.  Les  moules  sont  abondantes  sur  ce  banc, 
grosses  et  de  tres  bonne  qualite;  elles  sont  recueillies  en  grande 
quantite  par  les  gens  du  pays;  mais  le  banc  semble  inepuisable, 
il  se  reconstitue  sans  cesse.  Cette  mouliere  n'est  pas  classee 
administrativement.  Le  banc  se  continue  egalement  sur  la 
greve  de  la  rive  gauche  dans  des  conditions  analogues. 

g3.  lie  d’Houat.  ■ —  La  presqu’ile  de  Quiberon  est  prolong^ 
dans  1  Ocean  par  deux  Hots  habites,  Houat  et  Hoedic.  Le  pie" 
mier  est  a  11  kilometres  de  la  pointe  de  la  presqu’ile  de  Qui" 
beron,  le  second  a  22  kilometres. 

L’ile  d’Houat  possede  une  mouliere  sur  sa  cote  ouest  et 
nord-oues.t;  e’est  en  somme  la  continuation  de  la  mouliere  de 
Quiberon  ou  elle  se  presente  dans  des  conditions  analogues- 


—  5-3  — 


D’apres  ces  renseignements  que  l’Administrateur  de  1’Inscription 
de  Belle  lie  a  bien  voulu  demander  au  syndic  de  Houat  voici 
les  points  ou  se  trouvent  les  moulieres  les  plus  importantes. 

Sur  la  cote  mime  de  l’ile  :  Vaschil,  ioo  metres  de  long  sur 
3  de  large;  Port-Chudel,  40  metres  sur  3;  Port  Pious,  40  metres 
sur  3.  Sur  les  rochers  qui  entourent  File  :  Carrec  Colas,  200  me¬ 
tres  sur  4  ;  le  Grand  Coin,  200  metres  sur  3  ;  lie  Guric,  5o  me¬ 
tres  sur  3;  le  Rouleau,  100  metres  sur  3;  He  Cents,  200  metres 
sur  5;  ile  aux  Chevaux,  3o  metres  sur  4;  He  Grirnand-Pel  et 
Grimand-Tort  chacune  25  metres  sur  3. 

94.  lie  d’Hoedic.  —  Cet  ilot  est  plus  petit  que  Houat.  On 
y  trouve  plusieurs  moulieres  en  bon  e'tat. 

A  l’ouest  sur  les  rochers  de  Er-Polaire  et  de  Er-vas-plate 
il  y  a  deux  gisements  de  grosses  moules  en  plein  rapport. 

A  l’est,  autour  des  rochers  du  Grand  et  du  Petit  Mulon  et  de 
Ren  Garde,  on  trouve  des  gisements  de  petites  moules. 

Enfin,  plus  au  large,  sur  les  rochers  des  Grands  et  des  Petits 
Cardinaux,  il  y  a  des  gissements  importants  de  grosses 
moules. 

Sur  la  cote  nord-ouest  de  File  il  y  a  deux  gisements  de 
moules  a  Menn-Du  et  a  Caspierapuls. 

Ces  divers  gisements  ne  sont  pas  exploites  commercialement, 
ils  sont  seulentent  utilises  par  les  habitants  de  File  et  les 
pecheurs  de  passage  qui  en  pre'levent  de  grandes  quantitds. 

9$ ■  Belle-Ile.  —  La  cote  de  Belle-Ile  est  tellement  abrupte 
°[u  il  est  presque  partout  impossible  de  constater  s’il  y  a  des 
moulieres  sur  les  rochers.  S’il  y  en  a  elles  sont  inexploitables, 
car  il  est  presque  impossible  de  descendre  le  long  des  falaises 
et  d  y  aborder  en  canot  me  me  par  beau  temps.  L’administration 
de  1  Inscription  maritime  de  Palais  m’a  signale  trois  points  de 
E  cote  occidentale  oil  Fon  peut  descendre  et  trouver  des  moules 
en  quantity  suffisante  pour  qualifier  de  moulieres  ces  gisements 
tfes  pauvres.  Ce  sont  Port-Va^en,  Port-Cotton  et  Kerel.  Mes 
mvestigations  personnelles  ne  m’ont  pas  permis  de  trouver 
dautres  gisements  dignes  d’etre  signales. 


(89) 


—  54  — 


B.  —  Mouli6res  artificielles. 

96.  —  II  n’cxiste  plus  aucunc  mouliere  artificielle  dans  la 
region. 

Le  fond  dc  la  baie  de  Quiberon,  sur  les  vasieres  en  face  de 
Plouharnel,  en  possldait  autrefois.  N’dtant  pas  suflisamment 
surveilldes,  elles  ont  disparu  par  suite  du  pillage  et  des  vols 
commis  par  les  habitants  du  voisinage.  II  y  a  la  cependant  une 
indication  int^ressantc;  la  rdgion  se  prete  admirablement  a 
l’installation  de  bouchots,  et  il  suffirait  d'un  garde  pour  utiliser 
ce  vaste  espace.  L’experience  faite  il  y  a  quelques  annees  l’a 
prouvd. 


AUTRES  MOLLUSQUES  COMESTIBLES 

11  n’y  a  guere  a  signaler  dans  la  region  que  les  Palourdes 
qui  sont  rdcoltees  et  vendues  sur  divers  points  de  la  cote.  Ces 
palourdes,  Tapes  decussata ,  sont  assez  abondantes  dans  la  baie 
de  Plouharnel,  dans  les  greves  de  la  cote  est  de  la  presqu'ile  de 
Quiberon,  dans  quelques  points  de  la  riviere  de  Crac’h  et  d’Au- 
ray,  vers  le  milieu  de  la  riviere  d’Etel.  Mais  elle  ne  donnent  pas 
lieu  a  un  commerce  important. 

Les  dtablissements  ou  on  les  entrepose  dans  des  claires  sont 
assez  rares;  il  faut  signaler  les  pares  de  M.  de  Wolbock  au  Sud 
du  port  de  la  Trinitd  (gj)  et  dans  une  partie  d’une  saline 
appelee  Menn-Du  (98)  qui  contient  aussi  un  pare  a  Bigorneaux 
(Littorina  littot'alis). 

Il  faut  citer  encore  un  pare  qui  se  trouve  entre  les  rochers  du 
Grand  et  du  Petit  Veisit  (gg)  non  loin  de  l’embouchure  de  la 
riviere  d’Auray. 

Les  Palourdes  de  la  riviere  d’Etel  sont  nombreux  et  attei" 
gnent  de  grandes  dimentions.  Elies  sont  expedites  principal^" 
ment  a  Marseille  et  a  Toulon. 


—  55  — 


On  trouve  peu  de  Cardium  edule  dans  la  region.  Ce  mol- 
lusque,  qui  est  ailleurs  si  abondant,  ne  parait  se  trouver  en 
quantite  appreciable  que  dans  le  sable  de  l’embouchure  de  la 
riviere  d’Etel  avec  le  Cardium  echinatum. 

On  recueille  ca  et  la,  sur  les  rochers  des  rivieres,  le  Pecten 
varius  dont  les  gens  du  pays  sont  tres  friands.  Mais  ces  mollus- 
ques  sont  toujours  isoles  et  en  tres  petite  quantite. 


(89) 


INSTITUT  OCEANOGRAPHIQUE 


(FONDATION  ALBERT  I",  PRINCE  DE  MONACO) 

Reconnu  d’utilitd  publique  par  Ddcret  du  16  Mai  1906 


EKSEIGNEWEKT  SUPERIEUR  DE  L’OCEANOGRAPHIE 


ANNEE  SCOLAIRE  1906-1907 


Provisoirement  les  Cours  anront  lieu  a  la  SORBONNE,  dans  I'Amphillicatre  de  Geologic 

(Galerie  Gerson,  Entree  :  Place  de  la  Sorbonne) 

LES  GOURS  SONT  PUBLICS 


Ils  s’ouvriront  le  Lundi  5  Novembre 


OCEANOGRAPHIE  PHYSIQUE  I  OCEANOGRAPHIE  BIOLQGIQUE 


Professeur  :  M.  BERGET 

r,  Docteur  es-Sciences 

liarg6  de  Conferences  a  la  Faculty  des  Sciences 


Le  Cours  commencera  le  Jeudi  8  Novem- 
bre  a  5  heures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Jeudi  A  la  meme  heure. 


.  e.  ’°fesseu>'  traitera  de  I'Oceanographie 
n  e,’a  e’  ^ e  la  distribution  des  mers,  de  la 

min,  ^  met'  'e’  d es  P'OprUtis  physiques,  chi- 
Wes  et  mecaniques  de  la  mer. ' 


Professeur  :  M.  L.  JOUBIN 


Docteur  es-Sciences 

Professeur  au  Museum  d’Histoire  naturelle 


Le  Cours  commencera  le  Lundi  5  Novem¬ 
bre  a  5  heures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Lundi  A  la  meme  heure. 


DES  DEMONSTRATIONS  PRATIQUES  ADIIONT  LIED 
AD  MDSEDM  D'HISTfllRE  NATURELLE 


Le  Professeur  traitera  de  l' Etude  des 
Milieux  marins  et  de  Vinjluence  de  lew 
variation  stir  la  distribution  des  animaux. 


PHYSIOLOGIE  COMPAREE  DES  ETRES  AQUATIQUES 

Professeur  :  M.  le  Dr  PORTIER 

^  Ld irecteur- Adjoi nt  du  Laboratoire  de  Physiologie  de  la  Sorbonne 

8  commencera  le  Vendredi  9  Novembre  a  5  heures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Vendredi  A  la  meme  heure. 

ofesscui  ti  altera  des  Phenomenes  de  la  nutrition  cheq  les  animaux  marins. 


Pour  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco, 

President  du  Conseil  d'adniinistralion  de  I’lnstitut  Oceanogaphique, 

CASIMIR-PERIER 

Dr  P.  REGNARD,  Vice-Presidents. 


Samedis 


S0Irs>  a  9  heures,  auront  lieu  a  l’AMPHITHEATRE  DESCARTES 
(Entree  :  17,  rue  de  la  Sorbonne) 

DES  C0NfERENCES  SUR  DES  SUJETS  D’OCEANOGRAPHIE 


CONSDLTER 


L'AFFICHE  SFECIALE 


^r'  <t  scientifjqyj,'^  d  ces  Conferences,  des  cartes  d’entrde  seront  exigdes.  Elies  sont  distributes  au  Secrd- 
e  ""stitut  A'  *e  Prince  de  Monaco,  10,  avenue  du  Trocaddro,  au  Secrdtariat  provisoire 


's  cartes  au  jqu  no®raPhique,  2,  rue  Logeibach,  oil  l’on  peut  s’adresser  par  lettre.  On  trouvera  dgalement 
Um  ^  Histoire  naturelle,  5y,  rue  Cuvier,  et  a  la  Sorbonne,  17,  rue  de  la  Sorbonne. 


■  i  ■' 


AVIS 


Le  Bulletin  est  eh  depot  chez  Friedlander,  1 1 ,  Carlstrasse. 
Berlin. 

Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  separdment  aux  prix 
suivants  et  franco  : 

Fr. 

^9-  —  Notes  sur  les  gisements  de  Mollusqucs  comestibles  des  C6tes 
de  France.  —  La  region  d’Auray  (Morbihan)  avec  1  carte, 
par.  L.  Joubin,  professeur  au  Muieuni  d’Histoire  natarefle 
de  Paris  ct  a  I’Institut  Oceanographique . 


MONACO.  —  IMPR.  DE  MONACO. 


N°  90 


-  . 

-  -,Vfc  isy-i 


DE 


‘IMITET  OCLUIMillll'IIlOIE 


(I1  ondation  ALBERT  Ier,  Prince  de  Monaco) 


DESCRIPTION  DE  L’EXTREMITE  posterieure 
DU  CORPS  ANORMALE  CHEZ  DEUX  MO  TELIA 

I'USCA  Risso  (AVEC  I'NE  PLANCHE  DOUBLE) . 

Par  le  D*  M.  Jaquet 

Conservateur  au  Mus6e  Oceanographique. 


■A.V  I  S 


l.es  auteurs  sont  pries  de  se  conformer  aux  indications  suivantes  : 

t"  Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congres 
internationaux. 

2°  Supprimer  autant  que  possible  les  abreviations. 

Donner  en  notes  au  bas  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

4°  Ecrire  en  italiques  tout  nom  scientifique  latin. 

5°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  B.)  ou 
a  l’encre  de  Chine. 

0"  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papiers 
caiques  les  recouvrant. 

7“  baire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noir  sur 
papier  precede. 

8°  Remplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  le 
texte  en  donnant  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d’un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu'on  desire. 


Les  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  I  Is  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nombre  quelconque  —  faire  la  demande  sur  le 
manuscrit  —  suivant  le  tarif  suivant  : 


Un  quart  de  feuille 
Une  demi-feuille. . . 
Une  feuille  entiere. 


50  ex. 

100  ex. 

150  ex. 

4^  » 

5f  20 

6f  80 

4  7° 

6  70 

S  80 

8  io 

9  80 

i3  80 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

8f  40 

10  f4° 

I  80 

1 1  » 

1 3  40 

22  80 

16  20 

19  40 

35  So 

11  faut  ajouter  a  ces  prix  celui  des  planches  quand  il  v  a  lieu. 


Adiesser  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  a  I’aJresse  suivunte  . 
Musee  oceanographique  (Bulletin),  Monaco. 


Bulletin  de  l’Institut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  X",  Prince  de  Monaco) 

N°  90.  —  16  Janvier  1907. 


Description  de  l’extremite  posterieure  du 
corps  anormale  chez  deux  Motella  fusca 
Risso. 

Par  le  Dr  M.  JAQUET 
Conservateur  au  Mus6e  Oceanographique. 


Au  rnois  de  septembre  iqo5,  parmi  les  Poissons  apportes  au 
marche'  de  Monaco,  se  trouvait  une  Motella  fusca  dont  1  extre- 
Riite  posterieure  paraissant  tronquee,  ne  presentait  aucune  trace 
lie  nageoire  caudale.  Elle  se  terminait  brusquement  en  deux 
lobes  (Pig.  1)  :  un  superieur  (a),  un  inferieur  (b),  nettement 
separe's  Fun  de  1’autre  par  une  entaille.  Le  premier  s’incurvant 
xers  le  bas,  tandis  que  le  second  se  relevait.  Grace  a  cette  dispo¬ 
sition,  les  derniers  rayons  de  la  nageoire  dorsale  s’etalaient  en 
on  entail  et  passaient  a  gauche  de  ceux  de  la  nageoire  anale  qui, 
iie  leur  cote,  se  relevaient  en  eventail  dirige  en  haut. 

B  animal  mesurait  dans  sa  plus  grande  longueur  i5  centime- 
11  eS-  Bu  bord  du  museau  a  la  base  de  la  nageoire  pectorale,  on 
compte  en  ligne  droite  35  millimetres.  Ayant  trouvd  un  individu 
i^ont  cette  derniere  longueur  etait  identique  a  celle  mesuree 
chez  notre  exemplaire,  nous  lui  notons  une  longueur  totale  de 
~°  centimetres.  II  en  decoule  que  la  Motelle  anormale  a  ete' 
rdCc°urcie  de  5  centimetres.  En  comparant  le  nombre  total  des 
ertebres  des  deux  individus,  on  voit  que  le  typeanormal  accuse 
nc  ‘Elation  de  8  vertebres  et  demie.  Comme  il  etait  interessant 
rechercher  quelle  pouvait  etre  la  cause  directrice  de  la 


2  — 


deformation,  nous  avons  prdpard  le  squelette  de  l’extremite  du 
corps  d  un  individu  normal  et  cclui  de  notre  exemplaire  afin 
d’en  etudier  comparativement  les  conformations. 

La  nageoire  caudale  de  la  Mntella  fused  est  nettement  deta¬ 
cher  des  nageoires  dorsale  et  anale  par  un  court  intervals 
ddpourvu  de  rayons.  Elle  est  diphycerque;  son  bord  posterieur 
est  arrondi  en  demi-cercle  a  convexite  dirigec  en  arriere.  Le 
nombre  des  rayons  de  la  nageoire  s’clevc  dans  la  plupart  des 
types  examines,  a  04  :  17  pour  la  moitie  dorsale  et  17  pour  la 
moitie  ventrale.  Les  premiers  sont  cxactemcnt  semblables  aux 
seconds  et  pour  la  taille  et  pour  la  forme.  Les  ante'rieurs  sont 
les  plus  courts;  les  cinq  premiers,  aussi  bien  en  haut  qu’enbas, 
nc  pre'sentent  pas  trace  de  divisions  transversales;  ce  sont  de 
simples  baguettes  tres  eflildes.  Le  sixieme  compte  trois  divisions 
transversales  tres  espacees.  Ce  n’est  qu’a  partir  du  septieme  que 
les  divisions  sont  nombreuses  et  que  le  dbdoublement  dichoto- 
mique  commence. 

Le  squelette  de  la  nageoire  caudale,  celui  qui  comprend  les 
vertebres  et  leurs  de'pendances,  est  des  plus  interessant  pai  son 
caractere  de  grande  simplicity  (Fig.  2  .  Huit  vertebres  y  prennent 
part,  se  suivant  les  unes  les  autres  en  ligne  droite  avec  le  reste 
de  la  colonne.  La  derniere  sculc  differe  des  prdebdentes,  niais 
non  d’une  facon  bien  prononcee,  comme  nous  le  verrons  tout  a 
l’heure.  Disons  d’abord  que  les  neurdpines  (a)  et  les  hdmepines 
(b)  de  la  re'gion  caudale  sont  bien  developpees  et  diminuent  in 
sensiblement  de  longueur  au  fur  et  a  mesure  que  l’on  s’avance 
vers  les  vertebres  qui  supportent  les  rayons  de  la  nageoire  cau 
dale.  Les  os  interepineux  (c)  des  vertebres  de  la  region  pie^e 
dant  la  nageoire  caudale  sont  en  gdne'ral  au  nombre  de  deux 
dans  l’intervalle  compris  entre  les  extremites  de  deux  neurepmeS 
successives.  Le  dernier  intervalle  en  compte  meme  trois.  Au* 
os  interepineux,  font  suite  les  rayons  qui  tous  sont  divise's  traits 
versalement  et  ramifies.  Le  dernier  os  interepineux  en  etant 
depourvu,  fait  exception.  L'intervalle  compris  entre  la  neurepine 
de  la  vertebre  pre'cedant  la  premiere  de  la  nageoire  caudale  et 
neurepine  de  cette  derniere  ne  renferme  aucun  os  interepineux- 
II  en  est  de  meme  ventralement. 


Abordant  maintenant  la  region  de  la  nageoire  caudale,  nous 
voyons  que  les  neurepines  (d)  et  hemepines  (e)  s’allongent  beau- 
coup.  Leur  longueur  diminue  en  allant  de  la  premiere  a  la  cin- 
quieme  qui  sont  les  seules  conservant  d’une  maniere  generate 
les  caracteres  que  possedent  celles  placdes  au  devant  d’elles.  II 
ya  bien  deldgdres  differences,  mais  d’ordre  tout  a  fait  secondaire, 
tel  que  1’allongement  et  l’dlargissement  de  l’extremite  libre, 
alors  que  cette  derniere  est  acdrde  aux  appendices  des  vertebres 
anterieures. 

Les  os  interdpineux  ont  totalentent  disparu  dans  la  region 
de  la  nageoire  caudale  et  la  base  des  raj'ons  enserre  soit  l’extrd- 
mite  des  neurepines  et  hemepines,  soit  une  bande  fibreuse  tres 
dense  qui,  courbee  en  ellipse,  relie  entre  el  les  ces  extremites. 
Les  cinq  premieres  vertebres  de  la  nageoire  caudale  ne  different 
done  que  tres  peu  des  vertebres  qui  les  precedent  immddiate- 
tnent.  La  differenciation  ne  porte  que  sur  les  trois  dernieres  de 
la  colonne.  Et  ici,  nous  trouvons  quelques  variantes  suivant  les 
individus,  variantes  qui,  il  est  vrai,  se  laissent  ramener  a  un 
meme  type. 

L  antepdnultidme  vertebre  (a,  Fig.  3)  ressemble  aux  precd- 
dentes  pour  le  corps,  les  neurepines  et  les  hemepines  a  cette 
difference  pres,  que  les  extremites  de  ces  dernieres  sont  plutot 
dlaigies  comme  celles  des  appendices  suivants,  tandis  qu’elles  sont 
^tuees  en  pointe  dans  ceux  qui  precedent.  Immddiatement  au 
evant  de  la  neurepine  de  l’antepdnultieme  vertebre,  se  trouve 
Ile  neurdpine  libre  (b)  e’est-a-dire  depourvue  de  neurapophyse 
ne  pienant  pas  contact  direct  avec  le  corps  de  la  vertebre. 

/  est  Llne  lausse  neurdpine.  Quant  a  la  penultieme  vertebre  (c), 
C01ps,  semblable  a  celui  de  la  vertebre  qui  precede,  ne  porte 
'  clu  un  rudiment  d’apophyse  epineuse  (d)  qui  se  termine 
cinent,  sous  forme  de  canal  neural,  avec  son  congenere.  Sa 

dist'^^^6  CSt  ^so^e’  e^e  ne  commence  qu'a  une  certaine 
ance  de  1  extrdmitd  libre  de  la  protuberance  neurale.  La  der- 
et  ausse  neurdpine  (f)  est  en  general  accolee  a  la  prdeddente 
Ion  "  menie  que  celle-ci,  n’a  plus  d’attache  directe  avec  la  co- 
ne  \eitebrale;  il  n'existe  meme  plus  de  vestige  d’arc  neural 

Correspondant. 


(9°) 


La  face  ventrale  reproduit  a  pea  prfes  exactement  la  dispo¬ 
sition  que  nous  venons  de  ddcrire  pour  la  facedorsale.  L’ante- 
penultieme  corps  vertebral  emet  deux  apophyses  Females  sur- 
montees  d'une  large  hemepine  h  an  devant  de  laquelle  s’en 
trouve  une  libre,  e’est  la  premiere  fausse  hemepine  (i).  L’avant 
derniere  hemepine  I:  .  est  aussi  fausse.  Quanta  la  derniere  (1), 
contrairement  a  ce  qui  a  lieu  pour  la  neurdpine  correspondante, 
elle  est  soudee  a  la  vertfcbre  par  une  base  ti  es  elargie,  piriforme 
et  d’une  texture  spdeiale  (m).  Le  reste  de  l’hdmdpine  est  souvent 
une  lame  de  fortes  dimensions. 

La  derniere  vertebre  (n)  merite  une  mention  spe'ciale.  Sa 
moitie  anterieure  est  identique  a  la  meme  portion  des  vertebies 
precedentes.  mais  au  lieu  de  presenter  1’elargissement  eontque 
posterieur,  elle  est  c:tiree  en  long  et  tres  aplatie  verticalement, 
de  facon  a  former  une  lame  cn  dventail  toute  d  une  piece  etsans 
cavitd  interne.  Son  bord  ventral  pousse  anterieurement  un  court 
prolongement  dirige  en  arriere  (o)  et  dans  lequel  nous  voyons 
le  dernier  vestige  d'un  arc  hemal  dont  l’e:pine  fait  completement 
defaut.  Dorsalement,  le  corps  de  la  derniere  vertebre  na  plus 
trace  d’apophyse  neuralc. 

La  dissection  de  la  Motelle  anormale  (Fig.  41  nous  nlont,e 
avec  la  derniere  evidence  une  colon nc  vertebrale  tronque'e  btus 
quement.  La  ligne  de  brisure  est  nette,  passe  un  peu  aptes  - 
milieu  de  la  longueur  du  corps  vertebral.  La  ne u repine  (a)  a  ete 
raccourcie  a  peu  pres  de  moitie,  tandis  que  l’hemepine  est  entieie- 
Quant  aux  os  interepineux,  nous  voyons  qu’il  y  en  a  trois  loge 
dans  l’intervalle  entre  les  deux  dernibres  hemepines.  Ce  Lit 
de j a  nous  indique  que  nous  avons  dans  la  derniere  vertebie  ^ 
la  colonne  mutilee,  affaire  a  la  vertebre  pre'cedant  la  premieie 
la  nageoire  caudale  d’un  individu  normal.  Les  rayons  qui  f°n 
suite  aces  os  interepineux  appartiennent  a  la  nageoire  dotsa 
car  ils  sont  divises  transversalement,  ce  qui  n’est  pas  le  caS' 
comme  nous  l’avons  vu,  pour  les  premiers  rayons  de  la  nage°t' 
caudale.  Ventralement  nous  trouvons,  comme  chez  l’indivt 
normal,  trois  os  interepineux  en  partie  encastrds  dans  1  esP‘ 
compris  entre  les  extremites  des  deux  dernieres  he'mepnie^ 
D’apres  ce  qui  precede,  nous  pouvons  dire  que  la  del  met' 


—  5  — 


vertebre  de  notre  individu  anormal  correspond  a  la  derniere  ver- 
tebreen  relation  avecle  squelettedelanageoire  dorsale  d’un  indi¬ 
vidu  normal.  La  nageoire  caudale  manque  done  completement. 

II  est  probable  que  pendant  le  jeune  age  de  la  Motella,  un 
accident  aura  andanti  la  nageoire  caudale  en  la  sectionnant  a 
son  pedoncule.  Les  tissus  voisins  se  seront  recourbes  sur  la  plaie 
et  auront  fini  par  la  recouvrir;  de  la,  cette  courbure  en  sens 
inverse  des  extrdmitds  posterieures  des  nageoires  dorsale  et 
anale.  Mais  il  n’y  a  pas  eu  soudure,  les  deux  lobes  sont  restds 
libres  et  chacun  d’eux  est  completement  entourd  par  les  tdgu- 
ments. 

Quelques  jours  apres  avoir  trouve  au  rnarche  aux  Poissons 
l’individu  dont  il  vient  d’etre  fait  mention,  j’eus  l’occasion 
d'acheter  une  autre  Motella  fusca  a  nageoire  caudale  anormale. 
Ce  second  exemplaire  (Fig.  5),  plus  petit  que  le  precedent, 
mesurait  1 1 cm  5  de  longueur  totale.  L’extremite  du  corps, 
terminee  brusquement,  est  entouree  d  une  maniere  continue 
par  la  nageoire  qui,  toute  d  une  venue,  passe  de  la  dorsale  a 
1  anale.  Ilya  done  ici  une  difference  profonde  d’avec  la  nageoire 
du  premier  individu  decrit,  car  cette  derniere  etait  interrompue 
sur  un  certain  parcours  et  les  extremites  des  nageoires  dorsale 
et  anale  s’etaient  recourbees.  La  longueur,  de  l’extremite  du 
museau  au  sommet  de  l’ouverture  de  l’ouie,  etait  de  ib  millime¬ 
tres-  Un  individu  normal  qui  mesurait  exactenrent  cette  me  me 
longueur  cornpte  i3cm5  pour  le  corps  tout  entier.  Il  s’en  suit 
due  notre  exemplaire  est  ecourte  de  2  centimetres.  Sa  colonne 
vertdbralc  compte  3 9  vertebres,  chiffre  qui  nous  indique  qu  il 
manque  q  articles  pour  arriver  au  total  des  segments  d  une 
colonne  normale.  Comme  les  deformations  interessent  les  diffe- 
1  ents  appendices  des  4  dernieres  vertebres,  nous  devons,  en 
quelques  mots,  dire  comment  se  presentent  chez  un  individu 
normal,  les  os  interepineux. 

Il  s’intercale  tres  souvent  entre  deux  neurepines  successives 
les  extrdmites  de  deux  os  interepineux,  plus  rarement  il  n  y  en 
a  une-  Chaque  os,  tres  allonge  (Fig.  6,  a)  et  dirigd  obliquc- 
ment  en  arriere,  consiste  en  une  fine  baguette  dont  le  diametre 
est  sensiblement  le  merne  jusque  pres  de  son  extremite  distale 

(90) 


—  6  — 

laquelle  s’dvase  eft  entonnoir  b)  qui  recoit  la  portion  vent-rale 
de  l’extrdmite  antdrieure  de  l’osselet  baso-radiaire  (c).  L’enton- 
noir  est  creux  et  sa  cavitd  se  rdtrecit  beaucoiip  a  son  sommet 
pour  s’dlargir  dans  le  reste  de  l’os  interdpineux  dont  les  parois 
sont  ties  minces.  Le  bord  antdrieur  de  l’os,  a  pen  de  distance 
de  l’evasement  en  entommir.  sc  SOUlfeve  en  unecupule  nettement 
distincte  (d)  dans  laquelle  vient  se  loger  l’extremite  postdrieuie 
de  l’osselet  baso-radiaire  qui  fait  suite  a  l’os  interdpineux  prece¬ 
dent.  Les  deux  Hanes  de  1’osselet  sont  reconverts  par  la  base 
elargie  de  chaque  demi-rayon  (e),  base  munie  de  relevements 
mousses  dont  les  uns  s'enfoncent  dans  l’osselet  et  les  autres 
servent  de  points  d’attachc  aux  muscles  de  la  nageoire. 

Notons  pour  terminer,  la  presence  sur  une  certaine  longueur 
du  bord  postdrieur  de  l’interdpineux,  d’une  lamelle  allongee, 
tres  mince  (f),  contre  laquelle  s’inserent  dgalement  des  fibies 
musculaires.  Pour  le  reste  de  la  colonne  vertebrate,  nous  ren 
voyons  a  ce  qui  vient  d’etre  dit  a  propos  de  la  description  de  la 
premiere  nageoire  caudale  atrophiee. 

Reprenant  l’exposd  de  la  nageoire  anormale,  nous  voyons 
(Fig.  7 )  que  le  corps  de  la  3qe  vertebre  differe  des  pre'ce'dents  par 
un  raccourcissement  inusite  de  sa  moitid  postdrieure ;  a)  dont  ‘ 
surface  presente  des  rugosites  qui  font  defaut  aux  autres  verte 
bres.  L’extremite  de  la  neure:pine  de  la  38c  vertebre  est  mousse 
et  devide  dans  sa  direction  (b).  Celle  de  la  vertebre  suivante  est 
a  peine  reconnaissable.  II  n’y  a  pour  ainsi  dire  que  les  apophyses 
neurales  (c)  supportant  une  sorte  de  moignon  elargi  \d)  b111 
represente  la  neurepine.  Ventralement,  les  apophyses  hemales 
existent  (e);  elles  se  recourbent  en  avant  pour  former  un  eperon 
saillant  (f)  tandis  que  1’hdmdpine  (g)  est  rdduite  a  une  coUI^ 
tige  qui  entre  en  contact  avec  l’os  baso-radiaire  d’un  rayron 
la  nageoire. 

A  la  suite  de  la  39e  vertebre,  se  place  une  piece  a 
ne  peut  plus  accorder  le  nom  de  vertebre,  tellement  elle  est 
deformee  (h).  C’est  un  cone  dont  la  base  s’accole  contre  1  aitlC 
precedent.  Dorsalement  et  ventralement,  on  voit  une  petlte 
protuberance  qu’a  la  rigueur,  on  pourrait,  vu  leur  positio11’ 
regarder  comme  un  vestige  des  apophyses  neurale  et  he'male 


Les  os  interepineux  commencent  a  se  modifier  a  partir  de  la 
36e  vertebre.  Du  cote  ventral,  le  second  situe  dans  l’intervalle 
entre  les  htme'pines  des  36e  et  3ye  vertebres  (i,  Fig.  7  et  8)  est 
nettement  brise  en  deux  un  peu  au-dessus  de  la  cupule  laterale. 
Les  extremite's  brisees  sont  legerement  renflees.  La  portion  dis- 
distalc  (k,  Fig.  7)  n’est  pas  situee  a  la  suite  de  la  tige,  mais 
placee  a  cote  d’elle  sur  un  le'ger  parcours.  A  part  cela,  rien 
d’anormal  pour  cet  os.  L’interepineux  suivantf/,  Fig.  7)  est  ega- 
lement  brise,  mais  en  dessous  de  la  cupule  laterale  qui  est  pour 
ainsi  dire  rudimentaire.  Quant  a  I’entonnoir  terminal  (m,  Fig.  7), 
il  est  bien  dtforme,  reduit  a  une  masse  venant  s'accoler  a  l’os 
baso-radiaire  correspondant.  L’os  interepineux  suivant  est  re'duit 
a  sa  portion  distale  (n,  Fig.  7)  laquelle  est  alors  bien  forrnee. 
avec  cupule  laterale  et  entonnoir  terminal  nettement  distincts. 
Le  dernier  os  interepineux  de  notre  individu  est  encore  plus 
raccourci  que  le  prece'dent  (0,  Fig.  7);  il  n’y  a  pour  ainsi  dire  plus 
que  l’entonnoir  terminal  deforme  et  une  cupule  laterale  bien 
constitute.  Accolee  contre  son  extremite  proximale,  se  trouve 
une  piece  tres  tenue  (p,  Fig.  7)  placee  verticalement  et  qui  pour- 
tait  bien  etre  le  representant  du  reste  brise  de  l’os  interepi¬ 
neux.  Dorsalement,  les  os  interepineux  ont  moins  souflert.  La 
deformation  consiste  en  une  de'viation  des  deux  os  qui  avoisinent 
la  neure'pine  de  la  ‘i-]c  vertebre,  deviation  qui  rejette  brusque- 
ment  en  arriere  la  moitie  superieure  de  l’os  (g,  Fig.  7).  Il  ny  a 
done  ici  plus  de  fracture,  mais  il  semble  que  ce  dernier  inteie:- 
pmeux  etait  sur  le  point  de  se  briser. 

Les  raj'ons  de  la  nageoire  presentent  de  profondes  modifica¬ 
tions.  De'ja  celui  qui  depend  de  1’os  interepineux  qui  est  en  rela¬ 
tion  avec  la  35c  neurepine  a  une  de  ses  moities  laterales  reduite 
a  la  partie  basilaire  non  segmentee  (a.  Fig.  8).  Les  rayons  qui 
1  eniplacent  ceux  de  la  nageoire  caudale  ont  leur  base  modifiee 
au  plus  haut  point.  D’abord,  ils  n’ont  pas  de  liaison  directe 
avec  le  corps  vertebral.  Ensuite,  on  ne  distingue  plus  trace  de 
la  base  elargie  des  rayons;  ou  bien  le  rayon  se  termine  en  pointe, 
°u  bien  plusieurs  d’entre  eux  se  fusionnent  ensemble  de  facon 
a  former  une  lame  commune  (b,  fig.  8)  de  laquelle  partent  les 
laJons.  Ceux  de  la  ligne  mediane  s’entremelent  les  uns  aux 

(90) 


— 


—  8  — 

autres  de  maniere  a  former  un  treillis  dans  lequel  il  est  difficile 
dc  suivrc  la  marche  des  rayons.  Kt  les  teguments  enveloppent 
le  tout  sans  interruption. 

II  est  bien  difficile  de  pr&iser  la  cause  ddformante  de  l’extre- 
mite  du  corps  de  notre  Motella.  Tout  ce  que  I’on  peut  dire,  c’est 
qu  elle  a  du  sc  produire  dans  le  tout  jcunc  age  de  l’animal,  elle 
aura  fait  disparaitre  ou  empechd  le  developpement  normal  des 
dernieres  vertebres  et  de  leurs  appendices. 


LEGENDS  DES  FIGURES 


Motella  fusca.  Extremite  posterieure  du  corps,  a,  nageoire  dor- 
sale;  b,  nageoire  anale. 

Extremite  posterieure  du  squelette  axial  avec  dependances.  a, 
neurepine;  b,  hemepine;  c,  os  interepineux;  d,  neurepine 
d'une  vertebre  de  la  nageoire  caudale;  e,  hemepine  d’une  ver¬ 
tebre  de  la  nageoire  caudale. 

Dernieres  vertebres  de  la  colonne  avec  leurs  dependances.  a,  an- 
tepenultieme  corps  vertebral;  b,  premiere  fausse  neurepine; 
c,  penultieme  corps  vertebral;  d,  rudiment  d’apophyse  epi- 
neuse;  e,  seconde  fausse  neurepine;  /,  troisieme  fausse  neu¬ 
repine;  h ,  hemepine  de  l’antepenultieme  vertebre;  i,  premiere 
fausse  hemepine;  k,  seconde  fausse  hemepine;  /,  derniere 
hemepine;  m ,  base  de  la  derniere  hemepine;  n,  derniere  ver¬ 
tebre;  o,  rudiment  d’apophyse  hemale. 

Squelette  de  l’extremite  posterieure  de  la  colonne  vertebrale. 
a,  neurepine. 

Motella  fusca  anormale.  Grandeur  naturelle. 

Deux  os  interepineux  dont  un  supporte  la  base  d’un  rayon  de  la 
nageoire;  a,  os  interepineux;  b,  extremite  distale  elargie  en 
entonnoir;  c,  osselet  baso-radiaire ;  d,  cupule  laterale ;  e,  base 
elargie  du  ravon  de  la  nageoire;  f,  lamelle  pour  insertion 
musculaire. 

Extremite  de  la  colonne  vertebrale.  a,  moitie  posterieure  de  la 
trente-neuvieme  vertebre;  b,  neurepine  de  la  trente-huitieme 
vertebre;  c,  apophyse  neurale;  d,  neurepine  rabougrie;  e, 
apophvse  hemale;/,  portion  recourbee  de  l’apophyse  hemale; 
g,  hemepine;  /t,  dernier  corps  vertebral;  i,  premier  corps  in¬ 
terepineux  deforme  de  la  nageoire  anale;  k,  extremite  distale 
de  l’os  interepineux  i;  l,  second  os  interepineux  deforme;  m, 
entonnoir  terminal  de  l’os  interepineux  l;  n,  troisieme  os  in¬ 
terepineux  deforme;  o,  dernier  os  interepineux  de  la  nageoire 
anale;  p,  vestige  de  la  tige  du  dernier  os  interepineux  de  la 
nageoire  anale;  q,  dernier  os  interepineux  de  la  nageoire  dor- 
sale. 

Squelette  de  1’extremite  posterieure  du  corps,  a,  moitie  atro- 
phiee  d’un  rayon  de  la  nageoire  dorsale;  b,  base  des  rayons 
situes  a  la  place  de  la  nageoire  caudale;  i,  premier  os  intere¬ 
pineux  deforme  de  la  nageoire  anale. 


. 


, 

INSTITUT  OCEANOGRAPHIQUE 


FONDATION  ALBERT  I",  PRINCE  DE  MONACO) 

Reconnu  d’utilite  publique  par  Decret  du  16  Mai  1906 


EnSEIGNEMENT  PoPULAIRE  DE  L  OcEANOGRAPHIE 


CONFERENCES  de  1906-1907 


Ces  Conferences  auront  lieu  le  samedi,  a  9  heures  du  soir 
A  LA  SOFtlEJOIVIVE]  (Amphitheatre  Descartes) 

(Entree  par  la  porte  de  la  rue  de  la  Sorbonne  n°  ij) 


Samedi  17  Novembre  1906 

M.  BERGET 

l)»i:lenr  esAcientes,  charge  de  Conferences  ij  la  Sorbonne 

Mouvements  de  l’atmosphere  au-dessus 
des  Oceans.  —  Vents  aiizes.  —  Regions 
ues  calmes  equatorial! x. 


Ordre  des  Conferences 

Samedi  19  Janvier 

M.  JOUBIN 


Samedi  24  Novembre 

M.  le  D<  CHARCOT 
Comman Jam  de  PExpedilion  a n (arctique  francaisc 
-es  moeurs  desanimaux  de  l’Antarctique. 


Samedi  l«r  Ddcembre 

M.  le  Dr  JOUBIN 
I’rofessenr  an  Museum  d'llisloire  \alnrclle 

l-a  Presqu'ile  de  Quiberon. 


Samedi  8  Decembre 

E  le  l)i  FOR  1  IP. R,  Direclcur-Adjiiiul  .dll 
Laboratoire  de  Pliysiologie  ii  la  Sorbonne 

1  hysiologic  des  animaux  polaires. 


Samedi  15  Decembre 

ntcl  .  :M ■  Gabriki.  BERTRAND 

S  ,“c*l!tlces’  dieegii  de  Coma  a  la  Faculle  des  Sciences 

Ci  composition  chimique  de  la  mer 
au  Pomt  de  vue  industriel. 


Samedi  22  Decembre 

M  •  I  A  B R  E  -  D  O  M  ERG  II  E 
!  'nspectcur  general  des  Pfrl.es  Marilimes 

cthodes  aetuelles  de  la  Pisciculture. 


Samedi  5  Janvier  1907 

v  -M.  BERGET 

uliziis  U^Cr*<nlrs, retour.  —  Gontre- 
•Ilona'en  Kccherches  du  Prince  de 
•  ~~  Moussons. 


Samedi  12  Janvier 


Prf,;  le  ^  MAIL  LAIRD 

j  Cl11  '1»le£c  a  la  Faculle  dc  Me’decine 

AllS|tl,ies  chimiques  de  la  mer. 
'  'ndusirie  saliniere. 


l.es  commencaux  et  les  parasites  des 
animaux  marins. 


Samedi  26  Janvier 

M.  PORTIER 

Les  ressources  alimentaires  de  la  mer 
(ire  partie). 


Samedi  2  Fevrier 

M.  Gabriel  BERTRAND 


La  composition  du  milieu  marin 
au  point  de  vue  biologique. 


Samedi  9  Fevrier 

M.  BERGET 

Regimes  exceptionnels  des  vents  ocea- 
niqp.es.  —  Cyclones  et  typhons. 


Samedi  16  Fevrier 

M.  JOUBIN 
L’industrie  ostreicole. 


Samedi  23  Fevrier 

M.  PORTIER 

Les  ressources  alimentaires  de  la  mer 
(2C  partie). 


Samedi  2  Mars 

M.  MAII.LARD 

Les  industries  chimiques  de  la  mer. 
2°  L’industrie  des  varechs. 


Samedi  9  Mars 

M.  BERGET 

Particularites  des  surfaces  oceaniques  au 
point  de  vue  du  magnetisme  terrestre 
et  de  la  pesanteur. 


Samedi  16  Mars 

M.  PORTIER 

Les  organes  des  sens 
;hez  les  animaux  marins. 


‘•CS  p  > 

:'|  1,1  diSDotitS;<)nilc's  qui  desirent  a -s<  is  ter  anx  Conferences  devront  etrc  munies  de  cartes.  —  Ces  cartes  sont 
'  "-L'  .\  s  ]e  Prince  de  Monaco,  io,  avenue  da 

T  ’’ — *i,  oil  Ton  peut 

_  _ _  Ltvier- et  17,  rue 

Sorbonne. 


1  u  disPos  ti  aS  qui  d 
!;;ci>jii-oS''!! du  puw 

. adre.SSf.-  *  ‘  SerrAt 


i tv,  10  et  au  of11  ,'Ic.'au  Secretariat  scientifique  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  d 
I  ,  Js°r  Par  ]fiir,JeCAtariat  Proviso  ire  de  l'lnstitut  Oc<§anographique,  2,  rue  T.ogelbadi, 
Sorbonn,.  C  ,9n  e,l  trouve  eijalenient  au  Museum  d’Histoire  naturelle,  57,  rue  Cuv 
•  il  la  Sorbonn,. 


A  V  I  S 


Le  Bulletin  est  en  depot  chez  Friedlander,  11,  Carlstrasse. 

Berlin. 

Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  separement  aux  prtx 
suivants  et  franco  : 

Fr. 

88.  —  Analyse  des  echantillons  d'can  de  mer  recueillis  pendant  la 

Campagne  du  yacht  Princesse-Alicc  cn  iqob,  (latri  espe- 
ranta  traduko),  par  G.-H.  Ai.i.emandet  . . .  0  , 

89.  —  Notes  sur.les  gisements  de  Mollusques  comestibles  ties  Cotes 

de  France.  —  La  region  d'Aurav  (Morbihan)  avec  t  carte, 
par.  L.  Joubin,  professeur  au  Museum  d'Histoire  naturclle 
de  Paris  et  a  l’lnstitut  Oceanographique .  2 

90.  —  Description  de  l’extremue  posterieure  du  corps  anormale 

chez  deux  Motella  fusca  Ftisso,  par  le  D'  M.  Jaqoet, 
Conservateur  au  Music  Oceanograpluque  (avec  utie  plan- 
che  double) . . . .  1 


MONACO.  —  IMPR.  DE  MONACO. 


91 


10  5'e'vrier  1907. 


BULLETIN 


DE 


(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 


- - <8* - : - - 

ANALYSE 

DE  QUELQUES  ECHANTILLONS  DE  PELAG05ITE 
RECUEILLIS  DANS  LE  PORT  DE  MONACO 

(KUN  ESPERANTA  TRADUKO) 


Par  G.-H.  Allsrciandet 


MONACO 


AVI  S 


I.es  auteurs  sont'pries  de  se  conformer  aux  indications  suivantes  : 

i  Appliquet  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congres 
internationaux. 

2°  Supprimer  autant  que  possible  les  abreviations. 

;'.C  *->onner  °u  notes  au  bas  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 
btbhographiques. 

4°  Ecrire  en  italiques  tout  nom  scientifique  latin. 

Uessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  B.)  ou 
a  1  encre  de  Chine. 

ti°  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  niais  sur  les  papiers 
caiques  les  recouvrant. 

7°  I  aire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noir  sur 
papier  procede. 

S«  Kemplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  le 
textc  en  donna’nt  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d’un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 


%  * 


C>-s  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  Ils  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nombre  quelconque  —  faire  la  demande  sur  le 
manuscrit  suivant  le  tarif  suivant  : 


Un  quart  de  feuille 
Une  dcmi-feuille. . . 
Une  feuille  entiere. 


50  ex. 

100  ex. 

150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

5^20 

6f  80 

8f  40 

10  <40 

I^f  80 

4  7« 

6  70 

8  80 

I  I  » 

l3  40 

2  2  80 

8  10 

9  80 

i3  80 

16  20 

19  40 

35  So 

II  faut  ajouter  a  ces  prix  celui  des  planches  quand  il  y  a  lieu. 


A  dresser  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  d  I’adresse  suivante  : 

Musde  oc^anographique  (Bulletin),  Monaco. 


Bulletin  de  l’Institut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 

N°  gi.  —  10  Fevrier  1907. 


Analyse  de  quelques  echantillons 
de  Pelagosite  recueillis  dans  le 
port  de  Monaco. 

(KIN  ELS  PE  R  AN  J  A  .TRADUKO) 

'  Par  G.-H.  ALLEMANDET. 


La  Piii.AGosrni  est  un  depot  gris  noiratre,  brill  ant,  tres  dur  et 
trcs  compact,  qui  sc  forme  irregulierement  et  par  grappes  sur 
Ls  roches  dolomitiques  de  certaines  cotes,  et  particulierement 
de  celles  de  la  Mediterranee.  C’est  ainsi  que  cette  matiere  a  deja 
ete  signalee  en  1877-78  au  Cap  Ferrat,  pres  de  Nice  et  analysee 
P^'  M.  S.  Cloez. 

Llle  est  egalement  abondante  sur  les  rochers  du  port  de 
Monaco,  du  Cap  Martin,  et  du  Cap  Roux.  Elle  se  de'pose  a 
quelques  metres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  aux  endroits 
°u  les  vagues  ne  peuvent  pas  atteindre,  mais  que  les  embruns 
Uennent  mouiller  pendant  les  mauvais  temps. 

La  figure  suivante  montre  un  morceau  de  dolomie  recou- 
ert  concretions  de  pelagosite. 

Monsieur  le  Dr  Richard,  qui  m’avait  fait  remarquer  l’abon- 
ance  et  1  originalite  de  ces  depots  aux  environs  de  Monaco,  m  a 
^  611  re^re  Panalyse  et  de  publier  mes  resultats  dans  le 
Mletin  de  l’lnstitut  Oceanographique. 

ai  d  abord  remarque  qu'en  attaquant  la  substance  pulve- 
^  pat  les  acides  etendus,  il  restait  comme  residu,  en  dehors 


des  insolubles  mindraux  qui  sc  d^posaient  rapidetnent  au  fond, 
line  matiere  noire,  tloconneusc.  tres  lcgerc.  avant  toutes  les  res- 
remblances  avec  les  albuminoi'des  coagulds;  et  si  ensuite  on 
maintenait  la  solution  acide  pendant  quelque  temps  it  la  tempe¬ 
rature  de  1’ebullition,  il  ne  restait  plus  de  matiere  organique 
dans  la  liqueur  filtrde.  En  ellet.  en  evapm  ant  a  sec  et  en  chauf- 
lant  sur  une  lame  de  platine  quelques  gouttes  du  liquide  filtre, 
je  n’ai  pas  constate  le  charbonnement  caracteristique  des  tna- 
tieres  organiques. 

11  est  done  a  supposer  que  cette  matiere  organique  est  forme'e 
par  les  albuminoi'des  qui  composent  l’ecume  de  la  mer,  et  que 


Echantillon  de  Pelagosite  du  port  de  Monaco. 


les  embruns  soulevent  pour  les  deposer  sur  la  pe'lagosite  en  fQl 
mation.  Elle  sert  done  de  ciment  au  calcaire  qui  forme  la  Pie:' 
que  totality  de  cette  substance. 

La  marche  gene'rale  que  j’ai  suivie  pour  nion  analyse  est 
suivante : 

La  pelagosite,  detachee  du  rocher  au  moyen  d’un  burin  et 
pulverisee  finement  au  mortier  d’Abich,  est  enfermee  dans  un 
flacon  bouche  a  l’emeri. 

Sur  une  portion,  on  dose  l’humidite  par  perte  de  pioids. 

Line  autre  portion,  de  iogr.  environ,  est  traitee  par  HC1 
etendu,  avec  precaution,  it  cause  de  la  mousse  abondante  qul 
forme  a  la  surface  du  liquide.  On  maintient  ensuite  pendan1 


—  3  — 


quelque  temps  a  la  temperature  du  bain-marie  pour  coaguler 
toutes  les  matieres  organiques  et  l’on  filtre  a  travers  un  filtre 
tare.  On  lave  Ie  residu  sur  le  filtre,  et  1’on  seche  a  l’etuve  a  ioo°. 
On  refait  la  tare  du  filtre  :  l’augmentation  de  poids  est  consti- 
tuee  par  les  insolubles  mine'raux  et  la  matiere  organique.  En 
calcinant  ensuite  le  tout  au  moufle  dans  une  capsule  de  platine 
taree,  la  matiere  organique  est  eliminee,  et  il  reste  les  insolubles 
mineraux;  on  a  done,  par  difference,  la  matiere  organique. 

Le  filtratum  est  arnene  a  un  volume  connu,  5ooc/c  par  exem- 
ple.  Sur  iooc/c,  on  precipite  les  sulfates  a  1’ebullition  par  Ba  CL. 
Le  precipite  de  Ba  S04  est  lave,  calcine,  puis  purifie  par  desa- 


gre'gation  et  repre'eipitation,  car  il  entraine  souvent  avec  lui  des 
substances  etrangeres. 

Sur  une  autre  portion,  que  Ton  peroxyde  a  l’ebullition  par 
quelques  gouttes  de  HNOs,  on  precipite  Fe203  par  NH4OH. 
Le  filtratum  est  arnene  a  un  volume  connu,  et,  sur  une  portion, 
on  precipite  CaO  par  Am2C204.  Le  pre'eipite,  apres  12  heures 
1  epos,  est  recueilli  sur  un  filtre  et  lave  completement  a  l’eau 
distillee;  puis,  on  creve  le  filtre  avec  la  pointe  d’un  agitateur, 
ct  1  on  fait  passer  le  precipite  dans  un  ballon  jauge.  Le  filtre  est 
plusieurs  fois  humecte  avec  HC1  e'tendu,  puis  lave'  longtemps  a 
eau  distillee,  Le  pre'eipite  est  dissous  dans  le  ballon  jauge  par 
quantity  d’HCl  juste  ndeessaire.  On  affleure  au  trait  de  jauge, 
kj  on  tltle  1  acide  oxalique  par  une  liqueur  de  KMn  04  convena- 
e-  Le  procedd  de  dosage  de  CaO  est  tres  commode  quand  on 
^eut  Pas  chauffer  le  precipite  de  CaC204  assez  fort  pour  le 

transformer  en  CaO. 

h)ans  le  filtratum,  on  precipite  MgO  a  l’etat  de  phosphate 
nioniaco-magnesien  et  Ton  pese  a  l’e'tat  de  Mg2P207. 

■a  j,  U1  un  autre  dchantillon  de  matiere  premiere  que  Ton  dpuise 
'au  bouillante,  on  dose  NaCl  par  titrage  avec  une  liqueur 

c°ttvenabledeAgN03. 

azote  organique  est  ensuite  dose  par  1’attaque  Kjeldahl 
arr£tngee  de  cette  facon  : 


la 


On 


introduit  5gr.  de  substance  avec  2oc/c  du  melange 
H2S04  fumant  pour  Kjeldahl  5oo  % 

O5  100  gr. 


(9ri 


—  4  — 


dans  un  ballon  dc  3ooc/c.  On  chaufle  sous  une  hotte  bien  aeree, 
pendant  un  temps  variant  de  |  a  8  heures,  a  une  temperature 
voisine  de  l'^bullition.  Quand  le  liquide  passe  au  brun  clair,  on 
retire  du  feu,  et on  laissetomber  dans  le  ballon  un  peu de poudre 
de  KMn O4,  en  agitant  constamment.  II  se  produit  une  reaction 
violente,  avec  un  abondant  ddgagement  de  vapeurs  verdatres. 
Le  liquide  se  decolore,  devient  bleu,  puis  blanc,  puis  reste 
souvent  bleu.  La  reaction  est  alors  terminde,  et  on  laisse  re- 
froidir. 


Ce  precede  d’attaque  donne  les  memes  resultats  quel  attaque 


simple  par  H2S04  -+-  P2 Os  et  que  l'attaque  cn  pr 


esence  de 


HgO  jaune.  II  a  sur  la  premiere  1'avantage  d’etre  plus  tapide, 
et  souvent  plus  compiet,  et  sur  la  seconde,  celui  de  ne  pas  neces 
siter  l’emploi  ulterieurde  K2  S  qui  est  ddsagreable. 

Le  liquide  acide  est  ensuite  verse  dans  un  ballon  de  i5oo  /o, 
etendu  d’eau,  puis  alcalinisd  doucement  avec  une  lessive  con 
centrde  de  KOH,  en  ayant  soin  d’eviter  toute  elevation  de  tent 
perature.  On  distille  ensuite  pendant  1  h.  1/2  dans  1  appaiet 
Schloesing,  en  recueillant  les  produitsde  la  distillation  dans  2  c 


d’une  liqueur  de  H2S04-^-,  rougis par  une  goutted  hdlianthinei 

too  7 

et  Ton  s’arrange  pour  eviter  a  cet  acide  le  contact  prolonge 

,  traces  de 

l’atmosphere  du  laboratoire  qui  contient  toujours  cies  uc 
NH3.  Apres  la  distillation,  on  titre  l'exces  d’acide  avec  ui 
liqueur  equivalente  de  Ra  (0H)2. 

Dans  une  experience  a  blanc,  faite  sur  0°,  5  de  sucie, 
determine  prealablement  la  quantite  de  NH:t  contenue  dans^^^ 
differents  reactifs  employes,  et  on  retranche  chaque  fois  CL 
quantite  du  nombre  trouve. 

Cette  methode,  que  j’ai  employee  pour  l’analyse  de  11 
breux  echantillons  de  fonds  rnarins  rapportes  des  campagnes 
S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  m’a  toujours  fourni  des  iesU 
constants,  et  m’a  paru  d’une  execution  tres  facile. 

J’ai  enfin  dose'  l’acide  carbonique  par  perte  de  poids  sur  0 
de  la  substance  dans  l’appareil  de  Schrcedter, 


Void  les  resultats  de  l’analyse  : 

Humidite . 

Insolubles  (Si  02  H-  argile  ferrugineuse) .  o.5‘2 

Matieres  organiques  coagulables  par  la  chaleur  et  les  acides  o.q3 

Carbonate  de  chaux . 87.16 

Sulfate  de  chaux .  I-0^ 

Carbonate  de  magnesie .  5,17 

Peroxyde  de  fer .  o.75 

Chlorure  de  sodium .  0.26 

Total...  100.07 

I  ai  trouve  en  outre  : 

Azote  total  (dose  a  l’etat  de  NH3) :  3oo  milligr.  par  kilogr. 
Acide  carbonique .  41.24  °/°. 

Les  re'sultats  de  cette  analyse  sont  tres  voisins  de  ceux  de 
Cloezmavec  cette  difference  cependant  que  les  echantillons 
examines  par  lui  contenaient  beaucoup  moins  de  magnesie  que 
ceux  que  j’ai  recueillis. 

La  composition  de  ce  depot  peut  donner  quelques  indications 
j'u  P°mt  de  vue  de  son  mode  de  formation,  et  sernble  confirmer 
es  idees  qui  ont  etd  emises  a  ce  sujet,  a  savoir  que  la  pelagosite 
est  le  lesidu  de  1’evaporation  des  gouttes  d’eau  de  mer  que  les 
etnbiuns  deposent  sur  les  rochers,  et  que  les  pluies  lavent  ensuite 
n  dissolvant  toutes  les  parties  solubles.  La  matiere  organique 
^fi.t  eiuient  a  ces  concretions  calcaires,  auxquelles  viennent 
fioutei  irregulierement  quelques  poussieres  siliceuses  amendes 
Par  les  vents. 


1  A rote  :  Analyse  cle  S.  Cloez  :  Carbonate  de  chaux...  91.80 


Carbonate  de  Magnesie  o.go 

Oxyde  de  fer .  0.25 

Chlorure  de  sodium  . . .  0.49 

Silice..., .  1.22 

Matiere  organique .  0.71 

Eau .  4-56 


99-93 


(9i) 


BIBLIOGRAPHIE 


1877-78.  S.  Ci.oez.  —  Note  sur  une  maliere  minerale  d’apparence  vitreuse 
qui  se  depose  sur  les  rocliers  du  littoral  de  la  Mediterranee. 
(Bulletin  de  la  Soeiete  Geologique  de  France,  3e  serie,  v£-74-) 

1890.  J.  Thoulet.  —  Oceanographie  statique,  p.  271. 

1900.  de  Lapparent.  —  Traite  de  Geologie,  p.  337. 


Pri  la  analizo  de  kelkaj  specimenoj 
de  Pelagosito  kolektitaj  en  la 
haveno  de  Monako. 


La  Pelagosito  estas  demetajo  nigre  grisa,  brila,  tre  malmola 
baj  tre  kompakta,  kiu  formigas  malregule  kaj  grajnare  sur  la 
stonegoj  dolomiaj  dc  iaj  marbordoj,  kaj  spieciale  de  tiuj  de  la 
Mezamaro.  Tiel  tiu  materio  estas  jam  signalita  en  i877a-78a  ce 
la  promontoro  Ferrat,  proksime  al  Nice,  kaj  analizita  de  S°  S. 
Cloez. 

A 

Li  estas  ankau  suficega  sur  la  stonegoj  de  la  haveno  de  Mo- 
nako,  de  la  promontoro  Martin,  kaj  de  la  promontoro  Roux.  (ii 
denretigas  je  kelkaj  metroj  super  la  marnivelo,  ce  la  lokoj  kien 
'a  Ondoj  ne  povas  trafi,  sed  kiujn  la  sprucajoj  akvumadas  dum 
L  nralbonaj  veteroj. 

La  antaua  gravurajo  montras  pecon  da  dolomio  kovritan  per 
pel agosita j  grajnoj  pli  aii  malpli  kunigitaj. 

_  Sinjoro  D°  Richard,  kiu  rimarkigis  al  mi  la  suficegecon 
uli  la  strangecon  de  tiuj  demetajoj  en  la  cirkauajoj  de  Monako, 
CStas  m^n  petinta  refari  ties  la  analizon,  kaj  publikigi  miajn  re- 
ZL|ltatojn  en  la  Bulletin  de  Plnstitut  Oceanographique. 

Mi  unue  rimarkis  ke,  atakante  la  pulvorigitan  stofon  per  la 
‘dkoncentritaj  acidoj,  restis  restaje,  kroni  la  nesolveblafoj  mi- 
‘ldlal  ^*u)  dcmetigis  rapide  sur  la  fundon,  materio  nigra,  floka, 
niJlpeza,  havanta  ciujn  la  similajojn  kun  la  albuminojdoj 
|.  ’  ka)  se  poste  oni  konservis  la  solvajon  aeidan  dum 

’a  tempo  ce  la  bolpunkto,  nenia  restis  plu  organikajo  en  la 
hltrita  Hkvoro. 


Efektive,  elvaporigante  gis  la  seko,  kaj  hejtante  sur  platena 
lameno  iajn  gutojn  da  la  liltrita  likvajo,  mi  nc  konstatis  la  kar- 
bigon  kiu  karakterizas  la  organikajojn. 

Estas  do  konjektote  ke  la  organikajo  estas  formita  per  la  al- 
buminojdoj  cl  kiuj  konsistas  la  marlaftmo,  kaj  kiujn  la  sprucajoj 
sublevas  por  ili n  demcti  sur  la  pelagositon  ekformigantan.  Gi 
servas  do  je  cemento  al  la  kalkajo  kiu  formas  tiun  preskau  tutan 
stofon. 


La  generala  irado  kiun  mi  uzadis  por  mia  analizo  estas  la 
sekvanta  : 

La  pelagosito,  elprenita  el  la  stono  per  gravurilo,  kaj  delikate 
pulvorigita  en  la  Abich’a  pistujo,  estas  enfermata  en  boteleto 
hermete  stopita. 

En  peco,  oni  dozas  la  malsekecon  per  la  pezoperdo. 

Alia  peco,  je  io  gramoj  cirkaue,  estas  traktata  per  H  Cl  tie 
malkoncentrita,  antauzorge,  pro  la  suficega  saumo  kiu  fornriga* 
ce  la  suprajo  de  la  likvajo.  Oni  konservas  poste  kelkan  tetnpon 
ce  la  temperaturo  de  la  bolakvobano  por  koagligi  ciujn  la  oiga- 
nikajojn,  kaj  oni  filtras  tra  pesita  filtrilo.  Oni  lavas  la  restajon 
en  la  filtrilo  kaj  oni  sekigas  en  la  stuvejo  ce  ioo°.  Oni  repesas  la 
filtrilon;  la  pezopliigo  estas  farita  de  la  mineralaj  nesolveblajo) 
kaj  la  organikajo.  Cindrigante  poste  la  cion  en  platena  kapsul°' 
la  organikajo  estas  eliminata,  kaj  restas  la  mineralaj  nesolvebla 
joj ;  oni  havas  do,  per  la  diferenco,  la  organikajon. 

La  filtritajo  estas  malkoncentrata  gis  konita  volumeno,  boo  cm 
ekzemple.  En  ioocm3,  oni  precipitas  la  sulfatojn  ce  la  bol tenr 
peraturo  per  Ba  Cl2.  La  precipitita  Ba  S04  estas  lavata,  cendi1 
gata,  poste  purigata  per  malkunigado  kaj  reprecipitado,  cat  g 
fortiias  ofte  kun  si  fremdajn  stofojn. 

En  alia  parto,  kiun  oni  suroksidas,  gin  boligante  kun  1  I 
gutoj  da  HNO3,  oni  precipitas  Fe2  O3  per  NH4OH.  La  b 
ttajo  estas  malkoncentrata  gis  konita  volumeno,  kaj,  en  Part 
oni  precipitas  Ca  O  per  Am,  C2  04. 

La  piecipitito,  post  12  horoj  je  ripozo,  estas  kolektata  s  ^ 
filtiilokaj  plene  lavata  per  la  distilita  akvo;  poste,  oni  kteV1L^ 
la  filtiilon  per  la  pinto  de  svingilo,  kaj  oni  pasigas  la  precipint0^ 
en  botelon  volumene  konitan.  La  filtrilo  estas  iajn  f°J01 


-  9  — 

malsekigata  per  H  Cl  malkoncentrita,  poste  longatempe  lavata 
per  distilita  akvo.  La  precipitito  estas  solvata  en  la  botelo  volu- 
raene  konita  per  la  kvanto  da  H  Cl  guste  necesa;  oni  plenigas 
la  volumenon,  kaj  oni  titras  la  oksalacidon  per  likvoro  konvena 
de  KMn  04.  Tiu  metodo  de  dozado  de  CaO  estas  tre  oportuna 
kiam  oni  ne  povas  hejtigi  la  precipititon  sufice  forte  por  gin  ali- 
formigi  en  Ca  O. 

En  la  filtrajo,  oni  precipitas  Mg  O  en  la  stato  de  amoniak- 
raagnesiofosfato,  kaj  oni  pesas  gin  en  la  stato  de  Mg2P207. 

En  alia  specimeno  de  la  krudajo,  kiun  oni  ellavas  per  la  bo- 
lantakvo,  oni  dozas  NaCl  titrante  gin  per  likvoro  konvena  de 
AgN03. 

La  organika  azoto  estas  poste  dozata  per  la  atako  Kjeldahl’a 
ordigata  tiucimaniere  : 

Oni  enkondukas  5  gramojn  da  la  stofo  kun  20  cm-1  da  la  mik- 
sajo  : 

H2S04  fumiganta,  por  Kjeldahl...  5oocm3 

P205  .  ioogr0’ 

en  boteleto  je  3oocm3.  Oni  hejtas  en  bone  ventumata  loko,  dum 
tempo  de  4  gis  8  horoj,  ce  temperaturo  najbara  je  la  bolo. 
ICam  la  likvajo  pasigas  al  la  pala  bruno,  oni  elprenas  gin  el  la 
fa)105  kaj  oni  faligas  en  la  boteleto  iom  da  polvoro  de  KMn  04, 
konstante  svingante.  Okazas  perforta  reacio,  kun  suficega  libe- 
"g°  de  dubeverdaj  vaporoj.  La  likvajo  ekmalkolorigas,  igas  blua, 
poste  blanka,  poste  restas  ofte  blua.  La  reacio  estas  tiam  finita, 
kai  oni  Lsas  malvarmigi. 

I  iu  atakmetodo  donas  la  sarnajn  rezultatojn  kiel  la  simpla 
atako  Per  H2S04  +  P2  O5,  kaj  kiel  l’atako  en  la  ceesto  de  Hg O 
tL'a.  Gi  estas  pli  oportuna  ol  la  unua,  kial  pli  rapida  kaj  ofte 
Pk  pleniganta,  kaj  ol  la  dua,  kial  gi  ne  necesigas  la  postan  uza- 
c  °n  de  K2  S  kiu  estas  malagrabla. 

ka  acida  likvajo  estas  poste  versata  en  botelon  je  i5oocm-% 
Pei  akvo  ntalkoncentrata,  poste  alkalinigata  malrapide  per  lesivo 
ncentrita  de  KOH,  zorgante  eviti  cian  temperaturpliigon.  Oni 
lstilas  poste  dum  iH°  1/2  en  la  Schloesing’a  aparato,  kolektante 
^Produktajojn  de  la  distilado  en  25  cm3  da  likvoro  de  H2  S04 

loo’  1  u§rgitaj  per  unu  guto  da  heliantino,  kaj  oni  zorgas  eviti  al 


(91) 


10 


tiu-ci  acido  la  dniirantan  kontaktnn  kun  la  atraosfero  de  la  labo- 

rcjo,  km  enhavas  ciam  iajn  kvantetojn  da  NH3.  Po$t  la  distilado, 

oni  titras  la  Jrokvanton  da  acido  per  likvoro  samvalora  de 
Ba  ()H 

En  eksperimento  prepara,  farita  pri  0°’5  da  sukerp,  oni 
eteripinis  la  kyanfon  da  Ml;  enhayitan  en  la  ciuj  analiziloj 

uzaditaj,  kaj  oni  subtrahas  diufoje  tiun-ci  kvanton  de  la  trovita 
nombro. 

Tiu  metodo.  kiun  mi  uzadis  por  la  analizo  de  multaj  speci- 
menoj  de  marfundoj  reportitaj  el  la  krpzado;  de  S.  M°  la  Princo 
de  Monako,  ciam  donis  al  mi  rezultatojn  konstantajn,  kaj  sajnis 
al  mi  tre  facile  plenumebla. 

Mi  line  dozadis  la  karbonikacidon  per  la  pezoperdo  pri  1  gr° 
da  la  stofo  en  la  Schrodter’a  aparato. 

Jen  estas  la  rezultatoj  de  la  analizo  : 


Malsekeco .  ^74 

Nesolveblajoj  (Si  02  +  fera  argilo) . .  o.52 

Oiganikajoj  koagleblaj  per  la  varmo  kaj  la  acidoj  0.43 

Kalcikarbonato .  87.16 

Kalcisulfato .  1.04 

Magnesikarbonato .  5.17 

Fersuroksido .  0.75 

Natriklorido .  _  0.26 

Tuto. . .  loo-Ql 

Mi  trovis  plie  : 

Azoto  tuta  (dozita  en  la  stato  de  NH3)  3oo  miligramoj  kilograffle 

Anhidrulo  karbonika .  41.21  % 

La  icziilmtoj  de  tiu-ci  analizo  estas  tre  proksimaj  je  tiuj  J£ 
°cz  (1),  malsamaj  tamen  kial  la  specimenoj  eksamenitaj  de  H 
envahis  multe  malpli  da  Magnesio  ol  tiuj  kiujn  mi  kolektis. 


1)  Noto  :  Analizo  de  S.  Cloez  :  Kalcikarbonato... 

Magnesikarbonato 

Feroksido . 

•  Siliko . 

Natriklorido . 

Organikajo . 

Akvo . 


91.80 

‘0.90 

0.25 


1.22 

0-49 

0.71 

4.56 


La  kunmeteco  de  tiu  demetajo  povas  doni  kelkajn  montrojn 
pri  gia  formigadomodo,  kaj  sajnas  certigi  la  ideojn  kiuj  estas  pri 
tio  eldonitaj,  norae  :  ke  la  pelagosito  estas  la  restajo  de  la  vapo- 
rigado  de  la  gutoj  de  marakvo  kiujn  la  sprucajoj  demetas  sur 
la  stonegoj,  kaj  kiujn  la  pluvoj  lavas  poste,  solvante  ciujn  la 
solveblajn  partojn.  La  organikajo  utilas  kiel  ceraento  por  tiuj 
kalcaj  grajnoj  pli  au  malpli  kunigitaj,  al  kiuj  venas  aldonigi 
malregule  kelkaj  polvoretoj  silikaj  alkondukitaj  de  la  ventoj. 


*^.3^  14 SSXJS*^V 


INSTITUT  OCEANOGRAPHIQUE 

(FONDATION  ALBERT  I",  PRINCE  DE  MONACO) 

Reconnu  d’utilitd  publique  par  Ddcret  du  16  Mai  1906 


V*\-' 


ENSEIGNEMENT  SUPERIEUR  DE  L’OCEANOGRAPHIE 


ANNEE  SCOLAIRE  1906-1907 


ProMsoircinenl  les  Coin's  auront  lieu  a  la  SOBBOME,  dans  rAinphitiieatre  de  Geologic 

((r  u  kkte  Gerson,  Entree  :  Place  de  la  Sorbonne)  i 

LES  GOURS  SO  1ST  T  PUBLICS 

Ils  s'ouvriront  le  Lundi  5  Novembre 


OCEANOGRAPHIE  PHYSIQUE 

Professeur  :  M.  RERGET 

PI,.,,  ,  _  Docteur  is-Sciences 

ge  de  Conferences  a  la  I'acultfi  des  Sciences 

Le  eours  commencera  le  Jeudi  8  Novem- 
' e  a  5  beures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Jeudi  A  la  meme  heure. 

tnvlcn'  de  fOcimograpk&e 
Bathvn  \  ■  C  a  d’stn^"tio^  des  men,-  de  la 

-  ** »  Mm  «*- 

V  n  et  mcawques  de  la  mer. 


OCEANOGRAPHIE  BIOLOGIQUE 

Professeur  :  M.  L.  JOUBIN 

Docteur  es-Sciences 

Professeur  au  Musdnm  d'Histoire  naturelle 

Le  Cours  commencera  le  Lundi  5  Novem¬ 
bre  A  5  beures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Lundi  A  la  meme  heure. 

DES  DEMONSTRATIONS  PRATIQUES  AURONT  LIEU 
AU  MUSEUM  D’HISTOIRE  NATURELLE 

Le  Professeur  traitera  de  VEtude  des 
Milieux  metritis  et  de  1'injhience  de  leur 
variation  sur  la  distribution  des  animaux. 


PHYSIOLOGIE  COMPAREE  DES  ETRES  AQUATIQUES 

Professeur  :  M.  le  Dr  PORTIER 

kg  q  ["lecieur  Adjoint  du  I.aboratoire  de  Physiologie  de  la  Sorbonne 

commencera  le  Vendredi  9  Novembre  a  5  heures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Vendredi  A  la  m£me  heure. 

°f<  sseur  traitera  des  Phenomcnes  de  la  nutrition  chef  les  animaux  marins. 

Pour  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco, 

Preiident  do  Conieil  d'administralion  de  1'lnsiiliil  Oceanogaphiqiie, 

CASIMIR-PERIER 

Dr  P.  REGNARD,  Vice-Presidents. 


•es  Samedis 
^  ,, 

■°NEi;RENCES  SUR  DES  SUJETS  D‘ OCEANOGRAPHIE 


S  solrs-  a  9  heures,  auront  lieu  a  l’AMPHITHEATRE  DESCARTES 
(Entree  :  17,  rue  de  la  Sorbonne)  ■ 


CONSULTER  L’AFFICHE  SPECIALE 


dt  j  ]  ’'c^entifiqUe  '  Ces  Lonferences,  des  cartes  d’entrde  seront  exigdes.  Elies  sont  distribuees  au  Secrd- 
dr,  nstitut  0c6ano,,  V  Prince  de  Monaco,  to,  avenue  du  Trocaddro,  au  Secretariat  provisoire 

Cartes  au  MUSeuSraf,1'i?ue’  2’  rue  I.ogelbach,  oil  l'on  peut  s’adresser  par  lettre.  On  trouvera  egalement 
L  m  d  Histoire  naturelle,  57,  rue  Cuvier,' et  a  la  Sorbonne,  17,  rue  de  la  Sorbonne. 


AV  IS 


Le  Bulletin  est  en  depot  chez  Friedlander,  ti,  Carlstrasse. 

Berlin. 

Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  separ^ment  aux  prix 
suivants  et  franco  : 

"campa^ne^du^arh?11^  ^  eau  de  mer  recueiJlis  pendant  la 

ranWadutea^  G  ’ C"  '90'3'  <kun  CS^'  , 

8a  —  NntP  ’  p3r  Lt,“h*  Allemandet .  o  5o 

de  FrancV  ^etIT‘en.l:s.^e  Mollusques  comestibles  des  Cdtes 
par.  L.  Joubin  mir®IOn  1  All  ray  (Morbihan)  avec  i  carte, 
de  Paris  et  a  ?U  Mus=urn  d’Histoire  naturclle 

90.  -  Description  ^  !^  S2Cea,^raphi<3Ue .  2  5° 

chez  deux  P°*terieure  du  corps  anormale 

Conservateufau  Mns^'na-Risso’  Par  Ic  l)  M- 

che  double)  *  usei"  Gceanographique  (avec  unc  plan- 

dans  le  doi-|C1?^IC|u  ^c^ant>jlons  de  Pelagosite  recueillis 
G.-H.  ALLEl^E“°aa“;  ^un  esperanta  traduko),  par  ^  ^ 


MONACO.  -  IMpR_ 


DE  MONACO 


N°  92 


15  Fevrier  1907. 

- - 


BULLETIN 


DE 


LiVSTITIT  OCiAiOfiMPHIOUE 


(Fondation  ALBERT  Ier,  Prince  de  Monaco) 


--8-- 


CONFERENCE  DU  ler  DECEMBRE  I906 


La  Presqu’  He  de  Quiber on 

(avkc  quatre  planches) 

par  L.  Joubin 

Professeur  au  Museum  d’Histoire  naturelle  de  Paris 
et  a  Elnstitut  Oc^anograpliique' 


/s$r 


MONACO 


5 

k 


m 


NL: 


24 


■A.V  I  S 


*  •lu,rllr'  nt  pi  ic  .1  indications  suivantes : 

par  les  Congres 

internationaux. 

2°  Supprimer  nutant  quc  possible  !<  .1  cvintions. 

1 1  au  has  des  pages  ou  Jans  un  index  les  indies';1-' 

bibliographiques. 

4°  Kcrirc  en  italiques  tout  nom  scientiti  jue  latin. 

.'u  Detainer  sur  papier  ou  bristol  bi  n  au  crayon  Wolf  (H*  ?■) 011 
a  l’encre  de  Chine.  i 

Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessin  ot  iginaux  mais  sur  les  papiers 
caiques  les  recouvrant. 

7°  Klire  les  ombres  au  trait  sut  dinaire  ou  au  crayon  noir sur 

papier  procede. 

s°  Kemplaccr  autant  que  possible  les  ,  nch  s  par  Jes  figures  dans  b 
texte  en  donnant  les  dessihs  fuits  d’un  tiers  ou  d'un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 


* 

*  * 


Les  auteurs  refoiyent  5o  exemplaires  de  leur  memoirc.  Us  Pe“ve  ’  je 
‘lutre.  en  taire  tirer  uu  nombre  qtieleonque  —  la  ire  la  deman  es 
manuscrit  —  suivant  le  tarif  suivant  : 


1  50  ex. 

100  ex. 

150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex- 

Un  quart  de  feuille 

Une  demi-feuille 

Une  feuille  entiere 

7 

■  ■  4f  » 

5f  20 

6  70 

9  80  | 

6f  80 

8  80 

1  3  80 

8f40 

1 1  » 
16  20 

I0f4° 

1 3  40 
19  40 

jyf  80 
22  80 
35  80 

11  faut  ajouter  a  ces 

prix  celui 

des  planches  quand  il  y  a  *‘eu' 

A  dresser  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  a  I’adresse  suiv<*nt 
Mus6e  oc^anographique  (Bulletin),  Monaco. 


Bulletin  de  l’Institut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 

N°  92.  —  1 5  Fevrier  1907. 


Institut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  Ier,  Prince  de  Monaco) 


Conference  du  ler  decern bre  1906 


La  Presqu’ile  de  Quibcron 


par  L .  JOUBIN 

Professeur  au  Museum  d’Histoire  naturelle  de  Paris 
et  a  l’Institut  Oceanographique. 


Mesdames,  Messieurs, 

Mon  confrere  le  Dr  J .  Charcot  vous  a  eminent?  samedi 
deinier  faire  un  voyage  — -  et  nous  pouvons  dire  que  ce  fut  un 
'°}age  d’agrchnent  - —  dans  l’Antarctique  ;  il  vous  en  a  montie 
les  habitants  emplume's  aux  gestes  si  amusants.  Vous  avez  pu 
J’0lr  que  leur  pays,  s’il  est  grandiose,  est  fort  lugubre  et  qu’il 
aut  Un  courage  exceptionnel  pour  allery  passer  23  ntois. 

Aujourd’hui  nous  allons  faire  ensemble  un  petit  voyage  de 
i,cances,  une  simple  excursion,  a  quelques  heures  de  1  aiis, 
SUl  nos  cotes  de  Bretagne.  Les  habitants  en  sont  beaucoup 
lll0‘ns  a>iiusants  que  ceux  de  l’Antarctique,  et  leur  pays,  dans 


Ln  autre 


genre,  est  aussi 


fort  sauvage  et  manque  passablement 


de  gaitl.  J'esp&re  cependant  que  cette  conference  ne  seressen- 
tira  pas  trop  tie  la  monotonie  "rise  du  vieux  pays  brumeux 
d’Armor. 


Dans  nos  conferences  de  I'annlc  dernifere  je  vous  aiparlede 
la  repartition  des  animaux  marins  sur  le  littoral  francais;  je 
vous  ai  montre  comment  les  animaux  se  localisent  suivant  la 
nature  du  sol,  la  profondeur  de  la  mer,  la  hauteur  desmarees, 
la  vitesse  des  courants,  etc... 

J’ai  traite  ces  questions  d’une  rhanifere  generaleetj’aicheiche 
4  vous  donner  une  idee  d’ensemble  des  lois  qui  reglent  la  dis¬ 
tribution  des  etres  vivants  sur  les  cotes  de  France. 

Je  vais  aujourd'hui,  par  un  exemple  concret,  vous  montier 
comment  on  peut  fairc  l’application  de  ces  lois  gdne'rales  au 
cas  particulier  d’une  localite  determinee.  Vous  pourrez  juSer 
ainsi,  sur  un  point  precis,  de  1'importance  et  de  la  nettetd  que 
prennent  les  caracteres  d’une  region  soumise  a  1  influence 
la  mer. 

Ce  mode  de  proceder  a  encore  un  autre  interet.  1  ^ 

montrer  la  variete  des  observations  oedanographiques  que 
peut  faire  sur  un  espace  restreint.  Bien  entendu  je  me  co 
terai  de  vous  indiquer  les  faits  principaux  et  je  n  entreriu^^ 
dans  les  details  faunistiques  qui  seraient  trop  longs  et 

dieux.  Conner) 

Vous  verrez,  par  les  indications  que  je  vais  vous 
qu’il  est  intdressant,  lorsque  1’on  va  passer  quelque  teinp^ 
bord  de  la  mer,  de  rechercher  la  raison  d’etre  des  phenon  ^ 
biologiques  que  Ton  constate  autour  de  soi.  Je  suis 
parmi  les  personnes  qui  me  font  1’honneur  de  m  ecout  >  ^ 

en  a  beaucoup  qui  s’efforceront  pendant  leur  prochain  sej,^utreS 
bord  de  la  mer  de  verifier  ce  que  je  vais  vous  dire,  ^ 
retrouveront  certainement  dans  leurs  souvenirs  des 


de  Quiber°n 


logues  qu’elles  pourront  classer  facilement. 

Je  vais  vous  parler  ce  soir  de  la  presqu  ile 
on  dit  Quiberon  dans  le  pays.  — 

J’ai  passe'  une  grande  partie  de  mes  vacances  ^ 
carte  de  cette  importante  region  ostreicole  du  Mot  1  c  ’ 


a  dresser 


r  la 
ai 


—  3  — 


fait,  a  votre  intention,  un  bon  nombre  de  cliches  dont  vous 
allezvoir  les  plus  interessants  sous  forme  de  projections. 

La  presqu’ile  de  Quiberon  est  en  realite  une  lie ;  je  vais 
essayer  de  vous  expliquer  comment  elle  est  devenue  une  pres¬ 
qu’ile. 


On  sait  que  quand  un  ilot,  un  rocher,  une  simple  pierre,  se 
trouve  dans  une  eau  peu  profonde,  au  voisinage  d’une  cote,  la 
mer  depose  le  sable  qu’elle  transporte  derriere  cet  ilot  qui  finit 
paretre  relie  a  la  terre  par  une  bande  de  terrain  sablonneux. 

Supposez  un  rocher 
battu  par  la  mer  au  sud ; 
une  vague  vient  s’y  bri- 
ser,  elle  est  arretde  dans 
son  elan,  mais  ses  deux 
ondes  latdrales  contour- 
nent  l’obstacle;  apres 
‘'voir  parcouru  chacune 
9°°  elles  viennent  se  ren- 
e'ontier  au  not'd  dans  la 
z°ne  cal  me  situde  der- 
n&re  le  rocher.  C’est  la 
que  se  ddpose  le  sable, 
ou  les  galets  qu’elle  en- 
ti  ninait  dans  sa  course 

ClUe  Pcu  a  Peu  se  forme  une  sorte  de  tertre  allongd,  un  pont 
ntlp  'a  terre  et  le  rocher  (Fig.  i). 

‘"sons  maintenant  [’application  de  ce  principe.  Si  nous 
^  n.\lnoris  Un  dot  parallele  a  la  cote  nous  allons  voir  se  former 
|,llJ 1  e  1  L,1  deux  greves  en  arc  de  cercle  qui  partent  du  bout 
e  1  L  P°ur  aller  rejoindre  la  cote;  elles  enclosent  un  vaste 
^a<^S  c^lena^  Peu  profond ,  actuelletnent  marais  sau- 


Fig.  i.  —  La  cote  est  figuree  en  noir;  Pilot 
se  trouve  en  dessous.  Les  vagues  arrivent 
horizontalement,  se  heurtent  contre  1  ilot, 
le  contournent  etdeposent  le  sable  en  une 
digue  figuree  en  pointille  entre  Pilot  et  la 
cote. 


C’ 

°ccid  CSt  Ct  ^U1  SC  Passe  au  Croisic  (Fig.  2)  qui  est  bati  a  la  pointe 
ntale  d  une  ancienne  ile,  dont  le  bourg  de  Batz  occupe 


le 


milieu 


c°mpris 


ot  le  Pouliguen  l’extremite  orientale.  Le  territoire 


cntte  l’ancienne  ile  et  l’ancienne  cote  est  occupe  par 


(92) 


—  4  — 


de  vastes  marais  salants  at  ne  communique  plus  avec. la  mer 
que  pai  deux  tftroites  coupures  de  la  grfeve  qui  servent  de  ports 
;m  Croisic  et  au  Pouliguen;  de  chaque  cote;  sc  trouvent  les 
deux  belles  graves  courbdes  en  arc  de  la  Turballe  et  du  Pou¬ 
liguen. 

Si.  au  contraire,  Pilot  tourne  sa  pointe  vers  la  terre  le 
marais  6st  bien  plus  dtroit,  les  deux  grfeves  arqudes  se  touchent 
a  la  pointe  dc  Pile  et  divergent  vers  l’ancienne  cote,  limitant 
tin  marais  triangulaire. 

C’est  ce  qui  a  lieu  pour  la  presqu’ile  de  Quiberon  (Fig.  3). 
L’espace  compris  entre  les  deux  graves  est  appuyd  a  la  pointe  de 


Fig.  2.  —  Cette  ligure  represente  la  cote  ancienne 

.  V  1  .  ....  .  ....  1  !#. 


et  File  pari 


allele  formant 


le  rivage  actuel ;  a  gauche  de  File  est  situe  le  Croisic,  alFc®,”  ]a  mer  Pa( 
.  n  J  .  .  ..  ,  «  •  .  cpnare  uc  ^ 

de  Batz,  a  droite  le 

deux  greves  en  de 
marais  salants. 


le  hour? 


par 


des 


le  Pouliguen.  l.’ancien  chenal,  separe  a 
lemi-cercle  est,  en  grande  partie,  P 


la  presqu’ile,  il  est  occupe  par  des  dunes,  des  matecag^ 
pres  desse'chds  pendant  la  saison  seche,  oil  Ion  volt 

rages  et  quelques  bois  de  sapin.  toucheIlt 

Au  contact  de  Pile  de  Quiberon  les  deux  gretes  p3S- 

et  forment  un  isthme  etroit  par  dessus  lequel  les  :uSte 

sent  les  jours  de  tempete;  il  n’y  a  dans  cet  espace  ^  pgj 
la  place  de  la  route  et  du  chemin  de  fer.  Ce  point  est  .  ^ 


une  forteresse  tres  pittoresque,  le  lort  Penthievte,  q 


le  sornmet  du  triangle  dont  Pancienne  falaise  cotiei a 
base;  el  1  e  est  actuellement  dans  les  terres. 


forme 


la 


Ploernel 


■■ 


Les  Pierres 
Moires 


Banc  de 
Krac'h 


■+ies  Butssons\de 


Grand  Mont 


Carle  d ' Ensemble 
Region  Occidentale  du 
MORBIHAN 

1906 


P  H  E  S  Q  U  *  I 
D  E  0  u  I  B  ERON 

Cu 


\  \b'aie  de  qu/beron 


*'  La  Teiqnouse 


Passage  c/o  .(?  Tc/^nouso 

~~~  7-  °  '  ~\  J 

Chaus  see  'du*  ^  \  So 

'  s  c  _ 

Bcni^uet  ^  j 


Bafic  de  TaiJlefer 


deTai  liefer 


\+  +. 
Chaussee  de 


*.  \ 


des  Foulain 


b  Jo 


20 


,/C *' 

Qd  HOUAT  f 

''  '  ^  *ADE 
+  'd^-HAEDIK 


—  -<*+ 

r lie  aux  Chevaux'.  rj’  -i-^ 

SJ  lHAEDIC^#r^jT; 

"'+ *■•  * 


Echelle  de  I  245  ooo  w* 


(92) 


La  presqu’ile  descend  du  Nord  au  Slid,  presque  verticale- 
ment,  sur  i5  kilometres  environ  de  long  et  3  au  maximum  de 
large.  Elle  se  continue  en  mer,  au-delk  de  sa  pointe  par  deux 
petites  lies.  Houat  et  Hoedic,  qui  en  ont  certainement  jadis 

fait  partie. 

La  cote  occi- 
dentale,  tournee 
vers  la  haute 
mer,  est  exposee 
aux  grandes  va- 

guesetaux  vents 

violents  de  1 0- 
cean  auxquels 
elle  fait  front 
dans  toute  sa 
longueur.  Au 
contraire  la  cote 
orientale,  prote¬ 
gee  par  la  Pres' 

qu’ile  elle  me- 
nie,  est  baignee 
par  les  eauxcal- 
mes  de  la  bate 
de  Quiberon. 

Quel  est  le 
resultat  de  cette 
difference  d’ex- 
nosition. 

LacoteOuest 

de  file  est  os*. 

demolie  peU  J 
abrUpts, 

peuparles  dnormes  vagues  du  large;  ses  rochers  sont  ^ 
tres  pittoresques.  Au  contraire  la  cote  Est  est  en  Pentc’^  jeS 
les  falaises  y  sont  basses,  peu  accidentees,  et  1  on  y  niarins 
formations  sedimentaires,  des  plantes  et  des  anitnaux 

dont  aucune  trace  n’existe  de  l’autre  cote.  .  nn 

/  A) ‘ 

Un  schdrna  vous  expliquera  ce  qui  s’est  passe  (  & 


Fig.  3.  —  L’ile  de  Quiberon  reliee  a  la  falaise  an- 
cienne  par  une  digue  basse  triangulaire,  a  greves 
courbes  et  renfermant  un  bas  fond  marecageux. 


peut  penser  qu’a  l’etat  primitif  les  deux  versants  de  File  partant 
dune  arete  mediane  e'taient  egaux;  mais  la  mer  ayant  forte- 
ment  ronge  la  cote  Ouest,  la  crete  n’est  plus  au  milieu  de  la 
presqu’ile  et  le  versant  du  meme  cote  a  beaucoup  diminue. 

Des  rochers  isoles,  se'pares  de  la  falaise,  se  trouvent  }:out  le 
long  de  la  cote  Ouest;  ce  sont  les  restes  de  l'ancienne  cote. 

On  peut  prdvoir  que  dans  un  avenir  plus  ou  moins  lointain 
la  presqu’ile  disparaitra  completement,  par  suite  de  cette  inces- 
sante  demolition  se  produisant  a  l’Ouest. 

Vous  pouvez  prevoir,  des  maintenant,  que  cette  disposition 
determine  sur  la  presqu’ile  deux  faunes  bien  diffe'rentes  d’ani- 
maux  marins.  L’une  vit  sur  la  cote  battue;  elle  se  compose 
exclusivement  d’etres  capables  de  resister  au  choc  des  vagues, 
leurs  especes  sont  peu  nombreuses;  l’autre  est  constitute  par 


I  ig.  4.  —  Schema  representant  a  gauche  la  presqu’ile  de  Quiberon  en  coupe 
transversale  dans  son  etat  primitif;  a  droite,  dans  son  etat  actuel. 


lln  faen  plus  grand  nornbre  d’especes  d’animaux  qui  ne  peuvent 
'iyie  que  dans  les  eaux  calmes. 

II  en  est  tout  a  fait  de  meme  de  la  flore  de  la  presqu’ile  qui 
cst  tres  renlarquable.  Elle  presente  a  un  tres  haut  degre  l’adap- 
tatlon  des  plantes  au  milieu  soumis  aux  grands  vents  marins 
u  aux  embruns  de  la  mer.  Les  plantes  de  haute  taille  ont 
1  >utes  disparu ;  il  n’y  a  d’arbres  que  ceux  qui  ont  trouvd  un 
ln  jurdin  derriere  quelque  mur  pour  s’abriter;  ce  sont 
jUrtout  des  Tamaris  et  des  figuiers.  Les  arbrisseaux,  comme 
Ati  iplex  au  feuillage  gris,  se  trouvent  du  cote  calme.  Sur  la 
^  falaise  quelques  bruyeres  tres  basses,  des  ajoncs  nains, 
dc  1  ^UeS  niousses5  peuvent  seuls  vivre;  et  meme,  pres  du  bord 
l  ^lautc  falaise,  qui  a  dans  bien  des  points  plus  de  3o  metres 
Va  Ut'  on  ne  trouve  presque  aucune  plante,  tant  l’embrun  des 
's  les  at  rose.  Quelques  fenouils,  Fceniculum  officinale  All.,  s’y 

(92) 


8  — 


risquent,  m  cachani  entre  les  fissures  des  rochers;  ils  sonjt 
devcnus  vlritablcmcnt  nains. 

Sui  It  t  Est  no  >ns  les  m£mes  plantes,  mais 

avcc  leurs  dimensions  normates,  m£ldes  it  beaucoup  d’autres 
espices  pa rticu litres  au  clim.it  marin.  Dans  les  dunes  on  trouve 
une  sdrie  de  plantes  dont  je  vous  parlerai  a  propos  des  grfeves. 

Les  habitants  de  la  pi esqu’ile  ont,  eux  aussi,  fui  la  coteocci- 
dentale  ;  ils  ont  placd  leurs  villages  et  leurs  champs  suf  le  ver- 

sant  abritd.  Ce  n’est 


done  pas  sans  raison 
qu’ils  ont  nomine  Is 
cote  occidental  « I® 
Mer  sauvage ». 

Nous  allons  main- 
tenant  dtudier  la  re 
partition  desanimaux 
sur  ces  cotes  si  diffe 
rentes. 


Examinons 


tout 


Pig.  5.  —  Lygia  oceanic  a,  grossie  deux  fois. 


d’abordeequise  passe 

sur  les  rochers,  et 
commenconspar  ceu. 

dc  la  Mer  sauvage. 

Si  nous  jetons  es 
yeux  sur  la  haute  a 
laise  du  versant  occi¬ 
dental,  nous  verrons 
qu’elle  est  prcs^ 
partout  it  peu  pres  verticale,  si  bien  qu’il  est  fort  difficile?  ^ 
vent  memo  impossible,  de  descendre  le  long  de  sa  ?aI 01^ssures 
falaise  est  coupe'e  par  un  grand  nornbre  de  grandes  c.  ^ 
verticales  toutes  paralleles  les  lines  aux  autres,  01111  n. 

corridors  fort  etroits  et  tres  obscurs.  Je  vais  vous  en  ^ 
trer  quelques-uns  (PI.  1);  ils  sont  tout  a  fait  caracttri 
de  cette  cote  et  souvent  extremement  pittoresques.  ^  c£S 
De  nombreuses  grottes  se  sont  percees,  soit  au  i°n  sj 
couloirs,  soit  entre  deux  couloirs  voisins  ;  elles  forinen 


—  9  — 


des  arches  admirables  (PI.  II,  Fig.  i).  On  y  trouve  des  animaux 
aimant  la  demi-obscuritd.  Lorsque  la  mer  brise  dans  ces  grottes 
et  couloirs  elle  fait  un  fracas  terrible,  d’oii  les  noms  de  Trou  du 
Canon,  Trou  du  Souffleur,  etc.,  qu’on  leur  donne  dans  le  pays. 
Cette  cote  de  la  Mer  Sauvage  est  une  des  plus  belles  de  Bre¬ 
tagne. 

Etudions  la  falaise  en  commencant  par  le  sommet. 

lout  en  haut  on  voit  les  landes  de  plantes  rabrougries, 
surtout  de  petits  ajoncs  n’ayant  que  quelques  centimetres  de 


I'ig.  6.  —  Pierre  couverte  de  Balanes;  ( Cthamalus  stellcitus) 
grandeur  naturelle. 


|laut  ’  P^us  pres  du  bord  de  la  falaise  il  n’y  a  plus  guere  que 
^  |cn°uil  et  1  'Armeria  maritima  aux  jolies  fleurs  roses;  plus 
■ s  encore  le  roc  est  nu  et  ne  montre  plus  aucune  plante  pha- 
!rogame;  on  ne  voit  plus  que  des  plaques  de  lichens  gris  ou 
nes.  qui  font  la  transition  aux  plantes  marines. 


.  <>llt  ce  qui  precede  forme  la  zone  supra-littorale;  comnie 
•niaux  on  peut  y  signaler  un  petit  lezard  gris  qui  y  est  extre- 
uic  1C"!.  ab°ndant  et  un  crustace'  marin,  la  Lygie  (Lj'gia  ocea- 
pltis  S'^  aventure  assez  haut,  et  qui  d’ailleurs  vit 

U)l°ntiers  a  sec  que  dans  l’eau.  (g2j 


Nous  arrivons  maintenant  &  la  zone  franchement  marine, 
<|ue  la  mer  atteint  au  moins  dans*  les  grandes  marges. 
Disons  d'abord  quo  les  marges  &  Quiberon  ne  ctepassent  pas 
unc  hauteur  maxima  de  6  metres. 

Ces  martfes  ddterminent,  comme  partout,  des  courantsqui 
sont  particulifcrement  violents  &  la  pointe  de  Quiberon  entre  la 
presqu  He  et  les  lies  et  Mots  qui  l’entourent;  on  peut  voir  la  ces 
co u rants  determiner  de  grosses  vagues  et  comme  de  vrais  fleuves 


houleux  tant  leur  vitesse  est  torrentielle  par  exempt  entre 
de  la  1  eignouse  et  la  pointe  de  Quiberon.  Ces  courants  on 
int^ret  particulier  pour  la  distribution  des  animaux.  ^ers 
Nous  devons  encore  fairc  ici  une  distinction  entre  les  r° 
qui  bordent  la  mer  calme  et  ceux  qui  sont  baignes  Pal 
sauvage.  x 

Dans  certains  endroits  les  rochers  sont  tellement  exp°s 


grands  coup  de  mer  que  rien  ne  peut  y  vivre.  Lorsque  la  dis¬ 
position  des  couches  de  rochers  s’y  prete,  ils  sont  absolument 
polis  par  Taction  des  vagues,  uses  et  comme  rabotes  par  elles, 
et  les  aninraux  ne  peuvent  pas  s’y  attacher.  Yoici  quelques  photo¬ 
graphies  de  ces  rochers  polis  et  des  vagues  qui  produisent  cette 
usure  ;  vous  voyez  que  la  roche  est  completement  lisse  et  tota- 
lement  depourvue  d’animaux.  Mais  ces  points  sont  exceptionnels. 
Ailleurs  les  gros  blocs 
roules  et  arrondis  s’ac- 
cumulent  dans  les  angles 
de  la  cote.  La  cote  battue 
par  la  mer  est  presque 
partout  recouverte  par 
des  animaux  peu  nom- 
breux  comme  especes, 
mais  excessivement 
abondants  en  nombre. 

Les  plus  typiques  d’en- 
tre  eux  sont  les  Balanes; 
une  espece  est  surtout 
ties  abondante,  c’est  le 
Cthamalus  stellatus 
(big.  6)  el  1c  tapisse  en- 
tierement  la  roche  d’un 

P  gris  rugu eux ,  quel-  pIG.  g_  —  Pelvetia  canaliculaia  Linne,  de 
duc  01s  ces  Balanes  sont  grandeur  naturelle.  (D’apres  Harvey,). 


sur  plusieurs  rangs  d’e- 

Paisseur.  Elles  peuvent  rester  deux  ou  trois  jours  a  sec. 

Au-dessous  de  cette  zone  des  Balanes  commence  ce  qu’on 
•' Ppe] le  la  zone  des  Fucus,  c’est-a-dire  une  region  qui,  tous  les 
j°Uls’  cst  recouverte  par  la  mer,  meme  en  morte-eau.  Mais  sur 
'  1  °chers  fortement  battus  les  Fucus  ne  peuvent  vivre,  arraches 
i*  *  sont  Par  les  vagues.  Ils  sont  remplaces  par  les  Moules. 
est  C°tc  *a  Mer  sauvage,  sur  toute  la  longueur  de  la  presqu’ile, 
ki](  tUb!ssee  Par  une  bande  de  Moules  qui  s’etend  sur  pres  de  i5 
°meti es  de  long  et  correspond  exactement  a  la  zone  des  Fucus. 
•ochers  sur  cette  zone  sont  grace  a  elles  d’un  bleu  ardoise, 


(92) 


i. mi  les  Moules  y  sont  senses  les  unes  contre  lcs  autres  en 

nombrc  immense. 

Ces  Moules  ne  deviennent  jamais  tres  grosses;  dies  ont 
mu.'  C(K|uille  epaisse  et  t  iles  sont  solidement  cramponne'es au 
rocher  ct  les  unes  aux  autres  par  les  li laments  innombrables  et 

robustes  de  leur  byssus. 
Quand  on  les  ouvre  on  les 
trou vc  absolument  niai- 
gres,  la  partiecharnuen oc¬ 
cupant  qu’une  toute  petite 
place  entre  les  valves.  On 
dirait  qu’ellcs  ont  depense 
toute  leur  e'nergie  a  deve- 
lopper  leurs  moyens  de 
resistance  au  choc  des 
vagues. 

Je  vais  vous  raontrer 
quelques  clichds  repr^en- 
tant  ces  moulieres  qui  son 

fort  interessantes.Panni  les 

moules  on  trouve  quelqu 
Patelles  et  quelques  autres 
anitnaux  dont  je  vous  par- 
lerai  tout  a  l’heure. 

Je  vous  ai  montre  e) 
quelques-uns  de  ces  p^ 
fonds  couloirs  a  parois 
car  pees  (PI.  I)>  cal‘lC  . 
ristiques  de  la  cote 
Mer  sauvage.  Quelqlie. 
unes  de  ces  cavites  o 
mer  brise  avec  le ;  P^* 
violence  sont  habitees  par  un  animal  tres  curieux,  un  tuu  t  ^ 
qui  a  un  aspect  tres  special;  e’est  le  Pollicipes  cornucop ^ 
dont  le  nom  vulgaire,  Pouce-pied,  n  est  que  la  traducti 
son  nom  latin  (Fig.  7).  .  j 

Ces  anitnaux  sont  assez  rares  sur  nos  cotes  et  c  est  ape 


Fxc.  g.  —  Fucus  vesiculosus  reduit  de 
moitie.  (D’apres  Mlllot). 


—  i3  — 


l’on  en  signale  quelques  gisements  en  Bretagne,  mais  presque 
toujours  sur  la  cote  du  Nord  on  ne  trouve  que  quelques  indivi- 
dus  isoles,  sporadiques,  qui  souvent  meme  manquent  comple- 
tement  pendant  plusicurs  annees.  C’est  seulement  a  la  pointe 
de  la  Bretagne,  sur  la  cote  Sud,  que  Ton  en  rencontre  quelques 
bancs  importants. 

A  Quiberon  ils  sont  excessivement  abondants  au  fond  de 
certains  couloirs  profonds;  ils  sont,  un  peu  au-dessus  du  niveau 
moyen  de  la  mer  basse,  appliques  contre  la  falaise,  et  dans  une 
demie  obscurite,  aussi  sont-ils  fort  dilliciles  a  photographier 
(Fig.  2,  PI.  II;  Fig.  i,  PI.  III). 

Ils  vivent  la  par  touffes  de  3o  a  5o 
individus  (Fig.  2,  PI.  Ill),  serres  les 
uns  contre  les^autres,  soudes  par  leur 
pied  solide,  cylindrique,  ayant  l’aspect 
et  la  consistance  de  caoutchouc  noir. 

II  est  tres  difficile  de  les  arracher  et 
on  ne  peut  decoller  ces  touffes  qu’avec 
un  fort  couteau. 


LCS  qUClqUeS  dich(fs>  Pos^s  et  ins'  Fig.  ro.  -  Patella  vulgata. 
.  ^  ants,  'I're  j  ui  pris  a  votre  inten-  Grandeur  naturelle. 

tion  sont  reproduits  dans  les  Plan- 
lcs  I  a  HI;  ils  vous  montrent  un  gisement  de  Pollicipes  ai 
ond  d  un  couloir  de  20  a  25  metres  de  profondeur. 

|  A  est  'mpossible  d'y  pene'trer  en  bateau  tant  la  mer  y  brise 
de  d  ^ai  temPs  ca^me-  Je  vous  avoue  que  ce  n’est  pas  commod 
a  SC^n  le  sur  ces  roches  a  pic  et  glissantes,  surtout  avec  u: 
m 0 i nj 1 , ° ° ^ r a P ^ e 5  on  risque  sinonde  s’ycasserle  cou,  ai 
incon  • '  ^  att*  a^er  ^ortes  douches ;  en  e'te  cela  n’a  pas  grani 
snn  en^ent  pour  le  naturaliste,  mais  cela  en  a  beaucoup  pou 
VoPf rCil  Fhotographique. 

culiere  ^°UVez  )uSer  Par  ces  vues  de  la  condition  toute  parti 
qui  S0;t^Ue  CCS  an^maux  exigent  pour  vivre  ;  il  leur  faut  de  l’eai 
n^e ;  qs  nstaminent  tres  agitee  et  par  consequent  tres  oxyge 

dans  IV  n?,nt  en  1  dulite  plutot  dans  l’ecume  des  vagues  qu 
S,  ,eau  elle-meme. 

que  ces  animaux  sont  comestibles;  les  gens  du  pay 


(92) 


mangmt  1  ova  ire  qui  est  renferm^ 
dans  le  pied.  J  y  ai  goute,  mais  je  ne 
p  ;  i  pas  leur  enthousiasme  pour 
a1  genre  ik- comestible,  qu’ils trouvent 
pe 1 1 1 -ct re  dautant  meilleur  qu’ils  ont 
plus  de  inal  a  le  conqudrir. 

Au-dessous  des  Pollicipes  laroche 
i  st  tapissee  pardcs  algues  plates  rou¬ 
ges  et  violettes,  la  plupart  incrustees 
de  calcaire  appartenant  aux  Litho- 
thamnion,  dont  je  vousreparleraitout 

&  l’heure. 

Si  nous  examinons  maintenant 
un  rocher  situe  dans  un  endroit  plus 
abrite  nous  allons  y  retrouveren  haul 
la  zone  des  lichens,  puis  en-dessous 
celle  des  balanes,  puis  nous  arrivons 
a  celle  des  Fucus.  Celle-ci  ddbutepar 
une  algue  brune,  les  Pelvetia  cam  > 
culata  (Fig.  8)  qui  vivent  en  touftes 
serrdes,  etqui  peuvent  restei  plusieu 
jours  sans  etre  mouilles. 

Puis  commencent  les  Fucus  pr0^ 
prement  dits  qui  constituent  ce  qu 
appelle  le  godmon  (Fig.  £))•  ^sa.°  s 
dent  particulierement  dans  lesregi 
oil  l’eau  est  agitde  mais  pas  tiop  v 
lemment  battue.  Vous  savezqu011^ 
coupe  deux  fois  par  an;  a  Qui  e  ^ 
on  le  brule  pour  en  extrairc  la  so  ^ 
et  1’iode,  en  le  melangeant  aux  at  ^ 
algues  arrachees  du  fond  par  s 
lence  desvagues.  Dans  lespoiutsf  ^ 
agitds  vivent  fixes  aux  rochei- 
les  (Fig.  io)  et  divers  mollusqucs  qui  se  servent  e 
pour  adhe'rer  au  rocher,  les  Murex,  les  Purpura  qui  a 
On  y  trouve  des  Annelides  (Sabellaria  crassissimp  d 


1 K . —  Laminaria  sac- 
anna  tres  reduite. 


—  1 5  — 


se  construisent  des  tubes  appliques  contre  les  rochers.  Dans  les 
petites  mares  qui  restent  a  sec  a  maree  basse  on  trouve  des  A c- 
tinies  nombreuses,  les  unes  isolees,  d’un  tres  beau  roug e(Ac- 
tina  equina  L.),  les  autres  groupees  et 
serrees  les  unes  contre  les  autres  au 
point  de  former  de  veritables  tapis 
vivants,  (Anemonia  sulcata  M.-Edw.). 

Ces  petites  mares  renferment  encore 
des  oursins,  descrabes,  et  sont  tapissees 
d  algues  calcaires  incrustantes  roses, 
bias,  vertes,  qui  font  de  ces  bassins 
dadmirables  aquarium  naturels. 

Au-dessous  de  la  zone  des  Fucus 
vient  celle  des  Laminaires,  grandes  al¬ 
gues  qui  ne  decouvrent  qu’aux  epoques 
de  grande  maree.  Ces  Laminaires  sont 
surtout  abondantes  dans  les  anses  abri- 
te:es  de  la  cote  de  la  Mer  sauvage  oit  on 
les  \oit  former  de  vdritables  prairies  a 
tiavers  1  eau  transparente.  Ces  grandes 
jdbues  ont  souvent  plusieurs  metres  de 
°ng-  Les  plus  communes  sont  la  Lami- 
Hana  Pharma  (Fig.  u)  et  la  L.  digi- 
,ala  '  I2) :  elles  sont  arrachees  quand 

llei  est  forte  et  rejetdes  sur  le  rivage 
a  _  S  P^cheurs  de  goemon  les  recueillent 
•  C  de  glands  rateaux.  Cette  industrie 
ro  t01^sclue  est  fort  ddveloppde  a  Quibe- 
,  n  Voit  tout  ^  long  de  la  cote  de 
bord  /  d’al§ues  seches,  et  des  trous 
brul LS  \  §,OSSes  Pierres  oil  on  les  fait 

Pand^n  r  C£tte  °P"rationt  qui  ru¬ 
le  Trn  6  Umee  enorme,  il  reste  dans 

contient  ^  bl°C  de  cendre  noiratre  qui 
Produit=  S  SC^S  d°nt  on  t're  *a  s°ude,  l’iode  et  divers  autres 


Fig.  12.  —  Laminaria 
digit  at  a  tres  reduite. 
(D’apres  Millot). 


Pr°duits. 

Cette 


ne  des  laminaires  est  habitee  par  des  animaux 

(92) 


1 6  — 


'  |l  vous ^signalerai  seulement  les  magnifiques ere* 
ttes  quc  Ion}  prend,  mais  qui  sont  assez  mauvaises  en  raison 
dc  leurgotit  extraordinaireraent  prononcd  d’iode. 

Si  nous  t  xaminons  les  rochers  de  la  cote  abritec  de  Quiberan 
n,IIIS  3  trouverons  les  mdnies  zones  que  je  vicns  de  vous  indi- 
^uu-  ln,l's  les animaux  y  sont  beaucoup  plus  abondants ;  les 
Agues}  forment  destapis  continus;  les  rochers  bas  sontcou- 
yerts  de  I  ucijs,  et  si  l’on  retourne les pierres ont les  voittapiss&s 


I  ig.  1 3.  I  ragment  de  rocher  reconvert  de  Spirorbis. 


d  animaux  les  plus  varifes,  Bryozoaires,  Hydraires,  Ascidies,  leS 
Mollusques,  les  Crustaces  pullulent  sous  ces  pierres. 

On  trouve  la  une  formation  tres  particuliere  que  jenai  en 
core  remarque'e  nulle  part  ailleurs.  ^ 

Lorsqu  on  se  prombne  dans  ces  rochers  bas  on  voit  ca  et 


de  grandes  taches  blanches  (PI.  IV,  Fig.  i)  ou  les  algues 
quent  complfetement;  on  dirait  que  le”  sol  a  ete  saupoudre  (<- 
larme.  Avec  quelqu’attention  on  voit  que  cette  tache  arron  ‘e 
qui  peut  avoir  environ  3o  metres  de  large  comprend  un 
centrale  complfetement  blanche  et  une  zone  peripherique  pluS 


grise.  En  y  regardant  de  pres  ont  voit  que  toutes  les  pierres 
de  la  zone  pdripherique  (Fig.  i3)  sont  recouvertes  par  les 
coquilles  blanches  spirale'es  d’une  petite  Annelide  (Spirorbis  de 
deux  especes).  Au  centre  de  la  tache  les  tubes  des  Spirorbis 
eux-raemes  sont  reconverts  par  une  petite  algue  calcaire  incrus- 
tante  blanche,  qui  est  une  espece  particuliere  de  Lithothamnion 
(Fig.  14),  Cela  parait  s’dtcndre  comme  une  tache  de  Phylloxera 
dans  une  vigne  ;  le  fucus  est  detruit  par  les  Spirorbes  dont  la 


Fig.  i 


4- 


ai,ment  de  rocher  recouvert  de  Lithothamnion  ayant 
envahi  les  Spirorbis. 


ensuitir  en  rondPar  la  Peripherie,  et  Palgue  s’installe 
je  dois°UVre  CS  ^p^rot^es  et  tout  ce  qui  est  avec  eux. 
que  font  le;°cS;:?naler  encore  Ies  singulieres  constructions 
fomilie  des  jt  C  ai  ’a  ah’e°latai  Annelides  appartenant  a  la 
r°chers  an  ™  <‘1™elles-  ^n  les  trouve  en  abondance  sur  les 

detent  chi  d“  f°n  Penthii:vre  (PL  IV-  FiS-  »)■  Ces  vers 
hacun  Un  lequcl  ils  colic, r,  une  foule  do 


(92) 


-  i8  — 


.  .  ■'!  ,  its  se  rdunissent  en  colonies  notnbretm, 

agglutincnt  leurs  tubes  les  unsaux  autres,  et  forment  ainsi  des 
*  ** 81  Arables  qui  rcssemblent,  en  raison  des  orifices  rdgii- 
juxtaposes  ilt-  tous  ccs  tubes,  a  de  gros  gateaux  de  cire 
d  alu  illc.  Cette  formation,  qui 
ii  csi  pa s  tres  commune,  est  fort 
inuu-'-sante  et  ces  blocs  de  tubes 
■'if’i’lu titles,  creusds  d’anfractuosites, 
donnent  asile  a  une  foule  d’autres 
animaux  qui  y  trouvent  abri  et  nour- 
riture,  cn  particulier  a  des  Crabes 
tourteau,  (Platycarcinus  pagurus). 

Laissons  maintenant  la  cote  ro- 
cheuse  et  examinons  les  greves. 

1 1  y  en  a  deux  types  bien  difierents. 
Sur  la  cote  de  la  mer  sauvage  on 
trouve  de  magnifiques  greves  bordees 
de  falaises  a  pic  ;  le  sable  en  est  tres 
^  pu r,  d'unc  grande  finesse,  gra‘ns 

tres  reguliers.  On  remarque,  coniine 
d’ordinaire,  la  grevc  haute  en  pente 
accentude  et  la  greve  basse,  qui  ne 
ddcouvre  qu’aux  jours  de  maiee,  et 
qui  est  cn  pentc  douce. 


P 'r  j 1 5 j Sabellaria.  An 
tide  dc 
melles 


Le  naturaliste  n’y  trouve 


ni  am- 


ne- 


ode  de  la  familledes  Her 


maux  ni  plantes.  Elies  sont  tellennent 
bouleverse'es  par  les  grosses  vagu 
qui  viennent  y  de'ferler  et  par 
-,1am.  s  ouiagans  du  large,  qu’aucun  animal  ne  peut 
ce  sable  instable. 

Sur  la  cote  abritee  les  greves  forment  de  nombreux  arcs 
cercle,  tantot  au  pied  de  la  petite  falaise,  tantot  en  continuity 


les 

vivre  dans 

de 


avec  la  dune 


e  Passage  entre  la  dune  et  la  plage 


est 


presque 

haute 


iLle.  Quelques-unes  de  ces  plages  ont  leur  partie 
cupee  pat  des  bancs  de  galets  roulds,  mais  e’est  l’excepti011, 
a  oic  de  ces  dunes  est  connposee  de  plantes  qui  ne 
qu  au  vent  said  de  la  mer;  certaines  d’entres  elles  cependantI1L 


ig  — 


peuvent  exister  au  contact  direct  de  l’eaude  mer,  elles  s’arretent 
done  au  haut  de  la  greve,  au  point  precis  que  peut  atteindre 
l’embrun  des  vagues.  D’autres  au  contraire  persistent,  vivent 
jusque  sur  la  greve  meme  et  ne  sont  pas  incommodees  pour  etre 
de  temps  en  temps  recouvertes  par  les  vagues,  Je  ne  vous  citerai 
que  quelques-unes  des  plantes  de  la  dune,  choisies  parmi  les 
plus  caractdristiques. 

Lorsqu’on  se  promene  sur  la  dune  on  la  voit  couverte  d’une 
plante  qui  ressemble  a  de  l’herbe;  mais  on  ne  tarde  pas  a  recon- 
naitre  que  cette  herbe  porte  de  petits  fruits  rouges,  qui  sont 
quelquefois  si  nombreux  que  le  sol  a  l’air  couvert  d’un  tapis 
rutilant ;  e’est  V Ephedra  distachy a  L.  que  Ton  nomine  vulgai- 
rement  raisin  de  mer. 

On  voit  aussi  en  abondance  un  fort  joli  oeillet  rose  a  odeur 
penetrante,  Dianthus  gallicus  Pers.,  un  tout  petit  rosier  nain 
tres  piquant,  Rosa  spinosissima  et  une  plante  a  feuilles  vernies 
a  aigrettes  colonneuses,  le  Vincetoxiunn  officinale  M. 

Plus  pres  du  bord  on  trouve  des  plantes  piquantes  ressem- 
blant  a  des  chardons,  l’un  au  feuillage  bleu,  Eryngium  mariti- 
mum  L.,  1’autre,  qui  lui  ressemble  beaucoup,  mais  dont  le  feuil¬ 
lage  est  vert  pale,  Eryngium  campestre  L. ;  un  autre  encore  a 
grandes  fleurs  jaunes  Scolymus  hispanicus  L. 

Voici  des  touffes  e'normes  d’une  jolie  giroflde  a  fleurs  roses 
ou  bias,  Mathiola  sinuata  auxquelles  sont  melds  des  tapis  d  une 
fort  jolie  plante  a  fleurs  jaunes,  aux  feuilles  velues  et  blanches, 
qui  sent  l’absinthe,  Diotis  candidissina  Duf.  A  cotd  d  elles  abonde 
une  euphorbe,  Euphorbia  paralias  L.  et  surtout  un  plante 
grasse  vert  foned,  piquante  Salsola  Kali  L.  qui  descend  jusque 
sur  la  greve.  Contme  vous  pouvez  en  juger  par  les  photogra¬ 
phies  que  je  fais  passer  sous  vos  yeux  ces  plantes  ne  se  trouvent 
pas  sur  la  dune  meme  ;  il  leur  faut  le  sable  de  la  greve  et  de 
temps  a  autre  l’arrosage  par  l’eau  de  mer. 

Examinez  maintenant  les  plantes  que  j’ai  photographides  et 
que  vous  voyez  en  ce  moment;  elles  ont  Pair  couvertes  de  fruits 
arrondis  serrees  en  grappes  grises;  si  vous  les  regardez  de  pres 
vous  verrez  que  ce  sont  des  Escargots  qui  les  revetent,  le  plus 
grand  nornbre  appartient  surtout  a  une  espece,  Helix  piscina , 
particulierement  commune  (92) 


(  ■  bttes  doivent  fairc  niaigre  ch&re,  car  dies  vivent  la  sur 

ill s  plantes  peu  juteuscs  et  sal<  .  II  faut  croireque  ce  regime 
H-  leu  i  conn  tent  car  il  v  en  a  des  milliards. 

I.a  plage  basse  esi  aussi  trds  inttressante  a  otudier. 


<)m  I'1  >'i  v  remarquci  [uin  d'.ihmd  la  localisation  des  ani- 
maux ;  sur  unc  sdrie  de  graves  successives  on  constate  eneffet 
i|oe  Ies animaux  rencontres  sur  chacune d’elles  nesont point les 
monies;  il  y  a  une  specialisation  ties  curieuse. 

1 .1  s  courants,  la  marie,  apportent  sur  chacune  de  ces  greves 
li  ''  debris  de  beaucoup  d'animaux,  mais  sur l’une  on  trouve par 
exemple,  telle  esp&ce  de  coquillage,  sur  I’autre  une  autre  espece 
par  milliers,  ailleurs  ce  sont  lies  centaines  de  carapaces  de 
crabes. 

Voici  quelques  photographies  qui  vont  vous  montrer  cette 
disposition  si  particuliere.  .le  les  ai  prises  moi-mcme  sui  ces 
pieces  aussi  VOUS  pouvez  etre  certains  qu’elles  n’ont  pas  ete 
modi  (ides. 


V  oici  une  surface  couverte  de  coquilles  de  Ctrithes;  sur  cette 
autre  vous  ne  voyez  que  des  Littorines.  II  ya  des  milliers  de 
quilies  exclusivement  de  Littorina  littorea.  Sur  celle-ci  vous 
pouvez  voir  des  quantitds  dnormes  de  petites  porcelaines  Trivi 
europea,  ailleurs  les  Dentales  abondent. 

Sur  certaines  graves,  quand  le  sable  rcste  humide,  votes 
pouvez  a perce voir  de  grandes  taches  d’un  vert  bleu  fonce. 
pourrait  croire  que  ce  sont  des  algues,  mais  on  constate  quC 
quand  on  vient  a  marcher  pres  de  ces  taches  elles  disparaissen^ 
C’est  qu’elles  sont  constitutes  par  d’innombrables  petites 
naires  vertes  qui  s’cnfonccnt  dans  le  sable  a  la  moindtea  ^ 
leur  coulcur  est  due  a  une  algue  microscopique  qui 
commensale  dans  sestissus.  C’cst  la  Convoluta  roscoffensis 
qui  vit  ainsi  en  socic'tes  de  milliards  d’individus. 

Sur  la  plupart  de  ces  plages  on  peut  voir  des  cordons  p 
lelles  formes  de  coquillages,  d’algues  ct  de  debris  diveis  ,£^.^s 
par  la  mer  comme  ceux  que  je  viens  de  vous  montrei .  Ces  o  ^ 
ont  c:tt  poussts  des  regions  basses  de  la  greve  piar  le  vC^,_ 
rdgions  hautes.  I  Is  marquent  la  courbe  de  niveau  ou  sest^int 
te'e  l’eau  un  jour  de  haute  maree.  Le  lendemain,  la  matee 


un  peu  moins  forte  le  cordon  apporte  parle  flot  est  situe  un  peu 
au-dessous  de  celui  de  la  veille,  et  ainsi  de  suite  pendant  une 
semaine.  De  lit  resulte  l’ensemble  de  la  disposition  en  gradins 
de  ces  cordons  paralleles,  correspondant  chacun  a  un  join  de 
maree  decroissante.  La  semaine  suivante  ii  mesure  que  la  maree 
regagne,  les  cordons  inferieurs  disparaissent  successivement, 
pousses  plus  haut  par  le  Hot  qui  les  efface  jusqu’a  ce  qu  il  n  en 
reste  plus  qu’un  tout  en  haut  de  la  greve.  Et  cela  recommence 
ainsi  tous  les  quinze  jours.  C’est  done  en  morte-eau  qu  il  y  a 
le  plus  de  cordons  littoraux  sur  la  greve,  et  aux  dpoques  de 
vives-eaux  qu’il  y  en  a  le  moins. 

Ces  cordons  et  le  haut  des  greves  sont  habites  par  une  quan- 
tite  enorme  de  petits  crustaces  blancs  Talitrus  locusia  (Fig-  hi), 


Fig.  i 6.  —  Talitrus  locusta  grossi  io  fois  environ. 


qui  sont  vulgairement  appeles  «  puces  de  liter  »  pai  cequ  ils  sail 
tentde  tous  cotes.  Ce  sont  des  animaux  marinsqui  ontsibien  pris 
1’habitude  devivre  It  sec  que  l'eau  de  liter  les  gene,  etque,  quand 
les  vagues  sont  trop  fortes,  ils  sc  sauvent  dans  les  champs  \<>i 
s'ns.  Ils  sont  preposds  a  la  voirie,  et  ce  sont  eux  pi incipalenient 
qui  detruisent  en  les  devorant  les  cadavres  vaiies  que  la  utei 
■ejette  sur  le  rivage. 

Lorsque  la  greve  est  melee  de  sable  et  de  vase  on  j  ti  out  e  e 
animaux  differents,  en  particulier  des  Anndlides  et  painti  e  es 
I’Ardnicole  des  pecheurs  Arenicola  piscatorum  l  ig.  C  -  '  cs 

(92) 


1  Dt  dans  dcs  t rot j ^  qu'ellcs  se  creusent  cn  avalant  la  vase,  et 
‘ii  la  1 1  Kt. mi  par  I'autrc  bout  dc  leur  corps  sous  forme  de  tor- 
tillons.  Ellas  ram&nent  ainsi  continuellement  k  la  surface  les 
couches  |  du  sable  comme  le  font 

Its  vets  dt  tone  dans  les  champs. 

A  mesure  que  Pon  remonte  vers  le  fond 
dt  l.i  baie  di  Ouibcron  on  voit  les  greves  de- 
venir  Jc  plus  cn  plus  vascuses  et  se  recou- 
vi  ir  de  pi. mu  s  special es  qui  en  changent  com- 
pletemcm  la  plr,  shinomie  ainsi  que  la  faune. 

(le  sunt  K  -/  isu  res  qui  constituentdegrandes 

prairies  marines  nu  herbiers.  Les  herbiers  de 
zosteres  apparaissent  vers  la  pointe  de  la 
presqu  ile,  tout  d’abord  d’une  facon  tiniide, 
si  I'on  peut  ainsi  parlcr;  ce  sont  des  plaques 
isolees,  a  feu i  1  les  rares  et  courtes;  plus  on 
s’avance  vers  le  fond  du  golfe  de  Quibeton 
plus  on  constate  que  les  zosteres  deviennent 
abondantes  sur  les  graves  plates  qu  elles  finis 
sent  par  en> ahir  complfctement  sur  d  enonnes 
etendues. 

Les  animaux  de  routes  sortes  pullu  en 
parmi  ces  plantesqui,  comme  vous  savez  n 
sont  pas  des  algucs,  bien  qu’elles  vivent  a 
la  mer  et  qu’elles  en  aient  l’aspect,  mais 
graminees. 

On  y  peche  en  abondance  des  Crevett  ^ 

(Pa  lemon  serial  us ),  plusieurs  especes  ^ 

Crabes,  de  Poissons  varies.  On  y  tI0U' 

nombreuses  Actinies,  (Bunodes  vemiC0 

(Fig. 


F'ig.  17.  —  Areni- 
cola  piscatorum 
ile  grandeur  na- 
turelle.  (D’apres 
de  Quatrefages). 


Heliactis  bell  is),  des  Lucernaires 


des 


des  Hydraires,  etc...  Parmi  les  racines^^ 
Zosteres  qui  s’enchevetrent  dans  le 
vaseux  on  trouve  des  Vers,  des  Anne 
des  Planaires  aux  belles  couleurs,  des  Ne'mertes,  etc.  ^ 
Si  I’on  continue  a  remonter  la  cote  pour  se  rappi°c  ^ 
fond  de  la  baie  de  Quiberon,  tout  prbs  des  celebres  mem 


—  23  — 


Carnac,  on  trouve  une  immense  plage  de  sable  vaseux  et  de 
vase  noiratre.  Cette  plage  presque  plate  est  tres  abritee,  piesque 
close  par  une  bande  de  dunes 
et  elle  ne  communique  avec 
la  mer  que  par  une  etroite 
ouverture.  Sur  la  cote  sont 
installs  des  pares  a  huitres, 
et  l’on  y  a  fait  des  essais  d’ele- 
vage  de  moules. 

Cette  plage  renferme  des 
mollusques,  en  particulier  la 
Palourde,  (Tapes  decussata), 

Cardium  edule  (Fig.  ig),  etc... 
de  nombreuses  Arenicoles  la 
bouleversent  constanunent. 

II  est  intdressant  d’exami- 
ner  le  bord  de  cette  plage 
basse.  On  y  voit  les  tentatives 
d’invasion  des  plantes  terres- 
tres  sur  le  domaine  de  la  mer.  Fig.  *8- ■  Lucernaire  grossic  ti  ois  to' 

Des  i lots  de  plantes  oil  Ton 

trouve  surtout  des  Sajicornes,  des  Carex,  sont  sepal ds  les  uns 
des  autres  par  des  portions  de  greve  sans  plantes.  Un  peu  plus 
haut  les  Hots  se  touchent  pres¬ 
que,  enfin,  tout  a  fait  en  haut 
delagrdve,  les  plantes  terrestres 
lorment  une  prairie  continue, 
lout  cela  est  couvert  par  la  mer 
aux  dpoques  des  marees  de 
quinzaine.  Ces  plantes  terrestres 
sont  done  abondamment  salees 
de  temps  en  temps  et  elles  sont 
d  autant  plus  modifiees  par  cette 
salure  qu’elles  sont  plus  bas  sur 

la  grdve;  elles  1’envahissent  len-  , 

lenient,  profitant  de  l’envasement  progressif  poui  pous.  ei 
Pointes  afin  d’aarandir  leur  domaine. 

(92) 


Fig.  19.  —  Cardium  edule. 
Grandeur  naturelle. 


—  24  — 


(.i-  plu  iiMiu;  nr  in  '  u\t  | ik*  tin  cote  abrite  de  la  pres- 
t|ii  ile  ;  mii  I  .min  live,  eteiul  .1  |  h  rtc  de  vuc  la  grande  greve 
demi  circulaire,  oil  il  n'j  .ini  vase  ni  herbiers  etoil  lafauneest 
remarquablement  pauvre,  cat  la  mer  y  ddferle  toujours  avec 
violence.  Lecootraste  entrel  graves est particulifcrement 
netquand  onse  place  sui  lefort  Penthifcvre  en  regardant  vers 
le  Nord. 

Je  m'arrlte  ici,  Mesdameset  Messieurs,  Je  ne  veujt  pas  pro- 
longei  cette  conference  dej&  trop  tongue.  Je  n’ai  voulu  vous 
donner  qu'un  aper^u  general  des  observations  que  1  on  peut 
faire  sur  la  prcsquik*  de  QuiberoO,  en  evitant  dentiei  dans 
•  details  imp  Ion.  de  vous  donner  des  listes  dam 

maux.  Si  quelques  personnes  s’interessent  plus  particulieremen 
ii  ce  sujei.  je  suis  entifcrement  a  leiir  disposition  pour  de  pa 
amples  details.  J'espire  que  cette  court©  monogiaphie  de 
presqu’lle  de  Quiberon  vous  aura  domic  un  idee  du  genie 
ties  gdologiques,  botaniques  et  zoologiques  se  iattacha 
l’oceanographie  que  Ton  peut  faire  sur  un  espace  restieint. 

Je  fais  remarquer  aux  etudiants  qui  m’entendent  que^ 
etudes  de  ce  genre  soitt  tout  indiquees  pour  servi  . 
de  doctoral  &  ceux  qui  preftfrent  Les  travaux  aiigFan 

rec  here  lies  de  lahoraioire.  t 

II  ne  manque  pas  sur  nos  votes  d’autres  points 
tout  aussi  interest.. mis  que  la  presqu'ile  de  Quibeion. 


PL.  I. 


Lne  des  fentes,  en  forme  de  couloir  profond,  de  la  cote  occidentals 
de  la  presqu’ile  de  Quiberon. 


PL.  II 


I'ig.  i.  —  Grotte  sur  la  cote  occidentale  de  la  presqu’ile  de  Quiberon 
contenant  des  Pollicipes. 


ric.  2. 


l-’entree  d’un  couloir  battu  par  la  mer.  La  partie  d roi te  d<- 
est  recouverte  de  Pollicipes. 


wiM 


PL.  III. 


Fig.  i.  —  Touffes  de  Pollicipes,  au  niveau  moyen  de  la  maree 
dans  le  fond  d’un  couloir. 


f  ig.  2. 


Touffes  de  Pollicipes  a  la  lin?lt®  5®)  Z°nC  ^ 
(Photographie  prise  a  o  -  )• 


v  '••• 


PL.  IV. 


Ftc.  i.  —  Tache,  blanche  au  centre  (Lithothamnion),  grise  sur  le  pourtour  (Spirorbes) 
sur  la  cote  orientale  de  la  presqu’ile  de  Quiberon. 


1  lr"  2- —  Constructions  de  Hermelles  (Sabellaria  alyeolata)  sm 

(Cliche  de  M.  L.  Vallet). 


la  cote  occidentale. 


INSTITUT  OCEANOGRAPHIQUE 

(FONDATION  ALBERT  lor,  PRINCE  DE  MONACO) 

Reconnu  d’utilit6  publique  par  Dficret  du  16  Mai  1906 


EnsEIGNEMHNT  PoPULAIRE  DE  L  O  C  E  A  N  O  G  R  A  P  H  I  E 


CONFERENCES  de  1906-1907 


Ces  Conferences  anront  lieu  le  samedi,  a  9  heures  du  soir 

A  LA  SORBONNB  (Amphitheatre  Descartes) 

(Entree  par  la  forte  de  la  rue  de  la  Sorbonne  n°  i~) 


Ordre  des 


Samedi  17  Novembre  1906 

M.  BERGET 

Dotlenr  es-ScienceSi  charge  de  Conferences  a  la  Sorbonne 

Mouv'ements  de  I’atmosnhere  au-dessus 
des  Oceans.  —  Vents  aiizes.  —  Regions 
des  calrrtes  equatoriauJc. 

Samedi  24  Novembre 

M.  le  Dr  CHARCOT 

Commanilanl  do  l’F,spc'ililion  anlarclique  francaise 
l-es  moeurs  des  animaux  de  l’Antarctique. 

Samedi  1-  Decembre 

M.  ie  Dr  JOUBIN 
I’rofeisonr  an  Mine  uni  d’llisloire  Nalnrelle 

La  Presqu’ile  de  Quiberon. 

Samedi  8  Decembre 

M.  le  Dr  PORTIER,  Dirocleur-Adjoinl  du 
Laboraloirc  de  Physiologic  ii  la  Sorbonne 
Lhysiologie  des  animaux  polaires. 

Samedi  15  Decembre 

M.  Gabriel  BERTRAND 
'"'bur  is-Scienees,  charge  do  Coins  a  la  J'aciille  des  Sciences 

La  composition  chimique  de  la  met 
au  point  de  vue  industrial. 

Samedi  22  Decembre 

M-  1'ABRE-DOMERGUE 
Inspector  general  lies  Pcclie*  Jlarilinies 
I  -es  methodes  actuelles  de  la  Pisciculture. 

Samedi  5  Janvier  1907 

M.  BERGET 

\  ents  superieurs  de  retour.  —  Contre- 
t.lzes-  —  Recherches  du  Prince  de 
onaeo.  —  Moussons. 

Samedi  12  Janvier 

(  M.  le  Dr  MAILLARD 
Professeur  agre'go  a  la  Faculle  de  Medecine 
Les  industries  chimiques  de  la  mer. 

10  L  Industrie  saliniere. 


Conferences 

Samedi  19  Janvier 

M.  JOUBIN 

Les  commencaux  et  les  parasites  des 
animaux'  marins. 

Samedi  26  Janvier 

M.  PORTIER 

Les  ressourees  alimentaires  de  la  mer 
( t«  partie). 

Samedi  2  Fevrier 

M.  Gabriel  BER  TRAND 

La  composition  du  milieu  marin 
au  point  de  vue  biologique. 

Samedi  9  Fevrier 

M.  BERGET 

Regimes  exceptionnels  des  vents  OCea- 
niques.  —  Cvclones  et  typhous. 

Samedi  16  Fevrier 

M.  JOUBIN 
L’industrie  ostreicole. 

Samedi  23  Fevrier 
M.  PORTIER 

Les  ressourees  alimentaires  de  la  mer 
(20  partie). 

Samedi  2  Mars 
M.  MAILLARD 

Les  industries  chimiques  de  la  mer. 

2°  L’industrie  des  varechs. 


Samedi  9  Mars 

M.  BERG  FIT 

Particularites  des  -surfaces  oceaniques  au 
point  de  vue  du  magnetisme  terrestre 
et  de  la  pesanteur. 

Samedi  16  Mars 

M.  PORTIER 
Les  organes  des  sens 
chez  les  animaux  marins. 


1  hi  V;S  Pcrsonnes  qui  dOsirent  assisteraux  Conferences 
...  Position  m.UiL  ....  cz’ipntffiniie  d1 


■  i  la  M 11 1  ucMreni  assisici  ciua  - - -  -  \  <  !,•  Prince  de  Monaco,  iu.  muiuo 

Trocn dl°Sltl0ri  public  au  Secretariat  scientifique  de  S.  A. ,,  rue  pogelbach,  oil  Ion  j 

.  dress'  0  et  ?“  Secretariat  provisoire  de  Hnstitut  Ocdanograph  que  ,  ue  r  Cuvier  et  ,7. 

wlwboS- lc*tr?-  0n  en  trouve  ^a,ement  au  Mus4  dHlst  •  /* 


devront  etre  munies  de  cartes.  —  Ces  carles  sont 
de\ roni  t  p  inc<!  de  Monaco,  io.  avenue  du 
*  "  -  L  1  peut 

rue 


ne>  ^  la  Sorbonne. 


YV  I  S 


Le  Bulletin  cm  cn  d£p6t  chez  Friedlander,  n,  Carlstrasse. 
Berlin. 


Les  numeros  du  Bulletin  sc  vendent  separertient  aux  pnx 
suivants  et  franco  : 


Fr. 


88.  —  Analyse  ties  echantillons  d'eau  de  mer  rccticillis  pendant  la 

Campagne  du  yacht  Princcsse- Alice  en  1906,  (kun  espe- 
ranta  traduko),  par  G.-H.  . . . 

89.  —  Notes  sur  lesgisements  de  Mollusques  comestibles  des  Cotes 

de  France.  —  La  nigion  d’Auray  (Morbihan)  avec  1  carte, 
par.  L.  Jouuin,  professcur  an  Museum  d'Histoire  naturelle 
de  Paris  et  a  l’lnstitut  Oceanographique . 

90.  —  Description  de  1’cxtrimitc  postcricurc  du  corps  anorrnale 

chez  deux  Motella  fusca  Risso,  par  le  Dr  M.  Jaquet, 
Conservateur  au  Musee  Oceanogrnphique  (avec  une  pian- 

che  double) . . . 

91-  —  Analyse  de  quelques  echantillons  de  Pelagosite  recueillis 
dans  le  port  de  Monaco,  (kun  esperanta  traduko),  par 

G.-H.  . . . . 

9:.  —  Conference  du  1"  dcccmbre  1906.  La  Presqu’ile  de  Qui- 
beron  (avec  quatre  planches),  par  L.  .loubin.  professeur 
au  Aluseum  d’Histoire  naturelle  de  Paris  et  a  1  Institu 
. . 


0  5o 

2  5o 

1  » 

0  5o 

1  5o 


MONACO.  —  IMPR.  DE  MONACO. 


BULLETIN 


DE 


(Fondation  ALBERT  L>,  Prince  de  Monaco) 


■«8* 


QUELQUES  IMPRESSIONS  D'UN  NATURALISTE 
AU  COURS  D’UNE  CAMPAGNE  SCIENTIFIQUE 
DE  S.  A.  S.  LE  PRINCE  DE  MONACO  (1905). 

Par  E.-L.  Bouvier 

Professeur  au  Museum  d’histoire  naturelle,  Menibre  de  1  Institut. 


M  O  N  a  c  o 


-A.V  I  S 


Les  auteurs  sont  pries  de  se  conl'ormer  aux  indications  suivantes  : 

i°  Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congres 
internationaux. 

2°  Supprimer  autant  que  possible  les  abrcviations. 

3°  Donner  en  notes  au  bas  des  pages  on  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

4°  Eciire  en  italiques  tout  noni  scientifique  latin. 

5°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  B.j  ou 
a  l’encre  de  Chine. 

6’  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papiers 
caiques  les  recouvrant. 

7°  haire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noir  sur 
papier  procede. 

8°  Remplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  le 
texte  en  donnant  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d'un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 


*  * 


Les  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  Ils  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nombre  quelconque  —  faire  la  demande  sur  le 
manuscnt  —  suivant  le  tarif  suivant  : 


50  ex. 

100  ex. 

150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

Un  quart  de  feuille  . 

» 

5f  20 

Sfqo 

io  fqo 

1 3  40 
19  40 

Une  demi-feuille 

Or  oO 

Une  feuille  entiere 

4/0 

8  io 

0  JO 

9  8o 

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i3  8o 

I  I  » 

l6  20 

ajouter  a  ces  prix  celui  des  planches  quand  il  y 


500  ex. 

i  yt  8o 
22  8o 
35  8o 


lieu. 


tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  d  Vadresse  suivdnte  . 

Musee  oceanographique  (Bulletin),  Monaco. 


Bulletin  de  l’Institut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 

N°  i)3.  —  Janvier  1907. _ _ 


Quelques  impressions  d  un  naturaliste  au 
cours  d  une  campagne  scientifique  de 
S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  (1905). 

Par  E.-L.  BOUVIER 

Professeur  au  MusSum  d’histoire  naturelle,  Merahre  de  l’Institut. 


Les  Vertebres  de  surface. 

Voici  terminee  la  recente  campagne  scientifique  de  S.  A.  S.  le 
Prince  de  Monaco,  la  dix-huitieme  entreprise  par  cet  infatigable 
explorateur  de  l’Ocean.  Ayant  eu  l’honneur  et  le  grand  avantage 
d’etre  parmi  les  invitds  de  Son  Altesse,  il  ne  sera  peut-etre  pas 
inutile  de  mettre  en  relief  les  impressions  et  les  connaissances 
fine  j’ai  rapportdes  de  cette  croisiere,  qui  fut  pour  moi  une  deli 
eieuse  et  inoubliable  lecon  de  choses.  Est-ce  une  illusion  de 
eroire  que  les  sentiments  les  plus  vifs  debordent  quelque  peu 
dans  un  simple  rdcitPet  sera-t-il  possible  de  communiquei  au 
lecteur  une  parcelle  du  charme  que  le  naturaliste  eprouve  au 
cours  d’un  semblable  voyage,  surtout  en  presence  des  pheno 
utenes  consideres  comme  les  plus  vulgaires? 

Quoi  qu’il  en  soit,  on  ne  trouvera  peut-etie  pas  sans  uti 
le  rdcit  bref  et  pittoresque  d’une  campagne  oceanographique 
°utillee  a  la  moderne,  car  les  hommes  de  science  sent  parcuno- 
nieux  de  leur  temps  et  il  faut  d’amples  loisirs  pour  entreprendre 
la  lecture  de  gros  volumes  consacres  aux  expeditions  les  p  us 
’ecentes.  Si  j’ajoute  que  les  engins  utilises  pai  Son 
rePresentent  les  derniers  progres  de  l’outillage  oceanographique, 


—  1 


et  que,  parmi  ces  engins,  le  plus  employd  fut  un  filet  spacieux 
qui  permettait  d’dtudier,  sur  une  vaste  echcllc,  la  faune  bathy- 
pdlagique  si  mal  connue  jusqu’ici,  on  se  rendra  compte  de 
1’interet  que  peut  presenter  le  recit  de  la  recente  campagne 
effectude  par  la  Princesse- Alice. 


I 

IT  line  blancheur  de  neige,  relevde  par  de  sobres  dorures,  le 
yacht  Princesse-Alice  (Fig.  i)  est  un  elegant  vapeur,  avec  ses 
mats  qui  lui  permettcnt  de  supporter  une  voilure,  et  sa  coque 


Fig.  r.  —  La  Princesse-Alice. 


fine  et  souple.  formde  par  une  carapace  d’acier.  Sa  longue111 
atteint  70  metres  et  son  jaugeage  1.400  tonneaux.  Pres  de  a 
dunette  d  avant  oil  s’effectuent  les  manoeuvres  de  peche,  elle 
porte  20.000  metres  de  cables  metalliques,  enroules  sur  deux 
enormes  treuils  et  actionnes  par  une  machine  speciale  de  10  che^ 
xaux.  Entre  ce  point  et  l’entrepont  des  machines,  s’eleve  un  l°n» 


—  3  — 


rouf  oil  sont  dtablies  les  cuisines,  les  annexes  du  laboratoire, 
qui  est  situe  au-dessous,  pres  des  cabines  d'avant,  et  les  instal¬ 
lations  propres  aux  sondages  ou  aux  projections  pour  la  peche 
moderne.  En  deca  des  machines  s’eleve  un  second  rouf,  qui 
conduit  a  d’autres  cabines  et  a  la  salle  a  manger;  enfin  la  dunette 
d’arriere  est  occupee  surtout  par  le  salon  et  le  servo-moteur, 
portant,  au  surplus,  les  appareils  necessaires  a  la  manoeuvre  du 
cerf-volant  et  l'installation  du  Dr  Richard  pour  les  fines  recoltes 
de  surface. 

Quant  aux  engins  de  peche,  ils  sont  aussi  nombreux  que 


VG’  2‘  —  Le  vertical  a  grande  ouverture,  ou  filet  Richard. 

(D  apres  une  photographie  prise  a  bord  du  yacht  par  M.  Richard). 

aiids  .  chalut  ordinaire  et  chalut  a  plateaux  pour  les  especes 
4  u  vivent  sur  le  fond,  enormes  nasses  garnies  interieurement 
1  6  nassettes  pour  attirer  ces  mernes  especes,  filets  Richard  pout 
J  Peche  bathype'lagique;  et  de  longues  lignes,  appelees  palan- 
^  es5  qui  portent  par  centaines  des  hamecons  largement  espaces, 
et  des  projecteurs  electriques  pour  attirer  les  organismes  marins 

(93) 


—  4  ~ 


a  la  sin  lace,  et  des  havcneaux  de  di verses  sortes  pour  la  capture 
des  animaux  flottants,  et  tout  un  attirail  de  dards,  defleches,  de 
harpons,  avec  des  baleini&res  armdes  de  caronades  pour  la  peche 
des  Cctaces.  Le  filet  Richard  (Fig.  2)  fut  notre  engin  favori 
dm. mt  la  croisifcre,  et,  comme  on  pouvait  le  prdvoir  d’apres  la 
campagne  pr&ddente,  les  rdcoltes  en  furent  merveilleuses.  Use 
compose  d'un  filet  conique,  en  toile  d’emballage,  soutenu  a 
l’ouverture  par  un  chassis  carrd  ayant  3  ou  5  metres  de  cote 
suivant  le  type,  suit  une  ouverture  de  9  ou  de  25  metres  carres, 
on  le  descend  verticalement  jusqu'a  la  profondeur  voulue,  en 
evitant  de  toucher  le  fond,  et  il  capture  les  animaux  qui  se  trou- 
vent  sur  sa  route,  pendant  qu’on  le  ramene  a  la  surface.  Une 
empdche  conique,  adaptee  a  l’ouverturc,  mais  bien  plus  couite 
que  l'engin,  et  comme  lui  en  toile  d’emballage,  s  oppose  a  la 
sortie  des  animaux  et  fonctionne  a  la  maniere  du  cone  peifore 
des  nasses  les  plus  communes.  Etant  donnees  ses  dimensions 
qui  sont  enormes,  ce  filet  tamise  une  colonne  d  eau  gigantesque 
et  retient  une  quantite  d’organismes  qui  dchappaient  foi cement 
aux  filets  verticaux  beaucoup  plus  petits  employes  jusqualors, 
ces  derniers  avaient,  au  plus,  un  mfctrc  carre  d’ouvertuie  e 
laissaient  pas  que  d’etre  fort  coutcux,  car  on  les  construisait  avec 
une  soie  a  bluter  des  plus  fines.  Malgre  ses  grandes  dimensions, 
le  filet  Richard  n’atteint  pas  un  prix  bien  eleve;  il  est  ^  ^ 
manoeuvre  tres  simple  et  e'est  a  son  usage  presque  jouina 
qu’on  doit  les  plus  beaux  resultats  de  la  prdsente  campagne. 


L’equipage  du  yacht,  depuis  le  mecanicien  jusqu 


’aux  mate- 


lots,  a  ete  Fobjet  d’une  selection  attentive  et  ne  comprend  q 
des  marins  de  choix;  il  a  I’intelligence  des  besognes  delicat 
qu'on  lui  demande  et  fonctionne  avec  un  ensemble  a  niira 


sous  la  direction  de  M.  Sauerwein,  aide-de-camp 


du  Prince,  et 


d’un  habile  maitre  de  manoeuvre,  M.  Peron.  Un  baleinier  e^^ 
sais,  M.  Wederburn,  a  pour  mission  propre  la  peche  des  gia^ 
Cdtacds;  mais  beaucoup  de  matelots  sont  d’une  adresse  extie^^ 
dans  le  harponnement  des  especes  plus  pietites,  telles  que^^ 
dauphins.  Le  Commandant  Carr,  un  marin  qui  a  fait  vingt  ^ 
le  tour  du  monde,  est  charge  de  la  direction  du  naviie,  dor 
ravitaillement  s’effectue  sous  les  auspices  de  M.  Fuhrnieis 


(93) 


■Alice  pendant  la  campagne  de  tgo5.  (Carte  dressee  par  M.  Toilemer). 


—  6  — 


secretaire  particuliei  du  Prince.  Le  personnel  scientifique  de  la 
cj  npagne  se  composait  du  D'  Richard,  dirccteur  du  Musee 
ocdanographique  de  Monaco,  de  M.  Sirvent,  prdparateur  du 
Mus^e,  d’un  medecin  naturaliste,  M.  le  Dr  Pettit,  du  Museum 
d'Histoire  naturelle,  du  professeur  Hergesell,  de  Strasbouig, 
charge  des  observations  meteorologiques  et  du  rddacteur  de  cet 
article.  Un  peintre  habile,  M.  Tinayre,  devait  fixer  en  aquarelles 
Ics  jolies  teintes  des  animaux  vivants,  esquisser  lcs  complexes 
manoeuvres  de  bord  ct  executer  quelques  etudes  dans  lespajs 
pittoresques  que  nous  allons  visiter.  Avec  sa  cordialite  char 
mante  ct  son  sang-froid  inalterable,  le  Prince  assumait  la  lour  e 
tache  de  diriger  complitement  l’cxpedition;  il  fut  vtaimentl  ante 
du  bord  ct,  pour  tous  ccux  qui  furent  ses  collaborateuis  scienti 
liques.  un  compagnon  des  plus  charmants. 

Dans  ses  grandes  ligncs,  le  programme  de  la  cioisiere  c<m 
portait  une  pointe  dans  la  mer  des  Sargasses  avec  relais  a  a  e  3 
et  retour  par  les  Azores.  La  carte  ci-contre  (Fig.  3)  montie 
route  fut  suivie  pour  rdaliser  ce  programme.  Pattis  de  Mats  ^ 
le  20  juillet,  nous  relachions  a  Madere  lc  28,  pout  en  ieParj*. 
3o,  a  pres  avoir  fait  ample  provisions  de  vivre  et  de  cial  ’ 
2?  jours  plus  tard,  le  yacht  mouillait  dans  le  port  de  Ponta  ^ 
gada,  chef-lieu  dc  Sao-Migucl  des  Acores,  ayant  atteint  au 
ouest  les  grands  fonds  de  6.000  metres  et  ttaveise  a  P  ^ 
orientale  de  la  mer  des  Sargasses;  il  repartait  le  27  a0Ujt,^ajt 
explorer  les  eaux  acoreenncs  jusqu’au  dela  de  Holes,  1  ^ 

de  nouveau  a  Ponta-Delgada  le  9  septembre,  et  quatte  jour  ^  ^ 
tard,  se  dirigeait  vers  l’Europe  :  il  faisait  escale  a  Gibta  ^ 
19  septembre,  longeait  la  cote  orientale  de  Majorque  le  —b 
24  au  matin  jetait  l’ancre  dans  le  vieux  port  de  Maisei  e, 
une  campagne  de  neuf  semaines. 


II 

Des  le  premier  jour  de  notre  navigation,  nous  fumes  fa'  ^ 
par  un  spectable  de  bon  augure  :  le  phare  de  Planter  et  <  ^ 

provencale  s’etaient  a  peine  cache's  derriere  1  horizon  qu 


—  7  ~ 


troupe  de  grands  Cetodontes  vint  prendre  ses  ebats  au  voisinage 
du  navire.  A  leur  nageoire  falciforme,  qui  faisait  longuement 
saillie  hors  de  l’eau,  a  leur  rostre  aplati,  fort  semblable  a  celui 
des  Dauphins,  et  a  leur  taille  qui  pouvait  atteindre  4  ou  5  metres, 
ceshabiles  nageurs  furentbien  vite 
reconnus  pour  des  Grampus 
(Fig.  4).  Moins  familiers  que  les 
Dauphins,  qui,  sous  la  proue, 
luttent  de  vitesse  avec  le  navire, 
nos  visiteurs  se  tenaient  a  quelque 
distance,  et,  comme  ils  ne  venaient 
point  a  nous,  le  Prince  resolut 
daller  a  eux.  Une  baleiniere  est 
mise  a  l'eau,  avec  sa  caronade 
chargee  et  ses  harpons  relie's  a  un 
cordage;  le  Prince  descend  dans 
1  embarcation,  et  la  chasse  com¬ 
mence.  Mais  les  Grampus  sont  des 
animaux  prudents;  sans  s’e'loigner 
beaucoupdela  baleiniere,  ilssurent 
tou jours  se  tenir  hors  de  portee, 
semblant  narguer  leur  agresseur 
dont  j  admirais  le  calme  et  dont 
)  cnviais  la  patience.  Cette  partie 
dnia  plus  d’une  heure  et,  si  elle  ne 
u*  pas  fructueuse,  elle  nous  ren- 
^cigna  du  moins  sur  la  sagacite  des 

Grampus. 

Tiois  jours  apres  cette  rencon- 
tre’  a  I  heure  ou  le  pittoresque 
'ochei  de  Gibraltar  commencait  a 
Paraitre  sur  l'horizon,  un  Cachalot 
'§•  5)  se  montra  en  avant  du 
v”e.  Quand  nous  apercumes  le  gigantesque  Ce'todonte,  il 
s*  ait  au  repos  a  la  surface,  avec  la  partie  dorsale  de  son  coips 

lante  au-dessus  des  flots,  semblable  a  un  demi-cylindre 
Uat,e  et  verticalement  tronque  en  avant.  L’animal  ne  testa 


Fig.  4.—  Grampus  griseus  hisse 
a  bord  de  la  Princesse-Alice. 
(D’apres  un  cliche  de  Son 
Altesse.) 


(93) 


I  iG.  5.  —  Le  Cachalot  (Pliyseler  macrocephalus),  Cetodonte  pouvant  atteindre  une  longueur  de  3o  metres. 
(Gravure  extraite  des  Mammiferes  de  Carl  Vogt;  cliche  prete  par  la  librairie  Masson.) 


—  9  — 


pas  longtemps  dans  cette  position;  derange  par  notre  marche,  il 
plongea  quelques  instants,  mais  pour  emerger  bientot  a  l’arriere 
du  navire.  Alors  i!  se  dirigea  vers  le  nord  a  toute  vitesse, 
soufflant  par  intervalles  une  haute  colonne  vaporeuse  de  gout- 
telettes  finement  divisees.  Le  jet  expiratoire  est  beaucoup  plus 
eleve  chez  le  Cachalot  que  chez  les  Grampus;  il  donne  naissance 
a  un  bruit  beaucoup  plus  net  et  il  retombe  obliquement  sur 
l'un  des  cotes  du  corps,  ce  qui  tient  a  la  position  tres  asyme- 
trique  de  l’e'vent  chez  cet  animal.  De  lasorte,  jalonnantsa  route, 
le  Cetace  put  etre  suivi  assez  loin,  et  nous  en  apercevions  la 
piste  quand  son  dos  noiratre  avait  depuis  longtemps  cesse  d’etre 
apparent. 

Une  troupe  de  trois  Cachalots  fut  egalement  rencontre'e  par 
le  yacht  entre  les  Acores  et  le  detroit,  durant  le  trajet  de  retour. 
Au  reste,  ces  animaux  sont  frequents  dans  les  parages  des 
Acores,  et  les  ties  de  l’archipel  sont  assidument  frequences  par 
les  baleiniers  americains  qui  pourchassent  le  gigantesque  Ce'to- 
donte.  Chaque  lie  a  ses  guerites  d’observation,  toujours  situees 
sur  de  hautes  falaises,  d’ou  Ton  peut  explorer  le  large,  un 
Cachalot  est-il  apercu,  les  baleiniers  partent  en  chasse  et,  le  cas 
echeant,  remorquent  leur  victime  en  un  lieu  de  depecage  appio- 
prie.  Le  port  de  Horta,  dans  File  Fayal,  conserve  depuis  long¬ 
temps  les  faveurs  des  baleiniers,  ce  qui  tient  sans  doute  a  sa 
position  au  centre  de  l’archipel.  C’est  dans  une  anse  se'paree  du 
port  par  un  monticule  de  laves  que  sont  disposbes  les  installa¬ 
tions  relatives  a  Fexploitation  du  cadavre  (big. 6);  encore  liquide, 
le  spermaceti,  ou  blanc  de  baleine,  est  tirb  des  cavernes  fibieuses 
qu’il  occupe  au-dessus  du  crane,  et,  quant  a  l’huile,  on  1  obtient 
par  fusion  de  Fdpaisse  couche  de  lard  qui  revet  le  corps  du 
Cdtace.  Les  dents  qui  garnissent  les  bords  de  1  etroite  machoiic 
infe'rieure  ont  e'galement  une  valeur  commerciale;  on  les  vend 
comme  curiosites  a  Horta,  ou  on  les  utilise  pour  l’ivoire  dont 
elles  sont  formees.  Ces  travaux  de  depecage  sont  toujours  pem- 
bles,  car  la  besogne  est  longue,  et  nulle  odeur  n  est  plus  repu- 
gnante  et  plus  tenace  que  celle  du  Cetace  en  decomposition, 
I’anse  de  Fayal  nous  parut  empestee;  et  quelques  semaines  plus 
tard,  dans  Pilot  de  Villafranca,  nous  retrouvames,  attenud,  dans 

(93) 


10  — 


le  mime  funic t  desagreahle,  bien  quc  lc  chantier  de  Pilot  n’eut 
pas  i  ce 1 1  de  travailleurs  depths  des  anndes!  Au  cours  de  la  cam- 
pagne  dernifcre,  on  a  capture  vingt  Cachalots  a  Fayal, et quelques 
autres  sans  dome  dans  le  reste  de  Parchipel;  mais  l’industrie 
des  huiles  m  i  nerales  et  des  huiles  vegetales  semble  avoir  porte 
un  coup  funeste  a  celle  qui  nous  occupe,  et  Ic  nombredes  balei- 
nieies  armdes  pour  la  peche  diminue  chaquc  annde  dans  les 
Azores,  com  me  aussi  parait-il,  dans  lcs  regions  arctiques.  Et 


tic.  6.  —  Le  depeeage  d'un  Cachalot  a  Sao-Miguel. 
(Dapres  une  carte  postale  de  la  lihrairie  Travassos  a  Sao-Miguel-) 


des  lot’s,  au  lieu  de  disparaitre  a  courte  eche'ance  comme  on  a 
tant  de  fois  pre'dit,  les  grands  Ce'taces  ont  quelque  chance  de  se 
multiplier  comme  jadis,  ce  qui  ne  se  produira  pas  sans  retenttr, 
par  contre  coup,  sur  la  gent  maritime  dont  ils  font  leur  nout 
riture. 

Latchipel  des  Acores  est  egalement  tres  frequentee  pal 
1  Hyperoodon  rostralus ,  Cetodonte  moins  volumineux  que 
Cachalot  et  qui  s'avance  beaucoup  plus  loin  vers  le  Noid,  1°^ 
jusque  dans  la  Manche,  oil  frdquemment  il  vient  s  echotter 


Nous  eumes  l’occasion,  a  plusieurs  reprises,  de  rencontrer  des 
individus  de  cette  espece,  notamment  le  3i  aout,  au  nord  de 
Graciosa,  ou  cinq  d'entre  eux  suivirent  le  yacht  pendant  des 
heures.  Ils  nous  ddcouvrirent  de  fort  loin  et  s'elancerent  dans 
notre  direction  avec  une  rapidite  extreme,  de  minute  en  minute, 
leur  souffle  vaporeux  se  rapprochait  du  na\iie,  qui  pouitant 
etait  en  marche  et  filait  7  ou  8  noeuds  a  1  heure.  Ils  sont  main 
tenant  a  l’arriere,  dans  le  sillage,  et  si  pies  de  nous  que  e 
Dr  Richard  peut  tres  heureusement  les  photographier,  on  1 
tingue  aisement  leur  protuberance  cephalique,  foit  accentu 
chez  les  males,  qui  surplombe  un  rostre  assez  couit.  A  cei  tains 
moments,  ils  disparaissent  et  nous  croyons  que  le  cui  ieux  spec 
tacle  a  pris  fin;  mais,  apres  etre  restes  sous  1  eau  une  demi  eur  , 
sans  doute  a  la  recherche  de  quelques  proies,  ils  reviennent  a 
surface  et,  de  nouveau,  recommencent  leur  porn  suite.  On  salt  qu 
les  Hyperoodons  sont  des  Cetodontes  ou  1  armatuie  bucca 
reduite  a  une  paire  de  dents,  situees  sur  la  machoite  infeneure, 
comme  tous  les  grands  Cetaces,  ils  donnentune  ample  provision 
d'huile  qui,  dans  leur  cas  particular,  est  riche  en  spermaceti. 

Un  spectable  plus  original  encore  nous  fut  oileip  le  9  ’ 

nu  point  ou  nous  apparurent,  vers  le  sud,  les  premieies  tou 
de  Sargasses.  Dans  l’immensite  de  l’Atlantique,  depuis  p  usieui 
jours  absolument  desert,  nous  eumes  la  satisfaction  e 
apparaitre  une  troupe  de  Globice'phales  (Globicepha  us  me  as 
(Fig.  7),  qui  comprenait  au  minimum  vingt  individus.  Gette 
escadrille  d'un  nouveau  genre  etait  developpde  en  fi  e  sut  p  u 
sieurs  kilometres  de  longueur,  suivant  une  ligne  oblique  pai 
rapport  a  la  direction  du  navire.  Elle  sappiocha  du 
cessa  de  poursuivre  sa  marche  quand  les  piemieis  fuient 
centaine  de  metres  de  l’avant.  Alors  la  bande  cuiieuse  se  ma 
au  plaisir,  comme  pour  feter  notre  passage  :  certains  individus 
faisaient  la  sieste,  laissant  apercevoir  leur  dos  et  leur  nageoiie 
dorsale  peu  elevee ;  d’autres  executaient  des  plongeon 
et  revenaient  verticalement  a  la  surface,  ou  emeigeait 
re'gion  cephalique  obtusement  tronqude;  plusieurs  meme  r 
sissaient  a  laisser  sortir,  dans  la  meme  attitude,  une  g 
partie  de  leur  corps.  Nous  pouvions  tres  bien  entendie 


1‘ig.  7.  Un  Globicephale  hisse  a  bond  du  yacht.  (D’apres  une 
photographic  de  M.  le  Dr  Richard.) 

eurent  1  occasion  de  l’observer,  durant  les  precedentes  cam- 
pagnes. 

Le  meme  jour,  a  un  mille  du  yacht,  nous  pumes  apercevoit 
deux  grands  Mysticktes  (des  Balenopteres  sans  doute),  qui,  nxal- 
heureusement,  n’eurent  pas  la  curiosite  de  nos  Globice'phales. 
Les  Cetace's  de  ce  groupe  portent  des  fanons  au  lieu  d’une  arma¬ 
ture  dentaire,  ilsse  distinguent,  en  outre,  des  Cetodontes  paice 
qu'ils  ont  deux  events,  et  par  suite  un  jet  double,  qui  perniet  de 
les  teconnaitie  a  distance.  Bien  que  ces  animaux  ne  soient  pas 
rates,  nous  n'eumes  pas  la  bonne  fortune  d'en  rencontrer  de 
nouveaux  sur  notre  route. 


souffle  expiratoire  suivi  du  r&le  d’inspiration;  au  loin,  on  aper- 
cevait  encore  le  jet  des  pi  ti s  attard^s.  En  pareille  circonstance^ 
uuc  p^che  cut  etc  facile,  car  ces  grands  Cdtodontes  se  laissent 
approcher  de  fort  pres,  et,  quand  l’un  deux  est  capture',  les 
autres  s  offrent  d  eux-mSmes  sur  les  flancs  du  navire.  Je  tiens  ce 
derniet  detail  de  mes  compagnons  de  route  qui,  plusieurs  fois, 


—  i3  — 


Tandis  que  les  grands  Cdtaces  peuvent  s’aventurersur  1  Ocean 
aux  points  les  plus  dloignes  des  terres,  les  Dauphins,  qui  sont 
de  taille  relativement  plus  petite,  semblent  localises  pres  des 
hauts  fonds  ou  au  voisinage  de  la  cote.  Telle  est,  du  moins,  la 
distribution  que  presentment  ces  animaux  au  cours  de  la  cam- 
pagne  du  yacht;  de  bien  plus  loin  que  les  phares,  ils  nous 
annoncaient  toujours  un  banc  ou  une  partie  emergee.  Duiant  la 
traversee  de  Madere  a  Marseille,  nous  rencontrames  presque 
chaque  jour  une  ou  plusieurs  troupes  de  ces  animaux;  mais  ils 
disparurent  bien  vite  apres  notre  depart  de  cette  ile,  au  cours 
du  long  crochet  que  nous  fimes  vers  le  sud-ouest,  puis  vers  le 
nord,  pour  atteindre  et  explorer  la  mer  des  Sargasses.  II  faut 
avoir  parcouru  ces  solitudes  infinies,  delaissees  par  les  naviga- 
teurs,  pour  se  rendre  compte  du  plaisir  qu’on  eprouve  lorsque 
reviennent  les  Dauphins. 

Le  yacht  avait  quitte  Madere  depuis  vingt-trois  jours,  quand 
ces  messagers  aquatiques  apparurent  de  nouveau ;  nous  etions 
alors  a  400  kilometres  au  sud  de  Pico,  et  a  a5o  kilometies  du 
banc  de  la  Princesse- Alice,  c’est-a-dire  dans  les  parages  des 
Acores.  A  partir  de  ce  point,  nous  recumes  leur  visite  a  peu  pi  es 
chaque  jour,  sauf  a  mi-chemin  entre  Ponta-Delgada  et  1  Espa- 
gne,  durant  une  periode  oil  les  vents  du  nord-est  secouerent 
assez  violemment  le  navire.  Quels  gracieux  nageurs  que  ces 
animaux,  et  combien  sont  varides  leurs  evolutions !  Dans  le 
canal  qui  separe  Pico  de  Saint-Georges  et,  quelques  semaines 
Plus  tard,  au  voisinage  de  Majorque,  ils  se  trouverent  reunis  en 
grand  nornbre  et  tout  remplis  d’ardeur  comme  pour  nous  donnei 
le  spectable  de  leurs  ebats  :  ilssautent  hors  de  1’eau,  s’inflechis- 
sent  en  arc,  apparaissent  verticalement  au-dessus  de  la  sutface, 
°u  disparaissent  et  reviennent  bientot  en  se  lutinant.  I  lus 
encore  que  les  Globicephales,  ce  sont  les  amis  des  navires,  vers 
hsquels,  de  tres  loin,  ils  se  dirigent  a  forts  coups  denageoiie. 
Leur  grand  plaisir,  qu’ils  satisfont  toujours,  c’est  d’entreprendre 
nne  lutte  de  vitesse  avec  les  bateaux.  Au  contrail  e  des  Requins 
voraces,  qui  se  tiennent  dans  le  sillage  des  navires  poui  sy 
repaitre  de  debris  et  d’immondices,  ils  se  plaisent  a  l’avant  et 
jusqu’au-dessous  de  la  proue.  Avec  un  navire  de  rechercnes 

(93) 


comme  la  Princesse-Alice,  Ie  C^todonte  court  quclques  risques 
en  sc  livrant  a  ces  jeux:  sur  une  sorte  d’etabli  spdcialement 
installs  sous  le  beauprl,  voici  que  descend  un  matelot  habile 
dans  le  maniemem  du  harpon  :  une  proie  est  choisie,  bien  visee 
et  presque  toujours  atteinte  en  plein  corps;  un  Hot  de  sang 
rougit  la  mer.  Et  alors  cc  sont  les  compagnons  du  chasseur  qui 
s’emparent  du  cable  fixe  au  harpon,  et  e’est  le  Dauphin  palpitant 
qu'on  amfene  sur  le  navire,  Oil  il  foumira  au  laboratoirc  quelque 
organc  intcressant  ct  a  la  cuisine  Ie  copieux  filet  de  ses  muscles. 
Cette  tragedie  a  toujours  pour  effet  d’cHoigncr  immediatement 
la  troupe  des  nageurs,  merae  quand  1’un  des  animaux  na  ete 
que  simplement  touche.  Si  cc  n'est  pas  de  la  solidarity,  e’est  au 
moins  la  preuve  de  l’activite  psychique  deces  animaux,  qui  sont 
&  coup  sur  fort  intelligents. 


Ill 

II  n’est  pas  difficile  d’expliquer  la  distribution  si  diffeiente 
des  Dauphins  et  des  grands  Cetaces  dans  les  memes  regions. 
Suivant  la  regie  intangible,  ces  animaux  se  tiennent  aux  lieux 
ou  ils  trouvent  leur  nourriture.  Mysticbtes  et  grands  Cetodontes 
peuvent  s’aventurer  dans  les  parages  les  plus  lointains,  paice 
qu’ils  rencontrent  partout  l’aliment  qui  les  sustente  :  partout, 
en  effet,  se  developpent  les  Crustacds  et  autres  organismes  du 
plankton  qui  conviennent  aux  Mysticetes;  partout  les  Cephalo 
podes,  qui  sont  la  proie  du  Cachalot,  de  I'Hyperoodon  et  de. 
autres  grands  Cetodontes.  Mais  le  Dauphin  se  nourrit  de  Pois¬ 
sons,  et  les  Poissons  n’abondent  que  sur  les  bancs  et  au  voisi 
nage  des  terres,  et  e’est  la  que  leurs  adversaires  viennent  le 
pourchasser. 

Dans  les  parages  traverses  par  le  yacht,  les  Oiseaux  de  m 
pie’sentent  a  peu  pres  la  meme  distribution  que  les  Dauphin^ 
et  pour  des  motifs  analogues,  carce  sont  d’infatigables  pecheuu 
Les  Goelands,  qui  constituent  la  majeure  partie  de  cette  pop11, 
lation  aerienne,  s’avancent  meme  un  peu  moins  au  laige 
dm  ant  notre  longue  fugue  dans  la  mer  des  Sargasses,  ils  nou 


quitterent  avant  les  Dauphins  et  rdapparurent  un  jour  apres,  le 
21  aout,  a  200  ou  3oo  kilometres  du  banc  de  la  Princesse- Alice. 
De  meme,  entre  Sao  Miguel  des  Acores  et  l’Espagne,  nous  fumes 
quelques  jours  sans  en  apercevoir.  Par  contre,  ils  formaient  des 
colonies  extraordinairement  populeuses  au  voisinage  des  lies,  et 
it  Ponta-Delgada,  en  pleine  rade,  je  les  ai  vus  disputer  le  Maque- 
reau  a  la  ligne  du  pecheur. 

Les  gracieux  Petrels,  aux  ailes  noires  barrees  de  blanc,  sont 
bien  plus  puissants  dans  leur  vol  et  bien  plus  haidis  dans  leuis 
peregrinations.  Semblables  aux  Hirondelles,  dont  ils  ont  les 
ailes  fines  et  la  taille,  ils  suivent  tres  loin  le  navigateur,  ellleu- 
rant  l’eau  de  leur  vol  rasant,  et  capturant  du  bee  les  oiganismes 
de  surface.  Est-ce  pour  rebondir  a  la  manieie  des  Poissons 
volants,  que  ces  rapides  palmipedes  touchent  parfois  le  liquide 
du  bout  de  l’aile?  Nous  les  rencontrames  sur  toute  notre  route, 
depuis  Tanger  jusqu’a  Madere  et  depuis  les  Acoies  jusqu  au 
detroit  de  Gibraltar.  Pendant  pres  dune  quinzaine,  aucun  deux 
n’apparut  au  voisinage  du  navire,  mais  nous  etions  foit  loin  de 
toute  terre,  au  sud  de  la  mer  des  Sargasses,  ou  dans  les  parties 
orientales  de  cette  rdgion.  Lit,  notre  solitude  ne  hit  tioublee  que 
par  l’dcole  de  Globicephales  dont  j’ai  fait  mention  plus  haut,  et 
par  deux  oiseaux  particulierement  aventureux  :  une  sorte  de 
grand  Petrel  et  un  autre,  non  rnoins  robuste,  que  les  marins 
appellent  Paille  en  equeue,  it  cause  de  l’allongement  de  certaines 
pennes  caudales.  Nous  avions  quitte  Madere  le  3i  juillet,  et  le 
grand  Petrel  fut  rencontre  le  C  aout,  precedant  le  Paille  en  queue 
de  quarante-huit  heures;  le  yacht  se  trouvait  alors  au  point 
extreme  de  sa  croisiere,  par  3o°  4'  lat.  N.  et  420  i'j  long.  O.,  a 
1  endroit  ou  nous  vimes  flotter  les  premieres  toufies  d  Algues. 

Six  jours  plus  tard,  le  14  aout,  nous  ne  fumes  pas  mediocre- 
ment  surpris  de  voir  une  Hirondelle  voler  autour  du  navire,^  et 
le  lendemain  quatre  autres  la  rejoindre.  Nous  etions  en  pleine 
region  des  Sargasses  et  it  1.400  kilometres  de  toute  terre.  Exte- 
nuees  de  fatigues,  les  malheureuses  egarees  se  reposaient  lre- 
quemment  sur  les  cordages,  sur  les  vergues  ou  au  bold  des 
ehaloupes,  puis  elles  tournaient  autour  du  yacht  sans  jamais  se 
livrer  aux  chasses  rasantes  qu’elles  ont  coutunre  de  iaiie  sui 

(93) 


—  1 6  — 

continent.  Elies  reluscrent  toute  nourriture  et  ne  parurent  pas 
s'approcher  d’un  vase  rempli  d'eau  qu’on  avait  place  a  leur 
intention  sur  k  r<>uf  d'avant.  Apres  deux  jours,  nos  pension- 
naires  disparurent,  j ’ignore  si  quelques-unes  avaient  repris  leur 
iudeiini  voyage;  en  tous cas,  l’une  d’elle  fut  trouvde  morte,  peu 
de  temps  api  es.  derriere  l'un  des  treuils  du  cable.  Rapporte  a 
terre  et  etudie  depuis  par  M.  Eugene  Simon,  le  cadavre  fut 
rapporte  a  Y Hirundo  rustica  var.  erylhrogaster ,  c’est-a-dire  a 
une  varidte  amdricaine  de  notrc  Hirondelle  commune.  Par 
quelle  temp&te  violente  ces  oiseaux  furent-ils  chassis  si  loin  de 
leur  pays  d’origine?  et  comment  put  s’effectuer  leur  ravitaille- 
ment  au  cours  d’un  si  long  voyage?  C’est  un  mystere.  Ils  ne 


I'IG-  l-a  Daurade  (Corypluvna  hippurus),  jeune  male.  —  Les  grands  males  e 
cette  espeee  mesurent  jusqu’a  2  metres.  (D'apres  Goode  and  Bean,  Ocscin 
Ichthyology ,  avec  la  permission  de  M.  Alexandre  Agassiz.) 


parurent  pas  se  soucier  du  petit  Crabe  des  Sargasses,  le  Ncuiti 
lograpsus  minutus,  que  nos  re'coltes  apportaient  chaque  joui  en 
assez  grand  nombre  sur  le  pont  du  navire.  En  realite,  les  nral 
heuieuses  soulfraient  d  une  profonde  disette,  et  dans  le  gesiei 
de  la  defunte  on  ne  trouva  rien,  pas  meme  un  debris  de  ces 
Hemipteres  oceaniques,  connus  sous  le  nom  d ' Halobates,  qu* 
patinent  sur  l’eau  a  la  maniere  de  nos  Hydrometres  et  qul 
auraient  pu,  semble-t-il,  fournir  quelque  aliment  aux  voyageuses. 

Dans  ces  solitudes  infinies,  et  sur  des  fonds  qui  de'passent 
frequemment  3. 000  metres,  la  vie  se  reduit  a  son  minimum,  et 
ce  minimum  ne  semble  pas  suflire  a  la  voracite  coutumieie  des 
Poissons.  C  est  en  vain  que  l’oeil  sonde  la  nappe  bleue  pout  } 


—  i7  — 


voir  scintiller  la  tunique  ecailleuse  de  ces  animaux,  et  c’est  non 
moins  vainement  que  Costevec,  poste  dans  une  chaloupe,  sur- 
veille  ses  lignes  trainantes  amoureusement  preparees  (i).  Apres 
une  quinzaine  de  navigation,  des  provisions  fraiches  seraient  les 
bienvenues  a  bord  du  navire,  mais  c’est  une  ressource  qui  parait 
bien  problematique,  et  si  quelque  dpave  ne  se  trouve  pas  sur 
notre  route,  avec  la  flottille  de  Poissons  qu’elle  abrite,  nous  ris- 
quons  fort  de  rester  sans  ravitaillement.  La  void  enfin,  cette 
epave  si  longtemps  ddsirde  :  c’est  une  longue  et  forte  poutre 
flottant  au  milieu  des  trainees  de  Sargasses;  un  canot  est  mis  a 
la  mer,  montd  par  le  Prince  arme  d’un  foene,  et  conduit  par 
deux  rameurs.  Hdlas!  nos  esperances  furent  a  peu  pres  vaines  : 
la  poutre  etait  denudee,  sans  le  revete- 
rnent  d’Anatifes  normal,  surtout  sans 
accompagnement  de  gros  Poissons;  pour- 
tent,  elle  abritait  un  certain  nombre  de 
Pagellus,  qui  fournirent  a  la  table  du 
bord  une  assez  belle  piece.  Quatre  jours 
plus  tard,  le  16  aout,  sdrieuse  revanche 
nous  fut  offerte  :  sous  la  volumineuse 
boude  qui  servait  de  point  d’attache  a 
une  nasse  descendue  sur  le  fond,  les 
matelots  ddcouvrirent  quelques  Da  ti¬ 
rades  (Corj'phcvna  hippurus)  (Fig.  8), 
qui  s’enfuirent  et  vinrent  tourner  autour 


Fig.  g.  —  Variation,  avec 
l’age,  de  la  tete  de  la 
Daurade.  (D’apres  Go¬ 
ode  and  Bean.) 


du  bateau  quand  leur  abri  fut  ramene 

a  bord.  Pendant  plusieurs  heures,  ces  volumineux  Poissons 
nous  permirent  d’admirer  leurs  teintes  magnifiques  et  leur 
niajestueuse  allure:  ils  venaient  souvent  pres  de  la  surface  et 
ulors  offraient  au  pecheur  une  proie  assez  facile.  Un  coup  de 
foene  bien  dirige  atteignit  l’un  d’eux  au  milieu  du  corps,  et 
bientot  la  victime  frappee  livrait  ses  soubressauts  d  agonie  sui 
le  pont  du  navire.  Quel  poisson  magnifique  avec  ses  couleuis 


l1)  Plus  pres  des  terres,  quelques  Bonites  (Thynmis  pelamys)  iment 
®lnsi  capturees.  La  Bonite  tient  a  la  fois  du  Thon  et  du  Maquereau;  elle  a 
a  lorme  du  premier  et  depasse  le  second  par  la  taille. 

*  ♦ 


(93) 


—  18  — 


— 


dorces  trds  changeantes.  et  ses  nonibrouses  taches  du  bleu 
marin  le  plus  franc!  Malgre  la  taille  assez  grande  (70'“  de  lon¬ 
gueur  environ  ,  e'etait  un  jcune  qui  alia  enrichir  les  collections 
du  laboratoirc.  Mais  il  eta i t  dit  quo  nous  devions  connaitre  plus 
complement  les  qualitds  zoologiques  et  culinaires  de  cette 
femarquable  espdee.  Le  2  septembre,  durant  des  operations 
effectudes  sur  la  cdte  occidentale  de  Flores,  dans  les  Acores,  une 
epave  couverte  d'Anatifes  vim  a  passer  prfcs  du  navire,  donnant 
abri  a  quelques  Daurades  plus  volumineuses.  Deux  d’entre  elles 
furent  capturdes,  que  nous  primes  d’abord  pour  des  represen- 
tants  d  une  espdee  distincte  de  la  premiere,  a  cause  du  grand 
ddveloppement  de  la  tete,  qui  prolongeait  le  dos  en  ligne  droite 
et  finissait  brusquement  au-dessus  de  la  bouche;  mais  il  ne  tut 
pas  difficile  de  reconnaitre  que  ce  remarquable  ddveloppement 
cephalique  est  le  re'sultat  de  l’age  (Fig.  9).  Cette  lois  les  deux 
victimes  prirent  le  chemin  de  la  chambre  froide,  et  bientot  nous 
pumes  apprdcier  toute  la  ddlicatesse  de  ce  rare  Poisson,  dont  a 
chair  est  fertile  et  la  saveur  trds  fine. 

Mais  nous  dtions  alors  prds  des  ties,  et  j’ai  hate  de  tevenir 
aux  immensites  lointaines  ou  la  faune  ichthyologique  de  surface 
senible  si  pauvrement  reprdsentde.  Les  Exocets ,  ou  Poissons 
volants,  sont  les  seuls  reprdsentants  de  cette  faune  qui  existen 
la  en  quelque  abondance,  bien  plus  nombreux  toutefois  a  niesui 
qu'on  se  rapproche  de  Madere.  Entre  la  mer  des  Sai  gasses 
cette  lie,  ces  curieux  Poissons  se  montrerent  en  grande  abon 
dance,  rarement  isolds,  le  plus  souvent  en  troupes  populeuse 
semblables  a  celles  que  forment  les  Oiseaux.  Avec  leuis  naDe^^ 
res  anterieures,  qui  atteignent  les  deux  tiers  de  la  longueur 
corps  et  qui  sont  dlargies  en  ailes,  ils  parcourent  d  assez  long- 
trajets  un  peu  au-dessus  de  la  surface,  parfois  plusieurs  centaines 
de  metres.  Leur  vol  e'tant  rapide,  ils  peuvent  s’appujer 
rebondir  sur  l’eau  a  la  maniere  des  cailloux  lances  a  ricoc  -) 
ce  qui  rend  plus  longue  la  traversbe  adrienne.  Ils  se  ir  &  ^ 
suivant  une  ligne  droite  ou  arqude,  rarement  sinueuse,  qul 
parait  guere  modifiable  a  leur  grd;  aussi  n’est-il  pas  rate 
voir  tomber  sur  le  navire  quand  ce  dernier,  battu  par  cm 
roulis,  vient  a  s’incliner  sur  leur  route.  Une  aubaine  de 


—  i9  — 


sorte  n’est  pas  a  de'daigner,  car  les  Poissons  volants  ont  une 
chair  fort  estimable.  Les  jeunes  de  ces  animaux  abondaient  en 
certains  points  de  la  mer  des  Sargasses,  ou  ils  prenaient  les 
teintes  mimdtiques  les  plus  variees;  ils  ont  une  tete  enorme,  des 
nageoires  fort  longues,  et,  par  leurs  sauts  et  leurs  plongeons, 
depistent  allegrement  le  pecheur  au  haveneau;  pourtant,  nous 
en  pumes  capturer  plusieurs  qui  fournirent  a  M.  Tinayre  le 
motif  d’interessantes  et  jolies  aquarelles.  A  mesure  qu’on  re¬ 
monte  vers  le  nord,  les  Poissons  volants  deviennent  plus  rares  : 


Fig.  io.  —  Le  pesage  d’une  Tortue  marine  apres  sa  capture.  (D  apres 
une  photographie  de  M.  Tinayre.) 

nous  en  vimes  de  tres  grands  aux  Acores,  entre  Flores  et  Corvo, 
de  plus  petits  entre  Sao  Miguel  et  Gibraltar,  et  un  seulement 
dans  la  Mediterranee. 

Ces  dernieres  regions,  mais  surtout  les  parages  des  Acores, 
fournissent  au  naturaliste  l'occasion  d’observer,  dans  son  milieu 
naturel,  la  Tortue  marine  ou  Thalassochelys  caretta  (Fig.  io). 
Get  animal  peut  s’eloigner  a  plusieurs  centaines  de  kilometres 

(93) 


— 


—  20  — 

des  cdtes;  tftant  retenu  a  la  surface  par  les  besoins  de  la  respira¬ 
tion  ct  nc  possedant  pas  les  vastes  reservoirs  sanguins  des  C£- 
taees.  il  ne  saurait  pl< mger  longucment  et  se  tient  de  preference 
sur  le  flot,  oil  sa  large  carapace  peu  saillante  le  ddsigne  au  filet 
du  pecheur. 

La  capture  est  facile  :  une  barque  montee  par  deux  hommes 
se  dirige  vers  lc  Chelonien,  qui  tantdt  se  laisse  cueillir  immddia- 
lenient  au  haveneau,  tantot  plonge  pour  revenir  bientot  a  la 
surface,  oil  il  subit  le  memo  sort.  Le  yacht  captura  deux  de  ces 
Tortues,  Pune  au  dela  de  Sao  Miguel,  l’autre  a  i5o  kilometres 
en  deca;  la  premiere  fut  conservee  vivante  dans  un  bac,  et  se 
trouve  maintenant  a  l’aquarium  de  Monaco,  oil  elle  tient  com- 
pagnie  a  une  de  ses  congeneres  prise  l’annde  precedente;  lautte 
vint  enrichir  la  cuisine  du  bord,  oil  son  plastron  cartilagineux 
fournit  les  ele'ments  d’une  soupe  exquise.  Cette  Tortue  peut 
atteindre  un  poids  de  3oo  kilogs;  elle  avale  gloutonnement  les 
morceaux  de  viande  et  les  Me'duses  qu’on  lui  donne,  voire  le 
Naulilograpsus  mi  mil  us  ou  Crabe  des  corps  flottants,  qui,  paifois, 
delaisse  les  Sargasses  et  les  epaves,  pour  le  gite  et  le  couvert  que 
lui  otfre  la  Tortue,  dans  la  partie  la  plus  recule'e  de  son  corps. 


2 


La  Faune  peiagique  des  Invertebr^s. 

*•  _ 


La  Mer  des  Sargasses  et  sa  Faune 

Quand  la  mer  est  calme,  ou  doucement  agitee  par  les  rides 
mobiles  d’une  faible  houle,  la  faune  pelagique  des  Invertdbres 
vient  s’dpanouir  a  la  surface,  etalant  aux  yeux  du  voyageur  les 
richesses  de  son  inepuisable  ecrin.  Et,  devant  ses  merveilles 
d’un  nouveau  genre,  on  oublie  sans  beaucoup  de  peine  les  Pois¬ 
sons  de  surface,  les  rares  Oiseaux  du  large,  les  Tortues  nageuses 
et  les  grands  Ce'tace's. 

I 

Parfois  le  navire  s’avance,  durant  des  heures,  au  milieu  de 
spheres,  de  cylindres  ou  de  boudins,  entraines  par  le  flot  sans 
re'action  apparente.  Certaines  de  ces  spheres  sont  grosses  comme 
le  pouce,  certains  cylindres  ont  au  moins  i5  centimetres  de  lon¬ 
gueur;  le  tout  est  hyalin,  avec  d’innombrables  corpuscules  dis- 
sdmin^s  dans  la  masse.  Ce  sont  des  Radiolaires  coloniaux, 
Sphero^oum  ou  Collo\oum ;  chacun  de  leurs  corpuscules  est  un 
£tre  infime,  presque  microscopique;  ntais  une  gelde  transparente 
r^unit  un  grand  nombre  de  ces  etres  et  donne  a  l’ensemble  colo¬ 
nial  I’une  quelconque  des  formes  signalees  plus  haut.  Quand  ce 
plankton  pullule,  ce  qui  ne  laisse  pas  d’etre  frequent  au  large,  il 
fournit  un  aliment  d’importance  aux  carnassiers  qui  explorent 
la  surface. 

Les  especes  pelagiques  du  groupe  des  Polypes  sont  rarement 
aussi  abondantes,  mais  presentent  des  dimensions  bien  plus 
grandes  et  des  formes  plus  variees.  Durant  les  chaudes  nuits  du 
naois  d’aout,  que  de  fois  n’avons-nous  pas  admire,  dans  le  sillage 
phosphorescent  du  yacht,  des  globes  lumineux  semblables  a  des 

(93) 


—  22  — 


Ianternes  vcnitiennes  Hottantes!  C’etaient  des  Meduses  de 
grande  taille,  le  plus  souvent  des  Pdlagies  (Pelagia  noctiluca ), 
reconnaissables  a  leur  ombrelle  h&nisphdrique,  et  aleurmanu- 
brium  decoupe en  longues  lanieres  (Fig.  1 1) ;  leur  phosphores¬ 
cence  etait  le  resultat  d’unc  reaction  occasionne'e  par  le  mouve- 
mentdu  navire.  C.es  Meduses,  commc  beaucoupd’autres,  nagent 

ordinairement  incli- 
nees  par  les  contrac¬ 
tions  lentes  et  molles 
de  leur  ombrelle;  nous 
les  rencontrames 

durant  toute  la  croi- 
siere,  mais  particulie- 
rement  nombreuses 
entre  la  mer  des  Sar- 
gasses  et  les  lies,  sur- 
toutdans  lare'giondes 
Acores.  Plus  grandes 
et  de  couleurs  plus 
dedicates  sont  les  Cas- 
siope'es  (Cassiopea 
borbonica),  qui  res- 
remblent  beaucoup 
aux  Rhizostomes  de 
nos  cotes,  mais  qui  les 
depassent  singuliere- 
ment  en  splendeur. 
Leur  manubrium 
delicatement  ouvrage 
est  une  admirable  ro 
sace,  en  tous  sen^ 
armee  de  larges  tentacules  termine's  par  une  ventouse  violette, 
avec  ces  organes  charges  de  nematocystes,  e’est-a-dire  d  appaJe  _ 
ui  ticants,  1  animal  a  vite  fait  de  paralyser  les  proies  qui 
servent  de  nourriture. 

Nous  ne  rencontrames  cette  belle  espece  qu’une  seule  f o 
aux  environs  de  Majorque,  ou  elle  formait  des  groupes  p 


I’ig.  ii. —  Pelagia  noctiluca  un  peu  reduite. 
(D’apres  Milne-Edwards). 


—  23  — 


populeux,  mais  fort  abondants.  Comme  beaucoup  de  grandes 
Meduses,  la  Cassiopde  a  frequemment  pour  commensal  un  petit 
Poisson,  qui  s’abrite  dans  une  ample  gouttiere  comprise  entie 
le  rebord  de  l’ombrelle  et  la  base  des  membranes.  Ce  commen¬ 
sal  est  ddsigne'  par  les  zoologistes  sous  le  nom  de  Trachin  us 
trachurus ;  il  mesure  a  peine  quelques  pouces  et  ofire  la  tians- 
parence  du  verre,  si  bien  qu’on  ne  l’apercoit  pas  tout  daboid. 
Au  repos,  ou  tournant  en  cercle  dans  son  em- 
buscade,  il  profite  certainement  des  proies  para¬ 
lyses  par  la  Me'duse. 

On  ne  peut  plus  donner  le  nom  de  commen- 
salisme  aux  relations  par  trop  etroites  qui  s  eta- 
blissent  entre  les  Polypes  ctenophores  du  genre 
Beroe  et  les  Crustaces  amphipodes  du  geme 
Phronima.  Les  Beroe's  sont  de  gracieux  orga- 
nismes  absolument  incolores  et  hyalins,  qui  pre- 
sentent  la  forme  d’un  grand  de  a  coudre  et  des 
bandes  cilie'es  paralleles  au  grand  axe  du  corps. 

Us  donnent  asile  aux  Phronimes,  non  sans  doute 
benevolement,  mais  a  la  suite  d’une  intrusion 
violente;  car  le  Crustace  ne  se  contente  pas  de 
trouver  abri  dans  l’hote 5  il  en  devore  les  organes, 
sauf  toutefois  la  charpente  qui  lui  servira  de 
flotteur  et  de  gite.  Ce  n’est  meme  plus  du  para-  l?rf'j.T^'  d^n^e^e 
hsme;  c’est  une  destruction  doublement  interes-  Hormiphora. 
s^e-  Plus  heureuses  sont  les  Cjdippes  (Fig.  12),  (Grandeur  na- 
Cte'nophores  ovoi’des  qui  frequentent  la  surface  turelle.) 


en  meme  temps  quc  les  Beroes ;  hyalines  comme 
ces  derniers,  elles  renferment  rarement  un  hote  et,  tranquille- 
ment,  deroulent  pour  la  peche  les  deux  longs  tentacules  piehen 
seurs  attaches  a  leurs  flancs.  Les  Eucharis  appartiennent 
meme  groupe  que  les  deux  formes  precedentes,  mais  elles  se 
rencontrent  bien  plus  frequemment  et  atteignent  d’ordinaire  la 
grosseur  du  poing.  Elles  abondaient  au  voisinage  des  Acores  et 
dans  k  Mediterranee,  pres  des  iles  Baleares.  Les  Eucharis  sont 
hyalines,  avec  des  organes  jaunatres  qui  les  rendent  assez 
dans  la  mer;  on  ne  peut  en  faire  aisement  l’etude,  cai  leur  masse 

(93) 


—  24  — 


gdlatineuse  est  si  remplie  de  liquide  qu’elle  passe  comme  du 
blanc  d’oeuf  &  travers  les  maiiles  du  haveneau  le  plus  fin;  il  est 
presque  impossible  de  les  conserver  intactes,  meme  en  ayant 
recours  a  dcs  fixateurs  tics  dnergiques. 

I. a  pin  part  dc  ces  Polypes  peuvent  ctre  dits  mimdtiques, 
parce  qu’ils  ont  la  claire  transparence  du  milieu  ou  ils  vivent  et 

se  dissimulent  de  la  sorte 
aux  voraces  habitants  des 
caux;  la  lumiere  qui  se 
jouc  dans  leurs  tissus,  qui 
s’y  rdfldchit  et  qui  sy  id- 
fracte,  les  rend  seule  quel- 
que  peu  apparents.  Tout 
autre  est  le  mimetisme  de 
certains  Polypes  siphono- 
phores,  surtout  des  Porpi¬ 
tes  et  des  Velelles,  qui,  sur 
le  bleu  de  la  Mediterranee, 
etcelui  plusprofond  encore 
de  1’Atlantique,  se  distin- 
guent  a  peine  du  reflet  des 
eaux.  Avec  leur  disque 
nummuliforme  qui  soU" 
tient  une  foret  de  tentacules 
prehensiles  et  de  tubes 
digdrants,  les  Porpites 
(Fig.  1 3)  azurees  recoivent 
de  l’Ocean  une  protection 
mime'tique  des  plus  parfaites;  il  en  est  a  peu  pres  de  meme  pou^ 
les  Velelles,  mais  avec  une  attdnuation  ddsavantageuse,  cai 
disque  aplati  de  ces  Polypes  supporte  une  voile  verticale  sal 
qui  peut  attirer  1’attention  des  Oiseaux. 

Les  Physalies  ou  Galeres  (Fig.  14)  sont  plus  exposees 
a  cause  de  leur  gros  flotteur  hyalin  et  violace',  qui,  sent  a  ^ 
une  ampoule  de  verre,  et  totalement  rempli  de  gaz,  emerge 
les  vagues  qui  1’entrainent.  Mais  les  Physalies  sont  in  nlD1^t 
mieux  arme'es  que  les  Ve'lelles  et  les  Porpites;  a  leur  flotteur 


hie.  i3. —  Une  porpite  vue  de  profit  et  du 
cote  superieur.  (Grandeur  naturelle.) 


suspendu  un  fort  paquet  de  longs  tentacules  extensibles  qui 
portent  par  millions  des  nematocystes  groupes  en  batteries  urti- 
cantes.  Malheur  au  curieux  qui,  attire  par  la  belle  couleur 
violette  de  cette  touffe  pendante,  veut  saisii  le  Poljpe  poui 
l’examiner  de  plus  pres  :  au  moindre  contact,  les  tentacules 
s’appliquent  sur  la  main  de  l’imprudent  et  y  enfoncent  les 
innombrables  fils  barbelds  de  leurs  batteries  . 


C’est  Venus  tout  entiere  a  sa  proie  attachee; 


les  fils  microscopiques  penetrent  dans  la  chaii,  s  y  fixent  in  erne 
diablement  et  y  de- 
versent  la  toxine  urti- 
cante  qui  les  impre- 
gne,  produisant  une 
inflammation  vio- 
lente,  longue  et  tres 
douloureuse,  capable, 
en  bien  des  cas,  d’en- 
vahir  le  bras  tout 
entier.  Prdvenu  par 
les  mesaventures  an- 
terieures  de  certains 
de  mes  compagnons, 
jene  voulus  pas  tenter 
l’experience  sur  une 
echelle  aussi  vaste; 
un  simple  fragment 
de  tentacules,  depose 
sur  la  main,  adhdra 
aussitot,  en  produi¬ 
sant  des  rougeurs  et 
une  demangeaison 

assez  vive;  et  pourtant,  detache  par  un  coup  de  ciseau,  ce  frag¬ 
ment  ne  faisait  plus  partie  de  l’animal.  Les  Physalies  sont  in 
niment  mieux  armees  et  plus  agressives  que  les  ^  elelles,  e. 
Porpites  et  la  plupart  des  autres  Polypes,  et  la  denomination 

(93) 


Fki.  14- —  Une  Galere  ou  Pliysalia,  avec  les 
tentacules  contractes.  —  Exemplaire  de  me¬ 
diocre  taille.  (Cliche  de  la  librairie  Masson.) 


—  26  — 


d'orties  de  mer  leur  convient  &  merveille.  Assez  communes  en 
Mcditerrancc.  dies  abondaient  dans  la  mcr  dcs  Sargasses,  et  le 
Prince  profita  dc  l'occasion  pour  faire  cueillir  et  conserver  des 
tou fifes  nombreuses  de  tentacules;  ces  matdriaux  serviront  aux 
recherches  de  MM.  Richet  et  Portier  sur  la  toxine  urticante 
(hjrpnotoxine)  des  Polypes. 

Au  point  dc  vue  de  la  coloration,  les  Mollusques  pe'lagiques 
rappellent  assez  bien  les  Polypes  :  les  uns  chant  hyalins  et 
presque  depourvus  de  pigments,  les  autres  d’une  teinte  bleue 
plus  ou  moins  intense.  Au  premier  groupe  appartiennent  les 
petits  et  gracieux  Ptdropodcs,  qui  papillonnent  dans  1  eau  en 
agitant,  comme  des  ailes,  leurs  deux  nageoires,  ct  les  Hetero- 
podes,  qui  flottent  et  se  diligent  en  godillant  avec  leur  pied, 
dans  le  second  viennent  sc  ranger  les  Gasteropodes,  qui  ont 


Fig. 


i5.  —  line  Pterotrachee,  la  Firola  hippocampus,  un  peu  reduite. 


choisi  pour  habitat  la  surface  des  eaux.  Par  une  bonne  foitune 
plutot  rare,  chacun  des  deux  groupes  nous  oflfrit  en  abondance 
quelques-uns  de  ses  reprdsentants.  Presque  toujours  le  haveneau 
et  le  filet  trainant  de  surface  ramenerent  les  jolis  Pteropodes  du 
genre  Creseis ,  a  coquillc  aciculiforme,  et  deux  sortes  d  Heteio 
podes  bien  diffe'rentes  l’une  de  l’autre,  mais  toutes  deux  finemen 
delicates  :  les  minuscules  Atlantes,  qui  ont  une  coquille  enioule'e 
en  spirale,  et  les  Pttrolrachees  (Fig.  1 5),  dont  le  corps  l°ng  ^ 
absolument  nu  laisse  apercevoir,  par  transparence,  tous  ^  ^ 
organes  internes.  Au  contraire  des  Mollusques  precedents, 
Gastdropodes  pdlagiques  n'apparaissent  qu’en  certains  pom 
oil  ils  se  trouvent  parfois  en  quantite'  considerable;  ils  sont 
presente's  par  les  Glaticus  et  les  Janthines.  C’est  deux  jouis  apt 
avoir  quittd  les  Sargasses,  et  lorsque  la  protection  de  l'archipe 


—  27  - 


acoreen  se  faisait  sentir,  que  nous  apercumes  les  premiers  Glau¬ 
cus ,  et  je  ne  saurais  dire  combien  me  frappa  la  delicate  elegance 
de  ces  organismes.  Ils  ont  (Fig.  16)  le  corps  etroit  et  limaciforme, 
avec  trois  paires  de  prolongements  lateraux  qui  s  epanoui 
en  digitations,  comme  les  plumes  des  aigles  heraldiques.  Leui 
attitude  est  celle  des  Pte- 
rotrachees,  avec  le  dos 
en  bas  et  la  face  ventrale 
en  haut;  ils  rampent, 
pour  ainsi  dire,  contre 
la  surface,  au  moyen  de 
leur  sole  ventrale  qui  est 
symetriquement  teintee 
de  bleu  pale  et  de  bleu 
marine,  comme  le  cote 
correspondant  des  ex¬ 
pansions  laterales.  On 
ne  saurait  imaginer  un 
motif  d’ornement  plus 
gracieux.  Au  surplus,  la 
face  dorsale,  tournee  contre  le  fond,  a  une  teinte  paifaitement 
blanche,  et,  comme  la  couche  superficielle  a  rdflexion  totale, 
doit  presenter  un  ton  metallique  d’argent  aux  chasseuis  du 
milieu  liquide.  Les  Glaucus  se  plaisaient  a  merveille  dans  nos 


Fig.  16.—  Glaucus  atlanticus,  un  peu  grossi. 


Fig.  17.  —  Une  Janthine  avec  son  flotteur  portant  du  cote  infeneur 
une  assise  d’oeufs.  (Grandeur  naturelle.) 

cristallisoirs,  oil  ils  devoraient  avidement  les  Porpites  dont  ils 
ne  laissaient  guere  que  le  tissu  cartilagineux. 

Quelques  jours  plus  tard,  le  28  aout,  alors  que  le  Prince  avail 
fait  descendre  une  nasse  dans  la  fosse  de  3.5oo  metres  situee  a 

(93) 


—  28  — 


1’ouest  dc  Sao  Miguel,  nous  l  imes  connaissance  avec  les  Janthi- 
nes  (Fig.  17  qui,  du  premier  coup,  se  montrferent  en  essaim.  Elies 
dtaient  repr^sentdes  par  deux  espfeces  bien  distinctes,  l’une  rare 
et  de  la  taille  de  YHeltx  hortensis ,  1’autre  fort  commune,  mais 
notablement  plus  petite.  Ces  Gastdropodes  ont  une  coquille 

blcuaire  et  (moment  ornee  dc  stries ;  ils 
sont  suspendus  a  la  surface  par  un  long 
flotteur,  blanc  et  spumeux,  qui  adheie 
a  l’extremitd  du  pied  dont  il  est  un  pro- 
duit  de  secretion.  Le  flotteur  se  detache 
et  se  rdgdnere  tres  lacilement,  de  sorte 
qu’il  n’est  pas  rare  de  le  trouver  isole 
sur  la  vague;  comme  nous  dtionsau  mo 
ment  de  la  ponte,  on  trouvait  frequent 
ment  les  oeufs  rdunis  en  groupe  sur  sa 
face  ventrale,  qui  leur  sert  de  point  d  at 
tache.  Avec  les  nombreux  exemplaires 
captures,  le  Dr  Richard  prdpara  une 
belle  solution  alcoolique  rougeatie  et 
dichroide;  car  les  Janthines  secretentde 
la  pourpre,  au  meme  titre  que  les  Murex, 
les  Aplysies  et  bon  nombre  d  auties  a. 
teropodes  matins. 

Quelle  richesse  inepuisable  dans  cette 
liter  des  Acores,  lorsque  le  calrne  s  y 
sentir!  Le  lendemain  du  joui  oil  aQ 
rurent  les  charmants  Glaucus,  un  sp 
tacle  non  moins  curieux  et  plus  insttu 
tif  encore  nous  fut  offert  pat  les  Sa  p  ^ 
Durant  des  heures  entieres,  nous  eunt  ^ 
pour  compagnons  de  route  ces  Tunict  ^ 
diaphanes  qui,  lentement,  se  de'placai 
dans  1’eau  par  les  contractions  de 
corps  cylindrique.  Bientot,  nos  cristallisoirs  d’obseivatio  ^ 
fermaient  de  nombreux  sujets  d’e'tudes,  qui,  dans  un  c0 
transparent  comme  du  cristal,  nous  laissaient  admirer  le  CjeuX 
oblique  des  branchies,  le  tube  digestif  jaunatre,  et  les 


Fig.  18.-  Pyrosome  geant, 
colonie  de  tres  petite 
taille.  (Cliche  de  la  li- 
brairie  Masson.) 


—  29  - 

cordons,  si  joliment  violets,  qui  constituent  les  organes  sexuels. 
Un  examen  plus  attentif  nous  permit  de  relier  entre  elles  les 
deux  phases  alternantes  qui  constituent  le  curieux  cycle  vital  de 
ces  animaux  ;  certains  individus  restent  toujours  isoles  et  d  au- 
tres  sont  reunis  cote  a  cote  en  une  chaine  circulaire  de  six  ou 
sept  individus;  or  les  seconds  engendrent  isolement  les  piemieis 
et  ceux-ci,  a  leur  tour,  sont  les  generateurs  des  chaines  qu  on 
voit  deja,  toutes  petites  mais  bien  constitutes,  vers  la  paitie 
terminale  du  corps.  Cette  alternance  dans  les  formes  d  une  meme 
espece  caracterise  toutes  les  Salpes,  mais  tous  les  repi  esentants 
du  groupe  ne  donnent  pas  de  chaines  circulaires.  Ces  demieies 
appartiennent  en  propre  aux  Cyclosalpes ,  tandis  que  les  Salpes 
proprement  dites  constituent  des  chaines  a  bouts  libres  et  paiiois 
tres  longues.  Nous  etions  done  en  plein  banc  de  Cyclosalpes, 
mais  quelques  Salpes  vraies  se  trouvaient  disseminees  dans  1  en¬ 
semble,  soit  en  chaines,  soit  en  individus  isoles,  longs  de  1  a 
2  centimetres.  Depuis  lors,  par  les  temps  calmes,  le  yacht  1  en- 
contra  souvent  ces  especes  et,  par  intervalles,  d  autres  Tuniciers 
diaphanes,  les  Pyrosomes  (Fig.  18),  qui  sont  des  gtoupements 
coloniaux  en  forme  de  ntanchon,  oil  chaque  asperite  reptdsente 
un  individu  relie  a  ses  congeneres  par  la  charpente  h)  aline  de 
l’ensemble. 

Les  memes  parages  acortens  sont  egalement  riches  en  Cius- 
tacds  pdlagiques.  Dans  la  masse  bleue  de  l’Ocdan,  parmi  les 
les  Salpes  et  les  Glaucus,  de  petits  Copepodes  aplatis,  les  Sap- 
phirines,  scintillaient  comrne  des  paillettes  diaprees  et  sina- 
diaient  de  toutes  les  couleurs  du  spectre.  Avec  elles  semblait 
vouloir  rivaliser  une  remarquable  Isopode,  YIdolee  metallique, 
dont  la  face  dorsale  est  d’un  bleu  de  metal,  clair  et  changeant, 
tandis  que  la  face  opposee  ressemble  a  1  azur  des  Hots.  Cette 
jolie  espdee  presente  des  phenomenes  de  coloration  tres  cuiieux, 
qui  furent  observes  tout  d’abord  par  mon  ami  le  D1  Richaid  . 
transportde  dans  l’eau  de  mer  d’une  cuvette,  elle  change  rapide- 
ment  de  teinte  et,  au  bout  d’une  heure,  devient  presque  comple- 
tement  noire,  sans  que  d’ailleurs  sa  vitalitd  soit  amoindrie. 
Serait-ce  la  un  phenomene  de  rapide  adaptation,  semblable  a 
celui  dont  une  Crevette  de  nos  cotes,  le  Virbins  varians ,  nous 
off  re  un  modele  accompli?  (93) 


3o  — 


Le  soir,  a  la  lumifcre  violente  du  rdflecteur  dectrique,  des 
Crustaces  de  diverses  sortes  viennent  nager  a  la  suriace,  accom- 
pagnes  de  petites  Anndlides,  qui  forment  avec  eux  une  masse 
etrangement  agite'e  et  tournoyante.  C’est  ainsi  que  nous  primes, 
a  ioo  kilometres  au  sud  de  Sao  Miguel,  un  assez  grand  nombre 
de  Glaucotlwes  (Fig.  19),  qui  sont  les  larves  nageuses  et  symetii- 
ques  de  Crustace's  connus  sous  le  nom  de  Pagurides  ou  Bernards 
l’Hermite.  Grace  aux  specimens  precedents,  et  a  un  autre  plus 
volumineux  recueilli  par  le  filet  vertical,  entre  o  et  i.doo  metres, 
dans  la  region  des  Sargasses,  j’ai  pu  montrer  : 

i°  Que  les  Glaucothoes  se  divisent  en  deux  groupes,  comnie 
les  Paguride's  eux-memes;  20  que  les  lines  sont  pelagiques  et  se 
tiennent  au  voisinage  des  cotes  oil  vivent  les  Bernards  1  Ermite 
dont  elles  sont  issues,  tandis  que  les  autres  fiottent  entre  deux 


Fig.  19.  —  Glaucothoe  Peroni.  (Reproduction  de  la  figure  originale  de 
Milne-Edwards.  Longueur' de  l’exemplaire-type,  i8mm.) 

eaux  dans  les  profondeurs  au-dessus  des  abysses  que  frequentent 
leur  progeniture;  3°  enfin  que  ces  organismes  sont  vraisembla 
blement  des  larves  qui,  n’ayant  pu  s’abriter  dans  une  coquille 
au  moment  favorable,  continuent  a  muer,  a  croitre  et  a  menei 
une  vie  errante  en  conservant  leur  symetrie  et  leurs  organes 
natatoires. 


II 

Des  peches  pelagiques  faites  au  haveneau,  il  convient  de 
passer  a  celles  plus  menues  et  plus  ddlicates,  elfectuees  jour  et 
nuit  avec  le  petit  filet  de  gaze  fine  traine  a  l’arriere  du  naviie. 
Que  diie  de  ces  captures  infiniment  variees,  du  tres  ingenieux 


appareil  imagine  par  le  Dr  Richard  pour  en  faire  l’etude,  et  des 
bonnes  heures  passdes,  au  doux  bercement  du  navire,  devant  ce 
kaleidoscope  merveilleux! 

Je  ne  rdsiste  pas  au  plaisir  de  detailler  quelque  peu  l’inge- 
nieux  appareil  de  mon  industrieux  ami.  Le  filet  conique  se  com¬ 
pose  de  soie  a  bluter  la  plus  fine;  son  orifice  est  maintenu  be'ant 
par  un  anneau  mdtallique,  et  il  se  tcrmine  en  arriere  par  une 
courte  manchette  de  cotonnade  souplejqu’on  ferine  en  l’etran- 


*  IG'  20-  —  Preparation  du  filet  pour  les  peches  de  surface.  (A  cote,  sur  la  table, 
l’appareil  d’observation  du  Dr  Richard.) 

giant  avec  un  demi-noeud  de  cordonnet  tresse  (Fig.  20).  A 
1  anneau  de  l’orifice  est  fixe  une  patte-d’oie  formee  de  trois  fils 
metalliques  rdunis  en  une  boucle  d’amarrage;  la  ligne,  de  5o  a 
fio  metres,  est  rattachee  au  filet  par  un  porte-mousqueton,  a  un 
metre  duquel  est  fixe  un  lest  d  un  peu  plus  d’un  kilogramme. 
Grace  4  son  e'troit  orifice,  le  filet  peut  etre  employe  a  bord  d’un 
navire  marchant  a  toute  vitesse,  en  donnant  assez  de  ligne  pour 
clu  11  reste  immergd.  Rentre  a  bord,  on  le  laisse  egoutter,  on 

(93) 


—  32  — 


retire  le  cordonnet  qui  le  ferine  en  arriere,  et  on  plonge  le  fond 
ouvert  dans  un  recipient  rempli  aux  deux  tiers  d’eau  ou  de 
liquide  fixateur. 

Voici  maintenant,  d’apres  M.  Richard  lui-meme,  ledispositii 
plus  remarquable  encore, 
de  l’appareil  d’examen 
(Fig.  21) :  La  recolte  est  en- 
fermee  dans  une  boite  de 


Fig.  2i.  —  Comment  on  ob¬ 
serve  a  bordles  fines  peches 
pelagiques  au  moyen  de 
l’appareil  du  Drj;Richard. 


verre  a  faces  paralleles  (i) 
compl'etement  pleine  de  li¬ 
quide ■,  satis  la  moindre  bulle 
d’air;  le  plankton  se  depose 
sur  la  face  inferieure  de  la 
boite  de  verre;  on  l’exa- 
mine  au  moyen  d’une  loupe 
horizontale,  terminee  par 

un  prisme  rectangulaire  dont  une  des  petites  faces,  horizon  a 
est  parallele  a  la  face  inferieure  de  la  boite  de  verre  et  situe 


Fig.  22.  —  Un  Copepode  coryceide,  la 
Copilia  vitrea,  avec  ses  grands  yeux  e 
ses  pattes  natatoires  richement  garni^ 
de  poils  empennes.  (Longueur,  C  a  / 


(i)  Cuves  fabriquees  a  Saint-Gobain  suivant  le  procede  de  ,'-nt^res. 
Domergue.  Pour  de  plus  amples  details  relatdfs  a  l’appareil,  voir  i 
sante  Note  publiee  par  M.  le  Dr  Richard  dans  le  Bulletin  dit  Musee  ceL 
graphique  de  Monaco ,  n°  52,  i5  novembre  igo5. 


-  33  — 

au-dessous  d’elle,  de  facon  a  renvoyer  dans  la  loupe  l’image  des 
objets  deposes  sur  le  fond  de  la  boite.  Celle-ci  peut  glisser  de 
droite  a  gauche  et  de  gauche  a  droite  ;  la  loupe  a  prisme  peut 
glisser  d’avant  en  arriere  ou  d’arriere  en  avant ;  la  combinaison 
de  ces  deux  mouvements  permet  de  parcourir  tout  le  fond  de  la 
cuve  de  verre  sans  changer  la  mise  au  point.  » 

Et  Ton  peut  examiner  ainsi,  commodement 
installe  sur  le  pont  du  navire,  meme  par  un 
fort  roulis,  les  organismes  recueillis  par  le 
filet. 

Vraiment,  les  minuscules  elements  du 
plankton,  au  grossissement  de  l’appareil,  pas- 
sent  en  splendeur,  en  variete  et  en  interet  les 
representants  plus  volumineux  de  la  faune 
pelagique.  Voici  d’abord  la  foule  predomi- 
nante  des  Entomostraces  :  les  Podon  et  les 
Evadne ,  qui  sont  des  Cladoceres  fort  courts 
et  a  carapace  tres  reduite,  les  Calanus  ou 
Copepodes  a  cdphalothorax  renfld,  a  queue 
grele  et  a  longues  antennes,  d’autres  Cope¬ 
podes  plus  rares  et  non  moins  curieux,  les 
Setella ,  qui  portent  une  longue  soie  caudale, 
et  les  Coiycoeus  (Fig.  22),  dont  les  yeux  bnor- 
ntes  envahissent  la  plus  grande  partie  du 
corps  ;  —  puis  des  formes  jeunes  ou  adultes 
appartenant  aux  groupes  les  plus  divers  : 


Fig.  23.  —  Une  Sa- 
gitta,  ver  pisci- 
forme  incolore  et 
hyalin,  tres  ca- 
racteristique  de 
la  faune  pelagi¬ 
que.  (Grossie  4 
iois). 


T  uniciers  du  genre  Appendiculaire ,  jeunes 
^  ers  du  genre  Sagitla  (Fig.  23),  larves  d’An- 
helides  et  de  Crustaces,  et  les  Rhizopodes  du 
genre  Globigerine ,  dont  le  corps  se  compose 
de  spherules  noyees  dans  un  protoplasmc  a 
prolongements  multiples,  et  les  Radiolaires  dont  le  no} 
jaune  ou  rougeatre  sert  de  centre  a  une  infinite  de  ia}ons 
microscopiques  (Fig.  24),  et  les  jeunes  groupements  de  Collo- 
xoum  et  de  Sphcero^oum  au  debut  de  leur  evolution  coloniale. 

Nous  primes  quelquefois,  dans  le  filet,  de  tres  jeunes 
Cephalopodes,  sans  d’ailleurs  etre  favorises  comme  l’annee 


au 


^44 


(93) 


-34- 

prlcldente,  oil  le  filet  ramena  une  jeune  Spirule ,  c’est-a-dire 
Pune  Jcs  formes  les  plus  rares  et  les  plus  dignes  d’etre  dtudiees 
de  la  faune  marine.  J'ajoute  que  les  mSmes  pfiches  renfermaierit 
un  grand  nombrede  fort  jolies  Algues  microscopiques  :  un  P^ri- 
dinitn  a  troiscornes,  V Hirundinella  iripos  (Fig.  25),  les  Halos- 
phcera  qui  ressemblent  a  nos  Protococcus ,  les  Coscinodiscus  en 
forme  de  plaquettes  vertes,  les  Rhi\osolenia  qui  ont  la  meme 
couleur  et  un  corps  plus  allonge,  etc.  A  mesure  que  nous 
approchions  de  la  mer  des  Sargasses,  deux  sortes  d  Algues 


'  ' 


Fig.  24.—  Un  Radiolaire,  I’Acantho- 
metra  Mulleri  (d’apres  Haeckel).  — 

Est  a  peine  visible  ii  1  ceil  nu.  (Uli- 
ehe  Masson). 

jaunatres  vinrent  s’ajouter  aux  types  precedents,  t0  .  kottes 
menteuses  et  agglomdrdes,  mais  les  unes  sous  la  loim  .  s 

irreguli£res,  les  autres  en  un  massif  dchevele  p  us  o 
sphdrique. 


Ill 


Est-ce  au  voisinage  des  Sargasses  qui  au  ‘ 
ddveloppcment,  en  quantity  considerable,  e  ces  tout  caSj 

mdrdes  et  jaunatres?  II  y  a  des  raisons  de  le  cioi  .  ,jeinent 
la  faune  des  Sargasses  est  tout  a  fait  spdciale,  a 


—  35  — 


adaptee  au  milieu  oil  elle  vit  et,  pour  la  plus  grande  part, 
independante  de  la  faune  pdlagique  normale. 

Les  Surpasses  sont  des  Algues  brunes  de  la  meme  famille 
que  les  Fucus  de  nos  cotes  ;  leur  thalle  se  ramifie  en  branches 
greles  qui  portent  des  expansions  dentelees  en  forme  de  feuilles 
et,  un  peu  partout,  des  flotteurs  isoles  munis  d'un  court  pe'don- 
cule  (Fig.  26).  Ces  Hotteurs  globuleux  et  remplis  de  gaz  ont  la 
taille  d’un  gros  pois  ;  ils  se  de'tachent  aisement  de  leur  pedon- 
cule  et  abondent  sur  les  Hots  dans  les  regions  oil  sont  nom- 
breuses  les  Sargasses.  Les 
ramifications  du  thalle  et  les 
flotteurs  agds  sont  d’un  brun 
noiratre  assez  intense,  mais 
les  flotteurs  jeunes  et  les  ex¬ 
pansions  foliacees  sont  d’un 
jaune  verdatre,  qui  est  la 
teinte  prddominante  de  l’Al- 
gue.  On  sait  que  les  Sargas- 
ses  a  flotteurs  (Sai'gassum 
bacciferum)  vegetent  au  voi- 
smage  des  cotes  americaines 
ttopicales  a  la  maniere  de  nos 
flucus,  et  que  les  portions 
detachdes  de  leurs  thalles, 
entraine'es  par  les  courants, 

Aennent  se  rdunir  dans  un 
^aste  espace  de  200.000  kilo¬ 
metres  carres,  compris  entre  le  Gulf-Stream  et  le  courant  equa- 
torial.  A  lui  seul,  cet  apport  serait  insuflisant  pour  peupler 
d  Algues  une  dtendue  aussi  vaste  ;  mais,  si  les  Sargasses  flot- 
lantes  ne  forment  aucun  element  reproducteur,  elles  vdgetent 
Parfaitement  a  la  surface  des  flots,  y  poussent  des  rameaux, 
^es  expansions  foliace'es  et  des  flotteurs,  sans  doute  egalement 
s  b'  divisent  sous  l’influence  des  vagues,  chacune  de  leurs  bran- 
ches  detachees  donnant  naissance  a  une  touffe  nouvelle.  Cer- 
taines  de  ces  touffes,  encore  petites,  sont  manifestement  au 
debut  de  leur  croissance,  les  plus  grandes  pouvant  de'passer 

(93) 


Fig.  25.  —  Une  Algue  de  la  famille 
des  Peridiniens,  VHirundinella  tri¬ 
pos.  (A  peine  visible  a  1’ceil  nu). 


—  36  — 


largement  le  volume  de  la  tete  ;  grandes  ou  petites,  elles  pous- 
sent  dans  toutes  les  directions,  ce  qui  leur  donne  une  forme 
arrondie  bien  caracteristique  et,  cela  va  sans  dire,  une  textui  e 
assez  lache,  produite  par  leurs  rameaux  plus  ou  moins  enche- 
vetres.  Aux  confins  de  la  mer  des  Sargasses,  les  toulles  sont 
rares  et  isolees;  plus  loin,  elles  ont  une  tendance  a  se  teunii 
suivant  la  direction  des  courants  superficiels  et  constituent  alors 
de  longues  trainees  interrompues,  dont  les  dimensions  en  lar- 
geur  sont  toujours  mediocres.  Nulle  part  nous  n  avons  vu  la 
surface  absolument  recouverte  d’Algues  :  la  disposition  en  trai¬ 
nees  semble  tout  a  fait  predominante,  avec  de  larges  intervalles 
oil  flottent  parfois  quelques  touffes  isolees  et,  dans  certains  cas, 
des  sortes  de  radeaux  assez  compacts  dont  les  plus  grands 
pouvaient  atteindre  i5  a  20  metres  carres.  Qa  et  la,  parmi  les 
Sargasses,  on  rencontre  quelques  fragments  de  Fucus  nodosus 
arraches  certainement  aux  rivages  des  Canaries,  de  Madere  ou 
des  Acores. 

Nous  atteignimes  la  mer  des  Sargasses  par  son  extremite  du 
sud-ouest.  C’est  le  8  aout  que  les  premieres  touffes  furent  aper- 
cues  pres  du  navire ;  le  yacht  se  trouvait  alors  a  2.200  kilome¬ 
tres  des  Canaries,  et  a  2.000  kilometres  des  Acores,  par  26°qo 
lat.  N.  et  36°36’  long.  O.  (Greenwich);  apres  quoi  il  fit  un 
long  coude  vers  le  nord-ouest  pour  atteindre  la  region  ou  abon- 
dent  les  Algues.  Au  point  le  plus  dloigne  de  notre  course,  le 
12  aout,  nous  nous  trouvions  a  2.7000  kilometres  des  Canaries, 
et  a  1.700  kilometres  de  Pico  (Acores),  par  3i°4o' lat.  N.  et 
42°qo’  long.  O.;  le  20  aout  disparurent  les  dernieres  touffes,  a 
2.000  kilometres  des  Canaries  et  a  83o  kilometres  de  Pico, 
par  33°5i’  lat.  N.  et  34°o3’  long.  O.;  soit  une  campagne  de 
treize  jours  dans  la  region  des  Sargasses. 

La  population  zoologique  localisde  dans  les  touffes  d’Algues 
est  riche  en  individus,  rnais  pcu  variee  comme  especes ;  elle  se 
distingue  surtout  par  le  mimetisme  extraordinairement  pro¬ 
nonce  de  presque  tous  les  animaux  qui  la  repre'sentent.  Comme 
les  Sargasses  elles-memes,  ces  derniers  sont  d’un  jaune  ver- 
datre,  avec  des  parties  plus  foncees  tirant  parfois  sur  le  rouge, 
et  des  taches  blanches  imitant  les  Bryozoaires  disposes  en 


-  37  - 

croutes  sur  les  Algues  ;  toutes  ces  colorations,  associees  aux 
bigarrures,  sont  etonnamment  variees  dans  une  espece.  I  n 
Crabe  pelagique,  le  Nautilograpsus  minutus ,  celui-la  meme 
que  nous  avions  trouve  a  l’arriere  des  Tortues  et  sur  les  d paves, 
grouille  dans  les  Sargasses,  oil,  ndanmoins,  on  ne  l’apercoit 
pas  lorsqu’il  se  tient  immobile,  tant  est  parfait  son  mimetismc 
de  couleur,  qui  varie  d'ailleurs  pour  chaque  individu.  11  en  est 
de  meme  d’un  Crabe  pelagique  plus  rare,  le  Neptunus  Sayi, 
et  des  petites  Crevettes  qui  nagent  d’une  touffe  a  l’autre  : 


Fig.  26.  —  L'Antennarins  marmoratiis,  li  cote  d’un  fragment 
de  Sargasse.  (Grandeur  naturelle). 


Palaemon  pelagicus,  Leander  tenuirostris,  Virbius  acuminatus , 
etc.  Les  Gasteropodes  qui  vivent  dans  ce  milieu  presentent  des 
caracteres  analogues,  et  sont  en  general  de  petite  taille  ;  1  un 
d  eux  pourtant,  le  Scyllcea  pelagica,  atteint  une  longueur  de  6 
&  7  centimetres  et  se  distingue  par  un  etrange  mimetismc  de  la 
forme  et  des  couleurs  :  orne'  de  lobes  pairs  assez  larges  et 
delicatement  frangds,  ce  Mollusque  nu  est  decoupe' sur  le  module 
des  expansions  foliacees  de  l’Algue  dont  il  possede  le  coloris,  si 
Wen  qu’il  peut  ramper  inapercu  dans  les  dedales  de  son  habi¬ 
tation  flottante.  Les  deux  mimetismes  associes  se  rencontrent 

(93) 


egalement  dans  le  Syngnathe  pelagique ,  dont  le  corps  allonge 
et  grele  s’inflechit  lentement  ou  se  tient  immobile  comme 
un  rameau ;  ils  se  de'veloppent  a  un  degre  vraiment  etrange 
dans  un  autre  Poisson,  Y Anteniiarins  marmoratus  (Fig.  26), 
qui  est  marquete  de  blanc  sur  un  fond  brun  jaunatre,  avec 
des  nageoires  et  des  expansions  frangees  ou  decoupe'es  en 
lobes.  L’ Antennarius  est  certainement  l.’animal  le  plus  typique 
et  le  plus  curieux  de  la  faune  des  Sargasses  ;  tres  rapide  en  ses 
evolutions,  il  revient  rapidement  a  la  touffe  dont  on  l’ecarte,  et 
s’y  cramponne  avec  ses  nageoires  anterieures  dilate'es  qui  fonc- 


Fig.  27.  —  Halobates  Viillerstorffi  dans  sa  posi¬ 
tion  naturelle  a  la  surface  de  l’eau.  (D’apres 
nature.  Grossissement  lineaire,  7). 

tionne  a  la  maniere  d’une  main.  Ce  Poisson  me  parait  atteindre 
au  plus  10  centimetres  de  longueur  ;  il  se  construit  un  nid 
globuleux  et  compact,  gros  comme  les  deux  poings,  en  r^unis- 
sant  les  touffes  d’Algues  avec  une  secretion  filiforme  et  elasti- 
que  fort  abondante.  Nous  trouvames  deux  de  ces  nids  peu  apres 
notre  entree  dans  la  rner  des  Sargasses,  dans  une  region  oil  les 
touftes  e'taient  encore  tres  peu  nombreuses ;  plus  tard,  malgre 
des  recherches  multipliees,  il  nous  fut  impossible  d’en  rencon- 
trer  un  seul.  Les  deux  nids  renfermaient  une  quantite’  d’oeufs 
repartis  dans  toute  la  masse,  entre  les  rameaux  d’Algues  et  les 
fils  elastiques;  ces  oeufs  mesuraient  a  peu  pres  2  millimetres  de 
diametre  et,  vraisemblablement,  avaient  ete  pondus  par  le 
Poisson. 


-  3g  - 


IV 

Pour  terminer  cette  esquisse  de  la  faune  superficielle,  je 
dois  consacrer  quelques  lignes  aux  Hemipteres  du  genre  Halo- 
bates qui  sont  les  seuls  Insectes  adapte's  a  la  vie  errante  du 
large.  Tres  voisins  des  Hydrometres  de  nos  eaux  douces,  mais 
beaucoup  plus  courts  et  plus  trapus,  ils  vivent  comme  eux  a  la 
surface,  oil  ils  patinent  en  s’appuyant  sur  leurs  quatre  pattes 
posterieures  (Fig.  27),  qui  sont  fort  allongees.  C’est  le  i5  aout, 
en  pleine  region  des  Sargasses,  que  nous  vimes  les  premiers 
Halobates;  ils  furent  egalement  assez  nombreux  le  lendemain; 
mais,  dans  la  suite,  nous  n’en  trouvames  plus  un  seul,  sauf  a 
100  kilometres  au  sud  de  Sao  Miguel,  oil  ils  etaient  d’ailleurs 
beaucoup  plus  rares.  Ces  Insectes  sont  partout  revetus  d'une 
pubescence  grise  qui  prend  un  reflet  blanchatre  sous  les  rayons 
lumineux;  ils  glissent  en  zigzagant  et  sautent  sur  l'eau  avec 
une  agilite  extreme,  si  bien  que,  vus  du  bord,  ils  ressemblent 
Plutot  a  des  moucherons  qui  eflleurent  la  vague.  On  les  prend 
au  haveneau,  mais  la  capture  en  est  difficile.  Ils  paraissent 
mcapables  de  plonger  et,  pour  les  mettre  a  l’etat  d’immersion 
complete,  il  faut  les  agiter  dans  un  tube  avec  de  l'eau  de  mer; 
alors,  on  les  voit  remonter  a  la  surface  et  se  tenir  quelque  temps 
appliques,  le  dos  en  bas,  contre  la  couche  liquide  en  contact 
avec  Fair.  Ainsi,  au  contraire  des  autres  animaux  pelagiques, 
les  Halobates  ne  semblent  pas  pouvoir  quitter  la  surface  et 
descendre  a  de  certaines  profondeurs  quand  l'Ocean  est  agite. 
Pourtant,  nous  ne  vimes  ces  Insectes  que  par  des  temps  calmes; 
mais  comment  pourrait-on  les  apercevoir  auand  la  mer  est 
couverte  de  rides  nombreuses  ou  de  vagues  un  p>eu  ecumantes  ? 


(93) 


—  40  — 


— 


La  Faune  bathypelagique 

ET  LA  FAUNE  DES  GRANDS  FONDS 


A  l'exception  des  Halobates,  les  animaux  pelagiques  ne 
restent  pas  confines  a  la  surface  ;  suivant  leur  aptitude  a  la 
natation  ils  descendent  plus  ou  moins  vers  la  profondeur,  et 
remontent  quand  les  conditions  de  calme  et  de  temperature 
leur  paraissent  favorables.  Si,  dans  le  sillage  du  navire,  le  filet 


Fig.  28.  —  Cyclothone  microdon  Gunther.  (Grossi  deux  fois). 


de  gaze  fine  re'colte  toujours  des  Cope'podes,  des  Foraminiferes, 
des  Sagitta ,  des  larves  et  autres  petits  organismes,  par  contre, 
les  animaux  de  plus  grande  taille  disparaissent  frequemment 
de  la  surface,  surtout  quand  le  temps  est  frais  et  la  mer  agitee. 
Mais,  qu’on  descende  alors  jusque  vers  5oo  metres  le  filet  a 
grande  ouverture,  dans  sa  course  remontante  l’engin  recoltera 
les  organismes  qui  se  tiennent  entre  deux  eaux,  et  ces  orga¬ 
nismes  seront,  a  tres  peu  pres,  ceux  qu’on  trouve  ordinaire- 
ment  a  la  surface  par  un  temps  calme. 


I 

Au-dessous  de  la  zone,  tres  variable  suivant  les  especes,  qui 
est  frequentee  par  les  animaux  pelagiques  ou  de  surface,  s’etend 
jusqu  au  fond  une  couche  d  eau  plus  ou  moins  e'paisse.  Cette 


—  4i  — 

couche  a-t-elle  une  faune  qui  lui  soit  proprc,  une  faune  dont 
les  repre'sentants  n  explorent  jamais  les  regions  superieures  de 
1  Ocean  et  ne  se  tiennent  pas  localises  sur  le  soubassement  du 
domaine  maritime  ?  Pour  repondre  a  cette  question,  il  suffit  de 
comparer  les  recoltes  du  filet  vertical  avec  celles  que  donnent 


Fig.  29.  —  CliJidiodits  Sloanei  Schneid.  (Reduit  au  tiers). 


le  chalut  et  les  autres  engins  de  fond.  Dans  la  re'gion  des 
abysses,  c’est-a-dire  par  des  profondeurs  qui  peuvent  depasser 
6.000  metres,  le  filet  vertical  ne  ramene  guere  que  des  ani- 
maux  hyalins,  bleuatres,  violaces  ou  incolores  quand  on  le  fait 
fonctionner  entre  1 .000  metres  et  la  surface  :  c’est  la  zone  des 


Dg.  3o.  —  Argyropelecus  hemigymnus  Coceo.  (Gr.  nat.). 


01ganismes  pelagiques ;  —  descendu  jusqu’au  voisinage  du 
fond  et  remonte'  ensuite,  il  ramene,  au  contraire,  un  grand 
melange  de  formes  dont  les  unes  sont  identiques  aux  pre'ce'- 
dentes  et  les  autres  d'un  type  tout  particulier  :  noiratres,  rouges, 
paifois  brunes  et  hyalines  et  tres  souvent  rnunies  d’organes 
^  mmeux.  Les  animaux  de  ce  type  appartiennent  a  la  faune 
es  a6ysses  ou  ne  penetrent  jamais  les  rayons  lumineux  du 
1  t°i s ,  mais  ils  ne  viennent  pas  du  fond,  car  on  ne  les  obtient 

(93) 


—  42  — 

pas  avec  le  chalut,  sauf  dans  les  cas  tres  rares  oil  cet  engin, 
fonctionnant  comme  filet  vertical,  a  fait  quelques  captures  en 
remontant  a  la  surface.  Ainsi,  entre  la  zone  superieure  et  le  lit 
des  oceans,  vit  et  se  developpe  une  population  abyssale  qui  ne 
remonte  jamais  dans  les  couches  superieures  eclairees  et  ne 
touche  le  fond  qu’aux  hasards  de  la  chasse  ;  localise  entre  deux 
eaux  comme  les  organismes  pelagiques,  et  d'ailleurs  isole  dans 
les  abysses  comme  les  especes  qui  vivent  sur  les  grands  fonds, 
cet  ensemble  d’animaux  constitue  ce  qu'on  a  tres  justement 
nomme  la  fauna  bathypelagiquc. 


Fig.  3 i.  —  Deux  poissons  bathypelagiques  a  organes  lumineux  :  en  haut, 
le  Xenodermichthys  socialis  Vaillant,  capture  par  le  Talisman ;  en  bas, 
grossi  trois  fois,  le  Photostomias  Guernei  Collett,  oris  aux  Acores  par 
1  'Hirondelle. 

Pour  decouvrir  cette  faune  et  en  etudier  la  distribution,  les 
zoologistes  explorateurs  ont  eu  recours  a  des  filets  verticaux 
en  gaze  fine,  qui,  au  moyen  d’un  mecanisme  assez  delicat,  peu- 
vent  s’ouvrir  et  se  fermer  a  la  profondeur  voulue.  Mais,  a 
cause  de  leurs  dimensions  tres  reduites,  ces  engins  ne  rappor- 
taient  qu  un  petit  nombre  d’animaux  et  seulement  des  especes 
peu  rapides ;  on  les  a  remplaces  a  bord  de  la  Princesse- Alice  par 
le  filet  Richard  a  grande  ouverture,  qui  fixe  moins  bien,  il  est 
vrai,  la  distribution  verticale  des  organismes,  mais  qui  a  pour 
avantage  de  les  capturer  en  plus  grand  nombre  et  d’etre  d’une 
manoeuvre  fort  simple. 


-  43  - 


II 

Torn  les  groupes  d’animaux  marins  sont  represents  dans 
la  faune  bathypelagiquc. 

Parmi  les  Poissons,  il  convient  de  citer  en  premier  lieu  les 
petits  Scopelides  du  genre  Cyclothone  (Fig.  28).  qui  reviennent 
nombreux  a  chaque  coup  du  filet  vertical.  Leur  corps  grele  n’a 
pas  assez  de  consistance  pour  re'sister  au  voisinagc  des  autres 
animaux  captures  et  souvent  meme  se  colie  aux  mailles  de 
l’engin;  pourtant,  il  est  facile  d’en  observer  la  couleur  noire,  la 
tete  un  peu  dilutee  sur  laquelle  s'ouvre  une  longue,  bouche,  les 


Ho.  32.  —  Panic  anterieure  d’un  Malacostcus  a vec 
les  deux  oreanes  lumineux  situes  au-dessous  et  en 
arriere  de  rceil. 


tres  petites  dents  et  parfois,  quand  le  specimen  est  bien  con- 
sei'e,  les  organes  lumineux  tres  petits,  distribue's  en  rangs 
multiples.  Une  autre  espece  egalement  aplatie  et  grele,  mais 
n°tablement  plus  grande,  le  Chauliodus  Sloanei  (Fig.  29  :  3o  cen- 
fmetres  environ),  apparait  avec  beaucoup  moins  de  frequence  ; 
°n  distingue  a  ses  longues  dents  aciculiformes  qui  debordcnt 
es  let  res,  a  ses  Hanes  argents  et  aux  taches  phosphorescentes 
■  'tuees  sur  sa  face  ventrale  noiratre.  Une  espece  plus  commune, 
ct  decoloration  analogue,  V Agyropclecus  hemigymnus  (Fig.  3o), 
aPpartient  a  une  famille  tres  voisine,  encore  que  sa  forme  soit 
°Ute  diffe'rente  :  tres  comprint  lateralement,  ce  petit  poisson 
®st  piesque  tout  en  tronc  et  en  tete,  presque  semblable  a  un 
SclUe  uugmentc  d’une  etroite  queue  ;  il  a  une  bouche  peu 

(93) 


—  44  — 


fendue  et,  pres  du  vertex,  deux  gros  yeux  presque  contigus  et 
dirige's  vers  le  haut  a  l’extremite'  de  courts  pe'doncules.  Ces  yeux 
telescopiques  ne  semblent  pas  rares,  du  moins  dans  le  jeune  age, 
chez  les  especes  qui  vivent  entre  deux  eaux  ;  au  voisinage  des 
lies  Bale'ares,  le  filet  vertical  nous  rarnena  une  larve  oil  ils 
etaient  demesurement  allonge's. 

Etant  donne'es  leurs  couleurs  plutot  claires,  les  deux  especes 
pre'cedentes  se  tiennent  vraisemblablement  a  des  profondeurs 
mediocres.  II  n’en  est  pas  de  meme  de  certains  Poissons 


Fig.  33.  —  Nematoscelis  mantis  Chun,  un  Schizopode  bathypelagique 
presentant  des  organes  lumineux  arrondis  a  la  base  des  pattes  et 
d’autres  enchasses  dans  l’oeil,  ce  dernier  represente  en  dessus. 

etranges,  dont  nous  capturames  quelques  rares  spe'cimens  :  le 
Macrurus  globiceps ,  a  la  tete  renfle'e  suivie  d’une  queue  longue 
et  etroite  ;  1’ Eurypharjnx  pelecanoid.es ,  plus  exage're'  dans  le 
meme  sens,  avec  une  machoire  dilatable  en  un  vaste  sac,  et  le 
Malacosteus  niger ,  ou  la  meme  mandibule  tres  grele  atteint  une 
longueur  demesuree.  Toutes  ces  especes  ont  la  teinte  noiratre 
caracte'ristique  des  Poissons  franchement  bathype'lagiques,  et 
parfois  meme  presentent  des  taches  phosphorescentes.  C’est 
ainsi  que  le  Malacosteus  niger  est  muni,  pres  du  bord  de  la 
levre  superieure,  de  deux  grands  organes  lumineux  (Fig.  32). 


—  45  — 

Les  Crustacds  bathypdlagiques  prdsentent  une  varietd  non 
moins  grande  et,  cn  gdndral,  une  plus  grande  richesse  cn  indi- 
vidus.  Cette  observation  convient  particulierement  au  groupc 
des  Schizopodes,  qui  toujours  nous  donna  une  quantitd  de 
specimens  appartenant  aux  families  les  plus  diverses  :  des 
Eucopia ,  des  Boreomysis ,  des  Thysanopoda ,  des  Nematoscelis 
(Fig.  33),  ces  dernieres  avec  des  organes  lumineux.  Grace  aux 
recoltes  du  filet  vertical,  on  sait  aujourd’hui  que  les  Schizo¬ 
podes  sont  des  etres  fort  varies,  qui  passent  aux  Pe'neides  ct 
aux  Crevettes  par  toutes  les  transitions  et  se  rattachent  par  des 
liens  etroits  aux  Decapodes  nageurs.  Tel  est,  du  moins,  le 


Systellaspis  Bouvieri  Coutiere,  Acanthephvride  pris  aux 
Acores  par  la  Princesse-Alice.  (Long.  35mm). 


,esultat  des  observations  effectuees  par  M.  Hansen  sur  les 
Luzopodes  et  par  M.  Coutiere  sur  les  Crevettes  recueillies 
pendant  la  campagne  de  1904,  avec  le  filet  vertical. 

Fes  Schizopodes  bathype'lagiques  sont  toujours  accompa- 
&ne's  de  De'capodes  nageurs  plus  volumineux,  parmi  lesquels 
eonvient  de  citer  au  premier  rang  d’enormes  Sergestes ,  aussi 
s'unds  que  notre  Pale'mon  comestible,  les  admirables  Crevettes 
Juhe‘s  (fig.  3q)  4U  genre  Acanthephyra  et  des  Pe'ne'ides  nota- 
ement  plus  petits,  les  Gennadas ,  qui  ont  la  teinte  dcs  prdee- 
es  Jvec  des  appendices  buccaux  purpurins.  Le  Gennadas 
e8^ns  est  1  espece  la  plus  commune  du  genre  :  il  fut  considere 
1TIrue  une  espece  rarissime  aussi  longtemps  qu’on  se  borna 
x  peches  sur  le  fond  ;  mais,  depuis  l’emploi  du  filet  vertical, 

(93) 


—  46  — 


surtout  de  celui  a  grande  ouverture,  il  apparait  tres  commun 
et  doit  etre  consid^re'  comme  un  des  elements  les  plus  carac- 

teristiques  de  la  faune  bathypelagique 
dans  nos  regions.  En  Me'diterrande,  pres 
des  iles  Baleares,  et  au  centre  de  l’Atlan- 
tique,  dans  la  region  des  Sargasses, 
certains  coups  de  filet  nous  donnerent 
jusqu’a  trente  specimens  de  ce  joli  Pe- 
neide.  Au-dessus  de  1000  metres,  on 
ne  rencontre  guere  que  les  larves  de 
l’espece  ;  au-dessous  apparaissent  les 
adultes,  qui,  d’ailleurs,  ne  semblent 
jamais  se  tenir  sur  le  fond  (i).  Beaucoup 
plus  rares,  mais  mieux  adaptes  encore 


Fig.  35.  —  Kryoneicus 
Alberti  Bouv.,  capture 
dans  la  mer  des  Sar¬ 
gasses  par  la  Princesse- 
Alice  entre  la  surface 
et  2000  metres.  (Lege- 
rement  grossi). 


a  l’existence  bathypelagique,  sont  les 
Decapodes  du  genre  Kryoneicus ,  qui 


Fig.  36. —  Cyphocaris  Richardi  Chevreux,  Amphipode  bathypelagique 
pris  aux  Acores  par  la  Princesse- Alice.  (Long.  i2mm). 


repre'sentent,  dans  les  mers  actuelles,  les  Eryonides  de  l'e'po- 
que  jurassique  :  avec  leur  carapace  globuleuse  ou  transversa- 
lement  dilatde  et  leur  queue  relativement  reduite,  ces  Crustaces 


(i)  Les  autres  Gennadas  offrent  les  memes  caract^res  ;  ils  sont  repre- 
sentes  dans  nos  regions  par  d’assez  nombreuses  especes  (G.  Alicei,  G.  Ti- 
nayrei,  etc.),  pour  la  plupart  decouvertes  au  cours  des  campagnes  de  1904 
et  1905. 


— 


-  47  — 

ressemblent  a  des  ampoules  tra'nsparentes  que  meuvent  et 
dirigent  les  pattes  natatoires  de  la  region  caudale.  On  en  con- 
naithuit  especes,  dont  quatre  ont  ete  capturees  par  la  Princesse- 
Alice  au  cours  de  ses 
deux  dernieres  cam- 
pagnes ;  ces  huit  es¬ 
peces  reunies  ne  sont 
guere  representees 
que  par  vingt  speci¬ 
mens 


ce  qui  donne 


,  -  Streetsia  Stebbingi  Chevreux,  un 

autre  Amphipode  des  profondeurs  (Gr.  4  fois). 
—  Les  yeux  de  eette  espece  sont  enorme- 
ment  developpes. 


une  idee  de  la  va- 
riete  du  genre,  de  sa 
pauvrete  en  indivi- 
dus,  et  aussi  de  l’elli- 
cacite  du  filet  Richard. 

Lune  de  ces  especes  est  remarquable  entre  toutes  par  la  dila¬ 
tation  tiansversale  de  sa  carapace,  qui  est  beaucoup  plus  large 
que  longue  ,  je  lui  ai  donne  le  nom  d ' Eryoueicus  Alberti 
'  ig-  35),  en  l’honneur  du  Prince  qui  l’a 
decouverte.  C’est  en  pleine  region  des 
Saigasses  que  le  filet  vertical  nous  rap- 
P°rta  cette  jolie  capture,  apres  une 
c°uise  comprise  entre  2000  metres  de 
Profondeur  et  la  surface. 

Quand  le  filet  arrive  a  bord,  on  en 
d'eise  le  contenu  dans  des  bacs  de 
'eile  disposes  sur  une  table,  et  c’est 


alois  que  commence  l’examen  des  ani- 


maux  captures.  Au  premier  coup  d’oeil, 
apercoit  les  Decapodes  et  les  grands 
c  izopodes,  d’un  rouge  vif  uniforme 
P0Ul  la  plupart,  mais  dans  certains  cas 
^ss'  ^nc°lores  et  hyalins,  avec  des  par- 
col  ,°UCS  °u  PurPul'ines.  1  res  nombreux,  mais  beaucoup  moins 


Fig.  38.  —  Nectonemertes 
Grimaldii  Joubin,  Ne- 
merte  bathypelagique, 
de  couleur  jaunatre, 
capturee  au  large  des 
Acores  par  la  Prill- 
cesse-Alice.  —  A  gau¬ 
che,  face  ventrale;  a 
droite,dorsale.  (Gr.nat.) 


appaiaissent  ensuite  les  petits  Schizopodes  pelagiques. 


colores, 

n  Sem^'a^^es  ^  de  menues  Crevettes.  Puis  on  voit  tour- 
^  ?a  et  la  des  Amphipodes  (Fig.  36  et  37)  ou  Crevettines, 

(93) 


-4»  - 

les  Gigantocypris  noirs,  qui  sont  des  Ostracodes  relative- 
ment  enormes,  et  la  foule  grouillante  des  Copepodes  de  la 
famille  des  Calanides.  Ces  derniers  sont  toujours  fort  abon- 
dants ;  tres  varies  comme  especes,  ils  constituent  poui  une 
grande  part  le  plankton  pdlagique  et  bathy- 
pelagique.  En  general,  leur  taille  est  petite 
et  leur  coloration  tres  diverse,  encore  que 
certains  d’entre  eux,  les  Macroccilanus  notam- 
ment,  atteignent  un  centimetre  de  longueur 
et  presentent  une  belle  teinte  rouge,  uni¬ 
forme,  tres  caracteristique  des  especes  bathy- 
pelagiques. 

A  cela  ne  se  bornent  point,  tant  s’en  faut, 
les  surprises  que  nous  reserve  le  filet  verti¬ 
cal.  Voici  des  Annelides  polychetes  nageuses 
qui  progressent  entre  deux  eaux  par  mouve- 
rnents  ondulatoires  ;  les  unes  sont  d’un  beau 
jaune  et  assez  longues,  les  autres  plus  courtes, 
incolores  et  absolument  hyalines.  Ces  der- 
nieres  appartiennent  au  genre  Tomopteris ; 
elles  sont  remarquables  par  la  longueur 
demesuree  de  leurs  parapodes,  qui  ressem- 
blent  a  de  longs  pieds,  et  par  les  grandes 
dimensions  de  leurs  antennes  filiformes.  En 
voyant  ces  animaux,  on  saisit  la  valeur  de 
l’hypothese  qui  rattache  aux  Annelides  les 
formes  primitives  du  groupe  des  Crustaces  : 
que  la  mince  couche  chitineuse  des  Tomop¬ 
teris  augmente  en  epaisseur,  elle  devra  se 
briser  en  articles  pour  permettre  les  mouve- 

Fig.  3g.  —  Taonius  ments,  et  le  type  Arthropode  sera  realise'. 
pavo  Lesueur.  . 

(Reduit  au  quart)  Voici  d  autres  Vers  plus  etranges  dans  ce 
milieu,  parce  qu’ils  ont  coutume  de  se  tenir 
sur  le  fond  ;  ils  appartiennent  au  groupe  des  Ne'mertes  et 
constituent  les  genres  Nectonemertes  (Fig.  38)  et  Pelagonemertes; 
les  uns  sont  rouges  et  allonges,  les  autres  marbres  de  noir  avec 
des  contours  cordiformes,  certains  jaunatres  et  semblables  a 


—  49 


des  poissons  (Fig.  38);  tous  prdsentent  une  longue  trompe,  le 
plus  souvent  devaginde,  qui  fait  saillie  a  l’extremite  anterieure 
du  corps.  Depourvus  de  parapodes,  ces  animaux  doivent  se 
deplacer  par  des  mouvements  ondulatoires.  Les  Pelagond- 


Fig.  40.  —  Leachia  cyclura  Lesueur.  —  Moitie 
anterieure,  vue  du  cote  ventral  pour  montrer  les 
petits  organes  lumineux  spheriques  reunis  en 
cercle  autour  des  yeux.  (Gross.  2  fois). 

naertes  comptent  parmi  les  representants  les  plus  rares  de  la 
^une  bathypdlagique,  ct  Ton  doit  considerer  comme  un  resultat 
sans  ^gal  d’avoir  pu  en  capturer  cinq  individus  (representant 
Llnq  especes  nouvelles)  au  cours  de  la  derniere  campagne. 

****  (93) 


—  5o  — 


Si  le  filet  Richard  nous  prodigue  ses  merveilles,  il  nous 
plonge  parfois  dans  de  serieux  embarras.  Nous  paivenons  a  i an¬ 
ger  dans  le  groupe  des  Gdph}rriens  un  Ver  bizarre  cju  il  nous 
rapporte,  mais  souvcnt  aussi  nos  connaissances  zoologiques  sont 
en  defaut.  C’est  l’humiliante  aventure  qui  nous  arrive  en  pre¬ 
sence  de  trois  especes  diffdrentes,  molles,  contractiles  et  depoui- 
vues  d’appendices;  a  quel  embranchenrent  du  regne  animal 


Fig.  41.  —  Cirroteuthis  umbellata  P.  Fischer,  reduit  au  quart. 


faut-il  rapporter  ces  animaux  problematiques?  Sont-ce  des  Vers 
ou  des  Mollusques?  Nous  n’arrivons  pas  a  le  savoir,  car  le  roulis 
du  bateau  ne  permet  guere  une  dtude  approfondie.  Les  zoolo- 
gistes,  a  terre,  resoudront  sans  doute  cette  curieuse  enigme. 

Dans  le  groupe  des  Mollusques,  la  faunc  bathypelagique  est 
representee  par  d’assez  nombreux  Pteropodes,  les  uns  plutot 
abondants,  cornrne  les  Cre'seis  et  les  Hyales,  les  autres  rares  et 


—  5i  — 


voisins  des  Pneumodermes.  Bien  plus  communs  devront  etre 
les Cephalopodes;  mais  ccs  animauxsont  rapides  :  ils  dchappent 
meme  au  filet  Richard,  et  il  faudrait  un  cngin  a  ouverture  plus 
grande  encore  pour  etre  a  meme  de  les  capturer  a  coup  sur. 
Dans  ce  but,  le  Prince  avait  imagine  un  filet  de  80  metres,  dont 
l’entre'e  devait  etre  maintcnue  beante  par  un  jeu  de  quatrc  pla¬ 
teaux;  nous  fimes  l’essai  de  cette  gigantesque  machine  qui  en- 
combrait  tout  le  pont  du  navire;  mais  les  plateaux  ne  fonction- 
nerent  pas  convenablement  et  le  filet  revint  a  bord  un  peu 


42.  Pelagothuria  Bouvieri  Herouard,  Holothurie  bathypelagique 
capturee  par  la  PrincesSe- Alice.  (Gr.  nat.). 

disloque,  sans  la  moindre  recolte.  En  presence  de  cet  echec 
dc  eux  qui  re'duisait  a  neant  le  be'nefice  d’un  long  et  dispendieux 
01h  le  Prince  ne  manifesta  pas  le  plus  leger  depit;  il  discuta 
■'Implement  le  mdcanisme  des  plateaux,  envisagea  les  modifica- 
^°ns  (lu  ^  conviendrait  d'y  apporter,  et,  des  l’instant,  prepara 
succes  d  une  campagne  prochaine. 

11  attendant  cette  revanche,  qui  promet  de  frappantes  dc;- 
u'ertes,  il  fallut  nous  contenter  d’un  petit  nombre  de  Cepha- 
es  bathypdlagiques,  a  vrai  dire  tous  rares  et  fort  curieux. 

(93) 


Plusieurs  furent  captures  a  la  surface,  Spares  plus  ou  moins 
inertes  echappees  a  la  poursuite  des  grands  Cetodondes;  c  est 
ainsi  que  nous  fimes  main  basse,  au  voisinage  de  Sao-Miguel, 
sur  un  certain  nombre  de  Leachia  cyclura  (Fig.  40)  encore  assez 

actifs,  et  que  plu¬ 
sieurs  Taonius 
pavo  (Fig.  39)  nous 
apparurent  sans 
mouvement  vers 
les  parages  des  Sar- 
gasses.  Ces  deux 
sortes  de  Cdphalo- 
podes  ont  le  corps 
allongd  des  Cal- 
mars,  mais  ils  s’en 
distinguent  l’un  et 
l’autre  par  des 
traits  bicn  caracte'- 
ristiques  :  le  pre¬ 
mier  par  ses  yeux 
saillants  entoures 
d’un  cercle  d’orga- 
nes  lumineux,  le 
second,  par  ses  taches  colorees  qui  ressemblent  aux  ocelles  des 
plumes  de  Paon,  et  par  sa  couronne  de  bras  qui  est  remarqua- 
blementcourte.  Comme  tous  les  Cephalopodes  bathypelagiques, 
ces  animaux  appartiennent  au  groupe  des  especes  nageuses  et, 
comme  ces  dernieres,  pre'sentent  deux  longs  tentacules  en  plus 
des  huit  bras  de  leur  couronne  cdphalique.  Un  jour,  en  remon¬ 
tant  une  nasse  deposee  a  3ooo  metres  de  profondeur,  nous 
trouvames  enroules  sur  le  cable  de  l’engin  deux  tentacules 
encore  vivants,  dont  le  propridtaire  vraisemblable  fut  rapporte 
par  la  nasse  elle-mdme,  privd  de  ses  deux  organes.  Nous  dtions 
en  presence  d’un  merveilleux  Masligoteuthis  violace,  au  long 
corps  termine  par  une  nageoire  caudale  arrondie;  et  il  nous  fut 
possible  d’examiner  a  loisir,  sur  les  tres  curieux  tentacules 
du  specimen,  les  innombrables  et  minuscules  ventouses  qui, 


Fig.  43.  —  CEginura  Grimaldii  Maas,  Meduse 
prise  par  le  Prince  de  Monaco  a  781™  de  pro¬ 
fondeur.  (Grossie). 


:‘;r-  •  . 


—  .^3  — 

semblables  a  des  filaments  un  peu  renfles,  sont  caracteristiques 
du  genre  Mastigoteuthis.  Une  autre  fois,  le  chalut  a  plateaux, 
en  remontant  a  la  surface,  recueillit  un  Ce’phalopode  hyalin  ct 
finement  allonge  qui  presentait  de  nombreuses  taches  rouges,  et 
sur  la  tete,  des  yeux  pddoncule’s  munis  chacun  de  deux  organcs 
lumineux;  cetait  le  reprdsentant  d’une  forme  inconnue,  sur 
laquelle  l’habile  sagacite  de  mon  excellent  collegue  du  Museum, 
M.  Joubin,  s’exerce  actuellement.  Le  chalut  a  plateaux  et  le  filet 
vertical  nous  rapporterent  dgalement  des  Ce'phalopodes  d’un 
tout  autre  type,  les  Cirroteuthis  (Fig.  41),  dont  le  corps  est  trapu, 
arrondi  en  arriere,  et  muni  lateralement  de  deux  ailerons  obtus 
et  tres  saillants.  Moins  ele'gants  que  les  autres  Cephalopodes 
bathype'lagiques  et  surement  aussi  moins  actifs,  ces  animaux 
nous  frapperent  davantage  a  cause  de  leur  coloration  noire  et  de 
la  faible  consistance  de  leurs  tissus.  Au  surplus,  ce  dernier 


tiG.  44.  —  Spinax  niger  Bonap.  (Longueur  moyenne  :  1  metre). 


caractere,  diversement  accentue,  semble  etre  un  des  traits  assez 
gene'raux  de  la  faune  de  profondeur  :  la  musculature  perd  de 
Sa  densite,  l’organisme  devient  tres  aqueux,  et  l’animal  prend 
lln  aspect  gelatiniforme  toutes  les  fois  qu’il  n'est  pas  protbge 
pai  une  enveloppc  solide.  Plus  que  tous  les  autres  Ce’phalopodes, 
'es  Cirroteuthis  presentent  ces  caracteres  a  un  remarquable 
degre. 

Les  Cephalopodes  occupent  une  des  premieres  places  parmi 
cs  grands  habitants  des  mers,  et,  a  ce  point  de  vue,  rivalisent 
llleme  avec  les  Poissons.  On  ne  saurait  douter  que  certains 
n‘nigateurs  en  aient  rccontre  de  gigantesques  :  Verrill  a  observe 
PUe  les  grands  Cephalopodes  ne  sont  pas  rares  au  voisinage  de 
„erre'^euvei  et  Ton  a  capture’  dans  les  parages  de  la  Nouvclle- 
6  an  c  un  Architeuthis  qui  mesurait  17  metres  de  longueur, 

(93) 


—  54  — 


les  tentacules  dtalds.  Durant  la  campagne,  nous  eumes  la 
satisfaction  d’apercevoir,  mais  non  de  prendre,  un  assez  volu- 
mineux  repre'sentant  du  groupe;  e’etait  le  28  aout,  au  pied  du 
cratere  de  Sete  Cidades,  dans  File  Sao-Miguel  :  sous  les  rayons 
du  projecteur  electrique  dispose'  pour  la  peche,  nous  vimes 
apparaitre  un  Cephalopode  presque  cylindrique,  dont  le  coi  ps 
avait  pour  le  moins  un  metre  de  longueur,  sans  compter  les 
tentacules.  L’animal  resta  quelques  minutes  a  la  surface,  dans 


Fig.  45.  —  La  nasse  au  moment  ou  elle  est  ramenee  a  bord  de  la 
Princesse- Alice.  (D’apres  line  photographie  de  M.  Tinayre.) 

une  immobility  a  peu  pres  complete,  mais  il  ne  nous  laissa  pas 
le  temps  de  le  harponner  et  s’evanouit  dans  les  profondeurs. 

J’ai  dit  plus  haut  que  les  Cdphalopodes  bathypelagiques 
viennent  Hotter  a  la  surface  quand  ils  ont  subi  quelques  lesions 
ou  quand  leur  vitality  diminue.  Cette  particularity  doit  s’etendre 
a  d’autres  animaux  qui  habitent  les  memes  milieux  et  certaine- 
rnent,  comme  on  va  le  voir,  aux  Echinodermes  du  genre  Pelago- 
thuria  (Fig.  42).  Un  jour  de  beau  calme,  pendant  que  le  yacht 


(93) 


FiG.  46.  —  Le  chalut  a  etriers.  —  En  haut,  chalut  vide  avec  ses  fauberts  et  son  empeche  conique;  au  milieu, 
un  faubert  dont  les  filaments  d’etoupe  retiennent  des  organismes  marins,  puis  les  poids  de  lest;  en  has, 
le  chalut  trainant  sur  le  fond. 


—  56  — 


etait  immobilise  dans  la  mer  des  Sargasses  pour  une  peche  sur 
lefond,  le  Prince  voulut  etudier  la  faunc  superficielle  du  voisi- 
nage  et,  dans  ce  but,  organisa  une  promenade  en  youyou.  Apres 
deux  ou  trois  heures  de  recherches,  le  canot  apportait  a  bold 
une  recolte  assez  riche  :  des  embryons  de  Poissons  volants,  des 
Cydippes,  des  Physalies,  et  un  animal  teinte  de  brun  et  de  violet, 
que  nous  primes  tout  d’abord  pour  une  grande  Me'duse  et  ensuitc 
pour  une  Actinie  flottante.  Nous  etions  loin  de  la  verite,  mais 


Fig.  47.  —  Une  crevette  de  grands  fonds,  le  Benthesicymus  longipes  Bouv., 
espece  nouvelle  capturee  aux  lies  du  Cap  Vert  par  la  Princesse-Alice  sur 
un  fond  de  38go  metres.  (Gr.  nat.). 


aussi,  quel  organisme  enigmatique!  Qu’on  se  figure  une  sorte  de 
tronc  de  cone  obtus,  fortement  teinte  de  brun  et  muni  d’une 
double  couronne  de  longs  tentacules  violets  (Fig.  42),  les  uns 
delicatement  arborescents.  et  groupe's  en  cercle  autour  de  la 
bouche,  a  la  grande  base  du  cone,  les  autres  simples,  de  plus 
grande  taille,  et  reunis  au-dessous  des  premiers  par  une  sorte 


de  grande  ombrellc  hyaline.  Comment  reconnaitre,  dans  la  gra- 
cieuse  creature  flottante,  une  forme  du  groupe  des  Holothuries. 
dont  les  especes  normales  sont  toutes  rampantes  et  localisdes  sur 
les  fonds!  Et  pourtant,  notre  animal  appartenait  bien  recllcmcnt 
a  cette  classe;  c’etait  un  reprdsentant  du  genre  Pelagolhuria . 
qui  fut  decouvert  par  M.  Agassiz  dans  le  Pacifique  et  retrouve 
depuis  par  la  Valdivia  dans  l’oce'an  Indien.  Les  Pelagothuries 
sont  les  seuls  Echinodermes  qui,  a  1’dtat  adulte,  passent  leur 
existence  entre  deux  eaux;  elles  doivent  etre  d’une  rarete'  ex¬ 


treme,  caron  n’en  connait  qu’un 


tres  petit  nombre  de  specimens. 

Ceux  d’Agassiz,  un  peu  endom- 
mages,  furent  pris  a  la  surface, 
comme  1’exemplaire  de  la  Prin- 
cesse-Alice ;  mais  il  est  certain 
que  les  Pdlagothuries  appartien- 
nent  a  la  faune  bathypelagique, 
car  elles  ont  lesteintes  brunes  et 
violettes  si  communes  chez  les 
■epresentants  de  cette  faune,  et, 
d  ailleurs,  les  specimens  de  la 
Vildivia  furent  captures  par  le 
filet  vertical  entre  800  et  1000 
metres  de  profondeur. 

Ce  sont  egalement  les  teintes 
biunes  et  violettes,  quelquefois 
'etnplacdes  par  du  rouge,  et  presque  toujours  assocides  a  des 
tissus  incolores  et  hyalins,  qui  font  reconnaitre  les  especes 
athvpelagiques  de  l’embranchement  des  Polypes.  Abstraction 
aite  ^une  Actinie  flottante  relativement  commune,  ces  especes 
a°nt  lept'esentees  surtout  par  des  Siphonophores  et  des  Meduses. 

existe  certainement  dans  les  profondeurs  des  Siphonophores 
tles  complexes  et  de  grande  taille,  mais  ces  animaux  ne  nous 
c'tnient  jamais  intacts,  et  le  yacht  n’en  recueillit  que  des  frag¬ 
ments  volumineux  qui  se  trouvaient  enchevetres  dans  les  mailles 
es  filets  ou  enroules  autour  des  cables. 


Fig.  48. —  Uroptychus  (Diptychus) 
nitidus  Edw.et  Bouv.,  Galatheide 
abyssal  vivant  sur  les  grands 
fonds.  (Gr.  nat.). 


1  ous  ne  fumes  pas  plus 


(93) 


—  58  — 


brun,  qui  parait  assez  repandu  dans  lcs  profondeurs,  et  que 
nous  rapportons  avec  doute  au  groupe  des  Meduses.  Quant  aux 
Meduses  de  petite  tail le,  elles  entrent  pour  une  grande  part  dans 
la  faune  bathypelagique  et  prdsentent  une  variate'  extreme.  Beau- 
coup  sont  hyalines  et  presque  incolores,  avec  des  taches  rouges 
vers  le  centre  de  l’ombrelle  qui  est  cubique.  en  forme  de  longue 
cloche,  ou  quelquefois  assez  largement  e'talde  (Tig.  q3i;  d  autres 
paraissent  totalement  brunes,  et  il  faut  un  examen  minutieux 
pour  apercevoir  la  couche  de  fin  cristal  incolore  qui  les  enveloppe. 
Dans  l’un  et  1’autre  de  ces  deux  groupes,  les  especes  recueillies 


Fig.  49.  —  Lispognathus  Thomsoni  A.  M. -Edwards., 
crabe  des  grandes  profondeurs.  (Gr.  nat.). 


furent  nombreuses,  et  quelques-unes  tres  remarquables;  au 
premier,  appartiennent  deux  jobs  specimens  en  forme  de  cloche, 
qui  presentaient  un  manubrium  simple,  demesurdment  allonge'; 
au  second,  une  bizarre  Meduse  brune  dont  le  voile  cristallin  se 
dilatait  en  quatre  ballons  symetriquement  disposds. 

Mais  comment  de'erire  ces  formes  dldgantes  et  dedicates;  les 
Meduses  sont  les  joyaux  du  monde  bathypelagique  et  le  pinceau 
de  notre  compagnon  M.  Tinayre  peut  seul  tenter  d’en  rendre 
les  splendeurs  magnifiques. 


=>9  - 


III 

Je  veux  maintenant  parler  de  la  peche  au  palangre,  qui  sert 
a  capturer  les  Poissons  de  faible  profondeur  et  ceux  qui  sc 
tiennent  entre  deux  eaux  ou  au  voisinage  du  fond.  Le  palangre 
est  une  ligne  de'mesurement  longue,  qui  reste  fixee  au  bord  par 
lunede  ses  extremite's,  descend  en  arc  jusqu’au  fond  de  la  mcr 
et  revient  a  la  surface  par  l'autre  bout  que  maintient  un  Honour 
en  forme  de  cerf-volant;  il  porte  plusieurs  centaines  de  gros 


Fig.  5o.  —  Un  crabe  des  grands  fonds,  le  Merocryptus  boleti/er, 
Edw.  et  Bouv.  (Grossi  4  fois). 


hamecons  situes  a  deux  metres  les  uns  des  autres,  tous  soigncu- 
senient  appates.  On  retire  l'engin  apres  quelques  heures  d  im- 
llleisi°n  en  commencant,  bien  entendu,  par  le  bout  amarre  au 
^°id.  Nous  fimes  quatre  peches  au  palangre,  trois  dans  les  eaux 
Jes  Acores,  par  des  fonds  de  2000  metres  (a  l’ouest  de  Sao- 
Migueli,  1229  tnetres  (a  Fouest  de  Flores)  et  600  metres  (au  sud 
Ponta  Delgada),  la  quatrieme  sur  le  banc  de  la  Princesse- 
,  lce  Par  83  metres  de  profondeur.  Les  trois  premieres  opdra- 
fi°ns  furent  peu  fructueuses,  mais  singulierement  attirantes. 
len  n  est  plus  captivant  que'  la  remontde  du  palangre  lorsque 

(93) 


—  6o  — 


la  tranquile  obscuritd  nocturne  s’est  etendue  sur  l’Ocean  :  des 
profondeurs  tdndbreuses  on  voit  surgir  des  escarboucles  luisan- 
tes  qui  se  rapprochent  peu  a  peu  et  apparaissent  bientot  com  me 
les  yeux  brillants  des  Squales  captures;  ccla  rappelle  nos  Fdlins, 
mais  avec  )e  ne  sais  quoi  de  plus  profond  et  de  fascinateui, 
dont  les  Squales  de  nos  cotes  donnent  une  idde  tres  bonne. 

Nous  primes  surtout  au 
palangre  deux  especes 
de  Squales,  le  Centro- 
phortis  calceus  et  le  Spi- 
nax  niger  (Fig.  44),  dont 
le  tapis  oculaire  a  des 
reflets  jaunes;  un  char- 
mant  petit  requin  aux 
yeux  verts,  une  Breme 
identique  a  l’esp&ce  de 
nos  cotes  (Pagellus  cen- 
trodontus)  et  un  animal 
du  groupedesAnguilles, 
le  Synaphobranchus,  qui 
habite  les  fonds.  Sur  le 
banc  de  la  Princesse- 
Alice,  par  83  metres  de 
profondcur,  la  peche  fut 
totalement  infructueuse 
et  ce  fait  merite  d’etre 
signals,  car  le  banc  se 
montra  singulierement 
riche  et  poissonneux 
quand  le  Prince  en  fit  la 
de'couverte,  il  y  a  quel- 
ques  anndes.  A  quoi  faut- 
il  attribuer  cette  depopulation  curieuse,  deja  observee  au  cours 
de  la  precedente  canipagne?  Peut-etre  aux  phe'nomenes  volca- 
niques  sous-marins  qui  ont  accompagne  I’druption  de  la  Monta- 
gne  Pele'e.  Ces  phenomenes,  en  effet,  ne  sont  pas  rares  dans  la 
region  des  Acores,  et  Ton  sait  qu'a  l'dpoque  ou  se  produisit  la 


Fig.  5i.  —  Un  Polype  arborescent,  le  Cla- 
docarpus  sigma.  (Grandeur  naturelle). 


—  bi 


catastrophe  de  la  Martinique,  le  cable  sous  mat  in  fut  brise  et 
fondu  au  voisinage  de  Fayal,  c'est-a-dire  non  loin  du  banc  de  la 
Princesse-Alice. 


IV 


Cette  perturbation  apportde  dans  le  regime  de  la  faune  ich- 
thyologique  ne  saurait  avoir  une  longue  duree,  car  les  hauts 
fonds  ressentblent  aux  cotes  et  sont,  comme  dies,  peuples  par 
de  nombreux  Poissons.  En  allant  du 
Cap  Spartel  a  Madere,  le  Prince  fit  jeter 
quelques  lignes  sur  le  banc  Seine,  en 
des  points  ou  la  sonde  marquait  1 85  me- 
tIesi  et  nous  vimes  revenir  en  assez 
gland  nombre  les  especes  qui  avoisinent 
le  littoral :  des  Sebastes  rouges,  des  Raies 
niarbrees  et  des  Polyprion  ou  merous , 
les  memes  qui  accompagnent  les  dpaves. 

Sur  les  fonds  abyssaux,  par  contre,  la 
laune  ichthvologique  est  toujours  tres 
pauvre  et  limited  it  des  espbces  toutes 
speciales,  colordes  en  noir.  C’est  ainsi 
^e  la  nasse  (Fig.  4S),  it  l’ouest  de  Flores, 
nous  raPporta  2  Synaphobranchus  et  3o 
S imenchelys ,  Poissons  abyssaux  qui  ap- 
partiennent  au  groupe  des  Anguilles,  et 
clu'  arrivaient  it  la  surface  legerement 
detoi lire's  par  la  dilatation  des  gaz  de 
leui  vessie  natatoire.  Le  meme  coup  de 
aasse  nous  rapporta  une  magnifique 
1  evette  abyssale,  V Heterocarpus  Gri- 
Maldii ,  ddja  capturee  au  cours  descam-  Fio.  5a.  —  Euplectella, 

Pagnes  antdrieures  et  aussi  par  le  Talis-  salTlRld^au  ^  a.) 

> nan . 

La  peche  au  chalut  (Fig.  46)  nous  donna  divers  Crustaces, 
lUl  se  deplacent  sur  les  grands  fonds  :  V Hepomadus  letter ,  qui 
1  Un  ^  dneide  des  plus  rares,  plusieurs  Bernard  l’Ermite,  entre 

(93) 


—  62  — 


autres  le  Catapagurus  gracilipes  et  le  Parapagurus  abyssorum , 
deux  Galathdides  abyssaux  :  YUroptychus  nitidus  (Fig.  48)  et  le 
Munida  Saudi  Pauli,  et  plusieurs  Crabes  caracteristiques  des 
memes  niveaux  :  la  Bathynectes  superba,  quiest  d  un  beau  louge 
comme  les  especes  precedentes,  la  Scyramathia  Carpentei  i,  le 
Lispognathus  Thomsoni  (Fig.  49)  aux  pattes  longues  et  greles, 
et  le  charmant  Ergasticus  Cloud  dont  la  carapace  est  dclicate- 


Fig.  53.  —  Farreci  occa  Topsent,  eponge  siliceuse  trouvee  aux  Acores 
par  le  Prince  de  Monaco. 

ment  ornee  de  tubercules  greles.  Toutes  ces  especes  sont  con- 
nues  depuis  les  campagnes  deja  anciennes  du  Challenger  et  du 
Talisman;  elles  furent  accompagnees  dans  nos  peches  par  des 
Macroures  aveugles  de  la  famille  des  Eryonidcs  :  la  Willemcesia 
forceps  et  divers  Polycheles ,  entre  autre  une  espece  nouvelle  que 
j’ai  appelee  Polycheles  eryoniformis,  parce  qu’elle  ressemble, 
plus  que  toute  autre,  aux  Eryons  fossiles  des  terrains  jurassiques. 


—  63  — 


Surles  fonds  abyssaux  vivent  egalement  des  Galathdides  aveu- 
gles  du  genre  Munidopsis;  mais  nous  n’en  primes  pas  au  cours 
de  cette  campagne,  qui  fut  moins  consacrde  au  chalut  qu’a  la 
peche  bathypelagique. 

C’est  au  voisinage  de  Maderc  que  le  chalut  nous  rapporta  la 
plus  riche  recolte  :  des  Polypiers  arborescents  de  la  famille  des 
Gorgones  (Fig.  5i),  des  Alcyonaires,  des  Actinies  fixdes, 
plusieurs  Eponges  siliceuses  (Fig.  52  et  53),  des  Holothuries, 
des  Ophiures,  des  Aste'ries,  sans  compter  la  plupart  des  Crus- 
tace's  precedents.  Nous  fumes  moins  heureux  aux  Acores,  car 
ces  parages  tres  riches  sont  singulierement  tourmentds  a  cause 
de  leur  nature  volcanique,  et  souvent  ils  garderent  nos  engins 
de  fond  ou  ne  nous  les  rendirent  que  vides  et  absolument  de¬ 
clares.  A  l’ouest  de  Flores,  pourtant,  surunfond  de  1200  metres, 
couvert  de  Madrepores  calciformes  ou  arborescents,  le  chalut 
nous  rapporta  une  quantite  d’Eponges  siliceuses  dont  le  sque- 
lette  de  verre  file  soumit  nos  mains  a  une  rude  epreuve,  des 
hrachiopodes,  des  Gastdropodes  du  genre  Pleurotome,  diverses 
crevettes  de  fond,  et  plusieurs  Brisinga  qui  sont  des  Etoiles  de 
nier  abyssales  a  longs  bras  et  a  disque  tres  re'duit. 

Quand  le  chalut  a  etc  traine  sur  un  fond  de  vase,  il  revient 
a  ^0rd  surcharge',  avec  ses  captures  enfouies  dans  une  boue 
cpaisse  qui  rend  toute  recherche  impossible.  II  faut  ddverser  le 
contenu  de  1’engin  dans  la  partie  supe'rieure  d’une  haute  cuve 
divisee  en  trois  dtages  par  trois  tamis  superposes.  On  amene  un 
Grt  courant  d’eau  sur  la  masse  qui  est  supportee  par  le  tamis  le 
plus  grossier;  les  dlements  fins  passent  sur  les  deux  autres 
Cl ibles,  dont  les  mailles  sont  de  plus  en  plus  etroites,  puis  la 
'ase  est  entrainde  dans  la  mer,  ayant  abandonne  aux  cribles 
t0Us  ses  organismes  mecaniquement  tries.  Alors  seulement  in- 
tervient  le  naturaliste,  qui  fait  generalement  une  bonne  rdcolte 
PtUnri  ces  rnateriaux  arraches  au  fond  de  l’Ocean  et  propres 
escumais  aux  recherches  zoologiques. 


—  64  — 


Gibraltar,  Madere,  l'archipel  des  Azores. 


L’ocean  captive  par  ses  merveilles  et  son  influence  reposante, 
mais  les  terres  eloigne'es  ont  aussi  leur  attrait  pour  le  naturaliste, 
et  e’est  avec  plaisir  qu’on  les  voit  poindre  sur  Thorizon,  apres 
une  croisiere  un  peu  longue.  Le  Prince  n’ignore  pas  ces  senti¬ 
ments  tres  naturels,  et  il  ne  menage  rien  pour  les  satisfaire, 
sachant  bien  d’ailleurs  que  ces  intermedes  donneront  un  nouvel 
elan  aux  recherches  oceanograpihiques  ultericures.  Quittons  done 
le  domaine  maritime  pour  jeter  un  coup  d’oeil  sur  les  cotes  et 
sur  les  lies  que  nous  avons  apercues  ou  visitees  au  cours  de  la 
derniere  campagne. 


I 

Soit  a  Taller,  soit  au  retour,  le  yacht  suivit  de  tres  pres  et 
put  examiner  la  cote  espagnole  depuis  le  Cap*  Nao,  qui  est  a  la 
hauteur  des  Baleares,  jusqu’au  rocher  de  Gibraltar.  Partout 
cette  cote  nous  parut  assez  aride  et  peu  riche  en  vegetation,  mais 
singulierement  accidence  et  pittoresque;  de  distance  en  dis¬ 
tance,  sur  tous  les  points  culminants,  se  dressent  encore  les 
tours  qui  servaient  a  guetter  autrefois  Tapproche  des  corsaires 
bnrbaresques.  Le  Cap  Nao  s’eleve  assez  peu  au-dessus  des  flots, 
mais  il  est  domine'  par  une  jolie  montagne  pyramidale  qui 
atteint  la  hauteur  de  y5o  metres,  et  suivi  par  des  falaises  grisa- 
tres  qui  ne  semblent  guere  propre  a  offrir  un  refuge  aux 
pecheurs.  Plus  au  sud,  on  apercoit  la  ville  d’Alicante,  et  plus 
loin  encore  le  Gap  Palos  qui  envoie  dans  la  mer,  comme  des 
avant-postes,  de  petits  i lots  rocheux  dissdmines.  Mais  e’est  aux 
approches  de  la  Sierra  Nevada  que  le  paysage  prend  son  aspect 
le  plus  pittoresque.  Voici  d’abord  la  cote  basse  qui  precede  le 
Cap  Gata;  elle  estrongee  parleflot  de  mille  manieres,  engrottes, 


—  65  — 


en  colonnes,  en  champignons,  et  remonte  en  s’inclinant  sur  une 
aiete  montagneuse  dont  les  flancs  jaunes  ou  rougeatres  prdscn- 
tent  ca  et  la,  piquds  en  bouquets,  des  touffes  d’arbustes  verts, 
^oicile  Cap  Gata  avec  son  phare,  qui  domine  la  pointe  orien- 
tale  d  une  chaine  de  sommets  denudes  oil  se  heurtent  et  s’har- 
monisent  les  tons  les  plus  divers;  c’est  le  point  de  depart 
dune  anse  au  fond  de  Iaquelle  s’dtage  la  ville  d’Almeria, 


Fig,  Si _ t  i 

iu  detroit  s '  1  rf^e  Gibraltar  tel  'qu'il  apparait  du  sud,  a  l’entree  mime 

la  Mediti>r’ro^US  a  orme  d  un  gigantesque  biseau,  presque  a  pic  du  cdte  de 
Cette  derni ;r^e’’^nu^fnte  n'10'ns.ra*de  du  cote  de  la  ville  de  Gibraltar.  - 
du  premier  nl-  Se/Tv  >ne  au  pied  du  rocher  derriere  la  falaise  verticale 
1  an.  ( D  apres  une  photographic  de  M.  le  professeur  Joubin). 


Pu}ee  contre  une  nouvelle  chaine  orientee  vers  le  sud.  A  partir 
d’Al  ^01nt’  '  aspect  de  la  cote  devient  tout  different;  au  sud 
Blaises' ^  ^  C^a^ne  montagneuse  plonge  dans  la  mer  par  des 
lacote‘S  *  1U^tCS’  pu^s  e^e  S(^ve  progressivement,  s’dloigne  de 
hauts  ?Ul^eV*ent  presclue  P^atet  et  constitue  enffn  les  sommets, 
hauteu^d'^00  m^tres’  Sierra  de  Gador.  Quand  on  est  a  la 
u  phare  de  la  pointe  Sabinal,  la  chaine  s’abaisse  pour 

(93) 


66  — 


se  relever  ensuite,  et  former  les  premiers  plans  d  un  paysagedont 
le  fond  est  occupe  par  le  Mulhausen  qui  reprdsente  1  extremite 
orientale  de  la  Sierra  Nevada.  Le  Mulhausen  atteint  une  hauteur 
de  3554  metres  et  constitue  le  point  culminant  de  la  Sierra,  a 
Taller  comme  au  retour,  un  temps  magnifique  nous  permit 
d’admirer  cette  imposante  montagne,  dont  les  sommets  sont 
toujours  zebres  par  des  amas  de  neige. 


Fig.  55.  —  Le  rocher  de  Gibraltar  et  la  ville,  vus  de  la  baie  d’Algesiras.  • 
L ’extremite  meridionale  du  rocher,  celle  qui  touche  au  detroit,  n’est  pas 
representee  dans  cette  photographie;  a  gauche,  l’etroit  ruban  de  terre 
basse  qui  rattache  le  rocher  a  l’Espagne.  (D’apres  une  photogtaphie  de 
M.  le  professeur  Joubin). 

C’est  entre  g  et  10  heures  du  matin  que'  le  yacht  passa  en 
vue  de  la  haute  chaine;  filant  vers  le  sud-ouest,  il  s’e'loigna  peu 
a  peu  de  la  cote  qui  devint  vaporeuse  et  mal  definie;  a  3  heures 
de  Tapres-midi  nous  etions  au  large  de  Malaga,  a  6  heures  on 
vo)rait  se  dessiner,  comme  les  lignes  d’un  gigantesque  chateau- 
fort,  la  silhouette  du  rocher  de  Gibraltar,  a  8  heures  enfin  le 
yacht  s’engageait  dans  le  detroit. 


Le  rocherde  Gibraltar  (Fig.  54  et  55),  s’dtend  du  nord  au  sud 
a  Test  de  la  baie  d’Algdsiras  dont  le  vaste  bassin  debouche  sur  le 
detroit  par  une  entree  fort  large;  avec  une  bande  de  terre  etroite 
etbassequilerattache  au  continent  espagnol,  il  separe  cette  baie 
delaMediterrande.  Longde  quelques  kilometres  etd’une  largeur 
beaucoupplus  rdduite,  il  s’dleve  a  une  grande  hauteur  (425  metres) 
dans  sa  partie  septentrionale  dont  la  crete  sinueuse  et  naturelle- 
ment  crenele'e  laisse  apparaitre  des  mats  de  signaux,  des  ouvra- 
ges  de  defense  et,  du  cotd  du  detroit,  des  batteries  parfaitement 
dvidentes.  Au  nord,  le  rocher  se  termine  par  un  abrupt;  au  sud, 
d  descend  vers  la  mer  par  une  pente  raide,  suivi  des  grad  ins 
successifs  ou  s’elevent  de  nombreuses  casernes,  les  constructions 
du  semaphore  et  le  phare  qui  eclaire  la  pointe  d’Europe,  a  l’en- 
trde  du  detroit. 

Du  cote  de  la  mer,  le  rocher  est  inabordable,  presque  nu, 
souvent  meme  vertical,  laissant  a  son  pied  un  etroit  ressaut 
que  les  Anglais  ont  utilisd  pour  etablir  une  route  et  construire 
quelques  habitations;  vers  la  pointe  d’Europe,  la  bordure 
cohere  n’existe  meme  plus,  et  e’est  par  un  tunnel  que  la  route 
doit  se  construire  jusqu’a  l’autre  versant.  Ce  dernier  est  un  peu 
rooms  abrupt  que  le  prdeddent,  mais  encore  singulierement 
incline ;  a  la  pointe  d’Europe,  il  plonge  verticalement  dans  le 
'Jrge  goulet  qui  sert  d’entrde  a  la  baie  d’Algesiras ;  plus  loin, 
S0US  'a  Partie  haute  de  la  montagne,  il  vient  mourir  doucement 
sur  la  baie,  et  e’est  en  ce  point  que  sont  dtablies,  tres  presse'es 
ct  sans  une  place  perdue,  les  habitations  et  les  batiments  de 
routes  sortes  qui  constituent  la  ville  de  Gibraltar.  On  n’a  rien 
’icglige  pour  rendre  quelque  peu  agrdable  cet  aride  mais  pitto- 
^‘sque  sejour  :  des  Pins,  des  Chenes-verts,  des  Lauriers  et  des 
°Pa  s  s  etagent  au-dessus  de  la  cite,  en  tous  les  points  ou  le  roc 
Pu  conserver  des  bribes  de  terre  vegetale;  et  dans  la  ville 
lenie’  au'dela  des  ruelles  en  pente  qui  aboutissent  a  la  grande 
re  centrale,  on  a  menage  un  jardin  public  ou  le  ddfaut 
^“'^tion  ne  semble  pas  mettre  obstacle  au  developpement 
s  ms,  des  faux  Poivriers,  des  Aloes  et  de  quelques  arbustes 

Iropicaux. 

ddtroit,  et  mieux  encore  de  la  baie  d’Algdsiras, 

(93) 


on 


-  68  — 


distingue  tres  bien  les  routes  en  zig-zag  qui  conduisent  jusqu’au 
sommet  du  rocher,  on  apercoit  meme  les  meurtrieres  qui  ame- 
nent  du  jour  dans  les  tunnels  creusds  au  sein  de  la  montagne, 
et  tout  l’ensemble,  avec  ses  casernes,  ses  forts,  ses  batteries, 
donne  l’impression  d’une  force  pcu  commune,  utilisee  par  un 
genie  persdvdrant  qui  ne  connait  pas  les  obstacles. 

C’est  au  retour  que  le  yacht  vint  mouiller  devant  Gibraltar 
a  quelque  distance  du  vaste  port  de  guerre  isol^  dans  la  baie 
par  une  digue.  Devant  nous  s’etendait  la  villc  disposee  en  pente 
au  pied  du  roc,  —  a  gauche,  le  ruban  de  teiiain  bas  qui  foinie 
une  zone  neutre  entre  Gibraltar  et  l’Espagne,  denieie  nous, 
la  citd  d’Algesiras  qui  occupe  une  plage  sur  l’autre  rive  de 
la  baie,  et  plus  loin,  formant  un  demi-cercle  a  louest  decelle-ci, 
les  escarpements  elevds  oil  viennent  mourir  les  montagnes  espa 
gnoles.  Quelques  heures  nous  suffirent  pour  visitei  la  \ille, 
depuis  la  jetee  jusqu’au  semaphore  qui  domine  la  pointe  d  Eu¬ 
rope. 

Propre  et  bien  tenue  comme  les  autres  citds  anglaises,  la 
ville  n’offre  rien  de  pittoresque  a  1’intdrieur,  si  ce  n  est  sa  loule 
cosmopolite  oil  les  Espagnols  autochtones  coudoient  des  officiers 
anglais  en  civil,  des  soldats  en  kaki,  des  Maures  et  des  Euio 
peens  de  passage.  Sous  le  soleil  rendu  plus  ardent  pai  le  \oisi 
nage  des  rochers,  cette  foule  s’agite  dans  les  rues  etioites  oil 
circulent  nombreux  des  landaus  ouverts  qui  servent  de  liacie. 
J’ajoute  que  le  voyageur  ne  peut  penetrer  dans  la  ville  sans  etie 
muni  d’un  ticket  qui  doit  etre  rendu  a  la  sortie;  il  est  meme 
prudent,  nous  dit-on,  de  ne  pas  s’attarder  dans  la  visite,  cai  les 
portes  sont  rigoureusement  closes  chaque  soir  quand  le  canon  a 
marqud  l’heure  du  couvre-feu. 

Le  yacht  franchit  le  detroit  a  la  nuit  tombante,  entie  le 
le  phare  de  Tarifa  qui  brillait  il  la  pointe  d’Espagne  et  les 
lumieres  de  Tanger  indiquant  la  cote  marocaine.  Sur  la  meme 
cote,  apparut  bientot  le  phare  du  Cap  Spartel,  situd  au  seuil  do 
detroit  et  nous  dimes  adieux  aux  Hots  europdens  pour  penetiei 
dans  l’Atlantique. 

Nous  voyageons  maintenant  vers  Madere,  sans  autre  horizon 
que  la  ligne  bleue  de  l’Ocean. 


—  6g  — 

Depuis  quatre  jours,  les  cotes  ont  disparu  lorsque  se  dessine 
au  loin  File  de  Porto-Santo,  avec  sa  silhouette  toute  he'risse'e  de 
pics.  Nous  passons  trds  au  large  de  cette  ile  et  le  lendemain 
matin  se  dressent  devant  le  yacht  les  ties  Desertas  qui  cachent 
en  partie  Madere.  Pour  tous,  mais  surtout  pour  ceux  d’entre 
nous  qui  n’ont  pas  la  coutume  des  longues  navigations,  la  vue 
de  ces  lies  semble  un  spectacle  re'confortant  et  delicieux;  pour- 
tant  ils  sont  bien  arides,  ces  lambeaux  volcaniques  battus  par 
les  Hots,  leur  aspect  n’a  rien  d’hospitalier  et  les  parois  en  sont 
bien  abruptes;  mais  ils  nous  rappellent  les  terres  depuis  long- 
temps  disparues  et  leur  masse  imposante,  leurs  couleurs  varie'es 
et  e'tranges  sont  bien  faites  pour  forcer  l’admiration.  A  l’oucst 
seleve  Chao,  un  roc  plat  et  etroit,  aux  falaises  verticales  et 
maccessibles;  tout  a  cote  surgit  la  grande  Desertas,  une  sorte 
de  biseau  dont  la  longueur  atteint  io  kilometres  et  qui  eleve  sa 
ciete  sinueuse  a  400  metres  au-dessus  de  l’oce'an;  a  Test  enfin  se 
diesse  Bugio,  plus  grande  que  la  premiere,  mais  presque  autant 
inaccessible  et  toute  herissee  de  sommets  aigus.  Retenus  par 
dherses operations,  nous  sommes  restes  pres  d’une  demi-journee 
a  une  trbs  faible  distance  des  lies,  dont  les  details  nous  appa¬ 
rent  :  laves  accumulees  en  couches  epaisses,  cendres  poly- 
ehiomes  devalant  aux  pieds  des  falaises,  dykes  noiratres  inter- 
CJles  dans  ces  masses  qu’ils  soutiennent,  tout  indique,  dans  les 
Deseitas,  Faction  du  volcanisme. 

Aux  points  oil  les  pentes  ne  sont  pas  trop  abruptes,  une 
Vegetation  s’est  dtablie,  tres  verte  en  certains  endroits,  mais 
^  ssechee  sur  la  Crete  oil  pourtant  elle  nourrit  des  Chevres  et  des 
apuns  sauvages.  A  l’ouest,  dans  une  sorte  de  vallon  un  peu 
Ute’  on  v°ib  sur  la  grande  ile,  un  bosquet  de  Pins  qui  mar- 
dUe  la  place  oil  s’e'tablit  autrefois  un  courageux  colon,  grand 
ami  Sans  d°ute  de  la  solitude.  Aujourd’hui,  les  Desertas  sont 
°mpletement  abandonndes,  la  maison  n’offre  plus  que  dcs 
lnes  et  quelques  Figuiers  rabougris  ont  seuls  persiste  dans 
I  v°lsinage,  a  quelque  distance  du  bosquet  de  Pins  qui  dominc 

tiem  Ce'  sommet  cr^te-  C’est  du  Prince  que  je 

t  S  Ces  ^ern'ers  de'tails,  qu’il  a  d’ailleurs  releves  dans  un  chapi- 
e  s°n  interessant  ouvrage  :  La  Carriere  d’un  Naingateur. 

(93) 


—  7°  — 


La  grande  Ddserte  n’est  frdquentde  que  par  des  habitants  de 
Madere  qui  vont  y  recueillir  de  jeunes  Puffins,  et  par  des 
tireurs  au  pied  agile  qui  vont  y  chasser  les  Chevres  sauvages. 

Le  Prince  fit  partie  d’une  expedition  de  cette  sorte  et  il  en  a 
racontd  les  dmouvantes  peripeties.  On  ne  gravit  pas  sans  dangei 
ces  falaises  croulantes  trop  souvent  battues  par  le  flot  furieux, 
c’eut  dtd  folie  d’en  risquer  l’ascension,  et  nous  nous  conten- 
tames  de  les  suivre  du  regard,  en  admirant  la  temerite  du 
chasseur  audacieux  qui  se  hasarde  sur  leur  cime. 

Le  yacht  s’est  engagd  dans  l'etroit  et  profond  passage  qui 
se'pare  Bugio  de  la  grande  Deserte,  et  nous  void  entre  des 
rocs  a  pic  et  vivement  nuance's,  dont  on  ne  saurait  depeindre 
l'aspect  impressionnant  et  pittoresque.  Le  passage  double,  la 
grande  lie  de  Madere  nous  montre  son  flanc  oriental,  avec  ses 
hauts  sommets  perdus  dans  les  nuages,  ses  cotes  verdoyantes 
et  les  rochers  volcaniques  en  forme  de  trainee  qui  la  pro- 
longe  en  une  digue  incomplete,  du  cotd  de  Chao.  II  fait  nuit 
quand  nous  jetons  l’ancre  dans  la  baie  de  Funchal,  et  ce  sont 
des  milliers  de  lumieres  etagees  en  amphitheatre  qui  nous 
indiquent  l’etendue  et  la  position  du  chef-lieu  de  1  ile.  Malgie 
l’heure  tardive,  il  nous  est  neanmoins  possible  de  faire  ample 
connaissance  avec  le  plaisir  supreme  de  tout  bon  habitant  de 
Madere  :  des  feux  d’artifice  eclatent  de  tous  cotes,  non  point 
seulement  dans  la  ville,  mais  partout  et  jusque  dans  leshameaux 
perdus  aux  flancs  de  la  montagne.  Au  matin,  le  merne  bruit  de 
fusses  nous  reveille,  et  il  se  fera  entendre  pendant  toute  la  duree 
de  notre  sejour.  C’est  ainsi  que  les  Maderois  celebrent  leurs 
fetes  religieuses  et  se  font  mutuellement  des  politesses;  le  son, 
ces  petarades  se  resolvent  en  feux,  le  jour  en  petits  nuages  de 
fumde,  non  sans  produire  a  toute  heure  une  sdrie  de  detonations 
a  laquelle  nos  oreilles  europeennes  ne  sont  pas  accoutumees. 

A  part  un  lambeau  de  terrain  tertiaire,  1’ile  de  Madere  est 
totalement  volcanique,  forrnee  par  une  association  de  laves, 
de  basaltes  et  de  cendres  qui  donnent  une  terre  fertile,  mais 
e'minemment  propice  aux  phe'nomenes  d’drosion.  Ces  dermers 
phenomenes  se  manifestent  ici  avec  une  intensite  remarquable, 
a  cause  de  la  structure  de  File,  qui,  sur  toute  sa  longueur,  est 


separee  en  deux  versants  par  une  crete  montagneuse  continue  et 
fort  ilevee.  Les  flancs  do  la  chaine  sont  creuse's  d’innombrables 
ravins  appeles  curral  (Fig.  56)  qui,  dtroits  et  profonds,  conimen- 
cent  aux  sommets  pour  s’ouvrir  dans  la  mcr;  trois  de  ces  ravins 
traversentla  ville  de  Funchal,  oil  ils  ressemblent  tout  a  fait  aux 


•a 


Fig.  56.  —  La  riviere  de  l’Enfer,  au  fond  d’un  curral,  a  Madere. 

liis  de  volumineux  torrents  ;  le  plus  remarquable  est  le  grand 
^",al  qui  commence  au  Pico  Ruivo,  le  point  culminant  de 
'le  (i 85o  metres),  et  vient  s’ouvrir  dans  l’ocean  a  10  kilometres 
Vers  r°uest  de  Funchal. 

^algrd  l’humiditd  du  climat  et  les  nuages  e'pais  qui  se 

(93) 


72 


forment  presque  incessamment  sur  les  hauteurs,  le  fond  de  ces 
ravins,  en  temps  ordinaire,  est  presque  tou jours  a  sec  ou, 
comme  dans  le  curral  median  de  Funchal,  traverse  par  un  maigre 
filet  d’eau.  C’est  que  les  sources  de  File  sont  captdes  a  leur 
emergence,  tres  haut  dans  la  montagne,  et  utilisdes  fort  judicieu- 
sement  pour  les  irrigations;  recueillies  dans  des  aqueducs  ou 
levadas ,  elles  arrivent  partout  dans  les  cultures  oil  dies  se 
distribuent  en  milliers  de  ruisselets  qui  repandent  partout  la 
fertility. 

Elle  est  admirable,  en  effet,  la  grande  He  portugaise,  avec 
ses  cultures  plantureuses  qui  s’e'tendent  partout  jusqu’ii  lalimite 
des  forets  :  au  milieu  des  vignes  pre'dominantes,  toutes  greffdes 
sur  plan  americain,  les  plantations  de  Bananiers  et  de  Cannes 
a  sucre  occupent  d’assez  grandes  espaces,  l’lgname  ou  Colocase 
comestible  deploie  ses  gracieuses  feuilles  cordiformes,  et  la 
Patate  s’etale  sur  le  sol  a  la  maniere  d’un  Liseron  rampant. 
Plus  haut  apparaissent  les  cultures  de  nos  pays,  et  vers  5oo  a 
600  metres,  les  forets  de  Pins  qu’on  multiplie  de  plus  en  plus 
sur  les  montagnes,  parmi  les  paturages.  Cet  apercu  tres  rapide 
ne  donne  qu’une  ide'e  tres  faible  de  la  vdge'tation  de  Pile,  oil  les 
Eucalyptus  et  les  Mimosas  se  melent  aux  essences  europe'ennes, 
et  ou  poussent  exuberantes  en  tous  lieux  des  plantes  sauvages 
ou  redevenues  telles  :  des  Nopals,  des  Gdraniums,  des  Begonias 
arborescents,  des  Fuchsias  et  des  Hortensias  aux  couleurs 
magnifiques.  Les  currals  qui  traversent  Funchal  sont  eux- 
memes  envahis  par  cette  flore  exube'rante  qui  est  un  charme 
pour  les  yeux. 

Mais  comment  s’e'tonner  d’une  telle  richesse  de  vegetation 
dans  un  pays  oil  la  temperature  est  constamment  douce,  et  oil  la 
mer  et  les  condensateurs  montagneux  entretiennent  une  humi- 
dite  persistante  ?  Je  n’oublierai  jamais  la  splendour  des  sous-bois 
a  la  descente  du  funiculaire  qui  conduit  de  Funchal  au  Mont 
Eglise  (Church  Mont) :  quelle  admirable  jonchde  d’Hortensias,  et 
comme  les  bouquets  bleus  de  cette  plante  se  detachent  delica- 
tement  sur  le  fond  de  verdure  qui  les  environne !  C’est  d  une 
fiaicheur  exquise  et  d’un  effet  delicieux.  Je  recommande  egale- 
ment  au  voyageur  presse,  mais  curieux  des  beautes  naturelles, 


—  73  — 

une  promenade  au  curral  situd  sous  la  forteresse ;  la  gorge  est 
accidentee  et  pittoresque,  avec  une  vegetation  merveilleuse  qui 
repand  un  charme  tout  particulier;  nulle  part  les  cultures  ne 
sont  plus  riches,  les  plantes  sauvages  plus  vigoureuses,  plus 
abondantes  et  plus  varides. 

Funchal  (44.000  habitants)  est  une  station  sanitaire  et  de 
plaisance,  oil  les  Anglais  occupent  la  premiere  place,  suivis  de 
pres  par  les  Allemands  ;  elle  est  entouree  de  charmantes  villas 
qui  s’elevent  au  milieu  des  cultures  jusqu’a  la  limite  des  forets. 
Laffluence  des  visiteurs  ya  introduit  des  habitudes  de  mendi- 
cite  de'plorables  et  genantes,  au  moins  parmi  les  enfants,  qui 
poursuivent  le  touriste  avec  une  ardeur  et  une  tenacite  inlas- 
sables ;  il  n'est  plus  question,  en  pareil  cas,  du  laisser  aller 
proverbial,  et  d’ailleurs  bien  reel,  des  habitants  de  File  !  Les 
couises  dans  Funchal  et  aux  environs  semblent  plutot  penibles, 
a  cause  ^es  pentes  raides  qui  entourent  la  ville  et  des  petits 
galets  basaltiques  dont  sont  paves  les  rues  et  les  chemins. 
F  est  vrai  qu’on  peut  recourir  aux  carros ,  qui  sont  des  fiacres 
peu  lapides  oil  les  roues  sont  remplacdes  par  des  traineaux,  et 
nos  atteluges  par  des  Boeufs;  on  facilite  le  glissement  par  de 

ui  eetcela  n’est  guere  propre  a  rendre  bien  rapide  la  marche 
^es  PiOons.  C’est  dans  un  traineau  de  cctte  sorte,  mais  decouvert 
et  active  par  des  homines  ,  quenous  descendimes  du  Church  Mont, 
J11es  compugnons  et  moi,  au  sortir  du  luxueux  et  vaste  hotel  que 
es*  lemands  ont  erigesur  la  hauteur;  le  ve'hicule  nous  conduisit 


a  Funchal 


par  un  chemin  dtroit,  borde  de  maisons,  et  en  pente 


ln&ulierement  rapide.  La  course  fut  vertigineuse  et  quelque  peu 
propice  a  de  graves  accidents;  mais  nos  guides  etaient  adroits, 
^  nous  abandonnerent  sains  et  saufs  apres  la  pirouette  finale. 
On  ne  saurait  quitter  la  ville  sans  visiter  sa  leproserie,  son 
in  public  et  son  Musde  d’Histoire  naturelle.  La  leproserie 
^nionte  a  une  date  fort  ancienne;  elle  occupe  un  vieux  batiment 
le  n  ,*en  tenu  °c*  ia  plupart  des  loges  sont  actuellement  vacantes, 
^  tdu  etant  cn  decroissance  manifeste  dans  File;  nous  fumes 
^  Uei  Par  quatre  le'preux  a  face  tumefiee  qui  nous  servirent 
ai  ,lceione-  Le  Jardin  public  est  peu  etendu,  mais  parfaitement 
nago  et  ollre  un  agre'able  melange  de  plantes  tempe'rdes  et 

(93) 


—  74  — 

d’especes  tropicales,  avec  de  beaux  Palmiers,  des  Fougeres  arbo- 
rescentes  et  des  massifs  de  Bdgonias  qui  atteignent  plusieuis 
metres  de  hauteur.  Quant  au  Musde  d  Histoire  naturelle,  il 
renferme  presque  tous  les  specimens  de  la  faune  maddiaise, 
entre  autres  une  collection  complete  des  oeufs  des  Oiseaux  qui 
nidifient  dans  File,  d’admirables  Gorgones  rapportdes  par  les 
pecheurs  et  de  nombreux  fossiles  (la  plupart  inde'terminds)  qui 
proviennent  des  terrains  tertiaires  de  la  rdgion,  surtout  de  Poito 
Santo.  Cet  interessant  Musee  est  l’ceuvre  du  Pere  Schmitz, 
directeur  du  Grand  Seminaire,  qui  l  a  installe  dans  son  dtablis- 
sement  et  qui  en  fit  les  honneurs  au  Prince  avec  beaucoup  de 
bonne  grace. 

Le  3 1  juillet,  le  yacht  leva  l'ancre  et  se  dirigea  vers  le  sud- 
ouest.  Nous  passames  devant  Camara  de  Lobos  qui  est  relie  a 
Funchal  par  une  belle  voie  de  9  kilometres,  la  settle  route  maca- 
damisde  du  pays ;  peu  apres  apparut  tout  le  versant  meridional 
de  File,  avec  ses  multiples  ravins,  ses  verdoyantes  cultures  qui 
se  terminent  aux  falaises,  ses  forets  de  Pins,  ses  sommets  con¬ 
verts  de  paturages  et  le  Grand  curral  qui  vient  deboucher  pies 
de  Camara.  Puis  Madere  disparait  a  l'horizon  et  la  solitude 
oceanique  nous  enveloppe  de  nouveau ;  le  yacht  file  vers  la  met 
des  Sargasses. 

II 

Apres  vingt-cinq  jours  de  croisiere,  ce  n’est  pas  sans  platstr 
qu'on  voit  a  l’horizon  se  dessiner  une  cote.  Le  24  aout,  dans  la 
matinee,  le  yacht  etait  en  vue  de  Sao  Miguel,  et  nous  saluions 
avec  un  joyeux  empressement  la  grande  ile  acore'enne. 

Etroite  comme  Madere,  mais  un  peu  plus  grande  et  plus 
peuplee  (1 19.000  habitants),  cette  ile  s’dtend  de  Test  a  l’ouest  sut 
une  longueur  de  66  kilometres;  elle  pre'sente  a  chaque  extre'- 
rnite  un  massif  montagneux  dont  les  hauts  sommets  ont  une 
altitude  d’environ  1100  metres;  entre  ces  deux  zones  terminales 
se  trouve  une  partie  relativement  basse  oil  s’elevent  presque 
contigus,  des  cones  volcaniques  tres  nombreux,  les  uns  intacts, 
les  autres  echancres  a  leur  pointe.  Au  surplus,  les  lies  acoreennes 


(93) 


-76- 

sont  toutes  entierement  volcaniques,  a  I  exception  dc  Santa 
Maria,  la  plus  orientale,  qui  renferme  un  lambeau  de  tenain 
tertiaire  exploits  pour  certaines  constructions.  J’ai  vu  a  Ponta 
Delgada  des  blocs  de  ce  de'pot  sedimentaire;  e’est  une  molasse 
marine,  tres  riche  en  fossiles,  et  presque  identique  a  cellc  quon 
trouve  si  abondamment  en  France  et  en  Suisse  dans  la  vallee 
du  Rhone. 

Peu  a  peu  sc  de'couvre  le  versant  meridional  de  1  ile,  a\ec 
son  chef-lieu  Ponta  Delgada^  (22.000  habitants),  qui  occupe  les 
bords  d’une  anse,  au  pied  des  petits  cones  volcaniques  et  des 
contreforts  du  massif  occidental.  Nous  passons  entre  les  cui¬ 
rasses  d’une  escadre  anglaise  mouillee  en  rade,  et  le  yacht  jette 
l’ancre  dans  le  port,  qui  est  spacieux  et  protege1  par  une  foite 
digue  ou  Ton  observe  encore  les  traces  violcntes  d’un  cyclone. 
Nous  pouvons  admirer  maintenant  le  pittoresque  aspect  de  la 
ville,  dont  les  maisons  peintes  en  clair  s’avancent  jusqu  aux 
rochers  du  rivage,  ou  se  perdent  au  loin  sur  les  flancs  verts  des 
collines  environnantes.  Ponta  Delgada  n’est  pas  construite  en 
amphitheatre  au  pied  de  hautes  montagnes  comme  Funchal, 
mais,  si  elle  occupe  un  paysage  moins  grandiose,  les  abords  en 
sont  plus  saisissants,  a  cause  des  petites  falaises  littorales  qui 
remplacent  la  greve  caillouteuse  de  la  ville  maderaise.  Le  debar- 
cadere  du  port  (Fig.  57)  est  gracieux,  avec  son  porche  et  ses 
maisons  en  arcades;  ailleurs,  la  ville  ne  presente  rien  de  remar- 
quable,  ses  rues  ayant  beaucoup  de  ressemblance  avec  celles  des 
petites  villes  europeennes  et  ses  monuments  religieux  etant 
construits  sur  un  type  quelque  peu  banal,  qu’on  rencontre  dans 
toutes  les  iles  acoreennes  et  a  Madere  :  grand  batiment  rectan- 
gulaire  avec  des  fenetres  simples  et  carries,  un  fronton  limite 
par  deux  arabesques  et  parfois  une  tour  a  quatre  faces,  sans 
fleche  terminale.  Les  habitants  eux-memes  n’offrent  rien  de 
particulier,  si  ce  n’est  l’humeur  paisible  qu’ils  tiennent  de  leur 
doux  et  humide  climat,  si  ce  n’est  egalement  le  costume  ancien 
porte  par  bien  des  femmes  (Fig.  58)  :  ample  manteau  de  laine 
noir  qui  enveloppe  tout  le  corps,  avec  un  capuchon  immense 
au  fond  duquel  parait  perdue  et  se  de'tache  en  clair  une  figure 
feminine. 


77 


La  ville  ne  posshde  pas  encore  de  jardin  public,  mais  elle  a 
deux  jardins  particuliers,  le  jardin  Borges  et  le  jardin  do  Canto, 
ou  sont  reunies  et  ou  se  developpent  avec  une  vigueur  incom¬ 
parable  les  plantes  arborescentes  de  nos  pays  et  celles  des  cli- 
mats  tropicaux.  Le  jardin  Borges  est  etabli  a  la  manifere  pitto- 


Fig.  58.  —  Costume  de  femmes  de  l’ile  Faval.  —  A  Sao  Miguel, 
la  capuche  est  un  peu  moins  ample. 

esclue,  avec  grottes  et  rocailles,  labyrinthes  et  vieille  tour; 
,aste  et  ^ort  bien  entretenu,  il  renferme  une  collection  de  plantes 
es  plus  riches.  Le  jardin  do  Canto  (Fig.  Sg)  se  pre'sente  sous  un 
Pect  plus  simple,  mais  il  depasse  en  splendeur  le  precedent 

(93) 


par  la  belle  disposition  de  ses  massifs  ct  de  scs  pelouses,  pai  le 
choix  plus  varie  de  ses  essences  et  par  l’admirable  d<;veloppe- 
ment  de  sesarbres.  On  voit  la  des  ficus  a  caoutchouc  quidepas- 
sent  en  hauteur  nos  plus  beaux  chenes,  des  allies  de  Palmiers 
prodigieusement  belles,  des  Foug&res  arborescentes,  desaibies 
a  fruits  des  pays  chauds  et  surtout  un  bois  de  hauts  et  puissants 
Bambous  dignes  de  rivaliser  avec  ceux  des  forets  tropicales.  11 
est  facheux  qu’aucune  indication  n’accompagne  ccs  magnifiques 


Fig.  5i).  — Jardin  do  Canto  a  Ponta  Delgada.  —  Avenue  largement  ombragee 
par  une  essence  arborescente  d’origine  tropicale.  (D'apres  une  photographie 
de  M.  Travassoz,  a  Ponta  Delgada). 

specimens  de  la  flore  exotique;  dans  ces  jardins,  le  naturaliste 
se  trouve  en  presence  de  vegetaux  dont  il  a  certainement  appris 
l’histoire,  et  qui  sont  perdus  commc  des  Strangers  parmi  la  foule 
des  autres.  Mais  ce  qui  est  plus  facheux  encore,  c’est  la  destruc¬ 
tion  prochaine  de  ces  collections  inestimabJes,  reunies  a  grands 
frais  par  des  amateurs  passionnds  de  science  et  de  beaute';  ces 
amateurs  ont  disparu,  leguant  a  leurs  heri tiers  l’oeuvre  capitale 
d’une  vie  entiere,  mais  non  la  noble  ardeur  dont  ils  furent  ani¬ 
mus;  et  les  delicieux  Edens  disparaitront  sans  doute,  rase's  et 


—  79  — 

morceles,  parce  qu’ils  occupent  une  grande  place  dans  la  ville 
et  representent  de  ce  fait  un  trds  sdrieux  capital. 

Les  Acores  ont  la  rare  fortune  de  possdder  un  homme  qui 
consacre  a  leur  service  un  esprit  dleve  et  les  aptitudes  scientifi- 
ques  les  plus  dtendues,  je  veux  parler  du  commandant  Chaves, 
directeur  des  Stations  mdtdorologiques  installees  a  Sao  Miguel, 
a  Fayal  et  a  Flores.  M.  Chaves  est  un  enfant  des  Acores,  pro- 
fondement  dpris  de  son  pays  d’origine,  passionne  pour  ses 
richesseset  ses  beautds,  qui  lui  ont  livrd  successivement  presque 
tous  leurs  secrets.  J’ai  rarement  rencontrd  un  homme  aux  con- 
naissances  plus  sures,  plus  variees  et  plus  fecondes.  Grace  aux 
relations  etroitesqui,  depuis  longtemps,  existent  entre  le  Prince 
de  Monaco  etM.  Chaves,  nous  eumes  le  trds  grand  avantage  de 
visiter  Sao  Miguel  avec  ce  prdcieux  guide,  qui  fut  pour  tous 
dune  amabilite  inoubliable  et  le  plus  attrayant  des  compagnons. 
Si  le  lecteur  trouve  quelque  interet  dans  les  pages  suivantes, 
■restaM.  Chaves  qu’en  revient  tout  le  merite. 

Avant  de  quitter  Ponta  Delgada,  suivons  d’abord  M.  Chaves 
au  Musde  et  a  la  Station  metdorologique  qu'il  dirige.  Les  deux 
ftablissements  sont  contigus  et  occupent  les  dependances  con- 
ventuelles  d  une  dglise  de  la  ville.  Dans  le  Musde  sont  rdpaitis 
a  peu  pres  tous  les  specimens  de  la  faune  acoreenne,  dont  beau- 
roup  de  grandes  pieces  parfaitement  montees,  et  plusieurs  spd- 
rimens  d’une  raretd  extreme  :  des  Becasses  et  des  Cailles  a  1  b i - 
niques,  un  jeune  Cachalot  de  4  metres  et  un  foetus  de  la  meme 
espece  long  de  2  ou  3  decimetres.  On  sait,  en  effet,  que  les  ties 
dol  archipel  sont  un  centre  important  pour  la  peche  du  Cachalot. 
Dans  l’une  des  cours  est  un  Jardin  botanique  peu  dtendu,  mais 
s'ngulidrement  instructif,  parce  que  consacre  exclusivement  aux 
plantes  originaires  des  Acores,  de  beaucoup  actuellement  les 
moins  nombreuses  dans  ces  lies,  qui  sont  a  peu  pres  totalement 
en\ ahies  par  des  vdgdtaux  importds. 

la  Station  mdtdorologique,  fonctionnent  de  nombreux 
aPpareils  appartenant  aux  types  les  plus  perfectionnds;  M.  Cha- 
Ves  nous  a  ddmontre  que  les  troubles  sdismiques  sont  plutot 
rares  aux  Acores,  ce  qui  n’est  pas  sans  surprendre,  dtant  donne 
^Ue  ces  lies  ont  subi  au  sidcle  dernier  de  violents  tremblements 

(93) 


—  8o  — 


de  terre,  et  que  les  phenomencs  volcaniques,  aujourd  hui  encoie, 
s’y  manifeste  en  certains  points  avec  une  intensite  remarquable. 

Quand  M.  Chaves  ne  peut  nous  accompagner,  il  nousconfie 
a  son  gendre,  M.  Cogumbreiro,  qui  nous  accueil  1  it  des  notie 
entree  en  rade  et  veilla  au  ravitaillement  du  yacht  en  sa  qualite 
de  consul  mondgasque  a  Ponta  Delgada.  Dans  la  fa  mi  lie  de 
M.  Chaves,  1’obligeance  et  1’amabilite  sont  des  vertus  nathes, 
et  M.  Cogumbreiro  nous  le  fait  bien  voir;  c  est  avec  lui  que 


Fjg.  Co.  —  Une  serre  d'Ananas  dans  lile  de  Sao  Miguel. 

(Photographie  Travessoz). 

nous  avons  parcouru  le  jardin  Borges,  et  c’est  grace  a  lui  que 
nous  pouvons  visiter  les  serres  a  Ananas  (Fig.  60)  dtablies  aux 
confins  de  la  ville.  Elies  sont  immenses,  ces  serres,  avec  leurs 
milliers  de  sujets  soigneusement  entretenus  dans  une  atmos¬ 
phere  etouffante;  mais  le  revenu  doit  en  etre  bon,  car  la  culture 
des  Ananas  prend  de  jour  en  jour  un  plus  grand  ddveloppement 
dans  File,  ou  des  vapeurs  eu ropeens  chargent  des  cargaisons 
completes  de  ce  fruit  delicieux.  Autrefois,  les  raemes  bateaux 


emportaient  dcs  oranges,  que  Ton  estimait  fort  pour  leur  del i- 
catesse;  mais  les  maladies  cryptogamiques  ont  fait  disparaitre 
presque  totalement  l'Oranger,  et  depuis  lors  s’est  introduite 
dans  les  lies  la  culture  de  l’Ananas.  En  certains  points  de  Sao 
Miguel,  cette  culture  a  une  extension  considerable,  notamment 
a  A  illafranca  oil  la  ville  prend  un  aspect  particulier  a  cause  des 
serres  nombreuses  qui  l’environnent. 


Ill 


L lie  de  Sao  Miguel  fut  decouverte  par  Cabral  en  1439;  six 
annees  plus  tard,  el le  e'tait  bouleversee  par  une  puissante  erup¬ 
tion  qui  detruisait  les  hauteurs  du  massif  de  1’ouest  et  donnait 
naissance  au  cratere  de  Sete  Cidades  que  Ton  observe  encore 
aujourd  hui.  Des  innombrables  curiosite's  defile,  aucune  n’est 
plus  attrayantes  que  ce  cratere,  dont  les  bords  atteignent  5oo  me¬ 
tres  d  altitude  et  sont  dominds  par  les  hauts  sommets  du  massii. 
Nous  voici  done  partis,  avec  M.  Chaves,  pour  visiter  cette 
region  pittoresque.  C’est  jour  de  marc  he  it  Ponta  Delgada,  et 
nous  lenc°ntrons  de  nombreux  campagnards  (Fig.  61)  qui  por- 
tent  ^eurs  provisions  ii  la  ville  :  des  poasteques,  du  mai's,  des 
'gnames, des  patates,  etc.;  la  plupart  sont  monte's  sur  des  mules, 
pelques  uns  sur  des  chariots  qui  filent  au  trot  sur  la  route  bien 
"acadamisde.  Nous  traversons  d’abord  la  region  des  cultures, 
Cest  un  plaisir  de  voir  comme  toutes  les  parties  du  sol  sont 
I  1Sees  •  le  mais  domine  largement,  car  il  fournit  la  bouillic  et 
^31n  clut  sont  la  base  essentielle  de  l’alimentation  dans  les 
en  /a^neS’  Partout  des  moulins  a  vent  oil  Ton  reduit  son  grain 
hau;llne>  et  ^ans  tous  les  villages,  pres  de  chaque  maison,  de 
jje  es  Pyrumides  oit  se  ddssdchent  ses  e'pis(Fig.  62).  Les  champs 
la  ^.atatcs  soni  egalement  fort  nombreux,  car  les  tubercules  de 
ils  ,  nte  ne  servent  pas  settlement  a  la  nourriture  des  Acordcns  : 

]a  ^  nt  aussi  recherchds  pour  la  fabrication  de  l’alcool.  Le  bid, 
Il0s  mtlle  tei’re  et  la  plupart  des  vegetaux  alimentaires  de 
rtdu£S  sont  cultivds  aux  Acores,  mais  sur  une  dchelle  plus 
e)  dans  les  villages,  on  est  tout  surpris  de  voir  l’igname 

*’****  (93) 


—  82  — 


voisiner  avec  le  chou,  la  passiflore  et  l’oranger  avec  nos  arbres 
a  fruits.  Ces  derniers,  toutefois,  sont  plutot  rates  et  ne  donnent 
que  des  fruits  mbdiocres;  le  tiede  et  humide  climat  des  lies  sem- 
ble  peu  leur  convenir  et  les  fait  dbgenerer.  Ce  qui  donne  a  a 
region  des  cultures  un  aspect  tout  a  fait  special,  c  est  1  abon  a 
des  grands  roseaux  (Arundo  do  mix),  qui  diessent  paitout  eu 
haute  quenouille  chargde  d  eldgantes  feuilles;  on  les  ais  < 
pousser  en  haies  et,  avec  le  mai’s,  i Is  seivent  a  la  nouinture 
rnulets  et  des  chevaux,  qui  en  sont  tres  fiiands. 

Nous  sommes  arrives  au  grand  village  de  Lomba  da  1UZ> 
au  pied  du  cratere,  et  il  faut  quitter  les  voitures  poui  faire  a 
cension  a  dos  de  mulets.  Quelle  agrdable  promenade  et  com  ien 
pittoresque!  Nous  suivons  la  crete  d  un  des  inonibi ables  ravin 
qui  sillonnent  les  flancs  du  cratere,  et  c  est  un  delicieux  loui  i 
d’arbres  de  toutes  sortes  :  des  Mimosas,  des  Eucal)ptus, 


Pittospora  se  melent  aux  Pins  et  aux  Chenes,  a\ec  des  gazon- 
de  Sdlaginelles  qui  remplacent  nos  Mousses,  et,  sui  les  Hanc 
humides  des  rochers,  une  charmante  Hepatique,  la  Rhacotheca 
a\orica  Bioch.  Cette  derniers  plante  appartient  a  la  tioie  pi  inn 
tivede  Pile,  avec  un  Laurier  tres  repandu  sur  les  hauteurs,  le 
Persea  a^orica,  une  Bruyere  frequemment  arborescente,  1  !'■ 1  ica 
aiorica ,  et  un  petit  nombre  d’autres  especes.  Nous  rencontions 
ces  derniers  vegetaux  sur  les  flancs  du  cratbre,  au-dessus  de  a 
region  des  cultures,  en  compagnie  de  nombreux  aibustes  c|U 
revetent  la  montagne  d’une  sorte  de  maquis.  Sur  la  ciete  flul 
separe  deux  ravins,  aux  points  appelbs  mirador ,  ou  1  mil  em 
brasse  la  mer  et  les  pentes  verdoyantes  de  1  ile,  on  voit  se  deta 
cher  parfois  la  silhouette  d’un  Ruminant  paisible  qui  setnble 
admirer  le  vaste  et  splendide  paysage;  dans  le  maquis,  en  etlet, 
sont  repandus  quelques  troupeaux  qui  deviendront  bien  plus 
nombreux  dans  les  paturages  non  boisds,  aux  sommets  du  massif. 

II  est  dix  heures  du  matin;  les  nuages  qui  enveloppent  tiop 
souvent  les  cimes  acorecnnes  ont  disparu  et  un  radieux  soleil 
eclaire  le  paysage.  Nous  atteignons  1’a.rete  dentelde  et  presque 
vive  qui  forme  les  bords  du  cratere;  et  brusquement,  le  vaste 
cirque  se  decouvre  (Fig.  63),  d'une  beautd  feerique,  d  une  splen- 
deur  sans  egale.  C’est  un  instant  inoubliable.  Un  peu  incline 


Fig.  Ci.  —  Un  chariot  campagnard  de  File  de  Sao  Miguel. 


^ne  habitation  de  campagnards  dans  File  de  Sao  Miguel;  h  gauche, 
ePls  mais  groupes  en  pyramides  pour  la  dessiccation. 


(93) 


-  84- 

vers  l’ouest,  du  cotd  oriental  domine  par  les  hauts  paturages  du 
massif,  le  pourtour  du  bassin  dessine  un  cerclc  unman  de 
16  kilometres;  par  une  pente  raide  et  admirablement  be 
qui  represente  une  ddnivellation  de  200  metres  il  s e  .at  ach 
an  fond  du  bassin  ou  les  habitations  du  village  de  Sete  C  tacks 
brillent  comme  des  taches  claires  parmi  les  cultuies,  o 
lacs  magnifiques  deploient  leur  brillante  nappe  entie 
luxuriantes,  ou  s’devent  enfin  cinq  crateres  de  second  o  d  e, 
creusds  en  coupe  reguliere  a  la  cime  et  radia  ement  n  es 
flancs.  Avec  ces  cones  rides  et  cupuliformes,  1’enceinte  volcan  q 
rappelle,  a  s’y  meprendre,  les  paysages  lunaires;  mats  avec  se 
lacs,  ses  bois,  ses  maisons,  ses  champs  cultives  et  a  mei  q 
s’etend  au  loin,  die  se  presente  a  nosyeux  comme  un  site  c 
originality  et  d’une  splendeur  inconcevables. 

Nous  descendons  maintenant  la  route  smueuse  qui  con 
au  fond  du  cratere,  et  la  vegetation  acoreenne  nous  a PI  aK 
toute  son  exuberance.  Quelle  diversity  dans  les  especes  etqu 
vigueur  dans  la  poussee!  Les  mimosas  et  les  eucalyptus  son 
encore  nombreux,  mais  ils  cedent  la  pre'syance  au  Cryptomen 
japonica ,  dont  le  port  et  la  stature  rappellent  nos  sapins,  a 
une  ecorce  jaune  plus  delicate,  un  feuillage  moins  som  ^ 
une  fleche  encore  plus  elance'e.  Cette  conifere  importde  se  deve- 
loppe  a  merveille  sur  toutes  les  hauteurs  de  1  lie,  a  cote  u  p  ^ 
son  bois  laisse  a  desirer  pour  les  travaux  d  inteiieui,  mai 
resistant  et  convient  tres  bien  aux  constructions  du  dehorn. 

La  vegetation  du  sous-bois  n’est  pas  moins  plantuieuse,  a 
ses  bruyeres,  ses  gazons  de  Selaginelles  et  une  nragnifiqu 
gere  du  pays,  la  Woodivardia  radicans ,  dont  les  grandes  feui  es 
d’un  vert  delicat,  recouvrent  les  rochers  et  s’abaissent  en  tou  es 
jusqu’au  bord  du  chemin.  Mais  ici  encore,  la  predominance  es^ 
dyvolue  sans  conteste  a  une  plante  d’origine  etiangeie,  1  L  J 
chium  Gardnerianum ,  une  musacee  tropicale  remaiqua  e  pa 
ses  feuilles  longues,  simples,  et  par  sa  hampe  fei  tile  qui  P°J 
un  grand  epi  de.fleurs  jaunes  tres  ele'gantes.  Cette  plante 
introduite  aux  Acores  pour  l’ornementation,  et  il  faut  croire  que 
ce  sejour  a  su  lui  plaire,  carelle  est  devenue  etrangement  en\< 
hissante,  etouffant  ses  rivales  et  constituant  a  elle  seule, 


*•10.  63. 


le  lac  verf-^fr™  ?C?  s!tut-;,s,au  f°nd  du  cratere  de  Sete  Cidades  :  en  deca, 
Par  M.  le  Dr  Richard)  &C  ^  eu‘  (Vue  Fr'se  da  bord  meridional  du  cratere 


crateres  secondaires  situeS  a  l’interieur  du  grand  cratere  de  Sete  Cidades 


(93' 


—  86  — 


beaucoup  de  points,  toute  la  vdgdtation  du  sous-bois.  C  etait 
l’e'poque  de  pleine  floraison  pour  la  plante,  ct  nous  respirions 
une  atmosphere  embaume'e  par  cette  foiet  de  gracieux  e'pis  qui 
ressemblent  aux  Orchiddes  par  leurs  corolles  et  a  notre  Chevre- 
feuille  par  leur  odcur.  En  presence  de  cette  invasion  qui  rnarche 
a  pas  rapides,  M.  Chaves  m’en  rappelait  une  autre,  non  moms 
active,  mais  singulierement  plus  funeste  dans  scs  re'sultats  .  il} 
a  quelques  annees,  une  Orobanche  exotiqueil  Orobanihe bicolot ), 
remarquable  par  sa  grande  taille  et  par  son  coloris,  hit  intro 
duitedans  File,  sans  doute  par  inadvertance;  le  vegdtal  parasite 
s’acclimata  fort  bien  et,  trouvant  un  hote  a  sa  convenance  dans 
les  feves,  prit  un  developpement  inconcevable.  La  cultuie  des 
feves  etait  fort  re'pandue  aux  Acores  et  tres  rdmuneratrice ,  au 
jourd’hui,  on  a  du  presque  Fabandonner,  et  il  faudra  bien  du 
temps  et  une  lutte  serieuse  contre  le  parasite  avant  qu  on  puisse 
la  reprendre. 

Au  village  de  Sete  Cidades,  nous  faisons  halte  dans  une 
hotellerie  rustique,  ou  les  provisions  apporte'es  du  bold  sont 
comparees  a  la  cuisine  acore'enne ;  de  cette  derniere  nous  esti 
mons  surtout  les  beignets  a  la  volaille  et  le  beurre  blanc  conuue 
neige  avec  une  saveur  cremeuse;  mais  le  vin  a  un  gout  prononce 
qui  le  rend  peu  agreable  et  le  the  ne  parait  guere  meilleur .  Apies 
ce  dejeuner  rapide,  M.  Chaves  nous  prdsente  a  1  un  de  ses  com 
patriotes,  M.  Cabral,  en  villegiature  avec  sa  fanrille  a  Sete  Ci 
dades.  Et  alors  commence  une  promenade  que  la  franche  ama 
bilite  de  M.  Cabral  rend  singulierement  attrayante.  Il  y  a  deux 
lacs  (Fig.  63)  au  fond  du  cratere,  Fun  bleu  ct  l’autre  vert,  sepal es 
par  une  etfoite  digue;  le  premier  doit  le  nom  qu’on  lui  donne 
a  sa  belle  eau  limpide,  le  second  aux  Algues  vertes  qui  s  j 
developpent  en  grande  abondance ;  tous  deux  servent  de  reci¬ 
pient  aux  precipitations  atmospheriqucs,  tres  copicuses,  que  les 
images  apportent  sur  les  flancs  interieurs  du  cratere.  C  est  pal 
une  sorte  de  filtration  dans  les  roches  volcaniques  sous-jacentes 
que  les  eaux  des  lacs  s’dcoulent  en  sources  aux  niveaux  du  massif 
inferieurement  situe;  mais  il  faut  croire  qu’elles  ont  peu  a  peu 
colmate'  les  fissures  de  la  roche,  car  les  deux  lacs  sortent  de  leui 
niveau,  ils  envahissent  les  terrains  bas  avoisinants,  et  deja 


-87  - 

entourentcertaines  habitations  qu’il  faut  abandonner.  La  menace 
est  permanente ;  on  se  propose  d’y  remedier,  en  creusant  un 
tunnel  d’ecoulement  a  travel's  les  parois  du  cratere;  mais  la 
de'pense  serait  considerable  et  Ton  peut  se  demander  si  jamais 
le  projet  sera  mis  en  execution.  Quoi  qu’il  en  soit,  nous  traver- 
sons  sur  des  planches  les  parties  inonde'es,  nous  cotoyons  des 
mares  toutes  couvertes  de  la  blanche  floraison  des  Nympheas, 
et  nous  void  aux  bords  du  lac  bleu,  oil  nous  attendent  les 
rameurs  et  le  canot  dc  M.  Cabral.  Le  lac  bleu  a  plus  d’etendue 
que  le  lac  vert  et  les  rives  en  sont  variees;  a  l’ouest  un  fouillis 
de  bois,  avec  les  vergers  et  les  champs  cultives  qui  entourent 
le  village;  au  nord,  les  pentes  interieures  du  cratere,  toutes 
ravinees  et  couvertes  de  maquis;  a  Test,  les  hauts  crateres  se- 
condaires  se'pare's  par  de  profondes  et  pittoresques  e'chancrures. 
Le  canot  nous  conduit  a  l’une  de  ces  dernieres,  qui  debouchc  au 
niveau  du  lac  par  un  vaste  terre-plein;  entouree  de  pentes  hautes 
et  raides,  cette  vallde  n’offre  aucun  obstacle  au  ruissellement,  et 
les  eaux  y  roulent  torrentielles  a  l’e'poque  des  grandes  averses. 
Les  vallees  de  cette  sorte  y  recoivent  le  nom  de  grotla  dans  le 
pays,  et  le  terre-plein  qui  se  trouve  a  leur  issue  ressemblc  au 
cone  de  dejection  d’un  torrent.  A  Sete  Cidades,  ce  cone  est 
partout  jonche  de  fragments  volcaniques  enleves  aux  roches 
avoisinantes  :  ponces,  obsidiennes,  basaltes,  scories,  laves  de 
diverses  sortes;  c’est  l’image  de  la  desolation,  au  milieu  d’un 
paysage  d’une  etonnante  fraicheur,  a  cote  meme  des  rives  oil 
les  arbres  poussent  avec  une  vigueur  surprenante  et  forment 
nn  fourrd  inextricable. 

Mais  le  canot  revient  a  terre  et  il  faut  songer  au  retour. 
Apres  avoir  serre  la  main  de  l’aimable  M.  Cabral,  nous  repre- 
nons  le  chemin  de  Ponta  Delgada,  non  sans  jeter  un  dernier 
legard  sur  l’incomparable  cirque  dont  nous  allons  franchir  la 
Clete.  Chemin  faisant,  M.  Chaves  nous  entretient  de  la  faune 
d'°reenne,  relativement  pauvre  et  de'pourvue  d’animaux  veni- 
®eux,  des  lacs  de  Sete  Cidades  dont  on  dedaigne  le  poisson 
pour  la  maree  venue  de  la  cote,  des  curieuses  coutumes  des 
Paysans  acoreens,  et  de  l’emigration  facheuse  qui  entraine  ces 
cLrniers  vers  l’Amerique,  oil  ils  menent  le  plus  souvent  une 
existence  precaire.  (93) 


Pres  du  village  de  Relva,  notre  aimable  guide  nous  conduit 
a  une  echancrure  de  la  cote  ou  se  manifeste,  avec  une  intcnsite 
extraordinaire,  la  puissance  drosive  des  actions  doliennes,  en  ce 
point,  la  haute  falaise  prdsente  une  dchancrure  oil  les  vents  de  la 
mer  s’engouffrent  et  tourbillonnent.  rongeant  peu  a  pen  les 
parois  volcaniques  peu  consistantes.  L’dchancrure  sagrandit 
chaque  jour  et  atteint  maintenant  l’ancienne  route;  elle  a  la 
forme  d’un  cone  renversd  qui  s’ouvre  par  une  large  ouveituie 
du  cote  de  la  mer. 

IV 


A  Sete  Cidades,  l’activite  volcanique  parait  momentandment 
eteinte;  elle  persiste  au  contraire,  avec  une  intcnsite  puissante, 
dans  le  pays  de  Furnas,  qui  occupe  le  fond  d’un  cratere  au  centie 
du  massif  montagneux  situd  a  Test  de  Ponta  Delgada.  Furnas 
est  la  region  la  plus  curieuse  des  Acores,  car  elle  joint  lc  pitto- 
resque  de  Sete  Cidades  au  spectacle  imposant  de  ses  phenomenes 
souterrains;  aussi  brulons-nous  du  ddsir  de  la  visiter.  Et  ce 
desir  sera  satisfait  au  delit  de  toutes  espdrances  :  le  Prince  doit 
se  rendre  a  Furnas,  oil  une  reception  lui  est  menagee  par  le 
marquis  de  Praya;  nous  irons  le  rejoindre  en  suivant  la  route 
de  Ribeira  Grande,  sur  la  cote  septentrionale  de  File.  Moins 
surpris  que  touches  par  cette  gracieuse  prdvenance,  nous  partons 
remplis  de  joie,  toujours  accompagnds  de  M.  Chaves,  dont  la 
delicate  obligeance  est  sans  limites.  Durant  plusieurs  kilometres, 
notre  promenade  manque  un  peu  de  charme,  car  les  rues  de  la 
ville  se  continuent  en  de  longs  villages,  avec  une  double  serie 
de  maisons  et  de  hautes  murailles  noiratres  qui  servent  de  clo¬ 
ture  aux  jardins.  C’est  l'inconve'nient  des  villes  acoreennes,  mais 
ensuite  quelle  revanche!  Nous  traversons  la  chaine  des  petits 
cones  volcaniques  situe's  entre  les  deux  massifs  montagneux,  et 
bientot,  a  travel's  les  bois  de  mimosas,  de  pins  et  d’eucalyptus, 
apparait  la  cote  septentrionale  de  File  et  l’ocean  bleu  qui  la 
baigne.  Sur  cette  cote,  nous  atteignons  bientot  Ribeira  Grande, 
petite  ville  aux  maisons  claires  et  basses,  oil  Fon  voit  une  eglise 
de  style  rocaille,  qui  ne  ressemble  en  rien  aux  edifices  religieux 


-89  - 

du  pays.  Un  enfant  nous  poursuit,  faisant  appel  a  notre  bourse; 
et  le  fait  ne  laisse  pas  de  nous  frapper,  caron  l’observe  rarement 
aux  Acores,  ou  la  rarete'  des  touristes  s’oppose  au  developpement 
de  la  mendicite,  qui  regne  en  maitresse  a  Funchal.  C’est  egale- 
ment  a  Ribeira  Grande  que  nous  voyons  le  premier  cours  d’eau 
de  Sao  Miguel ;  il  descend  du  haut  massif  qui  domine  la  ville  et 
ne  brille  guere  par  la  richesse  de  son  debit;  mais  il  sera  suivi 
par  plusieurs  autres  mieux  alimentes,  qui  traversent  un  ravis- 
sant  decor  de  verdure,  sur  les  flancs  incline's  du  massif. 

Mamtenant  l’ascension  commence,  lente  d’abord,  plus  rapide 
ensuitele  long  d’une  route  sinueuse  qui  nous  offre  de  splendides 
6C  aPPees  sur  In  cote,  et  des  vues  grandioses  parmi  les  profonds 
auns  de  la  montagne.  Des  forets  de  pins  s’etendent  jusqu’aux 
mes,  dominant  la  zone  des  cultures  qui,  dans  cette  region  de 
! e’  envahit  la  rdgion  forestiere  sous  forme  de  defrichements 
sont  etablies  des  plantations  de  the.  Bientot  la  route  nous 
pparait  bordde  par  deshaies  d’hortensias,  et  toutes  rayonnantes 
euis  admirables  bouquets  bleus.  Ainsi,  nous  allons  de  sur- 

P  ses  en  sui prises,  et  cette  promenade  n’est  qu’un  Ions  enchan- 
tement! 

te  ^°us  laissons  a  droite  les  montagnes  boisees,  et  void  main- 

desbV^  ^*,aUte  ^anc^e’  d’abord  ddcoupee  en  grandes  sections  par 
soi  31eS  ^  l^ortensias,  puis  indivise  ets’etendant  de  sommets  en 
C’e  mets’  semee  d  arbustes  rabougris  et  de  touffes  de  bruy&res. 
Fur  a  le§'on  des  paturages,  situee  au  pourtour  du  cratbre  de 
S£s  ’  e^e  donne  1  impression  d’une  immense  solitude,  avec 
des  (,ar^S.ma^sons  de  bergers,  et  ses  prairies  marecageuses  oil 
1’hunFd ai?nes’  )ouant  le  role  d’eponges,  absorbent  et  conservent 
supe  -'  ltL  <^CS  nuagcs.  Il  fait  nuit  quand  nous  atteignons  le  bord 
1’ombr  Ul  Clat^re’  cdtoyant  des  abimes  mal  dissimulds  dans 
d  ,re  noaurne,  un  chemin  rapide  nous  conduit  a  Furnas, 

^  es  umieres  brillent  au  fond  du  cirque. 

du  vill^^35  S°'r  term^nd’  nous  faisonsune  promenade autour 
^  &e5  sur  le  bord  de  la  route  qui  conduit  a  l’etablissement 


de  bains 


nous  rencontrons  des  sources  nombreuses,  les  unes 


Snides  lee 

sulvant  autres  chaudes,  toutes  fortement  mineralisees  et, 
eui  nature,  riches  en  fer  ou  en  soufre.  Elies  se 

(93) 


—  9o  — 

ddversent  librement  dans  le  ruisscau ;  mais  a  quoi  bon  capter 
ces  faibles  emissaires  quand  tout  pres,  derriere  une  colline 
adossde  aux  bains,  les  caldeiras  bouillonnent  et  lejettent  pai 
torrents  des  eaux  dgalement  actives?  Nous  traversons  le  tunnel 
creusd  a  travel's  la  colline,  et  ddjii  la  temperature  s  dle\ e,  les 
emanations  sulfureuses  se  font  scntir.  Encore  quelques  pas,  et 
nous  sommes  en  plein  air,  devant  les  caldeiras  furieuses  qui 
font  entendre  un  bruit  continu  et  assourdissant.  Sous  la  lune 
frequemment  voilee  par  des  nuages,  au  milieu  de  roches  blan 
chatres  et  denudees  qui  rayonncnt  de  la  chaleur,  parmi  les  ema¬ 
nations  de  vapeurs  qui  prennent  a  la  gorge,  notre  caravane 
s’avance  avec  precaution,  rendue  silencieuse  fpar  le  ten ifiant 
mystere  de  ces  Iieux.  Le  spectacle  est  vraiment  infernal,  cat  si 
le  feu  sou  terrain  ne  se  manifesto  pas  sous  la  forme  de  laves  cou- 
lantes,  on  le  sent  tout  proche,  et  on  en  mesure  la  puissance . 
c’est  lui  qui  surchauffe  l’eau  tumultueuse  dcs  caldeiras,  c  est  lui 
qui  la  projette  a  gros  bouillons  sous  un  nuage  de  vapeur,  et  c  est 
au  coeur  de  son  activity,  dans  les  profondeurs  oil  il  regne,  que 
se  sont  produites,  comme  en  un  creuset,  ces  vapeurs  minerali- 
sees  qui  attaquent  les  roches  superficielles,  les  calcinent,  les  pul- 
verisent  et  les  rendent  si  chaudes  qu’il  est  parfois  doulouieux 
d’y  appliquer  la  main. 

Nous  sommes  revenus  le  lendemain  aux  caldeiras;  en  plein 
soleil  et  vues  pour  la  seconde  fois,  on  les  trouve  peut-etre  moms 
impressionnantes,  mais  on  a  l’avantage  de  pouvoir  les  exanunei 
de  plus  pres. 

Elies  sont  particulierement  nombreuses  derriere  la  colline 
adossee  aux  bains,  sur  un  petit  plateau  inegal  dont  la  longueui 
n’atteint  pas  deux  kilometres.  Dans  cette  region  la  presence  des 
eaux  chaudes  souterraines  se  manifeste  a  peu  pres  partout, 
jusque  sur  la  route  oil  l’on  voitcrever  des  bulles  chaudes,  jusque 
dans  le  lit  du  torrent  oil  des  vapeurs  se  degagent  entre  les 
pierres.  Et  ca  et  la,  au  nombre  d’une  dizaine  environ,  les  cal¬ 
deiras  (Fig.  65),  chaudieres  tumultueuses,  elevent  dans  l’atmos- 
phere  leur  colonne  de  vapeur.  La  premiere  apparait  des  la 
sortie  du  tunnel;  on  a  du  l’entourer  d’une  muraille  circulaire, 
car  elle  projette  a  plusieurs  metres  de  hauteur  son  eau  bouillante. 


—  9i  — 

C’est  une  sorte  dc  geyser  a  eruption  continue,  qui  depose  stir 
son  pourtour,  en  forme  de  croute,  une  sorte  de  silice  hydratee, 
la  michelite ,  tres  analogue  a  la  gcyserite  des  geysers  islandais. 
Pour  recueillir  quelques  dchantillons  de  ce  mineral,  nous  nous 
revetons,  M.  Chaves  et  moi,  d’un  drap  soigneusement  doubld, 
qui  nous  protege  contre  la  pluie  des  gouttelettes  brulantes.  A 
quelques  dix  metres  de  la,  surgit  une  seconde  caldeira,  la  plus 
amP  e  de  toutes,  qui  envoie  de  gros  bouillons  jusqu’a  la  surface 


Pt0j 


so] 


a  * '  -es  s  caldeiras  de  Furnas  au  sommet  d’un  ravin  dont  les  flancs 
Par  les  emanations  volcaniques.  —  Dans  le  fond  du  ravin, 
ley/*  recoit  les  eaux  chaudes  des  caldeiras ;  au  dernier  plan,  les 
du  cratere  de  Furnas.  (Photographic  de  M.  le  Dr  Richard.) 


,et’.  P°dr  al.  .  ,  . 

d  R’es  U|unenter  ensuite  la  riviere  voisme;  ses  eaux  sont 


1  ^es  mouvements  convulsifs,  et  sur  le  seuil  qui  la 
sPbir 


,>ine 
•aiss  0r>  .. 

Pp  trit  Pas  UC'^t  ^es  crepitations  brusques  et  violentes  qui  ne 
Vgpj'kfiipj  ^  'Rquidter  un  peu.  Plus  loin,  apparait  beant,  sous 
s0llpC  roches,  l’orifice  d’un  troisieme  abime,  oil  les 
c0jo^eyent,  a  grand  effort  et  avec  un  bruit  infernal,  une 
Pe  de  boue  grisatre;  la  masse  n’atteint  pas  tout  a 


(93) 


—  93  - 

fait  les  bords,  et  retombe  lourdement  dans  le  gouffre,  envoyant 
des  eclaboussures  qui  jaillissent  de  toutcs  parts.  On  utilise  cette 
boue  pour  preparer  des  bains,  et  les  enfants  viennent  1  enlever 
sur  les  parois  de  la  roche,  au  risque  de  glisser  dans  la  crevasse 
brulante  qui  les  engloutirait  pour  toujours. 

Les  autres  caldeiras  tiennent  plus  ou  moins  des  deux  pre¬ 
mieres,  les  unes  jetant  leurs  bouillons  a  une  certaine  hauteui, 
les  autres  epanchant  leurs  eaux  tumultueuses  des  la  surface. 
Elies  occupent  le  fond  d’un  petit  val  ou  l’activitd  volcamque 
semble  atteindre  son  maximum,  des  bulles  gazeuses  sortant  de 
presque  tous  les  points  du  sol,  et  des  sources  nombieuses  du 
flanc  des  rochers.  On  voit  jaillir  l’eau  froide  a  quelques  pas  de 
l'eau  bouillante  et  des  jets  sulfureux  a  cote  d’un  dpanchement 
ferrique;  un  habitant  du  pays  a  trouve  l’endroit  piopice  pour 
y  construire  un  pietit  etablissement  de  bains,  et  cela  donne  une 
idee  de  l’indifference  avec  laquelle  on  considere  ici  le  dangei 
d’un  tel  voisinage.  Mais  les  caldeiras  sont-elles  rdellement  me 
nacantes,  et  ne  doit-on  pas  les  considbrer  plutot  comme  des 
exutoires  naturels  qui  protegent  les  Acores  contre  les  eruptions 
violentes? 

D’autres  caldeiras  sont  repandues  ailleurs,  en  diveis  points 
de  l’immense  cratere;  elles  forment  un  groupe  compact  sui  les 
bords  du  splendide  lac  de  Furnas,  et  Ton  en  voit  meme  sui  les 
berges  de  la  riviere  d’eau  chaude  qu’elles  alimentent  de  leuis 
eaux.  Partout  elles  s’annoncent  par  leurs  bouillonnements,  et 
leurs  hautes  colonnes  de  vapeur;  partout  aussi  elles  sont  en\i- 
ronnees  de  terrains  ou  se  depose  du  soufre  et  qui  emettent  des 
bulles  gazeuzes.  On  voit  meme  crever  ces  dernieres  fort  loin  des 
sources,  et  jusqu’au  milieu  d'une  piece  d’eau,  dans  1  un  des 
pares  admirables  qui  sont  un  des  ornements  du  pays. 

Ces  pares  sont  nombreux  et  fort  bien  entretenus,  car  la 
petite  localite  de  Furnas  est  une  station  balneaire  tres  frequentee, 
ou  les  riches  Acoreens  ont  fait  construire  des  chateaux  et  des 
villas.  Au  surplus,  on  ne  saurait  choisir  un  sejour  plus  enchan- 
teur  et  plus  grandiose  :  avec  son  cratere  dehanerd,  aux  goiges 
profondes  et  irre'gulieres,  avec  ses  riches  forets  ou  abondent  les 
pins,  avec  son  beau  lac  et  avec  ses  eaux  abondantes  qui 


Fig.  66. 


Le  pare  du  marquis  de  Praya,  a  Furnas,  dans  Pile  de  Sao  Miguel. 
(Photographie  Cervejaria  Pereira). 


F'c.  67.  . 


F  ilot  crateriforme  de  Villafranca.  —  L’entree  du  lac  circulaire  regarde  la  cite 
de  Villafranca.  (Photographie  Travassoz). 


(93) 


—  94  — 

ddveloppent  une  plantureuse  vegetation,  Furnas  est  d’une  splen- 
deur  a  nulle  autre  pareille.  Sur  les  bords  du  lac,  pres  d  une 
petite  chapelle,  la  famille  Do  Canto  s'est  mdnagd  un  vaste  pare, 
oil  les  essences  les  plus  diverses  poussent  en  pleine  liberte  et 
donnent  en  certains  points  1’illusion  des  forets  tropicales;  il  y  a 
la.  deux  vallees  qui  sont  d'une  fraicheur  et  d’une  majeste  inou- 
bliables  :  l’une  exclusivement  revetue  de  la  belle  Fougere  aco- 
reenne  (Woodjvardia  radicans),  I’autre  de  Fougeres  arbores- 
centes,  de  Strelitzia  et  de  Bambous  groupds  en  fortes  toutfes. 

Au  village  meme,  le  pa rc  (Fig.  66)  du  marquis  de  Praya  est 
une  vraie  vermeille  dont  on  ne  se  lasse  pas  d’admirer  la  belle 
ordonnance,  la  riche  floraison  et  l’extraordinaire  varie'te. 

C’est  dans  ce  milieu  enchanteur  que  nous  pumes  appre'cier 
comme  il  convient  l’hospitalite  et  les  nioeurs  patriarcales  acord- 
ennes.  La  population  du  village  s’associa  au  marquis  pour  ac- 
cueillir  le  Prince  de  Monaco,  et  les  fanfares,  les  feux  d’artifice 
retentirent  joyeusement  dans  le  pare,  oil  jeunes  et  vieux  s’etaient 
donne  rendez-vous.  Convies  a  cette  fete,  nous  primes  part  a 
1  allegresse  generale,  heureux  de  vivre  quelques  heures  dans  ce 
milieu  si  cordial,  et  touches  au  fond  du  coeur  par  la  noble  sim- 
plicite  de  notre  hote. 

Le  soir,  des  voitures  nous  ramenerent  a  Villafranca,  oil  etait 
venue  mouiller  la  Princesse- Alice;  et  le  lendemain,  nous  pumes 
explorer  longuement  le  tres  curieux  ilot  (Fig.  67)  situe  au  large, 
a  quelques  kilometres  de  la  ville.  C’est  le  cratere  emerge  d’un 
cone  volcanique  sous-marin,  une  sorte  de  vaste  coupe  rocheuse 
lecouverte  de  vegetation  sur  sa  pente  intdrieure,  et,  en  dehors, 
rongee  en  tous  sens  par  les  intemperies;  sa  hauteur  n’atteint 
pas  100  metres  aux  points  les  plus  dlevds,  et  son  pourtour  pre- 
sente  deux  profondes  echancrures  entaillees  presque  jusqu’au 
niveau  des  dots;  le  centre  est  occupd  par  un  bassin  absolument 
circulaire  ou  les  eaux  penetrent  en  suivant  un  e'troit  chenal 
cieuse  a  main  d’homme  dans  la  plus  basse  des  echancrures,  du 
cote  de  la  ville.  11  est  pittoresque  dans  sa  solitude,  le  minuscule 
cratere,  avec  ses  pentes  garnies  de  vignes  et  de  roseaux,  ses 
flancs  creuses  de  fissures  qui  le  traversent  de  part  en  part,  son 
joli  poi  t  natui  el,  les  vols  de  pigeons  et  d’etourneaux  qui  viennent 


—  95  — 

chercher  asile  dans  ses  crevasses,  et  comme  fond,  au  dela  du 
detroit,  les  maisons  blanches  de  la  ville,  ses  nombreuses  serres 
a  ananas,  et  les  hautes  montagnes  boisdes  du  massif  de  l’ouest, 
separees  les  unes  des  autres  par  des  vallbes  rapides  et  profondes! 

Un  peu  avant  le  coucher  du  soleil,  une  chasse  aux  pigeons 
fut  decidde,  ou,  en  qualite  de  simple  spectateur  je  tins  compa- 
gnie  a  Son  Altesse.  La  mer  dtait  un  peu  agitee,  de  sorte  qu’un 
violent  remous  secouait  notre  barque,  dans  l’etroit  espace  oil  il 
convenait  de  se  tenir  a  l’affut,  c’est-a-dire,  entre  une  colonne 
separe'e  de  l’ilot  et  les  hautes  falaises  fissurees  du  cratere. 
Groupe's  par  centaines  sur  les  corniches,  des  etourneaux  sem- 
blaient  nous  conside'rer  narquoisement,  tandis  que  des  mains, 
des  rames  et  de  la  voix  nous  faisions  grand  bruit  pour  chasser 
les  pigeons  de  leurs  refuges.  Beaucoup  sortirent  et  s’envolerent 
au-dessus  de  nos  tetes,  mais  ils  se  tcnaient  a  une  grande  hauteur 
et  la  barque  etait  furieusement  secoude  par  le  remous  des  Hots. 

Pourtant,  le  Prince  fit  quelques  victimes,  et  ce  fut  une  occa- 
S1°n  d’admirer  son  sang-froid  et  la  justesse  de  son  coup  d’oeil, 
car  il  est  difficile  de  chasser  dans  des  conditions  pilus  delavora- 
bles.  Nous  fimes  ainsi  le  tour  de  Pilot,  a  une  faible  distance  de 
ses  parois  rocheuses  que  nous  pumes  examiner  a  loisir;  leurs 
crevasses  innombrables,  leurs  fissures,  leurs  corniches  saillantes 
et  decoupe'es  en  dentelles  retombantes,  les  font  ressembler  a  de 
g'gantesques  ruines ;  mais  ccs  ruines  sont  resistantes  et  brave- 
lQnt,  bien  des  siecles  encore,  les  injures  du  temps;  car  elles  sont 
piotegees  a  leur  base  par  un  revetement  continu  et  epais  d’Al- 
gues  calcaires  sur  lequel  n’ont  aucune  prise  les  vagues  les  plus 
violentes. 

La  faune  de  Pilot  m’a  paru  tres  pauvre  :  elle  comprend  d’in- 
n°fflbrables  Criquets,  quelques  Locustides,  un  petit  nombre 
d  autres  Insectes,  avec  deux  ou  trois  espieces  d’Araigndes,  des 
Gloportes  et  des  Crabes  coureurs  (Leptograpsus  marmoratus) 
ClUl  gGm pent  allegrement  contre  les  falaises  verticales.  Quant 
dUx  Parois  memes  de  Pilot,  elles  sont  constitue'es  par  des  laves 
Jsscz  coinpactes  oil  sont  inclus  des  morceaux  de  basalte,  de  tra- 
^J  te  etd’autres  roches  volcaniques  arrachbes  aux  profondeurs  a 
eP°que  ou  se  produisit  Pe'ruption.  On  ne  trouve  p>as  de  ponces 

(93) 


—  g6  — 

dans  cet  Hot,  mais  ces  roches  poreuses  doivent  abandonner  le 
massif  de  Furnas  :  pendant  la  nuit,  une  violente  averse  tom  a 
sur  la  montagne,  et  le  lendemain  des  fragments  de  ponces, 
amends  par  les  eaux  torrentielles,  flottaient  en  grand  nom  rea 
la  surface  de  la  mer,  reunis  en  bande  suivant  la  direction  e 
la  mer. 


V 

L’archipel  acoreen  (Fig.  68)  s’etend  du  S.-E.  au  N.-O.  sui 
une  longueur  de  5oo  kilometres  environ,  et  il  compiend  tioic 
groupes  d’iles  separees  les  unes  des  autres  pai  d  assez  giande 
distances  :  au  groupe  le  plus  rapproche  de  1  Europe  appaitien 
nent  Santa  Maria  et  Sao  Miguel,  avec  le  rocher  des  Fournns 
(Formigas)  et  l’ecueil  voisin  des  Dollabarctes;  le  groupe  centia 
comprend  cinq  lies  assez  rapprochees  :  Terceira,  Graciosa,  1 1C0 
et  Fayal ;  le  groupe  occidental,  enfin,  se  compose  de  Floieset 
de  la  petite  lie  de  Corvo.  II  n’etait  pas  dans  le  programme  du 
Prince  de  visiter  toutes  ces  lies,  mais  nous  purnes  neanmotns 
jeter  un  coup  d’oeil  sur  plusieurs  et  parcourir  l’archipel  tout 
entier. 

En  quittant  Sao  Miguel,  la  Princesse- Alice  s’arreta  deux 
jours  a  l’ouest  de  File,  en  vue  du  cratere  de  Sete  Cidades  qui 
ressemble  a  une  vaste  coupe  inclinee  vers  l’ocdan.  Puis  elle  iila 
vers  le  nord  pour  observer  1’eclipse  et,  apres  une  assez  longue 
traversee,  atteignit  le  groupie  de  l’ouest.  Dans  la  matinee  du 
ier  septembre,  Flores  et  Corvo  se  dessinerent  a  l’horizon  et  nous 
traversames  la  passe  relativement  large  qui  sdpare  les  deux  iles. 
Corvo  est  un  simple  cone  volcanique,  dont  le  sommet  se  termine 
par  un  cratere,  a  400  metres  environ  au-dessus  de  l'ocean.  Cet 
Hot  n’atteint  pas  8  kilometres  dans  sa  pslus  grande  longueur;  du 
cote'  de  l’ouest,  il  prdsente  des  flancs  abrupts  a  pieu  pres  inac- 
cessibles;  a  Test,  des  falaises  pilus  ou  moins  hautes  lui  servent 
de  limite,  saut  du  cote  du  de'troit,  oil  les  pentes  s’abaissent 
juscpu’au  niveau  de  la  mer  et  donnent  asile  aux  rares  habitations 
du  piays,  qui  ne  comptent  p^s  plus  de  800  antes.  Ce  village  recoit 
tous  les  trois  mois  la  visite  d’un  paquebot,  mais  on  n’y  debarque 


'•  :C  *.  - 


I 


(93) 


ans  archipel  des  Acores  durant  la  campagne  de  igo5. 


-  9«  “ 


pas  facilement,  et  nous  dumes  passer  outre,  bien  que  la  merfut 
rclativement  tranquille.  II  fallut  nous  contenter  de  la  vue  de 
1  'i lot,  qui  nous  parut  couvert  de  prairies  jusqu’au  sommet,  sans 
vdgehation  arborescente.  Nous  sunies,  d  ailleurs,  que  1  Hot  se 
prete  fort  bien  a  I’dlevagc  du  bdtail,  et  que  les  boeufs  y  sont 
d’une  race  fort  ntenue,  a  peu  pres  de  la  tail le  d  une  mediocie 


genisse.  Durant  notre  sdjour  a  Ponta  Delgada,  M.  Chaves  nous 
avait  fait  visiter  l’etable  d’un  dleveur  qui  a  rduni  quelques  t\pes 
tout  a  fait  curieux  de  cette  race  pygmdenne. 

Flores  est  autrement  dtendue  et  bien  plus  riante.  Nous  ne 
vimes  que  d’assez  loin  sa  cote  orientale,  qui  est  richement  cou 
verte  de  bois  et  de  cultures,  et  oil  des  ruisseaux  viennent  se 


ddverser  dans  la  mer.  Ces  dmissaires  torrentiels  recoivent  pal 


filtration  les  eaux  des  lacs  encaisses  qui  se  trouvent  au  sommet 
des  montagnes;  mais  ils  sont  dgalement  alimentes,  dapies 
M.  Chaves,  par  des  sortes  de  marais  dlevds,  oil  les  Sphaignes 
poussent  en  abondance  et  retiennent,  dans  une  certaine  mesuie, 
l’humidite  atmospherique.  J’ai  dit  qu’on  observe  quelque  chose 
d’analogue  sur  les  hauteurs  de  Furnas. 

De  Flores,  nous  purnes  admirer  surtout  la  cote  occidentale 
et  le  versant  du  sud,  au  cours  d’une  lente  et  de'licieuse  piome- 
nade  en  bateau  dont  le  Prince  nous  mdnagea  la  surprise.  Apies 
etre  restes  deux  jours  en  vue  d’une  crique  admirable,  qui  au 
nord-ouest  vient  s’ouvrir  largement  sur  la  mer,  nous  suivinres 
la  cote  a  faible  distance,  ne  perdant  aucun  detail  de  ce  pars 
ravissant,  oil  tout  semble  fait  pour  charmer  le  regard.  Du  cote 
de  l’ouest,  la  falaise  est  peu  elevee,  mais  sauvage,  d  ailleut s 
agremente'e  de  riches  couleurs,  de  crevasses  et  de  petites  anses 
presque  inabordables ;  au-dessus,  des  valldes  aux  plis  gracieux 
abritent  quelques  villages  noyes  dans  de  plantureuses  cultures, 
et  tout  en  haut  se  detachent  les  hauts  paturages  de  File,  separes 
les  uns  des  autres  par  de  larges  haies  d’hortensias  qui  dessinent 
des  lignes  sinueuses  ou  brise'es.  Nous  tournons  au  sud,  et  alors 
la  falaise  a  pic  s’e'leve  brusquement  a  une  hauteur  de  400  metres, 
montrant  a  sa  crete  l’extremitd  de  haies  d’hortensias.  Dans  tout 
autre  pays,  une  semblable  region  serait  aride  et  tout  a  fait  sau¬ 
vage;  mais  nous  sommes  dans  Pile  acoreenne  la  plus  feconde, 


—  99  — 


et  sur  les  flancs  abrupts  de  la  roche  volcanique,  on  voit  s’elever 
une  puissante  vegetation,  en  tous  les  espaces  oil  la  pente  moins 
raide  peut  supporter  un  peu  de  terre  vegetale;  les  grands  roseaux 
surgissent  comme  de  vertes  quenouilles,  les  lauriers  acordens 
poussent  enbuissons,  et  sur  les  terrains  oil  l'homme  peut  abor- 
deronvoit  des  champs  d’ignames  et  de  mats. 

Nous  voici  au  sud-ouest  de  Flores,  en  un  point  oil  une  large 
vallee  descend  des  hauts  sommets  jusqu'au  bord  de  l'ocean;  la 
on  trouve  le  petit  port  de  Lagens,  et  un  peu  plus  loin,  sur  les 
revers  de  la  vallee,  quelques  grands  villages.  Mais  le  jour  baisse 
et  nous  finissons  a  regret  notre  promenade,  laissant  a  droite  la 
ville  de  Santa-Cruz,  dont  les  feux  rouges  se  perdent  bientot  a 
l’horizon. 

Deux  jours  plus  tard,  nous  dtions  dans  le  groupe  central  des 
Acores,  en  mer  absolument  calme,  au  milieu  du  chenal  qui 
se'pare  Sao  Jorge  de  Fayal  et  Pico,  les  deux  iles  jumelles.  Et  sur 
le  ciel  splendide  se  detachait,  a  demi  embrumee  d’abord,  puis 
peu  a  peu  de  plus  en  plus  nette,  la  montagne  de  Pico  (Fig.  69), 
cone  volcanique  aux  lignes  gracieuses  qui  s’eleve  d’un  jet  a 
23oo metres  au-dessus  de  la  mer.  Tout  un  jour,  le  yacht  dvolua 
au  voisinage  du  pic  charmant  et  majestueux,  dontle  cone,  idea- 
lernent  regulier,  se  termine  par  un  etroit  cratere  et  par  une 
a'guille.  Dans  sa  moitie  superieure,  la  montagne  est'  aride,  et 
montre  a  nu  ses  roches  volcaniques  aux  teintes  chaudes  et 
'  ariees ;  a  la  base,  elle  se  perd  dans  la  vegetation  acoreenne, 
particulierement  dans  les  vignes,  qui  sont  tres  nombreuses  a 
Pico,  et  cultivees  entre  des  rnurs  de  lave  tres  rapproches  les  uns 
des  autres.  Les  vignes  de  Pico  donnent  un  vin  mediocre  et, 
comme  a  Madere,  sont  toutes  greffees  sur  americain ;  a  Graciosa, 
°u  les  vignes  sont  egalement  nombreuses,  on  obtient  un  vin 
riche  et  de  qualite,  surtout  quand  il  provient  des  plants  locaux 
qui  ont  echappe  a  l'invasion  phylloxerique. 

hious  ne  vimes  que  de  loin  la  longue  lie  de  Sao  Jorge,  dont 
la  ciete  est  decoupee  en  scie  par  de  nombreux  cones  volcaniques, 
mais  Fayal  dtait  a  quelques  encablures,  deployant  sous  nos  yeux 
ses  vallons  richement  cultive's,  qui  descendent  d’un  cratere 
central  absolument  circulaire,  la  Caldeira. 


(93) 


Lc  chef-1  icu  de  Fayal  est  la  petite  ville  de  Horta,  qui  s’eleve 
en  amphitheatre  sur  le  bord  de  la  mer,  au  fond  dune  baie 
fermde  de  toutcs  parts,  sauf  d u  cote  de  Pico,  Horta  est  un  port 
sur,  mais  peu  spacieux,  oil  rclachent  lcs  baleiniers  americains. 
C’est  dgalement  a  Horta  qu’emergcnt  plusieurs  cables  sous- 
marins  dtablis  cntre  l’Europe  et  1’Amerique.  Nous  passames 
quelques  heures  dans  la  ville,  qui  contraste  singulierement,  par 
sa  monotonie,  avec  la  splendeur  de  la  campagne  environnante. 

Par  contre,  nous  cumes  plaisir  a  visiter  1'anse  mal  odorante 
oil  les  baleiniers  dissequent  les  cachalots  ct  en  tirent  de  1  huile, 
—  un  mole  qui  avoisine  le  port  et  oil  les  laves,  semblables  a  des 
scories,  sont  bigarrees  de  toutes  lcs  couleurs,  —  enfin,  sur  le 
ddtroit,  un  bassin  naturel  presque  identique  a  1  i lot  de  Villa- 
franca,  mais  reduit  a  l’dtat  de  presqu’ile.  De  la  plage  de  Horta, 
on  a  une  vue  admirable  (Fig.  Gq)  sur  la  montagne  de  Pico,  en- 
cadre'e  entre  les  deux  moles  qui  limitent  l’entrce  du  port;  et, 
bien  que  la  Caldeira  de  Fayal  s’eleve  ii  1000  metres  au-dessus 
de  la  mer,  elle  parait  ties  humble  vis-a-vis  de  sa  majestueuse 
rivale,  qui  seule,  dans  l’archipel,  a  le  privilege  de  se  couvrii 
d’un  manteau  neigeux  durant  l’hiver. 

Cette  croisiere  terminee,  le  yacht  revint  a  Ponta  Delgada 
pour  y  prendre  du  charbon  et  se  pre'parer  au  retour.  Avant  de 
toucher  au  port,  le  Prince  fit  quelques  sondages  au  pied  du  cra- 
t£re  de  Sete  Cidades  afin  de  retrouver  le  fond  oil  surgit,  en  1811, 

1  ilot  volcanique  de  Sabrina.  Mais  les  recherches  furent  vaines; 
de  cette  masse  rocheuse  qui,  durant  trois  niois,  eleva  sa  Crete 
haute  de  200  metres,  il  ne  reste  aujourd’hui  pilus  rien  et  l’on  ne 
peut  pas  meme  en  trouver  la  base. 

Au  surplus,  les  fonds  voisins  de  Sete  Cidades  sont  singulie¬ 
rement  accidente:s,  et  c’est  la  que  le  Prince  decouvrit,  ii  bord  de 
1  Hirondelle ,  une  longue  et  vaste  crevasse  sous-marine  descen¬ 
dant  a  35oo  metres  au  centre  de  profondeurs  beaucoup  moindres. 
Dans  cette  fosse,  comme  dans  tous  les  bassins  de  meme  nature, 
la  temperature  reste  constante  depuis  le  seuil  jusqu’au  fond, 
tandis  qu  elle  diminue  progressivement  au  sein  des  abysses 
ouvertes.  Cette  regie  s’applique  a  la  Me'diterranee,  qui  a  la 
temperature  du  seuil  de  Gibraltar  (ii°  environ);  elle  se  verifie 


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(93) 


102 


egalement  pour  la  fosse  de  VHirondelle ,  dont  les  eaux  marquent 
5°  dcpuis  les  bords  jusqu’aux  abysses  les  plus  profondes. 


VI 

II  nous  faut  maintenant  quitter  ces  i les  enchanteresses  et 
reprendre  le  chemin  de  l’Europe.  Apres  un  voyage  quelque  peu 
agitd,  car  la  mer  e'tait  mauvaise,  nous  entrons  dans  les  eaux 
calmes  du  golfe  de  Cadix,  et,  bien  que  la  cote  espagnole  soit 
invisible  et  situde  a  plus  de  ioo  kilometres,  el  le  se  revele  au  large 
par  de  fortes  et  aromatiques  senteurs.  Le  19  septembre  au  matin, 
nous  sornmes  en  vue  du  cap  Sp>artel,  dont  le  phare,  entoure  de 
constructions  blanches,  s’eleve  au  flanc  de  la  montagne  maro- 
caine,  sur  le  haut  d’un  rocher  abrupt.  Et  alors  commence  une 
promenade  pui  n’est  pas  sans  analogic  avec  celle  de  Flores.  La 
montagne  cohere  s’eleve  d’abord,  puis  devient  irreguliere  et 
s’abaisse;  sur  ses  contreforts,  au  sommet  d’une  falaise,  nous 
voyons  les  villas  de  Tanger,  puis  les  maisons  de  Tanger  elles- 
memes,  qui  s’etagent  aux  flancs  de  la  montagne  mourante  et 
descendent  jusqu’aux  bords  de  l’anse  sablonneuse  qui  sett  de 
rade  a  la  vil le.  Puis  les  montagnes  re'apparaissent,  plus  hautes, 
plus  nombreuses,  sous  forme  de  pics  ou  de  domes,  qui  se  niul- 
tiplient,  se  pressent  et  se  suivent  comme  d’enormes  vagues 
frappees  d’immobilite;  et  cela  continue  ainsi,  avec  une  variete 
admirable,  jusqu’a  la  ville  de  Ceuta,  oil  les  derniers  escarpe- 
ments  viennent  s’eteindre,  domine's  par  des  tours.  De  1’autre 
cote  du  detroit,  en  face  de  Tanger,  nous  voyons  Tarifa,  situe'e 
au  boi'd  de  la  mer,  puis  les  montagnes  espagnoles,  plus  regu- 
lieres  et  rnoins  vertes  que  celles  du  Maroc,  puis  enfin  la  baie 
d  Algesiras  avec  le  majestueux  rocher  de  Gibraltar. 

1  rois  jours  plus  tard,  le  yacht  longeait  la  cote  orientale  de 
Majorque,  nous  laissant  apercevoir  les  terrains  mamelonnes  de 
1  ile  dont  les  pentes  viennent  doucement  mourir  sur  la  cote,  la 
chaimante  petite  ville  du  Cap  Pero,  pittoresquement  tapie  au 
Hanc  d  une  colline,  puis  le  phare  du  me  me  nom  juche  sur  une 
falaise  abrupte,  et  enfin  des  tours  de  vigie  semblables  a  celles 


—  io3  — 


quis’elevent  sur  la  cote  espagaole.  Nous  passons  entre  Majorque 
et  Minorque,  et  bientot  le  yacht  penetre  dans  le  golfe  du  Lion, 
oil  souffle  un  ldger  mistral.  Le  soil'  arrive  et  avec  lui  le  mauvais 
temps;  aprds  avoir  navigud  deux  mois  sans  aucun  orage,  les 
dclairs  et  le  tonncre  nous  accueillent  au  voisinage  de  Marseille, 
line  serait  pas  prudent  de  pdndtrcr  dans  le  port,  et  nous  passons 
la  nuit  au  mouillage  de  l’Estaque.  Le  lendemain,  par  un  temps 
splendide,  nous  foulions  joyeusement  les  quais  de  la  ville. 

J’ai  parle  de  cette  campagne  en  naturaliste,  avec  le  ddsir  de 
faire  partager  au  lecteur  les  connaissances  qu’elle  m’a  permis 
d’acque'rir  et  les  sentiments  qui  m’y  ont  emu.  Mais  il  s’en  faut 
que  ma  narration  soit  complete,  car  le  Prince  e'tudie  la  mer  sous 
tous  ses  aspects,  depuis  le  fond  jusqu'a  l’atmosphere  qui  la 
domine;  et  c’est  aux  hydrographes  et  aux  meteorologistes  qu’il 
conviendrait  d’achever  cette  histoire  :  les  sondages  et  les  relevds 
du  fond  oceanique  offrirent  le  plus  grand  intdret,  de  merne  que 
les  operations  oil  des  cerfs-volants  et  des  ballons-sondes  accou- 
ples  fixaient,  par  des  graphiques,  les  divers  etats  de  l’atmo- 
sphere ;  mais  il  faut  une  competence  toute  particuliere  pour 
exposer,  comme  il  convient,  les  rdsultats  de  ces  experiences.  Je 
termine  done  ce  rdcit,  espdrant  qu'il  fera  estimer  et  mieux  con- 
naitre  les  richesses  de  l’ocdan,  les  merveilleuses  beautds  natu- 
iclles  des  terres  qui  nous  environnent,  et  sursout  l’admirable 
devouement  du  Prince  de  Monaco  a  la  Science. 


3o  avril 


t l-xtrait  de  la  Revue  generate  des  Sciences  pares  et  appliquees,  3o  mars, 

ivri)  . 


>  juin  et  1 5  octobre  1906). 


(93) 


IN3TITUT  OCEANOGRAPHIQUE 

FONDATION  ALBERT  I",  PRINCE  DE  MONACO) 

Recon llu  d'utilitd  publique  par  D6cret  du  16  Mai  1906 


EHSEIGNEWEKT  SUPERIEUR  DE  L’OCEANOGRAPHIE 


ANNEE  SCOLAIRE  1906-1907 


Provisoiremeul  les  f  ours  auronl  lien  a  la  SQRBOHE,  dans  I'AmpliillieAlre  de  Geologic 

IG.m  rniF.  Gerson,  Entree  :  Place  de  la  Sorbonne) 

les  COUPES  sou  t  publics 

IIS  s’ouvriront  le  Lundi  5  Novembre 


OCEANOGRAPHIE  PHYSIQUE 

Professeur  :  M.  HERGET 

n,„  a  j  „  ^octeur  ^-Sciences 

g4  de  Conferences  a  la  Facultd  des  Sciences 

LeCours  commencera  le  Jeudi  8  Novem- 
a  5  lieures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Jeudi  a  la  meme  heure. 

wlS\°^eSjem  tra'tera  de  VOceanographie 
Bath*  v  ■  ^  la  d,stribution  des  mcrs,  de  la 
,n:„Jme. ' W’  des  ProP>'>elcs  physiques,  chi- 

mecmques  de  la  mer. 


OCEANOGRAPHIE  BIOLOGIQUE 

Professeur  :  M.  L.  JOUBIN 
Docteur  es-Sciences 

Professeur  au  Museum  d'Hisioire  naturelle 

Le  Cours  commencera  le  Lundi  5  Novem¬ 
bre  A  5  heures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Lundi  4  la  meme  heure. 

DES  DEMONSTRATIONS  PRATIQUES  At-RONT  LIEU 
AU  MUSEUM  D’llISTOIRE  NATURELLE 

Le  Professeur  traitera  de  I'Etude  des 
Milieux  marins  et  de  Vinfluence  de  leur 
variation  sur  la  distribution  des  animaux. 


PHYSIOLOGIE  COMPARES  DES  ETRES  AQUATIQUES 

Professeur  :  M.  le  Dr  PORTIER 

^  Oiiecteui-Adjoint  du  Labora.toire  de  Physiologic  de  la  Sorbonne 

s  commencera  le  Vendredi  9  Novembre  a  5  beures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Vendredi  4  la  meme  heure. 

'ofesseut  traitera  des  Phe nomines  de  la  nutrition  clie%  les  animaux  marins. 

Pour  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco, 

Preiidenl  du  Cornell  d 'ad ministration  de  1'Instilu t  Oceanogapliique, 

CASIMIR-PERIER 

Dr  P.  REGNARD,  Vice-Presidents. 


Les 


Samedis 


s°irs,  ii  q  heures,  auront  lieu  a  1’ AMPHITHEATRE  DESCARTES 
(Entree  :  17,  rue  de  la  Sorbonne) 

°ES  C°NFtiXENCES  SUR  DES  SUJETS  D’OCEA  NOGRA  PH  IE 


CONSULTER  L’AFFICHE  SPECIALS 


tar'at  scientific *  CeS  ^on^rences>  des  cartes  d’entrte  seront  exigtes.  Elies  sont  distributes  an  Secrt- 
‘M’liistitut  Oc/  C  ^  *V  Prince  de  Monaco,  io,  avenue  du  Trocadtro,  au  Secretariat  provisoire 


des 


cartes 


1  0c£anographique,  2, 
au  Muse»i«  d'Histoire  na 


rue  Eogelbach,  ou  Ton  peut  s’adresser  par  lettre.  On  trouvera  tgalement 
naturelle,  5y,  rue  Cuvier,  et  a  la  Sorbonne,  17,  rue  de  la  Sorbonne. 


Le  Bulletin  est  en  depot  cliez  Friedlander,  11,  Carlstrasse. 
Berlin. 


Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  separement  aux  prix 
suivants  et  franco  : 


Fr. 


88.  —  Analyse  des  echantillons  d'cau  de  mer  recueillis  pendant  la 
Ca’mpagne  du  yacht  Princessc-Alice  cn  lyoG,  (kun  cspc- 

ranta  traduko)^  par  G.-H.  . . 

8g.  —  Notes  sur  les gisements  de  Mollusques  comestibles  des  Cotes 
de  France/ —  La  region  d'Auray  (Morbihan)  avec  t  carte, 
par.  L.  Joubin,  professeur  au  Museum  d'Histoire  naturelle 

de  Paris  et  a  1'Tnstitut  Oceanogt’aphique . 

go.  —  Description  de  l’extremite  posterieure  du  corps  anormale 
chez  deux  Motella  fusca  Risso,  par  1c  D'  M.  Jaquet, 
Coriservateur  ail  Musee  Oceanographique  (avec  unc  plan- 

che  double) . 

91,  —  Analyse  de  quelques  echantillons  de  Pelagosite  recueillis 
dans  le  port  de  Monaco,  (kun  csperanta  tradnko).  par 

G.-H.  . . 

Qc.  —  Conference  du  i dcccinbre  1906.  La  Presqu'ile  de  Qui- 
beron  (avec  quatre  planches),  par  L.  .loubin.  professeur 
au  Museum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  et  a  rinstitut 

Oceanographique . 

g3.  —  Quelques  impressions  d  un  naturaliste  au  cotirs  d’une  cani- 
pagne  scientifique  dc  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  (  iqo5), 
par  E. -L.  Bouvier,  professeur  au  Museum  d’Histoire 
naturelle,  Membre  de  rinstitut . 


o  5o 


2  5o 


1  » 


o  5o 


1  5o 


1  5o 


MONACO.  —  1MPR.  DE  MONACO. 


N°  94 


20  Fevrier  1907 


BULLETIN 


DE 


mmm  oceanographioie 


(Fondation  ALBERT  Ur,  Prince  de  Monaco) 


-<&- 


SUR  L’EXISTEN  CE  DE  LA  MYE 
DANS  LA  MEDITERRANEE 

Par  Fred  Vies 

Prtfparateur  da  Laboratoire  de  Roscoff. 


MONACO 


X  s 


Les  auteurs  sont  pries  de  se  conformer  aux  indications  suivantes  : 

i“  Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congres 
internationaux. 

2°  Supprimer  autant  que  possible  les  abreviations. 

3°  Donner  en  notes  au  bas  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

4°  Ecrire  en  itaiiques  tout  nom  scientifique  latin. 

5°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  B.)  ou 
a  l’encre  de  Chine. 

6"  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papiers. 
caiques  les  recouvrant. 

7°  Faire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noir  sur 
papier  procede.- 

8°  Remplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  le 
texte  en  donnant  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d'un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 


*  # 


Les  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  Ils  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nombre  quelconque  —  faire  la  demande  sur  le 
manuscrit  —  suivant  le  tarif  suivant  : 


Un  quart  de  feuille 
Une  demi-feuille . . . 
Une  feuille  entiere. 


50  ex. 

1  100  ex. 

|  150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

4f  a 

4  7° 

8  io  | 

50  20 

6  70 

9  80 

6f  80 

8  80 

1 3  80 

8f40 
11  » 
16  20 

10  <40 

1 3  40 
19  40 

i7f8o 
22  80 

35  80 

11  faut  ajouter  a  ces  prix  celui  des  planches  quand  il  y  a  lieu. 


Adresser  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  d  I’adresse  suivante  : 
Musee  oceanographique  (Bulletin),  Monaco. 


Bulletin  de  l/Institut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 

N°  94.  —  20  Fevrier  1907. 


Sur  l’existence  de  la  Mye 
dans  la  Mediterranee. 


Par  Fred  VLES 

Priparateur  du  Laboratoire  de  Roscoff. 


La  Mye,  Lamellibranche  essentiellement  arctique,  est  con- 


sideree  d’ordinaire  comme  ne  depassant  pas  au  sud,  sur  lcs 


cotes  d’Europe,  le  Golfe  de  Gascogne.  Son  absence  en  Medi- 
terranee  a  paru  jusqu’ici  ne  faire  de  doute  pour  aucun  au¬ 
teur;  Risso  (1)  ayant  signald,  dans  la  faune  mediterraneenne, 
une  Ufa  truncal  a  L.,  sa  determination  est  jugee  erronne'e  par 
Locard  (2),  pour  qui  il  ne  peut  pas  exister  de  Myes  mediterra- 
tteennes.  Je  ne  sache  pas  qu’un  auteur,  depuis  Risso,  ait  l  emis 
en  question  la  presence  des  Myes  en  Mediterranee  :  On  ne 
trouve  ce  Lamellibranche  dans  aucune  des  listes  recentes  de 
feunes  de  la  Mediterranee  occidentale  (Pruvot  (3),  Bucquoy, 
Lautzenberg,  Dollfus  (4),  etc.). 

(■)  Risso,  182G.  —  Histoire  naturelle  des  principales  productions  de  l  Eu¬ 
rope  meridionale  el  particulierement  de  celles  des  environs  de  Nice  et  des 
Alpes-Maritimes.  Paris,  vol.  iv. 

b)  Locard,  1886.  —  Prodrome  de  Malacologie  Frangaise,  1  vol.  in-8°. 
thris,  Bailliere,  p.  382. 

(3)  Pruvot,  1897.  —  Fonds  et  faune  de  la  Manche  occidentale  compares 
a  oeuxdu  Golfe  du  Lion.  Arch.  Zool.,  exp.  IIP  serie,  t.  v,  p.  5n. 

(4)  Bucquoy,  Dautzenberg,  Dollfus,  1898.  —  Mollusques  marins  du 
Roussillon.  Paris,  Bailliere. 


Cependant  j’ai  eu  tout  recemment  cntrc  les  mains  dcs  pieces 
qui  permettent  d’aflirmer  1’existcnce  dc  la  Mye  dans  la  Mdditer- 
ranee  :  ce  sont  deux  coquilles  dc  Mya  arenaria  L.,  completes, 
possedant  encore  le  ligament,  ct  provenant  de  la  baic  de  Tamaris 
(Var).  Ces  coquilles  font  partie  de  la  collection  de  la  Station 
Biologique  de  Tamaris,  et  je  rcmercic  M.  le  Prof.  Raphael 
Dubois  d'avoir  bicn  voulu  me  communiquer  ces  ties  interessants 
dchantillons. 

Ces  animaux  ont  etc  pechds  par  une  faiblc  profondeur,  sur 
un  fond  de  vase,  en  face  du  debarcadere  de  Tamaris;  ils  auraient 
etd  amends  frais  au  Laboratoire.  Ils  ne  sont  d’ailleurs  pas 
inconnus  des  pecheurs  dc  la  region,  qui  les  dcclarent  toutefois 
fort  rares.  A  vrai  dire  cette  rarere  doit  etrc  plus  apparente  que 
leelle,  les  rateaux  metalliqucs  dont  les  pecheurs  Tamariciens  se 
set  vent  pour  draguer  penetrant  tres  peu  dans  la  vase,  et  devant 
pat  consequent  passer  bien  au-dessus  de  la  zone  profonde  oil  se 
tiennent  les  Mj^es. 

Je  lappelle  que  la  Mye  a  etd  signalde  partni  la  faune  froide 
du  Sicilien  de  Sicile  par  Monterosato  (i)  (1872,  Mya  truncata); 
MM.  Pruvot  et  Robert  (2)  Pont  rencontree  a  l’etat  subfossile 
au  huge  du  Cap  Creus  (1897,  Mya  truncata).  II  n’y  a  done  rien 
d  etonnant  a  ce  que  ce  Lamellibranche  ait  persists  jusqu’a  nos 
jours  dans  la  Mediterrane'e  occidentale. 

(n  Monterosato,  1872.  — Notijie  intorno  alle  conchielie  fossili  di Monte 
Pellegrino  e  Ficara^i.  Palermo,  in-8°.  ' 

I  -)  Prlhot  et  Robert,  1897.  —  Sur  tin  gisement  sous-marin  de  coquilles 
a nc tenues  an  voisinage  du  Cap  de  Creus.  Arch.  Z00L,  exp.  IIP  serie,  t.  v, 

D.  1IT  7  1 


-  "  -  I.  -  - 


INSTITUT  OCE ANOGR APHIQUE 

< FONDATION  ALBERT  L,  PRINCE  DE  MONACO' 

Reconnu  d’utilitc*  publique  par  DCcret  du  id  Mai  1906 


EnSEIGNEMENT  PoPLLAIRE  DE  L  OCE ANOGRAPHIE 


CONFERENCES  de  1906-1907 


Ces  Conferences  auront  lieu  le  samedi,  ft  9  Retires  du  soir 

A  LA  SOIATiOIVIVE  (Amphitheatre  Descartes) 

(Entree  par  la  ports  de  la  rue  de  la  Sorbonne  n°  i~) 


Ordre  des 

Samedi  17  Novembre  1906 

M.  BERGKT 

Dodear  es-Scientes,  charge  dr  Conferences  ii  la  Sorbonne 

Mouvements  de  l'atmosphere  au-dessus 
desOceans.  —  Vents  alizes.  — Regions 
des  calmes  equutoriaux. 

Samedi  24  Novembre 

M.  Ie  l)r  CHARCOT 

Commandant  de  I'Eipedilion  nnlarcliqne  francaise 
tes  moeurs  desanimaux  de  l’Antarctique. 

Samedi  1  '  Decembre 

M.  le  Dr  JOUBIN 
Professeur  an  Miaenm  d'llistoire  Xnturelle 

La  Presqu’ile  de  Quiberon. 

Samedi  8  Dbcembre 

M,  le  Dr  PORTIER,  Direeleur-Ailjaint  dn 
taboratoire  de  Physiologic  ii  la  Sorbonne 

Pbysiologie  des  animaux  polaires. 

Samedi  15  Decembre 

M.  Gabriel  BERTRAND 
I’Mlenr  ii-Stieneei,  charge  do  Honrs  ii  la  Faculle  des  Sciences 

La  composition  chimique  de  ia  mer 
au  point  de  vue  industriel. 

Samedi  22  Decembre 

M .  F  A  BRE-DO  M  ERG  U  E 

lnspectenr  general  des  Peches  Marilimes 
Les  methodes  actuelles  de  la  Pisciculture. 

Samedi  5  Janvier  1907 

M. BERGET 

^  erjts  superieurs  de  retour.  —  Contre- 
ahzes.  —  Recherches  du  Prince  de 
Monaco.  —  Moussons. 

Samedi  12  Janvier 

M.  le  Dr  MAI  I. LARD 
Professeur  agrege  ii  la  Faculle  de  Medecine 
Les  industries  chimiques  de  la  mer. 

10  L’industrie-  saliniere. 


Conferences 

Samedi  19  Janvier 

M.  JOUBIN 

I  .es  comnqencaux  et  les  parasites  des 
animaux  marins. 

Samedi  26  Janvier 

M.  PORTIER 

Les  ressources  alimentaires  de  la  mer 
(ire  partie). 

Samedi  2  Fevrier 

M.  Gabriel  BERTRAND 

La  composition  du  milieu  marin 
au  point  de  vue  biologique. 

Samedi  9  Fevrier 

M.  BERGET 

Regimes  exceptionnels  des  vents  ocea- 
^  niques.  —  Cyclones  et  tvphons. 

Samedi  16  Fdvrier 

M.  JOUBIN 
L’industrie  ostreicole. 

Samedi  23  Fevrier 

M.  PORTIER 

Les  ressources  alimentaires  de  la  mer 
(2e  partie). 

Samedi  2  Mars 

M.  MAILLARD 

Les  industries  chimiques  de  la  mer. 
•2°  L’industrie  des  vareehs. 


Samedi  9  Mars 

M.  BERGET 

Particularites  des  surfaces  oceaniques  au 
point  de  vue  du  magnetisme  terrestre 
et  de  la  pesanteur. 

Samedi  16  Mars 

M.  PORTIER 

Les  organes  des  sens 
chez  les  animaux  marins. 


a  uV*  PeP.°nneS  qui  ddsirent  assister  aux  Conferences  devront  etre  nninies  de  cartes.  Ces  cartes  sont 
Sf»tion  du  public  an  Secretariat  scientifique  de  S.  A.  S.le  Prince  de  MjM*.  ■  «>.  •«»> R  d 
a’aS«diro  e’  au  Secretariat  provisoire  de  l’lnstitut  Ocdanographiquc,  2,  lue  Logclbach,  oh  Ion  peut 
de  L  cSerLpar  leure.  On  en  trouve  egalement  au  Museum  d’Histoire  naturelle,  ij,  rue  Cuvier  «t  .  • 

Sorbonne,  i,  la  Sorbonne. 


AV  X  S 


Le  Bulletin  est  en  depot  chez  Friedlander,  11,  Carlstrasse. 
Berlin. 

Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  separement  aux  prix 
suivants  et  franco  : 


88.  —  Analyse  des  echantillons  d'eau  de  nier  recueillis  pendant  la 

Campagne  du  yacht  Princesse-Alice  en  hjo6,  (kun  espe- 
ranta  traduko),  par  G.-H.  Allemandet . 

89.  —  Notes  sur  les  gisements  de  Mollusques  comestibles  des  Cotes 

de  France.  — -  La  region  d’Auray  (Morbihan)  avec  1  carte, 
par.  L.  Joe  bin,  professeur  au  Museum  d’Histoire  naturelle 

de  Paris  et  a  l'lnstitut  Oceanograpbique . 

go.  —  Description  de  l’extremite  postericure  du  corps  anormale 
chez  deux  Motella  fusca  Kisso,  par  le  Dr  M.  Jaquet, 
Conservateur  au  Musee  Oceanograpbique  (avec  une  plan- 

che  double) . . 

91.  —  Analyse  de  quelques  echantillons  de  Pelagosite  recueillis 
dans  le  port  de  Monaco,  (kun  esperanta  traduko),  par 

G.-H.  Allemandet . 

9:.  —  Conference  du  1"  decetnbre  1906.  I.a  Presqu’ilc  de  Qui- 
beron  (avec  quatre  planches),  par  L.  Joubin,  professeur 
au  Museum  d’Histoire  naturelle  de  Paris  et  a  l’lnstitut 

Oceanographique . 

g3.  —  Quelques  impressions  d'un  naturaliste  au  cours  d’une  cam¬ 
pagne  scientitique  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  (1905), 
par  E.-L.  Bouvier,  professeur  au  Museum  d’Histoire 

naturelle,  Membre  de  l’lnstitut . 

94-  —  Sur  l’existence  de  la  Mye  dans  la  Mediterranee,  par  Fred 
Vles,  preparateur  du  “Laboratoire  de  Roscoft . 


Fr. 

o  5o 

2  5o 

1  » 

0  5o 

1  5o 

1  5o 
0  5o 


MONACO.  —  IMPR.  DE  MONACO. 


N°  95 


22  Fevrier  1907 


BULLETIN 


DE 


I/IfflITIlT  OCI'WOlilUPlIIOlE 


(Fondation  ALBERT  Icl,  Prince  de  Monaco) 


-<8-- 


SUR  LA  HU  IT  IE  ME  CAMPAGNE  DE  LA 
PRINCE S S E -ALICE  II 

Par  S.  A.  S.  le  Prince  ALBERT  I«  de  Monaco 


MONACO 


.A.  V  I  s 


Les  auteurs  sont  pries  de  se  conformer  aux  indications  survantes  : 

i°  Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congres 
internationaux. 

2°  Supprimer  autant  que  possible  les  abreviations. 

Donner  en  notes  au  bas  des  pages  au  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

4°  Ecrire  en  italiques  tout  nom  scientilique  latin. 

5°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  cravon  Wolf  (H.  B.)  ou 
a  l’encre  de  Chine. 

6°  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papiers 
caiques  les  recouvrant. 

7°  baire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noirsur 
papier  procede. 

8°  Remplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  le 
texte  en  donnant  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d'un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 


* 


Les  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  Ils  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nombre  quelconque  —  faire  la  demande  sur  le 
manuscrit  —  suivant  le  tarif  suivant  : 


Un  quart  de  feuille 
Une  demi-feuille. . . 
Une  feuille  entiere. 


50  ex. 

100  ex. 

150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

4/  M 

5f  20 

6f8o 

8f40 

10  <4° 

80 

4  70 

6  70 

8  80 

1 1  n 

1 3  40 

22  80 

8  10 

9  80 

i3  80 

16  20 

19  40 

35  80 

11  faut  ajouter  a  ces  prix  celui  des  planches  quand  il  y  a  lieu. 


Adi  esset  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  a  I’adresse  suivante  : 
Musee  oceanog-raphique  (Bulletin),  Monaco. 


Bulletin  de  l’Institut  Ocean ographique 

(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 

N°  g5.  —  22  Fevrier  1907. 


Sur  la  huitieme  campagne  de  la 
Princesse- Alice  II 


Par  S.  A.  S.  le  Prince  ALBERT  I"'  DE  MONACO 


La  huitieme  campagne  de  la  Princesse-Alice  a  eu  lieu  dans 
les  regions  arctiques;  scs  resultats  intercssent  les  trois  domaines 
de  la  terre,  de  la  mer  et  de  Patmosphere.  Deux  missions  terres- 
tres  contposees,  Tune  de  sept  Norvdgiens  et  un  Francais,  diri- 
gee  par  le  capitaine  Isachsen,  l’autre,  ecossaise,  dirigee  par 
M,  Bruce,  s’ajoutaient  a  mon  personnel  ordinaire;  de  plus  je 
m’etais  adjoint  un  petit  vapeur  norvegien,  le  Qvedfjord ,  montd 
Par  huit  homines.  Le  professeur  Hergesell  conduisait  des 
recherches  mdte'orologiques  dans  la  haute  atmosphere.  Le  doc- 
teur  Portier  poursuivait  des  etudes  physiologiques  sur  le  sang 
des  animaux  arctiques.  Le  docteur  Richard  s’occupait  de  la 
zoologie  et  le  lieutenant  de  vaisseau  Bouree  executait  le  travail 
hydrographique.  Enfin  M.  Tinayre,  artiste  peintre,  faisait  une 
quarantaine  d’ceuvres  destinees  a  reproduire  l’aspect  des  regions 
parcourues.  Cette  campagne,  commencee  le  24  juin  au  Havre, 
sest  termine'e  au  meme  point  le  ig  septembre.  Entre  le  i5mai 
et  'e  7  juin  mon  navire  avait  servi  a  des  recherches  entreprises 
par  le  professeur  Fridtjof  Nansen  et  confides  a  son  assistant 
Walfrid  Ekman.  Le  savant  suedois  etudiait  la  compressibi- 
hte  de  l’eau  de  mer  avec  des  piezometres  a  renversement  d'un 
lype  nouveau,  qui  furent  immerges  une  trentaine  de  l'ois  depuis 


la  profondeur  de  i5oo  metres  jusqu’a  celle  de  4300  metres  dans 
la  Mediterranee  et  l’Ocean. 

Geographic.  —  Mon  principal  effort  s’est  porte  sur  une 
exploration  de  la  terre  spitsbergienne  situe'e  entre  u°et  i3°3o 
longitude  Est,  79 0  et  790  4°’  latitude  Nord.  Le  capitaine  Isachsen, 
de  l’armee  norvegienne,  seconde  par  le  lieutenant  Staxiud,  le 
geologue  Horneman,  le  docteur  francais  Louet  et  quatie  poi 
teurs  norve'giens,  muni  de  traineaux,  de  skis  et  des  instiunients 
necessaires,  a  recueilli,  sur  un  parcours  d  environ  1000  kilome¬ 
tres,  les  elements  d’une  carte  complete  et  d  une  etude  geologique 
de  toute  cette  region  dans  laquelle  personne  n  avait  encoie 
pcnetre.  Deux  bases  etaient  astronomiquement  mesurecs,  1  une 
au  point  de  depart  dans  la  baic  Smeerenburg,  1  autre  au  point 
d’arrivee  dans  la  baie  Cross,  et  le  groupe  de  ces  huit  exploiateurs 
se  divisaient  en  plusieurs  sections  afin  de  couvrir  un  plus  grand 
espace;  il  campait  exclusivement  sur  les  glaciers  pendant  un 
mois  et  demi,  sans  autre  appui  que  les  traineaux.  L  altitude  de 
1194  metres  a  ete  atteinte  dans  ces  conditions  et  peut-ette 
depassee.  Son  travail  comporte  140  stations  geodesiques  et  topo- 
graphiques  sans  parler  des  etudes  geologiques.  Simultanement, 
la  mission  ecossaise,  debarquee  sur  la  Terre  du  Prince  Chat  les, 
travaillait  a  la  construction  d’une  carte  et,  malgrd  des  brumes 
frequentes,  executait  son  programme  sur  une  etendue  littorale 
et  interieure  d’environ  60  kilometres  qui  prdsente,  avec  le  travail 
du  capitaine  Isachsen,  certains  recoupements  tres  utiles.  L  oeu¬ 
vre  de  M.  Bruce  precisera  la  position  de  1’extremite  Nord  de 
cette  grande  lie  placee  sur  la  route  des  navigatcurs  longeant  la 
cote  occidental  du  Spitsberg. 

Hyd ro graph ie .  —  Pendant  que  mes  missions  terresties 
accomplissaient  leur  tache,  j’ai  fait  l’hydrographie  de  la  baie 
Cross,  grande  ouverture  qui  penetre  par  plusieurs  branches  a 
une  trentaine  de  kilometres  vers  l’interieur,  et  ou  la  mission 
Isachsen  devait  aboutir.  Une  triangulation  speciale  y  a  ete  iaite 
par  MM.  Hergesell  et  Bourde,  tandis  que  je  procedais  a  environ 
5oo  sondages  avec  les  deux  navires.  Je  signalerai  le  glacier  Lil- 
liehook,  dans  la  branche  nord-ouest  de  la  baie  Cross,  coniine  le 
plus  actif  de  ceux  que  je  connais  au  Spitsberg;  il  produit, 


surtout  en  fin  de  saison,  des  isbergs  atteignant  5oo  metres  ou 
600  metres  de  circonference  et  20  metres  ou  3o  metres  de  haut. 

Bien  souvent  dans  cette  baie  comme  dans  les  autres,  nous 
avons  constate  un  phenoniene  de gresilleineut  de  la  glace  .  celle  ci, 
fragments  a  l’infini  par  la  fusion  ou  pour  une  autre  influence, 
produit  un  son  pareil  a  la  friture  du  telephone  et  qui  semble 
cause  par  la  liberation  des  bulles  d  air  enfermees  sous  piession 
dans  son  epaisseur. 

Je  mentionne  encore  ici  un  detail  geologique  de  la  baie 
Wijde,  au  nord  du  Spitsberg  et  qui  penetre  jusqu’a  une  centaine 
de  kilometres  vers  l’interieur.  Les  montagnes  de  la  cote  oiien 
tale  offrent  au  spectateur  etabli  sur  la  cote  opposee,  sous  une 
certaine  lumiere,  une  teinte  nettement  delimitee  a  la  hauteur 
de  200  metres  ou  3oo  metres,  quelle  que  soit  la  natuie  du  sol. 
On  dirait  que,  jusqu’a  ce  niveau,  les  montagnes  en  question 
ont  subi  une  influence  speciale. 

Meteorologie.  —  La  meteorologie  de  la  haute  atmosphere  a 
ete  etudiee  par  les  operations  suivantes  :  4  cerfs-volants  jusqu  a 
l’altitude  de  800  metres;  3  ballons  captifs  jusqu  a  2700  meties, 

5  ballons-sondes  jusqu’a  7500  metres;  18  ballons  pilotes  jusqu  a 
29800  metres.  Les  chiffres  concernant  certains  ballons-pilotes 
sont  peut-etre  encore  sujets  a  une  legere  rectification. 

L’emploi  des  cerfs-volants  dtait  rarement  possible  a  cause 
d’une  zone  de  calme  qui  succedait  souvent  a  celle  du  vent  mfe- 
rieur.  L’emploi  des  ballons-sondes  etait  gene  par  le  brouillard 
Presque  permanent  au  large.  Mais  les  ballons-pilotes,  favonses 
par  un  temps  clair  sur  la  cote,  ont  pu  etre  lances  dans  les  meil- 
leures  conditions,  et  leurs  altitudes,  observees  au  theodolite,  ont 
ete  controlees  par  plusieurs  methodes  qui  fournissent,  en  plus 
de  la  direction  et  de  la  vitesse  des  courants  superieurs,  une  no¬ 
tion  inte'ressante  sur  la  purete  de  l’atmosphere  arctique,  ces 
ballons,  de  om  70  au  depart,  sont  restes  visibles  jusqu’a  la  dis¬ 
tance  de  80  kilometres  et  ne  disparaissaient  a  la  vue  que  par 
suite  de  leur  eclatenrent.  Cette  meme  purete  de  lattnosphcie 
nous  permettait,  un  jour,  de  distinguer  a  la  distance  de  40  kilo¬ 
metres  chacun  des  quatre  homines  de  la  mission  Isachsen  avec 
leur  traineau,  sur  le  glacier  de  Smeerenburg.  Les  lancements 

(95) 


de  ballons  meteorologiques  ont  eu  lieu,  cette  annee,  depuis  la 
latitude  de  43°  14’  N.  jusqu’a  celle  de  79°45’  N. 

Oceanograpliie.  —  3  bchantillons  de  fond  ont  etd  obtenus 
par  le  tube  sondeur  Buchanan  et  17  par  le  sondeur  Le'ger,  11  se¬ 
ries  verticales  de  temperature  ont  dte'  prises  dans  huit  baies  du 
Spitzberg  jusqu’a  la  profondeur  de  b']  metres. 

Zoologie.  —  Le  docteur  Richard  a  continue  ses  re'coltes  de 
plankton  avec  84  operations  pratiquees  depuis  la  Manche  jusqu’a 
la  banquise  en  passant  par  les  fjords  de  la  Norvege  et  du  Spits- 
berg;  2  nasses  triedriques  descendues  vers  le  centre  de  la  baie 
Cross,  au  Spitsberg,  sur  des  fonds  de  320  metres  et  368  metres, 
ont  rapporte  surtout  des  poissons  rares.  Un  filet  vertical  de 
grande  ouverture,  au-dessus  des  memes  fonds,  a  donne  des 
Crustaces  principalement.  Unedrague  lancecdans  la  baie  Wijde, 
par  une  vingtaine  de  metres,  a  fourni  de  nombreux  animaux. 
26  ope'rations  de  tremail,  dans  les  fjords  dc  la  Norvege  et  du 
Spitsberg,  n’ont  rapporte  que  des  animaux  communs. 

Phj'siologie.  —  Les  travaux  du  docteur  Portier  ont  eu  sur¬ 
tout  pour  objet  1’etude  de  la  pression  osmotique  des  liquides 
organiques  chez  les  Vertebres  polaires.  II  a  obtenu  le  point 
crvoscopique  du  sang  de  nombreuses  especes,  Mammiferes, 
Oiseaux  ou  Poissons. 

Enfin,  si  je  mentionne  ici  que,  pendant  une  mission  dont 
j’ai  charge  le  commandant  Chaves,  directeur  des  observatoires 
me'te'orologiques  des  Acores,  et  qui  avait  pour  objet  l’etude  du 
magnetisme  terrestre  dans  l’Afrique  australe  et  orientale,  mais 
qui,  en  outre,  a  permis  d’obtenir  une  serie  singuliere  de  peches 
pelagiques  depuis  35°  20’  de  latitude  Nord  jusqu’a  25°  16’  de 
latitude  Sud,  il  sera  constate  que  l’lnstitut  oce'anographique  de 
Monaco  a  developpe  son  action,  en  iqo6,  depuis  8o°  de  latitude 
Nord  jusqu’au  cap  de  Bonne-Esperance,  et,  de  plus,  qu’il  a  e'te 
servi,  pour  ces  travaux,  par  9  nationality  differentes. 


(Extrait  des  Comptes  Rendus  de  l’ Academie  des  Sciences,  14  janvier  1 90 7) • 


- — 

INSTITUT  OCEANOGRAPHIQUE 

(FONDATION  ALBERT  I",  PRINCE  DE  MONACO) 

Reconnu  d’utilit£  publique  par  D6cret  du  1 0  Mai  igoG 


EISEIGNEMENT  SUPERIEUR  OE  L’OCEANOGR APHIE 


ANNEE  SCOLAIRE  1906-1907 


Provisoircnienl  los  Corns  .nironl  lint  a  la  SOHROWK,  dans  I'AmpliitlicAlrc  tie  (ioologie 

(Galerie  Gerson,  Entree  :  Place  de  la  Sorbonne) 

LES  GOURS  SONT  PUBLICS 

Ils  s’ouvriront  le  Lundi  5  Novembre 

- JOO^KXX' - 

OCEANOGRAPHIE  PHYSIQUE  ]  OCEANOGRAPHIE  BIOLOGIQUE 

Professeur  :  M.  RERGET 
Docteur  i‘s-Sciences 

srge  de  Conferences  a  ]a  Faculty  des  Sciences 

le  C(mrs  commencera  le  Jeudi  8  Novem- 
hre  a  5  heures  du  soir.  et  se  continuera 
chaque  Jeudi  a  la  meme  heure. 

fe, Professeur  traitera  de  I'Oceanograpiiie 
generate,  de  la  distribution  des  mers ,  de  la 
ntijmetrie,  des  propriety  physiques,  chi- 
miques  et  mecaniques  dc  la  mer. 


fesseur  :  M.  E.  JOUBIN 


lJro 

Docteur  es-Sciences 

Professeur  au  Museum  d’Histoire  naturcllc 

Le  Cours  commencera  le  Lundi  6  Novem¬ 
bre  A  5  heures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Lundi  a  la  meme  heure. 

DES  DEMONSTRATIONS  PRATIQUES  ACRONT  LIEU 
AU  MUSEUM  IVH1ST0IRE  NATliRELLE 

Le  Professeur  traitera  de  iEtude  des 
Milieux  marins  et  de  Vinfluence  de  lew 
variation  sur  la  distribution  des  animaux. 


PHYSIOLOGIE  COMPAREE  DES  ETRES  AQUATIQUES 

Professeur  :  M.  le  1>  PORTIER 

IMrecteur-Adjoint  du  Lab.oratoire  de  Pliysiologie  de  la  Sorbonne 

e  Cours  commencera  le  Vendredi  9  Novembre  a  5  heures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Vendredi  A  la  meme  heure. 

LePiofesseur  traitera  des  Phenomenes  de  la  nutrition  cheq  les  animaux  marins. 

Pour  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco, 

Preiidtnl  du  Oonseil  dud  mi  nistrn  (i  on  de  ITiislitut  Oceanogaphiqne, 

CASIMIR-PERIER 

Dr  P.  REGNARD,  Vice-Presidents. 


-es  Samed 


■is  soirs,  a  9  heures,  auront  lieu  a  l’AMPHITHEAT  RE  DESCAR  I  I  S 
(Entree  :  17,  rue  de  la  Sorbonne) 

lJES  CONFERENCES  SUR  DES  SUJETS  D’ OCEANOGRAPHIE 


CONSULTER  L’AFFICHE  SPECIALS 

1ariat  ®  ces  Conferences,  des  cartes  denude  seront  exigdes.  Elies  sont  distribudes  an  S.-ri 

Pl'ince  de  Monaco,  io,  avenue  du  Trocad6ro,  au  Secretariat  prow^oirc 
des  cartp«U  c6anographique,  2,  rue  Logelbach,  oG  Ton  peut  s’adresser  par  letlre.  On  trouvera  ega  ement 
au  useum  d'Histoire  naturelle,  57,  rue  Cuvier,  et  a  la  Sorbonne,  17,  nie  de  la  Sorbonne. 


AV  IS 


Le  Bulletin  est  en  depot  chez  Friedlander,  n,  Carlstrasse. 
Berlin. 

Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  separement  aux  prtx 
suivants  et  franco  : 

Fr. 

88.  —  Analyse  des  echantiltons  d’eau.  de  mer  recueillis  pendant  la 
Campagne  du  yacht  Princesse-Alice  cn  iijoo,  (kun  espe 

ranta  traduko),  par  G.-H.  Aj.i.emandbt .  ' 

So  _  Notes  sur  les  gisements  de  Mollusques  comestibles  des  C6tes 
J  de  France.  —  La  region  d’Auray  (Morbihan)  avec  i  carte, 

par.  L.  .1  otiBiN,  professeur  au  Museum  d  Histoire  naturelle 

de  Paris  et  a  Flnstitut  Oceanographiquc .  ‘ 

qo.  —  Description  de  l'extrenute  posterieurc  du  corps  anormale 
chez  deux  Motella  fusca  Risso,  par  lc  D"  M.  .Iaquet, 
Conservateur  au  Musee  Oceanographique  (avec  une  plan-  ^  # 

che  double)  ....... . . . 

qi.  —  Analyse  de  quelques  echanti'lons  de  Pelagositc  recueillis 
dans  le  port  de  Monaco,  (kun  csperanta  traduko).  par 

G.-H.  Al lemandet . . . . 

02.  —  Conference  du  ifr  deccmbrc  1906.  La  Presqu’ile  de  Qui- 
beron  (avec  quatre  planches),  par  L.  Joubin.  proresseur 
au  Museum  d'Histoi re  naturelle  de  Paris  ct  a  1  lnstitut  ^  ^ 

Oceanographique . 

o3.  —  Quelques  impressions  d’un  naturalistc  au  cours  d’une  carn- 
pagne  seientifique  de  S.  A.  S.  lc  Prince  de  Monaco  (igopj, 
par  E.-L.  Bouvier,  professeur  au  Museum  d  Histoire  ^ 

naturelle,  Membre  de  Plnstitut . 

94.  —  Sur  l’existence  de  la  Mye  dans  la  Mediterranee,  par  Fred 

Vles,  preparateur  du  Laboratoire  de  Roscoft . 

gb.  —  Sur  la  huitieme  campagne  de  la  Princesse-Alice  II,  par 
S.  A.  S.  le  Prince  Albert  Ior  de  Monaco . 


MONACO. 


IMPR.  DE  MONACO. 


N°  96 


25  Fevrier  1907 


BULLETIN 


DE 


(Foiidation  ALBERT  L'r,  Prince  de  Monaco) 


-8> 


OliCHOMENELLA  lobata 

XOCVBM.K  K'SPECE  d'.AMPHIPODE  DBS  REGIONS  ARCTIQUES 

Par  Ed.  Chevreux 


I  s 


Les  auteurs  sont  pries  de  se  conformer  aux  indications  suivantes  : 

i°  Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congres 
internationaux. 

20  Supprimer  autant  que  possible  les  abreviations. 

3o  Donner  en  notes  au  bas  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

4°  Ecrire  en  italiques  tout  nom  scientifique  latin. 

3°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  \3olt  (H.  B  )  ou 
a  l’encre  de  Chine. 

6°  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papieis 
caiques  les  recouvrant. 

7°  Faire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noir  sur 
papier  procede. 

8°  Remplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  e 
texte  en  dormant  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d  un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 


*  * 


Les  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  11s  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nornbre  quelconque  —  laire  la  detnande  sui  le 
manuscrit  —  suivant  le  tarif  suivant  : 


50  ex. 

100  ex. 

150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

Un  quart  de  feuille . 

qf  » 

5f  20 

6f  80 

8f  40 

10  fqO 

i7f8o 

Une  dcmi-feuille . 

4  7« 

6  70 

8  80 

I  I  » 

1 3  40 

22  OO 

Une  feuille  entiere . 

8  10 

9  80 

i3  So 

16  20 

19  40 

35  80 

II  faut  ajouter  a  ces  prix  celui  des  planches  quand  il  y  a  lieu. 


Adresser  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  a  I'adresse  suivante  . 

Musee  ocdanographique  (Bulletin),  Monaco. 


Bulletin  de  l’In stitut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  I  "',  Prince  de  Monaco) 

N°  96.  —  25  Fevrier  1907. 


Orchomenella  lobata 

nouvelle  espece  d’Amphipode  des  regions  arctiques. 

Par  Ed.  CHEVREUX 


Au  cours  de  la  derniere  campagne  du  }racht  Princesse- Alice. 
la  peche  de  la  Stn.  2522,  27  aout  1906,  effectuee  avec  le  filet  a 
grande  ouverture,  entre  320  metres  de  profondeur  et  la  surface, 
dans  la  baie  Cross  (cote  ouest  du  Spitzberg),  a  ramene  deux 
exemplaires  d’un  Amphipode  nouveau,  appartenant  a  la  famille 


1  ig.  1.  —  Orchomenella  lobata  nov.  sp.  —  Femelle,  vue  du  cote  droit,  X  14* 

des  Lysianassidce.  Le  plus  grand  dc  ces  Amphipodes,  une  femelle 
ovigere,  mesurait  7mm  7  de  longueur,  dans  la  position  ou  il  est 
%ure  ici  (Fig.  1).  L’autre  exemplaire  est  un  peu  plus  petit. 


o 


Le  corps  est  moderement  obese.  L’ensemble  du  metasome 
et  de  1’urosome  n’atteint  pas  les  deux  tiers  de  la  longueui  du 
mesosome.  La  tete,  mesuree  au  bord  supdrieur,  n  est  pas  plus 
longue  que  le  premier  segment  du  mdsosome.  Llle  poite  un 
petit  rostre  aigu.  Ses  lobes  lateraux,  remarquablement  etioits 
et  allonges,  se  prolongent  jusqu’ii  l'extrdmitd  du  pddoncule  des 
antennes  superieures.  Les  plaques  coxales  des  quatre  premieies 


Fig.  2.  —  Orchomenella  lobata.  ■ —  A,  plaque  epimerale  du  dernier  segment 
du  metasome;  B,  antenne  superieure ;  C,  antenne  inferieure;  D,  epistome 
et  levre  anterieure  ;  E,  mandibule  droite;  F,  levre  posterieure;  G.  maxule 
anterieure;  H,  maxille  posterieure:  I,  maxillipede.  (A  X  i5;  B,  C,  X  D0' 
D,  E,  F,  G,  H.  1  X  53). 

paires  atteignent  a  peu  pres  le  double  de  la  hauteur  des  segments 
correspondants  du  mesosome.  Le  bord  anterieur  des  plaques 
coxales  de  la  premiere  paire  est  un  peu  concave.  Le  lobe  poste- 
rieur  des  plaques  coxales  de  la  cinquieme  paire  est  un  peu  plus 
haut  que  le  lobe  anterieur.  Les  plaques  dpimerales  du  derniei 
segment  du  metasome  (Fig.  2,  A),  fortement  prolongees  en 
arriere,  se  terminent  par  un  angle  aigu.  Le  premier  segment  de 
1  urosome  presente  une  profonde  depression  dorsale. 


— 

‘ 


o 

La  tete  nc  prbsente  aucunc  trace  d’organes  de  vision. 

Les  antennes  superieures  (Fig.  2,  B)  sont  un  peu  plus  lon¬ 
gues  que  l’ensemble  des  bords  supdrieurs  de  la  tete  et  des  deux 
premiers  segments  du  mdsosome.  Le  premier  article  du  pddon- 
cule  est  a  peine  plus  long  que  large.  L’ensemble  des  deuxieme 
et  troisieme  articles  n'attcint  guere  plus  du  tiers  de  la  longueur 
du  premier  article.  Le  flagellum  principal  se  compose  de  dix 
articles.  Le  premier  de  ces  articles,  aussi  long  que  l’ensemble 
desquatre  articles  suivants,  porte  sept  rangees  transversales  de 
soies  sensitives.  Le  flagellum  accessoire  atteint  a  peu  pres  la 
moitie  de  la  longueur  du  flagellum  principal.  II  se  compose  d’un 
article  aussi  long  que  le  premier  article  du  flagellum  principal, 
suivi  de  deux  articles  assez  courts. 

Les  antennes  infdrieures  (Fig.  2,  C)  sont  un  peu  plus  longues 
que  les  antennes  superieures.  Le  troisieme  article  du  pedoncule 
atteint  presque  la  longueur  du  cinquieme  article;  le  quatrieme 
aiticle  est  beaucoup  plus  long  et  plus  volumineux.  Les  deux 
derniers  articles  portent  une  rangde  de  petites  soies  au  bord 
anterieur  et  quelques  longues  soies  au  bord  postbrieur.  Le  fla¬ 
gellum  se  compose  de  quinze  articles  assez  fortement  cilids. 

Lepistomc  (Fig.  2,  D)  ne  ddborde  pas  sur  la  levre  anterieurc. 

La  partie  tranchante  des  mandibules  (Fig.  2,  E),  conique, 
nc  presente  pas  de  dents.  Le  processus  molaire  n’est  pas  tres 
sadlant;  il  n’existe  ni  soies  ni  epines  entre  lui  et  la  partie  tran- 
ehante.  Le  palpe,  fixd  un  peu  plus  loin  de  Pextremite  de  la 
mandibule  que  le  processus  molaire,  est  bien  ddveloppd.  Son 
dernier  article,  beaucoup  plus  court  que  Particle  precedent, 
poite  de  longues  soies  au  bord  interne  et  a  Pextremite. 

La  levre  postdrieure  (Fig.  2,  F)  presente  des  lobes  lateraux 
assez  etroits,  arrondis  a  Pextremite,  et  des  prolongements  pos- 
te'rieurs  aigus,  non  divergents. 

Le  lobe  interne  des  maxilles  anterieures  (Fig.  2,  G)  se  ter- 
Ullne  Par  deux  soies  cilices.  Le  lobe  externe,  obliquement 
j-ionqud,  est  arme  de  cinq  grosses  dents  crenelees.  Le  palpe, 
len  developpe,  est  finement  crenele  au  bord  distal. 

Le  lobe  interne  des  maxilles  posterieures  (Fig.  2,  H),  un  peu 
court  que  le  lobe  externe,  porte  une  rangde  de  soies 

(96) 


—  4  — 


simples  et  une  grosse  soie  cilice.  Le  lobe  externe  se  termine 
par  une  toufl'e  dc  soies  simples. 

Le  lobe  interne  des  maxillipedes  (Fig.  2,  I),  tres  developpe, 
depasse  le  milieu  du  dcuxieme  article  du  palpe.  Son  bold 
interne,  garni  de  grosses  soies  cilices,  se  prolonge  poui  loimei 
une  petite  dent  avec  le  bord  distal.  Le  lobe  externe,  qui  atteint 
le  milieu  du  troisieme  article  du  palpe,  porte  de  fines  creneluies 
au  bord  interne.  Le  palpe  presente  de  longues  soies  au  bord 
interne  dc  ses  deuxieme  et  troisieme  articles. 


paires;  H,  telson.  (A,  B,  C,  D  X  22;  E,  F,  G,  H  X  3;). 

L  article  basal  des  gnathopodes  anterieurs  (Fig.  3,  A),  11  cs 
allonge,  atteint  la  longueur  dc  1’ensemble  des  quatre  articles 
suivants.  Son  bord  externe  est  garni  de  nombreuses  soies.  Le 


carpe,  triangulaire,  cst  plus  court  quc  l’ensemble  des  deux  arti¬ 
cles  precedents,  qui  sont  a  peu  pres  d’egalc  longueur.  Lc  pro- 
pode,  quadrangulaire,  cst  un  peu  plus  long  quc  le  carpe.  Son 
bord  postdrieur  forme,  avec  le  bord  palmaire,  un  angle  obtus, 
arme  d'une  forte  epine.  Lc  dactyle,  tres  robuste,  est  de  la  lon¬ 
gueur  du  bord  palmaire. 

L’article  basal  des  gnathopodes  posterieurs  (Fig.  3,  B)  est 
beaucoup  plus  large  a  l’extrdmite  qu’a  la  base.  Le  carpe  atteint 
le  double  de  la  longueur  du  propode.  Le  bord  posterieur  de  ce 
dernier  article  se  prolonge  pour  former,  avec  le  bord  palmaire, 
un  angle  aigu  sur  lequel  Fcxtremite  du  dactyle  peut  s’appuyer. 

L  article  basal  des  pereiopodes  des  deux  premieres  paires 
atteint  la  longueur  de  l’ensemble  des  trois  articles  suivants.  Le 
propode  est  deux  fois  aussi  long  que  le  carpe.  L’article  meral  et 
le  carpe  portent  de  longues  soies  au  bord  posterieur.  Le  bord 
posterieur  du  propode  est  garni  de  netites  e'nines.  Le  dactyle  est 
long  et  grele. 

Dans  les  pereiopodes  des  trois  dernieres  paires,  Particle 
basal,  beaucoup  plus  long  que  large,  est  finement  cre'nele  au 
boid  postdrieur.  L’article  me'ral,  assez  dilate,  se  prolonge  en 
at  Here,  le  long  du  bord  posterieur  du  carpe.  Les  pdreiopodes  de 
la  cinquidme  paire  (Fig.  3,  D)  de'passent  un  peu  en  longueur 
ceux  be  la  troisieme  paire  (Fig.  3,  C).  Les  perdiopodes  de  la 
ll uatridme  paire  sont  les  plus  longs.  Le  dactyle,  grele  et  allonge 
bans  les  perdiopodes  des  troisieme  et  quatrieme  paires,  cst  tres 
1  eduit  dans  les  pdrdiopodes  de  la  derniere  paire. 

Dans  les  uropodes  de  la  premiere  paire  (Fig.  3,  E),  les  bran- 
C^es’  subegales,  n’atteignent  pas  tout  a  fait  la  longueur  du 
Pbdoncule.  La  branche  interne  des  uropodes  de  la  deuxieme 
P^e  (Fig.  3,  F),  un  peu  plus  courte  que  la  branche  externe, 
P°ite,  conirne  chez  Orchomenella  groenlandica  (Hansen),  une 
1 etlte  echancrure,  garnie  d’une  epine,  au  bord  interne.  La 
,dncbe  interne  des  uropodes  de  la  derniere  paire  (Fig.  3,  G)  est 

feu  plus  longue  que  le  premier  article  de  la  branche  externe. 
"c  telson  (Fig.  3,  H)  depasse  de  beaucoup  l’extremitd  du 
ledoncule  des  uropodes  de  la  derniere  paire.  Sa  fente,  tres 
UVeite,  sutend  sur  les  deux  tiers  de  sa  longueur.  Chacun  de 

(96) 


—  6  — 


ses  lobes  portc  line  epine  et  line  soie  marginales  et  se  termine 
par  une  petite  echancrure,  garnie  d’unc  epine. 

Le  nom  spdcifique  fait  allusion  au  developpement  remarqua- 
ble  des  lobes  lateraux  de  la  tete. 


INSTITUT  OCEAN  OGRAPHIQUE 

1 FONDATION  ALBERT  I",  PRINCE  DE  MONACO) 

Recoil  mi  d'utilitO  piibliquc  par  IK-cret  du  16  Mai  tgoli 

Enseignement  Pop u lair e  de  i.  Oceanographie 

CONFERENCES  de  1906-1907 


Ces  Conferences  auront  lieu  le  samedi,  a  9  heures  du  soir 

A  L A  SORBONNE  (Amphitheatre  Descartes) 

(Entree  par  la  porta  de  la  rue  de  la  Sorbonne  n»  if) 


Ordre  des 

Samedi  17  Novembre  1906 

M.  BERGKT 

Rocleur  es-Sciencrs,  tlmrgj  dr  ConRmicrs  ,i  la  Sorbonne 

Mouvements  do  l'atmosphere  au-dessus 
des  Oceans.  • — Vents  alizes.  —  Regions 
des  caimes  equatoriaux. 

Samedi  24  Novembre 

M.  le  Dr  CHARCOT 
CararaanJanl  de  1'Kiprdilion  antarcliqHe  franraise 

1 «  mceurs  des  animaux  de  1'Antarctique. 

Samedi  1  :  Decembre 

M.  le  hr  JOU BIN 
Professeur  9n  Jlusdnm  d’llisloire  XnUirclle 

lat  Presqu'ile  de  Quiberon. 

Samedi  8  Decembre 

^  PORI  JER,  Dirocletir- Adjoint  du 
tahoralairc  do  I’livsiologie  a  la  Sorbonne 

I  b> siolog.e  des  animaux  polaires. 

Samedi  15  Decembre 

M.  Gabriel  BERTRAND 

flr  **  diarge  dc  Coins  a  la  Farulle  des  Sciences 

comP°sition  ehimique  de  la  mer 
au  P°'nt  de  vue  industriel. 

Samedi  22  Decembre 

M-  1  ’ A B R E -  90 M E R G  U  E 
Inspeeleur  general  den  PMiei  lluriliincs 

•«  ntethodes  aetuelles  de  la  Pisciculture. 

Samedi  5  Janvier  1907 

M. BERGET 

alDft suP®ri^urs  de  retour.  —  Contre- 
\1  nno*  Recherches  du  Prince  de 
•Vlonaco.  -  Moussons. 

Samedi  12  Janvier 

It  Dr  MAILLAR1) 

™t!,e“r  agrege  j  |„  FacolU  de  lUudecine 

•es  industries  chimiques  de  la  mer. 

10  L  Industrie  saliniere. 


Conferences 

Samedi  19  Janvier 

M.  JOT  BIN 

l.es  commencaux  et  les  parasites  des 
animaux  marins. 

Samedi  26  Janvier 

M.  PORTIER 

l.es  ressources  alimentaires  de  la  mer 
( tre  partiei. 

Samedi  2  Fevrier 

M.  Gabriel  BERTRAM) 

l.a  composition  du  milieu  tnarin 
au  point  de  vue  biologique. 

Samedi  9  Fevrier 

M.  BERGET 

Regimes  exceptionneis  des  vents  ocea- 
niques.  —  Cyclones  et  tvphons. 

Samedi  16  Fevrier 

M.  JOE  BIN 
I  .'indust rie  ostfeicole. 

Samedi  23  Fevrier 

M.  PORTIER 

Ees  ressources  alimentaires  de  la  mer 
(2«  partie). 

Samedi  2  Mars 

M.  MAIEEARD 

Ees  industries  chimiques  de  la  mer. 

2°  E’industrie  des  varechs. 

Samedi  9  Mars 

M.  BERGET 

Particularites  des  surfaces  oceaniqucs  au 
point  de  vue  du  magnetisme  terrestre 
et  de  la  pesanteur. 


Samedi  16  Mars 

M.  PORTIER 

Ees  organes  des  sens 
chez  les  animaux  marins. 


?Ja  disposition11^?  i'ul  dinirent  assister  aux  Conferences  devront  one  ninnies  de  cartes.  —  Ces  cartes  sont 
pocadero  et  i, alE P*»W*e .  au  Secretariat  scientifique  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  10,  avenue  du 
Puresser  par  len.  °r\  nat  Provis,iire  de  ITnstitut  Oceanographique,  2,  rue  l.ogelbach,  oil  I  on  pent 
ae  la  SorbomiB  P  Un.en  trouve  egalement  au  Museum  d'Histoire  naturelle,  5/,  rue  Cuvier  et  17  rue 
,,e>  *l  la  Sorbonne.  ; 


AVIS 


Le  Bulletin  est  en  depot  chez  Friedlander,  1 1,  Carlstrasse. 
Berlin. 

Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  separement  aux  prix 
suivants  et  franco  : 

Fr. 

88.  —  Analyse  des  eehantillons  d'eau  de  nier  recueillis  pendant  la 
Campagne  du  yacht  Princesse-Alice  en  190C,  (kuti  espe- 

ranta  traduko),  par  G.-H.  Auemandet  .  0  5o 

89-  —  Notes  sur  les  gisements  de  Mollusques  comestibles  des  Cotes 
de  France.  —  La  region  d’Auray  (Morbihan)  avec  1  carte, 
par.  L.  Joubin,  professeur  au  Miiseum  d'Histoire  naturelle 

de  Paris  et  a  1'lnstitut  Occanographique .  2  5o 

90.  —  Description  de  l'extremite  posterieure  du  corps  anormalc 
chez  deux  MotelLi  fusca  Risso,  p>ar  le  D'  M.  .Iaqijet, 
Conservateur  au  Musec  Oceauographique  (avec  une  plafi- 
che  double) .  1  » 

91-  —  Analyse  de  quelques  eehantillons  dc  Pelagosite  recueillis 
dans  le  port  de  Monaco,  (kun  esperanta  traduko),  par 
G.-H.  Allemandet .  0  5o 

9:-  —  Conference  du  1"  dcccmbre  1906.  La  Presqu’ile  de  Qui- 
beron  (avec  quatre  planches),  par  L.  Jotibin.  professeur 
au  Museum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  et  a  1'lnstitut 
Oceanographiquc .  1  5o 

9-'-  —  Quelques  impressions  dun  naturaiiste  an  cours  d'une  cam¬ 
pagne  scientifique  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  ( roof, 
par  E.-L.  Bouvier.  professeur  au  Musfum  d'Histoire 

naturelle,  Membre  de  1’lnstitut .  1  5o 

94’  Sur  1  existence  de  la  Mac  dans  la  Mediterrancc,  par  Fred 

Vles,  preparateur  du  Laboratoire  de  Roscoft .  0  5o 

g5.  —  Sur  la  huitieme  campagne  de  la  Princesse-Alicc  //,  par 

S.  A.  S.  le  Prince  Ai.bert  I"1'  de  Monaco .  0  5o 

96.  •  Orchomenella  lobata,  nouvelle  especc  d’Amphipode  dcs 

regions  arctiques,  par  Ed.  Chevreux .  J  » 

97-  Sur  une  methode  de.  prelevement  de  l’eau  de  mer  destinee 
aux  etudes  bacteriologiques,  piar  MM.  P.  Portier  et 
.1.  Richard .  1  » 


MONACO. 


IMPR.  DE  AlONACO. 


26  Fevrier  1907 


I  s 


Lcs  auteurs  sont  pries  de  se  conformer  aux  indications  suivantes  : 

x°  Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congres 
internationaux. 

2°  Supprimer  autant  que  possible  les  abreviations. 

,'°  Donner  en  notes  au  bas  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

4°  Ecrire  en  italiques  tout  nom  scientifique  latin. 

■°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  B.)  ou 
a  l’encre  de  Chine. 

6"  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papiers 
caiques  les  recouvrant. 

7°  baire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  cravon  noir  sur 
papier  procede. 

8°  Remplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  le 
textc  en  donnant  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d'un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 


* 

*  * 


Les  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  Ils  peuvent,  en 
0utre>  ei^  faire  tirer  un  nombre  quelconque  —  faire  la  demande  sur  le 
manuscrit  suivant  le  tarif  suivant  : 


|  50  ex. 

Un  quart  de  feuille . ;  4f  „ 

Lne  demi-feuille . I  4  -rG 

Une  feuille  entiere . J  8  10 

II  faut  ajouter  a  ces  prix  celui 


100  ex. 

150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

5f  20 

6f  80 

8f40 

10  fqo 

17(80  | 

6  70 

8  80 

1 1  » 

1 3  40 

22  80 

9  80 

i3  80 

16  20 

19  40 

35  80  1 

des  planches  quand  il  y  a  lieu. 


Acl)  esse>  tout  ce  qui  concei'ne  le  Bulletin  a  I’adresse  suivanle  : 

Musee  oceanographique  (Bulletin),  Monaco. 


Bulletin  de  l’Institut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  I"’,  Prince  de  Monaco) 

N«  97.  —  26  Fevrier  1907. 


Sur  une  methode  de  prelevement  de  l’eau  de 
mer  destinee  aux  etudes  bacteriologiques. 


Far  MM.  P.  PORTIER  et  J.  RICHARD 


L  appareil  se  compose  d’une  ampoule  cylindrique  de  verre 
'eit  A,  de  26  centimetres  de  longueur  et  de  16  millimetres  de 
diametre,  a  parois  suffisamment  epaisses  pour  resister  a  des 
pi  fissions  de  600  atmosphe  res  et  plus. 

^ette  ampoule  se  prolonge  en  bas  par  un  court  tube  capil- 
liiiti'  b  a  et  en  haut,  par  un  long  tube  capillaire  trois  fois  recourbe 
cdefgh  (1). 

I  Bitroduit  une  goutte  d’eau  dans  l’ampoule  A;  on  ferme  a 
d  lampe  a,  puis  on  reunit  le  long  tube  capillaire  a  une  trompe 
<l  ,lleicure;  lorsque  le  vide  est  obtenu,  on  ferme  a  la  lampe  en  li. 

L  tube  vide  d’air  est  alors  sterilise'  a  l’autoclave  a  120°;  il  est 
Pret  a  servir. 

*  introduit  dans  une  boite  metallique  a  l’interieur  de 
^ quelle  il  est  fixd  par  des  fils  de  cuivre  de  telle  maniere  que  la 
lointe^-/;  sojt  tournee  vers  le  haut  et  sorte  a  l’exte'rieur  de  la 

D°ite  (Fig.  3). 

L’appareil  fixe'  sur  le  fil  de  sonde  est  descendu 


tieir  ^  ^Ur  ^ure  ^es  c°udes  successifs  du  long  tube  capillaire  ont  ete 
soiit^^  *CS  UnS  ^es  autres  afin  de  rendre  le  dessin  plus  clair.  En  realite,  ils 
de  |.  ra^^10c^®s  lesuns  des  autres  et  appliques  sur  l’ampoule  A.  La  fragilite 
aPPareil  et  son  volume  sont  ainsi  diminues.  La  coupe  de  l’appareil 
n  '  en  baut)  retablit  les  rapports  veritables  des  different es parties. 

ApR  101907 


dans  cette  situation  a  la  profondeur  choisie;  a  ce  moment,  on 
libere  (i1)  de  toute  entrave  la  boite  metallique  qui  cst  suspendue 
par  un  collier  situe  au-dessous  de  son  centre  dc  gravitd,  elle  se 


Position  normal * 
dcs  tubes 


Fig.  i  . 


renverse,  et,  dans  ce  mouvement,  le  tube  capillaire  f  h  vient 
frapper  sur  un  couteau  metallique  en  un  pointy  qui  porte  un 


(i)  Soit  par  le  jeu  d’une  helice,  soit  par  l’envoi  d’un  messager  lelongdu 
fil  de  sonde. 


—  3  — 


retrecissement;  il  se  brise  en  ce  point  et  l’eau  de  mer  se  preci- 
pite  dans  l’appareil  vide  qu’elle  remplit  Fig.  4).  On  remonte 
l’instrument;  a  mesure  qu'il  se  rapproche  de  la  surface,  il  se 


Fig.  3. 


Fig.  4. 


Jfchaulfc,  et  la  pression  diminue,  ce  qui  fait  qu’une  partie  de 
contenue  dans  l’ampoule  sort  peu  a  peu  en  g.  Le  courant  ■ 

(97) 


de  sortie,  et,  d’autre  part,  la  longueur  du  tube  capillairc  recourbe 
s'opposent  pendant  lc  retour  de  l’appareil  a  toutc  contamination 
du  liquide  de  l’ampoule  par  l’eau  de  mcr  environnante.  Des 
experiences  de  controle  ont  rigoureusement  etabli  ce  fait. 

Unc  fois  l’appareil  a  boi'd,  on  donne  un  trait  de  lime  sur  le 
tube  a,  on  brise  sa  pointe,  et  on  la  fiambe,  puis  on  adapte  surce 
tube  un  appareil  sterilise  represents  a  la  panic  inferieure  de  la 
figure  2.  On  donne  ensuite  un  trait  de  lime  en  d ,  on  casse  le  tube 
eapillaire  en  ce  point,  et  on  rejette  les  sinuosites  defgh.  On 
flambe  d ,  et  on  adapte  sur  lui  un  tube  de  verrc  bourre  d’ouate, 
lc  tout  sterilised 

En  pressant  sur  la  pince  a  pression  continue,  on  pcut  a  l’abn 
de  la  petite  cloche,  transvaser  le  liquide  de  l'ampoule  A  dans 
une  se'rie  de  tubes  de  culture  sans  craindre  aucune  contamination 
(lc  tube  m  laisse  rentrer  dans  l’ampoule  de  Fair  sterilise  par 
filtration). 

Tel  est  le  dispositif  que  nous  avons  adopte  apres  des  modifi¬ 
cations  successives  de  notre  appareil  primitif  auxquels  nous  ont 
conduits  de  multiples  essaisjeffectues  au  cours  de  plusieurs  cam- 
pagnes  du  }'acht  Princesse- Alice.  Sous  sa  forme  actuelle,  Fappa- 
reil  permet  de  predever  de  j’cau  aux  plus  grandes  profondeurs 
sans  aucun  danger  de  contamination. 

Les  principaux  resultats.de  ces  recherches  seront  prochaine- 
ment  publies. 

(Extrait  des  Complex  rendus  de  Y Academic  des  Sciences,  14  mai  igofi). 


INSTITUT  OCEANOGRAPHIQUE 

(FONDATION  ALBERT  I",  PRINCE  DE  MONACO) 

Recon nu  d'utiliti  puhlique  par  DScret  du  i(i  Mai  1906 


EKSEIGNEIKIENT  SUPERIEUR  DE  L’OCEANOGRAPHIE 


ANNEE  SCOLAIRE  1906-1907 


Provisoiremeul  les  Corns  anronl  lieu  a  la  SOIIISOME,  dans  I'Ampliilliealre  de  Geologic 

(Gai.i.rik  Gkhson,  Entree  :  Place  de  la  Sorbonne) 

LES  GOURS  SON  T  PUBLICS 

Ils  s'ouvriront  le  Lundi  5  Novembre 

OCEANOGRAPHIE  PHYSIQUE  OCEAN OGRAPHIE  BIOLOGIQUE 


Professeur  :  M.  RERGET 

ru  .  ,  Docteur  es-Sciences 

de  Conferences  a  la  Faculty  des  Sciences 

Le  Ctmrs  commencera  le  Jeudi  8  Novem- 
re  a  5  heures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Jeudi  a  la  meme  heure. 

~j,.e  ^,,<>fesseuy  traitera  de  l' Oceanographie 
nj,)a  e’  ^  distribution  des  mens,  de  la 
0  meti  ie,  des  proprietes  physiques,  clii- 
,?wes  et  mecaniques  de  la  mer. " 


Professeur  :  M.  L.  JOUBIN 

Docteur  £s-Sciences 

Professeur  au  Museum  d’Histoire  natu relic 

Le  Cours  commencera  le  Lundi  6  Novem- 
bre  k  5  lieures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Lundi  a  la  meme  heure. 

DES  DEMONSTRATIONS  PRATIQUES  Al'RONT  UEU 
A I  MUSEUM  DII1ST0IRE  NATURELLE 

Le  Professeur  traitera  de  I'Etude  des 
Milieux  matins  ct  de  Vinfluence  de  leur 
variation  sur  la  distribution  des  animaux. 


Le  Cours 


physiologie  comparee  des  etres  aquatiques 

Professeur  :  M.  le  Dr  PORTIER 

birecteur-, Adjoint  du  Laborat'oire  de  Physiologie  de  la  Sorbonne 

commencera  le  Vendredi  9  Novembre  a  5  heures  du  soir,  et  se  continuera 
chaque  Vendredi  a  la  meme  heure. 

1  Ptofesseur  traitera  des  Phenomenes  de  la  nutrition  cheq  les  animaux  marins. 

Pour  S.  A.  S.  le  Pai  nce  de  Monaco, 

President  du  Conseil  d’administration  dc  linslilnl  Oceanogapliiqne, 

CASIMIR-PERIER 

D>  P.  REGNARD,  Vice-Presidents. 


Les 


■Samedts  soirs,  a  9  heures,  auront  lieu  a  PAMPHITHEATRE  DESCARTES 
1  Entree  :  17,  rue  de  la  Sorbonne) 

DEs  <:oneerences  sur  des  sujets  d  oceanographie 


CONSULTER  L’AFFICHE  SPECIALE 


l>ouv 


1ar^t  scientifimjg^8  a,Ces  ^on^r^nces>  ^es  cartes  d’entr^e  seront  exigGes.  Elies  sont  distributes  an  Sccrt- 
1’Institut  Ocl  C  ^  ^r*nce  Monaco,  10,  avenue  du  Trocadero,  au  Secretariat  provisoire 

^es  cartes  au  M  ano8rapliiqttf,  2,  rue  Logelbach,  oil  1’on  peut  s’adresser  par  lettre.  On  trouvera  tgalement 
USeum  ^  ^'st0*re  naturelle,  57,  rue  Cuvier,  et  a  la  Sorbonne,  17,  rue  de  la  Sorbonne. 


AVIS 


Le  Bulletin  est  en  depot  chez  Friedltinder,  11,  Carlstrasse. 
Berlin. 

Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  septfrement  aux  prix 
suivants  et  franco  : 

Fr. 

88.  —  Analyse  des  echantillons  d'eau  de  mer  recueillis  pendant  la 

Campagnedu  yacht  Princesse-Alice  cn  njo6,  Ikun  espe- 
ranta  traduko),  par  G.-H.  Ai.i.esiandet  . . . .  0  30 

89.  —  Notes  sur  les  gisements  de  Mollusques  comestibles  des  Cotes 

de  France.  —  La  region  d'Anray  (Morbihan)  avec  1  carte, 
par.  L.  Joubin,  professeur  an  Museum  d'Histoire  naturelle 
de  Paris  et  a  Flnstitut  Oceanographique .  -  30 

90.  : —  Description  de  l’extremite  posterietire  du  corps  anormale 

chez  deux  Motella  fnscxi  Risso,  par  lc  D‘  M.  Jaquet, 
Conservateur  au  Musee  Oceanographique  (avec  une  plan- 
che  double) . . .  1  11 

91.  —  Analyse  de  quelques  echantijjlons  de  Pclagosite  recueillis 

dans  Je  port  de  .Monaco,  (kun  esperanta  traduko),  par 

G.-H.  A u.Kji.'iNn ki .  o  00 

92.  —  Conference  du  1"  deceiribre  iqoC>.  l.a  Presqu’ile  de  Qui- 

beron  (avec  quatre  planches),  par  L.  Joubin.  professeur 
au  Museum  d’Histoire  naturelle  de  Paris  et  it  Flnstitut 

Oceanographique . 1  30 

9^-  —  Quelques  impressions  dun  naturaliste  au  cours  d’une  cam- 
pagne seientiflque  de  S.  A.  S.  lc  Prince  de  Monaco  (igop), 
par  E.-L.  Bouvier,  professeur  au  Museum  d'Histoire 

naturelle,  Membrc  do  Flnstitut .  1  30 

94.  —  Sur  l’existence  de  la  Mye  dans  la  Mediterrance,  par  Fred 

Vles,  preparateur  du  Laboratoirc  de  Roscotl . .  0  30 

9^-  —  Sur  la  huitieme  campagne  de  la  Princesse-Alice  11,  par 

S.  A,  S.  le  Prince  Albert  I""  de  Monaco..; . .  0  5o 

9®-  —  Orchomenclla  lobatn,  nouvelle  especc  d’Amphipode  des 

regions  arctiques,  par  Ed.  Ciievreux .  J  " 

97*  Sur  une  methode  de  prelevement  de  l'eau  de  mer  destinee 
aux  etudes  bacteriologiques,  par  MM.  P.  Poktier  et 
J.  Richard . .  1  » 


MONACO.  —  tM PR.  de  MONACO. 


'io  Mars  1907 


N*  98 


BULLETIN 


DE 


LINSTITUT  OCEANOGRAPHIQCE 


(Fondation  A  LBKRT  Rr,  Prince  de  Monaco) 


-<8>- 


QUESTIONNAIRE 

relatif  aux  especes  comestibles  de  crustaces 

Par  H.  Coutifere 


MONACO 


-A.V  I  S 


Les  auteurs  sont  pries  de  se  conformer  aux  indications  suivantes  : 

i°  Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congres 
internationaux. 

2°  Supprimer  autant  que  possible  les  abreviations. 

3°  Donner  en  notes  au  bas  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

4°  Ecrire  en  italiques  tout  nom  scientifique  latin. 

5°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  K.)  ou 
a  l’encre  de  Chine. 

6"  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papiers 
caiques  les  recouvrant. 

7°  Faire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noir  sur 
papier  procede. 

8°  Remplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  le 
texte  en  donnant  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d’un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 


*  * 


Les  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  Ils  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nombre  quelconque  —  faire  la  demande  sur  le 
manuscrit  —  suivant  le  tarif  suivant  : 


Un  quart  de  feuille 
Une  demi-feuille. . . 
Une  feuille  entiere. 


50  ex. 

100  ex. 

150  ex. 

200  ex. 

250  ex.  I  500  ex. 

4-f  » 

5f  20 

6f8o 

8f40 

iof40  ryfSo 

4  7° 

6  70 

8  80 

1 1  » 

i3  40  22  80 

8  io 

9  80 

i3  80  | 

1 6  20 

19  40  |  35  80 

faut  ajouter  a  ces  prix  celui  des  planches  quand  il  y  a  lieu. 


esse:  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  d  Vadresse  suivante  : 

Musee  ocdanographique  (Bulletin),  Monaco. 


Bulletin  de  l’Institut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 

No  98.  —  20  Mars  1907. 


Questionnaire  relatif 


aux  especes  comestibles  de  Crustaces. 


Par  H.  COUTIERE 


J’ai  pense  qu'il  serait  interessant  d  etablir,  avec  quelque 
detail,  l’dtat  actuel  de  1’utilisation  des  Crustaces  comestibles, 
ressource  alimentaire  inegalement,  mais  universellement  dis¬ 
tribute,  en  ne  considerant  tout  au  moins  que  les  especes  marines. 

Les  animaux  les  plus  communs  ne  sont  pas  toujours  les 
mieux  connus.  La  liste  pure  et  simple  des  especes  comestibles, 
dans  les  diverses  regions  du  globe,  est  deja  tres  difficile  a  etablit 
avec  quelque  exactitude.  D’autre  part,  meme  pour  les  especes 
qu’on  pourrait  qualifier  d  industrielles,  en  raison  de  lirnpoi- 
tance  qu’elles  ont,  il  subsiste  des  lacunes  considerables  dans 
leur  biologie,  soit  qu’on  les  considere  dans  leur  milieu  et  vis  a 
vis  de  leurs  concurrents  naturels,  soit  qu  on  se  pieoccupe  de 
savoir  quels  problemes  nouveaux  lait  naitre  1  inteivention  de 


Le  questionnaire  ci-joint  a  pour  but  de  resoudre  quelques 
unes  de  ces  dillicultds,  avec  l’aide  de  tous  ceux  qui  voudtont 
bienme  faire  l’honneur  d’y  repondre.  11  m’a  paru  preferable  de 
Assembler  toutes  les  questions  en  une  liste  unique,  afin  d  eviter 
les  repetitions  qu’auraient  entrainees  les  nombieux  points 
communs  a  toutes  les  especes. 

Le  questionnaire  paraitra  sans  doute  tres  long  et  tres  exi¬ 
gent,  d’autant  que  beaucoup  des  questions  posdes  ont  fait 


l’objet  de  travaux  importants  et  pour  ainsi  dire  classiques. 
Mais  la  solution  des  questions  de  ce  genre  n’est  jamais  ni  defi¬ 
nitive,  ni  complete,  et  je  les  ai  laissdes  dans  la  liste,  dans  l’espoir 
qu’elles  me  vaudront  soit  des  indications  bibliographiques  qui 
m’auraient  echappd,  soit  des  observations  nouvelles,  venant  des 
auteurs  memes  qui  ont  fait,  sur  ces  divers  points,  des  recherches 
originales,  soit  enfin  des  vues  differentes  d’autres  observateurs. 

Sauf  les  Squilles,  dont  1’importance  est  d’ailleurs  minime, 
toutes  les  especes  utilisdes  sont  des  Ddcapodes  et  peuvent  prati- 
quement  etre  rangees  sous  quatre  titres  : 

A  Homards,  et  secondairement  Nephrops. 

B  Langoustes  de  diverses  especes,  et  secondairement  Scyl- 
laridae. 

C  Crevettes,  (especes  diverses  de  Palemonidie,  de  Nikidae, 
d’Atyidae,  de  Crangonidae,  de  Pandalidte,  de  Pe- 
neides,  en  y  comprenant  les  especes  des  eaux  douces 
tropicales,  telles  que  Palemon  et  Atya  spp.). 

D  Crabes,  (en  y  comprenant  aussi  les  especes  d’eau  sau- 
matre,  d’eau  douce,  ou  les  especes  quasi-terrestres). 

J  ai  cherche  a  indiquer,  en  face  de  chaque  question,  son  im¬ 
portance  pour  le  ou  les  groupes  d’especes  ainsi  etablis. 

La  conservation  en  viviers,  la  preparation  pour  le  marche, 
la  capture  surtout  font  l’objet  d’industries  plus  ou  moins  locales, 
qu  il  serait  tres  de'sirable  de  pouvoir  comparer.  La  varidte  des 
engins  de  peche,  ddja  tres  grande  pour  les  seuls  Crustace's, 
constitue  un  veritable  chapitre  d’ethnographie,  tres  interessant 
dans  le  detail,  et  dans  le  detail  seulement.  C’est  dire  qu’une 
idee  suffisante  des  diverses  formes  de  haveneaux,  de  casiers,  de 
nasses,  de  chaluts,  de  filets,  ne  peut  guere  etre  donnee  que  par  des 
dessins,  autant  que  possible  accompagnds  de  leurs  dimensions. 

Je  ne  puis  qu’adresser  d’avance  mes  remerciements  amc 
naturalistes  qui  voudront  bien  rdpondre,  si  peu  que  ce  soit,  a 
ce  questionnaire,  ou  m’adresser  les  travaux  qu’ils  ont  publics  sur 
ces  sujets. 

H.  Couti6re( 

Professeur  a  1’EcoIe  SupSrieure  de  Pharmacie. 

PARIS,  4,  Avenue  de  I'Observatoire. 


QUESTIONNAIRE  (i) 


1  A,  B,  c,  D 

2  A,  B,  C,  D 


Quelles  sont  les  especes  utilisees  sur  vos  cotes? 

Quelques  unes  de  ces  especes  ont-elles  sur  vos  cotes 
une  de  leurs  limites  de  distribution  geographique  ? 


BIOLOGIE  DES  LARVES 


3 


A,  B,  c,  d 


Les  larves  de  l’espece, 
recueillies  sur  vos  cotes, 
l’ont  ete  dans  quelles  con¬ 
ditions  ? 


ou?  (au  large,  a  la  cote,  sui- 
vant  quels  courants,  etc.). 

quand?  (date  de  l’annee, 
heure  du  jour). 

comment?  (mode  de  capture, 
faune  les  accompagnant). 


4 

5 


6 


A,  B 
A,  B 


A,  B 


Observe-t-on  des  larves  dans  les  viviers  ou  Ton  con¬ 
serve  les  adultes,  a  quelle  saison? 

Quelle  est  la  taille  maxima  observee  pour  la  larve? 

—  minima  —  les  jeunes 

de  l’espece? 


Les  jeunes  de  taille 
minima  ont  ete  recueillis 


oil?  (nature  du  fond,  profon- 
deur,  etc.). 

quand?  (dates). 

comment,  et  en  quelle  abon- 
dance? 


7  B 

8  B 


(  oil?  (profondeur,  etc.). 

Le  passage  de  la  larve  1  .  ,  ,  '  , 

,  .  r  ?  .  .  )  comment?  changements  de 

la  plus  grande  au  jeune  le  <  .  .  ... 

. r  D.  ,  '  I  forme,  reduction  de  taille, 

plus  petit  s  effectuerait  r  . 

r  r  etc.,  etc.). 

Quelques  pecheurs  pretendent  avoir  rencontre  au 
large,  a  la  surface,  des  bancs  constitues  par  des  jeunes 
immatures  de  l’espece.  Cette  opinion  parait-elle  appuyee 
sur  des  faits  precis? 


(0  A,  a  :  Homards,  Nephrops. 

B,  b  :  Langoustes,  Scyllaridse. 

C,  c  :  Crevettes  (Crangonidas,  Palemonidas,  Pandalidae,  etc.) 

D)  d  :  Crabes. 

La  grandeur  de  la  lettre  indique,  pour  chacun  de  ces  groupes,  l’importance 
attribute  ®  la  question  posee. 


(98) 


—  4  — 


9  A 

10  A, 

11  A, 

12  A, 

13  A, 

14  A, 

15  A,  I 

16  A,  E 

17  A,  B 

18  A,  B 


BI0L0GIE  DES  ADULTES 


B,  c,  D 

C,  d 

B,  C,  D 


B,  C,  D 


B,  C,  D 


B,  C,  D 


B,  C,  D 


C,  D 


C,  D 


C,  D 
C,  D 


Y  a-t-il  des  migrations  de  la  profondeur  vers  la  sur¬ 
face,  et  vice-versa? 

Y  a-t-il  des  migrations  de  l'eau  tres  salee  vers  1’eau 
moins  salee,  et  vice-versa? 

Ces  migrations  sont-  /  Passa8e  de  laIarveil’adulte> 
elles  liees  a  l’une  ou  l’au-  i  mue,  fecondation,  ponte, 
tre  de  ces  causes,  ou  a  j  recherche  de  la  nourriture, 
d’autres  causes  encore?  temperature  de  l’eau. 

oil,  et  sous  quelle  forme? 

Le  sperme  du  <f  est  i  , 

j  i  r't  i  i  ciuand  ?  (rapport  avec  la  mue 

depose  sur  la  $  dans  qu“V  avec  la  ponte). 

quejles  conditions  i  r 

V  comment? 


La  ponte  se  produit-  /  P'us  ^une  ,0's  Par  an' 
elle  a  une  epoque  fixe  ou  )  chaque  annee. 
plusieurs  epoques  fixes  j  tous  les  deux  ans. 


dans  l’annee  (dates)? 

La  ponte  se  produit- 
elle  a  des  intervalles  irre- 
guliers,  dependant 


’V  a-t-il  un  intervalle 


de  plus  longs  intervalles. 

d’une  provision  de  sperme 
\  presente  ou  absented 
)  de  l’etat  variable  de  maturite 
des  oeufs  ovariensr 

entre  la  ponte  et  l’eclosion 
des  larvesr  (evolution  des 


-  «  c  u  un  unci  vauc  i  UCS  iai  vc&.  . 

fixe,  ou  un  intervalle  va-  )  oeufs  extra-ovariens). 
riable  pour  diverses  cau-  1  entre  l’eclosion  et  la  ponte 
ses  (temperature,  etc.)  t  suivante?  (evolution  es 

ceufs  intra-ovanens). 

/  la  mue  (dates,  frequence 
(  pour  les  <f  et  les  $)• 
la  ponte  (nombre  des  ceub. 
fixation  et  fecondation  des 
oeufs). 

l'eclosion  (role  de  la  mere, 
de  la  larve). 


Comment  s’eflectuent 
(oil,  quand,  comment)? 


premiere  mue 


elle 


Comment  parait  devoir  etre  concu  le  «  calendrier »  de 
1  espece,  donnant  mois  par  mois,  ou  saison  par  saison 
au  moins,  les  lieux  oil  elle  se  trouve,  et  les  actes  qu 
y  accomplit? 

Quelle  est  la  proportion  des  &  et  des  $? 

Peut-on  etablir  une  relation  entre  Page  et  la  taille- 


5  — 


19  A,  B, 

20  A,  B, 

21  A,  B, 


22  A,  B,  i 

23  A, 

C 

24  A,  C 

25  A.  B, 

26  A,  B, 

27  A,  B, 


],  D 


(  nature  geologique. 

Quelle  est  la  natureaes  l  .  .  , 

fonds  qu’affectionne  l’es-  imposition  lithologique. 

pece  adulte?  /  especes  dominates  de  la 

r  ^  faune  et  de  la  flore. 


d 


Quelle  est  la  nourriture  principale  ( 
de  l’espece?  \  k  l’etat  larvaire. 

Quels  sont  surtout  les  ennemis  de  )  a  l’etat  adulte. 
l’espece?  \ 


,  D 


Observe-t-on  desraces 
locales  ? 

Peuvent-elleetre  attri- 
buees 


a  une  absence  de  migrations 
laterales? 

a  une  influence  rapide  des 
fonds  oil  ces  races  sont 
observees? 


PECHE  ET  UTILISATION 


,  D 


La  peche  se  pratique-t-elle  a  des  distances  variables 
de  la  cote  suivant  l’epoque  de  l'annee,  ou  sur  des  fonds 
differents? 


D 


/crocs  emmanches,  harpons. 

La  peche  a  pied i  haveneaux  (  &  monture  en  forme  de  T. 
|  est  pratiquee  avec\  (hand-nets  U  monture  en  forme  d’X 
Schiebehamen) r  ^  Branches  inegales. 

carrelets  suspendus  a  un  gui  et  ma¬ 
noeuvres  du  rivage. 

petites  seines. 


quels  enginsf  (des- 
sins  des  formes  et 
dimensions). 


D 


Combien  de  personnes  se  livrent  a  cette  peche,  et 
quelle  peut  etre  la  valeur  de  ses  produits? 


C,  D 


Quelle  position  sur  les  cartes  marines,  et  quels  noms 
portent  les  lieux  de  peche  principaux? 


C,  D 


Pour  chacun  des  ports  oil  i 
la  peche  se  pratique  quel  est  ( 
le  nombre  des  pecheurs?  i 
Le  nombre  et  la  valeur 


des  bateaux, 
des  engins. 

des  Crustaces  captures. 


C,  D 


Quels  bateaux  sont 
employes  pour  la  peche 
ou  le  transport? 

(Dessins  avec  dimensions, 
si  possible). 


pontes,  1/2  pontes. 

pourvus  ou  non  d’une  citerne 
(well,  bunn). 

de  moyens  de  refrigeration, 
tonnage,  type  de  la  voilure. 
i  puissance  motrice  auxiliaire. 


(98) 


—  6  — 


28 


A,  B,  C,  D 


29 


A,  B,  C,  D 


30 


31 


32 


B 


A,  C 


33 


34 


Les  casiers  (lobster-pots) 


sont  construits 
cylindriques 
1/2  cylindriques 

hemispheriques 

tronconiques 

i/?  cylindriques, 
mais  courts  et 
sureleves. 

cubiques 


/  a  2  entriti 
\  laleralei 


I  «  1 


enlret 
snprrienre 


{  a  1  entree 
I  laterals 


avec  quels  materiaux? 
(lattes,  filet,  osier,  metal) 

de  quelles  dimensions 
\  pour  le  corps  et  les 
entrees? 

avec  quelle  disposition 
du  lest  et  de  l'apptlt? 


isole- 


Chaque  bateau  mouille 
ses  casiers  dans  quelles  con¬ 
ditions? 


/  reunis  en  serte  ou 
(  ment  ? 

'  combien  en  tout? 

avec  quel  appat  de  prefe¬ 
rence? 

dans  le  sens  d’un  courant 
ou  en  travers? 

pour  combien  de  temps? 


Emploie-t-on  aussi  des 
seines  en  d’autres  endroits 
ou  a  d’autres  epoques  de 
1’annee  ? 


j  de  quelle  maille? 


formees  de  combien  de 
nappes  placees  bout  a 
bout? 


Emploie-t-on  des  poches  coniques  en  filet,  a  cercle 
de  fer  horizontal  ? 

Combien  par  bateau? 


Les  nasses  (Korb,  Reuse) 
ont  quelles  formes  et  dimen¬ 
sions  ? 

Elies  sont  fixees  de  quelle 
facon  ? 

Elies  sont  construites  en 
quels  materiaux? 


en  osier,  en  lattes, 
en  filet  et  cercles  de  bois 

avec  nappes  de  filet  me- 
diane  et  laterales. 


Comment  s’efforce-t-on  haies  de  branchages, 
de  guider  vers  les  nasses  les  I 

Crustaces  a  capturei  :  ■  mo(je  d’arrangement  en 

A  quels  intervalles  les  1  series  nar  rarmort  aux 
visite-t-on? 


series  par  rapport ; 
marees. 


Les  chaluts  (shrimp-trawl,  schleppnetzen)  ont  une 
poche  de  quelle  dimension?  de  quelle  maille,  de  quelle 
forme? 


— 


35 


36 


37 


38 


A,  C 
D 
C 


A,  B,  C,  D 


A,  B,  C,  D 


39 


40 


41 


A,  B,  c,  d 


—  7  ~ 

L’ouverture  du  chalut 
porte  quelle  armature  : 
ou  d’autres  dispositions 
encore? 


barre  de  bois  avec  etriers 
fixes  en  fer? 

barre  de  bois  avec  etriers 
mobiles  a  chaines,  lestes 
d’un  poids? 

barre  de  fer  cintree,  d’une 
seule  piece? 


Emploi-t-on  aussi 
comme  chalut  : 


I  1’  «  otter  trawl »  ou  «  beamless 
f  trawl »  ? 

la  petite  drague  a  ouverture 
fixe  ? 

une  poche  fixe  de  chalut, 
montee  sur  des  pieux  ver- 
ticaux  et  travaillant  a 
chaque  maree?  (Pfahlha- 
men). 

Quelle  est  la  periode  ou  la  peche  est  pratiquee  surtout  ? 
Les  pecheurs  se  livrent-ils  a  d’autres  peches  dans 
l’intervalle? 


La  peche  est-elle  1’objet 
d’une  preparation  a  l’etat 
frais,  sur  les  bateaux  ou  a 
terre  ? 


enclouage,  distorsion  des 
pattes. 

criblage  des  petits  speci¬ 
mens. 

separation  des  especes 
etrangeres. 

\  cuisson. 


A,  B,  C,  D 


A>  B,  C,  D 


Sur  quels  points  de  vos  cotes  conserve-t-on  des  Crus- 
taces  en  viviers  des  types  suivants  : 

Gaisses  flottantes  a  claire-voie. 

Viviers  en  maconnerie  ne  decouvrant  qu'ii  maree 
basse  et  fermee  en  dessus  par  des  grilles. 

Viviers  majonnes  en  tout  ou  en  partie,  mais  tou- 
jours  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  couverts 
ou  non  en  dessus. 

(Nombre,  importance,  particularites,  dimensions  pour 
chaque  localite). 

Avec  quels  pays,  pour  quelle  1  . 

n  v  J  r  n  I  dune  importation? 


valeur  et  sous  quelle  forme  les 
Crustaces  sont-ils  l’objet  : 


\  d’une  exportation  ? 


A-t-on  observe  sur  vos 
cotes  un  declin  de  l’espece, 
sous  forme  de  j 


1  diminution  de  la  taille 
moyenne? 

diminution  des  captures 
pour  chaque  p£cneur? 

abandon  durable  de  cer- 
taines  localites  ? 

(98) 


—  8  — 


A,  B,  C,  D 


A,  B,  C,  D 


A,  b,  c,  d 


augmentation  du  nombre 
/  lies  pecheurs  et  des  en- 
I  gins? 

.  ,  l  insuffisante  protection 

Ledeclm  reel  ou  apparent  1  jes  femelles  chargees 

de  l’espece  pourrait-il  etre  '  d’ceufs? 

attribue  h  ces  causes  ou  a  i  autres  peches  pratiquees 

d’autres  causes  encore?  /  sur  les  memes  fonds? 

'  oscillation  a  •  longue  pe- 
riode  dans  l’abondance 
\  de  1’espece? 

le  climat  habituel  a  cette 

,  i  i  -  i  .1  saison  ? 

La  saison  de  la  peche  a-t-  l  , 

elle  ete  parfois  avancee  ou  la  mue  ou  a  ponte. 

retardee,  en  meme  temps  que  I  *  apparition  d  une  nourri 

I  ture  recherchee  par 
\  l’espece? 

/  l'eclosion  artificielle  des 
A-t-on  cherche  a  prati-  \  ceufs  murst 
quer,  et  avec  quels  resultats  )  l’elevage  des  larves  aussi 

v  loin  que  possible? 


A,  B 


La  mortalite  des  Crusta- 
ces  conserves  en  viviers  peut- 
elle  etre  attribute  a  quel- 
qu’une  de  ces  causes,  ou  a 
d’autres  causes  ? 


/  a  tel  type  de  vivier  de 
I  preference  ? 

1  a  l'eau  douce  provenant 
|  de  pluies  prolongees? 

(a  l’eau  troublee  par  une 
tempete? 

a  une  infection  micro- 
bienne? 


A,  B,  C, 


D 


La  legislation  de  la  peche 
porte-t-elle  sur  l’un  des 
points  suivants  : 


fixation  d’une  taille  mi¬ 
nima  ? 

1  periode  d’interdiction  de 
'  la  peche? 
j  defense  de  pecher  les  $ 
I  ovees  ? 

defense  de  pecher  les  spe- 
'  cimens  en  mue. 


A,  c,  d 


L’espece  est-elle  utilisee  sous 
forme  de  conserves  ?  ( 

Sous  quelle  forme  et  pour  1 
quelle  valeur?  ] 


dessication,  salage  i 
dans  le  beurre  ? 
en  boites  soudees  ? 


Connaissez-vous  d’autres  especes  comestibles,  mais 
utilisees  seulement  de  fafon  accidentelle,  ou  comma 
curiosite  gastronomique,  ou  sur  un  point  tres  limite  du 
globe  ? 


. 


AVIS 


Le  Bulletin  est  en  depot  chez  Friedliinder,  it,  Carlstrasse. 
Berlin. 


Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  s£par£ment  aux  prix 
suivants  et  franco  : 


88.  —  Analyse  des  echantilloiis  d'eau  de  mer  recueilUs  pendant  la 

Ca’mpagne  du  yacht  Princesse-Alice  en  1906,  (kun  espe- 
ranta  traduko),  par  G.-H.  Allemandet  . . . 

89.  —  Notes  sur  lesgisements  de  Mollusques  comestibles  des  Cotes 

de  France.  —  La  region  d'Auray  (Morbihan)  avec  1  carte, 
par.  L.  Jolbin,  professeur  au  Museum  d’Histoire  naturelle 
de  Paris  et  a  l’lnstitut  Oceanographique . 

90.  —  Description  de  Fextremite  posterieure  du  corps  anormale 

chez  deux  Motella  fusca  Risso,  par  Ic  Dr  M.  Jaquet, 
Conservateur  au  Musee  Oceanographique  (avec  une  plan- 

che  double) . 

9'-  —  Analyse  de  quelqucs  echantillons  de  Pelagosite  recueillis 
dans  le  port  de  Monaco,  (kun  espcranta  traduko),  par 

G.-H.  Allemandet . 

92-  —  Conference  du  1"  decembre  1906.  La  Presqu’ile  de  Qui- 
beron  (avec  quatre  planches),  par  L.  Joubin,  professeur 
au  Museum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  et  a  l’lnstitut 

Oceanographique . 

9^-  —  Quelques  impressions  dun  naturaliste  au  cours  d’une  cara- 
pagne  scientifique  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  (igo5), 
par  E. -L.  Bouvier,  professeur  au  Museum  d'Histoire 

naturelle,  Membre  de  l'lnstitut . 

94-  —  Sur  l'existence  de  la  Myc  dans  la  Meditcrranee,  par  Fred 

Vles,  preparateur  du  'Laboratoire  de  Roscoff . 

9®-  —  Sur  la  huitieme  campagne  de  la  Princesse-Alice  II,  par 

S.  A.  S.  le  Prince  .Albert  I"'  de  Monaco . 

9®-  —  Orchomenella  lobata,  nouvelle  espeee  d’Amphipode  des 

regions  arctiques,  par  Ed.  Chevreux . 

97-  —  Sur  vine  methode  de  prelevcment  de  Feau  de  mer  destinee 
aux  etudes  bacteriologiques,  par  MM.  P.  Portier  et 
J.  Richard . . . . 

98.  —  Questionnaire  rclatifaux  especes  comestibles  de  Crustaces, 
par  H.  Coutiisre . 


Fr. 

0  5o 

2  5o 

1  » 

0  5o 

1  5o 

1  5o 
0  5o 
o  5o~ 
1  » 

1  » 

o  5o 


MONACO.  —  IMPR.  DE  .MONACO, 


N°  99 


Avril  1907 


I  s 


Les  auteurs  sont  pries  de  se  conformer  aux  indications  suivantes  : 

t°  Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congres 
internationaux. 

2°  Supprimer  autant  que  possible  les  abreviations. 

3°  Donner  en  notes  au  bas  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

4°  Ecrire  en  italiques  tout  norm  scientifique  latin. 

5°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  B.)  ou 
a  l’enc're  de  Chine. 

6°  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papiers 
caiques  les  recouvrant. 

7°  Faire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noir  sur 
papier  procede. 

8°  Remplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  le 
texte  en  donnant  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d'un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 

* 

#  # 


Les  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  Ils  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nombre  quelconque  —  faire  la  demande  sur  le 
manuscrit  —  suivant  le  tarif  suivant  : 


Un  quart  de  feuille 
Une  demi-feuille. . . 
Une  feuille  entiere. 


50  ex. 

100  ex. 

150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

4f  » 

5f  20 

6f  80 

8f40 

I0f4° 

17^80 

4  7° 

6  70 

8  80 

r  1  » 

1 3  40 

22  80 

8  ro 

9  80 

i3  80 

16  20 

19  40 

35  80 

II  fact  ajouter  a  ces  prix  celui 


des  planches  quand 


il  y  a  lieu. 


Adresser  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  a  I’adresse  suivante : 
Musee  oceanographique  (Bulletin),  Monaco. 


■ 


••• 


— 


Bulletin  de  l’Institut  Oceanographique 


(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 
N°  99.  —  Avril  1907. 


Note  preliminaire 


Asteries 


et  Ophiures  provenant  des  campagnes 
de  la  «  Princesse-Alice  ». 


Par  R.  KCEHLER 

Professeur  a  la  Faculty  des  Sciences  de  Lyon. 


Parmi  les  Echinodermes  dont  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco 
a  bien  voulu  me  confier  Etude,  se  trouvent  quelques  especes 
nouvelles  d’Asteries  et  d’Ophiures  dont  il  m’a  paru  opportun 
de  publier  les  descriptions,  en  attendant  le  memoire  detaille 
accompagne  de  planches  que  je  prepare  actuellement  et  dans 
lequel  ces  especes  seront  representees. 

Les  especes  nouvelles  d’Asteries  que  je  decris  ci-dessous  sont 
au  nombre  de  onze  et  l’une  d’elles  constitue  le  type  d’un  genre 
nouveau,  le  genre  Magdalenaster. 

En  void  Enumeration  : 

Freyella  recta  Pteraster  reductus 

Styracaster  elongalus  Dy taster  parvulus 

Hyphalaster fortis  Psilasteropsis  humilis 


Magdalenaster  arcticus 
Hymenaster  roseus 


gracilis 


Astrogoninm  eminens 
—  cequabile 


Les  Ophiures  nouvelles  sont  au  nombre  de  quatre.  Ce  sont : 

Ophiacantha  veterna  Ophioplinthaca  occlusa 

Ophiolimna  opercularis  Ophioplus  armatus 

Je  decrirai  en  outre  deux  especes,  Freyella  Edwardsi 
Perrier  et  Astrogonium  lottgobrachiale  (Danielssen  et  Koren), 
qui  sont  insuffisamment  connues  et  dont  je  puis  completer  les 
descriptions  grace  aux  materiaux  recueillis  par  la  Princesse- Alice. 
La  Freyella  Edwardsi ,  etudie'e  par  Perrier,  n’^tait  connue  que 
par  deux  fragments  de  bras  recueillis  par  les  expe'ditions  du 
Travailleur  et  du  Talisman;  la  Princesse-Alice  en  a  drague  un 
exemplaire  complet.  Quant  a  V Astrogonium  lottgobrachiale,  il 
avait  etd  mentionne'  par  Danielssen  et  Koren  comme  une  simple 
variete  de  V Archaster  Parelii;  je  considere  que  cette  Aste'rie 
doit  former  une  espece  nouvelle  bien  independante  et  qui 
d  ailleurs  n’appartient  ni  au  genre  Archaster ,  ni  au  genre  Plu- 
tonaster. 


ASTERIES 


Freyella  recta  nov.  sp. 

Campagne  de  igo5  :  Stn.  21  n,  profondeur  3465™. 

L  n  disque  portant  une  portion  do  bras  et  une  dizaine  de 
bras  detaches. 


Lespece  est  a  huit  bras.  Un  seul  bras  reste  adhe'rent  au 
bisque  et  n  est  conserve'  que  sur  une  longueur  de  37  millimetres. 
Plusieurs  autres  bras,  en  nombre  superieur  a  sept,  se  trouvent 
bans  le  meme  flacon. 

Le  disque  a  un  diametre  de  18  millimetres.  Lesbras  devaient 
etle  ties  longs:  certains  fragments  atteignent  i5  centimetres  et 
ne  sont  pas  complets.  Ces  bras  sont  presque  toujours  droits, 
n°n  recourbds  et  meme  raides  et  ils  devaient  presenter  une  cer- 
taine  rigiditd  chez  l’animal  vivant.  La  re'gion  ge'nitale  est  tres 
appai  ente  et  tres  ddveloppe'e  et  elle  s’etend  sur  une  longueur 
e  ab  millimetres;  elle  est  tres  saillante,  aussi  bien  en  hauteur 
pue  lateralenient  et  atteint  une  largeur  de  8  millimetres,  tandis 
9l>  a  leur  base  les  bras  n’ont  que  5  millimetres  de  large.  Le  passage 
e  la  region  dlargie  au  reste  du  bras  se  fait  assez  brusquement. 

Le  disque  est  peu  epais,  avec  la  face  dorsale  it  peu  pres  plane. 
ette  ^ace  est  couverte  d’un  tegument  dans  lequel  on  distingue 

•eilement  les  contours  de  petites  plaques  irregulierement 
P°Lgonales.  Chaque  plaque  porte  de  un  a  trois  piquants,  courts, 
^Sez  epais,  terminds  par  une  extre'mite  arrondie  et  rugueuse ; 
dna  *e  milieudu  disque,  la  longueur  de  ces  piquants  est  a  peine 
uPeiieure  a  leur  largeur;  vers  les  bords,  ils  s’allongent  davan- 
ldge-  Les  rugosites  de  leur  sommet  forment  parfois  de  tres  petites 
spinules  pointues.  L’anus,  subcentral,  est  petit  et  difficile  a  voir  : 

6St  cac^e  par  quelques  piquants  un  peu  plus  grands  que  les 
v°isins  et  qui  sont  rabattus  sur  lui. 


(99) 


La  plaque  madre'porique  est  petite,  saillante,  situe'e  tres  pres 
du  bord  du  disque;  elle  offre  quelques  sillons  contournds.  Elle 
porte,  sur  son  bord  proximal,  quelques  piquants  un  peu  plus 
longs  que  Ies  piquants  voisins,  tandis  que  son  bord  est  se'pare 
du  disque  par  un  sillon  lisse. 

Entre  les  piquants  de  la  face  dorsale  du  disque  je  ne  distin¬ 
gue  pas  de  pe'dicellaires. 

En  arrivant  sur  la  face  dorsale  des  bras,  les  plaques  devien- 
nent  plus  grandes  et  forment  une  mosaique  de  plaques  polvgo- 
nales  et  inegales.  Elies  portent  un  nombre,  qui  varie  suivant 
leur  taille,  de  un  a  quatre  ou  cinq  par  plaques,  de  petits  piquants, 
courts,  fins,  coniques  et  pointus  qui  s’inserent  sur  le  milieu  de 
la  plaque.  Ces  piquants  sont  plus  nombreux  sur  les  plaques  des 
faces  laterales  que  sur  la  face  dorsale  du  bras. 

Les  plaques  laterales  se  continuent  jusqu’aux  adambula- 
craires  et  a  partir  de  la  cinquieme  ou  de  la  sixieme  piece  adam- 
bulacraire,  on  voit  une  petite  plaque  arrondie  s’appliquer  sur  le 
bord  superieur  de  chaque  piece,  vers  son  angle  distal,  et  se 
souder  a  elle  :  ceci  ne  se  produit  ge'neralement  que  de  deux  en 
deux  pieces  adambulacraires.  Chaque  plaque  ainsi  soudee  porte 
un  piquant  qui  est  d’abord  court  et  qui  s’allonge  peu  a  peu  mais 
qui  n’atteint  la  longueur  du  piquant  adambulacraire  ventral  qu’a 
la  fin  ou  au-dela  de  la  region  gdnitale. 

Cette  disposition  rappelle  celle  que  Perrier  a  indiquee  chez  la 
F.  spinosa  et  chacune  de  ces  plaques  soudees  aux  adambula¬ 
craires  repond  bien  aux  initiales  des  arceaux  qui  fonnent  tout 
le  squelette  du  bras  chez  les  Brisinga  et  qui  se  montrent  assez 
nettement  indiques  chez  la  F.  Edwavdsi. 

Or,  chez  la  F.  recta  on  retrouve  encore  une  indication  de  ces 
arceaux,  mais  moins  nette  que  chez  la  F.  Edivardsi  et  elle  ne  se 
montre  que  dans  le  dernier  tiers  de  la  rdgion  ge'nitale.  En  effet 
les  plaques  qui,  dans  cette  partie,  portent  des  initiales,  offrent 
une  orientation  transversale  figurant  des  commencements  d’ar- 
ceaux  qui  renferment  chacun  trois  ou  quatre  plaques  sur  les 
faces  laterales  des  bras.  Entre  ces  arceaux  rudimentaires,  on 
observe  generalement  trois  sdries  de  plaques  disposees  moins 
regulierement  en  rangees  transversales. 


—  5  — 


A  Pextremite  de  la  region  gdnitale,  les  plaques  disparaissent 
progressivement,  d’abord  sur  les  faces  latdrales  des  bras  puis 
surla  face  dorsale.  Bien  que  cette  disparition  ne  soit  pas  brusque, 
la  region  genitale  reste  assez  nettement  limitee  et  se  distingue 
bien  du  reste  du  bras.  Lorsque  les  plaques  ont  disparu,  le  tegu¬ 
ment  se  montre  lisse  et  il  s’applique  directement  sur  les  plaques 
ambulacraires.  On  voit  alors  apparaitre  les  pedicellaires  qu’on 
ne  distinguait  pas  jusqu’alors  et  qui  ne  tardent  pas  a  se  disposer 

par  petits  groupes  au  niveau  des  articulations  des  plaques  ambu- 
craires. 


Les  plaques  adambulacraires  sont  excave'es  sur  leur  bord 
interne  par  le  tube  ambulacraire  correspondant  et  leur  angle 
distal  et  interne  se  prolonge  en  une  tres  courte  apophyse  placee 
entre  les  tubes  successifs.  II  n’y  a  pas  la  moindre  indication  de 
piquant  dans  le  sillon,  caractere  que  la  F.  recta  partage  avec  la 
Edwardsi.  Chaque  plaque  adambulacraire  porte,  vers  le 
milieu  de  sa  face  ventrale,  un  grand  piquant  dont  la  longueur 
atteint  rapidement  cclle  de  trois  articles  environ  et  qui  est  dirige 
obliquement  en  dehors;  ces  piquants  sont  enveloppe's  sur  les 
trois  quarts  de  leur  longueur  par  une  gaine  tegumentaire 
bourre'e  de  pedicellaires,  ne  laissant  a  decouvert  que  l’extremite 
miminee  en  pointe  du  piquant.  Les  quatre  ou  cinq  premiers 
Piquants  de  chaque  bras  sont  un  peu  plus  courts  que  les  autres; 
de  plus  ils  sont  ldgerement  dlargis  et  renfle's  a  l’extremitd;  cette 
fonne  disparait  rapidement  et  les  piquants  deviennent  pointus. 
L  se  continuent  jusqu’a  l’extre'mite  des  bras. 

L  en  est  de  meme  des  piquants  lateraux  que  nous  avons 
°bsei  ves  dans  la  rdgion  genitale  et  qui  sont  portes  par  les  initiales 
arceaux,  de  deux  en  deux  articles.  Ces  piquants  se  continuent 
SUI  toute  la  longueur  des  bras,  toujours  de  deux  en  deux  articles, 
a'ec  cluelques  irregularitds  peu  importantes,  mais  les  initiales 
nc  iestent  plus  distinctes  au  dela  de  la  region  gdnitale  et  les 
Piquants  partent  directement  des  plaques  adambulacraires. 
Chaque  dent  porte  sur  son  bord  oral  deux  piquants  diriges 
iquenient,  l’un  tres  petit  et  a  peu  pres  lisse,  Pautre  plus  grand 
plus  large,  couvert  d’une  gaine  de  pe'dicellaires.  Sur  le  milieu 
C  Sa  ^ace  ventrale,  la  dent  porte  en  - outre  un  grand  piquant, 


(99) 


plus  long  que  les  precedents,  enveloppe  d'une  gaine  te'gumen- 
taire  et  qui  recouvre,  en  les  cachant  plus  ou  moins,  les  deux 
piquants  oraux.  Ce  piquant  est  identiqueaux  piquants  ventraux 
des  plaques  adambulacraires. 

Rapports  et  differences.  —  La  F.  recta  est  assez  voisine 
de  la  F.  spinosa  Perrier  :  elle  s'en  distingue  d’abord  par  le 
nombre  des  bras,  par  la  forme  dc  la  region  ge:nitale  qui  est  plus 
renflee  et  plus  courte,  par  les  piquants  dc  la  face  dorsale  du 
disque  et  de  la  re'gion  genitale  des  bras  qui  sont  plus  fins,  par 
l’absence  complete  de  piquant  ambulacraire  dans  le  sillon,  et 
par  une  disposition  differente  des  piquants  dentaires. 

Parmi  les  Freyella  dont  les  bras  sont  en  nombre  voisin  du 
chiffre  huit,  on  pourrait  rapprocher  la  F .  recta  de  la  F.  heroine 
Sladen  qui  a  neuf  bras;  mais  cette  derniere  espece  a  la  region 
genitale  des  bras  tres  courte  et  ovoide,  les  piquants  de  la  face 
dorsale  du  disque  et  de  la  region  genitale  plus  forts  et  plus 
nombreux  et  une  disposition  tres  differente  des  piquants  arnbu- 
lacraires. 


FREYELLA  EDWARDSI,  Perrier 

Campagne  de  1901  :  Stn.  1123,  profondeur  1786"’.  Un  e'chan- 
tillon. 

L  exemplaire  est  a  peu  pres  complet.  Les  bras  sont  au  nom¬ 
bre  de  douze  dont  sept  sont  adherents  au  disque,  quatre  autres 
detaches  se  trouvent  dans  le  bocal. 

11  est  hors  de  doute  pour  moi  que  cette  Freyella  appartient 
a  1  espece  de'couverte  par  le  Talisman  qui  n’a  recueilli  que  deux 
fragments  de  bras  decrits  par  Perrier  sous  le  nom  de  F.  Ed- 
wardsi.  J’ai  examine  ces  deux  fragments,  qui  m'ont  ete  fort 
aimablement  communiques  par  M.  le  professeur  Joubin  et  j  ai 
pu  m  assurer  qu’ils  sont  parfaitement  identiques  aux  regions 
cotrespondantes  de  l’individu  drague'  par  la  Princesse- Alice.  Les 
deux  fragments  du  Talisman  proviennent  d'un  exemplaire  plus 


petit,  car  la  region  elargie  des  bras  n’a  pas  plus  de  4  millimetres 
de  largeur  tandis  qu’elle  atteint  8  millimetres  dans  l’echantillon 
de  la  Princesse- Alice. 

La  de'couverte  d'un  exemplaire  a  peu  pres  entier  de  la 
/•.  Edwardsi  est  done  tres  interessante  et  me  permettra  de  com¬ 
pleter  l’excellente  description  de  Perrier,  limitee  forcement  a 
une  region  restreinte  de  l'animal,  mats  dont  l’examen  a  cepen- 
dant  sulli  a  ce  savant  pour  montrer  les  caracteres  particuliers 
de  cette  espece. 


Aucun  bras  nest  complet;  tous  sont  casses  a  six  ou  huit 
centimetres  de  leur  base  et  les  fragments  qui  accompagnent 
lechantillon  sont  trop  petits  pour  qu’on  puisse  se  faire  une  idee 
exacte  de  leur  longueur  totale;  je  ne  crois  pas  cependant  qu’elle 
devait  s  eloigner  beaucoup  de  i5  ou  20  centimetres. 

Le  disque  a  un  diametre  de  22  millimetres.  Les  bras,  qui 
mesurent  de  5  a  6  millimetres  environ  a  leur  insertion  sur  le 
disque,  s’e'largissent  quatre  ou  cinq  millimetres  plus  loin,  et 
selevent  rapidement  en  une  dilatation  ovoide  qui  atteint  une 
Lrgeur  de  7,5  a  8  millimetres  sur  une  longueur  de  i5  a  18  mil¬ 
limetres,  puis  ils  se  retrecissent  progressivement  jusqu’a  mesurer 
4  millimetres  de  largeur  environ,  chiffre  qui  represente  la  lar- 
geiir  du  bras  au  dela  de  la  re'gion  ge'nitale.  La  longueur  de 
celle-ci  varie  de  25  a  40  millimetres. 

La  face  dorsale  du  disque  est  couverte  de  plaques  tres 


petites,  polygonales,  dont  les  contours  ne  sont  pas  tres  distincts 
it  qui  portent  de  petits  piquants  fins,  tres  courts,  obtus  a  1’ex- 
tiennte  et  tres  serres.  Dans  la  region  centrale  du  disque,  ces 
Ptquants  paraissent  n’etre  que  de  fins  granules  allonge's,  et  ils 
sont  asssez  rapproche's  les  uns  des  autres  pour  donner,  .aux 
plaques  qui  les  portent,  l’apparence  de  paxilles.  A  la  pe'ripherie 
du  disque  et  dans  chaque  angle  interbrachial,  on  remarque  une 
gtande  piece  interradiale,  situee  presque  tout  entiere  sur  les 
aces  late'rales  du  disque  et  occupant  une  grande  partie  de  l’in- 
tervalle  entre  deux  bras  successifs.  Cette  piece  est  absolument 
mte  et  sa  surface  est  brillante.  Elle  olfre  un  peu  plus,  d’un  mil- 
•metie  de  largeur  sur  pres  de  3  millimetres  de  longueur;  elle 


(99) 


—  8  — 


est  un  peu  plus  large  vers  son  extremite  dorsale  que  vers  l’extre- 
mite'  ventrale,  et  el le  prdsente  le  long  de  sa  ligne  mddiane  une 
degression  plus  ou  moins  accusde. 

Cette  plaque  est  evidemment  comparable,  sinon  homologue, 
a  la  plaque  interradiale  que  Perrier  a  signale'e  chez  la  Freyella 
sexradiata  et  a  celle  que  Ludwig  indique  chez  la  Belgicella 
Racovit\ana  :  dans  ces  deux  especes,  cette  plaque  est  placee 
entre  les  bras  sur  les  faces  laterales  du  disque.  J’observe  une 
disposition  analogue  dans  une  Freyella  antarctique  nouvelle, 
qui  fait  partie  d’une  collection  recueillie  par  la  Scotia  aux  Or- 
cades  du  Sud  et  dont  l’etude  m’a  etc  confine.  Enfin  une  plaque 
analogue  existe  dans  le  genre  Colpasler  mais  elle  est  situe'e  sur 
la  face  ventrale  et  Sladen  s’est  precisement  servi  de  la  presence 
de  cette  plaque  pour  caracteriser  ce  genre  (i). 

La  plaque  madreporique  est  petite  et  son  diametre  ne  depasse 
pas  2  millimetres;  neanmoins,  elle  est  bien  apparente  et  sail- 
lante;  les  sillons  sont  tres  peu  marque's  mais  serre's,  les  piquants 
qui  l’entourent  sont  un  peu  plus  grands  que  les  voisins.  La 
plaque  madre'porique  n’est  pas  marginale  et  elle  se  trouve  situe'e 
a  deux  millimetres  environ  en  dedans  de  la  plaque  interradiale 
que  j’ai  signalee  plus  haut. 

L’anus  est  distinct,  subcentral,  entoure  de  quelques  plaques 
tres  petites  et  nues.  Je  ne  distingue  pas  de  pe'dicellaires  au 
milieu  des  piquants  du  disque. 

La  face  dorsale  des  bras  offre,  dans  la  re'gion  elargie,  des 
plaques  analogues  a  celles  de  la  face  dorsale  du  disque  avec 
lesquelles  elles  se  continuent  :  dies  prdsentent  cependant  cer¬ 
tains  caracteres  particulars.  Des  qu'elles  passent  aux  bras,  les 
plaques  deviennent  en  effet  plus  grandes  et  leurs  contours  sont 
plus  distincts ;  elles  sont  pentagonales  avec  les  angles  arrondis 


(i)  Je  me  propose  de  revenir  ulterieurement  sur  la  nature  de  ces  plaques 
interradiales  et  de  discuter  l’opportunite  ou  la  validite  des  genres  crees  ou 
a  creer  suivant  leurs  caracteres  ou  leur  situation.  J’ai  pu  etudier  compara- 
tivement  ces  formations,  non  seulement  chez  la  Freyella  Edtvardsi  et  chez 
la  Freyella  antarctique  nouvelle  signalee  plus  haut,  mais  aussi  chez  la 
Fi  eyelid  sexradiata  qui  se  trouve  dans  les  collections  de  la  Princesse- Alice 
et  chez  la  Belgicella  Racovityma  que  la  Scotia  a  retrouvee. 


—  9  — 


et  assez  ine'gales;  elles  atteignent  et  depassent  un  millimetre 
de  largeur.  Les  piquants  qu’elles  portent  deviennent  aussi  plus 
forts  et  plus  longs,  et  moins  nombreux  egalement.  Les  piquants 
sont  d’ailleurs  tres  indgalement  repartis  sur  les  plaques  :  les  unes 
enontdeuxou  trois,  d’autres  huit  ou  dix;  en  general,  ils  for¬ 
went  de  petites  range'es  transversales  vers  le  milieu  de  la  plaque. 
Entre  les  piquants,  se  montrcnt  quelques  pedicellaires  croises. 
Les  plaques  sont  d’abord  disposers  en  une  mosaique  irre'guliere, 
aussi  bien  sur  la  face  laterale  que  sur  la  face  dorsale  des  bras; 
maisvers  le  septieme  ou  le  huitieme  article,  c’est-a-dire  vers  le 
milieu  de  la  region  genitale,  les  plaques  manifestent  une  ten¬ 
dance  tres  nette  a  former  des  arceaux  successifs.  Ceux-ci  appa¬ 
rent  d'abord  sur  les  faces  laterales  des  bras  oil  les  plaques 
sallongent  transversalemcnt  en  se  disposant  parallelement  les 
unes  aux  autres,  tandis  qu’elles  conservent  leur  forme  polygo- 
nale  et  leur  arrangement  irregulier  sur  la  face  dorsale.  Les  deux 
ou  trois  premiers  arceaux  ainsi  differencies  atteignent  les  pja- 
ques  adambulacraires  ;  mais  au-dela  du  dixieme  article,  il  n’y  a 
plus  qu’une  plaque  adambulacraire  sur  deux  atteintes  par  les 
arceaux;  en  meme  temps,  ceux-ci  se  diffe'rencient  de  plus  en 
plus  et  sont  separds  par  des  espaces  oil  les  plaques  sont  plus 
petites  ou  meme  font  completement  defaut,  ce  qui  fait  que  le 
tegument  reste  a  nu.  Ainsi  se  dessinent,  ainsi  que  Fa  indique 
Perrier,  des  arceaux  principaux  qui  atteignent  les  plaques  adam¬ 
bulacraires  auxquelles  se  soudent  leurs  initiales,  et  des  arceaux 
secondaires  qui  ne  les  atteignent  pas  tout  a  fait  et  en  sont 
separes  par  une  partie  molle.  Les  arceaux,  qui  n’etaient  d’abord 
bien  distincts  que  sur  les  faces  laterales  du  bras,  s’anastomosent 
SU1  i;i  ligne  mediane  vers  le  dix-huitieme  article,  et  entre  eux  on 
n  observe  plus  que  quelques  petites  plaques  irregulieres. 

Au-dela  de  la  partie  renflee,  les  arceaux  secondaires  dispa- 
1  aissent  de'finitivement  et  il  ne  reste  plus  que  les  arceaux  prin- 
C1pauxsur  une  longueur  de  trois  a  quatre  centimetres,  ettoujours 
be  deux  en  deux  articles  :  du  moins  c’est  ce  qu’on  observe 
generalement,  car  il  y  a  parfois  des  irregularites  et  Ton  peut 
'ou  beux  arceaux  sur  deux  articles  successifs.  Finalement,  les 
a|ceaux  se  re’duisent  it  leur  plaque  initiale  ainsi  que  l’a  explique' 

(99) 


-  10 


Pei  rier,  et  leur  region  me'diane  disparait  completement;  les  bras 
offrent  alors  un  tegument  lissc,  directement  applique  sur  les 
plaques  ambulacraires  et  offrant  de  nombreux  pedicellaires 
serre's.  La  plaque  initiale  se  continue  sur  toute  la  longueur  du 

bias,  tou jours  soude'e  a  unc  plaque  adambulacraire  de  deux 
en  deux. 

^  eI  S  dixieme  article,  cettc  initiale  avait  commence  a  offrir 
un  piquant,  d  abord  petit  et  court,  mais  devenant  rapidement 
plus  fort  et  atteignant  la  longueur  du  piquant  adambulacraire 
ventral.  Ces  piquants  sont  dirige's  obliquement  en  dehors;  ils  se 
continuent  sut  toute  la  longueur  du  bras,  toujours  de  deux  en 
deux  ai  tides,  avec  quelques  irre'gularites  dependant  elles-memes 
de  la  position  des  initiales,  et  qui  font  quc  parfois  deux  piquants 
se  montrent  sur  deux  articles  successifs,  tantot  des  deux  cotes, 
tantot  d  un  seul,  et  dans  ce  dernier  cas  il  se  produit  une  alter- 
nance  de  ces  piquants  qui  cesse  d’ailleurs  au  bout  de  quelques 
articles.  Us  offrent  toujours  une  gaine  tdgumentaire  tres  deve- 
ioppee  et  couverte  de  pedicellaires  croisds. 

Chaque  plaque  adambulacraire  porte  sur  sa  face  ventrale  un 
piquant  qui,  au  commencement  du  bras  est  court,  epais  et 
tiapu,  sa  longueur  ne  depasse  pas  en  effet  4  millimetres;  il 
s  articule  pai  une  tete  tres  renflde  et  s’elargit  de  nouveau  a  son 
extre'mite'  en  un  renflement  qui  prdsente  des  stries  formant  des 
lobes  plus  ou  moins  marques,  comme  l’a  ddja  indique  Perrier; 
le  sommet  de  ces  piquants  est  tronque.  La  forme  de  ces  piquants 
rappelle  ainsi  celle  d  un  biscuit.  Mais  ils  ne  tardent  pas  a  s’amincir 
etas  allonger  (vers  Ie  douzieme  ou  le  quinzieme  article)  et  leurs 
extremites  deviennent  pointues;  ils  mesurent  alors  5  millimetres 
de  longueur .  Ils  se  continuent  sur  toute  la  longueur  des  bras  etse 
montient  toujours  sur  tous  les  articles  successifs.  Ils  offrent  une 
^aine  tegumentaire  tres  de'vcloppee  et  bourree  de  pedicellaires. 

Il  n  j  a  pas  trace  de  piquants  dans  le  sillon.  Les  tubes  am- 
u  acraires  sont  simplement  separe's  les  uns  des  autres  par  une 
apophj  se  oblieque  et  le'gerement  recourbe'e  de  Tangle  interne  et 
distal  de  la  plaque  adambulacraire. 

Aux  piquants  ventraux  des  plaques  adambulacraires  s’ajou- 
nT  a  pai  tii  du  cinquieme  article,  les  piquants  Iateraux  que 


—  ii  — 

portent  les  initiales  darceaux  et  que  jai  signales  plus  haut.  Ces 
piquants  sont  d’abord  courts  ct  fins,  toujours  pointus,  et  leur 
longueur  augmente  progressivement,  de  telle  sorte  qu'avant  la 
fin  de  la  region  genitale,  ils  off'rent  la  meme  longueur  que  les 
piquants  ventraux  et  arrivent  meme  a  les  depasser. 

Chaque  dent  porte,  sur  son  bord  oral,  deux  petits  piquants 
courts,  cvlindriques  et  termines  en  pointe  obtuse ;  l’interne  est 
tres  court  et  dirige  vers  la  bouche,  l'externe  est  un  peu  plus  long 
et  dirige  obliquement  cn  dehors.  Sur  sa  face  ventrale,  chaque 
dent  porte  en  outre  un  grand  piquant  analogue  aux  piquants 
portes  par  les  plaques  adambulacraires,  mais  pointu.  Ces 
piquants  sont  entoures,  coniine  d’habitude,  d’une  game  avec 
pedicellaires. 


Styracaster  elongatus,  nov.  sp. 

Campagne  de  1902  :  Stn.  i3o6,  profondeur  427 5m.  Un  seul 
echantillon. 

Je  rattache  egalement  au  Styracaster  elongatus  un  fragment 
de  bras  provenant  de  la  Stn.  753. 

L  etat  de  conservation  de  cet  individu  unique  laisse  malheu- 
leusement  a  desirer ;  lc  disque  e'tait  replie  sur  lui-meme  et  une 
partte  de  la  face  dorsale  manque;  tout  I’animal  parait  avoir  ete 
compnme,  le  disque  et  les  bras  sont  aplatis  et  les  bras  notam- 
fflent  sont  tres  deformes  a  leur  base,  leur  carene  dorsale  etant 
ellace'e  et  leur  longueur  augmentee.  Deux  bras  sont  cassbs  mais 
les  morceaux  sont  conserve's;  les  trois  autres  sont  en  place  mais 
*ls  ne  sont  poas  tout  a  fait  indemnes  et  les  piquants  dorsaux  sont 
en  grande  partie  casst;s  ou  detache's. 

Le  disque  est  grand  et  a  environ  35  millimetres  de  diametre, 
les  brasont  au  moins  10  centimetres  de  longueur.  Les  bras  vont 
en  s  anuncissant  graduellement;  ils  sont  prismatiques  avec  une 
carene  dorsale  tres  developpde  et  la  face  ventrale  plane;  ils  sont 
un  Peu  plus  hauts  que  larges  et  leur  coupe  a  la  forme  d’un 
triangle  isocele. 


(99) 


I  2  — 


Le  disque  est  pentagonal,  avec  les  cotes  a  peu  pres  droits  ou 
un  peu  concaves,  et  il  se  continue  par  ses  angles  avec  les  bras. 
La  face  dorsale,  qui  parait  plane,  olfre  une  eminence  dpiproctale 
conique,  large  et  courte,  excentrique;  elle  est  couverte  de 
paxilles  tres  petites  et  pohgonalcs.  La  plaque  madre'porique  se 
tiomait  precise'ment  sur  un  point  oil  le  disque  est  plisse  et 
deteriore  et  je  nc  puis  en  indiquer  les  caracteres. 

La  face  ventrale  du  disque  olfre,  en  dehors  de  1’odontophore, 
une  serie  de  plaques  rectangulaires  elargies  transversalement, 
detenant  plus  etroites  vers  les  plaques  marginales  et  disposees 
en  files  tadiaires.  Les  deux  range'es  qui  se  touchent  le  longde  la 
ligne  interradiale  renferment  ordinairement  neuf  plaques  cha- 
cune,  la  rangde  suivante  en  renferme  a  peu  pres  autant.  La 
piemieie  plaque  de  chacune  de  ces  sdries  est  plus  grande  que 
les  plaques  suivantes ;  ces  quatre  plaques  paraissent  ainsi  former 
un  systeme  different  des  autres.  Dans  les  autres  files  radiaires 
qui  font  suite  aux  deux  premieres,  le  nombre  des  plaques 
diminue  tapidement.  Ces  plaques  sont  depourvues  de  granules. 

Les  pdaques  marginales  dorsales  et  ventrales  se  correspondent 
exactement  sur  les  cotes  du  disque;  chacun  de  ces  cotes  com- 
prend  huit  plaques  et  les  deux  externes  fonnent  la  base  des  bras. 
Ces  plaques,  aussi  bien  les  dorsales  que  les  ventrales,  sont  rec- 
tan^ulaii  es,  un  peu  plus  hautes  que  larges  et  sdpare'es  par  les 
otganes  cribriformes  qui  sont  au  nombre  de  sept  :  les  trois 
mot  ens  ont  a  peu  pres  la  meme  largeur  et  les  autres  sont  un 
p  eu  plus  etroits,  tous  sont  a  peu  pres  aussi  larges  que  les  parties 
lisses  des  plaques  qui  les  separent.  Chaque  organe  presente  la 
stiucture  ordinaiie,  c  est-a-dire  qu’il  est  forme  de  petites  ecailles 
isposees  en  files  obliques  avec  un  rang  d'e'cailles  marginales 
plus  grandes. 

\u  la  longueur  des  bras,  le  nombre  des  plaques  marginales 
qui  s  e'tendent  le  long  de  chaque  bras  est  tres  eleve  :  il  y  en  a 
une  tientaine.  Les  marginales  dorsales  sont  gene'ralement  un 
f  u  plus  longues  que  les  ventrales  et  elles  les  depassent  d’une 
ongueui  variable,  parfois  meme  elles  alternent  avec  elles,  mais 
ne  maniere  iireguliere  et  la  concordance  se  retablit  apres 
ou  tiois  at  tides.  Les  plaques  sont  rectangulaires,  un  peu 


—  i3  — 


plus  longues  que  hautes,  les  dorsales  un  peu  plus  hautes  que  les 
ventrales.  Les  plaques  dorsales  sc  re'unissent  le  long  de  la  ligne 
mediane  suivant  un  angle  diedre  aigu,  qui  constitue  une  carene 
tres  saillante  portant  des  piquants  tres  forts  et  tres  developpes. 
Ces  piquants  sont  coniques,  pointus,  un  peu  aplatis  transversa- 
lement,  tres  larges  a  la  base,  ldgerement  incurves  et  la  pointe 
dirigee  vers  l’extrdmitd  du  bras;  leur  longueur  de'passe  7  milli¬ 
metres  a  la  base  du  bras,  puis  elle  diminue  progressivement. 
Generalement  ces  piquants  se  montrent  de  deux  en  deux  arti¬ 
cles,  mais  cet  ordre  n’est  pas  rigoureusement  constant  :  ainsi, 
alabased’un  bras  je  trouve  un  piquant  sur  deux  articles  suc¬ 
cesses,  tandis  qu’en  d'autres  points,  les  piquants  sont  separes 
par  deux  ou  me  me  par  trois  articles  inermes.  II  n’y  a  qu’une 
dizaine  de  piquants  par  bras  car  ils  cessent  de  se  montrer  a  deux 
ou  trois  centimetres  de  l’extre'mite. 

La  plaque  apicale,  assez  saillante,  offre  a  son  extremite  trois 
piquants  divergents,  un  superieur  et  median  et  deux  lateraux. 

Les  plaques  adambulacraires,  rectangulaires,  portent,  dans 
le  sillon,  cinq  piquants  coniques  et  pointus,  assez  allongds;  sur 
leur  face  ventrale,  on  trouve  un  ou  deux  petits  piquants  proxi- 
nraux  et  generalement  un  piquant  distal  plus  fort.  Les  sillons 
ambulacraires  sont  tres  larges,  mais  ils  sont  certainement  dbfor- 
mes  par  suite  de  l’aplatissement  accidentel  des  bras. 

Les  dents,  grandes  et  saillantes,  offrent  sur  leur  bord  libre 
une  dizaine  de  piquants  analogues  aux  piquants  ambulacraires; 
le  dernier  piquant  interne  est  beaucoup  plus  fort  que  les  autres. 
Sur  leur  bord  sutural,  les  dents  presentent  deux  ou  trois  petits 
piquants  dcartds  Fun  de  l’autre,  et,  vers  leur  bord  distal,  une 
rangee  de  trois  ou  quatre  piquants  coniques. 

Rapports  et  differences.  —  Le  St.  elongatus  est  voisin  du 
St.  horridus ;  il  s’en  distingue  par  son  ensemble  plus  robuste  et 
plus  fort,  par  les  bras  plus  longs  et  par  les  piquants  dorsaux  des 
bras  beaucoup  moins  nombreux;  les  plaques  adambulacraires 
ne  presentent  pas  de  piquant  proximal  plus  grand ;  les  organes 
cnbriformes  ne  sont  pas  plus  larges  que  les  plaques  marginales 
qui  les  sdparent  et  il  n’y  a  pas  de  granules  sur  la  face  ventrale 
du  disclue-  iaa\ 


—  i4 


Hyphalaster  fortis,  nov.  sp. 

Campagne  de  1901  :  Stn.  1  i5o,  profondeur  3890™.  Deux 
echantillons. 

Campagne  de  1896  :  Stn.  -53,  profondeur  4360™.  Deux 
fragments  de  bras  appartenant  sans  doute  it  1'//.  forlis. 

Les  dimensions  respectives  des  deux  echantillons  de  la  Stn. 

1  i5o  sont  les  suivantes  :  R  =  60  et  04  millimetres;  r=  20  et 
18  millimetres. 

Le  disque  est  epais,  pentagonal,  avec  les  cotes  excave's;  les 
deux  faces  sont  planes.  Les  bras,  qui  se  continuent  insensible- 
ment  par  leur  base  avec  les  angles  du  disque,  sont  allonges, 
cylindriques,  avec  une  legere  indication  de  carene  le  long  de  la 
ligne  mediane  dorsale. 

La  face  dorsale  du  disque  est  uniformement  couverte  de 
paxilles  serrees,  dont  chacune  comprend  une  dizaine  de  granules 
centraux  entourees  d’un  cercle  de  granules  peripheriques;  ces 
paxilles  sont  plus  petites  dans  la  region  centrale  du  disque,  et 
disposees  sans  ordre;  elles  sont  polygonales  par  suite  de  leur 
pression  reciproque.  La  region  centrale  du  disque  s’dleve  en  une 
eminence  epiproctale  conique,  bien  distincte  sur  le  petit  exem- 
plaire  mais  dont  le  grand  n’offre  pas  de  trace.  La  plaque  madre- 
porique  est  assez  grande,  elargie  transversalement  et  compara- 
tivement  plus  grande  dans  le  grand  exemplaire,  ou  el  le  mesure 
X4  millimetres,  que  dans  le  petit  ou  elle  ne  depasse  pas 
4X3  millimetres;  elle  olfre  des  sillons  divergents  a  partir  de 
son  bord  proximal.  Elle  est  separe'e  des  plaques  marginales  par 
tiois  a  quatre  rangs  de  paxilles  dans  le  grand  exemplaire  et  deux 
dans  le  petit. 

La  face  ventrale  du  disque  est  couverte  de  plaques  minces, 
polygonales,  a  cotes  arrondis,  et  allonges  parallelement  au  bord 
du  disque.  Ces  plaques  portent  des  granules,  plus  rares  et  plus 
petits  dans  la  moitie  proximale  des  aires  ventrales,  plus  nom- 
bieux,  plus  gros  et  plus  serre's  dans  la  partie  distale.  Elles  son 


disposees  en  bandes  radiaires  bien  distinctes  :  la  rangee  la  plus 
voisine  de  l’interradius  renferme  dc  dix  a  douze  plaques  et  le 
norabre  diminue  progressivement  dans  les  autres. 

Les  plaques  marginales  dorsales  correspondent  aux  ventrales. 
Ilyen  a  dix-neuf  de  chaque  cote'.  Celles  qui  bordent  le  disque 
sont  verticales  et  planes,  presque  deux  fois  plus  hautes  que 
longues;  sur  les  bras,  elles  sont  convexes  et  un  peu  plus  hautes 
que  longues.  Dans  le  grand  exemplaire,  les  cinq  premieres  sont 
situees  sur  le  bord  du  disque  et  la  cinquieme  est  separee  dc  sa 
congenere,  sur  toute  sa  longueur,  par  un  espace  triangulaire 
etroit  occupe'  par  des  paxilles,  tandis  que  dans  le  petit  exem- 
plaire,  les  quatre  premieres  plaques  seules  bordent  le  disque  et 
la  cinquieme  est  contigue  a  sa  congdnere. 

Les  plaques  suivantes  sont  contigues  a  leurs  congeneres  sur 
la  ligne  me'diane  dorsale  des  bras,  mais  leurs  separations  trans- 
'eisales  ne  se  correspondent  pas  toujours  exactement.  La 
deiniere  plaque  est  petite,  triangulaire,  limitee  au  cote  du  bras 
ot  largement  separee  de  sa  conge'nere  par  la  plaque  apicale. 
Celle-ci  est  assez  grande  et  sa  longueur  est  au  moins  egale  ou 
meme  un  peu  superieure  a  celle  de  l’avant  derniere  et  de  l’ante'- 
penultieme  plaques  reunies ;  elle  est  saillante,  fortement  convexe 

dessus  et  porte  au  moins  trois,  et  peut-btre  cinq  piquants 
qui  ne  sont  point  conserves  mais  dont  on  reconnait  la  trace  des 

insertions. 


Les  plaques  marginales  ventrales  correspondent,  ainsi  qu’il 
J  ete  dit,  aux  dorsales  ;  mais  au-dela  de  la  derniere  dorsale,  on 
"^laique  une  petite  marginale  ventrale.  Sur  les  cote's  du  disque, 
6  es  sont  plus  hautes  que  longues,  tandis  que  sur  les  bras,  elles 
s°nt  un  peu  plus  longues  que  hautes. 

Les  organes  cribriformes  sont  au  nombre  de  neuf  dans 
aquearc  interradial.  Les  deux  externes  sont  etroits,  et  les  sept 
3Utres  sonl  a  peu  prbs  e'galement  developpds  :  ils  sont  grands  et 
Lln  peu  plus  larges  que  les  parties  lisses  des  plaques  qui  les  sepa- 
lent-  Chacun  d'eux  comprend  une  vingtaine  de  rangees  de 
1  apdles  lintitdes  de  chaque  cote  par  une  bordure  dc  tres  petites 
1  es  calcaires.  Les  deux  organes  extremes  n’offrent  qu’une 
,Zaine  rangees  dans  le  plus  grand  exemplaire  et  sont  encore 
P  Us  rdduits  dans  le  petit.  (gg) 


Les  plaques  adambulacraires  sont  rectangulaires.  Elies  por¬ 
tent,  sur  leur  bord  interne,  quatre  grands  piquants  dirigds  vers 
le  sillon,  allonges,  coniques,  a  pointe  obtuse  et  legerement 
retrecis  a  leur  base.  Vers  le  bord  externe,  elles  offrent  une 
rangde  de  trois  ou  quatre  petits  piquants  coniques  qui  ne  sont 
pas  tres  constants. 

Les  dents  sont  grandes,  tres  saillantes:  les  bords  suturaux 
sont  tres  relevds  et  lintitent  une  large  fossette  ligamentaire :  ils 
portent  une  rangee  de  trois  petits  piquants  coniques.  Sur  leur 
bord  libre,  les  dents  offrent  de  chaque  cote  une  dizaine  de 
piquants  qui  continuent  les  piquants  ambulacraires;  ils  sont 
assez  allonges  et  coniques  et  le  dernier  est  notablement  plus 
fort  que  les  autres. 

L’odentophore  est  petit,  rnais  assez  apparent  et  triangulaire. 

Rapports  et  differences.  —  L 'H.  fortis  rappelle,  par  son 
facies,  le  Thoracaster  cylindratus  represent^  par  Sladen,  mais 
il  ne  peut  rentrer  dans  ce  genre  caracterise  par  I’absence  de 
plaque  apicale  et  par  des  organes  cribriformes  nontbreux  et  c’est 
bien  un  Hyphalaster.  Parmi  les  esp&ces  de'crites,  c’est  avec 
1  H.  Parfaiti  qu’il  offre  le  plus  d’alfinitds,  mais  il  s’en  distingue, 
comme  des  autres  especes  d’ailleurs,  par  ses  bras  plus  larges  et 
plus  forts,  et  sa  forme  generale  plus  robuste. 

Hyphalaster  gracilis,  nov.  sp. 

Campagne  de  1904  :  Stn.  1787,  profondeur  541 3m.  Trois 
e'chantillons. 

Les  dimensions  respectives  des  trois  exemplaires  sont  les 
suivantes  : 

R  =  36  33  3a  millimetres. 

r  —  17  1 5  14  — 

Le  disque  est  gros  et  epais,  d’une  consistance  molle;  son  con¬ 
tour  est  regulierement  pentagonal,  avec  les  cotds  droits.  Les  bras 


minces,  courts  et  greles;  ils  se  continuent  insensiblement  par 
leurs  bases  avec  lcs  angles  du  disque.  Ils  sont  presque  cylindri- 
ques,  mais  legerement  aplatis  lateralement  et  plus  hauts  que 
larges,  sans  cependant  offrir  de  carene  dorsale.  L’exemplaire 
moyen  seul  offre  une  proeminence  epiproctale,  peu  developpee 
d’ailleurs;  les  autres  n’en  presenter),  t  pas  la  moindre  indication. 

La  face  dorsale  du  disque  et  des  bras  est  couverte  de  paxilles 
petites  et  tres  serrdes,  disposes  sans  ordre,  et  a  peu  pres  aussi 
grandes  dans  la  region  ventrale  que  vers  les  bords  ou  elles  sont 
un  peu  ecartees  les  unes  des  autres.  La  plaque  madreporique 
est  a  peu  pres  circulaire  dans  l’exemplaire  moyen,  un  peu  ova- 
laire  et  elargie  transversalement  dans  les  deux  autres,  avec  des 
sillons  legerement  divergents;  elle  est  separee  des  plaques  mar- 
ginales  dorsales  par  trois  ou  quatre  rangs  de  paxilles  dans  le 
grand  exemplaire,  trois  dans  le  moyen  et  deux  seulement  dans 
le  petit. 

Les  plaques  marginales  dorsales  correspondent  exactement 
aux  ventrales.  Les  plaques  marginales  dorsales  sont  au  nombre 
de  douze  de  chaque  cote;  les  quatres  premieres  limitent  les 
parties  rectilignes  du  disque  :  elles  sont  plus  hautes  que  longues; 
la  cinquieme  est  situee  a  la  naissance  des  bras  et  elle  est  separee 
de  sa  congdnere  par  un  espace  triangulaire  rempli  de  paxilles. 
Les  suivantes,  un  peu  plus  longues  que  hautes,  sont  contigues 
sur  la  ligne  mediane  dorsale  avec  leurs  congeneres,  sauf  la  der- 
niere  qui  est  petite  et  situe'e  sur  les  cotes  de  la  plaque  apicale. 
Celle-ci  est  saillante  et  bombee  et  elle  porte  trois  piquants  : 
un  median  et  deux  latdraux  dont  les  bases  seules  sont  conser¬ 
ves. 

Les  plaques  marginales  ventrales  correspondent  aux  dorsales, 
mais  avec  une  tendance  a  les  depasser  legerement  dans  la 
deuxieme  moitid  du  bras,  surtout  sur  le  petit  exemplaire;  elles 
°nt  la  me  me  forme  que  les  dorsales. 

Les  organes  cribriformes  sont  au  nombre  de  neuf  et  disposes 
comme  chez  1 ' Hj'phalaster  Parfaiti. 

Les  plaques  adambulacraires  sont  rectangulaires,  trois  fois 
plus  larges  que  longues,  et  elles  portent  sur  leur  bord  interne 
“fuatre  piquants  aplatis  et  dlargis  termines  par  un  bord  arrondi 

(99) 


et  formant  un  peigne  transversal.  Je  ne  distingue  pas  de  piquant 
sur  leur  face  ventrale. 

Les  dents  sont  disposees  comme  chez  YH.  Parfaiti;  elles 
portent  sur  leur  bord  libre  six  ou  sept  piquants  identiques  aux 
piquants  ambulacraires  et  un  pnquant  terminal  un  peu  plus  fort. 
Vers  leur  bord  sutural,  qui  est  saillant  et  trbs  relevd,  on  distin¬ 
gue  trois  petits  piquants  courts  et  coniques  et  en  dehors  cinq 
ou  six  autres. 

Rapports  et  differences.  —  L 'H.  gracilis  est  voisin  de 
YH.  Parfaiti ;  il  s’en  distingue  par  ses  bras  tres  courts  et  tres 
greles  par  rapport  aux  dimensions  du  disque,  et  par  son  disque 
relativement  grand  et  pentagonal  avec  des  cotes  droits  ou  a 
peine  excaves. 

L ’H.  Antonii ,  qui,  d’apres  Ludwig,  est  la  forme  jeune  de 
YH.  Parfaiti,  a  les  bras  plus  courts  et  un  nombre  rnoins  eleve' 
de  plaques  marginales  dorsales  et  ventrales. 


Magdalenaster,  gen.  nov. 

Le  disque  est  tres  petit  relativement  au  developpement  des 
bras;  ceux-ci  s’elargissent  immediatement  apres  leur  insertion 
et  sont  tres  larges.  Tout  le  corps,  aussi  bien  sur  la  face  dorsale 
que  sur  la  face  ventrale,  est  couvert  de  piquants  tres  courts  et 
enveloppe's  d’une  gaine  tegumentaire,  reunis  par  petits  groupes 
entre  lesquels  sortent  les  papilles;  ils  sont  implantes  dans  le 
tegument  qui  est  mou,  sans  la  moindre  indication  de  plaques 
calcaires  ou  de  squelette  reticule';  le  squelette  ambulacraire  seul 
est  developpe.  La  plaque  madre'porique  est  petite,  situee  pres 
du  bord  du  disque,  couverte  de  petits  piquants  qui  ressemblent 
plutot  a  des  granules  allonges,  sans  sillons.  Les  piquants  ambu¬ 
lacraires  sont  disposes  en  plusieurs  se'ries  et  ils  ne  different  que 
par  leurs  dimensions  des  piquants  de  la  face  ventrale  auxquels 
ils  passent  insensiblement.  La  gaine  tegumentaire  qui  les 
recouvre  est  tres  epaisse.  Le  sillon  ambulacraire  est  assez  e'troit 
et  les  tubes  sont  dispose's  en  deux  se'ries  tres  regulieres.  La  face 


i9  — 


dorsale  offre,  a  sept  ou  huit  millimetres  du  centre,  un  orifice 
extremement  reduit  par  lequel  sort  un  lambeau  tres  tenu  pro- 
renant  de  la  paroi  du  tube  digestif :  c’est  sans  doute  un  anus. 


Le  genre  Magdalenaster  est  voisin  du  genre  Cryaster ,  que 
j ai  decrit  recemment  et  qui  provient  des  rdgions  antarctiques; 
il  offre,  comme  ce  dernier  genre,  une  reduction  considerable  du 
squelette,  et  les  piquants,  tres  petits,  sont  repartis  uniformement 
sur  toute  la  surface  du  corps,  implante's  dans  un  tegument  tres 
niou.  II  se  distingue  du  genre  Cryaster  par  son  disque  petit,  les 
bas  tres  larges  et  relativement  assez  courts,  le  sillon  ambula- 
craire  etroit,  les  tubes  ambulacraires  biseries  et  la  plaque  madre- 


porique  de  petites  dimensions.  Le  genre  Magdalenaster  trouve 
done  sa  place  dans  la  famille  des  Cryasteridees. 

Ce  nouveau  genre  a  aussi  des  ailinitds  avec  le  genre  Perk- 
wster  cre'e  par  Sladen  pour  deux  especes  de  Kerguelen  et  de 
Heard  Island  :  il  me  parait  d'ailleurs  que  le  genre  Perknaster 
seuut  mieux  placd  dans  les  Cryasteridees  que  dans  les  Echinas- 
'eridees  oil  l’a  range'  Sladen. 

Le  genre  Magdalenaster  n’est  connu  que  par  une  seule 
espece  trouvee  par  la  Princesse-Alice  dans  les  mers  boreales. 

est  le  reprdsentant,  dans  les  regions  arctiques,  des  deux  genres 
antarctiques  Perknaster  et  Cryaster. 


Magdalenaster  arcticus,  nov.  sp. 

Campagne  de  1898  :  Stn.  960,  profondeur  394m.  Un  seul 
tsemplaire.  Entre  la  Norvege  et  File  Beeren. 

=  90  millimetres;  r  =  20  millimetres. 

Le  disque  est  tres  petit.  Les  bras,  qui  naissent  par  une  base 
tr°lte  et  niesurant  seulement  18  a  20  millimetres,  s’elargissent 
res  rapidement  jusqu’a  mesurer  3o  a  3q  millimetres  de  largeur 
ILUs  ensuite  se  rdtrecissent  tres  lentement  jusqu’a  deux  centi- 
b|ctles  environ  de  l’extremite;  ils  s’amincissent  alors  assez 
squement  pour  n’offrir  que  7  ou  8  millimetres,  largeur  qu’ils 

(99) 


20  — 


conservent  jusque  vers  leur  extre'mite  qui  est  arrondie  et  obtuse. 
Le  tegument  est  tres  mou  et  tout  a  fait  deformable;  on  peut 
d  ailleurs  constater  directcment  qu’il  est  fort  mince  et  ne  parait 
pas  renfermer  de  pieces  calcaires.  Je  n’ai  pas  cru  devoir  en  pre¬ 
lever  des  morceaux  pour  en  faire  Tetude  microscopique  afin  de 
ne  pas  detdriorer  l’unique  exemplaire  recueilli  et  qui  est  tres  bien 
conserve'.  C  est  dvidemment  l’absence  de  squelette  calcaire  dor¬ 
sal  qui  fait  que  l’animal  reste  mou  et  deformable. 

La  face  dorsale  du  disque  et  des  bras  est  uniformdment 
couverte  de  petits  piquants  courts,  coniques,  termines  en  une 
pointe  obtuse  et  reunis  par  petits  groupes  dc  trois  a  six  ou 
sept.  Dans  la  region  centrale  ces  piquants  sont  particulierement 
courts;  leur  extre'mite  est  plus  arrondie  et  ils  ressemblent 
a  des  granules.  Ils  s’allongent  un  peu  sur  les  bras,  surtout  sur 
les  cotes  des  bras.  Yus  au  microscope,  ils  offrent  une  mince 
tige  calcaire  centrale  entouree  d’une  gaine  tegumentaire.  Les 
piquants  qui  s’associent  en  petits  groupes,  sont  ordinairement 
un  peu  divergents ;  quand  ils  sont  tres  courts,  ils  restent  droits  et 
pout  peu  que  les  groupes  constitues  soient  serres,  ils  ressemblent 
alois  a  une  petite  paxille.  La  plaque  madreporique  est  petite  et 
mesure  environ  4  millimetres  de  diametre;  son  centre  est  situe 
a  5  millimetres  de  Tangle  interradial,  et  elle  est  couverte  de 
petits  piquants  tres  courts  et  trds  serrds,  ressemblant  a  des 
gianules  arrondis,  de  telle  sorte  que  sa  surface  n’est  pas  visible. 

Sui  la  face  ventrale,  les  piquants  s’allongent  un  peu  et  les 
gioupes  qu  ils  forment  peuvent  renfermer  sept  ou  liuit  piquants 
\ers  les  bords  du  bras.  A  mesure  qu’on  se  rapproche  du  sillon 
ambulacratre,  les  groupes  deviennent  moins  distincts,  et  les 
piquants  ont  une  tendance  a  rester  isoles,  tout  en  se  montrant 
tres  serres. 

Les  plaques  adambulacraires  offrent  sur  leur  face  ventrale, 
quatie  ou  cinq  range'es  de  piquants  plus  ou  moins  distinctes  et 
disposes  obliquement  par  rapport  au  sillon.  Tous  ces  piquants 
sont  entouies  d  une  gaine  tegumentaire  epaisse;  ils  sont  gi°s  et 
aiges,  tei  mines  a  1’extrdmite  par  une  tete  obtuse  et  ils  offrent  a 
surface  des  cannelures  ou  depressions  produites  pai  leu 
pression  reciproque.  Les  piquants  de  la  rangee  interne  sont 


ties  gros  et  atteignent  nn  millimetre  de  largeur;  leur  grosseur 
diminue  progressivemenr  a  mesure  qu’on  s’doigne  du  sillon 
et  ils  passent  progressivement  aux  piquants  ventraux.  En  plus 
deces  piquants  ventraux,  on  pent  observer un  piquant  beaucoup 
plus  court,  e'troit  et  aplati,  qui  est  dirige  obliquement  vers  l'in- 
terieur  du  sillon  et  separe  les  tubes  ambulacraires  successifs 
les  uns  des  autres.  Au  dehors,  ce  piquant  est  absolument  cachc; 
Pai  les  tubes  ambulacraires  qu'il  faut  enlever  ou  ecarter  pour 
l’apercevoir. 

eis  la  bouchc  les  piquants  ambulacraires  deviennent  un 
leu  plus  foits  et  trois  ou  quatre  d’entre  eux  s’avancent  horizon- 
ta  ement  a  1  extremite  de  chaque  angle  buccal. 


Hymenaster 


roseus,  nov.  sp. 


echa"aiqi^a^ne  '  ^tn'  PI0^0ncleur  2I02n1,  Quatre 

^chantd]^3^116  C^C  1  ’  ^tn-  profondeur  i846m.  Deux 

eehant'qf3^.110  ^  rH°2  '  ^tn'  I^4’  Pr°f°ndeur  1900™.  Trois 


To 

a.- .  US  ^cs  exemplaires  sont  en  mauvais  etat,  incomplets, 
individ  '  ^  SUr  eux_memes,  et,  de  plus,  maceres.  Un  seul 

dans  U  CSt  a  ^CU  Pr^s  lntact  bien  que  son  corps  soit  allonge 
najt  Sens>  l^tns  ces  conditions,  il  est  bien  difficile  de  recon- 
Cprf  •  t0US  ^es  caract&res  de  Pespece  :  on  peut  toutefois  etre 

E  ”  qU'e"'  nou«^- 

(lUer  lei.Ia*SOn  ^etat  cles  dchantillons,  il  est  impossible  d’indi- 
ConiineUp  *°lmes  et  leurs  dimensions  exactes.  On  peut  donner 
,  lniensions  approximatives  :  R  —  i5  a  18  millimetres; 
avec  des '  *  nil^m^tres‘  ^a  f°rme  ge'nerale  parait  etre  pentagonale 
tfale  coi  C°teS  l^eU  concaves*  La  face  dorsale  est  plate  et  la  face  ven- 
j  exe‘  11  existe  une  frange  marginale  assez  bien  marquee. 
Piqu  ing1110  .^0I  Sa^e  6St  soulevde  de  distance  en  distance  par  les 
s  des  paxilles  qui  la  traversent  sur  une  petite  longueur. 

(99) 


22 


Ces  piquants  deviennent  moins  nombreux  et  plus  courts  vers 
les  bords  et  peuvent  meme  disparaitre  totalement.  Cette  tente, 
vue  au  microscope,  laisse  apercevoir  des  orifices  en  nombre  tres 
variable  et  de  tailles  tres  differentes,  mais  jc  ne  crois  pas  que 
tous  ces  orifices,  bien  qu’arrondis  ou  ovalaires,  soient  des  spira- 
cules  :  on  les  observe  surtout  sur  les  bras  ou  ils  forment  parfois 
un  veritable  re'ticulum.  II  est  probable  que  beaucoup  de  ces 
oiifices  sont  accidentels  et  que  les  vrais  spiracules  sont  localises 
a  la  base  des  piquants. 

Les  paxilles  forment  des  faisceaux  de  quatre  a  cinq  piquants 
divergents,  mais  rien  nindique  des  groupements  dans  les 
piquants  qui  traversent  la  tente.  L’oscule  est  grand ;  les  cinq 
valves  sont  constitutes  chacune  par  une  dizaine  de  piquants 
ties  serres,  paralleles,  ayant  environ  4  millimetres  de  longueur. 

Les  piquants  de  la  face  ventrale  sont  au  nombre  de  vingt- 
huit  ou  trente  en  tout  et  rapproches  les  uns  des  autres;  leur 
longueur  augmente  progressivement  du  premier  au  septieme  ou 
au  huitieme,  et,  a  partir  du  cinquieme,  ils  arrivent  en  contact 
a\ec  leuis  congeneres  le  long  de  la  ligne  interradiale  mediane. 
A  partir  du  dixieme,  dans  certains  exemplaires,  du  treizieme 
ou  du  quatorzieme  dans  d’autres,  ils  se  se'parent  et  leur  longueui 
decroit  ensuite  progressivement. 

Les  piquants  ambulacraires  sont  presque  toujours  brises, 
j  ai  cependant  pu  en  observer  quelques  uns  intacts.  Chaque 
plaque  adambulacraire  porte  deux  piquants  extremement  longs, 
gieles  et  pointus,  dont  la  longueur  atteint  au  moins  un  milli¬ 
metre  et  qui  s  entrecroisent  avec  ceux  du  cott  oppose  j  leur  base 
laibe  et  anondie.  Le  sillon  est  assez  elargi  et  petaloide. 

Les  papilles  qui  ferment  les  orifices  segmentaires  sont  allon- 
gees;  ,elles  s’elargissent  rapidement  apres  leur  base,  puis  se 
trecissent  de  nouveau  en  une  sorte  de  piquant  qui  est  presque 
si  onb  que  la  partie  dlargie;  ce  piquant  est  presque  toujours 
casse.  ette  forme  rappelle  beaucoup  celle  que  Ton  observe  chez 
,  ^  occ’na^us  Sladen,  mais  ici,  les  papilles  sont  moins  compl*' 
qutes  que  dans  cette  espece  ou  elles  seraient  formees  par  la 

cham0n  dC  Cmq  ^  Sept  Picluants-  En  effet,  je  n’observe  de 
4  te  de  la  baguette  centrale  qui  se  prolonge  en  piquant, 


—  23  — 


que  deux  petites  cotes  latdrales  qui  font  parfois  une  tres  legere 
saillie  de  chaque  cotd  du  piquant  median. 

Les  dents  sont  allongdes,  grandes  et  saillantes:  elles  portent 
deux  piquants  assez  forts,  coniques  ct  pointus,  et,  sur  leur  bord 
libre,  une  range'e  de  quatrc  piquants  plus  pctits. 

La  couleur  des  e:chantillons  dans  l’alcool  est  rose-fonce'. 

Rapports  et  difeLrences.  —  L'H.  roseus  se  distingue  des 
especes  &' Hymenasler  a  deux  piquants  ambulacraires  par  la 
longueur  de  ces  deux  piquants  ct  par  la  forme  des  papilles  qui 
recouvrent  les  orifices  segmentaires.  Jc  ne  vois  aucune  espece 
dont  on  puisse  la  rapprocher  plus  particulierement. 


Pteraster  reductus,  nov.  sp. 

^!o  20.  14  juillet  1 888.  Un  e'chantillon. 

84.  2  septembre  1888.  Profondeur  2870™.  Deux  echan- 

tillons. 

Canipagne  de  1896  :  Stn.  698,  profondeur  1846™.  Deux 

dchantillons. 

Canipagne  de  1896  :  Stn.  738,  profondeur  igi9m.  Cinq 

dchantillons. 

Canipagne  de  1897  :  Stn.  863,  profondeur  1940™.  Cinq 

echantillons. 

Les  dchantillons  ne  sont  pas  en  tres  bon  etat  de  conserva- 
n°n  et  paraissent  macere's  :  ils  sont  cependant  assez  durs  et 
f'des,  niais  cela  tient  a  Pentrecroisement  des  spinules  des 
Paxilles  qui  forment  un  re'ticulum  tres  compact. 

^  °us  les  individus  sont  de  petite  taille;  dans  les  plus  grands, 

I  12  d  i3  millimetres,  r  — 6  a  7  millimetres.  Les  bras,  tres 
un^CS  a  ^  ^ase’  s’atnincissent  rapidement;  ils  se  terminent  en 
pomte  qui  est  allongc!e,  presque  toujours  recourbee ;  la  face 
^  ale  est  convexe  et  la  face  ventrale  est  plane.  II  est  impossible 
pC°nnaitre  la  presence  d’une  frange  marginale. 
n  laison  de  l’etat  des  exemplaires,  il  est  difficile  de 

(99) 


—  24  — 

distinguer  les  caracteres  de  la  tente  dorsale;  dans  les  rares 
endroits  ou  elle  est  conservde,  elle  se  montre  fort  mince  et 
translucide.  Les  paxilles  sont  constitutes  par  un  pedicule  mince 
et  allonge  portant  un  faisceau  de  nombreuses  spinules  tres  lines 
et  allongtes,  au  nombre  de  quinze  a  vingt  par  paxille.  Ces 
spinules  ne  soulevent  pas  la  tente  dorsale  niais  s’entrecroisent 
pour  former  une  sorte  de  feutrage  tres  serre  sur  lequel  la  tente 
parait  simplement  posee.  Les  orifices  qu’on  apercoit  it  la  surface 
externe  sont  nombreux,  mais  il  me  parait  difficile  de  distinguer 
les  vrais  spiracules  des  trous  qui  ont  pu  se  produire  accidentel- 
lernent.  L’oscule  est  grand;  les  valves,  toujours  plus  ou  rnoins 
deplace'es,  sont  formees  par  la  reunion  de  nombreux  piquants 
extremement  fins,  allonge's  et  disposes  parallelement. 

La  face  ventrale  offre  des  piquants  tres  fins,  delicats  et  allon¬ 
ges,  leur  longueur  augntente  jusqu’au  quatrieme  :  il  y  en  a  une 
quinzaine  de  chaque  cote.  Les  piquants  depassent  quelque  peu 
a  leui  extrdmite  libre  les  limites  des  teguments  et  il  sernble  qu  il 
y  avait  une  frange  assez  etroite  dans  les  espaces  interbrachiaux. 

Les  plaques  adambulacraires  portent  un  peigne  forme  d’aboid 
de  six  piquants  et  de  cinq  ensuite;  ces  piquants  sont  extrenre- 
ment  allonge's  et  fins,  pointus,  relies  par  une  membrane  tres 
mince  .  1  interne  est  le  plus  court  et  sa  longueur  est  a  peu  pres 
egale  a  deux  articles;  les  autres  sont  plus  longs  et  leur  longueur 
augmente  jusqu’a  devenir  dgale  a  trois  articles  au  rnoins.  Les 
tubes  ambulacraires  sont  tres  re'gulierement  disposes  en  deux 
series. 

Les  dents  sont  fortes  et  la  ligne  mediane  de  jonction  est 
marquee  par  une  crete  e'levee.  Chacune  porte  une  armature  de 
six  piquants,  forts  et  allonges,  reunis  par  une  membrane  qui 
est  lecouibee  en  forme  de  demi  cylindre  evasd  :  les  piquants 
moyens  sont  les  plus  longs  et  leur  longueur  de'passe  celle  de  la 
dent.  Je  n’observe  pas  de  piquants  sur  la  face  ventrale  des  dents. 

Rapports  et  differences.  —  Le  P.  reductus  est  voisin  du 
■  pet  sonatus  Sladen.  Il  s’en  distingue  d’abord  par  sa  petite 
taille  qui  parait  constante  et  par  1’enchevetrement  des  spinules 
paxilles  qui  lui  donne  une  structure  tres  compacte,  les 


—  25  — 


pi  quants  ambulacraires  sont  au  nombre  de  six  ct  paraissent 
plus  longs  que  chez  lc  P.  personatus;  les  piquants  dentaires 
sont  aussi  plus  nombreux  et  plus  longs. 


Dytaster  parvulus,  nov.  sp. 

Campagne  de  1902  :  Stn.  i3o6,  profondeur  4-7ri  •  ^eux 
echantillons. 

Dans  le  plus  grand,  R  —  27  millimetres,  r  —  7,0  millime 
tres;  dans  le  second,  R  =  17  millimetres,  v  —  5  millimetres. 
Jedecrirai  d’abord  le  grand  echantillon. 

Le  disque  est  petit  et  les  bras  sont  assez  gieles  .  ceux  ci 
s’amincissent  lentement  jusqu’a  l’extremite  qui  olhe  une  plaque 
terminale  un  peu  dlargie  et  rentlde,  plus  longue  que  large  et 
offrant  encore  les  traces  de  trois  ou  quatre  petits  piquants. 

La  face  dorsale  du  disque  est  couverte  de  paxilles  tres  simples, 
identiques  a  celles  du  D.  biserialis  Sladen,  et  formdes  de  quatre 
spinules  divergentes  sans  granule  central;  onn  obseive  parfois 
due  trois  spinules.  En  certains  points,  et  surtout  au  toisinage 
des  plaques  marginales,  on  distingue  des  pedicellaiies  a  tiois 
ou  tneme  quatre  valves  dlargies  et  renflees,  formes  pat  la  ie:u 
nion  d’un  meme  nombre  dc  spinules  devenues  beaucoup  plus 
dpaisses;  leur  surface  est  rugueuse.  Des  pedicellaires  se  remar- 
quent  egalement  sur  les  bras  :  ils  sont  identiques  a  ceux  que 
Sladen  a  decrits  chez  le  D.  biserialis. 

Les  plaques  marginales  dorsales  sont  au  nombte  de  \ingt 
trois  pour  chaque  bras.  Elies  sont  couvertes  de  petits  granules 
non  c°ntigus,  legferement  coniques,  qui  s’allongent  quelque  peu 
SU1  face  externc  des  plaques  mais  sans  jamais  foi  met  des 
Plants  plus  grands  que  les  granules  voisins;  il  n’y  a  pas  la 
aioindre  trace  de  piquant  differencie  surces  plaques  maiginales. 

La  face  ventrale  offre  des  rangees  de  plaques  allant  des 
adambulacraires  aux  marginales;  ces  rangees  ne  renferment 
qU’Un  Petit  nombre  de  plaques  et  la  rangee  interradiale  n  en 
P'esente  que  quatre,  mais  les  limites  des  plaques  sont  f e 

(99) 


—  26  — 


distinctes.  Un  certain  nombrede  plaques,  gene'ralement  les  deux 
range'es  les  plus  voisines  des  adambulacraires,  portent  chacune 
un  gros  pedicellaire  a  trois  branches,  identique  a  ceux  de  la 
face  dorsale.  Ces  pedicellaires  forment  au  moins  deux  range'es 
mais  celles-ci  ne  sont  pas  regulieres.  En  dehors,  les  plaques 
portent  de  petits  piquants  tres  courts,  au  nombre  de  trois  ou 
quatre  par  plaque,  et  Ton  observe  parfois  des  passages  entre 
les  groupes  de  piquants  et  les  vrais  pedicellaires. 

Les  plaques  marginales  ventrales  correspondent  aux  plaques 
dot  sales  et  sont  couvertes  de  petits  piquants  coniques,  pointus, 
non  contigus  et  qui  se  relevent  sur  le  bord  externe  de  la  plaque. 
L  un  de  ces  piquants  prend  toujours  un  grand  developpement 
et  dexient  un  veritable  piquant  marginal;  a  cotd  de  lui,  on 
obseive  parfois,  surtout  dans  Tangle  interbrachial,  un  ou  deux 
piquants  beaucoup  plus  petits. 

Les  piquants  ambulacraires  forment  une  rangee  interne  de 
six  et  paifois  sept  piquants,  egaux,  dresses,  un  peu  aplatis, 
unondis  a  1  extremite.  En  dehors,  se  trouve  une  autre  rangee 
de  piquants  tres  rapproches  des  pre'cedents,  un  peu  plus  courts 
et  un  peu  moins  nombreux. 

Les  dents  portent  sur  leur  bord  libre  une  rangee  tres  regu- 
lieie  de  piquants  identiques  aux  piquants  du  sillon  et  devenant 
a  peine  un  peu  plus  grands  vers  Textre'mite  de  la  dent.  Sur  sa 
face  ventrale,  celle-ci  offre  deux  ou  trois  rangees  irre'gulieres 

de  petits  piquants  tres  courts.  La  suture  mediane  est  tres  appa- 
rente  et  large. 

Dans  le  plus  petit  exemplaire,  la  plaque  terminale  des  bras 
est  comparativement  plus  grande  et  elle  porte  trois  piquants 
pnncipaux,  un  ventral  et  deux  lateraux,  plus  quelques  autres 
piquants  plus  petits. 

Les  pedicellaires  de  la  face  dorsale  sont  au  moins  aussi  nom¬ 
breux  que  sur  le  grand  dchantillon. 

.  LeS  Paxilles  offrent  quatre  spinules  moins  divergentes  et  plus 
i  ressees  que  dans  ce  dernier.  Les  plaques  ventrales  offrent  de 
pq  PlqUams  seir^s  et  quelques  unes  offrent  deja  des  pedicel- 
tres  nets.  Les  piquants  des  plaques  marginales  ventrales 


-  27  — 

sont  bien  developpes,  tandis  que  les  plaques  marginales  dorsales 
n’en  offrent  pas  trace.  II  y  a  seize  plaques  marginales  de  chaque 
cote  du  bras. 

Rapports  et  differences.  —  Lc  D.  parvulus  est  extremement 
voisin  du  D.  biserialis  Sladcn,  mais  je  ne  crois  pas  qu  on  done 
le  reunir  a  lui  en  raison  des  deux  caracteres  suivants  :  absence 
complete  de  piquants  sur  les  plaques  marginales  dorsales,  pie- 
sence  de  gros  pddicellaires  sur  les  plaques  late'ro-ventrales.  Rn 
ce  qui  concernc  le  premier  caractere,  il  ne  suiTtrait  certainement 
pas  a  lui  seul  pour  justifier  line  separation  spe'cifique,  car  les 
piquants  peuvent  sans  doute  varier  sur  les  plaques  marginales 
des  Dytaster  com  me  dans  les  Plutonaster.  L  existence  de  iiais 
pedicellaires  sur  les  placques  ventrales  a  plus  d  importance  et 
comme  ceux-ci  font  absolument  defaut  chez  le  D.  biserialis ,  il 
me  parait  preferable  d’en  separer  le  D.  parvulus. 

La  necessite  de  distinguer  les  deux  especes  ressoit  aussi  de 
l’examen  que  j’ai  pu  faire  de  deux  jeunes  exemplaires  de  D.  bi¬ 
serialis  que  renfermaient  les  collections  de  la  Priticesse- Alice. 

Le  plus  grand  de  ces  individus  est  tout  a  fait  voisin  comme 
taille  du  petit  D.  parvulus  que  j’ai  mentionne  plus  haut,  car  chez 
lui  R  =  millimetres.  Ce  jeune  exemplaire  est  bien  confotme 
a  la  description  de  Sladen  :  en  particular,  chaque  plaque  mar- 
ginale  dorsale  porte  un  piquant  tres  net,  et  les  plaques  ventiales 
n  offrent  pas  trace  de  pedicellaires,  mais  presentent  seulement 
^es  groupes  de  petits  piquants.  Compare  au  D.  parvulus ,  ce 
)eune  L).  biserialis  rnontre  des  plaques  marginales  dorsales  plus 
foites,  plus  apparentes,  empietant  un  peu  plus  sur  la  face  dot 
sale  des  bras  dont  l’aire  paxillaire  est  sensiblement  plus  dtrotte 
a  la  base  que  chez  le  D.  parvulus. 

L  examen  de  ce  jeune  D.  biserialis  montie  done  que  les 
Piquants  des  plaques  marginales  dorsales  existent  deja  sui  un 
mdividu  dans  lequel  R  n’est  que  de  19  millimetres  tandis  qu  tls 
uianquent  completement  chez  un  D.  parvulus  dans  lequel  R  = 
24  millimetres. 


(99) 


—  28  - 


Psilasteropsis  humilis,  nov.  sp. 

Campagne  de  1895  :  Stn.  582,  profondeur  845™.  Trois 
echantillons.  —  Stn.  884,  profondeur  845111.  Un  dchantillon. 

Les  quatre  exemplaires  sont  de  petite  taillc  :  dans  celui  de  la 
Stn.  58q,  qui  est  le  plus  grand,  R  =  3o  millimetres,  r  =  7,5  mil¬ 
limetres.  Ceux  de  la  Stn.  58a  sont  plus  petits  et  dans  le  plus 
gland,  R  =  26  millimetres  et  r  =  6,5  millimetres. 

Le  disque  est  plutot  petit.  Les  bras,  assez  larges  a  la  base, 
s  amincissent  rapidement  et  se  terminent  en  pointe.  La  face 
dorsale  est  couverte  de  paxilles  petites,  tres  serrees,  otfrant  trois 
ou  quatre  granules  centraux  entourds  d’un  cercle  periphdrique; 
ces  paxilles  se  disposent  en  dies  radiales  dans  les  espaces  inter- 
ladiaux  et  sur  les  bras  elles  forment  des  rangees  transversales 
allant  de  la  ligne  mediane  aux  plaques  marginales  dorsales.  Ces 
1  ange'es  sont  surtout  bien  marquees  dans  l’exemplaire  de  la 
Stn.  5<Sq  .  elles  sont  moins  apparentes  dans  les  autres.  L’aire 

paxillaiie  des  bras  est  etroite,  surtout  dans  les  echantillons  de  la 
Stn.  582. 

Les  plaques  marginales  dorsales  sont  au  nombre  de  vingt- 
deux  dans  l’exemplaire  de  la  Stn.  58q  et  de  dix-neuf  chez  l’indi- 
iidu  le  plus  giand  de  la  Stn.  582.  Ces  plaques  sont  couvertes  de 
ns  gianules  qui  sur  le  bord  s’allongent  legerement  en  petits 
cones  pointus.  Chaque  plaque  porte  un  piquant  assez  fort, 
on^e,  conique,  pointu,  qui  s’insere  sur  le  milieu  du  bord 
.  tei  ne  de  la  plaque  dans  Tangle  interbrachial,  et  dont  l’inser- 
n  se  rapproche  de  1  angle  distal  de  la  plaque  sur  le  reste  du 
las.  Certaines  plaques  n’offrent  pas  de  piquant,  rnais  ce  fait 
parait  etre  purement  accidentel. 

s.  l^aclues  terminales  sont  grandes,  renflees  et  elles  portent 
trois  piquants. 

l^aSues  latei o-ventrales  sont  peu  nombreuses.  Elles 
naje  ,  ^  ise:es  en  seuies  allant  des  adambulacraires  aux  margi" 

C  csventrales;  la  rangee  interradiale  ne  renferme  que  quatre 


—  29  — 

plaques,  et  il  n’y  a  pas  plus  de  cinq  rangees,  la  derniere  se 
reduisant  a  une  plaque.  Toutes  les  plaques  sont  umformement 
couvertes  de  piquants  fins,  allonges,  lcgbrement  aplatis,  arrondis 
a  l’extremite. 

Les  plaques  marginales  ventrales,  qui  correspondent  aux  dor- 
sales,  sont  couvertes  de  ties  petitS  piquants,  tins,  senes,  ties 
courts,  qui,  vers  les  bords  suturaux,  s’allongent  un  pcu  etoffient 
une  tendance  a  s’entrecroiser  avec  lcurs  congeneies.  Chaque 
plaque  porte  it  sa  surface  et  pres  de  son  bord  distal,  une  1  ungee 
de  cinq  piquants  tres  tins  et  allonges,  disposes  parallelement 
les  uns  aux  autres,  dont  la  longueur  augmcnte  du  pientier  ten 
tral  au  quatrieme  qui  dgale  les  trois  quarts  de  la  longueur  de  la 
plaque;  le  cinquieme  est  plus  court.  Le  nombre  des  piquants 
tombe  ensuite  it  quatre  puis  it  trois. 

Chaque  plaque  adantbulacraire  offre  d’abord  dans  le  sillon 
an  peigne  de  quatre  ou  parfois  cinq  piquants  tres  allonges,  tins, 
legerement  aplatis,  it  bords  paralleles,  et  conservant  la  meme 
largeur  jusqu’a  l’extremitd  qui  est  arrondie.  En  dehors,  vient 
une  autre  rangee  de  piquants  analogues  ayant  it  peu  pres  la 
uiente  longueur  et  en  meme  nombre  que  les  precedents;  entin 
quelques  autres  piquants  plus  petits  et  irrdgulierement  disposes 
passent  progressivemcnt  aux  piquants  ventraux. 

Chaque  dent  offre  sur  son  bord  libre  une  rangde  de  sept  a 
huit  piquants  analogues  aux  ambulacraires;  le  derniei  piquant 
s’epaissit  et  s’allonge,  et  il  se  dispose  horizontalement  it  cote  de 
son  congenere,  formant  ainsi  saillie  dans  la  bouche  contme  on 
1  observe  dans  le  genre  Psilastevopsis.  Sur  leut  sutiace  ten 
tule,  les  dents  prdsentent  deux  rangees  de  piquants  disposes  a 
Peu  pres  parallelement  et  dont  le  dernier  ou  les  deux  dernters 
pioxiniaux  s’allongent  quelque  peu  au-dessus  des  gtands 
P'quants  qui  terminent  les  dents. 

Rapports  et  differences.  —  Les  individus  recueillis  pat  la 
^  1  incesse-Alice  ne  sont  sans  doute  pas  adultes,  mais  ils  sont 
ueanmoins  suffisamment  caracterises  pour  etre  dect  its.  Ils  appat 
tiennent  incontestablement  au  genre  Psilastevopsis ,  cred  recem- 
ment  par  Walter  K.  Fisher  et  sont  voisins  du  P.  patagiatus 

(99) 


3o  — 


(Sladen),  mais  ils  s’en  distingaent  imme'diatement,  ainsi  que 
du  Ps.  cingulata  W.  K.  Fisher,  par  la  presence  de  piquants 
sur  les  plaques  marginales  dorsales  (i). 


ASTROGONIUM  LONGOBRACHIALE 
(Danielssen  et  Koren) 

Campagne  de  1898  :  Stn.  g6o,  profondeur  3gqm.  Un  petit 
e'chantillon. 

Campagne  de  i8gg  :  Stn.  io52,  profondeur  440"’.  Quatre 
exemplaires. 


Dans  le  plus  grand  echantillon  de  la  Stn.  io52,  R  =  63  mil¬ 
limetres,  r=  18  millimetres. 

Les  autres  sont  plus  petits  et  leurs  dimensions  respectives 
sont  les  suivantes  : 

42  37  3i  28  millimetres. 

r  ~  13  11  g,5  8  — 


Dans  les  Asteroidea  de  la  Nordske  Nordliavs  Expedition , 
Danielssen  et  Koren  ont  indique,  p.  88,  une  varidte  de  l’Ar- 
stei  Pat  elii  qui  differe  du  type  par  les  caracteres  suivants  : 
lsque  est  beaucoup  plus  long,  les  plaques  marginales  dorsales 
1  pus  nomt) reuses,  plus  etroites  et  plus  minces,  et  l’aire 
l  aue  est  P^us  large 5  enfin  les  plaques  adambulacraires  out 
"  PlclUdnts  plus  longs  et  plus  nombreux.  Dans  les  plus  grands 

individus,  R  atteint  108  a  124  millimetres  et  la  valeur  —  varie 


entre  2  i/3  et  3  1 
variete  sous  le 


/ 4-  Les  auteurs  norvegiens  ont  designe  cette 
nom  d  Archaster  parelii ,  var.  longobrachialis. 


de  la  Pri>icesse-\lfrJlaSte!i0PS’S  CSt  encore  represente  dans  les  collections 
que  Sladen  a  raneee^lan  e.nombreux  exemplaires  de  P.  patagiatus,  espece 
qu’elle  s’en  ecartai ^  Psilaster >  tout  en  faisant  remarquer 
maintenue  dans  ce  or  '  er,ents  caracteres.  Cette  espece  ne  peut  etre 
W.  K.  Fisher  oui  ,et  1  adoPte  absolument  la  maniere  de  voir  de 

°e  ans  son  nouveau  genre  Psilasteropsis. 


—  3i  — 


Les  courtes  indications  donndes  par  Danielssen  ct  Koren  sui 
cette  variete,  ne  la  font  pas  connaitre  d’une  maniere  sullisante, 
tout  en  apprenant  qu’elle  sc  distingue  du  type  dc  1  espece  a 
laquelle  ils  la  rapportent  par  quelques  caracteres  importants. 
Heureusement,  j’ai  pu  etudier  un  exemplaire  de  cette  forme 
provenant  des  cotes  du  Finmark  et  qui  m’a  ete  fort  aimablement 
communique  par  1c  Dr  J.  Grieg. 

Dans  cet  individu,  R=  4b  millimetres  et  r  =  14,5  millime¬ 
tres;  il  est  absolument  identique  aux  echantillons  recueillis  par 
la  Princesse-Alice ,  et  l’etude  de  ces  differents  individus  et  leur 
comparaison  avec  des  Archaster  (ou  Plutonaster)  Parelii  types 
ni’ont  convaincu  de  la  ndeessite  qu’il  y  avait  de  les  separer  de 
cette  derniere  forme  et  d’elever  au  rang  d’espece  distincte  la 
variete  creee  par  Danielssen  et  Koren.  Comme  ces  auteurs  n  en 
°nt  pas  publie  de  description  a  proprement  parler,  il  me  parait 
utile  d’en  faire  connaitre  les  caracteres  d  une  facon  detaillee. 


Mais  auparavant,  j’ai  une  remarque  a  faire.  J’ai  donne  a 
i  espece  dont  il  s’agit  le  no  111  d 'Astrogonium  longobrachiale 
et  non  pas  d 'Arcliaster  ou  de  Plutonaster.  C’est  qu’en  effet  cette 
Asterie,  pas  plus  que  celle  qui  porte  le  nom  specifique  de 
^arelii,  ne  peut  rester  dans  le  genre  Plutonaster  :  c  est  un  veri- 
table  Astrogonium  ainsi  qu’on  pourra  s’en  convaincre  par  la 
description  ci-dessous.  Quant  au  Plutonaster  Parelii ,  j’ai  pu 
m’assurer,  par  l’etude  de  plusieurs  individus  provenant  des 
cotes  de  Norvege,  qu’il  devait  egalement  rentrer  dans  le  genre 
b'/;  ogonium,  tel  que  l  a  defini  Perrier.  Je  reviendrai  sur  ce 
l°int  dans  mon  memoire  definitif  oil  je  publierai  des  dessins 
°niparatifs  d’ Astrogonium  Parelii  et  A.  longobrachiale. 

Le  disque  de  VA.  longobrachiale  est  relativement  grand, 
Ls  bias,  qui  sont  larges  a  leur  origine,  s’amincissent  brusque- 
nt  et  rapidement  joour  conserver  ensuite  une  largeur  presque 
nstante  sur  presque  toute  leur  longueur;  du  rnoins  ils  s  arnin- 
ssont  fort  lentenrent  et  leur  extre'mite  est  arrondie. 

a  face  dorsale  est  couverte  de  paxilles  polygonales,  assez 
dis  ^eS,  tr^S  serr^esi  plus  grandes  dans  la  rdgion  centrale  du 
^^ue  et  devenant  plus  petites  dans  les  espaces  interradiaux 
Ls  se  disposent  en  tiles  radiaires.  Chacune  d  elles  oifre  un 


(99) 


—  32  — 


groupe  de  quatre  a  sept  granules  centraux  entoures  d’un  cercle 
periphdrique  de  granules  plus  petits.  Sur  les  bras,  les  paxilles 
forment  une  bande  longitudinale  mediane  de  trois  a  cinq  rangees 
longitudinales  dans  lesquelles  la  largeur  reste  a  peu  pres  la 
meme,  mais,  en  dehors  de  cette  bande,  la  largeur  des  paxilles 
diminue  rapidement  tandis  que  la  longueur  reste  a  peu  pres  la 
meme,  et  les  paxilles  se  disposent  en  petites  rangees  transver- 
sales  perpendiculaires  aux  plaques  marginales. 

La  plaque  madreporique  est  petite,  situee  plus  pres  du  cen¬ 
tre  que  des  bords.  L’anus  est  indistinct. 

Les  plaques  marginales  dorsales  sont  au  nombre  de  trente- 
huit  a  trente-neuf  dans  le  grand  exemplaire.  Elies  sont  plutot 
petites  et  elles  n’empietent  pas  beaucoup  sur  la  face  dorsale; 
leur  longueur  est  a  peu  pres  e'gale  it  leui'  largeur  sur  une  bonne 
partie  de  la  longueur  des  bras.  Dans  les  espaces  interbrachiaux, 
elles  sont  dirigees  obliquement  en  dehors  de  telle  sorte  qu’elles 
paraissent  moins  larges  qu’elles  ne  sont  en  realite;  elles  sont  un 
peu  plus  larges  que  longues  dans  cette  region.  Elles  sont  recon¬ 
venes  de  granules  polygonaux  serres,  it  peu  pres  aussi  gros  ou 
un  peu  plus  gros  que  les  granules  qui  forment  les  paxilles  dor- 
sales;  ces  granules  sont  disposes  sans  ordre,  mais  le  long  de 
chaque  bord  sutural  il  existe  une  rangee  reguliere  et  constante 
de  granules  plus  petits. 

Les  contours  des  plaques  latero-ventrales  ne  sont  pas  dis- 
tincts.  Ces  plaques  sont  recouvertes  de  gros  granules  un  peu 
allonges,  a  extremite  arrondie  et  ne  formant  pas  en  general  de 
vrais  piquants,  sauf  quelques-uns  d’entre  eux.  On  remarque 
alors  que  les  piquants  courts,  robustes,  termines  en  pointe 
mousse,  forment  le  centre  d’un  cercle  de  granules.  Sur  tous  les 
exemplaires,  les  plaques  de  la  premiere  rangee  contigue  aux 
adambulacraires  offrent  sur  chacun  de  leurs  bords  adosses  un 
alignement  regulier  de  quelques  granules  formant  avec  leuis 
congeneres  un  pedicellaire  fasciolaire.  Sur  le  grand  exemplaire 
que  je  decris,  il  se  trouve  que  ces  pedicellaires  sont  mal  indiques . 
ils  ne  sont  limites  que  par  trois  ou  quatre  granules  de  chaque 
cotd  et  l’on  n’en  distingue  que  deux  ou  trois  de  chaque  cote  du 
pedicellaire  interradial.  Mais  dans  les  exemplaires  plus  petits,  ib 


—  33  - 


sont  certainement  mieux  marques  dans  l’exemplaire  chez  lequel 
^=42  millimetres:  on  peut  en  distingucr  unc  demi-douzaine 
de  chaque  cote.  Meme  dans  le  plus  petit  exemplaire  de  la 
Stn.  960,  j’en  reconnais  encore  trois  dans  chaque  angle  inter- 
radial. 

L’exemplaire  de  Finmark  oilre  aussi  une  demi-douzaine  de 
ces  pedicellaires  de  chaque  cotc:. 

Les  plaques  marginales  ventrales  sont  couvertes  de  gianules 
aplatis,  s’allongeant  en  une  petite  pointe  mousse;  quelques  uns 
de  ces  granules,  au  nombre  de  trois  011  quatre,  geneialement 
vers  le  milieu  de  chaque  plaque,  s’allongent  en  un  petit  piquant 
aplati,  conique,  pointu,  mais  ces  piquants  ne  debordent  pas  le 
bord  externe  dcs  plaques.  Le  long  de  chaque  bord  sututal,  il 
existe  une  rangee  reguliere  de  granules  plus  petits.  mais  sans  la 
moindre  indication  de  fascioles. 

Les  plaques  adambulacraires  portent  plusieurs  rangees  de 
piquants  tres  developpes  qui  forment,  de  chaque  cote  du  sillon, 
une  bande  tres  large.  On  peut  reconnaitre  quatre  rangdes  de 
piquants  dont  l’interne  seule  est  bien  reguliere.  Les  piquants 
de  cette  rangee,  au  nombre  de  sept  a  huit,  sont  allonges,  dt  esses, 
aplatis,  et  ils  conservent  la  meme  largeur  jusqu  a  l’extrdmitd  qui 
est  arrondie.  En  dehors,  vient  une  autre  rangde  moins  reguliete 
de  quatre  ou  cinq  piquants  plus  petits.  Les  piquants  de  la 
Uoisieme  rangee,  au  nombre  de  trois  ou  quatre,  prdsentent  une 
tendance  tres  nette  a  s’allonger  :  generalement  un  seul  de 
ces  piquants  s’allonge  beaucoup,  quelquefois  le  voisin  s’allonge 
e^alement.  Enfin  viennent  plusieurs  piquants  plus  petits,  au 
n°nibre  de  cinq  ou  six,  qui  ne  sont  guere  que  des  granules 
allonge's. 

Les  dents  portent  sur  leur  bord  externe  une  rangee  de  gi  ands 
P'quants,  aplatis,  a  extremite  arrondie,  ressemblant  aux  piquants 
atnbulacraires  internes,  mais  plus  forts;  le  dernier  piquant  est 
un  Peu  plus  gros.  Sur  la  face  ventrale  de  la  dent,  on  remarque 
une  rangee  assez  rdguliere  de  six  ou  sept  piquants  un  peu  plus 
°Ults  clUe  les  precedents,  forts  et  dresses. 


(99) 


-  34  - 


Astrogonium  eminens,  nov.  sp. 

Campagne  de  1897  :  Stn.  863,  profondeur  1940™.  Trois 
echantillons. 

Campagne  de  1902  :  Stn.  1344,  profondeur  iopS1”.  Un 
echantillon. 

Campagne  de  1896  :  Stn.  698,  profondeur  1846111.  Un 
echantillon. 

L’exemplaire  de  la  Stn.  698  est  le  plus  grand;  ses  dimen¬ 
sions  sont  :  R  =  102  millimetres  et  r—  24  millimetres.  Deux 
exemplaires  de  la  Stn.  863  mesurcnt  respectivement  :  77  =  92  et 
87  millimetres  et  r  =  20  et  20  millimetres,  le  troisieme  est  un 
peu  plus  petit  et  les  bras  sont  casses  a  l’extremite.  L’echantillon 
de  la  Stn.  1344  est  le  plus  petit,  ses  dimensions  sont  :  R  =  6°) 
r  =  16  millimetres. 

Tout  l’ensemble  de  l’animal  est  tres  robuste.  Le  disque  est 
grand ;  les  bras,  assez  larges  a  la  base,  s’amincissent  rapidement 
jusqu'a  1’ extremity  qui  est  tres  pointue.  Le  disque  est  assez 
epais.  Les  faces  dorsale  et  ventrale  sont  planes. 

La  face  dorsale  du  disque  est  garnie  de  plaques  polygonales 
recouvertes  de  granules  formant  ainsi  des  sortes  de  paxilles. 
Chaque  paxille  comprend  un  groupe  central  de  quelques  gra¬ 
nules,  entoures  d  un  cercle  de  granules  de  memes  dimensions, 
a  la  peripherie  vient  enfin  un  cercle  plus  ou  moins  l'egulier  de 
granules  beaucoup  plus  fins.  Dans  la  region  centrale  du  disque, 
les  paxilles  se  presentent  sous  forme  d’hexagones  tres  regulieis 
mesurant  un  millimetre  de  largeur  environ.  Ces  paxilles  devien- 
nent  plus  petites  dans  les  espaces  interradiaux  et  elles  se  dis- 
posent  en  meme  temps  en  files  radiaires  :  a  mesure  qu’elles  se 
rapprochent  des  plaques  marginales,  elles  se  retrecissent  et  elles 
finissent  par  n’etre  plus  formdes  que  par  deux  rangs  de  granules 
identiques  a  ceux  qui  recouvrent  les  plaques  marginales  avec 
lesquels  ils  se  continuent.  Sur  les  bras,  les  paxilles  s’allongent 
longitudinalement  :  l’on  distingue  une  rangee  carinale  plus 


-  35  — 

grande  de  chaque  cote  de  laquelle  lesautres  forment  des  rangees 
transversales  obliques  atteignant  les  plaques  marginales.  Au  dela 
de  la  moitid  du  bras,  l’aire  paxillaire  sc  reduit  beaucoup  et  il 
devient  impossible  de  rcconnaitrc  les  limites  des  paxilles.  On  ne 
distingue  plus  quo  des  granules,  qui,  malgrd  la  grande  minceur 
des  bras,  se  continuent  jusqu’a  l’extremitd,  formant  ainsi  une 
bande  tres  mince  qui  sdpare  les  plaques  marginales  dorsales. 
Sur  le  disque,  les  papules  passent  par  les  interstices  que  les 
paxilles  laissent  entre  elles  sur  leur  pourtour;  sur  les  bras,  ces 
intervalles  se  remarquent  surtout  aux  deux  extremites  proximate 
et  distale  des  paxilles. 

La  plaque  madreporique  est  tres  petite,  situee  a  peu  pres  a 
egale  distance  entre  le  centre  et  les  plaques  marginales.  L’anus, 
extremement  petit,  est  central. 

Les  plaques  vcntro-laterales  ne  sont  pas  tres  developpees  et 
1  espace  qu’elles  couvrent  est  assez  restreint  en  raison  du  deve- 
loppeinent  des  plaques  marginales  ventrales.  On  distingue,  en 
dehors  des  adambulacraires,  une  premiere  rangee  de  plaques 
dui  sont  un  peu  plus  grandes  que  les  autres  et  qui  sont  au  nom- 
b,edune  douzaine  sur  les  grands  exemplaires.  Les  autres  ran¬ 
gees  renferment  des  plaques  plus  petites.  D’ailleurs,  les  contours 
de  ces  plaques  ne  sont  pas  tres  distincts  en  raison  des  petits 
P'quants  serrds  qui  les  recouvrent;  ces  piquants  sont  courts, 
uniques  et  pointus.  En  general,  on  distingue  un  piquant  central 
1  Us  gros  autour  duquel  sont  disposes  les  piquants  plus  petits; 
j^°*s  on  rencontre  deux  grands  piquants  sur  la  meme  plaque. 

s  piquants  des  plaques  dela  premiere  rangbe,  parallele  aux 

'n  ulacraires,  sont  un  peu  courts  et  moins  pointus  que  les 
bo  ,CS  et  ressemblent  plutot  a  des  granules  allonges.  Sur  les 
j.^.s  en  eontact  de  ces  plaques,  les  granules,  au  nombre  d  une 
dis  'ne  env*lon  sur  chaque  bord,  s’allongent,  s’aplatissent  et  se 
se  di°Serit  ParaUelement  les  uns  aux  autres  en  meme  temps  qu’ils 
nier Ilfc,ent  vers  ^urs  congeneres  de  la  plaque  voisine  pour  for- 
pc:d  ’Un  ^e^^ce^a*re  fasciolaire  tres  developpe.  En  dehors  du 
(je  C  a',e  interradial  impair,  on  peut  compter  une  douzaine 
exei-n  ^  ?^ce^aires  de  chaque  cote  des  bras  sur  les  grands 


(99) 


36  — 


Les  plaques  marginales  dorsales  sont  au  nombre  de  trente- 
neuf  a  quarante  dans  le  grand  echantillon.  Elies  sont  tres  larges 
et  empietent  fortement  sur  la  face  dorsale,  surtout  dans  Tangle 
interbrachial  oil  elles  sont  beaucoup  plus  larges  que  longues; 
elles  se  retrdcissent  ensuite  progressivement  et  deviennent  fina- 
lement  aussi  longues  que  larges.  Elles  sont  couvertes  de  gros 
granules  aplatis,  circulaires  ou  pol)rgonaux,  contigus,  un  peu 
inegaux,  qui,  vers  les  bords  suturaux,  deviennent  assez  brus- 
quement  plus  petits  et  constituent  une  rangee  de  bordure  bien 
distincte  et  tres  constante;  on  n’observe  pas  la  moindre  tendance 
a  la  formation  des  fascioles. 


Les  plaques  marginales  ventrales  sont  tres  larges,  plus  larges 
me  me  que  les  dorsales  dans  Tangle  interbrachial;  a  ce  niveau, 
elles  sont  trois  fois  plus  larges  que  longues,  et  retrecies  en 
dehors.  Elles  sont  couvertes  de  petits  piquants  aplatis,  couches, 
coniques  et  tres  serre's.  Quelques  uns  d’entre  eux  s’allongent  en 
petits  piquants,  surtout  vers  le  bord  externe  de  la  plaque,  mais 
ils  ne  forment  pas  de  rangee  mediane.  Sur  les  bords  suturaux, 
les  gianules  sont  plus  petits  et  plus  courts,  sans  la  moindre  ten¬ 
dance  a  former  des  fascioles. 


; auamuu 


Le  sillon  ambulacraire  est  tres  etroit.  Les  plaques 
lacraires  offrent,  dans  le  sillon,  une  dizaine  de  piquants  courts 
et  obtus  formant  un  peigne  dresse  dans  lequel  les  piquants 
medians  sont  un  peu  plus  longs  que  les  autres.  Sur  leur  face 
xentiale,  les  plaques  portent  des  piquants  courts  et  coniques, 
qui  sont  peu  nombreux  et  irre'gulierement  distributes  sur  les 
plaques  proximales;  ils  deviennent  plus  nombreux  et  se  dispo- 
sent  en  deux  series  plus  ou  moins  regulieres  sur  les  plaques 
distales.  II  arrive  parfois,  au  dela  de  la  moitie  des  bras,  qu’un 
ou  deux  piquants  de  la  rangee  moyenne  se  distinguent  des 
autres  par  une  taille  plus  grande. 

Les  dents,  peu  saillantes,  offrent  sur  leur  bord  libre,  une 
douzaine  de  piquants  analogues  aux  piquants  ambulacraires 
qu  ils  continuent;  sur  leur  face  ventrale,  elles  presen  tent  deux 
rangees  de  piquants  courts  et  coniques. 


R.vpporis  ei  differences.  —  L 'A.  eminens  se  distingue  surtout 
par  ses  bras  tres  longs,  s’amincissant  rapidement  et  devenant 


—  37  — 

tres  pointus  a  lextremitc,  et  par  la  largeur  des  plaques  margi- 
nalesdans  Tangle  intcrbrachial.  Parmi  les  especes  avec  lesquelles 
on  pourrait  la  confondre,  jc  ne  vois  que  les  A.  coHcinnum  et  or- 
dinatum  decrits  par  Vcrrill  (sous  les  noms  de  Psetldar chaster 
concinnus  et  ordinatus)  et  V Aphroditaster gracilis  Sladen  qui  est 
bien  peu  different  du  genre  Aslrogonium.  Comme  cettc  derniere 
espece  a  les  bras  comparativement  moins  longs  et  les  plaques 
latero-ventrales  ainsi  que  les  plaques  marginales  ventrales  cou- 
vertes  d’un  revetement  uniforme  de  granules  sans  piquants  diffe- 
rencies,  la  confusion  avec  YA.  eminens  ne  me  parait  pas  possible. 

L 'A.  eminens  a  plus  d’allinitds  avec  les  deux  especes  decrites 
par  Verrill,  surtout  avec  le  Pseudarchaster  concinnus  dans 
lequel  7?  =  io5  a  iio  millimetres  et  r  =  3q  millimetres.  Le  Ps. 
ordinatus  est  plus  petit  et  les  dimensions  indiquees  par  \  errill 
sont :  R  =  ^  a  5o  millimetres  et  r—  17  a  18  millimetres;  cette 
derniere  espece  est  remarquable  par  une  rangee  tres  regulieie 
de  pedicellaires  fasciolaires  entre  les  plaques  ventrales  de  la 
premiere  range'e  et  qui  peuvent  atteindre  le  nombre  de  seize 
dans  chaque  interradius.  En  dehors  de  quelques  differences 
dans  la  disposition  des  piquants  ambulacraires  et  des  caracteres 
des  paxilles  de  la  face  dorsale,  je  rcmarque  que  les  deux  especes 
dfi  'V errill  offrent  sur  les  bords  suturaux  des  plaques  marginales 
dorsales  des  pe'dicellaires  fasciolaires  tres  nets  :  or,  il  n  y  a  pas  la 
®oindre  indication  de  cette  structure  chez  lh4.  eminens  dans 
'equel,  au  contraire,  les  granules  sont  plus  petits  le  long  des 
01(ds  suturaux  que  sur  le  reste  des  plaques  marginales.  Ce 
aractere  permettra  de  distinguer  facilement  YA.  eminens  des 
6Ux  esPeces  americaines. 


Astrogonium  aequabile,  nov.  sp. 

tin  ^amPaSne  J^°2  :  ^tn‘  profondeur  igoon 


Un  echan- 


base 


R  =  57  millimetres ;  r  —  irj  millimetres. 
e  disque  est  grand.  Les  bras  ne  sont  pas  tres  larges  a  la 


et  v°nt  en  s’amincissant  rapidement  jusqu’au  sommet  qui 

(99) 


—  38 


est  pointu.  La  face  dorsale  otfre  des  paxilles  hexagonales,  grandes 
dans  la  region  centrale  et  diminuant  rapidement  dans  les  espaces 
interradiaux  et  sur  les  bras;  les  granules  sont  plus  gros  au 
milieu  et  plus  petits  vers  la  periphdrie  sans  qu’on  puisse  distin- 
guer  de  cercle  pe'ripherique  bien  regulier.  Sur  les  bras,  on  recon- 
nait  une  range'e  mediane  bien  distincte  de  paxilles  allongees 
longitudinalement  et  plus  grandes  quc  les  autres;  celles-ci 
conservent  toujours  leur  alignement  et  leur  allongement  longi¬ 
tudinal,  mais  elles  deviennent  rapidement  beaucoup  plus  etroites 
tout  en  conservant  a  peu  pres  la  meme  longueur  et  finissent 
par  se  reduire  a  deux  rangees  paralleles  de  granules.  Lane 
paxillaire  devient  rapidement  tres  e'troite  sur  les  bras  et  avant 
meme  d’atteindre  lc  tiers  de  la  longueur  des  bras,  elle  est  plus 
etroitc  que  la  plaque  marginale  dorsale  correspondante.  Les 
papules,  qui,  sur  le  disque,  se  montrent  au  pourtour  des  paxilles, 
se  localisent  aux  deux  extremites  de  ccllcs-ci  sur  les  bras. 

Les  plaques  marginales  dorsales  sont  couvertes  de  granules 
polygonaux  tres  serres,  identiques  a  ceux  qui  forment  les  paxilles 
dorsales,  et  qui  couvrent  uniformement  toute  la  surface  de  la 
plaque  sans  diminuer  sensiblement  de  grosseurvers  les  bolds 
adosses  des  plaques  ou  Ton  n’observe  jamais  de  rangee  de  boi- 
dure  distincte;  on  peut  meme  rencontrer  certains  granules  qui 
recouvrent  l’interstice  meme  entre  deux  plaques  marginales  sue 
cessives.  Aussi  cet  interstice  est-il  tres  peu  accuse  et  il  est  sim 
plement  marque  par  un  leger  sillon,  les  granules  formant  un 
revetement  ininterrompu  sur  la  surface  des  plaques  marginales. 

La  plaque  madreporique  est  tres  petite,  situee  a  egale  dis¬ 
tance  entre  le  centre  et  les  plaques  marginales.  L’anus  nest 
pas  visible. 

La  face  ventrale  du  disque  offre  d’abord  it  considdrer  une  pre¬ 
miere  rangde  de  plaques  contigues  aux  adambulacraires  et  qul 
forment  une  serie  tres  reguliere.  Ces  plaques,  plus  larges  que 
longues,  sont  couvertes  de  petits  piquants  tres  courts  et  serres 
qui,  sur  les  bords,  s’allongent  en  se  disposant  tres  regulie,e 
ment  et  forment  ainsi  des  pedicellaires  fasciolaires  extremement 
nets,  chacun  d'eux  comprenant  une  dizainc  de  paires  de  piquants 
aliiontes.  Ces  pedicellaires  sont  extremement  rapproches  les  un-' 
des  auties  et  les  parties  des  plaques  qui  apparaissent  dans  letu 


-  39  - 


intervalles  sont  tres  etroites  :  dies  n’offrent  guere  que  deux  ou 
trois  rangs  de  piquants  a  leur  surface.  L’on  peut  compter  sur 
chaque  bras,  eten  dehors  du  pddicellaire  impair  place  en  dehors 
des  dents,  une  rangee  de  sept  ou  huit  pediccllaires  tres  deve- 
loppe's;  a  la  suite  de  ceux-ci,  viennent  encore  quatre  ou  cinq 
plaques  separees  par  des  groupes  de  piquants  moins  nettement 
disposes  que  sur  les  precedents  cn  pediccllaires,  mais  olfrant 
neanmoins  une  indication  de  groupement  regulier. 

Ces  rangees  de  pedicellaires  sont  extremement  apparentes  et 
frappent  l’oeil  lorsqu’on  regarde  1’Astdrie  sur  son  cote'  ventral. 
Le  reste  de  la  face  ventrale  est  occupe  par  des  plaques  dispo¬ 
ses  des  adambulacraires  aux  marginales  et  dont  les  contours 
ne  sont  pas  apparents  en  raison  des  piquants  qui  les  recouvrent. 
Chaque  plaque  porte  une  garniture  de  petits  granules  allonges 
au  centre  desquels  s’eleve  un  petit  piquant  aplati  et  pointu 
tres  distinct. 


Les  plaques  marginales  ventrales,  qui  correspondent  exacte- 
ment  aux  marginales  dorsales,  sont  rccouvertes  de  granules  coni- 
dues,  aplatis,  pointus,  un  peu  imbriques,  formant  sur  chaque 
plaque  une  dizainc  de  rangees  d’ailleurs  irregulieres.  In  certain 
ttombre  de  ces  granules  s’allongent  cn  piquants  qui  forment 
souventdeux  rangees  plus  ou  moins  apparentes.  Sur  les  bords 
^es  Piques,  les  granules  deviennent  plus  fins  et  ils  s’encheve- 
trent  legerement  les  uns  dans  les  autres,  formant  ainsi  un  com¬ 
mencement  de  fasciole  dans  chaque  intervalle. 

Les  plaques  adambulacraires  offrent  d’abord  une  rangee 
terne  de  huit  a  neuf  piquants  allonges  et  cylindriques,  aextre- 
Ite  obtuse;  les  piquants  medians  sont  un  peu  plus  longs  que 
ttuties.  Innnediatemcnt  en  dehors,  vient  une  deuxieme  ran- 
Slx  h  sept  piquants  un  peu  plus  petits  que  les  precedents. 


gee  de 
Lnfin 


^  011  remarque  un  groupe  de  piquants  plus  courts  et  plus 

br  ^'.  ^Ul  SOnt  Peu  n°mbreux  sur  les  premieres  plaques  de  chaque 
lrj. S'  ct  deviennent  ensuite  plus  nombreux  et  se  disposent 
sontle  60  ^CUX  rangces  mal  definies,  dans  lesquelles  les  externes 
ljea  P^Us  Petits  tandis  que  Fun  des  autres  s’allonge  souvent 
j  °UP’  ®nrtout  dans  la  deuxieme  moitie  du  bras. 

"Cs  c^ents  offrent  sur  leur  bord  externe  une  demi  douzaine 


(99) 


-  4o  — 


de  piquants  tres  allonges  qui  continuent  les  piquants  du  sillon 
ambulacraire.  Sur  leur  face  ventrale,  on  observe  line  rangee 
reguliere  de  sept  ou  huit  piquants,  tres  rapproches  de  la  suture 
mediane,  ct,  en  dehors,  deux  rangdes  plus  ou  moins  marquees 
de  piquants  plus  petits  et  moins  nombreux. 

Rapports  et  differences.  —  L'A.  cequabile  se  reconnaitra 
facilenrent  aux  dix  rangees  de  pedicellaires  fasciolaires,  tres 
de'veloppes  pour  la  taille  de  l’Asterie  et  qui  se  montrent  paral- 
lelement  aux  sillons  ambulacraires,  et  au  recouvrement  uniforme 
de  granules  que  portent  les  plaques  marginales  dorsales. 

Les  especes  qui  offrent  des  pe'dicellaires  fasciolaires  grands 
et  nombreux,  tels  que  les  A.  continuum  (Verrill)  et  ordination 
(V  errill)  ainsi  que  YAphrodi taster  gracilis  Sladen,  ne  peuvent 
pas  etre  confondues  avec  Y A.  cequabile.  L’ Aphroditaster  gracilis 
a  la  face  ventrale  uniformement  couverte  de  petits  granules 
coniques.  Les  A.  continuum  et  ordinatum  ont  les  plaques  mai- 
ginales  dorsales  separdes  par  des  fascioles,  et  les  piquants  am¬ 
bulacraires  sont  un  peu  diffdrents;  la  premiere  espece  surtout 
s  ecarte  de  PA.  cequabile  par  les  plaques  ventrales  garnies  de 
piquants  allongds  et  presque  uniformes,  et  par  un  developpe- 
ment  moindre  des  pedicellaires  ventraux,  du  moins  autant  que 
je  puis  en  juger  par  la  description  et  les  dessins  de  Verrill. 

Y,  A.  cequabile  ne  peut  pas  dtre  confondu  avec  YA.  eminent 
decrit  ci-dessus  et  qui  peut  atteindre  une  taille  beaucoup  plus 
giande.  J  ai  pu  precisement  le  comparer  a  un  echantillon  d  A- 
eminens  de  la  Stn.  1344,  et:  dont  la  taille  est  presque  identique  a 
celle  du  type  de  1L1.  cequabile.  Or  ce  dernier  a  des  pedicellaiies 
fasciolaires  plus  nombreux  et  bien  rnieux  marques;  de  pin5? 
dans  le  petit  A.  eminens ,  les  plaques  marginales  dorsales  sont 
couveites  de  granules  plus  saillants,  plus  espaces  et  se  conti 
nuant  avec  les  granules  des  paxilles;  les  limites  de  ces  plaques 
sont  mdtquees  par  un  sillon  bien  marque.  Au  contraire,  chez 
1  A.  cequabile ,  ces  limites  ne  sont  pas  indiquees  par  un  sillon  et 
les  gianules  sont  plats  et  contigus;  en  revanche,  les  plaque5 

marginales  dorsales  sont  mieux  limitees  du  cote  de  l’aire  paxil- 
laire. 


OPHIURES 


Ophiacantha  veterna,  nov.  sp. 

Campagne  de  1902  :  Stn.  1412,  profondeur  2200"’.  Trois 
e'chantillons.  —  Stn.  1420,  profondeur  2460™.  Un  echantillon. 

Campagne  de  1900  :  Stn.  2048,  profondeur  1968'".  Un  echan¬ 
tillon. 

Le  diametre  du  disque  rnesure  de  7  a  8  millimetres,  les  bias 
sont  longs  et  de'passent  40  millimetres. 

Le  disque  est  plus  ou  moins  dchancre  dans  les  espaces  intei- 
tadiaux.  La  face  dorsale  offre  dix  cotes  radiales  saillantes,  ties 
e'cartees  l’une  de  l’autre  dans  chaque  paire  oil  elles  sont  presque 
paralleles.  Elle  est  couverte  de  petits  grains  rugueux,  senes, 
<lui  s’allongent  a  peine  en  batonnets  extremement  courts ;  ces 
grains  se  retrouvent  sur  les  cotes  radiales.  I  Is  passent  e'galement 
a  la  face  ventralc  oil  ils  sont  un  peu  plus  petits  et  dont  ils  cou- 
"ent  a  peu  pres  toute  l’dtendue. 

Les  fentes  gdnitales  sont  tres  apparentes. 

Les  boucliers  buccaux  sont  assez  grands,  triangulaires,  a\ec 
Un  angle  proximal  tres  obtus  et  un  bord  distal  tres  convexe  se 
leliant  par  des  angles  assez  ouverts  aux  cotes  latdiaux.  Les 
plaques  adorales  sont  dpaisses  et  fortes,  legerement  recourbees 
Cn  CI°tssant,  deux  fois  et  demi  plus  longues  que  larges,  elles  ne 
,°nt  Pas  elargies  en  dehors  et  ne  separent  point  le  boucliei 
Uccal  de  la  premiere  plaque  brachiale  laterale.  Les  plaques 
0rales  sont  petites,  triangulaires.  Les  papilles  buccales  laterales 
^disposdes  tres  irrdgulierement  et  varient  non  seulement  d  un 
^dividu  a  l’autre,  mais  aussi  chez  le  meme  individu  sur  les 
^  ttS  ^  Un  meme  angle  buccal.  On  observe  generalement  quatie 
Lpilles  le  long  des  plaques  orales;  les  deux  internes  sont 


(99) 


—  42  — 

coniques  et  pointues,  les  deux  externes  sont  plus  fortes,  cylindri- 
ques,  arrondies  a  Textremite.  Independamment  de  ces  papilles, 
on  en  trouve  quelques  autres  surnumeraires  dont  le  nombre  et 
la  position  n’ont  rien  de  rdgulier.  Tantoton  observe  une  ou  deux 
papilles  intercalees  entre  les  papilles  principals,  un  peu  plus 
petites  qu  elles,  et,  en  general,  dirige'cs  obliquement  vers  la  face 
dot  sale;  ou  bien  on  voit  une  ou  deux  papilles  inserees  au  point 
de  1  eunion  des  plaques  orales  et  adorales  ou  encore  sur  la  face 
■'entiale  des  plaques  orales.  Ces  deux  sortes  de  papilles  supple- 
mentaires  peuvent  d’ailleurs  se  rencontrer  du  me  me  cotd.  II  y 
a  toujours  une  papille  terminale  impaire  plus  forte  que  les 
voisines. 

Les  deux  premieres  plaques  brachiales  dorsales  sont  rectan- 
gulaiies,  avec  le  bord  proximal  plus  etroit.  Les  suivantes  sont 
tiiangulaires  avec  le  bord  distal  convexe  et  un  angle  proximal 
d  aboid  aigu.  Elles  sont  aussi  larges  que  longues.  Au  dela  de  la 
quatiieme  ou  de  la  cinquieme,  les  plaques  s’allongent  un  peu  et 
piennentune  forme  en  cloche  qui  rappelle  quelque  peu  celle  que 
Ion  connait  chez  l’O.  abyssicola ,  c’est-a-dire  que  Tangle  proxi¬ 
mal  s  arrondit  et  les  bords  lateraux  s’inflechissent  legerement  en 
dehors,  mais  elles  sont  toujours  beaucoup  moins  larges  que 
chez  1  0.  abyssicola  et  elles  sont  habituellement  un  peu  plus 
longues  que  larges.  Elles  sont  separees  a  partir  de  la  seconde. 

La  premiere  plaque  brachiale  ventrale  est  petite,  pentagonale, 
plus  longue  que  large;  les  autres  sont  tres  grandes,  triangu- 
latres,  avec  le  bord  distal  tres  convexe;  elles  sont  plus  larges 
que  longues  et  se  separent  au  dela  de  la  quatrieme. 

Les  plaques  laterales,  saillantes,  portent  sept  piquants  fine- 
ment  denticules;  le  premier  ventral  est  dgal  a  Tarticle  et  les 
deux  deinieis  doisaux  e'galent  deux  articles  et  demi  a  trois  arti¬ 
cles.  Les  jangees  dorsales  ne  sont  pas  rapprochees  Tune  de 
1  autre  a  la  base  des  bras. 

L  ecaille  tentaculaire  est  petite,  conique  et  pointue. 

R\]  i  or  is  e  i  differences.  —  L’O.  veterna  rapipelle  TO.  abys- 
pai  les  caiacteres  de  la  face  dorsale  du  disque  et  une 
certame  ressemblance  dans  la  forme  des  plaques  brachiales 


-43  - 

dorsales,  mais  die  s'en  distingue  immediatement  par  le  nombre 
et  l’irregularite  des  papilles  buccales  laterales,  par  les  boucliers 
buccaux  plus  grands  et  plus  epais.  et  par  les  plaques  brachiales 
dorsales  notablement  plus  dtroites. 


Ophiolimna  opercularis,  nov.  sp. 

Campagne  de  1N87  :  Stn./i73.  profondeur  325m. 

LTn  seul  echantillon  malheureusement  en  assez  mauvais  etat; 
une  partie  du  disque  manque  et  les  bras  sont  casses,  soit  a  leur 
base,  soit  a  i5  millimetres  du  disque.  Toutefois  l’espece  est 
parfaitement  nette  et  peut  etre  decrite  completement. 

Le  diametre  du  disque  est  de  4  millimetres  seulement. 

Le  disque  est  arrondi.  La  face  dorsale  est  uniformement 
couverte  de  granules  arrondis,  lisses,  tres  regulierement  places 
Ls  uns  a  cote  des  autres,  et  sans  aucun  piquant  interposd.  Les 
boucliers  radiaux  sont  invisibles.  Ces  granules  se  continuent 
avec  les  memes  caracteres  sur  la  face  ventrale  du  disque  qu  ils 
•ecouvrent  entierement;  aux  endroits  oil  ces  granules  manquent 
accidentellement,  on  distingue  les  plaques  sous-jacentes  qui 
s°nt  fines  et  imbriqudes.  Les  fentes  genitales  sont  tres  etroites. 

Les  boucliers  buccaux  sont  grands,  triangulaires,  plus  larges 
que  longs,  avec  un  angle  proximal  assez  ouvert,  des  angles  late- 
laux  a,T°ndis  et  un  bord  distal  tres  convexe.  Les  plaques  ado- 
aLs  sont  tres  allongdes,  quatre  fois  plus  longues  que  larges, 
ec  les  bords  paralleles  et  elles  emettent  en  dehors  une  lame 
8e)  qui  separe  le  bouclier  buccal  de  la  premiere  plaque  bra- 
^lale  laterale.  Les  plaques  orales  sont  triangulaires  et  petites. 

S  Lapilles  buccales  laterales  sont  au  nombre  de  quatre  :  1  ex- 
J  ne  est  grande,  large  et  rectangulaire,  deux  fois  plus  longue 
L'ge,  en  iorme  d’opercule  et  contigue,  par  son  bord  libie, 
ex  '  Papille  opposee;  elle  rappelle  absolument  la  papille 
u  1  ne  L1  une  Amphipholis ;  les  trois  autres  papilles  sont  coni- 
Uric  ’  d  P°lnte  emoussee  et  de  la  forme  ordinaire;  il  y  a  en  outre 
1  apille  terminale  impaire  un  peu  plus  forte  que  les  voisines. 

(99) 


—  44  — 


A  la  limite  des  plaques  orales  et  adorales,  on  trouve  quelques 
granules  arrondis  au  nombre  de  trois  ou  quatrc  gdneralement. 

Les  plaques  brachiales  dorsales  sont  grandes,  triangulaires, 
avec  le  bord  distal  arrondi;  elles  sont  separe'es  au  dela  de  la 
premiere. 

La  premiere  plaque  brachiale  ventrale  est  petite,  pentagonale, 
contigue  a  la  papille  buccale  externe.  Les  suivantes  sont  grandes, 
pentagonales,  avec  un  bord  distal  convexe.  Au  dela  du  disque, 
les  cotes  lateraux  disparaissent  et  les  plaques  deviennent  trian¬ 
gulaires.  Elies  se  separent  a  partirde  la  seconde. 

Les  plaques  laterales,  peu  proeminentes,  portent  a  la  base 
des  bras  cinq  piquants  courts,  lisses  et  it  pointe  emoussee,  qui 
sont  rabattus  sur  la  face  lateraledes  bras.  La  longueur  augmente 
fort  peu,  depuis  le  premier  piquant  ventral  qui  egale  l’article, 
jusqu  au  dernier  dorsal  qui  n’atteint  pas  la  longueur  d’un  arti¬ 
cle  et  demi. 

L’ecaille  tentaculaire,  unique,  est  grande  et  large  sur  les 
deux  ou  trois  premiers  articles,  puis  ell e  diminue  rapidement 
de  taille  et  devient  simplement  ovalaire. 

Toutes  les  plaques  brachiales  offrent,  a  leur  surface,  de  fines 
stries  transversales. 

Rapports  et  differences.  - —  L’O.  opercularis  se  distingue 
facilement  des  autres  Ophiolimna  par  la  forme  de  la  papille  buc¬ 
cale  externe  et  par  le  disque  uniformement  couvert  de  granules 
arrondis  et  lisses,  sans  piquants. 


Ophioplinthaca  occlusa,  nov.  sp. 

Campagne  de  1897  •  Stn.  806,  profondeur  1425™.  Quelques 
e'chantillons. 

I  ous  les  individus  sont  de  tres  petite  taille  et  le  dianietre  du 
disque  ne  de'passe  pas  2  millimetres;  les  bras,  tres  fins  et  moni- 
lifoimes,  ont  environ  20  millimetres  de  longueur. 

Le  disque  est  arrondi,  profondement  excave  dans  les  espaces 


—  45  — 

interradiaux.  La  face  dorsale  oflre  de  grandes  plaques  imbri- 
quees,  allongees  dans  les  espaccs  interradiaux  en  dehors  des 
boucliers  radiaux  et  arrondies  dans  la  region  centrale,  portant 
chacune  un  piquant  long  et  pointu.  Les  boucliers  radiaux  sont 
grands,  triangulaires.  plus  grands  que  la  moitic  du  rayon  du 
disque,  contigus  en  dehors,  tres  legerement  divergentset  separds 
par  une  rangec  dc  plaques  qui  peuvent  porter  des  piquants. 

La  face  ventrale  offre  des  plaques  grandes  et  imbriquees 
qui  portent  des  piquants  vers  la  Peripherie  du  disque.  Les  fentes 
genitales  sont  dtroites. 

Les  boucliers  buccaux  sont  petits,  triangulaires,  avec  le  bold 
distal  arrondi.  Les  plaques  adorales  sont  tres  grandes  et  allon¬ 
gees,  separe'es  sur  la  ligne  mddianc.  Les  plaques  orales  sont 
petites.  La  papille  buccale  externe  est  grande,  operculiforme, 
rectangulaire,  presque  deux  fois  plus  longue  que  large  et  dis- 
posee  comme  chez  les  Amphipholis.  Les  deux  autres,  plus  petites 
et  coniques,  arrivent  au  meme  alignement  que  la  pre'ce'dente, 
de  telle  sorte  que  la  bouche  est  completemet  fermde  quand  les 
papilles  sont  rapprochees  les  lines  des  autres.  La  papille  termi- 
nale  itnpaire  est  plus  grande  et  large. 

Les  plaques  brachiales  dorsales  sont  petites,  triangulaires, 
avec  le  bord  distal  convexe;  elles  sont  largement  separees. 

La  premiere  plaque  brachiale  ventrale  est  tres  petite,  penta- 
g°nale,  exactement  contigue  par  son  bord  proximal  a  la  papille 
uccale  externe.  Les  suivantes  sont  grandes,  pentagonales,  avec 
Un  an8le  proximal  trbs  obtuset  le  bord  distal  arrondi;  elles  sont 
Lrgement  sdpardes. 

Les  plaques  latdrales  sont  tres  proe'minentes.  Liles  portent 
Sept  Piquants  a  la  base  des  bras;  ce  nombre  tombe  ensuite  a 

puis  a  cinq.  Ces  piquants  sont  longs,  amincis,  lisses  et  aigus. 
e  Premier  piquant  ventral  est  egal  a  Particle  et  le  dernier  dorsal 
il  a  deux  articles  sur  les  premiers  articles  brachiaux; 

^  e'ient  ensuite  plus  court.  Les  piquants  dorsaux  forment 

langee  continue  a  la  face  dorsale  des  bras  sur  le  premiei 
article. 

L  ecaille  tentaculairc  est  assez  developpee,  grande,  conique 

et  Pointue. 


(99) 


—  46  — 

Rapports  et  differences.  —  L  0.  occlusa  se  distingue  faci- 
lement  des  autres  especes  par  la  forme  de  la  papille  buccale 
externe. 


Ophioplus  armatus,  nov.  sp. 

Campagne  de  1902  :  Stn.  1 343,  profondeur  i25om.  Deux 
echantillons. 

Dans  le  plus  grand,  le  diametre  du  disque  est  de  6  millime¬ 
tres,  et  les  bras  ont  22  millimetres  de  longueur;  1’autre  exern- 
plaiie  n  est  pas  en  tres  bon  etat  et  le  diametre  du  disque  mesure 
5  millimetres. 

Le  disque  est  arrondi  et  plus  ou  moins  excave  dans  les  espaces 
intei radiaux.  La  face  dorsale  laisse  reconnaitre  dix  cotes  sail- 
lantes  qui  s  allongent  vers  le  centre  du  disque  sans  se  rencontrer. 
Ces  cotes  sont  plus  larges  et  plus  saillantes  dans  leur  region 
distale,  les  deux  cotes  de  chaque  paire  sont  largement  ecartees 
lune  de  1  autre,  loute  cette  face  est  couverte  uniformement  de 
plaques  arrondies,  a  contours  plus  ou  moins  distincts  et  qui  se 
montrent  aussi  sur  les  cotes  radiales;  chacune  d’elles  porte  un 
gros  Plcluant  court,  e'pais,  a  extremite  dmoussee  et  rugueuse. 

La  face  \entiale  olfre  aussi  des  plaques  arrondies,  un  peu 
plus  petites  que  celles  de  la  face  dorsale  et  ne  portant  de  piquants 
]ue  \  eis  la  peiipherie  du  disque.  Les  fentes  genitales  sont  larges. 

Les  boucliers  buccaux  sont  petits,  triangulaires,  plus  larges 
que  longs,  avec  un  angle  proximal  aigu,  des  cotds  Iateraux  con- 
CcUeS  et  un  distal  legerement  arrondi.  Les  plaques  adorales 
■  nt  glosses,  ties  epaisses  et  courtes,  largement  adosse'es  1  une 
,  .  autle  SU1  bgne  mediane.  Les  plaques  orales  sont  triangu- 
is  et  assez  hautes.  Les  papilles  buccales  latdrales,  au  nonibre 
quatre,  sont  minces,  coniques  et  assez  pointues;  il  y  en 
P  <  une  papille  terminale  plus  large  et  plus  dpaisse. 

es  P  aques  dorsales  du  disque  se  continuent  sur  le  premier 
.■  CS  ^las5  mais  au  dela,  les  plaques  brachiales  deviennent 

sin  nCteS  et  c^acune  d  elles  est  divise'e  en  deux  parties  par  un 
on  transversal  :  une  partie  proximale  carree  et  une  partie 


—  47  ~ 

distale  plus  grande,  en  forme  d’eventail  avec  un  bord  proximal 
etroit  et  un  bord  distal  large  et  convexe.  Elies  sont  contigues. 

La  premiere  plaque  brachiale  ventrale  est  grande,  allongde, 
losangique  ou  hexagonale,  plus  longue  que  large.  La  deuxieme 
est  grande,  pentagonale,  aussi  longue  que  large,  avec  un  angle 
proximal  tronque  et  des  cote's  lateraux  obliques.  Les  suivantes 
sont  aussi  pentagonales,  avec  un  angle  proximal  arrondi,  des 
cotes  latdraux  droits  et  un  bord  distal  fortement  dchancrd;  elles 
sont  aussi  longues  que  larges  et  contigues. 

Les  plaques  latcrales,  assez  prodminentes,  portent  cinq 
piquants,  courts,  epais,  ddpassant  it  peine  la  moitie  de  I’article ; 
le  dernier  dorsal  est  un  peu  plus  long. 

Je  ne  distingue  pas  d’dcaille  tentaculaire. 

Rapports  et  differences.  —  Cette  Ophiure  appartient  bien 
au  genre  Ophioplus ,  tel  que  l’a  defini  Verrill,  en  raison  de  la 
presence  de  plaques  brachiales  dorsales  distinctes.  Elle  se  dis- 
nt>ue  de  1  0.  tuberculosus  par  la  face  dorsale  du  disque  cou- 
e  plaques  munies  chacune  d’un  piquant,  par  la  forme  des 
Uc  lets  buccaux  et  des  plaques  brachiales  dorsales  et  ventrales, 

1  due  par  1  absence  d’dcaille  tentaculaire. 


(99) 


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AVIS 


Le  Bulletin  est  en  depot  chez  Friedlander,  11,  Carlstrasse. 

Berlin. 


Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  separement  aux  prtx 
suivants  et  franco  : 


Fr. 


88.  —  Analyse  des  echantillons  d’eau  de  raer  recueillis  pendant  la 

Campagne  du  yacht  Princesse-Alice  en  1906,  (kun  espe- 
ranta  traduko),  par  G.-H.  Allemandet .  .... 

89.  —  Notes  sur  lesgisements  de  Mollusques  comestibles  des  C6tes 

de  France.  —  La  region  d’Auray  (Morbihan)  avec  1  carte, 
par.  L.  Joubin,  professeur  au  Museum  d’Histoire  naturelle 

de  Paris  et  a  l’lnstitut  Oceanographique . 

go.  —  Description  de  l’extremite  posterieurc  du  corps  anormale 
chez  deux  Motella  fusca  Rlsso,  par  lc  D'  M.  Jaquet, 
Conservateur  au  Musee  Oceanographique  (avec  une  plan- 
che  double) . . . . 

91.  —  Analyse  de  quelques  echantillons  de  Pclagosite  recueillis 

dans  le  port  de  Monaco,  (kun  esperanta  traduko),  par 
G.-H.  Allemandet . 

92.  —  Conference  du  1"  decembre  1906.  La  Presqu’ile  de  Qui- 

beron  (avec  quatre  planches),  par  L.  Joubin,  professeur 
au  Museum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  et  a  l’lnstitut 

Oceanographique . 

9^*  —  Quelques  impressions  d’un  naturaliste  au  cours  d’une  catn- 
pagne  scientifique  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  (1900), 
par  E. -L.  Bouviek,  professeur  au  Museum  d'Histoire 

naturelle,  Membre  de  l’lnstitut . 

94-  —  Sur  l’existence  de  la  Mye  dans  la  Mediterranee,  par  Fred 

Vles,  preparateur  du  Laboratoire  de  Roscoft . 

9^*  —  Sur  la  huitieme  campagne  de  la  Princesse-Alice  1I-,  Par 

S.  A.  S.  le  Prince  Albert  I"  de  Monaco . 

96.  —  Orchomenella  lobata ,  nouvelle  espece  d’Amphipode  des 

regions  arctiques,  par  Ed.  Chevreux . . 

97*  —  Sur  une  methode  de  prelevement  de  l'eau  de  mer  destinee 
aux  etudes  bacteriologiques,  par  MM.  P.  Portier  et 
J.  Richard . 


0  5o 

2  5o 

1  » 

o  5o 

1  5o 

1  5o 
o  5o 
0  5o 
1  » 

1  » 


9^*  Questionnaire  relatif  aux  especes  comestibles  de  Crustaces, 

par  H.  Coutiere . .  . .  05 

99.  Note  preliminaire  sur  quelques  Asteries  et  Ophiures  prove- 
nant  descampagnescle  la  Princesse-Alice,  par  R.  Kxehler, 
professeur  &  la  Faculte  des  Sciences  de  Lyon .  . 


MONACO.  —  IMPR.  DE  MONACO. 


N°  ioo 


Avril  1907 


BULLETIN 


DE 


1/lliSTITUT  11 U;  I  Uni  !!t  I’ll  HI  II; 


(Fondation  ALBERT  Rr,  Prince  de  Monaco) 


-<8- 


L’lNDUSTRIE  DES  SALINES  CUTIERES 

Par  le  Dr  L.  Maillard 

Professeur  agrt'ge  a  la  Faculty  de  Midccine  de  Paris. 

(avec  8  planches) 


M  O  N  A  C  O 


X  s 


Les  auteurs  sont  pries  de  se  conformer  aux  indications  suivantes  . 

t°  Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congies 
internationaux. 

2°  Supprimer  autant  que  possible  les  abreviations. 

3°  Donner  en  notes  au  bas  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

4°  Ecrire  en  italiques  tout  nom  scientifique  latin. 

3°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  B.)  ou 
a  l’encre  de  Chine. 

6°  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papieis 
caiques  les  recouvrant. 

7°  Faire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  non  sur 
papier  procede. 

8°  Remplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  e 
texte  en  donnant  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d'un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 


Les  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  Ils  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nombre  quelconque  —  faire  la  demande  sui 
manuscrit  —  suivant  le  tarif  suivant  : 


!  50  ex. 

Un  quart  de  feuille .  4f  » 

Une  dcmi-feuille .  4  70 

Une  feuille  entiere .  8  10 


100  ex. 

150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

5f  20 

6f  80 

8f  4o 

10  f4o 

1  80 
22  80 
35  80 

6  70 

8  80 

1 1  » 

1 3  40 

9  80 

1 3  80 

16  20 

19  4o 

II  faut  ajouter  a  ces  prix  celui  des  planches  quand  il  y  a  lieu. 


A  dresser  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  a  Vadresse  suivante  • 
Musee  oc6anographique  (Bulletin),  Monaco. 


Bulletin  de  l’Institut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 

N°  ioo.  —  Avril  1907. 


[/Industrie  des  Salines  cotieres. 

Par  le  Dp  L.  MAILLARD 

Professeur  agr6ge  a  la  Faculty  de  Mldecine  de  Paris. 


Parrai  les  ressources  materielles  quc  l’Ocean  met  a  la  dispo¬ 
sition  de  l’activitd  humaine,  il  en  est  pcu  dont  l’importance  soit 
comparable  a  celle  des  produits  salins  retires  des  eaux  de  mer. 
Pant  par  les  chiffres  de  sa  production,  que  par  sa  necessite  pri- 
11101  diale  pour  l’alimentation  de  l’homme  et  des  animaux,  pour 
1® grande  industrie  chimique,  et  pour  cette  autre  exploitation  des 
lessources  de  1’Ocean  qu’est  la  grande  peche,  Y industrie  salini'ei'e 
areiite  1  un  des  premiers  plans  dans  un  tableau  de  l’ocdanogra- 
P  >e  appliqude  aux  besoins  de  l’homme. 


^  Nature  et  situation  des  exploitations  saliniIsbes 

T  1 

^  eau  des  mers  renferme,  coinme  on  le  sait,  un  grand  nom- 
tr°ude  substances  en  dissolution;  certaines  d’entre  elles  s’y 
eng  ent  en  abondance,  d’autres  en  moindre  quantite,  d’autres 
facor  a  ^  etat  traces  minuscules ;  mais  on  peut  dire,  d’une 
b]e  gcnerale,  que  le  milieu  marin  renferme,  en  quantitd  varia- 
’  °us  les  elements  ou  corps  simples  dont  la  chimie  reconnait 

au)ourd’hui  l’exis 


c°uv 


re  les 


existence.  Cela  se  concoit,  car  le  re'seau  fluvial  qui 
(jes  continents,  execute  perpetuellement  une  lixiviation 

ya  ^  stances  solubles  dans  l’eau  et  les  entraine  a  lamer;  la 
°cln-Satl0n  de  l  eau  sous  Paction  solaire  laisse  dans  la  masse 
tion  *CS  Se^s  clu’elle  renferme  ddjit,  tandis  que  la  condensar 
e  ces  vapeurs  sous  forme  de  pluie  entretient  le  rese^tf6 


2 


fluvial  et  son  action  dissolvante  sur  les  parcelles  solubles  de  la 
terre  fertile. 

L’Ocean  est  done  le  reservoir  gigantesque  oil  viennent  abou- 
tir  tous  les  materiaux  solubles  parvenus  a  la  surface  du  globe  a 
une  epoque  quelconque  des  temps  geologiques,  entre  autres  le 
chlorure  de  sodium  d’origine  eruptive  ancienne,  ou  celui  que 
ddversent  encore  les  volcans,  soit  pendant  leui's  paroxysnies,  soit 
par  le  degagement  continu  de  leurs  fumerolles.  Mais  le  chlorure 
de  sodium  n’est  pas  le  seul  corps  abondant  de  beau  de  nier. 

Si  l’on  evapore  une  goutte  d’eau  salee  pure,  ne  renferraant 
que  du  chlorure  de  sodium,  elle  abandonne  des  petits  cristaux  de 
forme  caracteristique,  et  tous  semblables,  cubiques  ou  octaedn- 
ques.  Au  contraire,  l’evaporation  d’une  goutte  d’eau  de  mei 
laisse,  outre  les  cristaux  de  chlorure  de  sodium,  un  semis  de 
petits  grains  cristallins  affectant  d’autres  formes,  et  qui  sont 
constitues  par  les  autres  materiaux  de  l’eau  de  mer. 

II  n’est  d’ailleurs  peut-etre  pas  deux  points  des  oceans  ou 
Ton  trouverait  a  l’eau  une  composition  identique.  Une  foule  de 
conditions,  parmi  lesquelles  surtout  l’apport  d’eau  douce  pat  U 
bassin  fluvial  environnant,  et  d’autre  part  l’intensite  de  l’evapo¬ 
ration,  font  varier  cette  composition.  C’est  ainsi  que  les  met s 
peu  etendues  qui  recoivent  de  grands  fleuves  sont  relativement 
peu  saldes. 

Voici  un  tableau  (i)  qui  indique  la  teneur  totale  en  mateiiaux 
dissous,  d’un  litre  d’eau  de  diverses  mers,  chaque  chiffre  tepie 
sentant  la  tnoyenne  de  plusieurs  analyses  d’echantillons  pi  elites 
en  divers  points  de  chaque  mer. 

Teneur  par  litre  en  materiaux  solides  des  differentes  mers. 


Caspienne .  6gr  3 

Mer  Noire .  17  7 

Baltique .  17  7 

Mer  du  Nord .  33  1 

Mediterranee .  33  7 

Atlantique .  36  3 

Mer  Morte .  223 


(x)  D’apres  R.  Wagner  et  F.  Fischer,  Traite  de  chimie  industries 
4e  edit,  franpaise  par  L.  Gautier,  t.  1,  p.  6o3. 


—  3  — 


D’autre  part,  le  tableau  suivant  donnera  une  idee  de  la 
nature  et  de  la  quantite  respective  des  matdriaux  un  peu  nota¬ 
bles  par  leur  abondance,  qu’on  trouve  dans  1  eau  de  mer; 
prenons  pour  exemple  la  Mediterranee  : 

Principaux  sels  de  la  Mediterranee  par  litre. 


Chlorure  de  sodium .  25Kr97 

Chlorure  de  magnesium .  2  9^ 

Sulfate  de  magnesium .  2  tli 

Sulfate  de  calcium .  0  9^ 

Chlorure  de  potassium .  0  ^4 

Bromures  de  sodium  et  de  magnesium .  o  17 

Carbonates  de  calcium  et  de  magnesium .  o  o3 


33gr  70 

L’industrie  saliniere  peut  se  definir  contme  aboutissant  a 
1  extraction,  parmi  ces  ntatdriaux,  de  ceux  qui  ont  une  utilitd. 
Les  carbonates  de  calcium  et  de  magnesium,  outre  qu’ils  sont 
en  quantite  insignifiante,  n’ont  aucun  interet,  il  en  est  de  merne 
du  sulfate  de  calcium.  En  revanche,  les  chlorures  de  sodium  et 
de  potassium  sont  directement  necessaires;  le  sulfate  et  le  chlo- 
lute  de  magnesium  sont  utilisables,  soit  directement  soit  apres 
transformation  simple;  les  bromures  rnarins  ont  ete  la  premiere 
et  longtemps  la  seule  source  du  brome.  Tels  sont  les  corps  dont 
mdustrie  salinibre  peut  sc  proposer  l’exploitation  (1). 

Une  telle  operation  peut  etre  rdalisee  tout  simplement  par 
Evaporation  del’eau  et  la  cristallisation  successive  des  diffdrentes 
■^stances  salines  a  mesurc  que  chacunc  arrive  it  la  saturation 
Pendant  que  disparait  l’eau  qui  les  tenait  en  solution.  Le  role  de 
^  rdustiiel  est  de  regler  1c  depot  des  sels,  et  de  choisir  les  cou- 
1  les  les  plus  avantageuses  dans  la  sdrie  des  fractions  succes- 
I  s’  en  se  basant  sur  les  circonstances  connues  qui  influencent 
^Solubilite  de  chaque  sel.  Nous  aurons  l’occasion  de  revenir 
Ces  conditions  variables  dont  il  s’agit  de  tirer  habilement 

bp  qUg^n  rencor>tre  frequemment  le  nom  d’industrie  salicole,  mais  il  sem- 
du  se]  T)^ette  aPPehation  s’applique  plus  specialement  a  la  simple  recolte 
d’une  envent  dit,  le  chlorure  de  sodium,  qui  n’est  pas  le  seul  produit 
^ui  aussi ln?  e^PLitee  methodiquement.  Le  vieux  nom  de  sauniers  designe, 
fes  eXploi  ^  Ut^t  ^6S  Personnes  adonnees  a  la  recolte  du  sel  ordinaire,  que 
/  ants  d  une  industrie  saliniere  complete. 


—  4  — 

paiti  :  les  plus  importantes  sont  la  temperature,  et  la  presence 
des  autres  sels. 

Parmi  les  sels  de  l’eau  de  mer,  celui  qui  se  depose  le  pre- 
miet  est  le  sel  ordinaire,  le  chlorure  de  sodium,  dont  la  masse 
atteint  presque  les  trois  quarts  du  total  dissous  :  son  depot  est 
d  autant  plus  regulier  que  sa  solubilite  n’est  que  tres  peu  influ- 
encee  par  la  temperature,  le  chlorure  de  sodium  dtant  presque 
aussi  soluble  a  chaud  qu’a  froid,  c’est-a-dire  se  deposant  aussi 
bien  pendant  les  heures  chaudes  du  jour  que  pendant  les  heures 
froides  de  la  nuit. 

Dans  les  regions  oil  le  soleil  echauffe  suilisamment  les  rivages 
plats  de  la  mer,  et  ou  le  vent  balaye  constamment  la  couche  de 
vapieui  formee,  ce  qui  active  enormement  l’dvaporation,  le  sel 
marin  (chlorure  de  sodium  NaCl)  peut  se  deposer  spontanement 
sur  les  plages.  Un  phenomene  de  ce  genre  s’obscrverait,  parait- 
il,  sur  le  rivage  mediterranean  de  l’Egypte  et  sur  les  cotes  basses 
de  la  mer  Noire. 

Une  legion  classique  ptour  l’e'tude  de  la  cristallisation  spon- 
tanee  du  sel  marin  est  la  baie  de  Kara-Boghaz,  qui  est  un  diver- 
ticule  de  la  mer  Caspienne. 

Si  on  jette  les  yeux  sur  une  carte  de  la  Russie  meridionale 
et  du  Turkestan  (Fig.  i)  on  y  remarque  une  vaste  depression 
occupee  en  partie  par  des  masses  d’eau  telles  que  la  mer  Noire, 
la  mer  d’Azov,  la  Caspienne,  la  mer  d’Aral,  le  lac  Balkhach  et 
une  foule  de  petits  lacs,  dont  beaucoup  sont  sales.  Tous  ces 
assins  fermes,  residus  d  une  vaste  mer  qui  occupait  ces  regions 
vers  les  temps  miocenes,  sont  sournis  a  une  evaporation  intense 
et  donnent  des  depots  spontanes  de  sel  marin.  En  particuliei, 
baie  de  Kaia-Boghaz,  sorte  de  petite  mer  ne  communiquant 
avec  la  Caspienne  que  par  un  chenal  tres  dtroit  et  tres  peu  pro¬ 
ud,  balayee  pai  le  vent  chaud  et  sec  venu  des  steppres  tuik- 
menes,  s’evapore  avec  une  rapiditd  telle  qu’il  s’y  deposerait 
environ  5o,ooo  tonnes  de  sel  par  jour  (i).  En  meme  temps,  l’eau 

a  CasPlenne  afflue  par  le  chenal,  pour  compenser  la  baisse 

francaise  nn^r^iGNER  et  P[SCHER-  Traite  de  chirnie  industrielle,  4e 
irancaise,  par  L.  Gautier,  t.  i,  p.  618. 


du  niveau  due  a  Evaporation,  avec  une  vitesse  de  5  a  6  kilo¬ 
metres  a  l’heure. 

L’eau  sale'e  de  la  Caspienne  pdnetrc  done  incessamment, 
depuis  les  temps  historiques,  dans  la  baie  de  Kara-Boghaz,  oil 
se  collectent  toutes  les  substances  salines,  tandis  qu’elle  est 
remplacee  dans  la  Caspienne  par  l'eau  douce  venue  des  fleuves, 
notamment  du  grand  bassin  hydrographique  de  la  Volga.  La 
Caspienne  se  dessalc  done  de  plus  en  plus,  sa  teneur  est  tombee 
a  pres  de  6  grammes  par  litre,  tandis  que  les  sels  s’accumulent 
dans  la  baie  de  Kara-Boghaz. 

Le  chlorure  de  sodium  a  atteint  depuis  longtemps,  dans 
cette  baie,  son  point  de  saturation,  et  se  depose  d’une  maniere 
continue;  si  un  exhaussement  du  sol  se  produisait,  relevant  le 
fond  de  la  baie  au-dessus  du  niveau  de  la  Caspienne,  les  eaux 


surnageantes  reflueraient  vers  cette  mer,  et  le  sol  de  la  baie  res- 
terait  couvert  d’un  immense  depot  de  sel  marin. 

Ainsi  se  sont  formds,  dans  les  ages  geologiques,  les  enormes 
depots  de  sel  gemme ,  dont  1’exploitation  est  aujourd’hui  la  source 
'a  plus  importante  peut-etre  du  sel  marin. 

En  revanche,  les  autres  substances  dissoutes  dans  la  baie  de 
Eata-Boghaz  n’ont  point  encore  atteint  leur  point  de  saturation; 
jdles  n  ont  pas  commence  a  se  deposer,  et  le  sel  qui  garnit  la 
aie  est  assez  pur.  Mais  les  eaux  qui  le  surnagent  sont  denses, 
tles  ain^res,  a  cause  dcs  composes  magndsiens  qu’elles  renfer- 
lerit  en  abondance.  Si  la  communication  avec  la  Caspienne 
enait  a  s  obstruer,  le  bassin  de  Kara-Boghaz  ne  tarderait  pas 
Se  ^essdcher  entierement,  et  tous  les  sels  cristalliseraient  les 
Uns  aPres  les  autres. 

,oDans  cluef  °rdre  se  deposeraient-ils?  L’etude  des  mers  geo- 
§>ques  va  nous  fournir  la  re'ponse.  De  rnerne  qu’il  existe  un 
Se‘ 1  nornbre  de  gisements  de  sel  gemme  ou  de  gypse,  repre- 
0ll  ant  ^es  depots  salins  partiels  d’anciennes  mers,  de  meme 
ITle^^nnait  (des  depots  complets  qui  sont  le  produit  du  desseche- 
ainsi  ^r^ress*f  et  total  de  grandes  masses  oce'aniques.  C’est 
d’Anh^U  ^  CX^ste  en  Allemagne,  dans  le  sous-sol  du  duche 
Coniiualtet  la  Saxe  prussienne,  un  immense  et  celebre bassin, 
sous  le  nom  de  gisement  de  Stassfurt ,  du  nom  de  la 

(ioo) 


—  6  — 


localite  principale  (Stassfurt,  Egeln,  Leopoldshall,  Bitterfeld, 
Bernbuig,  Ascherleben,  etc...),  sur  lequel  nous  aurons  it  reve- 
mr  a  cause  de  la  concurrence  redoutable  qu’il  fait  a  l’industrie 
marine  sur  le  chapitre  des  produits  potassiques  et  magnesiens. 

Ce  depot  de  Stassfurt  doit  provenir  de  la  concentration  pen¬ 
dant  de  longs  siecles,  puis  du  desse'chement  final  d’une  ancienne 
mei .  Le  sche'ma  represente  (Fig.  2)  peut  rendre  compte  de 
sa  fointation.  Sur  la  couche  solide  inferieure  forme'e  par  le  sedi¬ 
ment  de  l’ancienne  mer,  s’est  d’abord  deposee,  au  debut  de 
1  etapoiation,  une  couche  de  sel gemme  a  pen  pres  pur,  due  sans 
doute  a  1  evaporation  pendant  une  saison  chaude.  Pendant  les 
temps  froids,  le  sulfate  de  calcium  voyait  sa  solubilite'  diminuer, 
et  se  deposait  sous  forme  d 'anhydrite  CaSO1  formant  un  lit  de 
quelques  millimetres;  puis  reprenait  ce  depot  alternatif  du  sel 
gemme  et  de  l’anhydrite  pendant  une  duree  qu'on  n’evaluepasii 
moins  de  1 5. 000  ans.  Dans  le  gisement,  cette  region  de  l’ anhydrite 
cot  respond  done  a  une  periode  ou  les  eaux  oceaniques  afifiuaient 
librement  dans  le  bassin  de  Stassfurt. 

Mais  lorsque  ce  bassin  fut  ferme  et  soumis  au  dessechement 

progressif,  les  eaux  continuerent  a  deposer  le  chlorure  de  sodium 

et  le  sulfate  de  calcium  dont  elles  etaient  encore  saturdes,  meles 

cette  fois  aux  sels  de  magnesium  et  de  potassium.  Le  debut  de 

cette  periode  est  marque  par  le  ddpot  du  sulfate  de  calcium 

encore,  mats  associe  cette  fois  aux  sulfates  de  magnesium  et  de 

p  tassium,  sous  foime  d  un  mineral  complexe  appele  la  polyha- 

le  (K  SO  ,  MgSO+,  aCaSO4,  2H20);  cette  region  de  la  po- 

J  a  ite  est  encoie,  bien  entendu,  trds  riche  en  chlorure  de 
sodium. 


.  ^  essus  '  'cnt  region  de  la  kieserite ,  caracterisee  par  la 

SU^ate  magnesium  sous  forme  de  kieserite 
^  ^  ’  enfin  la  region  de  la  carnallite ,  oil  s’est  deposee 

n  maison  des  chlorures  de  potassium  et  de  magnesium, 
a  carnalhte  (KCI,  Mg  CP,  6H20).  Cette  region  de  la  carnallite, 
bien  01  mC  j1  Pame  SUpdrieure  du  bassin  de  Stassfurt,  renferme 
la  mer  n  ^  P^US’  toutes  les  substances  qui  existaient  dans 
citernrw  °luantitd  moins  importante,  parmi  lesquelles  nous 
-  scu  ement  des  rognons  de  boracite  (2Mg  B80'3,  MgCP) 


—  7  — 

utilisee  pour  la  fabrication  du  borax  et  de  l’acide  borique,  et  les 
bromures  qui  sont  aujourd’hui  la  source  unique  du  brome  con¬ 
somme  dans  le  monde  entier. 

C’est  par  centaines  de  metres  qu’il  faut  chitlrer  1  e'paisseur 
de  ce  depot  salin.  Au-dessus  de  lui,  une  nouvelle  invasion 
marine  a  jete  plus  lard  un  nouyeau  sediment,  qui  a  enferme  et 
protege  contre  la  redissolution  les  masses  salines  deposdes.  Les 
infiltrations  moderees  qui  se  sont  ccpendant  produites  n’ont  pas 
ete  sans  remanier  un  peu,  en  certains  points,  le  gisement  pri- 
mitif,  etainsi  se  sont  produits  toute  une  serie  d’autres  mineraux, 
d’origine  secondaire,  par  l’e'change  mutuel  des  anciennes  com- 
binaisons. 

Toute  la  partie  superieure  des  depots  de  Stassfurt,  mineraux 
primaires  et  secondaires,  a  recu  autrefois  des  auteurs  de  sa  de- 
couverte  le  nom  de  sels  de  deblai  ou  sels  encombrants  (Abraum- 
salze) ,  indiquant  suflisamment  la  gene  que  ces  sels  apportaient 
'ers  1800  a  ceux  qui  recherchaient  le  sel  gemme.  Depuis,  on  a 
su  Ls  utiliser,  et  ces  substances  «  cncontbrantes  »,  qui  alimentent 
aujonrd’hui  une  trentaine  de  fabriques  au  moins(i),  sont  deve- 
nuesune  richesse  inesperee  pour  l’industrie  allemande,  enmeme 
temps  que  leur  exploitation  portait  un  coup  funeste  a  1’industrie 
des  eaux-meres  de  marais  salants. 

La  description  de  ce  gisement  de  Stassfurt  etait  necessaire 
P°ui  faire  comprendre  tout  it  1’heure  les  conditions  e'conomiques 
auxquelles  est  soumise  l’industrie  saliniere  marine.  Elle  montre 
e  plus  1  ordre  dans  Iequel  se  deposent  les  sels  pendant  1  dvapo- 
ation  spontanee  des  eaux  de  la  mer  :  d’abord  le  chlorure  de 
■  diurn,  puis  les  sulfates,  de  calcium  et  de  magnesium,  enfin  les 
otures  de  potassium  et  de  magnesium. 

^  J  antenagement  des  rivages  en  vue  de  l’dvaporation  reglde 
eaux  de  la  mer  ne  peut  se  faire  avec  raison  que  dans  les 
lon  Lt  saison  d’e^e  prdsente  des  periodes  sans  pluie  assez 
Sues  pour  laisser  se  poursuivre  sans  entrave  la  campagne 
evaPoration.  En  Europe,  on  trouve  quelques  salines  sur  les 

c'/ajp1  y<,u  Haller,  Rapport  du  Jury  de  VExposition  universelle  de  i goo, 
7,  tome  ier,  p.  56-59,  P-  78-82. 


(100) 


—  8  — 

cotes  de  l’Ecosse  et  de  l’Angleterre,  mais  la  region  salicole  ne 
commence  sur  le  continent  qu’avec  la  cote  atlantique  de  la 
France,  a  partir  de  la  presqu’ile  de  Quiberon.  Les  cartes  pre¬ 
senters  plus  loin  indiquent  en  vraie  grandeur  l’emplacement 
occupe  par  les  salines  francaises,  tant  sur  le  rivage  de  1’ Atlan¬ 
tique  que  sur  celui  de  la  Me'diterrane'e.  En  vraie  grandeur,  car 
les  marques  de  cette  carte,  relevdes  sur  la  carte  au  8o.oooL  du 
service  geographique  de  l’armee,  correspondent  exactement  a 
l’etendue  occupee  sur  le  terrain  par  les  exploitations  sali- 
nieres. 

II  faut,  pour  etablir  des  salines,  un  rivage  etendu  et  plat, 
on  en  chercherait  vainement  dans  les  rc:gions  oil  le  terrain  mon- 
tagneux  aboutit  a  un  rivage  abrupt.  II  existe  des  salines  impoi- 
tantes  en  Portugal,  dans  la  region  de  Setubal;  il  s’en  trouve  en  Es- 
pagne,  en  Corse  et  en  Sardaigne,  en  Italic,  surtout  sur  les  boids 
de  l’Adriatique,  dont  les  rivages  istriens  et  dalmates  fournis- 
sent,  eux  aussi,  du  sel.  Parmi  les  salines  situc:es  hors  d’Europe, 
nous  citerons  comme  nous  interessant  particulierement,  cellos 
d’Arzew,  pres  d’Oran,  et  celles  de  Diego-Suarez  a  Madagascar 

Nous  distinguerons  deux  types  de  salines  que  nous  trouvons 
tous  les  deux  en  France  :  les  salines  de  l’Oce'an  ou  de  l’Ouest, 
qui  sont  de  petites  exploitations  oil  on  recueille  seulement  le  chlo- 
rure  de  sodium,  et  cela  par  des  moyens  assez  primitifs  ]  les  salines 
de  la  Mediterranee,  qui  sont  de  grandes  industries  oil  non  seulc 
ment  le  sel  ordinaire  se  prepare  avec  plus  de  methode,  mais  ou 
1  on  peut  extraire  successivement  les  composes  nragne'siens  et 
potassiques  des  eaux-meres. 


II.  —  Marais  Salants  de  l’Ouest. 


Les  marais  salants  sont  repartis  sur  les  cotes  basses  qul 
bordent  1’ Atlantique  (golfe  de  Gascogne)  dans  les  departenients 
du  Morbihan,  de  la  Loire-Inferieure,  de  la  Vendee,  de  la  Chu 
t  vnte  Infeiieure.  Les  installations  sont  en  general  divisees  en 
ots  nombreux  et  de  petites  dimensions.  Les  statistiques  de  In 


—  9  — 

Direction  Ge'nerale  des  Douanes  (i),  dont  depend  la  surveillance 
fiscale  des  salines  cotieres,  relevent,  en  1905,  62  marais  occu¬ 
pant  5 1 5  hectares  dans  la  Direction  dc  Brest,  1.224  marais  (2.708 
hectares)  dans  la  Direction  de  Nantes,  720  marais  (7.458  hec¬ 
tares)  dans  celle  de  La  Rochelle,  et  5  marais  (27  hectares),  dont 
l’exploitation  parait  maintenant  abandonnee,  dans  la  Direction 
de  Bordeaux,  soit  en  tout  2.01  i  petites  exploitations  occupant 
une  superficie  totale  de  10.708  hectares. 

Les  groupes  les  plus  importants  de  marais  salants  sont  ceux 
de  Guerande-Le  Croisic,  de  File  de  Noirmoutier  et  de  Bouin- 
Bourgneuf  dans  le  Marais  breton,  de  File  de  Rd,  de  File  d  Old- 
ron  et  de  la  rdgion  dc  Brouagc  qui  lui  fait  face,  de  Marennes  et 
de  la  Tremblade  sur  les  deux  rives  marecageuses  de  la  Seudre  (2). 
Voir  la  carte  des  marais  salants  de  FAtlantique  (Fig.  3). 

Nous  prendrons  comrne  exemple  de  marais  salants  ceux  qui 
occupent  tout  le  fond  de  la  baie  du  Croisic  (Fig.  4),  vaste  espace 
triangulaire  compris  entre  une  ligne  d  anciens  Hots  aujourd  hui 
Funis  qui  supportent  les  localites  du  Pouliguen,  de  Bourg-de- 
Batz  et  du  Croisic,  et  une  petite  ride  de  collines  que  domine  la 
petite  ville  de  Guerande,  abritee  aujourd’hui  encore  derriere  la 
eeinture  de  vieilles  murailles  et  de  fosses  qui  lui  donnent  un 
aspect  si  pittoresque.  La  corporation  des  «  saulniers  »  ou  «  palu- 
diers »  de  Guerande  fut  florissante  au  moyen-age.  Les  marais 


,j.  !()  ^es  bureaux  de  la  Direction  Generale  des  Douanes,  au  Ministere 
tiens  lnfnces>  ont  bien  voulu  me  communiquer,  avec  une  amabilite  dont  je 
ressants  remerc'er  ici,  toute  une  serie  de  documents  et  de  chiflres  mte- 

le  te(r2  •  ^.°Fi,  d’apres  les  documents  administratifs,  la  liste  des  localites  sur 
utoire  desquelles  sont  etablis  les  marais  salants  : 
viipn„,,eff!0?!  de  Brest  :  Quatre-Vents,  Saint-Armel,  Coueser,  Hour,  Ker- 
6nae>  Kerdual,  Breno 

?0ur"eCti0n  d e  Mantes  :  Noirmoutier,  Bouin,  Bourgneuf,  les  Moutiers, 
^•guen,  Bat,,  Le  croisic,  Guerande. 

Leeuin  tl°‘ n.  de  La  Rochelle  :  La  Tremblade,  Avallon,  Mornac,  bontbedeau, 
BroUa„e’  baint-Martin-du-Gua,  Nieulle,  Lusac,  Marennes,  Le  Chapus, 
z‘eres  T’  u  (jhSteau.  Bovardville,  Saint-Denis,  Angoulins,  Tardon,  Lau- 
fiauduer  7?tte»  Loi*,  A’rs>  Les  Sables-d’Olonne,  Champagne,  Jard,  La 
n°uiller  7  Fle-d’Olonne,  Saint-Martin  de  Brem,  Croix-de-Vie,  Le  re- 
-rntMai*  R'ez>  Beauvoir. 
c  lon  de  Bordeaux  :  La  Fosse,  Les  Meschers,  Le  Verdon. 

(100) 


10 


salants  alimentes  par  les  eaux  de  la  baie  du  Croisic  (Grand  Trait 
et  Petit  Trait)  occupent  un  espace  de  1.600  hectares,  divise  en 
une  quantite  innombrable  de  petits  compartiments  queseparent 
des  digues  dpaisses  ou  minuscules,  d’argile  battue.  Le  coup 
d  oeil  sur  cette  region  donne  une  impression  etrange,  le  regard 
se  sent  perdu  dans  ce  labyrinthe  en  apparence  inextricable,  au 
milieu  duquel  Emergent  seules  les  quelques  maisonnettes  du 
petit  village  de  Saille,  pose'  sur  un  etroit  terre-plein,  et  dont  le 
nom  seul  evoque  aujourd'hui  l’antique  source  de  richesse. 

Dans  les  marais  de  l’Ouest,  on  utilise,  pour  la  circulation 
des  eaux  a  concentrer,  l’energie  elle-meme  des  marees  de  l’Ocean. 
Le  sol  de  la  saline,  ou  tout  au  moins  des  parties  centrales  oil  se 
fera  1  evaporation,  est  a  un  niveau  inferieur  de  im  5o  a  2  metres 
en  general  de  celui  des  grandes  marees  :  a  l’e'poque  de  ces  marees 
1  eau  penetre  par  un  canal  ou  etier  dans  un  grand  reservoir 
nomme  vasiere  ou  jas,  profond  d’un  ou  deux  metres,  ou  elleest 
alois  retenue  au  moyen  de  vannes  pour  etre  distribute  progres- 
sivement  dans  les  bassins  d’e'vaporation.  Apres  un  certain  sejour 
dans  la  vasiere,  oil  elle  se  clarifie  par  depot  des  particules  en 
suspension,  1  eau  est  amene'e  par  des  conduits  nomine’s  gourmas 
et  faux  gourmas ,  munis  de  vannes,  dans  toute  une  strie  de 
bassins,  de  dimensions  et  de  profondeur  decroissante,  les  chauf- 
foii  s,  ou  elle  se  concentre  peu  a  peu  par  evaporation  naturelle. 

Ces  chaufloirs,  dont  les  series  successives  portent  les  nonis 
d egobiet  s,  couches,  fares,  adernes  (designations  un  peu  variables 
d  ailleurs  avec  les  localite's),  sont  disposes  de  telle  sorteque  pour 
les  parcourir  tous  l’un  apres  l'autre,  1'eau  soit  obligee  de  faire 
un  tres  long  trajet  en  spirale  qui  la  rapproche  du  centre  de  la 
saline,  ou  se  trouvent  les  cristallisoirs.  L’habilete  du  paludier 
consiste  a  ouvrir  chaque  jour  les  vannes  d’alimentation  poui 
aire  progresser  une  quantite  d’eau  egale  a  celle  qui  s’evapore, 
poui  maintenir  a  1  eau  parvenue  a  la  fin  de  son  trajet  la  con¬ 
centration  voulue  pour  la  cristallisation. 

Ln  soitant  des  bassins  de  concentration,  l’eau  est  enfin  dis- 
e'e  pai  une  ligole,  le  guijfre  ou  delivre,  dans  les  aires  ou 
6tS  °h  va  se  faire  ^  depot  du  sel.  Les  ceillets  occupent  la 
paitie  centrale  de  Sexploitation;  l’eau  qui  avait  dans  les  couches 


\ 


une  epaisseur  de  1 5  a  35  centimetres,  et  dans  les  adernes  environ 
5  centimetres,  n’a  plus  que  2  centimetres  dans  les  oeillets,  et 
meme  seulement  1/2  centimetre  au  centre  de  ceux-ci.  Elle  est 
sortie  tres  concentree  des  adenies,  et  atteint  ties  rapidement 
dans  les  oeillets  25°  au  pfese-sels  Baumd,  alors  que  1  eau  de  la 
raer  ne  marquait  que  3° 5  Baume  environ.  A  25°  Baume  com¬ 
mence  la  cristal  1  i sat i < > n  du  sel.  Fn  meme  temps  se  d^veloppe 
dans  les  oeillets  une  faunc  toute  speciale  de  petits  organismes 
dont  beaucoup  sont  pourvus  de  matiere  colorante  rouge,  et  leur 
ensemble  communique  aux  oeillets  dcs  salines  une  teinte  rouge 


brique  tres  caractdristique. 

Voici  un  plan  (Fig.  6  qui  reproduit  fidelement  1  une  des 
exploitations  existant  au  Croisic.  On  peut  se  faire  ainsi  une  idee 
de  la  regularity  monotone  de  ces  echiquiers  etranges. 

Les  vasieres  et  les  gobiers  sont  entoures  de  digues  argileuses 
assez  epaisses  sur  lest|uelles  on  circulc;  mais  les  oeillets  ne  sont 
Spares  que  par  d’etroites  et  basses  bandelettes  de  terre,  des 
ponts.  ou  peut  juste  marcher  un  homme.  Au  milieu  de  cette  ban- 
delette  se  trouve  une  petite  plate-forme,  de  2  metres  de  diametre 
a  peine,  la  ladure ,  qui  sert  a  rccueillir  le  sel  peche  chaque  joui. 

Le  chlorure  de  sodium  cristallise  bientot  en  grandes  tremies 
Cleuses,  que  les  forces  capillaires  soutiennent  a  la  surface  de 
leau’  oa  dies  ne  tardent  pas  a  former  une  croute  qui  empeche- 
la't  1  evaporation  de  se  poursuivre.  Aussi,  le  paludier  passe-t-il 
^0lIS  les  jours  pendant  la  saunaison,  arrne  d’un  rable ,  sorte  de 
frand  Iate&u  plein  en  bois,  avec  lequel  il  brise  la  croute  et 
1SSe  ^  eau  de  l’oeillet.  Plusieurs  fois  par  semaine,  ou  meme 
Us  ^es  )ours  si  le  temps  est  favorable,  on  racle  avec  le  rable  le 
d  de  1  oeillet  et  on  attire  ainsi  les  cristaux  de  sel  que  1  on 
semble  en  petits  tas  sur  la  ladure. 

Un  01sclu  on  peche  a  part  les  cristaux  qui  surnagent.  on  obtient 
niai  assez  blanc  que  Ton  amasse  sur  une  ladure  speciale, 
IT).  °n  con?oit  que  le  raclage  du  sel  sur  le  fond  de  1  oeillet, 
ParM!  aVCC  de-xterity,  ne  soit  pas  sans  entrainer  quelques 
(sel  es  de  terre  argileuse,  qui  donnent  au  sel  un  aspect  grisatre 
gris^  '  ^eS  mara^s  du  Croisic  ne  produisent  guere  que  du  sel 
aque  oeillet  en  fournit  environ  1.200  kg.  en  moyenne.  11 


lioo) 


—  12  — 


faut  pour  cela  que  la  campagne  be'neficie  d’une  quarantaine  de 
belles  journees,  entre  les  mois  de  juin  et  septembre. 

Le  sel  sorti  de  1’oeillet  dgoutte  d’abord  sur  la  ladure,  puis  on 
le  porte  sur  une  plate-forme  de  la  digue,  le  tremet,  oil  on  le 
rdunit  en  un  gros  tas  conique  apele  mulon.  qui  est  plus  tard 
recouvert  d’une  couche  de  terre  glaise  pour  le  proteger  de  la 
pluie.  Ces  mulons  blancs,  que  l’on.voit  de  loin  jalonner  les 
marais,  servent  de  magasins  temporaires  oil  l’on  puise  le  sel 
suivant  les  besoins. 

Le  sel  des  marais  de  l’Ouest  est,  comme  nous  l’avons  dit, 
du  sel  gris,  contenant  une  petite  quantite  de  matieres  vaseuses. 

Certaines  personnes  le  preferent  pour  l’usage  alimentaire, 
lui  trouvant,  parait-il,  un  certain  «  gout  de  violette »,  qui 
proviendrait  peut-etre  de  la  transformation  des  matieres  orga- 
niques,  —  si  le  fait  est  exact,  ce  dont  je  ne  me  porte  pas 
garant. 

D  autres  fois,  on  entend  dire  que  le  sel  gris  «  sale  davantage  », 
cette  expression  voulant  designer  une  sapidite  un  peu  plus  pro- 
noncee,  que  le  sel  gris  doit  a  sa  teneur  en  sels  de  magnesium, 
de  saveur  arnere.  Ces  sels  de  magnesium  tombent  en  deliques¬ 
cence  par  Fhumidite  ambiante  et  s’e'gouttent  en  partie  pendant 
le  sejour  en  mulons,  mais  il  en  reste  toujours  une  quantite 
appreciable  (6-i5  gr.  par  kilogr.).  On  trouve  de  plus  dans  le  sel 
giis  de  petits  grains  blancs  qui  ne  se  dissolvent  pas  facilement, 
et  qui  ne  sont  autre  chose  que  du  sulfate  de  calcium  (parfois 
une  dizaine  de  grammes  par  kilog.). 

Ln  resume  le  sel  de  l’Ouest  est  toujours  assez  impur  et  ne 
contient  guere  que  87-gi  p.  100  de  chlorure  de  sodium.  Cela  se 
concoit,  puisque  sa  cristallisation  se  poursuit  durant  toute  la 
saison  dans  les  ceillets  oil  les  eaux-meres  s’accumulent  sans 
cesse,  sans  jamais  etre  evacuees  pendant  la  campagne.  Ces 
eaux-meres  sont  d’ailleurs  entierement  perdues,  et  on  n’en  retiie 
pas  les  composes  potassiques  et  magnesiens  :  le  sel  ordinaire  est 
le  seul  produit  des  salines  de  l’Ocean. 

Le  sel  gris  peut  d’ailleurs  etre  r affine;  en  principe  cette 
operation  consiste  a  redissoudre  le  sel  en  une  saumure  concen- 
tiee  qui  depose  les  particules  en  suspension,  puis  qui  est  alors 


soumise  k  Evaporation  dans  des  chaudiferes  specialcs.  cn  meme 
temps  qu’on  agitc  la  masse  pour  obtenir  le  sel  en  petits  cristaux 
(selfin).  II  existe  sur  nos  cotes  de  l’Ouest  quelques  raffineries; 
le  sel  qui  en  provient  peut  etre  compare  a  celui  que  fournit 
l’evaporation  mdthodique  des  sources  salves  ou  de  l’eau  des 
puits  de  dissolution  artificielle  dans  les  terrains  saliferes.  II  est 
reserve  a  l’alimentation. 


III. 


SaLINS  DE  I.A  Ml'iDITERRANIiE. 


Le  grand  arc  de  cercle  que  dessine,  depuis  les  Alberes  jusqu  a 
la  rade  de  Marseille,  la  cote  basse  du  golfe  du  Lion,  est  bordde 
sur  presque  toute  son  etendue  par  une  ligne  d’c:tangs  que  des 
bandes  d’alluvion  ont  sdpares  de  la  mer  avec  laquelle  ils  ne 
rommuniquent  plus  que  par  d’dtroits  chenaux,  des  gratis , 
suivant  l’expression  locale.  Bien  que  les  terrains  environnants 
deversent  a  leur  surface,  lors  des  temps  pluvieux,  un  peu  d  eau 
douce,  ces  etangs  sont  salds,  et  c’est  sur  leur  pourtour  qu’ont 
ete  etablis  les  salins. 

La  carte  ici  dessinee  (Fig.  7)  montre  dans  le  departement  de 
ude  une  dizaine  de  salins  alimentes  par  les  dtangs  de  Leucate, 
e  Lapalme  et  surtout  celui  de  Sigean,  petite  region  saliniere 
°nt  le  centre  est  le  port  de  La  Nouvelle,  au  ddbouche  de  l’dtang 
e  Bages  et  de  Sigean.  Plus  au  Nord,  dans  I’Herault,  1  dtang 


1  Aude 


et  celui  de  Vic  fournissent  un  autre  groupe  de  6  ou  7 


de  Thau 

I  Barm^  lesquelles  il  faut  noter  les  salines  de  Cette  (\  illeroi, 
^yuinzieme].  Tout  au  fond  du  golfe,  la  curieuse  ville  d’Aigues- 
e  tes  di  esse  ses  remparts  moyenageux  dont  le  pied  baigne 
(je  i°re  ^ans  *es  etangs  multiples  et  ddchiquetds,  seul  souvenir 
en  mei  ^re  dloignde  sans  retour  :  une  dizaine  de  salins  (1) 
CetteClne  activite  sont  installes  sur  les  bords  de  ces  etangs,  dans 
duGard'11011  ^  '  *Va^e  *agunaire  qui  appartient  au  ddpartement 


Souse'  Ui  i^arette>  Quarante-Sous,  Perier,  Repausset,  Gougouse, 
>  Abbe,  La  Larbiere,  Mourgues. 


(100) 


Les  Bouches-du- Rhone  possedent,  elles  aussi,  d’importantes 
salines  :  d’abord  en  Camargue  le  grand  Salin-de-Giraud,  pres 
de  l’embouchure  du  Grand  Rhone,  puis  un  groupe  assez  nota¬ 
ble  echelonne  autour  du  golfe  de  Fos  et  de  l’etang  de  Berre. 
A  partir  de  l’Estaque,  la  cote  se  reldve,  sa  nature  change  et  perd 
le  faci&s  alluvionnaire  pour  prendre  un  aspect  rocheux;  aussi 
ne  trouve-t-on  plus  de  salins  vers  l’Est,  si  ce  n’est  le  petit  groupe 
isoledes  Salins  d’Hyeres  et  des  Pesquiers,  derricre  la  presquile 
de  Giens,  dans  le  departement  du  Var. 

En  1905,  les  statistiques  de  la  Direction  generalc  des  Douanes 
relevent  dans  la  Direction  de  Perpignan  7  salins  avec  073  hec¬ 
tares,  dans  celle  de  Montpellier  17  salins  (6.420  hectares),  et 
dans  la  direction  de  Marseille  17  salins  (i.3o3  hectares).  En  tout, 
41  salins  occupant  une  superficie  totale  de  8.096  hectares  (1). 

Nous  avons  vu  que  les  marais  de  l'Ocdan  occupent  10.000 
hectares,  mais  ils  sont  au  nombre  de  plus  de  2.000.  La  compa 
raison  des  deux  types  de  salines  est  frappante  :  environ  200 
hectares  en  moyenne  pour  un  salin  du  Midi,  et  5  hectares  settle¬ 
ment  pour  un  marais  de  l’Ouest. 

Les  salins  de  la  Mdditerranee  se  signalent  par  deux  carac- 
teres  qui  resultent  de  leur  situation  geographique  :  d  aboul 
l’activite  de  l’evaporation,  due  tant  a  l’intensite  de  la  radiation 
solaire  qu’au  mistral  qui  balaye  incessamment  vers  la  met 
1  atmosphere  de  vapeur  d’eau  exhalde  par  les  dtangs,  PU1S 
l’absence  de  marees  appreciates  dans  la  Mediterranee.  Ces  deux 
circonstances,  dont  la  premiere  permet  une  grande  production, 
tandis  que  la  seconde  exige  un  appareillage  mecanique  pins  on 
moins  couteux,  ont  donne  aux  exploitations  mdditerraneennes 
un  caractfere  de  grande  industrie  que  n’ont  pas  les  marais  salants 

(1)  Void  la  designation  des  locality,  d’apres  les  documents  adminis 
tratifs  : 

Direction  de  Perpignan  :  Estarac,  Peyriac-de-Mer,  Le  Lac,  Sigean 
Grimaud,  Tallavignes,  Sainte-Lucie,  Leucate,  Durand,  Cordes,  Lapalme. 

Direction  de  Montpellier  :  Giraud,  Lavignolle,  Garouyas,  Mourgues. 
La  Larbiere,  L’Abbe,  Pangouse,  Gougouse,  Repausset,  Perier,  Quarante  ^ 
Sous,  La  Marette,  Villeneuve,  Frontignan,  Villeroi,  Meze,  Luno,  L 
Bagnas,  Le  Quinzieme. 

Direction  de  Marseille  :  Berre,  Lavalduc,  Pesquiers,  Salins-d’Hyeres. 


5  — 


de  l’Atlantique.  Et  comme  il  arrive  toujours  lorsqu'une  indus- 
trie  s’est  montee  sur  une  grande  echelle,  l’industrie  saliniere  du 
Midi  s’est  distinguee  par  la  regularite  dc  ses  produits,  d  une 
part,  et  d’autre  part  par  1’etudc  scientifique  et  1  exploitation 
me'thodique  de  ses  rdsidus.  (’,’est  sur  les  bords  de  la  Mediterra- 
ne'e  qu’a  pris  naissance,  grace  surtout  aux  celebres  recherches 
du  chimiste  Balard  dans  son  laboratoire  de  Montpellier,  l’indus- 
trie  du  brome,  des  sels  potassiques  et  magnesicns.  industrie 
bien  francaise  qui,  mutilee  a  l’heure  actuelle  par  la  concurrence 
redoutable  de  Stassfurt,  reprendra  peut-etrc  un  jour  sa  prospe¬ 
rity  premiere. 

L’exploitation  complete  des  salins  de  la  Mediterranee  peut 
done  etre  divisee  en  deux  phases  :  la  recolte  du  sel  marin,  et  le 
fractionnement  des  eaux-meres. 


i°  Recolte  du  chlorure  de  sodium. 


On  ne  peut  plus  s’en  remettre  ici  a  la  denivellation  produite 
Pai  ^es  ntarees,  du  soin  d’assurer  la  circulation  de  l’eau  a  travers 
toute  la  serie  des  compartiments  de  concentration  :  il  faut 
pompei  l’eau,  soit  pour  l’amener  de  la  mer  dans  les  grands 
assins  de  concentration,  les  partenements  ou  chauffoirs ,  soit 
l°ui  la  faire  passer  de  ces  derniers  sur  les  tables  salantes  ou  aura 
leu  le  depot  du  sel. 

Oes  premiers  compartiments  ont  une  surface  considerable; 
q.  Scn  1  endra  compte  aisdment  lorsqu’on  saura  que  le  salin  de 
tar*au^’  Par  exemple,  occupe  a  lui  seul  plusieurs  milliers  d’hec- 
nie^S*  ^es  chauffoirs  sont  disposes  de  telle  sorte  que  l’eau  de 
tio  ’  amenee  dans  le  plus  elevb  par  une  pompe,  a  sa  concentra- 
gr.c  natUrelle  3°  6  au  pese-sels  Baume,  circule  lentement 
eile  C  a  Une  legbre  pente  jusqu’au  compartiment  le  plus  bas,  ou 
gran^aiclUe  2^°  B.,  apres  avoir  depose,  a  partir  de  i6°B.,  une 
reri|.  6  cluaritite  de  sulfate  de  calcium,  que  la  Mediterranbe 
guere  me  611  tendance.  Un  metre  cube  d’eau  de  mer  ne  fournit 
telle  ^Ue  I0°  ^tres  de  saumure  a  25°,  prete  a  saliner.  Une 
ncentration  exige  plusieurs  mois,  mais  cela  n’a  aucun 

(ioo) 


—  1 6  — 


inconvenient,  car  les  exploitations  du  Midi  ont  toujouis  des 
provisions  de  saumure  que  Ton  peut  conserver  d’une  annee  a 
l’autre  dans  d’immenses  reservoirs. 

Pour  realiser  la  cristallisation  du  sel,  on  commence  pai  pi  e- 
parer  les  tables  salantes ,  vastes  bassins  carres  de  i5o  metres 
environ  de  cote,  dont  le  fond  est  forme  d’argile  bien  battue  et 
aplanie,  sur  laquelle  on  fait  concentrer  de  l’eau  de  mer  jusqu  a 
8°B.  pour  favoriser  le  developpement  d  une  culture  de  petites 
algues  iilamenteuses.  Ilse  forme  ainsi  un  feutre  vegdtal  sene, 
de  plusieurs  millimetres  d’epaisseur,  qui  enferme  laigile  et 
l’empechera  de  venir  souiller  le  sel. 

Les  tables  ainsi  preparees,  on  y  repand  a  l’aide  d  une  ponipe, 
Yean  en  sel  a  25°,  sous  une  epaisseur  de  io  centimetres.  Lorsque 
beau  atteint  25°  6,  la  cristallisation  commence,  et  il  se  forme 
jusqu’ii  270  un  depot  de  sel  de  ire  qualite,  renfermant  au  moins 
97  p.  100  de  chlorure  de  sodium.  On  fait  passer  1  eau  sui  d  au 
tres  tables  et  on  la  remplace  sur  les  premieres.  Irois  auties 
series  de  tables,  a  Giraud,  par  exemple,  servent  a  poursuivre  la 
concentration,  d’abord  de  270  a  28°  5  B.  (ddpot  du  sel  de  2C  qua 
lite),  puis  de  28°  5  a  3i°  B.  (sel  de  3e  qualite),  enfin  de  3i°  a  32  5B. 
(sel  de  4°  quality).  II  faut  dire  que  ce  sel  de  4e  qualite  renfeime 
encore  autant  de  chlorure  de  sodium  que  les  sels  de  1  Ouest. 

Autrefois  le  Salin  de  Giraud  ne  recoltait  que  le  sel  de  pie 
miere  qualite  (environ  So. 000  tonnes) ;  les  autres  cristalhsations 
n’avaient  pour  but  que  de  debarrasser  l’eau-mere  de  la  majeuie 
partie  du  chlorure  de  sodium,  afin  de  faciliter  l’extraction  des 
sels  potassiques  et  magnesiens.  Les  eaux-meres  dtaient  done 
soigneusement  decantees ;  quant  aux  sels  des  qualites  inferieui  e  , 
ils  etaient  simplement  redissous  sur  place  dans  de  l’eau  douce 


et  rejetds  a  la  mer,  faute  de  trouver  l’emploi  d’une  si  gi 


ande 


quantite  de  sel. 

Aujourd’hui,  e’est  le  contraire.  La  valeur  industrielle  des 
eaux-meres  a  notablement  diminue,  par  suite  de  la  nhse  en 
oeuvre  des  depots  fossiles  de  Stassfurt.  En  revanche,  rimrnensc 
gaspillage  de  sel  rnarin  a  ddtermind  la  Societe  Solvay  et  ^ 
dtablir,  a  Giraud  meme,  une  grande  fabrique  de  soude  Pal 
1  ammoniaque,  qui  consomme  actuellement  environ  1 00.000 
tonnes  de  sel  chaque  ann^e. 


—  17  — 

Les  salins  de  la  Mediterranee  recoltcnt  done  maintenant 
tout  leur  sel.  Le  levage  ne  se  fait  gufcre  qu’une  fois  par  an,  deux 
ou  trois  fois  au  plus;  pendant  les  mois  de  juin  et  juillet,  on 
laisse  le  depot  s’accumulcr  sur  les  tables,  puis  on  leve  le  sel 
avec  des  sortes  de  rateaux  au  commencement  d’aout,  dans  la 
crainte  des  orages,  qui  pourraient  amener  un  desastie.  C  est 
ainsi  que,  il  y  a  quelques  annees,  de  veritables  tiombes  de  pluie 
s'etant  abattues  sur  le  Salin  de  Giraud,  ont  noye  d’eau  douce 
les  tables  salantes,  et  redissous,  parait-il.  plus  de  100.000  tonnes, 
au  moment  ou  on  allait  recueillir  les  fruits  de  la  campagne. 

Lorsqu’on  a  fait  ecouler  des  tables  les  eaux-meres  et  dc:tache 
le  depot  de  sel,  on  le  met  sur  place  (Fig*  8)  en  tas  coniques  de 
7  a  8  tonnes,  appeles  gerbes ,  et  on  le  laisse  egoutter  pendant 
quelques  jours  (Fig.  9}.  On  le  transporte  alors,  soit  sur  des 
brouettes  (Fig.  10),  soit  par  wagonnets,  dans  une  grande  fosse 
oil  le  puisent  (Fig.  11)  des  eldvateurs  mdcaniques,  ele'tateuis  a 
godets,  ou  tabliers  roulants,  pour  le  deverser  au  sommet  des 
camelles  (Fig.  121. 

Une  camelle  est  un  immense  talus  de  sel  soutenu  a  sa  base 
par  une  robuste  palissade,  talus  dont  le  faite  atteint  jusqu  a  in 
16  metres,  avec  une  largeur  semblable.  A  Giraud,  pat  exern- 
pUi  une  longueur  de  1  metre  de  camelle  represente  200  tonnes 
sel.  A  mesure  que  le  sel  atteint  la  hauteur  voulue,  on  ddplace 
lateralenient  l’elevateur  pour  former  une  nouvelle  tranche  de 
eatnelle.  L’egouttagc  se  termine  dans  les  camelles,  dont  la  base 
a  installee  sur  des  graviers ;  il  est  superflu  de  recouvrir  la 
camelle  pour  la  preserver  de  la  pluie,  car  le  prix  de  cette  opeia- 
'°n  vaudrait  plus  que  la  petite  quantitd  de  sel  perdue  pat 
'ssolution.  De  plus,  la  pluie  lave  le  sel  et  entraine  la  petite 
P’oportion  de  sels  magndsiens  qui  le  souille. 

^es  catuelles  servent  de  magasin  ou  Ton  peut  prendre  le  sel 
utesure  des  besoins  pour  l’embarquer  par  wagons  ou  pat 
lteaux.  Elies  ont  de  plus  une  autre  utilite  lorsqu’il  s  agit, 
^  ntiTte  a  Giraud,  d’alimenter  une  soudiere  toute  proche.  La 
’’Ccltion  de  la  soude  a  l’ammoniaque  introduit  le  sel  dans  ses 
PPareils  sous  forme  de  saumure  concentree  :  a  Giraud  la  pi  e- 

otion  de  cette  saumure  se  fait  tres  economiquement.  Le 

(100) 


pied  de  la  camelle  est  entoure  de  murettes  qui  forment  un  petit 
bassin  etanche,  a  sol  ldgerement  pente  :  on  amene,  a  la  partie 
la  plus  relevee,  de  l’eau  douce  a  debit  convenablement  regie, 
qui  imbibe  le  pied  de  la  camelle,  dissout  le  sel,  et  descend  dou- 
cement  vers  la  partie  la  plus  declive  ou  elle  arrive  sous  forme 
de  saumure  qu’il  ne  reste  plus  qu’a  pomper  pour  l’envoyer  a  la 
soudiere. 

Je  doisune  serie  de  photographies  intdressantes  a  l’obligeance 
de  la  Compagnie  des  Salins  du  Midi  (i),  qui  possede  de  tres 
vastes  etablissements,  notamment  a  Cette,  a  Aigues-Mortes  et  a 
Berre,  et  qui  m’a  envoye,  avec  des  vues  prises  dans  ses  salins 
d’Aigues-Mortes,  un  certain  nombre  d’echantillons  caracteris- 
tiques. 

On  y  distingue  du  sel  dit  «  tout  venant  »,  en  gros  fragments 
compacts,  longs  de  plusieurs  centimetres,  —  du  sel  n°4,  en 
grandes  trdmies  de  plusieurs  centimetres,  —  du  sel  n°  3,  dgiuge. 
destine  a  la  peche,  en  grains  anguleux  de  3  ou  4  millimeties 
environ,  —  du  sel  n°  2,  pour  la  salaison  des  viandes  et  frontages, 
en  petits  grains  de  2  a  3  millimetres  de  diametre,  —  du  sel  n  n 
fin,  reserve  pour  la  table.  Ces  difi'drentes  grosseurs  rdsultent, 
soit  des  conditions  de  la  cristallisation,  soit  du  broyage  a  1  aide 
de  moulins  speciaux  (Fig.  i3). 


20  Fractionnement  des  eaux-m'eres. 


On  a  vu  que  la  concentration  progressive  des  eaux  fouinit 
du  chlorure  de  sodium  presque  pur  jusqu’a  ce  que  le  liquid 
atteigne  une  densite  d’environ  32°  B.  Mais  a  ce  moment,  il  est 
devenu  si  riche  en  sels  de  magnesium,  que  ceux-ci  comntenccnt 
a  se  deposer  si  la  temperature  n’est  pas  assez  eleve’e.  Aussi,  la 


(1)  Je  tiens  a  remercier  ici  M.  A.  Lagrenee,  directeur  de  la  ^ 
Salins  du  Midi  ;  M.  Collin,  directeur  des  bureaux  parisiens  de  la  CK  e 
produits  chimiques  d’Alais  et  de  la  Camargue  (a  laquelle  appartient  le  sail 
de  Giraud) ;  et  les  chefs  de  la  maison  Chenal,  Douilhet  et  Ci=,  qui  toUS  °n_ 
eu  la  gracieusete  de  me  fournir  des  documents  et  des  echantillons  intere.- 
sants. 


—  i9 


simple  baisse  nocturne  de  la  temperature  fait-elle  cristalhser 
une  couche  de  sulfate  de  magnesium,  tandis  que  l’dvaporation 
diurne  par  la  chaleur  solaire  depose  une  couche  de  chloruie  de 
sodium.  Tout  le  depot  qui  se  forme  sur  une  nouvelle  sene  de 
tables  ou  Ton  a  fait  passer  l’eau  a  32°  B.  pour  la  concentrer 
jusqu’a  35°  B.,  est  done  constitue  par  un  melange  de  sel  ordi¬ 
naire  et  de  sulfate  de  magnesium,  e’est  ce  qu’on  appelle  le  sel 
mixte. 

II  est  facile,  a  l’aide  du  sel  mixte,  de  fabriquer  du  sulfate  de 
sodium  par  un  elegant  procede  du  aux  anciennes  recherches  de 
Balard.  Pour  le  faire  bien  comprendre,  une  petite  parenthese 


est  necessaire. 

Lorsque  j’ecrivais,  au  debut  de  cet  article,  que  1  eau  de  mer 
renferme  du  chlorure  de  sodium  et  du  sulfate  de  magnesium, 
parexemple,  je  m’exprimais  sous  une  forme  qui  n  est  sans  doute 
pas  fausse,  mais  a  laquelle  les  conceptions  modernes  de  la  chi- 
roie  nous  obligent  a  apporter  quelque  correctif.  Si  nous  prenons 
du  chlorure  de  sodium  NaCl  et  que  nous  le  dissolvions  dans 
1  eau,  celle-ci  ne  renferme  pas  settlement  des  molecules  NaCl  de 
chlorure  de  sodium,  mais  aussi  des  particules  libres  de  sodium 
Na  et  de  chlore  Cl  dans  un  etat  tres  particulier,  que  1  on  appelle 
des  ions ,  et  cela  en  vertu  d  un  phenomene  bien  connu  des  phy- 
sico-chimistes,  la  dissociation  dlectrolytique  (i),  que  je  ne  puis 
clu  dvoquer  ici,  sans  qu’il  me  soit  loisible  d'y  insister.  De  meme, 
Une  solution  de  sulfate  de  magnesium  ne  renferme  pas  seulement 
des  molecules  MgSO+  de  ce  sel,  mais  aussi  des  ions  magnesium 
§)  et  des  ions  sulfuriques  SO4. 

Si  on  dissout  les  deux  sels  a  la  fois,  le  liquide  renfermera 
es  ^°ns  sodium,  des  ions  chlore,  des  ions  magnesium  et  des 
°ns  sulfuriques.  Lorsqu’on  le  dessdehera,  des  ions  mdtalliques 
lecombineront,  bien  entendu,  a  des  ions  metalloidiques,  et  il 
\  re^ormera  des  sels,  mais  rien  ne  prouve  que  l’union  se  feta 


de  la 


merne  facon  que  dans  les  substances  primitives.  Si  les 


iiai  de  Ph  'lT  Maillard.  —  La  dissociation  electrolytique, 

Vembre  l“r’nac‘e  et  de  Chimie,  (6e  s),  t.  xxiv,  p.  407  et  p.  45o, 


etc.  —  Jour 
ier  et  16  no- 


(IOO) 


20  — 


cii Constances  de  proportions,  de  temperature,  etc.,  le  permet- 
tent,  c  est  maintenant  le  magnesium  qui  sera  uni  au  chlore,  le 
sodium  a  1  ion  sulfurique  :  il  se  sera  produit  un  double  echange, 

et  1  °n  i  etr  olivet  a  du  sulfate  de  sodium  et  du  chlorure  de  magne¬ 
sium. 

Ces  echanges  entre  sels  n’ont  pas  lieu  au  hasard,  mais  obdis- 
sent  au  contraire  a  des  influences  bien  determinees,  telles  que 
les  proportions  respectives,  et  la  temperature  ou  se  fait  l’dvapo- 
lation.  Leur  examen  a  revele  un  certain  nombre  de  lois  dont 
1  ensemble  constitue  la  regie  des  phases,  et  a  l’aide  desquelles  les 
physicochimistes  contemporains,  Vant’HofF  notamment,  ontpu 
etudier  tous  les  details  de  la  cristallisation  des  me'langes  de 
sels,  etmesurerpar  lecalcul  la  temperature  des  mers  geologiques 
qui  deposaient  les  gisements  de  Stassfurt.  Mais  la  sagace  ob- 
seivation  de  Balard  avait  decouvert,  trois  quarts  de  siecle  aupa- 
tavant,  ceux  de  ces  phenomenes  qui  interessent  l’industrie  sali- 
niere,  perfectionnee  depuis  par  les  directeurs  de  l’exploitation 
de  Giiaud,  M.  Merle  et  M.  Pechiney,  et  leurs  collaborateurs. 

Revenons  a  nos  sels  mixtes.  Lorsque  l’eau-mere  a  atteint  la 
concentration  de  35°  B.,  on  evacue,  on  leve  les  sels  mixtes,  dont 
la  composition  est  voisine  de  celle  que  reprdsente  la  formule 
(2  NaCl  MgSO1)  (117  gr.  de  NaCl  pour  120  gr.  de  MgSO1, 
soit  entiton  poids  egaux).  Si  elle  s’en  ecarte,  on  la  corrige  par 
une  addition  convenable  de  l’un  ou  1’autre  sel.  Le  sel  mixte  est 
alors  dissous  en  une  saumure  a  3o°B.  de  densite,  qu’on  refroidit 
vers  ^  ^  I  aide  d  une  machine  rdfrigerante  :  on  voit  aussitot 
cristallisei  en  fines  aiguilles  du  sulfate  de  sodium ,  dont  la  foi- 
mation  s’exprime  par  l’equation  : 

2  NaCl  +  MgSO4  =  MgCP  +  Na2S04 

tandis  qu  il  icste  une  solution  de  chlorure  de  magnesium  qui 
sera  utihsee  plus  tard.  On  recueille  la  boue  cristalline  qui  est 
du  sulfate  de  sodium  hydrate  : 

(Na2S04,  ioH20); 

fait  fondle  a  chaud  (vers  8o°)  dans  son  eau  de  cristallisation 


en  presence  de  20  a  22  p.  100  de  son  poids  de  nouveau  sel  mixte, 
et  on  laisse  refroidir  en  ayant  soin  de  maintenir  33°  de  tempera¬ 
ture  au  moins.  II  se  depose  du  sulfate  de  sodium  anhydre 
:Xa2SO+i  :  l’eau  a  ete  absorbee  par  les  sels  mixtes,  qui  se  troll* 
vent  precisement  en  solution  de  densite  YOUlue  no  B.',  piete 
pour  subir  le  refroidissement  it  — 6°. 

Les  eaux-meres  qui  ont  depose  les  sels  mixtes  ont  atteint 
line  densite  de  33°  B.  :  on  les  envoie  dans  de  grands  teseivoirs 
betonnes  profonds  de  4  metres,  oil  elles  passent  l’hiver  :  1  abais- 
sement  de  la  temperature  fait  cristalliscr  une  grande  quantite 
de  sulfate  de  magnesium ,  ce  qui  rantene  a  33°  B.  la  densite  du 
liquide.  II  n'en  restc  plus  alors  que  16  litres  environ  pai  metie 
cube  d’eau  de  mer. 

Les  eaux  qui  ont  ainsi  depose  le  sulfate  de  magnesium  sont 
alors  concentrees  ii  chaud,  dans  un  lour  special,  jusqu  au  point 
oil  elles  commenceraient  ii  cristalliscr.  On  a  d’autre  part  concen¬ 
tre  tres  fortement,  a  chaud,  une  solution  de  chlorure  de  magne¬ 
sium  qu’on  melange  en  grande  quantite  ii  la  precedente  .  il  se 
produit  aussitot  dans  le  melange  chaud  un  precipite  de  sel  mixte 
aux  depens  du  chlorure  de  sodium  et  du  sulfate  de  magnesium 
4U'  existaient  encore  dans  l’eau-mere  et  dont  la  solubilitd  a 
diminud  par  l’addition  de  chlorure  de  magnesium  (1).  Ges  sels 
mixtes  sont  recueillis  et  rejoignent  ceux  des  tables  salantes, 
quant  au  liquide,  on  le  laisse  refroidir. 

Alors  cristallise  la  carnallite ,  en  une  boue  de  fines  ai- 
Suilles.  On  se  souvient  que  la  carnallite,  de'ja  citde  comme 
0nstituant  la  partie  supdrieure  des  gisements  de  Stassfurt, 


tion  U  ^ette  diminution  de  solubilite  resulte  aussi  des  lois  de  la  dissocia- 
la  So|  ^-trolytique  des  sels  ;  les  phvsicochimistes  contemporains  disent  que 
foUrnU  * lt6  d’un  corps  diminue  en  presence  d’un  autre  corps  capable  de 
r'aissa^  Un,  *on  identique  a  Pun  de  ceux  que  fournitle  premier.  Balard  con- 
des  ea  ^  tleS>  ^*en  Phenomene,  dont  il  tirait  parti  pour  le  fractionnement 
nue  pa*  ,?^re.s;  et  exprimait  en  disant  que  la  solubilite  d’un  sel  dimi- 
metal  1  •  Edition  d’un  autre  sel  renfermant  le  meme  acide  ou  le  meme 
gnesiu  C1’  le  nlagnesium  de  MgCP  diminue  la  solubilite  du  sulfate  de  ma- 
que  le  cL?G1lovoque  la  nouvelle  precipitation  de  sel  mixte,  en  meme  temps 
tion  do  1  01 6  m®me  MgCP  rendra  beaucoup  plus  complete  la  precipita- 

e  la  carnallite. 


(100) 


22  — 


n  est  autre  chose  que  du  chlorure  double  de potassium  et  de  ma¬ 
gnesium  (KC1,  MgCl2,  6H20).  Elle  est  la  source  des  produits 
potassiques  marins  comme  de  leurs  rivaux  de  Stassfurt.  II  sullit 
de  la  recueillir  et  de  Parroser  avec  une  tres  petite  quantite  d’eau 
loide  .  la  camallite  se  dedouble,  le  chlorure  de  magnesium  se 
issout,  et  la  majeure  partie  du  chlorure  de  potassium  reste  a 
etat  cristallise.  On  fait  naturellement  le  lavage  avec  des  pre¬ 
cautions  methodiques  pour  perdre  le  moins  possible  de  chlorure 
de  potassium. 

Apies  que  1  eau  de  mer  a  fourni  a  l'industrie  humaine  le 
oiuie  de  potassium,  le  sulfate  de  sodium,  le  sulfate  de  ma¬ 
gnesium  et  le  chlorure  de  potassium,  son  role  n’est  point  ter- 
line.  C  est  a  ce  moment  qu’on  pourrait  en  retirer  le  brome , 
couvert  en  1829  par  Balard,  pre'cisement  dans  les  eaux-meres 
es  sa  ms  de  la  Me'diterranee,  et  qui  s’y  trouve  sous  forme  pro- 
a  ement  de  bromure  de  magnesium  ou  peut-etre  de  bromure 
sot  ium.  II  sullit  pour  cela  d’ajouter  a  l’eau-mere  une  quan- 
*  convenable  de  chlore,  qui  forme,  aux  de'pens  des  bromures, 
c  oiuie  de  magnesium  ou  de  sodium,  ddplacant  ainsi  le 

;  qu  il  met  en  liberte.  On  sait  que  le  brome  est  un  liquide 

ouge /once,  l°urc^  peu  soluble  dans  l’eau,  et  tres  volatil, 

cai  1  met  a  Pair  des  vapeurs  rouges  abondantes,  d’odeur  carac- 
ristique,  ties  de'sagreable  pour  les  muqueuses.  On  met  a  profit 
cette  volatility  pour  le  recueillir. 

au  meie  est  placee  dans  un  recipient  ferme  muni  seule- 
e  ceux  tubulures  :  on  introduit  le  chlore  (1),  puis  on 
)  te  pai  1  une  des  tubulures  un  courant  de  vapeur  d’eau  qui 


prepare  dans  ^  emo'  er  dans  le  liquide,  soit  un  courant  de  chlore  gazeux 

soitun  volume  exactperateUn'lnd^?e"dant’  soit  de  l  eau  saturae  de  chlore, 

On  se  content?  ""  ment  determine  de  chlore  pur  liquefie  par  compression, 
qui  forme  de  r!  d’a'°uter  a  Wmere  un  Jeu  d’acide  sulfurique, 

du  peroxvde  de  ^  chlorh>rdriclue  au*  dc-pens  des  chlorures  presents,  puis 
drique  en  chlore  ™anganese  en  grains  qui  transforme  cet  acide  chlorhy- 
Enfin  on  tend  de' rJ  rea^u  aussit6t  sur  les  bromures  et  libere  le  brome. 
brome  par  electron-™  T  P  US’  dans  les  fabriques  de  Stassfurt,  a  extraire  le 

au  pole  positif  a  ISM  !!^ec*e  de  solution  bromuree,  et  recueil  du  brome 
F  a  1  aide  d  un  dispositif  approprie. 


—  23  — 


ressort  par  l’autre  tubulure  aprfes  avoir  echautlc  1  cau-mere  et  en 
entrainant  les  vapours  do  bromc.  Celles-ci  se  condensent  dans 
un  serpentin  en  memo  temps  quo  de  la  vapeur  d’eau.  et  se 
rassemblent  au  fond  d’un  recipient  SOUS  la  forme  d  une  lourde 
couche  de  bromc  surmontce  d'une  couche  d’eau  bromee.  On 
verra  tout  a  l’heure  quo  1-extraction  du  bromc  marin  a  du  otre 
abandonnee,  commc  trop  pen  renumcratrice.  devant  la  concur 
rence  de  Stassfurt. 

Enfin,  il  serait  facile  d’extraire,  on  cas  de  besoin,  le  chlorure 
de  magnesium,  qui  represente  presque  les  9/1  o'  de  ce  qui  teste 
encore  dans  1’eau-mere.  II  suflirait  de  concentrer  encoie  colle-ci 
fortement,  a  chaud,  et  de  l’abandonner  au  refroidissement  . 
une  grande  quantite  de  chlorure  de  magnesium  cristalliserait, 
laissant  dans  son  eau-mere  les  pctites  quantites  residuelles  de 
chlorure  de  sodium,  de  sulfates  et  de  bromures.  A  1  heuie 
actuelle,  on  extrait  ainsi,  des  eaux-meres  des  salins  de  la  Medi- 
terranee,  notamment  a  Berrc,  a  Aigues-Mortes  et  ii  Gitaud, 
une  petite  quantite  de  chlorure  de  magne'sium  cristallisb,  et 
une  autre  petite  fraction  des  eaux-meres  sert  ii  prdparet  la 
magnesie  et  le  carbonate  de  magnesium.  Mais,  pour  des  raisons 
qui  seront  exposees  tout  a  l’heure,  on  est  loin  d  utilisei 
‘'ctuellenient  tout  le  chlorure  de  magndsium  :  la  majeure  partie 
^es  eaux-meres  est  renvoyee  ii  la  Mediterranee. 

Enfin,  s’il  est  vrai  que  l’utilisation  industrielle  du  biome 
ntaiin  a  completement  disparu,  on  a  cherchd  neanmoins  a 
•uettre  a  profit,  en  petit,  l’une  des  proprietes  du  brome,  1  action 
Aerapeutique  de  ses  composes.  II  n’est  pas  possible  d  entier  ici 
ans  des  details  sur  ce  genre  d’applications,  mais  1  action  seda- 
'e  ^es  bromures  sur  le  systeme  nerveux  est  connue  de  tous. 
n  a  tente  de  l’utiliser,  non  seulement  par  voie  interne,  mais 
U?si  Par  balndation.  On  trouve  dans  le  commerce  de  gros 
f  ns  d  une  masse  cristalline  legerement  imprdgnde  de  matieres 
ganiques  brunatres  :  c’est  le  produit  de  la  dessiccation  com- 
foute  ^  eau-mere  des  salins  d’Aigues-Mortes,  apres  qu  elle  a 
des  p1  carnallite ;  on  l’expedie  sous  cette  forme  pour  en  fail  e 
eriv-  ains5  a  raison  de  4  kilos  pour  une  baignoire  de  200  litres 


IOO) 


—  24  — 

Void,  d’apres  la  Compagnie  des  Salins  du  Midi,  la  compo¬ 
sition  d’un  tel  residu  : 


Bromure  de  sodium .  2 1  gr  a 

Chlorure  de  sodium .  u  5 

Sulfate  de  magnesium .  84  3 

Chlorure  de  magnesium .  882  8 


1 .  ooogr  o 

Cette  analyse  montre  ce  qui  reste  dans  les  eaux-meres  que 
1  on  a  1  habitude  de  rejeter  a  la  Mediterranee. 


^  •  Produits  de  l’industrie  saliniere. 

A.  Chlorure  de  sodium. 

1  out  achever  ce  tableau  de  1’industrie  des  salines  de  met, 
'!  leste  h  dire  quelques  mots  de  l’importance  de  leur  production, 
ct  des  usages  divers  auxquels  on  emploie  les  substances  qu’elle 
isole.  Nous  commencerons,  bien  entendu,  par  le  sel  marin  lui- 
meme,  le  plus  important  de  tous  ces  produits. 


importance  de 


uniqu< 


L  evaporation  des  eaux  de  la  mer  n’est  pas  la  source 
du  sel  consomme  par  l’industrie  ou  l’alimentation ;  mais  on  peu 
diie  que  ce  sel  est  toujours  d’origine  marine,  et  que  la  concur- 
lence  a  1  exploitation  des  mers  actuelles  n’est  faite  que  par  le; 
depots  des  mers  anciennes  (1). 

j  ,P°Ur  etre  exact>  11  convient  dc  citer,  a  cote  de  l’immense  productior 
ile  sel  1  C  mCr  61  deS  salines  f°ssiles,  une  petite  quantite,  tres  secondaire 
cenilres'm/1!  COnlme  sous-produit  par  les  fabriques  d’iode  (provenant  de; 
du  nirraf  'arec  sl>  et  Par  ,es  salpetreries  (provenant  de  la  transformation 
de  notnsU  S°  m  "atUrel  6n  nitrate  de  Potassium,  a  l’aide  du  chlorure 
uncetST’  etC')-  Ce  Sd.ne  P««-Stre  livre  a  la  consummation  que  sur 
sante.  ^  cf)nstatant  qu  il  ne  renferme  aucune  matiere  nuisible  pour  la 


—  25  — 

Dans  beaucoup  de  contras  existent  des  depots  compacts  de 
sel  fossile  qui  consume  le  set  gemme;  on  le  trouve  dans  les 
terrains  des  ages  geologiques  les  plus  varies,  notamment  dans 
letrias  (Lorraine  francaise  et  Lorraine  allemandc.  Jura.  Bearn. 
Saxe  prussienne,  Wurtemberg,  Hanovre,  etc.,  dans  le  ci etace 
(Cardona  en  Catalogue,  Alpes  bavaroises,  duche  de  Salzburg. 
Styrie,  Tyrol),  dans  le  tertiaire  (les  deux  versants  des  Karpathes. 
avec  les  celebres  mines  de  \\  ieliczka  et  de  Bochnia.  Transvl 
vanie,  etc.).  II  existe  du  sel  gemme  dans  presque  tous  les  pays  . 
dtons  l’Angleterre  (Cheshire),  la  Suisse  (Bex,  canton  de  A  aud  , 
la  Russie,  l’Algerie  ou  Ton  rencontre  dans  l’Aures  de  veiitables 
« montagnes  de  sel  »,  etc. 

Lorsque  le  sel  gemme  est  en  couches  presque  pures,  il  sullit 
de  l’extraire  comme  un  mineral,  en  triant  au  besoin  les  blocs, 
et  de  le  broyer  pour  le  livrer  au  commerce.  Sinon  il  est  neces- 
saire  de  le  raffiner. 

Tres  souvent  l'exploitation  du  sel  est  indirecte,  en  ce  sens 
que  les  depots  terreux  mdlanges  au  sel  le  souillent  a  un  point 
qui  rend  l’extraction  impossible.  Mais  il  existe  generalement 
dans  le  sous-sol  de  ces  contrdes  des  nappes  aquiferes  dont  les 
eaux  dissolvent  le  sel  des  terrains  et  viennent  ensuite  sourdre  a 
'a  surface  sous  forme  de  sources  salees.  La  concentration  des 
eaux  de  ces  sources  fournit  line  grande  quantite  de  sel,  pai 
exemple  dans  le  Tyrol  et  le  duchd  de  Salzburg,  dans  les  Basses- 
Pytdnees  (Salies-de-Bdarn),  ou  dans  l’Etat  d’Ohio  (Etats-Unis). 

Quand  il  n’y  a  pas  de  sources  naturelles,  rien  n  est  plus  facile 
Cependant  que  d’exploiter  les  terrains  salds  par  dissolution  . 
suffit  de  forer  des  puits  dans  lesquels  on  envoie  1  eau  douce 
es  i uisseaux  superficiels,  pour  la  pomper  ensuite  lorsqu  ell e 
. est  transformee  en  saumure  aux  ddpens  du  sel  qui  impiegne 
es  terrains.  11  ne  s’agit  pas  ici  de  petites  exploitations  :  on  peut 
l'tei  Par  exemple  une  saline  de  ce  genre,  celle  de  Flainval,  dans 
Paitie  francaise  du  bassin  triasique  lorrain,  qui,  a  elle  seule, 
e  annue^ement  a  soudiere  Solvay,  a  Dombasle  (Meuithe- 
^  °selle),  une  quantitd  de  saumure  reprdsentant  plus  de 
°'°oo  tonnes  de  sel,  destine  a  etre  transform^  tout  entiei  en 
Carb°nate  de  soude. 


—  2  6  — 


evaporatoires  naturels  ou  se  fait  la  ^  S°rteS  de  baSsins 
les  eaux  douces  sur  ton  \  ConcentratIon  du  sel  lessive 
peuvent  donner  lieu  a  des  r<W  e™ronnants,  et  qui 

lacs  sales  de  la  ]},,«;  -  .  ,.C°  teS  considerables,  comme  les 

les  chotts  de  PA1  '  ^  ™endlonale  et  des  steppes  turkmenes, 

(Grea.S  t  LaM  8  "'I  “  dC  1Vuh  da“  las 

pampas  de  PAmeriquedu 

considerable  V  '  •  ^  ^  P1Qduction  mondiale  du  sel  soit 

dque  approximative  del!  "nrodt  Une  Statis' 

Europe  :  ^  oduction  annuelle  totale  du  sel 


en 


Angleterre . 

Russie . 

Autriche-Hongrie 

France 

Italie . 

Portugal  etEspagne 

AJlemagne . 

Suisse . 


2.000.000  tonnes. 

1.250.000  — 

75o.ooo  — 
65o . ooo  — 
242 . 000  — 

700 . 000  — 
625.000  — 

35.000  — 


^1  Ion  exa m i n 

65o.ooo  tonnes  '  Stat^St^ue’  on  v°it  que  le  chifFre  de 
faible,  ce  qui  s’exl  COiace!ne  France  est  notablement  trop 
sans  doute  pas  ]’  -  ^U£  dcdement  par  ce  fait  qu’il  ne  comprend 
somtnent  lecteZTT^  ^  Sd  que  les  soudieres  con- 
passer  par  l’etat  cristalli!°US  f°rme  de  saumurei  sans  le  faire 
-D  ciutrc  part  dcs  d 

notamment  a  IkibWal^11?  P1^C1S  *lue  i’ai  Pu  reunir,  grace 
des  Douanes,  permetnH  ,bureaux  de  la  Direction  generale 
la  production  annnpU  evaluer  a  plus  de  1  million  de  tonnes 
Sur  ce  million  d  ,Male  d“  Sd  en  Fran“- 
mo'tid,  sont  fournies  'nTlron  45o.ooo,  soit  pres  de  la 

1  1  Industrie  cotiere  (2).  Mais  ce  chiffre 


r  F  wagnEr  et  p  p 

'ancaise  par  L.  Gautier  t  HER'_  Traite  de  chimie  industrielle,  4e  edit. 
(2)  A  ce  chiffre  •  c'  lj  P’  617. 

tei  la  recolte  d’un  salin  situ^s"6  Irance  continental,  il  convient  d’ajou- 
hectares  7?;  et  .  ur  la  c6te  orientale  de  ia  Corse,  ou  il  occupe 

1  annueHement  de  3oo  a  400  tonnes  de  sel. 


-  27  — 

n'est  pas  regulier,  car  la  rdcolte  du  sel  Mir  les  bords  de  l’Atlan- 
tiqueet  de  la  Mediterranee  est  soumise  a  des  aleas  nombreux 
qui  dependent  dcs  circonstances  atmosphdriques.  On  conqoit 
que  les  annees  pluvieuses  soient  moins  favorables  que  les  etds 
chaudset  ensoleilles :  mime  a  la  fin  d’unetrts  belle  saison,  il  suffit 
d’un  orage  pour  compromettre  une  grande  partie  de  la  recolte. 

Void,  a  litre  d’indication,  et  d'apres  les  statistiques  de  1  ad¬ 
ministration  des  douanes,  un  tableau  de  la  production  globale 
dusel  de  mer  en  France  pendant  les  i5  derniferes  anndes  . 


Annies  :  Production  totale  du  sel 

de  mer  en  France  : 

!8gi .  3o8 . 265  tonnes 

1892  .  463.591 

1893  .  584.079  — 

1894  .  3oi.a5i  — 

1895  .  126.033  — 

1896  .  484 -927 

1897  .  340.222  — 

1898  .  449-494  — 

1899  .  607.564  — 

1900  .  4^4-434 

1901  .  344.677  — 

1902  .  374.216  — 

1903  .  356.804  — 

1904  .  510.448  — 

igo5 .  449.664  — 


On  voit  tres  nettement  dans  ce  tableau  les  fluctuations  de  la 
recolte,  qui  a  pu  varier  de  126.000  tonnes  (1895)  3607.000  tonnes 
(1899). 

Si  1  on  veut  se  rendre  compte  de  la  marche  ascendante  ou 
^scendante  du  sel  marin  produit  sur  nos  cotes,  il  devient 
necessaire  d’etablir  des  moyennes,  portant  sur  des  pdriodes 
decennales,  par  exemple.  Void  un  tableau  ou  j’ai  calcule  ces 
m°yennes  : 


Piriode  :  Production  annuelle  moyenne 

du  sel  de  mer  en  France  : 

i856-i86o .  419.000  tonnes. 

1861-1870 .  488.000  — 

1871-1880.. .  353.000  — 

1881-1890 .  333.000  — 

1891-1900 .  415.000  — 

1901-1905 .  407.000  — 

(100) 


-  28  — 

On  r  i 

d’anneesHaqprodn  -riUne  ba'SSe  notable  pendant  une  trentaine 
a  des  ap^  r;eSt  P°U  rc,e"*>  **e  sans  doute 
de  la  soudiere,  dont  '  n°UVe,Jes’  que  la  creation 

salin  deGiraud  M  ■  n°US  avons  Paide’  sur  les  bonds  memedu 
des  sels  de  me’  *  V  *******  conditions  spades,  1'industric 

sur  les  cotes  de  l’Oc&in  P  V°'C  dc  ddcroissance’  surtout 

Les  saunters  P«iK 

connurent  aux  siecl  01  anL  e’  ceux  de  la  A  endee  et  de  l’Aunis, 

temps  heureux  nesont  nT'^  ^  ^  ^  g'ande  ProsPe'ritd-  Ces 
P  equivalent  dans  1  l, US  ’  Par  un  phe'nomene  dont  on  retrouve 
culture,  la  petite  e^  ^  UnC  ^rancbe  dc  Pindustrie  et  de  l’agri- 
disparait  peu  a  ^  °ltat*on’  expl°itation  dc  famille  en  general, 
Quand  on  parcour  "  C°mme  iusufiisamment  re'mune'ra trice, 
les  re'gions  nali.u-'  5  nieme  a  1 dpoque  de  la  pleine  saunaison, 
des  compact;  ,S  3Utref0iS  "  riches’  oa  y  femarque  bien 

bre  s’accroit  peu  a 

des  anciennes  salin  '  mu^ons  diminue.  Les  compartiments 
de  reservoirs  pour  i  U  bass’n  d  Arcachon  servent  aujourd’hui 
quelques  marais  de&  Vatl°n  et  Pe'levage  du  poisson  ;  les 

donnes.  em  °uchure  de  la  Gironde  sont  aban- 

Ou  se  souvient  d’ailloi 

occupent  io.ooo  hecta  1S  qUe  ^es  mara*s  salants  de  l’Oce'an 
n’en  ont  guere  qUe  s™8’  tancbs  9ue  ceux  de  la  Medi  ter  ranee 

est  tncomparablenie  '°°0'  celaj  la  production  du  Midi 

chiifres  des  dernieres  an1^^6111^  &  cede  de  P^uest;  voici  les 


AnnSes 

’9oi . . 
j902. . 

1903. . 
*904- . 

1905 . . 


Moyenne. . 


Ouest 

So  .119  tonnes. 
96.870  __ 

i8.357  — 

'04.372  _ 

Ir3.T02  _ 


Midi 

26i.558  tonnes. 
177.337  — 

338.447  — 

406 . 076  — 

336.562  — 


•  r66  tonnes.  3o3.gg6  tonnes. 


Les  marais  de  POUesf  K- 

a  superficie  totale  ne  f  ’  ^  qU  0CCL1Pant  plus  de  la  rnoitie  d< 

a  Production  gJobale.  jj°U1^lssent  guere  plus  du  cinquienie  de 

aut  certes  pas  oublier  que  les  cotes 


—  29  — 

mediterraneennes  jouissent  d'une  insolation  et  d’une  ventilation 
plus  favorables  ;  mais  ces  conditions  gdographiques  ne  sufiisent 
pas  a  expliquer  de  telles  differences.  11  y  a  d’autres  causes 
d’ecart,  qu’il  faut  chercher  dans  l’outillage  mecamque  et  la 
methode  scientifique  des  salins  de  la  Meditei  i  anee,  opposes  a  la 
petite  main-d’oeuvre  et  a  la  routine  qui  pidsident  depuis  de 
longs  siecles  a  Sexploitation  eles  niarais  de  1  Ouest.  Toute  in 
dustrie  qui  cesse  de  se  pei'fectionnei'  se  condamne  a  dcchoir, 
et  nulle  ne  saurait  progresser  sans  l’dtude  scientifique,  non  seu- 
lement  des  phases  de  preparation  du  produit  principal,  mais 
aussi  des  residus  de  fabrication,  en  vue  de  1  exploitation  des 
sous-produits  utiles  qu’ils  pourraient  contenir. 

Quoi  qu’il  en  soit,  la  production  du  sel  marin  constitue  une 
ressource  importante  pour  nos  populations  cotieres,  suitout 
pour  les  riverains  de  la  Mediterrande.  Le  sel  se  vend  de  35  a  q5 
ftancs  la  tonne,  suivant  sa  puretd;  on  voit  qu’il  s  agit  annuelle- 
rnent  d  une  recette  totale  de  16  a  18  millions ,  meme  en  ne 
tablant  que  sur  des  prix  peu  eleves. 

La  France  est  loin  de  consommer  elle-meme  tout  le  sel 
qu  elle  produit  :  elle  en  exporte  une  grande  quantite.  II  est 
difficile  de  determiner  ici  la  part  respective  revenant  au  sel  de 
mer  et  a  celui  qu’on  retire  des  terrains  sales.  C’est  d’ailleurs  le 
chifFre  d’ensemble  qui  otfre  le  plus  d’interet.  A  title  d  exemple, 
011  peut  noter  qu’en  1905  la  France  a  exporte  en  tout  352. 307 
tQnnes  de  sel,  contre  une  importation  de  84.122  tonnes,  soit  un 
excedent  de  268.185  tonnes  sorti  de  nos  frontieres. 


20  Usages  du  sel  marin. 

^n  applique  a  de  multiples  usages  le  chlorure  de  sodium, 
°ni  llne  partie  est  employde  directement  en  nature,  tandis  que 
SUtle  sert  a  l’elaboration  d’autres  produits. 

empl°i  le  plus  connu,  et  aussi  le  plus  important  du  chlo- 
^le  de  sodium  en  nature,  est  l’usage  alimentaire.  On  peut 
ntettre,  par  exemple,  qu’en  France,  io  kilos  par  tete  d  ha- 
sont  consacres  annuellement,  sinon  a  1  alimentation 

(100) 


—  3o  — 


proprement  dite,  du  moins  aux  preparations  culinaires.  Car  le 
sel  employ^  dans  ces  preparations  n’est  pas  ingere  tout  entier : 
neanmoins,  l’homme  en  a  besoin  d’en  absorber  une  quantity 
notable  pour  la  constitution  de  ses  tissus  et  de  ses  humeurs. 
Le  sang  en  renferme  environ  5  grammes  par  kilogramme; 
comme  un  adulte  de  70  kilogrammes  possede  6  litres  de  sang, 
il  lui  faut  dans  ce  but  3o  grammes  de  sel.  11  faut  y  ajouter  le  sel 
contenu  dans  toutes  les  serosites,  lymphes  et  plasmas  intersti- 
tiels  de  Forganisme,  de  telle  sorte  que  le  chlorure  de  sodium 
contenu  dans  un  adulte  de  taille  moyenne  peut  approcher  peut- 
etre  de  100  grammes. 

Cette  provision  de  sel  que  nous  portons  en  nous  n’y  reste 
d’ailleurs  pas  fixee  :  elle  s’echappe  constamment  par  les  sdcre'- 
tions  renale,  sudorale,  lacrymale,  etc.,  de  telle  sorte  que  nous 
perdons  tous  les  jours  1 2-1 5  grammes  de  sel,  ce  qui  fait  au  bout 
de  l’annee  4  kg.  1/2  a  5  kg.  1/2.  Telle  est  la  quantite  de  chlorure 
de  sodium  dont  chacun  de  nous  a  besoin  annuellement  pour  se 
«  refaire  »,  au  sens  vrai  du  mot.  Le  chlorure  de  sodium  joue  dans 
notre  organisme  un  role  qu’il  ne  m’est  pas  loisible  d’exposer  ici, 
mais  dont  on  peut  dire  qu’il  est  capital  pour  le  maintien  de  la  vie. 

Aussi  1  homme  recherche-t-il  instinctivement  le  sel;  la  priva¬ 
tion  de  cet  aliment  fait  naitre  une  souffrance  et  un  besoin  irre¬ 
sistible.  Aussi  le  sel  a-t-il  une  grande  valeur  commerciale  parmi 
les  populations  eloignees  de  la  mer  ou  des  lacs  salbs,  et  dans 
certaines  parties  de  FAfrique,  les  bari~es  de  sel  sont  un  objet 
d  echange  tres  important.  Ces  barres  de  sel  proviennent  gene- 
ralement  des  mines  de  sel  gcmme,  oil  on  debite  les  parties  les 
plus  pures  en  petits  blocs  allongds  de  dimensions  convenables. 
Mais  depuis  quelques  annees,  on  comprime  du  sel  fin  de  facon 
a  obtenir  des  pains  agglomeres  parfois  tres  durs,  qui  supportent 
sans  se  briser  le  voyage  et  le  transport  a  dos  d’homnte  sur  de 
tres  longues  distances. 

II  faut  dire  que  le  role  du  sel  marin  dans  l’alimentation  ne 
se  borne  peut-etre  pas  a  Fapport  du  chlorure  de  sodium  lui-meme, 
mais  qu  il  peut  etre  utile  aussi  par  les  traces  d’impurete's  qu  il 
renferme.  Je  ne  fais  pas  allusion  ici  surtout  au  magnesium  et 
au  calcium,  ndcessaires  a  notre  vie,  mais  dont  l’homme  trouve 


—  3i  — 

couramment  ailleurs  une  provision  suflisante,  notamment  dans 
leseauxde  boisson  et  les  aliments  vdg^taux;  je  veux  parler  spe- 
cialement  de  Yarsenic.  II  y  a  quelques  annas,  le  professeur 
Armand  Gautier  ddcouvrit  que  rarsenic  est  un  clement  normal 
de  notre  organisme :  les  recherches  trts  precises  de  M.  G.  Ber 
trand  et  de  M.  Gautier  lui-meme  ont  conduit  a  le  considdrer 
comine  necessaire  a  la  vie  des  tissus  les  plus impoi tants  de  noti  e 
Corps.  line  s'y  trouve,  il  est  vrai,  qu’en  quantitcs  extiemement 
petites,  et  c'est  par  milliemes  de  milligramme  qu  il  iaut  chiffrer 
cet  element  si  curieux.  Or  beaucoup  de  nos  aliments,  les  vdgd- 
tauxen  particulier.  n’en  apportent  que  des  traces  intimes.  Mats 
M.  A.  Gautier  a  trouve  i  que  le  sel  matin  en  renferme  des 
quantites  variables,  toujours  tres  petites.  niais  Jignes  d  attention, 
quipeuvent,  dans  le  sel  gris,  atteindre  et  meme  depasser  3  ou 
4  dixiemes  de  milligramme  par  kilogramme  :  peut-etre  est-ce  la 
'  une  des  sources  de  l’arsenic  humain. 

Bien  entendu  lesanimaux  ressentent  le  meme  besoin  de  sel  . 
lorsqu  il  existe  une  source  ou  une  mare  salee  dans  une  ic:gion 
depourvue  d’autre  part,  les  animaux  sauvages  font  parfois  d  e- 
uormes  trajets  pour  y  venir  boire,  et  les  chasseurs  connaissent 
Bien  ce  fait,  qu’ils  mettent  a  profit  pour  l'atlut.  11  est  done  natu- 
lelque  les  animaux  domestiques  eux  aussi  aient  besoin  de  sel, 
et  les  eleveurs  savent  qu’ils  ne  peuvent  faire  prosperei  le 
tail  sans  le  fournir  abondamment  de  sel. 

Lentretiendu  betail  n’est  d’ailleurs  pas  le  seul  usage  agricole 
dusel.  Bien  que  le  chlorure  de  sodium  n'entre  pas,  en  genet  al, 
ans  ^a  constitution  des  vegetaux  terrestres,  et  que  la  \  igue, 
Un  ^es  plus  resistants,  puisqu’elle  peut  prosperer  sur  nos 
‘1Vages  mediterrandens  et  dans  les  plaines  algdriennes,  meure 
es lue  la  proportion  du  sel  dans  le  terrain  atteint  i  p.  ioo, 
nnnioins  on  emploie  une  petite  quantitd  de  sel  comme  engrais. 
1  tains  terrains  pauvres  en  chlore  mais  renfermant  des  com- 
fg  -C S  Potassiques  diflicilement  solubles,  se  trouvent  bien  d  une 
te  addition  de  sel,  qui  transforme  ces  composes  en  chlorure 
Potassium  soluble,  dont  on  connait  l’heureuse  influence  sui 


Gautier.  —  Bull.  Soc.  chim.  de  Paris,  t.  xxix,  p.  865,  (iyoB). 

(IOO) 


—  32  — 


la  vegetation.  On  emploie,  bien  entendu,  pour  Fusage  agricole, 
des  sels  impurs  tels  que  vieilles  saumures,  sels  ayant  servi  a 
saler  les  peaux  pour  la  tannerie,  re'sidus  industriels,  et  meme  le 
sable  sale  qu’on  recueille  sur  certains  rivages  tels  que  ceux  de 
la  baie  d’Avranches. 

Les  autres  usages  du  chlorure  de  sodium  en  nature  rdsultent 
de  ses  propridtds  antiseptiques,  ou  des  proprietes  physiques  de 
ses  solutions.  Les  premieres  sont  applique'es  dans  la  salaison 
des  viandes,  frontages,  poissons,  beurres,  etc.,  pour  leur  conser¬ 
vation;  la  grande  peche  (peche  de  la  morue  a  Terre-Neuve  et  a 
Islande)  et  la  petite  peche  font  une  grande  consommation  de  sel, 
ainsi  que  la  tannerie  qui  recoit  ses  peaux  «  vertes  »  salees  dans 
des  barils.  (Le  meme  procede  sert  a  la  conservation  des  fourru- 
res  brutes).  On  l’utilise  aussi  pour  prolonger  la  duree  des  bois 
employes  dans  les  constructions  navales,  pour  les  traverses  de 
chemin  de  fer,  etc. 

Le  sel,  en  se  dissolvant  dans  l’eau,  diminue  la  solubilite  de 
certains  autres  corps,  surtout  des  autres  sels  de  sodium,  et  cela 
d  autant  plus  que  1’acide  de  ces  derniers  est  plus  «  faible  »  (>)• 
Par  exemple,  dans  l’industrie  de  la  savonnerie,  on  procede  au 
salage  du  savon ,  c’est-a-dire  qu’on  ajoute,  aux  liqueurs  siru- 
peuses  contenant  le  savon,  du  sel  qui  le  precipite  en  grumeaux 
suinageant  a  la  surface,  ou  on  recueille  le  savon  pour  le  moulei 
en  pains.  C  est  de  la  meme  facon  qu’on  recueille  le  carmin  d  in¬ 
digo  dans  les  liqueurs  qui  le  tiennent  dissous.  Par  un  processus 
analogue,  le  sel  sert  encore  a  ddbarrasser  de  leurs  inrpurete's  cei- 
tains  liquides  industriels,  tels  que  extraits  de  bois  tannants, 
extraits  tinctoriaux  (bois  de  campeche,  etc.)  et  a  la  separation 
de  ceitaines  essences  distillees  (girofle,  terdbenthine,  etc.). 

En  vertu  de  ce  principe  que  la  solution  d’une  substance  quel- 
conque  se  congele  a  une  temperature  plus  basse  que  l’eau  puie- 
1  addition  de  sel  a  la  glace  forme  un  melange  refrigerant ,  dont 
la  temperature  s’abaisse  notablement  au-dessous  de  o°,  tout  en 
laissant  le  melange  liquide,  c’est-a-dire  maniable.  On  Pellt 

(i)  En  vertu  des  lois,  deja  citees,  de  Paction  des  corps  ayant  un  *°n 


—  33  - 


atteindre  par  example  —  20°  en  m<Slangeant  une  panic  de  sel 
avecdeux  parties  de  neige  ou  de  glace  pilee. 

Plusieurs  industries,  la  brasserie  notamnicnt.  sc  servent  pra 
tiquement  de  ces  melanges.  Et  si  les  trottoirs  et  les  rues  des 
villes  sont  rapidement  dcban  asses  dc  la  neige  qui  \  icnt  parfois 

les  encombrer  en  hiver,  e’est  an  chlorure  de  sodium  que  nous  le 
devons;  le  sel,  projetc  sur  la  neige,  la  fait  fondre  par  son  simple 
contact,  bien  que  le  liquide  resultant  soit  plus  froid  que  la  glace 
elle-meme,  ainsi  que  pourraient  en  temoigner  les  pieds  des 


passants. 


Parmi  les  reactions  chimiques  du  chlorure  de  sodium,  un 
certain  nombre  sont  mises  a  profit  par  diverses  industries  et 
consomment  une  certaine  quantitc  de  sel.  Nous  citerons,  pai 
Kemple,  la  preparation  des  chlorures  de  certains  metaux 
(etain,  mercure,  zinc,  etc.),  la  fabrication  du  sel  ammoniac 
chlorure  d’ammonium  ou  chlorhydrate  d'ammoniaque),  le 
grillage  chlorurant  des  minerais  d'argent,  la  preparation  de 
1  aluminium  par  certains  procedes.  la  verrcric.  le  vernissage  des 
poteries  communes,  etc.  Mais  les  grands  emplois  industriels  du 
chlorure  de  sodium  sont  ceux  qui  lui  font  subir  des  transfor- 
mations,  pour  utiliser  separement  chacun  des  deux  elements 
1ui  le  constituent,  le  chlore  et  le  sodium. 

Les  procedes  depuis  longtemps  classiques  pour  1  utilisation 
du  chlore  consistent  a  traiter  d’abord  le  chlorure  de  sodium 


lar  1  acide  sulfurique,  qui  en  fait  du  sulfate  de 
"0US  Verrons  tout  a  l’heure  l’emploi  pour  la  fabrication  de  la 
SOUdei  «  de  V acide  chlorhydrique.  Une  partie  de  ce  dernier  est 
tldsde  directement  par  l’industrie  chimique,  niais  la  majeure 
h  tie  est  soumise  a  divers  processus  d’oxydation  qui  en  liberent 
c^oje.  Une  petite  quantity  de  cblore  est,  elle  aussi,  con- 
t>mmee  directement,  car  on  peut  le  transporter  facilement 
^P|es  avoir  liqudfie  le  gaz  chlore  par  la  compression;  mais  la 
**  Partie  est  conduite  a  travel's  des  lessives  alcalines, 
e  transforme  en  hypochlorites  (eau  de  Javel,  chlorure  de 
ChaH  «  en  chlorates.  ’ 

(jttant'  0Ul  d  ^ui  l’electrochimie  prepare  en  outre  de  grandes 
tes  de  chlore  et  de  ses  derives  par  une  voie  plus  simple. 


lioo) 


-  34  - 

Lorsqu’une  solution  de  sel  marin  est  soumise  au  passage  d’lin 
fort  courant  electrique,  elle  est  decomposee  :  le  chlore  se  degage 
au  pole  positif  ou  Ton  peut,  suivant  les  dispositifs,  ou  bien  le 
recueillir  en  nature,  ou  bien  le  laisser  reagir  sur  des  liquides 
alcalins  qu’il  transforme  en  hypochlorites  et  en  chlorates.  Acidc 
chlorhydrique,  chlore,  hypochlorites  et  chlorates  sont  des  agents 
precieux  pour  l’industrie  :  enumerer  leurs  emplois  nous  condui- 
rait  trop  loin;  je  me  bornerai  a  rappeler  le  grand  ernploi  des 
hypochlorites  pour  le  blanchiment  des  textiles,  et  pour  la  desin- 
fection.  On  a  meme  songe  a  electrolyser  directement  l'eau  de 
mer  pour  la  faire  servir  a  la  disinfection  des  villes  et  des 
maisons  particulieres  :  des  essais  de  ce  genre,  tenths  au  Havre 
notamment,  conduiront  peut-etre  a  des  applications  se'rieuses. 

L’autre  partie  du  chlorure  de  sodium  sert  it  la  fabrication  de 
la  soude  et  de  ses  de'rives.  L'ancien  precede  elabore'  par  Nicolas 
Leblanc  il  y  a  plus  d’un  siecle  pour  defendre  la  prosperity  de 
la  F  ranee  revolutionnaire  contre  l’Europe  coalise'e,  a  ete  si 
parfaitement  etudie,  qu’il  peut  se  maintenir  aujourd’hui  encou 
dans  un  certain  nombre  d’importantes  usines.  II  part  du  sulfas 
de  sodium ,  dont  nous  avons  vu  deja  deux  sources  :  1  une  dans 
le  traitement  des  sels  mixtes  deposes  dans  les  salins  de  la 
Mediterranee,  l’autre  dans  Faction  de  l’acide  sulfurique  sur  le 
sel  avec  production  d’acide  chlorhydrique.  Calcine  avee  111 
melange  de  charbon  et  de  calcaire,  le  sulfate  se  transforme  en 
carbonate  de  sodium ,  qu’il  suffit  de  purifier  par  dissolution 
aqueuse  pour  obtenir  les  crislaux  de  soude  du  coninieiee 
Chacun  sait  l’emploi  de  ces  cristaux  pour  des  nettoyages 
toutes  sortes  :  leur  consommation,  pour  cet  usage  et  p°l 
d  auties,  est  considerable.  Traitee  par  de  la  chaux,  la  soluti 
du  carbonate  de  sodium  fournit  la  soude  caustique ,  egalemei 
foit  utile  a  Findustrie.  Enfin,  le  traitement  de  la  soude, 
pai  reduction  au  moyen  du  charbon,  soit  par  des  precedes  e  ^ 
trolytiques,  fournit  le  sodium •  metallique  lui-meme,  qui  ten 
rendre  des  services  de  plus  en  plus  nontbreux  dans  l’industm- 
des  petits  produits  chimiques  et  pharmaceutiques. 

Depuis  une  trentaine  d’annees,  un  precede  connu  dans 
pi  incipe  et  experiment^  en  grand  depuis  trois  quarts  de  sie 


—  35  — 


le  precede  a  l’ammoniaque,  est  passe  dans  le  domaine  dc  la 
production  intensive,  avec  la  creation  des  usines  Soha\  .  il 
repose  sur  le  traitement  direct  de  l'eau  chargee  de  sel.  qu  il 
suffit  d’introduire  dans  un  cycle  de  reactions  oil  intei  \  iennent 
settlement  l’ammoniaque  et  le  calcaire,  pour  obtenir  du  bictzr- 
bonate  de  sodium.  La  calcination  transforme  celui-ci  en  carbonate 
de  sodium  sec,  puis  en  cristaux  de  sonde  par  cristallisation  dans 
l’eau.  C’est  le  procede  a  l’ammoniaque  qui  fabrique  maintenant 
leplus  de  soude  :  la  production  ntondiale  de  ce  produit  (i)  aurait 
etd,  en  1902  : 

Soude  Leblanc .  i3o.ooo  tonnes. 

Soude  a  l’ammoniaque .  1. 610. 000  — 

Il  ne  faut  pas  oublier  enfin  que  l’electrolyse  de  1  eau  salde, 
^ui  donne  au  pole  positif  le  chlore  et  ses  derives,  fournit  au 
pole  negatif  de  la  soude,  dont  la  production  tend  a  progresser  de 
j°ur  en  jour. 

Tel  est  l’ensemble  des  produitsdont  l’Ocean  gratifie  la  grande 
"idustrie  chimique,  qui  repose  presque  tout  entiere,  comme  on 
le  Voit>  sur  le  sel  rnarin. 


3°  Regime  fiscal  du  sel. 


^  est  difficile  de  ddcrire  les  marais  salants  exploitds 
)°ui  d  hui  encore  de  la  me  me  maniere  qu’autrefois,  sans  evo- 
|| C1  s°uvenir  de  la  gabelle,  l’impot  le  plus  vexatoire  et  le 
.a'3^101’o  du  regime  monarchique,  a  cause  des  inegalitds  et 
■  ^justices  criantes  auxquelles  il  donnait  lieu. 
petite'VlS^e  6n  S^X  8ran<^es  categories  (pays  de  grandes  gabelles, 
^diim ba'3e^^S’  8a^e^es  de  salines,  pays  de  quart-bouillon,  pays 
ne  cq  es’  Pays  francs)  subdivisees  a  leur  tour  a  l’infini,  la  France 
flit  le  Peut-etre  pas  deux  villes  voisines  oil  le  prix  du  sel 
a  CQl^  leme  •  ce  qui  coutait  i  livre  10  sols  dans  l’Aunis,  arrivait 
^  ^Vl'es  dans  l’lle-de-France.  Monopole  de  l’Etat,  la 


P-  C.  Ch 


' 446  (1904)* 


aerie,  in  Moissan  :  Traite  de  chimie  minerale,  t.  hi, 


(100) 


—  36  — 


vente  du  sel  etait  affermde  a  une  puissante  socidte  financier, 
ceUe  des  Fermiers  generaux,  dont  les  employes  affligeaient 
les  paysans  de  mille  vexations,  et  traquaient,  sans  relache 
les  faux-sauniers.  Ceux-ci  se  laissaient  tenter  par  l’appat  du 
gain  serieux  qu  ils  rdalisaient  en  passant  en  contrebande  le 
sel  d  une  piovince  dans  l’autre,  et  qui  les  poussait  a  risquer  les 
galeres,  souvent  meme  la  peine  de  mort.  On  sait  les  haines 
accumulees  dans  le  peuple  contre  les  Fermiers  ge'neraux  :  toute 
la  science  et  la  philanthropic  de  Lavoisier  ne  parvinrent  pas  a 
piote'ger  sa  tete.  Et  Ton  peut  dire  que  l’impot  des  gabelles  eut 
son  idle  dans  les  destinees  sociales  de  1’humanite,  car  il  ne  fut 
sansdoute  pas  etranger  a  la  propagation  du  mouvement  revolu- 
tionnaire  dans  nos  campagnes. 

Aussi  1’un  des  premiers  soins  de  la  Revolution  fut-il  d’abolir 
e  monopole  du  sel,  que  nul  n’a  jamais  tente  de  retablir.  La 
abncatton  et  la  vente  du  sel  sont  libres,  n’dtant  reglees  que  par 
es  besoms  de  la  consommation  et  le  libre  jeu  de  la  concurrence. 

se^  es*  cependant  une  source  de  revenus  pour  l’Etat,  car 
i  est  soumis  a  un  droit  de  consommation  de  io  francs  par  ioo 
'i  ogi amines,  qui  est  abaisse  a  7  fr.  5o  pour  la  Corse,  eta 2  francs 
poui  les  sels  introduits  dans  le  pays  de  Gex  et  la  zone  neutra- 
-eede  la  Flaute-Savoie.  Ce  droit  concerne  les  sels  livres  poui 
consommation  alimentaire  ou  pour  tout  autre  usage  en  faveui 
quel  n  a  pas  ete  prevue  la  franchise.  Au  droit  de  consomma 
s  ajoute  pour  les  sels  de  provenance  dtrangere  un  droit 
entree  qui  est  de  2  fr.  40  (sels  bruts  ou  raffinds  autres  que 
I  1CS1'’  0U  e  h’.  3o  (sels  rafines  blancs)  par  100  kilogranintcs- 
s  piotenant  de  1  Algdrie  ou  des  colonies  francaises  enticn 

en  franchise. 

L  nt  atfianchis  de  Pimpot  les  sels  destines  a  P exportation.  ; 

^  Peche  maritime  francaise  et  aux  salaisons  de  la  Marine,  a  la 

aifT  aiat)0n  ^6S  ta*3£lcs  ^ans  les  manufactures  de  l’Etat,  all‘ 

.  L.e  sala>sons,  aux  usages  agricoles  (nourriture  de  bestial 

de  rjtl0n  deS  en§ra’s  et  amendementdes  terres),  aux  fabriqUL 
de  soude,  ou  autres  emplois  industriels. 

franrf|Ul  t?US  leS  usaSes  agricoles  ou  industriels,  le  sel  lit11 
anchise  doit  etre  denature  sous  le  controle  de  Fadministrat^- 


—  3  7  — 

pardes  precedes  specific's  pour  chaque  industrie.  Les  plus  fre¬ 
quents  consistent  en  addition  de  vieilles  saumures,  de  goudions, 
de  naphtaline,  ou  dans  l  entrde  en  reaction  elle-meme  du  sel 
dans  les  appareils  de  l’industrie. 

L’eau  de  mer  est  elle-meme  soumise  a  la  taxe  de  consom- 
mation.  qu’on  calcule  en  admettant  une  teneur  de  27  grammes 
de  chlorure  de  sodium  par  litre,  soit  27  kilogrammes  par  metre 
cube,  et  qui  est  ici  encore  de  10  francs  par  ioo  kilogrammes  de 
sel.  Nul  ne  peut  puiser  de  l’eau  de  mer,  pour  la  panification  par 
exemple,  ou  pour  un  usage  alimentaire  ou  industriel,  sans 
acquitter  ces  droits.  Mais  l’eau  de  mer  destinde  a  l’agriculture, 
aux  depots  d’huitres,  a  des  bains  ou  autres  usages  medicinaux, 
peut  etre  enlevee  en  franchise.  Ajoutons  que  l’administration 
autorise  toujours  l’enlevement  en  franchise  de  l’eau  destinee 
aux aquariums,  jardins  zoologiques,  laboratoires,  ou  auti'es  eta- 
blissements  d’interet  public. 

C’est  l’administration  des  douanes  qui  est  chargee  de  la 
surveillance  de  la  plupart  des  producteurs  de  sel.  En  effet,  les 
bouanes  ont,  dans  leur  ressort,  a  ce  point  de  vue,  toute  une 
zone  large  de  i5  kilometres  le  long  des  cotes,  et  de  20  kilometres 
1c  long  des  frontieres  de  terre.  Toutes  les  salines  de  mer  sont 
S|(uees  dans  cette  zone,  bien  entendu ;  de  plus  elle  renferme 
l|ue  partie  des  salines  de  Lorraine  et  cellos  des  environs  de 
ayonne.  Les  autres  salines  de  terre,  la  rnoitie  de  celles  de 
°iraine,  et  celles  de  la  region  jurassienne,  de  Dax,  Salies-de- 

c.un,  Salies-du-Salat,  sont  exercdes  par  les  Contributions  in- 
directes. 

Voiei^  'a  tjtre  d’exemple,  les  quantite:s  de  sel  qui  ont  ete 

Iv,tles  par  les  douanes  en  iqo5  pour  les  differentes  categories 
dcinplois; 

Consommation  (taxe) .  236. 704. 723  kilog. 

^abriques  de  soude .  440.920.694  — 

Autres  industries .  37.461.707  — 

Grande  peche .  56.208.700  — 

Petite  peche .  10.249.000  — 

Ateliers  de  salaisons .  10.920.000  — 

Usages  agricoles .  10.461. io5  — 

Total .  811.955. 929  — 


(IOO) 


—  38  — 


Bien  que  cette  statistique  ne  represente  pas  toute  la  produc¬ 
tion  du  sel  en  France,  puisqu’il  faudrait  y  ajouter  le  sel  delivre 
par  les  Contributions  indirectes,  elle  suflira,  j’espere,  it  montrer 
l’importance  relative  des  principaux  empiois  du  sel  marin  dans 
notre  pays. 

V.  —  Produits  de  l’Industrie  sai.inikre. 

B.  —  Produits  secondaires. 

Les  produits  secondaires  dont  nous  devons  examiner  1  usage 
sont :  le  sulfate  de  sodium,  le  sulfate  de  magnesium,  le  chlorine 
de  potassium,  le  chlorure  de  magnesium  et  le  brome. 


i°  Sulfate  de  sodium. 

L’extraction  du  sulfate  de  sodium  en  partant  des  sels  mixtes, 
suivant  le  procede  de  Balard,  se  faisait  autrefois  regulierenient, 
notamment  a  Giraud.  Cette  exploitation  etait  florissante  a 
1  epoque  oh,  avant  [’installation  des  soudieres  it  i’ammoniaque. 
le  sulfate  de  sodium  etait  le  point  de  depart  de  la  fabrication  de 
toute  la  soude  (procede  Leblanc).  II  fallait  done  de  grandes  quan¬ 
tity  de  sulfate  de  sodium.  Le  traitement  des  sels  mixtes,  le 
dddoublement  du  schlot  (sulfate  double  de  calcium  et  de  sodium 
ou  curain  qui  se  depose  dans  les  chaudieres  dvaporatoires  des 
sources  salees,  le  traitement  des  sels  de  deblai  de  Stassfurt,  pen- 
vent  en  fournir  en  abondance.  De  plus,  une  grande  quantite  de 
chlorure  de  sodium  est  transformee  en  sulfate,  soit  par  1  action 
de  1  acide  sulfurique  lui-meme,  soit  par  reaction  complexe  en 
presence  du  gaz  sulfureux  provenant  du  grillage  des  pyrites- 
et  de  1  air  humide  (proedde  Hargreaves). 

Ce  dernier  groupe  de  proctfdefs  donne  non  seulenrent  le  sal 
fate  de  sodium,  mais  l’acide  chlorhydrique  dont  on  a  besom 
pour  divers  usages,  notamment  pour  la  preparation  du  chlou 
et  de  ses  derives  :  aussi  la  fabrication  artificielle  du  sulfate  de 
sodium  en  partant  du  chlorure  fonctionne-t-elle  toujours.  MJi 


-  39  - 

c’est  l'acide  chlorhydrique  quiest  maintenant  le  produit  interes- 
sant,  et  le  sulfate  n  est  plus  qu  un  sous-produit.  Les  usines  qui 
cffectuent  ce  traitement  font  encore  de  la  soude  Leblanc  pom 
utiliser  leur  sulfate,  et  peuvent  se  maintenir  grace  a  1  enchaine- 
raent  parfait  des  reactions  niinutieusement  etudiees. 

Mais  on  ne  cherche  plus  a  produire  intcntionnellement  du 
sulfate  de  sodium.  Le  salin  de  Giraud  en  a  abandonne  1  extrac¬ 
tion,  devenue  trop  peu  interessante  pour  remunerer  la  niain- 
d'osuvre,  et  les  sels  mixtes  qu’on  a  fait  cristalliser  sur  les  tables 
salantes  pour  en  debarrasser  les  eaux-meres  potassiques,  sont 
aujourd’hui  noyds  d’eau  douce  a  la  fin  de  la  campagne,  et 
rejetes  a  la  mer. 

Cependant  le  developpement  rapide  des  procedes  electroly- 
tiques  pour  la  fabrication  du  chlore,  des  hypochlorites  et  des 
chlorates  va  apporter  une  nouvelle  revolution  dans  la  grande 
Industrie  chimique.  II  se  pourrait  que  l'acide  chlorhydrique  perdit 
bientot,  a  son  tour,  son  intdret,  et  que  la  production  directe  du 
sulfate  de  sodium,  son  extraction  de  la  mer  en  particulier,  se 
fdtablit  pour  fournir  a  la  consommation  du  sulfate  toujours 
necessaire  pour  divers  usages  (i). 

Cat  le  sulfate  de  sodium  est  employ'd  en  verrerie  et  en  cris- 
tJheiie,  dans  les  fabriques  d’outremer,  les  raflineries  de  salpetre, 
P°ui  la  prdparation  de  nombreux  produits  chimiques,  et  enfin 
lIls  la  therapeutique  humaine  et  veterinaire,  comme  purgatif. 


2°  Sulfate  de  magnesium. 


par  ]6  SU^ate  magndsium  est  extrait,  comme  nous  l’avons  vu, 
^  reP10idissement  des  eaux-meres,  qui  le  laissent  deposer 
dg  g  exeinnpt  de  sel  marin.  Le  traitement  des  sels  de  ddblai 
n°tableSS  UIt  Gn  ^ourn't  naturellement  aussi  une  quantitd 


s°us-produit^etUe,^UantbP  de  sulfate  de  sodium  est  aussi  fournie,  comme 
■Ur  le  nitrati  Pilr  6S  !abri<lues  d’acide  nitrique  (action  de  l'acide  sulfurique 
■ndustrm  -6  jte  s°dium),  et  par  de  nombreuses  operations  de  la  petite 


IStrie  chimique 


,  roo! 


—  40  — 


Le  sulfate  de  magne'sium  n’a  guere  d’interet,  a  l’heure 
actuelle,  pour  la  grande  industrie  chimique;  mais  il  a  un  assez 
grand  nombre  de  petits  emplois  industriels.  De  plus,  la  phar- 
macie  en  consomme  une  quantity  sdrieuse,  toujours  dans  un 
but  purgatif  :  ce  n’est  pas  autre  chose  que  le  sel  d’Epsom,  sel  de 
Sedlit etc.,  auquel  nombre  d’eaux  mindrales  bien  connues 
doivent  leurs  proprietes  speciales. 

II  se  fabrique  en  France  environ  1.000  tonnes  de  sulfate  de 
magnesium. 


3°  Chlorure  de  potassium. 

Le  chlorure  de  potassium,  ainsi  d’ailleurs  que  les  autres 
composes  du  meme  metal,  n’a  pas  besoin  d’une  grande  purete 
pour  son  usage  principal,  l’usage  agricole.  On  sait  que  les  vege- 
taux  ont  besoin  de  composes  potassiques  pour  se  developper,  et 
que  leur  addition  fait  prosperer  les  recoltes  qui  sans  eux  seraient 
maigres,  surtout  dans  les  terrains  crayeux  (Champagne),  sableux 
(Landes)  ou  greseux  (Vosges),  a  peu  pres  depourvus  de  sels 
potassiques  naturels. 

Aussi  les  mines  de  Stassfurt  inondent-elles  lemonde  deleuis 
sels  potassiques,  surtout  la  kainite, 

(K2SO+,  MgSO4,  MgCl2,  6  H20), 

qui  sont  employes  a  l’etat  brut,  avec  les  autres  sels  qui  L- 
souillent  dans  la  mine,  et  apres  simple  broyage.  La  rdgion  de 
Stassfurt  exporte  annuellement  i  millions  de  tonnes  de  ces 
materiaux  potassiques  bruts,  mais  leur  teneur  en  potassium 
n’est  pas  tres  e'levee. 

Au  contraire,  les  eaux-meres  des  salins  peuvent  fournir  LC1 
lenient,  non  seulement  des  engrais  potassiques  brills  contenunt 
une  assez  forte  quantite  (io-i5%)de  chlorure  de  potassium 
mete  suitout  de  chlorure  de  magnesium,  et  qui  sont  utilises  sur 
une  assez  vaste  dchelle  dans  les  regions  voisines  de  la  Mddi- 
terianee,  mais  aussi  du  chlorure  de  potassium  a  peu  pres  pu* 

Grace  a  la  simplicity  des  moyens  detraction,  la  preparation 


—  4'  — 

du  chlorure  de  potassium  a  pu  se  maintenir  sur  la  Mediterrande 
malgre  la  concurrence  allemande;  le  salin  de  Giraud  en  produit 
environ  2.000  tonnes  par  an  (1). 

Le  chlorure  de  potassium  est  la  matiere  premiere  pout  la 
preparation  de  la  plupart  des  composes  potassiques  :  chlorure 
pur,  sulfate,  alun,  nitrate  (salp&tre,  poudres),  carbonate,  potassc 
caustique,  bichromate,  etc. 


40  Chlorure  de  magnesium. 

Le  chlorure  de  magnesium  est  le  point  de  depart  de  la  pie- 
paration  du  magnesium  metallique. 

Le  magnesium  est  fabrique  depuis  longtemps,  et  aujourd  hut 
encore  en  partie,  par  deplacement  direct,  aux  depens  d  une  de 
ses combinaisons  (la  magnesie  par  exemple),  a  l’aide  du  sodium 
metallique  qui  provient  aujourd’hui,  conime  nous  1  avons  tu, 

1  electrolyse  du  chlorure  de  sodium  fondu. 

Mais  on  tend  de  plus  en  plus  a  se  passer  du  sodium,  et  a 
preparer  directement  le  magnesium  en  electrolysant  son  chlo- 
luie  fondu,  soit  seul,  soit  merne  en  mdlange  avec  le  chloruie 
potassium  (carnallite).  Chacun  connait  la  facile  combustion 
du  magnesium  et  le  pouvoir  dclairant  si  remarquable  qui  en 
1  dsulte,  utilise  pour  la  photographic  et  les  signaux,  la  pyro- 
echnie,  etc.  De  plus  le  magndsium  rend  aujourd’hui  de  grands 
en  tant  que  corps  synthetisant  dans  les  laboratoires  de 
“jlle  °rganique,  et  meme  dans  la  petite  industrie. 
j  e  chlorure  de  magnesium  entre  aussi  dans  la  composition 
tains  ciments  et  agglomeres,  auxquels  il  confere  une 
lent tanCe  fartfcuffore .  Aussi  les  fabriques  de  Stassfurt  recueil- 
su,  tlles  Une  petite  partie  de  la  tres  grande  quantite  de  cette 
mis.  ta,nCe  cfuf  reste  comme  residu  du  traitement  de  leurs  mine- 
nia  'es  ^ernieres  eaux-mdres,  qui  contiennent  le  chlorure  de 
§  esium,  sont  evaporees  jusqu’a  siccite,  et  Ton  calcine 


serait  d’  &  ^rotfuct'°n  francaise  totale  en  chlorure  et  sulfate  de  potassium 
nviron  7  a  8.000  tonnes  par  an. 


(100) 


—  42  - 

ensuite  jusqu’a  fusion  ignde  le  residu,  dc  facon  a  obtenir  du 
chlorure  anhydre  que  Ton  coule  et  qui  se  prend  en  blocs  par  le 
refroidissement.  On  peut  alors  transporter  facilement  ces  blocs 

sans  les  voir  tomber  en  deliquescence  comme  le  sel  cristal- 
lise. 


Les  eaux-meres  des  salins  peuvent  naturellement  fournirde 
la  meme  maniere  le  chlorure  de  magnesium  fondu.  Cependant 
dies  contiennent  une  petite  quantitd  de  matieres  organiques 
qui  charbonnent  pendant  la  calcination  et  donnent  au  produit 
une  teinte  grise  ou  noiratre.  On  ne  saurait  l’employer  pour  des 
agglonre'res,  qui  doivent  etre  blancs,  et  on  s’adresse  aux  gise- 
ments  de  Stassfurt,  oil  les  matieres  organiques  ont  dte'  detruites 
au  cours  des  ages  geologiques. 

La  majeure  partie  du  chlorure  de  magnesium  des  salins  est 
done  icjetee  a  la  Mediterranee.  Cependant  une  partie  serf  a 
fabiiquei  de  grandes  quantites  de  magnesie  et  de  carbonate  de 
magnesium.  Si  a  1  eau  de  mer,  ou  meme  aux  eaux  residuelles  des 
salins,  on  ajoute  un  alcali  tel  que  la  potasse  ou  la  soude,  ou  plus 
simplement  de  la  chaux,  on  obtient  un  volumineux  prdcipW 
blanc  de  magnesie  hy  dr  alee.  Celle-ci  sen  pour  la  purification 
de  1  ammoniaque,  du  sucre  de  betterave,  etc.  On  en  fait  des 
ciments,  des  produits  refractaires,  des  pierres  artificielles,  etc. 

Si,  au  lieu  d  alcalis  caustiques,  on  traite  la  solution  de  chlo 
rure  de  magnesium  par  un  carbonate,  tel  que  les  cristaux  de 
oude  ou  meme  le  calcaire,  on  obtient  du  carbonate  de  ineigi^ 
umi  volumineux  precipite  blanc,  qui  lui  aussi  sert  a  pi epnn-i 
es  tiques  i  e'fractaires  et  pour  Fdpuration  des  eaux.  Enfin  J 
decomposition  de  ce  carbonate  par  la  chaleur  fournit  la  magnet 
yiee,  poudietres  le'gere,  que  Ton  comprime,  soit  seule  poU 
re  .^es  f°uineaux,  briques,  creusets  absolum^nt  re  i' 

?  soit  en  melange  avec  de  la  craie  ou  du  sable  poui  en  £ 
des  agglomeres  hy  dr  antiques,  e’est-a-dire  devenant  tres  durs  au 
contact  de  l’eau. 


Sd'r  en^n’  9ue  la  magndsie  calcinee  est  un  Pl0C 
urant  des  pharmacies,  oil  elle  est  employee  comnte  Pur§ 
f.  ’  c°ntle  Ls  aigreurs  d’estomac,  comme  contrepoison 
aCld6S’  de  ^^enic  et  du  phosphore. 


-43- 

Les  eaux-meres  de  la  Mdditerrande  fournissent  annuelle- 
ment,  grace  surtout  aux  procddes  Schloesing,  environ  20  tonnes 
de  magnesie  et  80  tonnes  de  carbonate. 


5°  Brome. 

Le  brome  et  ses  derives  ont  divers  emploi  dans  1  industiie 
des  petits  produits  chiraiques.  Mais  son  usage  le  plus  interes- 
sant  est  l’usage  medical,  qui  a  mis  a  profit  avec  succes  leur  ac¬ 
tion  sedative  et  regularisante  sur  le  systeme  nerveux,  bien 
connue  de  tous. 

Je  ne  cite  ici  que  pour  memoire  le  brome,  et  pour  dire  que, 
depuis  la  mise  en  valeur  reguliere  des  depots  de  Stassfurt,  leur 
concurrence  a  progressivement  tue  l'industrie  marine  du  brome. 

II  y  a  trois  ou  quatre  ans,  on  fabriquait  encore  du  brome 
SUI  nos  cotes  mediterraneennes ;  mais  la  baisse  continue  de  sa 
'aleur  commerciale  n’a  pas  permis  aux  usines  de  soutenir  la 
concurrence  :  la  preparation  du  brome  rnarin  est  aujourd  hui 
completement  disparue. 

Mais  il  serait  injuste  d’oublier  que  le  brome  est  ne  des  belles 
rccherches  de  Balard  sur  les  eaux-meres  de  nos  salins  de  la 
‘  ^'teri'anee,  et  qu’aprbs  en  avoir  dote  l'humanite,  comme  elle 
ait  Pour  l’iode,  l'industrie  francaise  en  a  ete  longtemps  la 
I  i'U'c  Pr°ductrice,  mettant  ainsi  les  ressources  de  l’Ocean,  par 
lienee  et  le  travail,  au  service  de  l’humanitd. 


(TOO) 


PI.  I. 


Fig.  i.  —  Regions  ponto- 
caspienne  et  aralo-cas- 
pienne.  Remarquer  la 
haie  de  Kara-Boghaz. 


,r''  2-  —  S  u  • 

Schema  des 

S,Wme«sde  Stassfurt. 


Depot  des  ch/orures 
de  potassium  et  magnesium 

Depot  du  su/fate 
de  magnesium 


Depot  des  sulfates  dc 

ca/cium,  magnesium, potassium 

y 


epot  du  su/fate 
de  calcium 
et  du 

rure  de  sodium 
pur 


SELLS  DEI  DEBLAI 


PI.  II. 


PI.  III. 


Fig.  4.  —  Carte  generate  de  la  baie  du  Croisic  et  des  marais  salants. 


S-  Le  Bourg-de-Batz  et  les  marais  salants  dc  la  baic  du  ( 
(Photographie  Neurdein  freres). 


PI.  IV. 


1 IG.  6.  -  Pian  cpun  marais  salant  de  la  baie  du  Croisic.  ’ 

2i  bondre;  3,  gorge  ou  vanne  (prise  d’eau  du  reservoir) ,  4i  va*  ' 
,ou  reservoir] ;  5,  comeladure  (rigole  de  distribution  de  1  eau) .  , 
ler >  piece  commune  de  graduation  (premier  compar  men  . 
*ene  des  chauffoirs) ;  7,  phare,  piece  d’eau  a  faible >  satur*  ion 
second  conipartiment  de  la  serie  des  chauffoirs;,  a  ^r!  •  -e 

eau  pres  d’arriver  a  saturation  (compartiment  termina  e  ^ 
des  chauffoirs);  9,  guiffre  ou  delivre  (rigole  servant  a  ahmenter  l 
cnstalHsoirs);  (cristallisoir) ;  n,  Mure  (pl^'forme 

P°ur  la  rhcolte  journaliere) ;  12,  tremet  (plate-forme  ou 
semble  en  mulon  tout  le  sel  de  la  recolte). 


SALINS  DE.  LA 

MEDITERRANEE 


PI.  V. 


FIG.  y.  —  Carte  d’ ensemble  des  salins  de  la  Mediterranee. 


PI.  VI. 


I'ig.  8.  —  Levage  et  mise  en  gerbes  du  sel,  dans  les  salins  d  Aigues-Morti  s. 
(Photographie  communiquee  par  la  C‘c  des  Salins  du  Midi). 


9-  —  Egouttage  du  sel  en  gerbes  dans  les  salins  d  Aigues  Mort 
(Ci0  des  Salins  du  Midi). 


•  • 


PI.  VII. 


Fig.  io.  —  Transport  du  sel,  des  gerbes  aux  elevateurs  mecaniques. 
(O  des  Salins  du  Midi,  etablissements  d’Aigues-Mortes). 


Fig. 


ii. 


Dechargemcnt  du  sel  dans  les  tremies  T,  ou  lc ■  P11':!1' 
mecanique.  (Aigues-Mortes,  C,c  des  Salins  u 


PI.  VIII. 


F,c.  12.  -  Elevation  du  sol  par  un  tablier  roulaiit,  et  formation  d’unc  camelU 
(Aigues-Mortes,  Cic  des  Salins  du  Midi’. 


I 


Fig-  13-  -  Moulin  a  sel,  et  dechargeur  automatique  de  bateaux. 
(Aigues-Mortes,  Cie  des  Salins  du  A  1  ’)• 


AVI  s 


Le  Bulletin  est  en  depot  chez  Friedliinder,  11,  Carlstrasse. 

Berlin. 

Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  separement  aux  prtx 
suivants  et  franco  : 


Fr. 


88.  —  Analyse  des  echantillons  d'eau  de  mer  recueillis  pendant  la 

Campagne  du  yacht  Priiicesse-Alice  cn  1906,  (kun  espe- 
ranta  traduko),  par  G.-H.  Allbmanbet  . . . 

89.  —  Notes  sur  les  gisements  de  Mollusques  comestibles  des  Cdtes 

de  France.  —  La  region  d’Auray  (Morbihan)  avec  1  carte, 
par.  L.  Joubin,  profcsseur  au  Museum  d’Histoire  naturelle 

de  Paris  et  a  l’lnstitut  Oceanographique . 

9°*  “  Description  de  l'extremite  postericure  du  corps  anormale 
chez  deux  Motella  fusca  Risso,  par  le  Dr  M.  Jaquet, 
Conservateur  au  Musee  Oceanographique  (avec  une  plan- 

che  double) . 

91-  —  Analyse  de  quclques  echantillons  de  Pclagosite  recueillis 
dans  le  port  de  Monaco,  (kun  csperanta  traduko),  par 

G.-H.  Ai.lemandet . 

92.  —  Conference  du  1"  deccmbre  1906.  La  Presqu’ile  de  Qui- 
beron  (avec  quatre  planches),  par  L.  Joubin.  professeur 
au  Museum  d’Histoire  naturelle  de  Paris  et  a  l’lnstitut 

Oceanographique . 

93-  —  Quelques  impressions  d'un  naturalistc  au  cours  d’une  cam- 
pagne  scientifique  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  (1902), 
par  E.-L.  Bouvier,  professeur  au  Museum  d’Histoire 

naturelle,  Membre  de  l’lnstitut . 

94.  —  Sur  l’existence  de  la  Mye  dans  la  Mediterranee,  par  Fred 

Vles,  preparateur  du  Laboratoirc  de  Roscoft . 

9^*  Sur  la  huitieme  campagne  de  la  Princesse-Alicc  Par 

S.  A.  S.  le  Prince  Albert  Iop  de  Monaco . 

96.  —  Orchomenella  lobata ,  nouvelle  es.pece  d’Amphipode  des 

regions  arctiques,  par  Ed.  Chevreux . . 

97*  Sur  une  niethode  de  prelevemcnt  de  l'cau  de  mer  destinee 
aux  etudes  bacteriologiques,  par  MM.  P.  PoRtier  et 
J.  Richard . 

98.  Questionnaire  relatif  aux  esp^cea  comestibles  de  Crustaces, 

par  H.  . . 

99.  —  Note  preliminaire  sur  quelques  Asteries  et  Ophiures  prove- 

nant  des  campagnes  de  la  Princesse-Alicc ,  par  R.  Koehler, 
professeur  a  la  Faculty  des  Sciences  de  Lyon . 

100.  —  L’lndustrie  des  Salines  coticres,  par  le  Dr  L.  Maillard, 

professeur  agrege  a  la  Faculte  de  Medecine  de  Paris  (avec 
8  planches) . . . . . . 


0  5o 


2  5o 


1  » 


0  5o 


1  5o 


1  bo 
0  bo 
0  bo 
1  » 


1  » 

0  5o 


1  00 

2  » 


MONACO.  —  IMPR.  DE  MONACO. 


N°  io i 


30  Avril  1907 


AVI  S 


Les  auteurs  sont  pries  do  se  conformer  aux  indications  suivantes  : 

Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Coneres 
internationaux. 

2°  Supprimcr  autant  que  possible  les  abrogations. 

i  'ur  °n,n.er  en  notes  au  bas  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

4”  Ecrire  en  itoliques  tout  nom  tcicntiflque  Iatin. 

5°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bicn  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  B.|  ou 
a  1  encre  de  Chine. 

G  Nl  pas  metrre  la  leitre  sur  les  dessins  oripiiiaux  mais  sur  les  papiers 
caiques  les  recouvrant. 

7  Faire  les  ombres  au  trail  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noir  sur 
papier  procede. 

^  l^roplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  le 
i  Cn  .onnant  *cs  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d'un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 


0mifrrs  re?oivcnt  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  Ils  peuvent, 
man  ’  •,  tUre  -tlrer  Un  noml5rc  quelconque  —  faire  la  demande  sur 

anuscnt  -  suivant  le  tarif  suivant  : 

I  50  ex. 

Un  quart  de  feuille  ... 

Une  demi-feuille  "l  7 
Une  feuille  entire. ‘ | 

Jt  ai°llter  ®  ces  pnx  celui  des  planches  quand  il  y  a  lieu. 


1  100  ex.  j  150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

— 

— 

5(20  of 8 o 

#40 

io  40 

17*80 

6  70  8  8o 

1 1  » 

1 3  40 

22  80 

9  So  |  i 3  8o 

I  6  20 

19  40 

35  So 

A  dresser 


!°Ul  ce  qui  c°ncerne  le  Bulletin  a  Vadresse  suivante  : 

oc^anographique  (Bulletin),  Monaco. 


Bulletin  de  l’Institut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 

N°  ioi.  —  3o  Avril  1907. 


Notes  supplementaires 
sur  les  Calanoid.es  de  la  Princesse- Alice. 

(Corrections  et  additions.) 

Par  G.  0.  SARS 


AVANT-PROPOS 


ete 


Les  Copepodes  bathypelagiques  dc  l'Ocdan  Atlantique  aj  ant 
etudids  presque  simultanement  par  quelques  auteuis  an- 
glais  et  par  moi-meme,  il  cn  est  rdsultd  que  quelques  genies  et 
^sPeces  nouvelles  ont  ete  denommes  sous  deux  noras  diffeTents. 
n  quelques  cas  les  noms  proposes  par  les  auteurs  anglais^  ont 
3  P^ntd,  en  d’autres  cas,  c’est  tout  le  contraire.  Je  m  em- 
P  esse>  ici,  d’indiquer  les  cas  oil  dvidemment  (1)  les  noms  pio 
j  Ses  Par  les  auteurs  anglais  doivent  etre  substitues  a  ceux 
n  Par  moi  aux  especes  dnumerees  dans  ma  liste  pi  elimi 
tio'6  ^  ^  a  aussi  quelques  misprises  concernant  mes  identified 
ns  anterieures  que  je  ddsire  corriger  en  meme  temps. 


de 


,  J1) 

vision 


Qecis;^  —  que*ques  cas,  il  m’a  ete  tout  a  fait  impossible  d  arriver  a  une 
les  esDn  assurfJe  a  cet  egard,  a  raison  de  la  maniere  impartaite  par  aque 
Sl"es  °nt  ete  caracterisees. 

(101) 


— 


— 


Les  especes  additionnelles  e'numerees  dans  le  present  article, 
sont,  comme  on  le  voit,  tres  nombreuses,  et  la  plupart  d’entre 
elles  se  sont  montrees  nouvelles  pour  la  science,  ce  qui  sernble 
prouver  qu’il  y  a  encore  beaucoup  a  faire  au  sujet  de  l’etude 
des  Copdpodes  bathypelagiques.  II  doit  etre  note  que  plusieurs 
de  ces  especes  nouvelles  ne  sont  representees  que  par  des  exern- 
plaires  tout  a  fait  solitaires,  fait  curieux,  qui  semble  en  effet 
indiquer  que,  malgre  les  recherches  nombreuses  de  nos  temps, 
il  y  a  encore  des  regions  de  l’Ocean  Atlantique  dont  la  faune 
bathypelagique  est  fort  peu  connue,  au  moins  a  l’egard  des 
Copepodes. 


Corrections. 


Le  genre  Macrocalanus  G.  O.  Sars,  1905,  doit  etie  . 
Megacalanus ,  Wolfenden,  1894. 

/Etideus  Giesbrechti,  Wolfend.  =  yEtideus  Gicsbi  cchti, 
G.  0.  Sars. 

Chirundina  angulata,  G.  O.  Sars  =  Undeuchxta  majoi , 
Giesbr. 

Undeuchaeta  australis,  Brady  =  Undeuchxta  minoi ,  Giesbi. 
Euchseta  porrecta,  G.  O.  Sars  =  Euchceta  barbata,  Biady. 
Onchocalanus  trigoniceps,  G.  O.  Sars,  igo5  =  0.  (Xantho 
calanus)  cristatus ,  Wolfend.,  1904. 

bucicutia  gracilis,  G.  O.  Sars,  1900  =  Lucicutia  atlanhca , 
Wolfend.,  1904. 

Lucicutia  aurita,  G.  O.  Sars,  1905  =  Lucicutia  bicornis , 
Wolfend.  (1),  igo5. 

Mesorhabdus  annectens,  G.  O.  Sars,  igob  =  Af.  (Heteio 
1  babdus)  brevicaudalus ,  Wolfend.,  igo5. 

Augaptilus  gibbus,  G.  O.  Sars,  njo5  =  Augaptilus  gtbbus, 
Wolfend.,  1904. 

Candacia  obtusa,  G.  O.  Sars,  190D  =  Candacia  rotunda , 

Wolfend.,  I904. 


la  i’1  L  br  Wolfenden  m’a  informe  que  son  article  lut  publie 
ls  que  mon  article  est  date  de  juin. 


(101) 


-  4  — 


Especes  additionnelles. 


Famille  CALANIDiE 

1.  Calanus  brevicornis,  Lubb. 

2.  Calanus  propinquus ,  Brad}’. 


Famille  PARACALANIDA3 

3.  Paracalanus  nanus,  n.  sp. 

Taille  :  omm  6o 

Corps  assez  grele,  avec  la  division  ante'rieure  un  peu  compri- 
mee  et  de  forme  etroitement  allongee.  Segment  cephalique  deux 
lois  aussi  long  que  les  trois  segments  posterieurs  du  metasome 
icunis  et  tres  bombe  par  devant,  montrant,  vu  en  profil,  une 
forme  assez  semblable  a  celle  des  Scolecithricella  minor  (Brady). 
Queue  peu  de'veloppe'e,  ayant  le  segment  genital  tres  court. 
Antennes  ante'rieures  reHechies,  ne  depassant  pas  la  division 
ante'rieure.  Pattes  natatoires  assez  grelcs,  particulierement  celles 
de  la  q  paire;  article  2e  de  la  rame  interne,  dans  les  deux  paiics 
medianes,  muni  a  la  face  posterieure  d’une  rangee  oblique  de 
tiois  epines  gieles.  Pattes  de  la  5e  paire  tres  petites,  biarticulees, 
at  tide  terminal  beaucoup  plus  court  et  plus  etroit  que  le  basal, 
muni  au  bout,  en  dehors,  d’un  denticule  petit,  et  en  dedans, 
d’une  soie  mince. 

Cette  forme  est  probablement  la  plus  petite  de  tous  les  Cala- 
noides  connus. 

Stn.  142,  2o5o  (i). 

4-  Calocalanus  stjliremis,  Giesbr. 

ti  ti  ouve  aussi  cette  espece  dans  le  plankton  du  Golfe  de  Naples. 


—  5  — 


Famille  PSEUDOCALANIDiE 

5.  Spinocalanus  abj'ssalis,  Giesbr. 

6.  Spinocalanus  magnus,  W  olfend. 


7.  Spinocalanus  latifrons,  n.  sp. 

Taille  :  ca.  2mm 


Voisin  du  S.  abj'ssalis ,  mais  s'en  distingue  nettement  pai  la 
forme  diffe  rente  du  segment  cephalique,  qui  est  beaucoup  plus 
voute  par  dessus,  avec  la  partie  frontale  assez  elaigie.  Dernier 
segment  du  metasome  se  terminant  de  chaque  cote  en  un  lobe 
arrondi,  un  peu  saillant,  mais  tout  a  fait  lisse.  Queue  atteignant 
en  longueur  un  tiers  de  la  division  antdrieure,  segment  genita 
plus  long  que  les  deux  segments  suivants  reunis  et  un  peu  bomb  ’ 
enbas.  Pieces  furcales  assez  courtes  ct  tout  a  fait  lisses.  Anten 
nes  anterieures  manquant  chez  l’exemplaire  examine.  Antennes 
posterieures  avec  la  rame  externe  beaucoup  plus  longue  que 
1  interne.  Pattcs  natatoires  moins  greles  que  chez  S.  abj  ssa  is, 
ai tide  de  la  rame  externe,  dans  les  deux  paiies  mediane  , 
muni  a  la  face  posterieurc  d’une  rangee  transversale  d  enviro 

10  opines  minces. 

283  (un  seul  exemplaire). 


8.  Spinocalanus  hirtus,  n.  sp. 

Taille  :  2™m  90 

Augment  cephalique  peu  voute  par  dessus  et  a)- ant  la  F 
°ntale  assez  etroite.  Lobes  lateraux  du  derniei  segment 
letasome  peu  saillants,  mais  garnis  chacun  en  bas  de  polls  lms. 

(iox) 


Queue  depassant  a  peine  en  longueur  un  quart  de  la  division 
anteiieurc,  segment  genital  assez  court.  Pieces  furcales  hdrissees 
de  poils  fins  a  la  face  dorsale.  Antennes  anterieures  un  peu  plus 
longues  que  le  corps.  Antennes  posterieures  avec  les  deux  rames 
de  longueur  presque  egale.  Pattes  natatoircs  assez  greles,  avec 
la  panic  basilaire  seulement  herissee  de  poils,  rames  tres  ind- 
gales  et  toutes  les  deux,  munies,  a  la  face  posterieure,  de  plu- 
sieurs  rangees  de  denticules  tres  fins. 

Stn.  1781  (un  seul  exemplaire). 


9.  Monacilla  tenera,  n.  sp. 

Taille  :  2mm  2o 

Corps  beaucoup  plus  mince  que  chez  1’espece  typique.  Tete 
separee  du  premier  segment  pddigere,  par  une  suture  bien 
definie  et  ayant  la  partie  anterieure  distinctement  carene'e  en 
dessus  et  assez  elargie  des  deux  cotes.  Epines  rostrales  assez 
longues  et  effile'es,  celle  de  droite  un  peu  plus  longue  que  celle 
de  gauche.  Dernier  segment  du  metasome  non  completenient 
soude  au  precedent  ;  lobes  lateraux  courts  et  arrondis  au  bout. 
Queue  depassant  en  longueur  un  tiers  de  la  division  anterieure, 
segment  genital  parfaitement  symetrique  et  assez  bontbe  en  bas. 
Pieces  fuicales  plus  allongees  que  chez  l’espece  typique.  Anten¬ 
nes  antdrieures  reflechies,  s’etendant  presque  au  bout  de  la 
queue.  Antennes  posterieures,  pieces  buccales  et  pattes  nata- 
toires  dune  structure  tres  semblable  a  celle  de  M.  tjpica.  Pattes 
de  la  5  paire  (chez  la  femelle)  tout  a  fait  absentes. 

Stn.  2114,  2168,  2197. 


‘Famille  2ETIDEID2E 

to.  sElideus  armatus ,  Boad. 

"•  yEtide°psis  mulliserrata,  (Wolfend.). 

(—  Faroella  multiserrata,  Wolfend’^ 


i2.  Chiridius  brevicaudatus,  n.  sp. 

Taille  :  4mm  5o 

Division  anterieure  du  corps  de  forme  oblongue,  un  peu 
dilatee  en  devant,  partie  frontale  arrondie,  sans  aucune  trace 
d’un  rostre  en  bas.  Lobes  lateraux  du  dernier  segment  du  rneta- 
sorne  peu  saillants  ct  muni  chacun  d'unc  epine  tres  petite  diri- 
gee  un  peu  en  bas.  Queue  tres  courte,  n’atteignant  pas,  meme 
de  loin,  en  longueur,  un  quart  de  la  division  anterieure,  segment 
genital assez  bombe  en  bas.  Pieces  furcales  courtes  et  diver- 
gentes.  Antennes  anterieures  presque  aussi  longues  que  le  corps. 
Antennes  posterieures  avec  la  rame  externe  ne  depassant  que  peu 
®  longueur  l’interne.  Rame  interne  des  pattes  de  la  ‘i'-  paire 
composee  de  2  articles  bien  definis. 

Stn.  1-768  (un  seul  exemplaire). 


Genre  Chiridiella,  n. 


Goips  court  et  trapu,  avec  la  division  anterieure  assez  renflee. 
31  de  frontale  de  la  tete,  arrondie  au  bout,  sans  aucune  tiace 
r°stt e.  Lobes  lateraux  du  dernier  segment  du  metasome 
satHants  et  arrondis.  Queue  tres  courte,  avec  le  segment 
§  aital  considdrablement  bombd  en  bas.  Pieces  furcales  com  tes 
( aplaties.  Antennes  anterieures  de  longueur  me'diocre  et  com- 
k  24  articles.  Antennes  posterieures  assez  couites,  avec 

0d  rame  externe  plus  longue  que  l’interne.  Mandibules  tres 
^andes  et  fortement  dentees  au  bout,  palpe  comparativement 
lo  1  ^axilles  avec  la  partie  endopodale  du  palpe  moins  det  e 
tinr  6  c^ez  ^es  autres  genres  de  cette  famillc-  Maxibipedes 
f0ritrieurs  avec  les  lobes  distals  plus  ou  moins  prolongds,  digiti- 
p^es  et  munis  de  fortes  epines  en  forme  de  griffes.  Maxilli- 
s  P°sterieurs  avec  la  partie  terminale  tres  courte.  Pattes  de 

(101) 


8 


la  ire  paire  avec  les  deux  rames  uniarticulees,  celles  de  la 
2e  paire  avec  la  rame  externe  triarticulee,  l’interne  uniarticulee; 
cellcs  des  deux  paires  suivantes  avec  les- deux  rames  triarticulees. 
Pattes  de  la  5C  paire,  comme  dans  tous  les  genres  de  cette  famille, 
tout  a  fait  absentes  chez  la  femelle. 


i3.  Chiridiella  macrodactyla,  n.  sp. 

Taille  2®m  70 

Division  anterieure  du  corps  de  forme  ovale  et  assez  elargie 
au  milieu.  Tete  completement  soudee  au  segment  suivant.  Queue 
atteignant  a  peine  en  longueur  un  quart  de  la  division  ante¬ 
rieure,  segment  genital  environ  aussi  long  que  les  trois  segments 
suivants  reunis  et  assez  bom.be  en  bas.  Antennes  ante'rieuies  un 
peu  plus  longues  que  la  division  anterieure  du  corps.  Antennes 
postdrieures  avec  la  rame  externe  presque  deux  fois  aussi  longue 
que  l’interne.  Maxillipedes  antdrieurs  tres  grands  et  d  une  appa 
rence  toute  singuliere,  lobes  lateraux  au  nombre  de  quatie  et 
assez  ecartes  l’un  de  l’autre,  les  deux  proximaux  portant  au 
bout  une  seule  soie  allongde,  les  deux  exterieurs  tres  piolonges! 
fun  se  terminant  en  crochet,  l’autre  (le  pdnultieme)  1111111 
au  bout,  de  deux  epines  fortes  de  longueur  inegale  et  an  an 
gees  de  maniere  a  former  une  sorte  de  pince;  la  plus 
etant  brusquement  courbee,  pres  de  la  base,  en  lot  me 
griffe;  bord  inferieur  de  toutes  les  deux  fortement  denticu  1 
Maxillipedes  posterieurs  assez  greles,  avec  le  2e  article  basila 
tres  etroit  et  depassant  en  longueur  le  premier  article.  Pat 
de  la  premiere  paire  avec  la  rame  externe  un  peu  plus  longu 
que  l’interne  et  de  forme  ovale,  ne  montrant  aucune  trace  d  u 
subdivision.  Les  3  paires  suivantes  avec  les  rames  tres  ine&a  ^ 
1  interne  n’atteignant  pas,  meme  de  loin,  la  demi-longueur 
l’externe. 

Stn.  1768,  2022,  2114,  2194. 


—  9  — 


i4-  Chiridiella  brachydactyla,  n.  sp. 

Taille  :  3mm  40 

Division  anterieure  du  corps  dc  forme  oblong-ovale,  un  peu 
dlargie  avant  le  millieu.  Tete  scarce  du  segment  suivant  par 
une  suture  bien  distincte,  et  ayant  la  face  dorsale  assez  voutee. 
Queue  tres  courte,  avec  le  segment  genital  considerablement 
bombe  en  bas  et  ddpassant  en  longueur  les  trois  segments  sui 
vant  reunis.  Antennes  antdrieures  atteignant  a  peine  la  longueut 
de  la  division  anterieure.  Antennes  postdrieures  atec  la  lame 
externe  ne  ddpassant  que  peu  l’interne  en  longueui.  Maxilli 
pedes  anterieurs  beaucoup  plus  courts  et  plus  ramasses  que  chez 
l’espece  precedente,  et  pourvus  de  5  lobes  lateraux,  dont  les 
deux  exterieurs  ne  ddpassent  que  peu  en  longueut  les  ttoie 
autres,  lobe  penultieme  muni  au  bout  d  une  gtiffede  longueur 
mediocre  et  egalement  courbee,  accompagnee  d  une  petite  soie- 
Maxillipedes  posterieurs  moins  greles,  avec  le  2C  at  tide  basilau 
assez  dilate  au  milieu  et  ne  ddpassant  pas  en  longueui  le  pi 
mier  article.  Pattes  natatoires  d'une  structure  tout  a  fait  sent 
blable  a  celle  de  l’espece  precddente. 

Stn.  1 85 1 ,  2082. 


1 5.  Bradyetes  major,  n.  sp. 

Taille  :  3mm  80 

biff  ere  du  B.  inermis  Farran  par  la  taille  beaucoup  plus 
grande,  par  la  forme  generale  du  corps,  et  pai  la  stiu  ^ 
antennes.  Division  antdrieure  du  corps  de  foirne  oblon&  , 
la  face  dorsale  peu  voutee.  Tete  faiblement  separee  du  premi 
Segment  pedigere  par  une  suture  arquee,  paitff  10  , 

a«»ne  .race  de  rostre.  Lobes  lateraux  du  dermer  segment  du 
utetasome  un  peu  saillants  et  arrondis  au  bout.  Queue 
“UP  plus  courte  que  chez  l’espta  typique,  depassan  ‘1 
'ongueur  un  quart  de  la  division  antdrieure,  segment  gemt 
H  (XOIj 


10 


un  peu  asymdtrique,  montrant  de  chaque  cote  une  prodminence 
arrondie,  celle  de  gauche  la  plus  saillante.  Pieces  furcales  tres 
courtes.  Antennes  antdrieures  assez  greles,  depassant  en  lon¬ 
gueur  la  division  antdrieure,  soies  beaucoup  moins  developpdes 
que  chez  B.  inermis.  Antennes  posterieures  avec  la  rame  externe 
presque  deux  fois  aussi  longue  que  l’interne.  Pieces  buccales  et 
pattes  en  general  d’une  structure  semblable  a  celle  de  l’espece 
typique. 

Stn.  1 85 1 ,  21 14. 

16.  Gaidius  tenuispinus ,  G.  O.  Sars. 


17.  Gaidius  minutus,  n.  sp. 

Taille  :  2">”>50 

Division  antdrieure  du  corps  de  forme  regulierement  oblong- 
ovale,  a  peine  elargie  par  devant.  Rostre  bien  distinct,  mais 
assez  courte.  Dernier  segment  du  metasome  arrondi  de  chaque 
cote,  epines  laterales  reduites  a  de  tres  petites  protuberances 
nodiformes.  Queue  assez  courte,  depassant  a  peine  en  longueur 
un  quart  de  la  division  anterieure,  segment  genital  assez  bombe 
en  bas.  Antennes  anterieures  un  peu  plus  courtes  que  le  corps. 
Antennes  posterieures  avec  la  rame  interne  trds  mince  et  presque 
aussi  longue  que  l’externe.  Pattes  de  la  premiere  paire  avec  les 
deux  premiers  articles  de  la  rame  externe  confluents.  Rame  in 
terne  des  pattes  de  la  2e  paire  distinctement  biarticulee. 

Stn.  1639,  2168. 

18.  Gaetanus  minor,  Farran. 


19.  Gaetanus  brachyurus,  n.  sp. 

Taille  :  Cmmqo 

Coips  tres  robuste  et  trapu,  avec  la  division  anterieure  assez 
lenflee  et  de  forme  ovale,  un  peu  rdtrecie  en  devant  et  en 
aniere.  Segment  cephalique  tres  grand  et  egalement  voute'  en 


dessus;  corne  parietale  distincte,  mais  assez  courte  et  courbee 
en  bas.  Epines  laterales  du  dernier  segment  du  metasome  peu 
allongees,  mais  tres  aigues  et  dirigees  droit  en  arnere.  Queue 
tres  courte  et  massive,  n’atteignant  meme  pas  en  longueur  un 
quart  de  la  division  anterieure,  segment  genital  assez  -,10s 
bombeenbas;  opercule  anal  saillant  et  de  forme  semi  lunaire. 
Antennes  antdrieures  depassant  a  peine  en  longueui  la  division 
anterieure  du  corps.  Antennes  posterieures,  pieces  buccales 
panes  ayant  la  structure  usuelle. 

Stn.  1781,  1 856,  2082. 


20.  Undeuchaeta  palliata,  n.  sp. 


Taille  :  5®m  5o 


Division  anterieure  du  corps  de  forme  oblong-otale,  a  pei 
elargie  par  devant.  Rostre  bien  distinct.  Derniei  segment 
metasome  se  terminant  de  chaque  cotb  en  une  lame  mince,  i  ei 
bcale,  s’avancant  sur  la  base  du  segment  genital  et  a}  ant  1  anb 
supe'rieur  prolonge  en  un  petit  denticule.  Queue  courte,  at 
gnant  a  peine  en  longueur  un  quart  de  la  division  anteiie  , 
Pieces  furcales  densement  hbrissees  de  poils  en  dedans  eten 
dehors.  Antennes  anterieures  environ  aussi  longues  que 
s'°n  anterieure  du  corps.  Antennes  posterieures  avec  la 
externe  deux  fois  aussi  longue  que  l’interne.  Ranie  exteine 
pattes  de  la  premiere  paire  avec  les  deux  piemieis  aitices 
Parfaitement  sc^pards.  Rame  interne  des  pattes  de  la  2e  F»aue 
distinctement  biarticulee.  Premier  article  basilaire  des  pattes  e 
ia  4e  paire  muni  en  dedans  d’une  rangee  tiansveisale  d  en 
12  denticules  forts,  de  couleur  brunatre. 

Stn.  1 85 1  (un  seul  exemplaire). 


21.  Undeuchaeta  lobata,  n.  sp. 


Taille  :  5o 


Corps  asse; 
°blong-ovale, 


segment  du  mdtasome  faiblement  sdpard  du  segment  prdcddent 
par  une  suture  arqude,  lobes  lateraux  assez  saillants  en  arriere 
et  etroitement  arrondis  au  bout.  Queue  trbs  courte,  ne  depassant 
que  peu  en  longueur  un  cinquieme  de  la  division  anterieure, 
segment  genital  symetrique  et  peu  bombe  cn  bas,  segments 
postdrieurs  hdrissds  de  poils  fins.  Rostrc  bien  distinct.  Antennes 
antdrieures  depassant  un  peu  en  longueur  la  division  anterieure 
du  corps.  Antennes  postdrieures  avec  la  rame  externe  deux  fois 
aussi  longue  que  l’interne.  Maxillipedes  postdrieurs  tres  greles. 
Rame  externe  des  pattes  de  la  premiere  paire  avec  les  trois  arti¬ 
cles  tous  bien  definis.  Rame  interne  des  pattes  de  la  2e  paire  biai- 
ticulee.  Premier  article  basilaire  des  pattes  de  la  qe  paire  muni 
en  dedans  d’une  rangee  transversale  d’environ  9  denticules  de 
grandeur  moyenne. 

Stn.  2187  (un  seul  exemplaire). 


Famille  EUCHA3TIDA3 

22.  Euchaeta  bisinuata,  n.  sp. 

Taille  :  5mm20 

Corps  comparativement  robuste,  avec  la  division  anterieuie 
assez  renflee  et  de  forme  ovale.  Rostre  frontal  tres  aigu  et  dnicC1 
obliquement  en  avant.  Lobes  lateraux  du  dernier  segment  du 
metasome  courts  et  arrondis  au  bout,  garnis  en  bas  de  quelques 
poils  fins.  Queue  n’atteignant  pas  la  demi-longueur  de  la  di\  islon 
anterieure,  segment  genital  un  peu  dilatd  en  avant  du  nuheUi 
protuberance  ventrale  peu  saillante  et  divisde  par  deux  incision 
en  trois  lobules  successifs,  dont  le  plus  anterieur  est  double.  Le- 
deux  segments  suivants  sont  tout  a  fait  lisses,  le  dernier  gaim  en 
bas  de  poils  fins.  Pieces  furcales  courtes  et  obliquement  tron 
quees  au  bout,  soie  accessoire  tres  mince.  Antennes  anteiietne 
n’atteignant  pas  la  longueur  de  la  division  anterieure.  Les  auties 
appendices  sont  tous  de  structure  normale. 

Stn. 1794, i85i,  2149,  2i3o,  2244. 


23.  Euchseta  pubera,  n.  sp. 

Taille  :  ca  4mm 

in  division  anterieure  de 
Corps  assez  court  et  trapu,  aveC frontai  court  et 

forme  ovale,  a  peine  retrecie  en  arr  dernier  segment 

dirige  obliquement  en  avant.  Lobes  lateraux  u 
du  metasome  assez  amples  et  dgalement  arrond  is  au  bo 

Queue  ne  de'passant  qu.  peu  en  longueur 

anterieure,  segment  gdnital  montian  pifeces  furcales 

assez  saillante  et  de  forme  un  peu  megu  ie  e.  -jxrable- 

tres  obliquement  tronqudes  au  bout,  angle  intelj|e  goie  ac_ 

ment  saillant  et  portant  une  soie  tres  forte  et  a  o  0  ’ 

cessoire  „e  di*L«  ,».  feu  d«  3  soles  — .  Antenr,  ^ 

anterieures,  reflechies,  s  btcndant  )usqu  au  dense  de 

anterieure  du  corps.  Tbguments  converts  d  en 

polls  extremement  petits,  devenant  p  us  »  g  fur_ 

faisceaux  sur  la  face  ventrale  de  la  queue  e 
cales. 

Stn.  2022,  2ob2,  2149,  2 1 53. 


Famille  PHAENNIDiE 
24.  Xantliocalanus  Greeni ,  Farran. 


2D. 


Xanthocalanus  profundus, 

Taille  :  6™"  20 


n.  sp. 


Voisin  du  X.  borealis  G.  O.  Sars,  mats .sen  disn "8^1^  ^ 
aiUe  beaucoup  plus  grande  et  par  la  strU<;^ment  v0utde  en 
e  Paire.  Division  anterieure  du  corps  e§  t  et  en  arriere. 

iessus  et  de  forme  ovale,  un  peu  retieue  pai  c  lateraux  du 

diaments  rostraux  tres  delicats  et  recoui  e  alTiere  et  de 

lender  segment  du  metasome  assez  saillants  < 


—  i4  — 

forme  triangulaire,  s’btendant  au  milieu  du  segment  genital. 
Queue  tres  courte,  ne  depassant  que  peu  en  longueur  un  quart 
de  la  division  anterieure.  Antenncs  anterieures  a  peine  plus 
longues  que  la  division  anterieure  du  corps.  Antennes  postd- 
rieures,  pieces  buccales  etpattes  natatoires  d’une  structure  sem- 
blable  a  celle  dc  X.  borealis.  Pattes  de  la  5C  paire  cependant  plus 
allongees,  triarticule'es,  article  median  densement  herisse  d’e' pi¬ 
nes  minces  en  dehors,  article  terminal  de  forme  oblong-lineaire, 
quatre  fois  aussi  long  que  large,  et  muni  de  4  grosses  epines, 
2  apicales  et  2  laterales,  epine  du  bord  externe  placee  beaucoup 
plus  en  avant  que  celle  du  bord  interne,  surface  herissee  de 
petits  denticules. 

Stn.  792  (dans  les  nasses). 


26.  Xanthocalanus  echinatus,  n.  sp. 

Taille  :  ca  211111 

C01  ps  assez  court  et  trapu,  avec  la  division  anterieure  de 
foime  ovale,  assez  voutee  en  dessus.  Filaments  rostraux  tres 
petits.  Dernier  segment  du  mdtasome  faiblement  sdpard  du  seg¬ 
ment  precedent,  et  ayant  les  lobes  late'raux  tres  courts  et  presque 
tectangulaires.  Queue  tres  courte,  n’atteignant  merae  pas  en 
longueur  un  quart  de  la  division  anterieure,  segment  genital 
peu  bom  be  en  bas.  Antennes  anterieures  un  peu  plus  longues 
que  la  division  anterieure  du  corpus.  Antennes  posterieures  avec 
les  i  ames  assez  allongees,  l’externe,  comme  d’ordinaire,  la  plus 
longue.  Pattes  natatoires  assez  greles,  les  trois  paires  posterieures 
a}- ant  les  deux  rames  densement  hdrissbes  de  petites  e'pines. 
Pattes  de  la  5e  paire  tres  petites,  biarticule'es,  article  terminal  de 
foime  tiiangulaire,  muni  en  dehors  d’une  epine  assez  forte,  en 
dedans  de  2  dpines  plus  petites,  le  bout  de  Particle  saillant  en 
forme  d’une  pointe  aigue. 

Stn.  210S  (un  seul  exemplaire). 

27-  Cornucalamts  chelifer,  (Thompson). 

(=  C.  magnus,  Wolfend.). 

Cornucalanus  simplex ,  Wolfend.). 


—  i5  — 


Genre  Cephalophanes,  n. 

Differe  de  Xanthocalanus  par  la  forme  du  corps  beaucoup 
plus  grele,  et  surtOUt  par  la  partie  frontale  de  la  tete  saillante  en 
forme  de  capuchon  et  contenant  deux  organes  volumineux  d’une 
structure  toute  singuliere  et  ayant  vraisemblablement  la  signi 
fication  d’organes  lunrineux.  Appendices  diveis  du  coips  en 
general  construits  d’apres  le  type  du  genre  Xanlhocalanus. 


29.  Cephalophanes  refulgens,  n.  sp. 

Taille  :  4tnin  20 

Apparence  generale  ressemblant  a  celle  d  un  Calanus ,  la 
division  anterieure  du  corps  etant  assez  e'tioite  ct  de  forme 
Presque  cylindrique.  Tete  separee  du  premier  segment  pedigere 
par  une  suture  faiblement  indiqude,  partie  frontale  assez  sail 
•ante  et  arrondie  au  bout.  Organes  lumineux  tres  grands,  rem- 
plissant  presque  completement  la  partie  anteiieure  de  la  tete, 
et  disposes  de  maniere  a  etre  contigus  en  bas  et  un  peu  ecaites 
etl  dessus:  leur  forme  prismatique,  avec  un  bold  doisal  tian 
rhant  et  une  face  interne  toute  plane,  montrent  un  lustre 
nacre  tres  brillant  meme  sur  des  excmplaires  preserves  depuis 
fuelque  temps  dans  l'alcool.  Filaments  rostraux  tres  delicats 
et  brusquement  recourbes.  Lobes  lateraux  du  deiniei  segment 
du  nadtasome  un  peu  saillants  en  arriere  et  se  terminant  chacun 
en  une  pointe  aigue.  Queue  assez  courte,  ne  depassant  pas  en 
•°ngueur  un  quart  de  la  division  anterieure,  segment  genita  p 
boinbe  en  bas,  dernier  segment  tres  petit;  pieces  fuicales  coui  ' 
^ntennes  anterieures  assez  greles,  depassant  la  longueur  du  coi  \ 
ntennes  posttfrieures  avec  la  rarne  externe  beaucoup  plus  on 
§Ue  que  l'interne.  Pattes  de  la  5e  paire  assez  petites,  rnais  is 
din 

'due  les 


dement  triarticulees,  article  terminal  beaucoup  plus  eti 

-.1  7  *  .  - 1  n  la 


•Olt 


autres  et  muni  de  4  opines  courtes,  2  apicales 


et  2  late'- 


^•es,  celle  du  bord  interne  la  plus  longue. 

i856,  2022,  2002,  2114,  2117?  2109?  2194)  Id)  -  J 


Famille  SCOLECITHRICID^ 


3o.  Scolecithricella  auropecten,  (Giesbr.). 


3i.  Amallophora  media,  n.  sp. 

Taille  :  2mm 

\  oisine  de  A.  ajftnis  G.  O.  Sars,  mais  en  differe  nettement 
pai  la  taille  plus  petite,  par  la  forme  du  corps  plus  e'paisse  et 
surtout  pai  le  defaut  total  d’une  Crete  frontale.  Lobes  latdraux 
u  deiniei  segment  du  metasome  tres  peu  saillants.  Queue 
assez  mince,  depassant  un  peu  en  longueur  un  tiers  de  la  divi¬ 
sion  anted ieuie.  Filaments  rostraux  tres  greles  et  allonge's, 
lecouibe's.  Antennes  ante'rieures  manquant  chez  les  exemplaires 
examines.  Antennes  poste'rieures  avec  la  rame  interne  plus  lon- 
t,  ie  que  1  exteme.  Pattes  de  la  5C  paire  composee  seulement  de 
2  at  tides,  le  terminal  etroit  et  allonge,  muni  au  bout  de  2  epines 
es’  ^01c^  interne  portant  au  milieu  une  soie  forte,  depas¬ 
sant  de  beaucoup  les  epines  apicales. 

Stn.  2149,  2168. 


32.  Amallophora  robusla ,  Scott? 
Lophothrix  latipes,  (Scott). 

(=  Scolecithrix  latipes,  Scott). 


Genre  Heteramalla,  n. 

Differe  de  Amallophora  par  le  rostre  frontal  ayant  la  forme 
.  lc^e  chitineuse  bifurqude  au  bout,  par  les  antennes 
devH1611^8  aSSeZ  courtes  et  pourvues  de  filaments  sensitifs  tres 
m  H ^,r'S !  ^es  nntennes  poste'rieures  dgalement  plus  courtes 

annPnm  maire’.Par  Ies  maxillipfedes  anterieurs  ayant  deux  des 
sensitifs  tout  a  fait  extraordinairement  de'veloppiS> 


par  la  structure  assez  differente  des  pattcs  natatoires,  enfin, 
par  la  condition  rudimentaire  des  pattes  de  la  oL  pane  c  ez  a 
femelle. 


34.  Heteramalla  dubia  (Scott). 

?  Amallophora  dubia  Scott  cT 
Taille  :  3m™  5o 


Femelle.  Corps  assez  robuste  et  trapu,  avec  la  division  an- 
terieure  egalement  voutee  en  dessus  et  de  forme  ova  e. 
faiblement  definie  en  dessus  du  premier  segment  pe  tg 
Lobes  lateraux  du  dernier  segment  du  metasome  ties  court' 
etroitement  arrondis  au  bout.  Queue  assez  courte,  ne  -f 
pas  en  longueur  un  tiers  de  la  division  anteiieuie,  set> 
genital  un  peu  bornbe  en  bas.  Pieces  furcales  courtes  et  aP  3 
Antennes  anterieures  beaucoup  plus  courtes  que  la  dms  ^ 
terieure  du  corps.  Antennes  posterieures  avec  la  tame 
plus  courte  que  l'interne.  Maxillipedes  anterieuts  a}  sont 
sortes  differentes  d’appendices  sensitifs,  trois  d  entre  "  . 
places  plus  en  dehors,  tout  simples,  se  terminant  en  \  ’ 

trois  autres  portant  au  bout  un  petit  bouton  (arnalla),  ^ 

autres  enormdment  developpds,  se  composant  c  acrin  ^ 
dge  molle  assez  epaisse  et  d’un  disque  apical  amp  8 
cils  efliles  nombreux  entortillds  au  bout,  de  manieie  a.  ^ 
Une  masse  presque  globuleuse.  Pattes  de  la  ptemiere  p1 
la  ranre  externe  biarticulee,  les  2  articles  exteiieuis 
Pletement  soudes,  rame  interne,  comme  d  ordinaire, 
culee.  Les  2  paires  suivantes  avec  la  rame  intennc 
Rame  externe  des  pattes  de  la  3e  paire  ayant  toutes  • 
natatoires  rdduitesaux  epines  tres  petites,  article  term*  se 
dtr°it.  Pattes  de  la  5e  paire  extremement  petites,  c 
c°mPosant  d’une  tige  indistinctement  articulee  se  teim.i 

Un  petit  bouton. 

Stn.  2114. 

(TGI) 


Famille  METRIDIIDiE 


35.  Metridia  longa,  (Lubbock). 

36.  Metridia  Normani ,  Giesbr. 

Famille  LUCICUTIID^E 
57.  Lucicutia  curta,  Farrant. 


38.  Lucicutia  tenuicauda,  n.  sp. 

Taille  :  3mm  80 

■\  oisine  de  L.  intermedia  G.  O.  Sars,  mais  s’en  distingue  par 
les  pieces  furcales  beaucoup  plus  allongees  ct  tres  minces,  attei- 
gnant  la  longueur  de  la  queue  entiere,  soie  du  bord  externe 
placee  en  arriere  du  milieu.  Division  antdrieure  du  corps  assez 
lenflee  et  obtusement  tronquee  par  devant.  Segment  genital  plus 
bombe'  en  bas  que  chez  L.  intermedia. 

Stn.  2082  (un  seul  exemplaire). 

Famille  HETERORHABDIDiE 

39.  Heterorhabdus  profundus,  Dahl. 


40.  Mesorhabdus  gracilis,  n.  sp. 

Taille  :  4mm 

Corps  beaucoup  plus  grele  que  chez  l’espece  typique,  avec 
a  msion  anteiieure  oblong-fusiforme.  Lobes  lateraux  dudei- 
niei  segment  du  metasome  arrondis  au  bout.  Queue  atteignant 
presque  la  demi-longueur  de  la  division  antdrieure,  segment 


—  ig  — 

genital  assez  gros,  n’atteignant  cependant  pas  la  longueur d 
deux  segments  suivants  rdunis.  Pieces  furcales  p  us  a  onge 
plus  inegales  que  chez  l’espfcce  typique.  Antennes  anteneures 
depassant  a  peine  le  corps  en  longueur.  Antennes  posteneures 
avec  la  rame  externe  environ  aussi  longue  que  1  article  pioxima 
de  rinterne.  Pieces  buccales  et  pattes  d’une  structure  assez 
semblable  a  celle  de  l’espece  typique. 

Stn.  2022,  2i  14. 


41  ■ 


Mesorhabdus  angustus,  n.  sp. 

Taille  :  5““  10 


Yoisin  du  M.  gracilis ,  mais  s’en  distingue  par  la  taille  plus 
grande,  et  surtout  par  les  antennes  anteiieuies  beaucoup  p 
allongees.  Division  anterieure  du  corps  un  peu  comp  ri 
deux  cotes,  vue  de  dessus  ties  dtroite  et  presque  transversalemen^ 
tronquee  par  devant.  Queue  un  peu  plus  couite  que  c  iez^ 
pece  precedente,  segment  gdnital  assez  lamasse  et  plus  0  4 
les  2  segments  suivants  rdunis.  Pieces  fuicales  lessem^ 
celles  de  M.  gracilis.  Antennes  anterieures  tres  developpees,  a  - 
passant  le  corps  par  les  6  ou  7  dermers  articles,  et  s  ami”f1SS 
moins  vers  le  bout  que  chez  la  plupart  des  autr es  espece.  ^ 

Camille.  Antennes  posterieures  avec  la  rame  externe  a  f 

courte  que  I’interne.  Palpe  mandibulaire  ties  gian  ^ 

dcatoire  des  maxilles  muni  d’une  seule  epine  ungui  01 
Pagnee  de  plusieurs  soies  minces.  Maxilhpedes  et  pa 
dilferentes  de  celles  des  deux  autres  especes. 

Stn.  1 85 1  (un  seul  exemplaire). 


Famille  AUGAPTILID/F 


42-  Haloptilus  spiniceps ,  Giesbr. 


(iox) 


20 


43.  Haloptilus  angusticeps,  n.  sp. 

Taille  :  3mm  80 

Corps  tres  grele  et  allonge,  avec  la  division  anterieure  dc 
forme  etroitement  oblongue,  un  peu  retrdcie  au  milieu.  Tete 
beaucoup  plus  longue  que  le  me'tasome  et  assez  etroite,  partie 
frontale  peu  saillante  et,  vue  par  dessus,  de  forme  obtusement 
triangulaire.  Filaments  rostraux  tres  de'licats,  recourbds.  Queue 
depassant  a  peine  en  longueur  un  cinquieme  de  la  division  antd- 
rieure,  segment  ge'nital  assez  ramasse  et  fortement  bombe'  en 
bas.  Pieces  furcales  comparativement  courtes,  avec  les  soies 
assez  longues  et  divergcntes.  Antennes  anterieures  un  peu  plus 
longues  que  le  corpis  et  de  structure  normale.  Antennes  poste- 
rieures  avec  la  rame  interne  deux  fois  aussi  longue  que  l’externe. 
Mandibules  beaucoup  plus  fortes  que  chez  les  autres  especes, 
ayant  la  partie  masticatoire  considerablement  dilatee  et  divisee 
au  bout  en  3  dents  courtes  et  grosses  de  grandeur  egale.  Maxilles 
avec  la  partie  endopodale  du  palpe  bien  developpee,  triarti- 
culde,  article  terminal  garni  au  bout  de  6  soies.  Maxillipedes 
anterieurs  n’ayant  aucune  des  soies  transformees  en  epine-s- 
Maxillipedes  posterieurs  et  pattes  de  structure  normale. 

Stn.  2o52  (un  seul  exemplaire). 

44-  Augaptilus  spinifrons,  n.  sp. 

Taille  :  3mm  go 


A  oisin  du  A.  megalurus  Giesbr.,  mais  en  differe  par  la  fQ1 111  e 
du  corps  encore  plus  grele  et  allongde.  Partie  frontale  de  la  tete 
assez  saillante  et  se  terminant  en  une  epine  courte,  mais  bien 
definie  et  dirigde  en  avant.  Lobes  lateraux  du  dernier  segment 
du  me'tasome  tres  courts  et  arrondis  au  bout.  Queue  depassant 
en  longueur  un  tiers  de  la  division  anterieure,  segment  genita 


2  I 


deux  fois  aussi  long  que  les  2  segments  suivants  reunis  et  plus 
bombe  en  bas  que  chez  A.  megalurus.  Pieces  furcales  tres 
allongees,  depassant  la  demi-longueur  de  la  queue,  deux  des 
soies  sortant  du  bord  externe.  Antennes  anterieures  tres  gieles 
et  allonge'es,  depassant  le  corps  par  les  7°  ou  8e  articles  exteiieurs. 
Antennes  postdrieures,  pieces  buccales  et  pattes  d  une  structure 
semblable  a  celle  de  A.  megalurus. 

Stn.  2022,  2212. 


q5.  Augaptilus  rigidus,  n.  sp. 

Taille  :  4mm3o 

Corps  assez  court  et  trapu,  avec  la  division  anteiieuie  assez 
dilatee  au  milieu  et  montrant  un  aspect  singulier,  raide,  la  face 
dorsale  etant  tres  peu  voutde  en  dessus  et  brusquement  depii 
me'e  dans  la  region  cervicale.  Tete  imparfaitement  separee  du 
premier  segment  pddigere,  partie  frontale  obtusement  anondie 
et  portant  en  bas  2  filaments  rostraux  bien  developpes.  Lobes 
lateraux  du  dernier  segment  du  metasome  un  peu  saillants  des 
deux  cotes  et  tronques  au  bout.  Queue  assez  couite,  n  attei 
gnant  inerne  pas  en  longueur  un  quart  de  la  division  anteiieuie, 
segment  genital  deux  fois  aussi  long  que  les  2  segments  suivants 
teunis  et  assez  bombe  en  bas.  Pieces  furcalesun  peu  plus  lonDues 
que  le  segment  anal  et  tronqudes  au  bout,  avec  une  des  soies 
sortant  du  bord  externe,  soie  accessoire  petite.  Antennes  ante 
rieures  ne  depassant  que  peu  en  longueur  la  division  anteiieuie. 
Antennes  posterieures  avec  la  rame  externe  bien  developp  :  , 
k  Peine  plus  courte  que  l’interne.  Palpe  mandibulaire  assez 
Petit,  n’ayant  aucune  trace  de  rame  interne.  Maxilles  de  mei 
tres  peu  ddveloppees,  palpe  tout  simple,  poitant  au 
seule  soie  tres  longue,  partie  endopodale  et  lobes  submaxi 
t0u*  a  fait  absents.  Maxillipedes  assez  greles,  epmes  exterieures 
^es  deux  paires  tres  distinctement  boutonndes.  Pattes  de  struc 

tUre  normale. 

Stn.  2i4g  (un  seul  exemplaire). 

(xoi) 


46.  Augaptilus  latifrons,  n.  sp. 

Taille  :  4mn»70 


Corps  assez  robuste,  avec  la  division  anterieure  de  forme 
oblong-ovale  tres  voutee  en  dessus.  Tete  bien  definie  du  pre¬ 
mier  segment  pedigere  et  depassant  le  metasome  en  longueur, 
partie  frontale  assez  large,  et,  vue  de  profil,  presque  transversa- 
lement  tronque'e  par  devant,  montrant  en  bas  une  proeminence 
nodiforme  sans  aucune  trace  de  filaments  rostraux.  Lobes  late- 
raux  du  dernier  segment  du  metasome  peu  saillants  et  arrondis 
au  bout.  Queue  etroite,  atteignant  a  peine  en  longueur  un  tiers 
de  la  division  anterieure,  segment  genital  environ  aussi  long  que 
les  deux  segments  suivants  reunis  et  montrant  en  bas  une  assez 
petite  protube'rence  arrondie;  segment  anal  presque  2  fois  aussi 
long  que  le  precedent.  Pieces  furcales  courtes,  avec  la  soie  acces- 
soire  peu  developpee.  Antennes  anterieures  depassant  a  peine 
en  longueur  le  corps.  Antennes  posterieures,  avec  la  raine 
interne  tres  grande,  l’externe  peu  developpee,  n’atteignant  pas  la 
demi-longueur  de  l’interne.  Palpe  mandibulaire  tres  petit,  avec 
la  rame  interne  tout  a  fait  rudimentaire,  remplacee  par  une  soie 
simple.  Maxilles  avec  le  lobe  masticatoire  tres  etroit  et  muni  de 
4  epines  seulement,  palpe  simple,  portant  au  bout  2  soies  de 
d  egale  longueur,  partie  endopodale  et  lobes  submaxillaires  tout 
a  fait  absents.  Maxillipedes  assez  grands  et  de  structure  normale, 
e'pines  extdrieures  des  deux  paires  distinctement  boutonnees. 
Pattes  de  la  premiere  paire  avec  le  2e  article  basilaire  s  elevant 
en  dehors  en  un  lobe  mince  arrondi. 

Stn.  2o52  (un  seul  exemplaire). 


47.  Augaptilus  mixtus,  n.  sp. 

Taille  :  3mm8o 

Coips  un  peu  plus  allonge  que  chez  les  deux  especes  piece 
dentes,  avec  la  division  anterieure  dgalement  voutee  en  dessus 


—  23  — 


et  de  forme  regulierement  oblong-ovale.  Tete  bien  separee  du 
premier  segment  pedigere  et  plus  courte  que  le  metasome, 
partie  frontale  arrondie  au  bout ;  filaments rostraux  assez  allonges 
et  recourbes.  Lobes  lateraux  du  dernier  segment  du  metasome 
courts  et  arrondis.  Queue  n’atteignant  pas  en  longueur  un  tiers 
de  la  division  anterieure,  segment  genital  un  peu  plus  long  que 
les  2  segments  suivants  unis,  segment  anal  plus  long  que  le  pre¬ 
cedent.  Pieces  furcales  environ  aussi  longues  que  le  segment 
anal,  les  2  soies  extdrieures  densement  plumeuses,  soie  accessoire 
plus  developpee  que  chez  les  deux  especes  precedentes.  Antennes 
anterieures  environ  aussi  longues  que  le  corps.  Antennes  poste- 
rieures  avec  la  rame  externe  atteignant  la  longueur  de  1  article 
proximal  de  l’interne.  Palpe  mandibulaire  avec  la  rame  interne 
bien  developpee.  biarticulee.  Maxilles  du  meme  plus  ddveloppes 
que  chez  les  2  especes  precedentes,  partie  endopodale  et  lobe 
submaxillaire  cependant  peu  saillants  et  ne  portant  chacun 
qu’une  seule  soie.  Maxillipedes  assez  grands,  avec  les  epines 
exterieures  distinctement  boutonndes.  Pattes  de  structure  noi- 
male. 

Stn.  1 794  (un  seul  exemplaire). 


48.  Augaptilus  clavatus,  n.  sp. 

Taille  :  ca.  4mm 

bres  voisin  du  A.  gibbus  Wolfend.,  rnais  en  diftere  pai  la 
taille  plUs  gtande  et  par  le  corps  encore  plus  robuste.  Division 
ante'rieure  du  corps,  vue  de  profil,  de  forme  presque  clavate, 
3Vec  'a  face  dorsale  de  la  tete  regulierement  voutee,  sans  aucune 
tlace  de  la  gibbosite  trouvde  chez  A.  gibbus.  Queue  depassant 
a  Peine  en  longueur  un  quart  de  la  division  anterieure,  segment 
genital  deux  fois  aussi  long  que  les  2  segments  suivants  unis. 
*eces  furcales,  comme  chez  l’espece  nominee,  assez  diveigentes. 
ntennes  anterieures  bcaucoup  plus  courtes  que  le  coips.  An 
,  nnes  Posterieures  avec  la  rame  externe  atteignant  a  peine  la 
e®i-longueur  de  l’interne.  Palpe  mandibulaire  moins  rudi- 
nientaire  que  chez  A.  gibbus ,  la  rame  interne  etant  bien  defime 

(ioi) 


—  24  — 


et  biarticulee.  Maxilles,  maxillipedes  et  pattes  d’une  structure 
assez  semblable  a  celle  de  A.  gibbus. 

Stn.  2244  (un  seul  exemplaire). 


Genre  Pseudaugaptilus,  n. 

Apparence  gendrale  du  corps  tout  a  fait  augaptiloide.  Queue 
cependant  comme  chez  les  genres  Haloptilus  et  Pontoptilus , 
composee  (chez  lafemelle)  de  4  segments  bien  definis.  Appendices 
rostraux  styliformes,  ressemblant  a  ceux  du  genre  Heterorhab- 
dus.  Antennes  posterieures  avec  les  deux  rallies  excessivement 
prolongees.  Mandibules  avec  la  partie  masticatoire  tres  grele, 
presque  styliforme  et  tres  finement  dentelee  au  bout,  palpe  assez 
grand,  birame.  Maxilles  fournies  d’un  lobe  endopodal  bien  defim 
et  de  2  lobes  submaxillaires  se'tiferes,  lame  epipodale  absente. 
Maxillipedes  anterieurs  assez  compacts,  avec  quelques  epines 
tres  fortes.  Maxillipedes  posterieurs  plus  greles  et  munis  aussi 
d’epines  comparativement  courtes  et  fortes,  non  boutonne'es. 
Pattes  d'une  structure  semblable  a  celle  du  genre  Augaptilus- 


49.  Pseudaugaptilus  longiremis,  n.  sp. 

Taille  :  3mmao 

Corps  assez  court,  avec  la  division  anterieure  de  f°irne 
oblong-ovale,  s’amincissant  un  peu  pardevant.  Tete  bien  define 
du  premier  segment  pedigere  et  plus  longue  que  le  metasonie. 
partie  frontale  un  peu  aplatie  et  tronquee  au  bout.  Stylets  10s 
faux  tres  minces  et  diriges  droit  en  bas,  sortant  dune  petit 
ptotuberance  au-dessus  du  front.  Lobes  lateraux  du  deiniei  seP 
nient  du  metasome  courts  et  arrondis.  Queue  depassant  a  pein 
en  longueur  un  quart  de  la  division  anterieure,  segment  genin 
enviion  aussi  long  que  les  3  segments  suivants  unis  et  Ve 
bombes  en  bas.  Pieces  furcales  assez  courtes  et  tronquees  ^ 
bout,  une  des  soies  sortant  du  bord  externe,  soie  accessoire  ti  ^ 
petite.  Antennes  anterieures  un  peu  plus  longues  que  le  C01F 
et  ne  s’amincissant  que  peu  vers  le  bout,  article  terminal  bear 
coup  plus  etroit  que  les  deux  precedents,  dont  chacun  est  pout 


—  25  — 


au  bord  posterieur  d'une  soie  tres  epaisse.  Antennes  postdrieures 
avec  les  deux  rames  de  longueur  dgale.  Maxillipedes  anterieurs 
munis  au  millieu  du  2C  segment  basilaire  d’une  epine  tres  forte, 
mucroniforme.  Pattes  de  la  51'  paire  avec  la  rame  externe  tout 
a  fait  depourvue  d’dpine. 

Stn.  2022,  2117,  2 1 85. 


5o.  Pontoptilus  pertenuis,  n.  sp. 

Taille  :  ca.  4mm 

Corps  extremement  grele  et  allongd,  avec  la  division  ante- 
rieure  tres  etroite,  s’amincissant  graduellement  par  devant,  face 
dorsale  peu  voutee.  Tete  un  peu  plus  courte  que  le  metasome, 
partie  frontale  obtusdment  tronqude  au  bout,  sans  aucune  trace 
de  rostre.  Lobes  latdraux  du  dernier  segment  du  metasome  tres 
peu  saillants  et  etroitement  arrondis  au  bout.  Queue  tres  courte, 
natteignant  meme  pas  en  longueur  un  quart  de  la  division 
anterieure,  segment  genital  assez  ramassd  et  bornbe  en  bas. 
Pieces  furcales  d  une  forme  semblable  a  celle  des  autres  especes 
de  ce  genre.  Antennes  antdrieures  assez  greles  et  allongees, 
depassant  considerablement  la  longueur  du  corps.  Antennes 
P°sterieures  avec  la  rame  externe  un  peu  plus  longue  que  1  in- 
teine.  Mandibules  ayant  la  partie  masticatoire  munie  au  bout 
dc  dents  comparativement  courtes  et  serrees.  Maxilles  de  la 
StIUcture  caracte'ristiquc  du  genre.  Maxillipedes  peu  difldients 
ilussi  de  ceux  des  autres  especes.  Pattes  de  la  5°  paiie  avec  la 
dllle  Sterne  biarticule'e. 

Stn.  2087  (un  seul  exemplaire). 


5i.  Pontoptilus  ovalis,  n.  sp. 

Taille  :  5mm5o 

^orps  assez  robuste  et  trapu,  avec  la  division  anterieure 
c°nsiddrablement  renflee  au  milieu  et  de  forme  ovale,  s’annn- 
SSant  tdgulierement  par  devant  et  en  arriere.  Tete  faiblemcnt 

[101] 


-  26  — 


separee  du  premier  segment  pedigere,  partie  frontale  obtusd- 
ment  tronque'e  au  bout  et  sans  aucune  trace  d’un  rostre.  Lobes 
lateraux  du  dernier  segment  du  metasome  tres  peu  saillants  et 
e'troitement  arrondis  au  bout.  Queue  atteignant  presque  en  lon¬ 
gueur  un  tiers  de  la  division  anterieure,  segment  ge'nital  de 
grandeur  moyenne  et  un  peu  bornbe  en  bas.  Antennes  poste- 
rieures  ayant  les  rames  assez  inegales,  l’externe  tres  grele  et 
allongee.  Mandibules  avec  la  partie  masticatoire  divisee  au  bout 
en  6  dents  fortes  de  grandeur  e'gale,  palpe  assez  grand.  Maxilles 
et  maxillipedes  de  la  structure  caracteristique  du  genre.  Pattes 
de  la  5e  paire  avec  la  rarne  interne  biarticulee. 

Stn.  2114  (un  seul  exemplaire). 


Famille  ARIETELLIDJ2 

52.  Arietellus  Buchani ,  (Wolfend.). 

(==  Paraugaptilus  Buchani,  Wolfend.). 


53.  Phyllopus  muticus,  n.  sp. 

Taille  :  4mm  60 

Differe  du  P.  bidentalus  Brady  par  la  taille  beaucoup  plus 
grande,  par  la  forme  du  corps  plus  allongee  et  surtout  pai  lcs 
lobes  lateraux  du  dernier  segment  du  metasome  tres  courts  et 
tionques  au  bout.  Appendices  divers  du  corps  d’une  structure 
en  general  assez  semblable  a  celle  de  1’cspece  typique.  Maxilli 
pedes  anterieurs  cependant  plus  ramasse's,  avec  les  epines  exte 
tieures  beaucoup  plus  courtes  et  fortement  courbees.  Pattes  de 
la  5l  paire  un  peu  differente  de  merne  a  l’egard  de  la  proportion 
1  dative  des  articles  et  leur  armature. 

Stn.  2087  (un  seul  exemplaire). 


Famille  PSEUDOCYCLOPIPlE 

5q-  Bseudocyclops  obtusatus ,  Brady. 


—  27 


Famille  PARAPONTELLID.ZE 

55.  Bathypontia  minor,  n.  sp. 

Taille  :  2ram6o 

Differe  du  B.  elongata  G.  O.  Sars  par  la  taille  beaucoup 
inferieure,  par  la  forme  du  corps  moins  allongee  et  par  les  lobes 
lateraux  du  dernier  segment  du  mdtasome  plus  saillants  et  de 
forme  triangulaire.  Appendices  divers  du  corps  d’une  structure 
tres  semblable  a  celle  de  l’espece  typique. 

Stn.  2082  (un  seul  exemplaire). 


Famille  ACARTIIDiE 
s6.  Acartia  negligens ,  Giesbr. 


(lOI 


AVIS 


Le  Bulletin  est  en  depot  chez  Friedliinder,  1 1 ,  Carlstrasse. 

Berlin. 

Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  separement  aux  prix 
suivants  et  franco  : 


8^'  Analyse  des  echantillons  d’eau  de  mer  recueillis  pendant  la 
Campagne  du  yacht  Princesse-Alice  en  1006,  (kun  espe- 

ranta  traduko),  par  G.-H.  Allemandet .  .... 

89.  Notes  sur  les  gisements  de  Mollusqucs  comestibles  des  Cotes 
de  France.  —  La  region  d’Auray  (Morbihan)  avec  i  carte, 
par.  L.  Joubin,  professeur  au  Museum  d’Histoire  naturelle 

de  Paris  et  a  l’lnstitut  Oceanographique . 

9°*  Description  de  I’extremite  posterieure  du  corps  anormale 
chez  deux  Alotella  fusca  Risso,  par  lc  Dr  M.  Jaquet, 
Conservateur  ail  Musee  Oceanographique  (avec  une  plan- 
che  double) . . . . 

91*  Analyse  de  quelques  echantillons  de  Pelagosite  recueillis 
dans  le  port  de  Monaco,  (kun  esperanta  traduko),  par 
G.-H.  Allemandet . . . 

92*  Conference  du  icr  decembre  1906.  La  Prcsqu’ile  de  Qui- 
beron  (avec  quatre  planches),  par  L.  Joubin,  professeur 
au  Museum  d’Histoire  naturelle  de  Paris  et  k  PInstitut 
Oceanographique . 

90*  Quelques  impressions  d  un  natural iste  au  cours  d’une  cam¬ 
pagne  scientifique  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  (1905), 
par  E.-L.  Bouvier,  professeur  au  Museum  d’Histoire 

naturelle,  Membre  de  PInstitut . 

94*  Sur  1  existence  de  la  Mye  dans  la  Mediterrance,  par  Fred 
Vles,  preparateur  du  Laboratoire  de  Roscoft . . 

95.  —  Sur  la  huitieme  campagne  de  la  Princesse-Alice  II,  par 

o.  A.  S.  le  Prince  Albert  Iop  de  Monaco . 

96.  Orchomenetla  lobata ,  nouvelle  espece  d’Amphipode  des 

regions  arctiques,  par  Ed.  Chevreux . 

97’  Sui  une  methode  de  prelevement  de  l’eau  de  mer  destinee 
aux  etudes  bacteriologiques,  par  MM.  P.  Portier  et 
J.  Richard . . . .  . . \ . . 

98.  Questionnaire  relatif  aux  especes  comestibles  de  Crustaces, 

par  H.  Coutiere . . . . 

99.  —  Note  preliminaire  sur  quelques  Asteries  et  Ophiures  prove- 

nant  des  campagnes  de  la  Princesse-Alice ,  par  R.  Kcehler, 

professeur  a  la  Faculty  des  Sciences  de  Lyon . 

I00*  L  Industrie  des  Salines  cotidres,  par  lc  Dr  L.  Maillard, 
professeur  agrege  a  la  Faculte  de  Medecine  de  Paris  (avec 
8  planches) . 

101.  —  Notes  supplementaires  sur  les  Calamities  de  la  Princesse- 
Alice  (corrections  et  additions),  par  G.  O.  Sars . . 


Fr. 


0  5o 


2  5o 


1  » 

0  5o 


1  5o 


1  5o 
o  5o 
o  5o 
1  » 

1  » 
o  5o 

1  00 


2  » 
o  5o 


MONACO. 


—  IMPR.  DE  MONACO. 


N°  102 


30  Mai  1907 


% 


BULLETIN 


DE 


I Fondation  ALBERT  I«r,  Prince  df.  Monaco) 


NOTE  SUR  LINE  FORME  JEUNE  DE  TRIG LA 


Par  le  D'  M.  Jaquet 

Conservuteur  au  Musie  Oo5anographique. 


MONACO 


.A.V  X  S 


Les  auteurs  sont  pries  de  se  conformer  aux  indications  suivantes  : 

i°  Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congres 
internationaux. 

2°  Supprimer  autant  que  possible  les  abreviations. 

3°  Donner  en  notes  au  bas  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

4°  Ecrire  en  italiques  tout  nom  scientifique  latin. 

5°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  B.)  ou 
a  1’enCre  de  Chine. 

6°  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papiers 
caiques  les  recouvrant. 

7°  Faire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noir  sur 
papier  procede. 

8°  Remplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  le 
texte  en  donnant  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d’un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 


* 

*  * 


Les  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  Ils  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nombre  quelconque  —  faire  la  demande  sur  e 
manuscrit  —  suivant  le  tarif  suivant  : 


Un  quart  de  feuille  . 
Une  demi-feuille. . . . 
Une  feuille  entiere.. 


50  ex. 

100  ex. 

150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

4f  » 

5f  20 

6f  80 

8f40 

10  40 

17^80 
22  80 
35  80 

4  7° 

8  10 

6  70 

9  80 

8  80 
i3  80 

1 1  » 
16  20 

1 3  40 
19  40 

II  faut  ajouter  a  ces  prix  celui  des  planches  quand  il  y  a  lieu. 


Adresser  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  a  Vadresse  suivante  ■ 

Musee  oceanographique  (Bulletin),  Monaco. 


Bulletin  de  l’Institut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 

N°  102.  —  3o  Mai  1907. 


Note  sur  une  forme  jeune  de  Irigla. 


Par  lc  Dr  M.  JAQUET 

Conservateur  au  Musee  Oceanographique. 


Le  jeune  poisson  qui  fait  l’objet  de  cette  note  a  ete  peche 
a  la  surface  de  1’eau,  devant  le  port  de  Monaco,  par  M.  le 
L1  Richard,  le  novembre  1906.  II  mesure  exactement  20  mil¬ 
limetres  de  longueur.  Vivant,  sa  coloration  etait,  de  jour,  dans 
les  tons  de  sepia  foncd.  Seules,  la  seconde  dorsale,  1  anale  et  la 
caudale  etaient  completement  transparentes.  Lobscuiite  pioto- 
quait  un  changement  dans  1’etat  des  chromatophores  coitmic 
le  D1'  Richard  l’indique  dans  la  note  ci-dessous  (1). 

La  mort  etant  survenue  apres  trois  jours  de  captivite,  1  ann 
mal  presente  la  tete  et  le  tronc  blanchatres  avec  des  points 


(>)  Rapporte  a  la  maison  dans  un  bocal  et  place  dans  une  assiette  de 
Porcelaine  blanche,  le  jeune  trigle  paraissait  s’y  plaire  et  etait  d’un  beau 
noir-  Je  le  laissai  dans  l’obscurite  a  7  h.  10  pour  aller  diner.  En  revenant 
avec  une  lampe,  avant  8  heures,  je  le  crus  mort:  il  avait  la  tfite  et  la  partie 
Posterieure  du  corps  presque  sans  pigment,  decolorees,  mais  la  couleur 
revint  a  vue  d’oeil  sous  la  lampe  et  en  moins  de  cinq  minutes  il  avait  repns 
Unite  sa  coloration  noire  foncee.  Je  repetais  la  meme  experience  a  11  leu,u 
du  soir  avec  le  meme  resultat,  Fanimal  devint  egalement  noir  en  moms  de 

Clnq  minutes.  _  .  . 

Par  moment  il  laisait  des  mouvements  comme  pour  s  enfouir  ans  1 
soh  d’autres  fois  il  marchait  au  moyen  des  trois  doigts  de  la  partie  ante- 
rieure  de  ses  pectorales.  Il  reagissait  par  des  mouvements  rusques 
c°tps  ou  des  nageoires  a  certaines  vibrations  provoquees  par  un  choc  leger 
SUr  i’assiette  ou  par  un  souffle  sur  1’eau.  (Dr  J.  Richard). 

fy 

p  N°V2019Q7  § 


irregulierement  semes  et  parfaitement  noirs.  Les  nageoires 
paires,  ainsi  que  la  premiere  dorsale,  ont  une  nuance  brune,  les 
autres  nageoires  sont  completement  transparentes. 

La  tete,  volumineuse,  mesure  6  millimetres  de  longueur  sur 
cinq  de  largeur  au  niveau  du  battant  operculaire  et  quatre  a 
demi  de  hauteur  au  meme  endroit.  Son  profil  anterieur  est 
allonge.  L’oeil,  place  lateralement,  fait  a  peu  pres  le  tiers  de  la 
longueur  de  la  tete  a  mi-chemin  de  laquclle  il  est  situe.  L’iris 
est  argente,  avec  des  chromatophores  disposes  surtout  sur  sa 
moitie  posterieure  et  plus  particulierement  abondants  sur  le 
bord  posterieur.  Une  arcade  sourciliere,  fort  accusee,  protege 
l’oeil  en  formant  une  avancee  a  bord  libre  tranchant,  quelque 
peu  dentele  et  se  terminant  en  arriere  en  une  forte  epine  dont 
le  bord  posterieur  se  poursuit  vers  le  bas  pour  contribuer  au 
relevement  de  la  paroi  de  la  cavite  orbitaire. 

A  environ  la  moitie  de  la  longueur  qui  s’etend  entre  le  bout 
du  museau  et  l’oeil,  mais  cependant  un  peu  plus  pres  de  ce  der¬ 
nier,  se  dresse,  de  chaque  cote  de  la  ligne  medio-dorsale  et  tres 
pres  de  celle-ci,  une  epine  nettement  distincte,  dirigee  en  arriere, 
semblable  a  celle  des  Scorpenes,  Sebastes  et  du  Peristedion 
cataphractum.  Mais  l’epine  impaire  qui  orne  l’ethmoide  de  ce 
dernier  fait  defaut  chez  notre  jcune  Trigle. 

L  extremite  du  museau,  formee  par  les  intermaxillaires,  est 
large,  arrondie,  a  peine  entamee  sur  le  milieu  de  sa  courbe  pai 
une  tres  legere  echancrure,  en  arriere  de  laquelle  on  apercoit 
avec  nettete,  une  proeminence  mediane  arrondie,  limitee  de 
chaque  cote  par  le  tissu  qui  recouvre  le  premier  osselet  sous- 
oibitaire.  Celui-ci  se  termine  en  pointe  rcposant  sur  l’intei- 
maxillaire  correspondant,  mais  ne  le  debordant  pas.  Sur  tout  le 
pourtour  de  la  region  anterieure  du  museau,  on  n'apercoit  ni 
e'pine,  ni  dentelure;  la  peau  est  parfaitement  lisse. 

L  orifice  anterieur  de  la  narine  s’ouvre  a  l’extremite  d  un 
court  tube  place  a  mi-chemin  environ  entre  l’extremite  du  mu¬ 
seau  et  le  bord  anterieur  de  l’orbite.  L’orilice  posterieur  perfoie 
la  peau  un  peu  en  arriere  et  sur  la  meme  ligne  horizontale. 

La  bouche  est  relativement  petite,  sa  fente  ne  se  continuant 
pas  au  dela  du  niveau  de  l’ouverture  nasale  ante'rieure.  Les  deux 


—  3  — 


machoires  sont  garnies  de  dents  en  velours  d'une  extreme 
finesse.  Comme  nous  l’avons  vu  plus  haut,  la  machoire  supe- 
rieure  limite  en  avant  l’dchancrure  rostrale.  Le  maxillaire  arrive 
en  arriere  a  peine  a  la  perpendiculaire  d’aplomb  du  bord  ante- 
rieur  de  1’orbite.  La  machoire  inferieure  parait  etre  un  peu  plus 
courte  que  la  supdrieure. 

L’orifice  branchial  est  largement  fendu;  on  compte  sept 
rayons  branchiosteges.  Lc  bord  superieur  de  l’opercule  est  limite 
en  avant  par  une  solide  epine  dirigde  ldgerement  en  dehors  et 
en  arriere.  Sur  le  milieu  de  Fopercule,  court  horizontalement 
un  relevement  en  arete  qui  ne  ddpasse  pas  le  bord  libre  du 
battant. 

Diverses  epines  arment  la  region  posterieure  de  la  tete  et  le 
commencement  du  tronc.  En  arriere  et  au  niveau  du  bord 
superieur  de  l’oeil,  se  trouve,  un  peu  en  avant  de  la  premiere 
nageoire  dorsale,  une  forte  dpine  recourbee  en  arriere;  elle  est, 
de  meme  que  1’epinc  sus-orbitaire,  comparativement  beaucoup 
plus  longue  chez  notre  forme  jeune  que  chez  l’adulte  de  Trigla 
cot  ax  avec  lequel  notre  poisson  a  beaucoup  d’analogie.  Entie 
cette  epine  et  le  commencement  de  laligne  laterale  s’en  detache 
uue  autre  tres  accusde,  de  fortes  dimensions  et  dirigde  en 
‘'riieie.  L’epine  claviculaire  est  presente,  mais  relativement 
faible  comparde  a  celle  du  Trigla  corax-  adulte.  Enfin,  au  niveau 
du  bord  inferieur  du  prdopercule,  une  arete  court  horizontale- 
uient  jusqu'au  bord  du  battant  operculaire.  Cette  crete  se  rele\e 
cn  son  milieu  en  une  petite  dpine. 

La  premiere  nageoire  dorsale,  a  peu  pres  triangulaire,  com- 
mence  au  niveau  de  la  base  de  la  pectorale.  Elle  compte  huit 
epines  dont  la  longueur  augmente  de  la  premiere  a  la  tioisieme 
f°ut  dinrinuer  cnsuite  rapidement  jusqu’a  la  dernieie.  Le  bold 
Hterieur  du  premier  rayon  est  tres  finement  dentele  jusqu  a 
L  chenrin  de  sa  longueur. 

La  seconde  nageoire  dorsale  commence  immediatement  apt  es 
13  fin  de  la  premiere  pour  se  terminer  pres  du  pedoncule  caudal; 
S°n  ^01'd  libre  ddcrit  un  arc  a  grande  courbe.  La  nageoiie.com 
Prend  dix-sept  rayons  dont  les  deux  premiers  et  le  dernier  ne 
Pre'sentent  pas  trace  de  division  transversale.  Les  medians  ont 
Semite  distale  dlargie  en  balai.  (I02) 


La  nageoire  caudale  est  comprise  trois  fois  ct  demie  dans  la 
longueur  totale  de  l’animal.  Elle  est  allongee,  son  bord  poste- 
rieur  decrit  une  ltgere  courbe  a  convexite  postdrieure.  Neuf 
rayons  arrivent  jusqu’au  bord  posterieur,  cinq  d’entre  eux  se 
repartissent  sur  la  moitie  superieure  et  quatre  sur  la  moitie  infe- 
rieure  de  la  nageoire.  En  avant  de  ces  rayons,  il  s’en  trouve  en 
haut  et  en  bas  douze  dont  la  longueur  augmente  a  mesure  qu’on 
va  de  l’ante'rieur  au  posterieur.  Les  dix  premiers  n’offrent  au- 
cune  trace  de  segmentation  transversale.  Les  rayons  qui  attei- 
gnent  l’extremite  de  la  caudale  sont  tous  segmentes  et  ont  les 
extremite's  libres  elargies  en  balai. 

La  nageoire  anale  est  placee  exactement  au-dessous  de  la 
seconde  dorsale  dont  elle  a  la  meme  longueur.  Elle  compte  seize 
rayons,  son  organisation  est  identique  a  celle  de  la  seconde 
dorsale. 

La  nageoire  pectorale  est,  a  tres  peu  de  chose  pres,  aussi  lon¬ 
gue  que  la  tete.  Ses  rayons,  couches  sur  les  flancs,  atteignent 
le  milieu  de  la  base  de  la  seconde  dorsale.  On  distingue,  outre 
les  trois  rayons  libres,  onze  rayons  qui,  vu  la  grande  quantite 
de  chromatophores  rassentbles  sur  l’organe,  nc  laissent  pas  dts- 
cerner  leur  composition.  Les  trois  rayons  inferieurs  libres,  les 
doigts,  comme  on  les  de'signe  aussi  souvcnt,  sont  cylindriques, 
diminuent  de  longueur  en  allant  du  superieur  a  l’inferieur;  ce 
dernier  n'atteint  que  les  deux  tiers  de  la  longueur  du  premier. 

La  nageoire  ventrale  s’insere  exactement  a  la  hauteur  de  la 
pectorale;  elle  est  constitute  par  un  piquant  et  cinq  rayons.  La 
base  du  piquant  se  rapproche  de  celle  du  doigt  inferieur  dont  il 
a  la  meme  longueur.  De  meme  que  pour  les  pectorales,  1’abon- 
dance  de  pigment  sur  la  ventrale  empeche  d’en  discernei  les 
details. 

Les  deux  nageoires  dorsales  sont  logees  dans  un  sillon  dont 
les  parois  sont  relevees  en  une  suite  d’e'pines.  On  en  compte  dix, 
accompagnant  de  chaque  cote  la  base  de  la  premiere  dorsale  et 
seize  qui  bordent  la  seconde  dorsale.  Les  premieres  sont  beau- 
coup  plus  irregulierement  ordonnees  que  les  suivantes;  les  unes 
sont  verticales,  les  autres  legerement  inclinees  en  arriere.  La 
demiere  se  trouve  en  regard  du  point  d’emergence  des  teguments 
de  1  antepenultieme  rayon  de  la  seconde  dorsale. 


—  5  — 


Le  pigment  du  corps,  comme  nous  l’avons  vu  plus  haut,  est, 
chez  l’individu  mort,  ramasse  principalement  sur  la  premiere 
nageoire  dorsale,  les  pectorales  et  les  ventiales.  La,  les  chioma 
tophores  sent  pour  la  plupart,  gros,  a  nombreuses  ramifications, 
serres  les  uns  contre  les  autres.  Le  reste  du  cotps  nest  pas 
partout  uniformement  colore.  Au  premier  coup  d  ceil,  il  parai t 
blanchatre,  Les  chromatophores  sont  en  general  perils,  arrondis, 
tres  separes  les  uns  des  autres,  notamment  sui  la  legion  cauda  e 
du  tronc.  Un  depot  plus  visible  se  remarque  sui  les  machoiies, 
l’iris  et  sur  l’espace  interorbitaire.  Quelques  petites  laches  se 
relevent  sur  le  dos,  entre  les  deux  dorsales,  au  niveau  du  milieu 
et  a  la  fin  de  la  seconde  dorsale  ainsi  qu  a  la  base  de  la  cauda  e. 
Sur  le  ventre,  on  rencontre,  dans  1  angle  foime  pai  les  eux 
membranes  branchiosteges,  quelques  gros  chromatophoies  etoi 
les.  Les  nageoires  impaires,  excepte  la  premieie  doisale,  sont 

completement  transparentes.  .  . 

La  ligne  laterale  est  visible  depuis  la  legion  occq itc 
jusqu’au  niveau  de  l’espace  qui  sdpare  les  deux  doi  sales, 
decrit  une  legere  courbure  a  convexite  torn  ne'e  veis  le  haut  et  ' 
presente  comme  une  suite  d’espaces  ovalaiies,  blanc 
eercles  de  brun.  Vu  de  profil,  chaque  espace  se  releve  en  une 

petite  epine  difficile  a  observer.  „  , 

Les  teguments  ne  paraissent  pas  possedei  d  ecai  es.  - 
cotes  de  la  tete,  des  relevements  et  des  aretes  laissent  ecvinei 
les  os  sous-orbitaires  et  l’appareil  operculaire.  , 

D’apres  ce  qui  precede,  le  petit  poisson  qui  ait  0  1 
ectte  note  parait  devoir  etre  un  jeune  exemplanc 

corax  Bonap. 


BULL.  DE  L  IN  riTUT  OCEANOGRAPH1QUE 


PL.  I 


*T1 

to 


LARVE  DE  TRIGLIDES 


_ 


AVIS 


Le  Bulletin  est  en  depot  chez  Friedlander,  it,  Carlstrasse. 

Berlin. 

Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  senarement  aux  prix 
suivants  et  franco  : 


88.  — 

89. - 

90.  — 

91-  — 

92.  — 

93.  — 

94.  — 

95.  — 

96.  — 
97-  - 

98.- 
99-  — 

100.  — 

101.  — 

102.  — 


Fr. 

Analyse  des  echantillons  d'eau  de  mer  recueillis  pendant  la 
Campagne  du  yacht  Princesse-Alice  en  1906,  (kun  espe- 
ranta  traduko),  par  G.-ll.  Allemandf.t  . . . .  ....  0  5o 

Notes  sur  les  gisements  de  Mollusques  comestibles  des  Cotes 
de  l’ ranee.  —  La  region  d’Auray  (Morbihan)  avec  1  carte, 
par.  L.  JousiN,  professeur  au  Museum  d'Histoire  naturelle 
de  Paris  et  a  l'lnstitut  Oceanograpbique .  2  5o 

Description  de  l’extrennte  posterieure  du  corps  anormale 
chez  deux  Motclla  fusca  Risso,  par  Ie  Dr  M.  .Iaquet, 
che  Toubl6)  r  M  ^usee  Ocnanographique  (avec  unc  plan- 

Analyse  de  quelques  echantillons  de  Pelagosite  recueillis 
dans  Ie  port  de  Monaco,  (kun  esperama  traduko),  par 
0>.-li.  Alleiiandet .  o  5o 

Conference  du  1"  decembre  igoG.  La  Presqu'ilc  dc  Qui- 
eeron  (avec  quatre  planches),  par  L.  Joubiil,  professeur 
au  Museum  d’Histoire  uaturelie  de  Paris  et  k  l'lnstitut 
uceanographique .  1  5o 

Quelques  impressions  dun  naturaliste  au  cours  d’une  cam- 
^a”nr,SCTent'D c'uc  be  A-  S.  le  Prince  de  Monaco  (iqo5), 
par  t.-L.  Bouvieb,  professeur  au  Museum  d'Histoire 
naturelle,  Me  mb  re  de  l'lnstitut .  1  5° 

Sur  1  existence  de  la  Myc  dans  la  Mediterranee,  par  Fred 

les,  preparateur  du  l.uboratoire  de  Roscoll .  0  5° 

Sur  la  huitteme  campagne  de  la  Princesse-Alice.  II,  par 
=>.  A.  5.  ie  Prince  Albert  I"  de  Monaco .  0  50 

.  lobata,  nouvelle  espece  d’Amphipode  des 
regions  arctiques,  par  Ed.  Chevreux . . .  1  » 

SUauvn|f,113^hi0dei?e.P,r®Uvement  de  1'eau  de  mer  destinee 
J  Richard  bactcnolo8lques,  par  MM.  P.  Pobtier  et  ^  ^ 

^nattw11r'a're  r,elatif  aux  especes  comestibles  de  Crustaces, 
par  m,  Li  on  tiers .  .  o  5o 

SU1  9l,eiques  Asteries  et  Ophiurcs  prove- 

uroflssenr  ??a%nes‘}e.la,  JJ'  "'cesse-Alice,  par  R.  Ko  hler, 
professeur  a  la  Faculte  des  Sciences  dc  Lyon .  1  00 

Dmfe«rPnr;aeS  -  Sa'illes  ,c6tidres’  P;lr  lc  D"  L.  Maii.lard, 

8  planches)  ®rc'^C  a  a  * aoulte  dc  Medecine  de  Paris  (avec  ^ 

Ahcel(co,rre?Lnta*reS  sur  *es  Calanoldds  de  la  Princesse- 

iw!  (coirefct10^  «  additions),  par  G.  O.  Saks .  0  5o 

Conservateiirrme  \lCUn-e  de  TriSlai  par  le  Dr  M.  Jaquet, 
i-onservateur  au  Musee  Oceanograpbique .  o  -5o 


Monaco.  —  impr.  de  .Monaco 


N°  103 


27  Juin  1907 


I  S 


Les  auteurs  sont  pries  de  se  conformer  aux  indications  suivantes  : 

i°  Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congres 
internationaux. 

2°  Supprimer  autant  que  possible  les  abreviations. 

3°  Donner  en  notes  au  bas  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

40  Ecrire  en  italiques  tout  nom  scientifique  latin. 

5°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  B.)  ou 
a  l’encre  de  Chine. 

6°  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papiers 
caiques  les  recouvrant. 

70  Faire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noir  sur 
papier  procede. 

8«  Remplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  e 
texte  en  donnant  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d'un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 


*  * 


Les  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  Ils  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nombre  quelconque  —  faire  la  demande  sur 
manuscrit  —  suivant  le  tarif  suivant  : 


Un  quart  de  feuille . 

Une  demi-feuille . 

Une  feuille  entiere . 


50  ex. 

100  ex. 

150  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

qf  » 

5f  20 

6f  80 

8f40 

10  40 

uj  to  ^ 
Cn  to 

*-*» 

CO  00  OO 

000 

4  70 

6  70 

8  80 

1 1  » 

1 3  40 

8  to 

9  80 

t3  80 

16  20 

19  4° 

II  faut  ajouter  a  ces  prix  celui  des  planches  quand  il  y  a  lieu. 


Adresser  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  a  I'adresse  suivant e  • 

Musee  oceanographique  (Bulletin),  Monaco. 


♦ 


Bulletin  de  l’Institut  Oceanographique 

(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 

N°  io3.  —  27  Juin  1907. 


Note  sur  les  Brae hiopodes  recueillis  au 
cours  des  dernieres  croisieres  du  Prince 
de  Monaco. 


par  L.  JOUBIN 

Professeur  au  MusOunr  d’Histoire  naturelle  de  Paris 
et  a  l’lnstitut  Oceanographique. 


Depuis  la  publication  des  Brachiopodes  recueillis  au  cours 
des  campagnes  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  par  MM.  D.-P. 
ffihlert  et  P.  Fischer,  en  1892,  un  grand  nombre  d  echan- 
tillons  ont  etd  trouves  dans  d’autres  localite's.  J  ai  fait  la  detei- 
mination  de  ces  Brachiopodes  et  il  me  parait  inteiessant  d  en 
publier  la  liste;  elle  apporte  quelques  documents  nouveaux  sui 
distribution  geographique  de  ces  animaux. 

Dans  un  memoire  plus  etendu  je  donnerai  la  repartition 
ge'ne'rale  dc  chacune  des  especes,  non  seulement  d  apres  les  do- 
euinents  recueillis  par  le  Prince  de  Monaco,  mais  d  apres  les 
listes  publiees  par  divers  auteurs  pour  d’autres  regions. 

oici  la  liste  des  especes  dont  il  est  question  dans  cette  note. 


I.  —  BRACHIOPODES  INARTICULES 

1  •  Crania  anomala  Muller. 

2'  Discinisca  atlantica  King. 

I®  NOV201907 


2 


II.  —  BRACHIOPODES  ARTICULES 

3.  Liothyrina  vitrea  Born. 

4.  Liothyrina  sphenoidea  Philippi. 

5.  Dyscolia  Wyvillei  Davidson. 

6.  Terebratulina  caput  serpentis  Linne. 

7.  Terebratulina  caput  serpentis,  var.  septentrionalis  Couthouy . 

8.  Magellania  ( Macandrevia )  cranium  Muller. 

9.  Magellania  septigera  Loven. 

10.  Muhlfeldtia  truncata,  var.  monstruosa  Linne. 

11.  Platidia  anomioides  Scacchi. 

12.  Cislella  cuneata  Risso. 

13.  Cislella  cistellula  S.  Wood. 

14.  Cislella  neapolilana  Scacchi. 

1 5.  Rhynchonella  psiltacea  Chemnitz. 

16.  Rhynchonella  cornea  P.  Fischer. 

Je  vais  prendre  successivement  chacune  de  ces  especes  et 
indiquer  les  localiteset  les  profondeurs  oil  ellesont  ete'iecueil 
lies  par  le  Prince  de  Monaco. 

I.  —  BRACHIOPODES  INARTICULES 
Crania,  Retzius 
1.  Crania  anomala ,  Muller 

Stn.  57.  —  5  aout  1886.  43°44’3o”  Lat.  N.,  8°32’3o”  Long.  ^  • 
Profondeur  240™.  Chalut.  Fond  de  sable  et  galets.  Cot 
d’Espagne.  3  echantillons. 

Stn.  5o3.  —  29  aout  1894.  470  10’  Lat.  N.,  8°  08’  Long.  W  •  P'° 
fondeur  1262  a  748™.  Chalut.  Sable  argileux  vaseux  non  l°in 
de  Brest.  Debris. 

Stn.  1 588.  —  16  decembre  igo3.  47°45’ o5”  Lat.  N.,  7°45’ Long- 
.  Profondeur  8201’1.  Sondeur  Leger.  Sable  fin.  Au  lar» 
de  Concarneau.  1  valve  dorsale. 


—  3  — 


Un  autre  fragment  drague  avec  des  coraux  au  large  de  Mo¬ 
naco,  sans  autre  indication. 

Cette  espece  s’e'tend  de  la  Norvege  aux  Canaries,  Mediter- 
rane'e. 


Discina,  Lamarck 

Sous-genre  Discinisca,  Dali. 

« 

2.  Discinisca  allantica ,  King 

Stn.  65o. —  22  juin  1896.  36° 34'  Lat.  N.,  23°o6’3o”  Long.  W. 
(Yoisinage  de  Gibraltar).  Profondeur  4400™.  Chalut.  Vase 
blanche  a  foraminiferes.  4  dchantillons. 

Stn.  749.  __  1 6- r 7  aout.  1896.  38°54’  Lat.  N.,  23°27’  Long.  W. 
Profondeur  5oo5m.  Acores  (Sao  Miguel).  Chalut.  Douze 
e'chantillons  sur  des  pierres  ou  detaches. 

Ces  petits  Brachiopodes  ont  environ  un  demi  centimetre  de 
diametre.  Ils  sont  tous  assez  mal  conserves. 

Cette  espece  a  ete  rencontre'e  sur  les  cotes  du  Maroc  (22oom) 
et  aux  Acores  (2995111)  par  le  Talisman.  Les  deux  profondeurs 
ci-dessus  (4400  et  5oo5)  etendent  beaucoup  l’aire  de  sa  dispersion 
bathynietrique.  Elle  a  ete  trouvee  dans  la  merde  Baffin,  Irlande, 
Cap-Vert,  Bresil,  Bermudes,  Japon,  Australie,  Celebes.  C  est 
done  une  espece  tres  cosmopolite. 


II.  —  BRACHIOPODES  ARTICULES 
Liothyrina,  CEhlert 
3.  Liothyrina  vitrea ,  Born. 

Stn.  233.  —  18  aout  1888.  38°33’2i”  Lat.  N.,  3o°28’54”  Long. 
W.  Profondeur  i3om.  Entre  Pico  et  Sao  Jorge.  Chalut. 
Vase  et  sable.  4  fragments. 

Stn.  272.  —  11  aout  1892.  54°  291  Lat.  N.,  o^S’  Long.  W*  Pro¬ 
fondeur  52m.  Chalut  de  peche  pres  du  Dogger-Bank.  Sable. 
Debris  de  12  valves,  1  coquille  entiere. 

lio3) 


—  4  — 

Stn.  5o3.  —  29  aout  1894.  470  10’  Lat.  N.,  8° 08’  Long.  W.  Pro- 
fondeur  1262'”.  Chalut.  Sable  argileux  et  vaseux.  Non  loin 
de  Brest.  Debris. 

Deuxieme  peche,  a  peu  pres  dans  la  meme  localite,  pai 
748m.  Debris. 

Stn.  684. —  16  juillet  i8p3.  38°  3 1  ’  Lat.  N.,  29°09’3o”  Long.  W. 
Profondeur  845ra.  Environs  d’Angra.  Barre  a  faubeits. 

2  jeunes  sur  debris  de  coraux. 

Stn.  866.  —  2  aout  1897.  38°52’5o”  Lat.  N.,  29°  4^  20”  Long. 
W.  Profondeur  5g9m.  Pres  de  Terceira.  Barre  a  faubeits. 
Quelques  debris  (aspect  subfossile,  (Ehlert). 

Stn.  1349.  —  J9  a°ut  1902.  38° 35’ 40”  Lat.  N.,  3o°26  Long.  V  • 
Prqfondeur  i25oin.  Entre  Pico  et  Sao  Jorge.  Chalut.  Vase 
sableuse  volcanique.  2  echantillons  vides  et  debris. 

Stn.  2210. —  ier  septembre  1900.  39°26’ Lat.  N.,  3i°23  3o  Long. 
W.  Profondeur  1229™.  Vase  a  globigerines,  sable  volcanique. 
Environs  de  Flores  (Acores).  4  exemplaires  jeunes  sui  p° 
lypiers,  2  exemplaires  d^tachds,  debris.  ^ 

Cette  espece  est  commune  dans  les  regions  moyennes 
l’Atlantique  Not'd.  Elle  a  etd  abondamment  draguee  pai  le  TJ 
vailleur  et  le  Talisman.  Elle  est  frequente  dans  les  fonds  de  5oo 
de  la  Mediterranee. 

4.  Liotkyrina  sphenoidea ,  Philippi 

Stn.  553.  — 3-4  juillet  i8g5.  37042’4o”  Lat.  N.,  27025’ 3o”  Long. 
W.  Profondeur  i385m.  Chalut.  Fond  de  sable  vaseux.  0 
sinage  des  lies  Formigas.  1  echantillon. 

Stn.  866.  —  2  aout  1897.  38°52,5o”  Lat.  N.,  29°43  20  L°n§ 
W.  Profondeur  599m.  Chalut.  Sable  a  gros  grains.  Pi  us 
Terceira  (Acores).  1  echantillon,  aspect  fossile. 

Stn.  1118.  —  12  juillet  1901.  29°o6’3o”  Lat.  N.,  i5°4:)  ^°nf 
W.  Profondeur  iog8m.  Chalut.  Vase  sableuse  piquete'e  ^ 
noir.  Cote  Est  de  Lanzarote  (Canaries),  a  3  milles  de  ten 
2  echantillons  adultes. 

Stn.  1 338.  —  14  aout  1902.  38°4i’3o”  Lat.  N.,  3i°o5’3o”  Long- 
W.  Profondeur  g5om.  Chalut.  Fond  de  sable  et  giaue 
volcanique.  Nord  de  Fayal  (Acores).  1  echantillon. 


—  5  — 


Stn.  1349.  —  !9  a°ut  1902.  38°35’3o”  Lat.  N.,  3o°28’3o”  Long. 
W.  Profondeur  i25om.  Chalut.  Fond  de  vase  sableuse  vol- 
canique.  Entre  Pico  et  Sao  Jorge  (Acores).  11  echantillons 
et  des  debris. 

Stn.  1402.  —  29  aout  1902.  37°58’  Lat.  N.,  28°  12’  Long.  W. 
Profondeur  992m.  Chalut.  Fond  de  sable.  Entre  Sao  Miguel 
et  Terceira  (Acores).  1  echantillon  brisd. 

Ce  Brachiopode  est  assez  frequent  dans  les  fonds  de  5oo  a 
1 2oom  de  l’Atlantique  moyen.  Assez  abondant  aux  Acores. 


Dyscoua,  P.  Fischer  et  D.  CEhlert 
5.  Dj'scolia  Wyvillei ,  Davidson 

Stn.  553.  — 3-4  juillet  1895.  37°42’4o”  Lat.  N.,  27025’3o”  Long. 
W.  Profondeur  i385m.  Chalut.  Pres  de  Las  Formigas 
(Acores).  Debris. 

Stn.  602.  —  24  juillet  1895.  38°38’3o”  Lat.  N.,  3o°33’2o”  Long. 
W.  Profondeur  i23om.  Voisinage  d’Horta  (Fayal,  Acores). 
Chalut.  Fond  de  roche.  1  valve. 

Stn.  702.  —  19-20  juillet  1896.  39°2i’2o”  Lat.  N.,  33®26’o8 
Long.  W.  Profondeur  i36om.  Non  loin  de  Flores  (Acores). 
Iramail.  Debris  de  cinq  echantillons. 

Stn.  719*  —  27  juillet  1896.  39°  1 1’  Lat.  N.,  32°44’3o”  Long.  W . 
Profondeur  i6oom.  Entre  Fayal  et  Flores  (Acores).  10  echan¬ 
tillons  dont  un  montre  un  etat  de  senescence  tres  remar- 
quable. 

Stn.  1 1 1 8.  —  12  juillet  1901.  2g°o6'  3o”  Lat.  N.,  i5°43  Long. 
W.  Profondeur  iog8m.  Vase  sableuse  piquetee  de  noir.  Cote 
Est  de  Lanzarote  (Canaries),  a  3  milles  de  tefre.  Jubeson- 
deur  Buchanan.  Debris. 

Stn.  1349. —  19  aout  1902.  38°35’3o”  Lat.  N.,  3o°26  Long.  W . 
Profondeur  i25om.  Vase  sableuse  volcanique.  Tramail. 
Entre  Pico  et  Sao  Jorge.  5  tres  beaux  echantillons  vivants, 

5  autres  secs  en  bon  etat,  plusieurs  debris. 

Stn.  1713.  —  ieraout  1904.  28°  04’  Lat.  N.,  i6°49  3o  Long.  W . 
Profondeur  i57im.  Chalut.  Pres  de  Tenerife.  t2  valves  et 
des  debris.  (I03) 


—  6  — 


Stn.  22io. —  ier  septembrc  1900.  39°23’  Lat.  N.,  3 1 0 22’ 3o 
Long.  W.  Profondeur  1229™.  Vase  sableuse  volcanique  et 
globigerines.  Chalut.  Entre  Flores  etCorvo  (Acores).  1  valve. 
Stn.  2214.  —  2  septembre  190D.  39026’io”  Lat.  N.,  3i°2i  3o 
Long.  W.  Profondeur  9i4-65om.  Chalut.  Voisinage  de 
Flores  (Acores).  Debris  de  5  valves. 

Ce  magnifique  Brachiopode,  le  plus  gros  de  nos  latitudes, 
parait  assez  abondant  autour  des  Acores  et  des  Canaries.  II  a  ete 
trouve  au  N.-O.  de  Saint-Thomas  (Antilles)  ( Challenge r),  g°lfe 
de  Gascogne  ( Travailleur J,  cote  occidentale  d’Afrique  (Talis¬ 
man).  Alcock  a  signale  dans  l’Oce'an  Indien  une  tres  belle  espece 
a  laquelle  il  a  donne  un  nom  nouveau  (Terebratella  Johannts- 
Dainsi  Alcock)  et  qui  n'est  certainement  que  celle-ci. 

Ce  fait  est  tres  interessant  pour  l’dtude  de  la  distribution 
geographique  de  cette  espece.  J’en  ai  donne  les  raisons  dans  une 
autre  publication  (Bulletin  du  Museum,  1907).  Comme  on  a  pu 
le  voir  par  les  localites  qui  precedent,  cette  espece  ne  se  trouve 
qu’a  partir  de  iooom  de-profondeur  et  meme  sensiblement  au- 
dessous. 


Terebratui.ina,  d’Orbigny 

6.  Terebratulina  capul  serpentis ,  Linne 

Stn.  5o3.  —  29  aout  1894.  470 10’  Lat.  N.,  8°o8’  Long.  W.  P10 
fondeur  1262  a  748™.  Au  large  de  Brest.  1  echantillon. 
Tout  l’Atlantique  Nord;  dans  les  re'gions  polaires  elle  se 
modifie  legerement  pour  former  la  variete  suivante  : 

7.  Terebratulina  caput  serpentis ,  Linne 
Variete  septentrionalis,  Couthouy 

Stn.  960.  —  29  juillet  1898.  rj2°3>’]'  Lat.  N.,  i7°4°'  L°n»-  ^ ’ 
Profondeur  3941’1.  Fond  de  vase  et  gravier.  Chalut.  Entr' 
la  Norvege  et  File  aux  Ours.  Environ  3o  echantillons  de 
diverses  tallies. 


Stn.  io52.  —  io  juillet  1899.  65°4i  ’  Lat.  N.,  7 0  10’  Long.  E.  Pro- 
fondeur  440™.  Fond  de  vase  gris-verdatre.  Chalut.  Cote 
de  Norvege.  2  individus  jeunes. 


Magellania,  Bayle 
Sous-genre  Macandrevia,  King 
8.  Magellania  (Macandrevia)  cranium ,  Muller 

Stn.  5o3.  —  29  aout  1894.  470  io’  Lat.  N.,  8°o8’  Long.  W.  Pro- 
fondeur  1262-748111.  Fond  de  sable  argileux  et  vaseux.  Cha¬ 
lut.  Environs  de  Brest.  1 1  echantillons  et  2  brise's. 

Stn.  1012.  —  18  aout  1898.  8o° o  1  ’  Lat.  N.,  8°3i’  Long.  E.  Pro- 
fondeur  43om.  1  dchantillon.  Au  Nord  du  Spitzberg,  pres  de 
la  banquise.  Chalut. 

Stn.  io52.  —  10  juillet  1899.  65°4i'  Lat.  N.,  7°io’  Long.  E. 
Profondeur  440'".  Fond  de  vase  gris-verdatre.  Chalut.  Cote 
de  Norvege.  1  echantillon  adulte  et  3  jeunes. 

Stn.  2214.  —  2  septembre  1905.  3g°26’ 10”  Lat.  N.,  3i°2i  3o 
Long.  W.  Profondeur  91 4-65om.  Chalut.  Au  large  de  Flores. 
1  coquille  brisee.  , 

Stn.  253q.  — 5  septembre  1906.  7 o°  Lat.  N.,  20°  Long.  E.  envi¬ 
ron.  Tramail.  Karlso  (Spitzberg).  1  individu  sur  une  petite 
pierre. 

Cette  espece  qui  est  surtout  caracteristique  des  rners  scan- 
dinaves,  devient  de  plus  en  plus  rare  a  mesure  que  1  on  descend 
'eisles  regions  plus  chaudes.  Elle  a  ete  trouvee  jusquau  Cap 
Boyador  par  le  Talisman  j  c’est  sa  limite  extreme  vers  le  Sud 
(25° 38’  de  Lat.  N.).  A  l’Ouest,  le  Prince  de  Monaco  l’a  draguee 
pres  de  Flores  et  au  Nord  du  Spitzberg  par  plus  de  8o°  de 
Lat.  N. 


9.  Magellania  septigera,  Loven 

Stn.  1349.  —  19  aout  1902.  38°35’3o”  Lat.  N.,  3o°26  Long.  • 
Profondeur  1 25om.  Fond  de  vase  sableuse  volcanique.  Chalut. 

(103) 


—  8  — 


Entre  Pico  et  Sao  Jorge  (Acores).  4  echantillons  adultes, 
Espece  deja  signalde  a.ux  Acores  par  1  'Hirondelle. 


Muhlfeldtia,  Bayle 

10.  Muhlfeldtia  truncata,  var.  monstruosa,  Linne 

Stn.  695.  —  17  juillet  1896.  38°23’  Lat.  N.,  32°34’  Long.  W. 
Profondeur  2540'”.  Fond  de  vase  blanche.  Chalut.  A  1  Ouest 
de  Fayal  (Acores).  Echantillons  brises. 


Platidia,  Costa 

1 1 .  Platidia  anomioides ,  Scacchi 

Stn.  234.  ipaout  1888.  Hirondelle.  39°oi’4o”  Lat.  N.,  3o°  i5  40 
Long.  W.  Profondeur  454'”.  Fond  de  gravier  ferrugineux. 
Chalut.  A  l’Est  de  Graciosa  (Acores).  1  dchantillon  adulte. 
Stn.  584.  —  16  juillet  i895.  38° 3 1  ’  Lat.  N.,  29°o9'3o”  Long.  VL 
Profondeur  845™.  Fond  de  roches.  Barre  a  faubeits.  Baie 
de  Capellas,  Sao  Miguel  (Acores).  1  echantillon  jeune  e 
2  millimetres. 


Cistella,  Gray 
12.  Cistella  cuneata,  Risso 

(3 

Cap-d’Ail,  (environs  de  Monaco).  —  20  juin  1903.  Drague,  de  1 
a  19™.  Deux  tres  jeunes  echantillons. 


i3.  Cistella  cislellula,  S.  Wood. 

Anse  de  Canton  (environs  de  Monaco).  —  26  mai  1906-  Dia§UL' 
de  19  a  8ra.  Un  exemplaire  brise  (determination  douteus 


—  9  — 


14.  Cistella  neapolitaua,  Scacchi 

Pointe  de  la  Vieille  (environs  de  Monaco).  —  Drague  de  52m. 
i  exemplaire  en  mauvais  etat. 

Rhynchonei.la,  Fischer  de  Waldheim 
1 5.  Rhynchonella  psittacea ,  Chemnitz 

Stn.  97o.  —  3 1  juillet  1898.  76°  3o’  Lat.  N.,  23°o7’  Long.  E.  Pro- 
fondeur  48'".  Fond  de  gravier  et  coquilles.  Chalut.  Pres  de 
l  ile  Hope.  6  echantillons  et  2  valves  separees. 

Stn.  1074. — - 18  aout  1899.  Baie  de  Treurenberg,  Spitzberg.  Pro¬ 
fondeur  22m.  Petite  drague.  6  echantillons  dont  1  senescent. 

t 6.  Rhynchonella  cornea ,  P.  Fischer 


Stn.  1 1 18.  —  12  juillet  1901 . 29° oh’  3o”  Lat.  N.,  1 5° 83  Long.  W  . 
Profondeur  1098111.  Fond  de  vase  sableuse  piquetee  denoii. 
Chalut.  Cote  Est  de  Lanza  rote  (Canaries),  a  3  milles  de  tei  1  e. 
2  echantillons  vivants  et  14  valves  separees. 

Stn.  2210.  —  i1-'1'  septembre  1905.  39°25’  Lat.  N.,  3i°22  jo 
Long.  W.  Profondeur  1229™.  Fond  de  vase  sableuse  a  glo- 
bigerines,  volcanique.  Chalut.  1  echantillon  mauvais  etat 
(determination  douteuse). 

Cette  espece  parait  jusqu’a  present  cantonnee  dans  la  te 
gion  comprise  entre  la  cote  du  Maroc,  les  Canaries,  les  Acoies, 
le  golfe  de  Gascogne.  Elle  parait  remplacer  la  R.  psittacea  qui 
est  plus  arctique  et  ne  descend  guere  au  sud  de  1  Angletei  le. 


(103) 


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AVIS 


Le  Bulletin  est  en  depot  chez  Friedliinder,  1 1 ,  Carlstrasse. 
Berlin. 


Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  separement  aux 
suivants  et  franco  : 

88.  —  Analyse  des  cchantillons  d'eau  de  mer  recueillis  pendant  la 

Campagne  du  yacht  Princesse-Alice  en  iyoC,  (kun  espe- 
ranta  traduko),  par  G.-H.  Allemandet . 

89.  —  Notes  sur  'esgisements  de  Mollusques  comestibles  des  Cotes 

dc  France.  —  La  region  d'Auray  (Morbihan)  avec  1  carte, 
par.  L.  Joubin,  professeur  au  Museum  d'Histoirc  naturelle 
de  Paris  et  a  1'Institut  Oceanographique . 

90.  —  Description  de  l’extremite  posterieure  du  corps  anormale 

chez  deux  AJotella  fusca  Risso,  par  lc  Dr  M.  Jaquet, 
Conservateur  au  Musee  Oceanographique  (avec  une  plan- 
che  double) . 

91.  —  Analyse  de  quelques  cchantillons  de  Pelagosite  recueillis 

dans  le  port  de  Monaco,  (kun  esperanta  traduko),  par 
G.-H.  Allemandet . 


prix 

Fr. 


o  5o 


2  5o 


1  » 


0  5o 


92.  —  Conference  du  1"  dccembre  1906.  La  Prcsqu’ile  de  Qui- 

beron  (avec  quatre  planches),  par  L.  Joubin,  professeur 
au  Museum  d’Histoire  naturelle  de  Paris  et  a  1'Institut 
Oceanographique . . . 

93.  —  Quelques  impressions  d 'tin  naturaliste  au  cours  d’une  cam- 

pagne  scientitique  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  (igo5), 
par  E.-L.  Bouvier,  professeur  au  Museum  d’Histoire 
naturelle,  Membre  de  1'Institut . 

94.  —  Sur  l'existencc  dc  la  Mye  dans  la  Mcditerranee,  par  Fred 

Vles,  preparateur  du  Laboratoire  de  Roscoft . 

g5.  —  Sur  la  huitiemc  campagne  de  la  Princesse-Alice  II,  par 
S.  A.  S.  le  Prince  Albert  1"  de  Monaco . 


1  5o 


1  5o 
0  5o 
0  5o 


96.  —  Orchomenella  lobata ,  nouvelle  espece  d’Amphipode  des 

regions  arctiques,  par  Ed.  Ciikvreux . 

97-  —  Sur  une  methode  de  prelevement  dc  l’eau  de  mer  destinee 
aux  etudes  bacteriologiques,  par  MM.  P.  Poktier  et 


J.  Richard . . .  1  ” 

98.  —  Questionnaire  relatif  aux  especes  comestibles  de  Crustaces, 

par  H.  .  0  5° 


99-  — ■  Note  preliminaire  sur  quelques  Asteries  et  Ophiures  prove- 
nant  des  campagnes  de  la  Princesse-Alice,  par  R.  Kcehler, 

professeur  a  laFaculte  des  Sciences  de  Lyon . 1  00 

100.  —  L’Industrie  des  Salines  cdtieres,  par  lc  D'  L.  Maillard, 
professeur  agrege  a  la  Faculte  de  Medecine  de  Paris  (avec 

8  planches) .  2  ’> 

■ot-  —  Notes  siipplemciitai res  sin  les  Calanoides  de  la  Princesse- 

Alice  (corrections  et  additions),  par  G.  O.  Sars .  0  50 

102.  —  Note  sur  une  forme  jeune  de  Trigla,  par  le  Dr  M.  Jaquet, 

Conservateur  au  Musee  Oceanographique .  0  -,0 

10.1.  —  Note  sur  les  Brachiopodes  recueillis  au  cours  des  dernieres 
croisieres  du  Prince  de  Monaco,  par  M.  L.  Joubin,  profes¬ 
seur  au  Museum  d’Histoire  naturelle  de  Paris  et  a  1’Ins- 
titut  Oceanographique .  0  5o 


MONACO.  —  IMPR.  de  MONACO. 


N°  104 


30  Septembre  1907 


BULLETIN 


1'IISTITIIT  0C£AN««R4PIiaDE 

(Fondation  ALBERT  pr,  Prince  de  Monaco) 


SUR  QUELQUES  FORMES  LARVAIRES  liNIGMATIQUES 
D ’EUCYPHOTES,  PROVENANT  DES  COLLECTIONS 
DE  S.  A.  S.  LE  PRINCE  DE  MONACO. 


Par  H.  Coutiere 


MONACO 


AV  I  S 


Les  auteurs  sont  pries  de  se  conformer  aux  indications  suivantes  : 

i°  Appliquer  les  regies  de  la  nomenclature  adoptees  par  les  Congres 
internationaux. 

2°  Supprimer  autant  que  possible  les  abreviations. 

3°  Donner  en  notes  au  bas  des  pages  ou  dans  un  index  les  indications 
bibliographiques. 

4°  Ecrire  en  italiques  tout  nom  scientifique  latin. 

5°  Dessiner  sur  papier  ou  bristol  bien  blanc  au  crayon  Wolf  (H.  B.)  ou 
a  l’encre  de  Chine. 

6°  Ne  pas  mettre  la  lettre  sur  les  dessins  originaux  mais  sur  les  papiers 
caiques  les  recouvrant. 

7°  Faire  les  ombres  au  trait  sur  papier  ordinaire  ou  au  crayon  noir  sur 
papier  procede. 

8°  Remplacer  autant  que  possible  les  planches  par  des  figures  dans  le 
texte  en  donnant  les  dessins  faits  d’un  tiers  ou  d'un  quart  plus  grands  que 
la  dimension  definitive  qu’on  desire. 


* 

*  * 

Les  auteurs  recoivent  5o  exemplaires  de  leur  memoire.  Ils  peuvent,  en 
outre,  en  faire  tirer  un  nombre  quelconque  —  faire  la  demande  sur  le 
manuscrit  —  suivant  le  tarif  suivant  : 


Un  quart  de  feuille  . 

50  ex. 

4-f  » 

Une  demi-feuille. . .  . 

Une  feuille  entiere.. 

4  7° 

8  io 

II  faut  ajouter  a  ces  prix  celui 


100  ex. 

ISO  ex. 

200  ex. 

250  ex. 

500  ex. 

5f  20 

6f  80 

8f40 

10  40 

1 7f  80 

6  70 

8  80 

1 1  » 

1 3  40 

22  80 

9  80 

i3  80 

16  20 

19  40 

35  80 

planches  quand  il  y  a  lieu. 


Adresset  tout  ce  qui  concerne  le  Bulletin  a  I’adresse  suivante  : 

Musde  ocdanographique  (Bulletin),  Monaco. 


I  -  .  ■  - .  -  - = 

Bulletin  de  l’Institut  Ocean ographique 

(Fondation  ALBERT  I",  Prince  de  Monaco) 

N°  104.  —  3o  Septembre  1907. 


Sur  quelques  formes  larvaires  enigmatiques 
ftEucyphotes,  provenant  des  collections 
de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco. 

Par  H.  COUTIERE 


La  vie  larvaire  des  Eucyphotes  a  seulement  ete  suivie,  ou 
reconstitute,  pour  un  petit  nombre  d’especes,  faciles  a  se  pro¬ 
curer  ou  importantes  au  point  de  vue  economique. 

Les  cas  ou  elle  est  le  plus  abregee  sont  ceux  ou  la  larve, 
naissant  d’un  ceuf  volumineux,  est  au  stade  mysis,  et  reprdsente 
une  vdritable  reduction  de  l’adulte.  Tous  ses  appendices  sont 
presents,  ses  mandibules  ont  un  palpe  si  celles  de  l’adulte  en 
possedent,  elle  devient  au  bout  de  tres  peu  de  mues  un  jeune 

reconnaissable. 

Dans  une  espece  de  Synalpheus ,  Brooks  et  Herrick  ont  vu 
cette  transformation  s’effectuer  en  24  heures. 

Ces  cas  se  rencontrent  de  facon  tres  irreguliere,  sans  que 
lon  puisse  dtcouvrir  une  relation  entre  ce  ddveloppement 
ubrege  et  quelque  particularity  biologique  des  especes  qui  le 
presentent  :  Hoplophorus  et  Systellaspis  chez  les  Hoplophoridac, 
fympasiphcea  chez  les  Pasipheeidre,  Bythocaris,  Hippolj-te  borea- 
hs  chez  les  Hippolytidae,  diverses  especes  d’Alphees  et  surtout 
des  Synalphtes  chez  les  Alpheidce,  les  Glyphocrangon  chez 
'es  Crangonidae,  beaucoup  d’especes  de  Caridines  chez  les 


1 


(«5  (VOV20190? 


Atyidae  (i),  Palemonetes  varians  macrogenitor,  et  quelques  es- 
pfeces  d’eau  douce  de  Pal^mons  chez  les  PalemonidcE.  C  est 
dire  que  la  presence  d’oeufs  rares  et  voluinineux  caracterise 
tantot  une  variete,  tantot  quelques  esp&ces  d’un  genre,  tantot 
quelques  genres  d’une  famille.  Elle  est  encore  moins  commune 
en  dehors  des  Eucyphotes  (Ecrevisse,  Homard,  quelques  Tha- 
lassinidte,  quelques  Crabes  d’eau  douce). 

Dans  la  grande  majorite  des  cas,  les  Eucyphotes  naissent  a 
l'dtat  de  larve  zoe,  pourvue  de  bourgeons  plus  ou  moins  nom- 
breux  et  apparents  des  pattes  thoraciques.  II  est  relativement 
facile  de  l’etudier  a  sa  naissance,  soit  encore  enfermee  dans  les 
enveloppes  de  l’oeuf,  soit  libdreeddja  et  prete  a  quitter  1  abdomen 
maternel.  Mais  la  suite  du  ddveloppement,  jusqu’au  moment  ou 
la  zod,  apres  avoir  traverse  un  stade  rnysis,  est  devenu  un  jeune, 
avec  ses  appendices  de  forme  definitive,  n’a  dt 6  observee  que  sui 
un  tres  petit  nombre  d’especes.  Celles  pour  lesquelles  sont 
donnees  des  dimensions  sont  les  suivantes  : 


A  tyephyra  Desmaresti . 

Palemonetes  vulgaris . 

Palemonetes  varians  (microgenitor) . . . . 

Palcemon  Fabricii . 

Alpheus  sp . 

A  Ipheus  heterochelis. . . . 

Crangon  vulgaris . 

—  Allmanni . 

Cheraphilus  echinulatus 

—  nanus . 

Pontophilus  spinosus  .  .  . 

—  norwegicus 

Sabinea  y-carinata . 

Pandalus  borealis . 


ZOE 

DERNIER  STADE 
LARVAIRE 

OBSERVATEURS 

2mm 

4mm  (?) 

Joly 

2.1/3 

8  (7=  stade) 

haxon 

4 

8  (Mysis) 

Boas 

3 

7  (5e  stade) 

Mortensen 
Brooks  et 

2.5 

5  (5e  stade) 

Herrick 

1.2  a  1.8 

4.75  (5«  stade) 

Ehrenbaum 

2.2 

4-7°  (  —  ) 

G.-O.  Sars 

— 

6 

* - 

2.5 

4.8 

— 

1.8 

3.3 

— 

5.5 

11. 5 

— 

9-10  (?) 

16 

— 

7-7 

11. 5 

— 

3 

1 3  (8e  stade) 

(r)  M.  Bouvier  (17,  p.  126)  a  remarque  que,  chez  les  Caridines,  ce  sont 
d  ordinaire  les  formes  les  plus  evohiees  de  chaque  groupe  d’especes  qui 
presentent  de  gros  oeufs.  La  meme  observation  pourrait  s’appUquer  a 
quelques  especes  de  Synalphees  du  groupe  Icevimanus,  mais  je  crois  difficile 
de  generaliser  cette  explication,  comme  d’ailleurs  celles  qui  ont  ete  propo- 
sees  deja.  J'ai  pense  de  mon  cot6  qu’il  s’agissait  peut-etre  de  la  reapparition 
lortuite  d  un  mode  de  developpement  normal  chez  certains  Schizopodes 
(Mysidae,  Lophogastridas). 


11 


— 


Ce  tableau  montre  d’abordqu’il  y  a  entre  les  zoe's  originclles 
des  differences  de  taille  considerables,  certaines  atteignant  a  la 
sortie  de  l’oeuf,  et  meme  depassant,  les  dimensions  des  larves 
mysis.  Le  fait  est  surtout  frappant  dans  la  famille  des  Cran- 
gonidae,  la  mieux  connue  grace  aux  remarquables  travaux 
de  G.  0.  Sars.  II  faut  aussi  retenir  que  dans  la  meme  espece  la 
zoe  peut  montrer  des  differences  de  taille,  puisque  Ehrenbaum 
a  note  les  longueurs  de  i  .2  jusqu’a  1 .8mm  pour  la  zoe  du  Crangon 
vulgaris ,  a  laquelle  G.  O.  Sars  donne  meme  2.2mm  (p.  1 36). 

Un  second  point  est  la  difference  dans  la  longueur  du  deve- 
loppement,  qui  comprend  de  5  a  8  stades  larvaires.  Encore 
dans  ce  dernier  cas,  celui  du  Pandalus  borealis ,  Sars  pense  qu  il 
y  a  un  autre  stade  au  moins  entre  le  huitieme  (i3mm)  et  le  plus 
petit  des  jeunes  observes  (i7mm). 

Enfin,  il  faut  retenir  que  la  larve  peut  atteindre  jusqu  a 
16  millimetres  chez  les  Eucyphotes  avant  que  le  jeune  recon- 
naissable  ne  se  dessine.  Cette  taille  excessive  de  la  larve  nest 
d’ailleurs  pas  lide  a  celle  de  l’adulte. 

Les  diverses  expeditions  ocdanographiques  ont  recueilli  un 
grand  nombre  de  formes  larvaires  d’Eucyphotes,  dont  quelques- 
unes  de  taille  vraiment  gdante,  qui  viennent  singulierement 
rompliquer  la  question  du  developpement  de  ces  Crustaces.  Le 
tableau  suivant  indique  les  formes  jusqu’a  present  decrites. 
L  sagit,  a  de  tres  rares  exceptions  pres,  de  formes  capturees 
par  le  filet  de  surface  ou  par  des  filets  verticaux,  et  qui  toutes 
Paraissent  etre  pelagiques.  Deux  faits  frappent  immediatement 
dans  ce  tableau  :  le  tres  petit  nombre  de  formes  connues,  et  la 
taille  excessive  de  certaines  d’entre  elles,  taille  qui  contraste 
avec  l’imperfection  des  appendices.  Toutes  ces  larves  sont  des 
mysis,  et,  quelle  que  soit  leur  taille,  ne  se  montrent  pas  plus 
avancdes  que  les  larves  au  stade  mysis  des  especes  dont  on 
a  pu  suivre  le  ddveloppement. 


—  4  — 


Expedition  du  «  Challenger  »,  genres  et  especes  de  Sp.  Bate 


Kyptocaris  stylofrontalis.. . 

1  specimen 

jmm 

Samboangan 

Diaphoropus  versipellis  .... 

1 

9 

Cap  Howe 

—  longidorsalis . 

1 

9 

Cap  Vert 

Anebocaris  quadroculus  .... 

1 

8 

Port  Jackson 

Rhomaleocaris  hamulus  .... 

1 

8 

Entre  Api  et  Cap  York 

Parathanas  decorticus . 

1 

6 

Samboangan 

Thalassocaris  Dana; . 

1 

9 

Fiji 

—  Stimpsoni. . . . 

3 

7  a  10 

Fiji,  Yokohama 

Procletes  biangulatus . 

1 

16 

Arrou  Island 

—  Ellioti . 

1 

(?) 

Coromandel 

Icotopus  arcurostris . 

2 

10 

Cap  Howe 

Hectarthropus  tenuis . 

1 

10 

Cap  Vert 

—  exilis . 

1 

9 

Philippines 

—  compressus . . 

1 

1 1 

Entre  Api  et  Cap  York 

—  expansus. . . . 

1 

7 

Philippines 

Caricy phus  cornutus . 

1 

6 

Samboangan 

—  serramcirginis.. 

1 

10 

Fiji 

—  gibberosus  . 

1 

i3,5 

Sandwich 

—  turgidus . 

1 

8 

Luzon,  Philippines 

—  angulatus . 

1 

17 

Marion  Island 

Bentheocaris  exuens . 

1 

l6 

Pacifique  sud  2 

—  stylirostratus . 

2  (0*?) 

38 

Atlantique  1 

Eretmocaris  remipes . 

1 

12 

Sud  du  Japon 

—  longicaulis . 

1 

6 

— 

—  stylorostratus . . 

1 

4 

Cap  Vert 

—  corniger . 

1 

7 

— 

surface 


80  brasses 
surface 


800  brasses 
(?) 

surface 


)oo  brasses 
surface 


(?) 


«  Plankton  Expedition  »,  genres  et  especes  d’Ortmann 


Falcicaris  tenuis . 

Anisocaris  drotnedarius  .  .  .  . 
Atlantocaris  gigas . 

—  brevirostris. .  . . 

Camptocaris  maxima . 

Coronocaris  gracilis . 

—  brevis . 

Mesocaris  recurva . 

Retrocaris  contraria . 

—  spinosa . 

Boreocaris  Mobiusi . 


3  specimens 
•  2 
3 


10  a  i5mm 
20  a  21 
53 


1 

2 

10 

5 

1 

3 

2 

1 


24 

3o  environ 
10  a  i5 
10 
10 
16 
5-12 


Atlantique  median 


Courant  equatorial  sud 
Courant  de  Guinee 
Sargasses,  courant  equat.  sud 
Atl.  median,  cotes  du  Bresil 
Atl.  sud,  cotes  du  Bresil 
Cotes  du  Bresil 


cotes  du  Bresil 
1,  Atlantique  sud 
m  (un  autre  decrit 
ns,  des  Hebrides) 


Oligocaris  bispinosa . 

I  specimen 

27mm 

Atl.  nord,  Irminger  Sea 

Caricyphus  gibberosus  Bate. 

(3 

(?) 

( 

Atl.  median 

Gourants  equatoriaux  S.  et  N 

—  edentulus  . 

3 

■4 

Mer  aes  Sargasses 

Mwiitii  itjlmitnlui  Bate . 

I 

4 

Cotes  du  Bresil 

-  corniger  Bate . 

I 

(?) 

Boavista 

-  dolichops . 

I 

9 

Campagnes  de  S.  A.  S.  i.e  Prince  de  Monaco 


Hoplocaricyphus  similis . | 

Acanthephyra  purpurea . \ 

au  stade  Hoplocaricyphus . ) 

Oligocaris  brevirostris . 

Anebocaris  A . 

B . 

-  c..:. . 

-  D . 

-  E . 

Hippocaricyphus  acutus . 

—  bigibbosus _ 

Pniacaricyphus  paudaliformis 

fyptocaris  oligodon . 

Icotopus  approxima . 

"  t implissimus . 

Coronoairis  humilis . 

Htttctrtkropus  nikiformis . 

Mtheocaris  stylorostratus  Bate 

Lymta  (?) . 

Per‘climenes  sp . 


1  sped. 

T 

12mm  g 

Acores 

Filet  a  Ode  Ouv. 

1 

I 

10.8 

— 

— 

I 

9 

— 

— 

3 

8.2 

Pres  Tenerife 

— 

1 

I  I  .2 

— 

— 

1 

i3 

Golfe  de  Gascogne 

— 

2 

7.8 

Acores 

— 

1 

!9 

— 

2 

32  et  40 

— 

1 

19.5 

— 

2 

20 

— 

1 

22 

— 

— 

3 

16  a  3o 

Canaries,  Baleares 

— 

1 

6 

Acores 

— 

3 

4.5  a  1 3 . 5 

— 

— 

2 

19  et  26 

Voisinage  de  Madere 

— 

1 

10 

lies  du  Cap  Vert 

Surface 

1 

26.5 

Acores 

Filet  a  Gdc  Ouv. 

Expedition  antarctique  suedoise 


Retrocaris  antarcticus . 
Anisocaris  puerilis . .  . 
Anebocaris  ancylifer. 


10  specimens 

5_  6mm 

1 

10 

1 

J7 

Georgie  du  Sud 


On  n’a  pu  que  donner  des  noms  nouveaux  de  gemes  et 
d  especes  a  ces  larves  enigmatiques,  ne  correspondant  jusqu  a 
Present  qu’a  un  bien  petit  nombre  de  genres  connus,  au  moins 
Wee  certitude.  Dans  l’etude  que  j’ai  faite  des  formes  provenant 

(104) 


-  6  — 

des  collections  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  j’ai  dii  employer 
aussi  quelques  noms  nouveaux,  surtout  pour  le  genre  Caricy- 
phus  Bate  qui  comprcnait  des  larves  trop  diverses,  mais  je  l’ai 
fait  le  moins  possible,  le  progres  de  nos  connaissances  sur  ce 
point  dtant  dvidemment  de  faire  disparaitre  ces  noms  gdne'riques, 
en  les  employant  a  designer  de  simples  stades  de  ddveloppe- 
ment,  comme  il  est  advenu  pour  les  genres  Zoe ,  Megalopa, 
Alima ,  etc.  J’ai  essaye'  de  meme  de  placer  ces  formes  larvaires 
dans  les  families  d’Eucyphotcs  auxquelles  elles  me  paraissent 
correspondre,  et  qui  sont  les  suivantes  : 

Hopeophoridas  :  genres  Hoplocaricy phus  H.  C.  (Caricyphus 
Bate,  partim),  Bentheocaris  Bate; 

Pasiph^iDjE  :  genres  Anisocaris  Ortmann,  Caricyphus  Bate, 
(partim) ; 

HippolytidjE  :  genres  Hippocaricyphus  H.  C.,  ( Caricyphus 
Bate,  partim); 

PandaudjE  et  Thalassocarid.e  :  genres  Pandacaricyphus  H.  C., 
Eretmocaris  Bate?,  Boreocaris,  Oligocaris  Ortmann,  Ke¬ 
pt  ocar  is  Bate,  Icotopus  Bate,  Thalassocaris  Stimpson, 
Atlantocaris  Ortmann,  Procleles  Bate; 

Alpheida:  :  genres  Diaphoropus ,  Anebocaris,  Parathanas  Bate; 

I  ’ai.emonida:  :  Retrocaris  Ortmann,  Coronocaris,  Mesocaris 
Ortmann  ?; 

Nikiiee  :  Hectarthropus  Bate. 

II  me  semble  impossible  d’assigner  actuellement  une  place 
aux  genres  Rliomaleocaris  Bate,  Falcicaris ,  Camptocaris  Ort¬ 
mann. 

On  peut  remarquer  que  les  Crangonidte  ne  figurent  pas  sur 
eette  liste,  bien  que  certaines  especes  possedent  des  larves  mysis 
atteignant  jusqu’a  1 6  millimetres. 


HOPLOPHORI1AE 

Les  foimes  larvaires  paraissant  appartenir  a  cette  famille  se 
t  istinguent  de  toutes  les  autres  par  deux  points  tres  importants  : 


— 


—  7  — 

elles  ont  des  exopodites  sur  toutes  les  pattes  thoraciques,  y 
compris  la  cinquieme  paire,  et  surtout  elles  ont  un  palpe  sui  la 
mandibule. 

Ce  palpe  doit  naitre  de  tres  bonne  heure,  car  on  le  trouve 
sur  des  larves  de  faible  taille,  et  peut-etre  en  trouverait-on  la 
trace  meme  sur  les  zods  avancdes,  si  celles-ci  etaient  connues 
dans  les  especes  qui  naissent  a  ce  stade  (d’apres  la  grosseut  des 
ceufs).  II  en  resulte  que  les  larves  sont  peu  differentes  des 
adultes,  et  que  leur  passage  a  l’dtat  de  jeunes  reconnaissables 
n  est  marque  par  aucun  changement  brusque  et  profond.  On  n  a 
done  aucun  moyen  d’estimer  la  durde  de  la  vie  larvaire  dans 
cette  famille,  et  de  savoir  si  les  Bentheocaris  Bate,  par  exemple, 
sont  des  etats  correspondant  aux  vraies  larves  de  taille  compa¬ 
rable  appartenant  a  d’autres  families  ( Hippocaricyplius ,  Atlan- 
tocaris,  Icotopus ,  etc.).  Persistance  des  exopodites  et  palpe  de  la 
mandibule  present  de  tres  bonne  heure  sont  d’ailleurs  des  carac- 
teres  de  Peneides  larvaires,  le  dernier  surtout  s’ajoutant  a  tous 
ceux  qui  unissent  deja  les  Eucyphotes  primitifs  aux  Peneides. 


Hoplocaricyphus  similis,  n.  sp. 

Cette  espece  est  extremement  voisine  du  Caricyphus  gib 
berosus  decrit  par  Bate,  je  Ten  separe  sur  quelques  faibles 
differences,  et  surtout  par  suite  de  la  difference  tres  grande  de 
provenance  des  deux  specimens. 

L’exemplaire  que  j’ai’  etudie  mesure  i2mm9.  Le  tostte  a 
4  dents  en  dessus.  11  y  a  deux  faibles  dents  sous-orbitaires  et 
one  dent  cardiaque.  Le  bord  inferieur  de  la  carapace  potte  4 
dents  posterieures  et  il  est  en  outre  marque  d  un  bouttelet  sail 
innt  sur  toute  sa  longueur,  comme  aussi  le  bord  posteiieui .  Les 
pleurons  du  premier  pleosomite  portent  une  dizaine  de  dents. 
Ces  details  paraissent  manquer  sur  1  espece  de  Sp.  Bate. 
(%■  i,  Br), 

Ilya  une  epineetroite  surle  bord  poste'rieur  des  pleosomites 
4  et  5,  lateralement.  Le  telson  porte  3  paires  d  epines  latch  ales. 
Son  bord  posterieur  montre  un  lobe  median,  avec  3  paiie. 
depines  dont  2  plus  grandes.  (Fig.  1,  t).  (104) 


—  8  — 


Les  ophtalmopodes  sont  tronconiques,  terminus  par  des 
corndes  dont  les  facettes  sont  rares  et  grandes,  rappelant  celles 
des  Anebocaris.  Ilya  une  papille  oculaire,  large  et  faiblement 
convexe.  (Fig.  i,  B).  Les  yeux  sont  plus  allongds  que  dans  une 
autre  larve  de  la  meme  famille,  que  j’ai  rapporte'e  a  YAcanthe- 
phj-ra purpurea  et  qui  est  sensiblement  de  meme  taille. 

Sur  le  plan  infdrieur  des  antennes  et  antennules,  complete 
par  les  longues  soies  plumeuses  croisdes  de  ces  appendices,  on 


"V-  ~  Hoplocaricyphus  similis,  n.  sp.  —  A,  type  vu  lateralement;  B,  vu  en  dessus. 
r’  arthr°branchies  et  epipodites  rudimentaires.  Les  lettres  d.  g.  t.  representent  res- 
|  ectivement  la  mandibule,  le  maxillipede  de  la  premiere  paire  et  le  telson. 

iemarque  trois  epines  greles  situees  sur  l’article  basal  de  1’an- 
tennule,  de  l’antenne  et  du  fouet  antennaire.  Les  fouets  anten- 
nulaires  sont  simples. 

La  mandibule  porte,  comme  je  l’ai  dit  plus  haut,  un  palpe  a 
'  artlcles  deja  distincts.  (Fig.  i,  d).  Le  corps  de  l’appendice  se 
lmine  Pai  un  bond  simple,  un  peu  concave,  et  son  armature 
epines  est  celle  qu’on  retrouvera  chez  toutes  les  autres  larves, 


—  9  — 

sans  exception  :  du  cote*  interne  une  serie  de  cretes  parallels 
armees  de  courtes  saillies  tranchantes,  du  cote  externe  quel- 
ques  grosses  dents,  et  dans  la  partie  mddiane  une  1  angee 
d’epines,  les  unes  fixes,  quelques-unes  mobiles  (lacinia  mobilis 
et  groupees. 

Le  « palpe  »  de  la  maxillule,  autrement  dit  l’extrdmite  de 
l’endopodite,  est  a  2  articles,  ddtail  qui  se  retrouvc  dans 
presque  toutes  les  larves  dont  il  sera  question  par  la  suite,  et 
dont  j’ai  montrd  l’importance  en  ce  qu’il  rappelle  la  maxillule 

desPene'ides  et  des  Euphausidte. 

La  maxille  a  son  exopodite  fonctionnel,  plus  long  que  1  en 

dopodite,  qui  est  grele. 

Le  premier  maxillipede  a  son  endopodite  a  4  articles,  son 
exopodite  depourvu  de  partie  dlargie  a  la  base  ( lobe  a  de  Boas  . 

(Fig-U#J-  .  . 

Le  deuxieme  maxillipede  est  coude,  mais  ses  deimeis  aiti 
cles  sont  encore  en  ligne  droite,  le  dernier  se  terminant  pai 
une  forte  soie. 

Tous  les  autres  appendices  manquent,  sauf  deux,  appaite 
nant  a  la  deuxieme  et  a  la  cinquieme  paire.  Ils  diffeient  suitout 
par  le  dactyle  et  le  carpe,  un  peu  plus  longs  sui  la  deuxieme 
paire.  Un  long  stylopodite  termine  le  membre,  qui  ne  poite  pas 
trace  de  pince,  mais  seulement  un  faible  elargissement  du  pio 
podite,  present  d’ailleurs  sur  les  deux  membres.  La  cinquieme 
paire  porte  comme  les  autres  un  exopodite,  dont  il  est  facile  de 
constater  le  point  d’insertion  sur  le  membre. 

La  formule  branchiale  comprend  5  pleurobranchies,  2  bout 
geons  d’arthrobranchies  sur  le  troisieme  maxillipede,  un  seul 
sur  chacun  des  membres  suivants,  sauf  la  cinquieme  paiie,  et 
des  epipodites  de  forme  tres  remarquable,  en  ce  qu  ils  lepetent 
exactement  la  forme  decelui  situe  sur  le  deuxieme  maxillipede. 
Celui  qui  s’en  ecarte  le  plus,  sur  le  quatrieme  pdrciopode,  est 
uettement  bifurque.  (Fig.  1,  Br). 

L'epipodite  du  deuxieme  maxillipede  donne,  chez  1  adu  te, 
uue  lame  indivise  et  une  branchie,  ayant  meme  valeui  et  icq  ie 
sentant  l’une  et  l’autre  une  moitie  de  bourgeon  branchial  du 
coxopodite.  De  meme  sur  les  membres  suivants  ce  bouigcoi 

U04) 


10 


dcdoubld  donne  d’une  part  l’dpipodite  en  forme  de  crochet 
recurrent,  d'autre  part  le  tubercule  sdtifere  dont  j’ai  soutenu 
depuis  longtemps  la  signification  branchiale. 

Ce  tubercule  manque  sur  le  troisieme  maxillipede,  et  j’ai 
pensd  qu’il  pouvait  etre  reprdsentd,  sur  ce  membre,  par  la  plus 
inferieure  des  deux  arthrobranchies  ayant  ainsi  conserve  sa 
valeur  fonctionelle.  Mais  cette  arthrobranchie  peut  aussi  bien 
etre  la  dernidre  de  sa  sdrie,  de  meme  que  celle  placde  au-dessus 
peut  tres  bien  etre  une  pleurobranchie  un  peu  deplacde  comme 
point  d’insertion.  La  forme  des  epipodites  de  la  larve  ci-dessus 
montre  que  probablement  cette  derniere  interpretation  est 
exacte,  qu’il  n’y  a  point  de  tubercule  se'tifere  sur  le  troisieme 
maxillipede  des  adultes,  ou  plutot  qu’il  y  est  represente'  par 
le  fort  talon  anterieur  de  l’epipodite,  talon  tourne  vers  le  haut, 
termine'  en  pointe,  et  ne  portant  pas  de  soies  ordonne'es. 

Si  1  on  en  juge  par  la  forme  du  troisidme  pldosomite,  les 
especes  C aricyphus  gibberosus,  C.  serramarginis,  turgidus  Bate 
scraient  aussi  des  larves  d’Hoplopboridre,  de  meme  que  le 
C.  edentulus  Ortmann.  Le  C.  cornutus,  dont  les  exopodites 
foliaces  et  les  pleurons  epineux  ne  sont  pas  sans  rappeler  les 
/ Inplophorus  est  peut-etre  dans  le  meme  cas,  et  doit  alors  pos- 
sedet  des  exopoodites  jusque  sur  la  cinquieme  paire. 

Le  specimen  d  Hoplocaricj'plius  similis  est  de  la  Stn.  1715 
legion  des  Acores,  filet  a  grande  ouverture,  o-iooom). 


Bentheocaris  stylirostratus,  Bate 


•le  lapporte  a  cette  espece  deux  specimens  mesurant  respec- 
tiN  ement  19  et  e5  millimetres,  legerement  diffe'rents  au  point  de 
'  Ue  de  Ia  forme  des  epines  rostrales.  Celles-ci  ne  sont  pas  non 
plus  i  igoureusement  identiques  au  dessin  de  Bate,  mais  ces 
<-  lfieiences  diverses  sont  si  faibles  qu’il  s’agit  certainement  de  la 

l,nC','C  cspece.  La  re'gion  ou  les  specimens  ont  ete  capture's  est 
o  ailleurs  la  meme. 


.  >  ^ate  attridue  au  plus  grand  de  ses  exemplaires  (38mm)  le 
,  a\ec  un  signe  d  interrogation,  et  sans  donner  d’ailleurs 


aucun  detail  ni  dans  le  texte  ni  par  une  figure,  sans  dire,  par 
exemple,  s’il  a  vu  un  retinacle  double  sur  les  pleopodes  de  la 
deuxieme  paire,  caractere  sexuel  ddcisif  pour  les  cf.  Les  speci¬ 
mens  que  j’ai  dtudids  ne  montrent  aucun  caractere  sexuel,  ils 
sont  si  semblables  aceux  du  Challenger  que  le  point  d  intcno- 
gation  pose  par  Bate  doit  probablement  etre  resolu  pai  la 
negative. 

Aucune  espece  connue  d '  Acanthephyra  ne  possede  une  crete 
rostrale  comparable,  mais  les  Hjnnenodora  glauca  et  mollicutis 
Bate  se  rapprochent  doublcment  des  Bentheoca ?  is  .  pai  leui 
crete  rostrale  tres  faible,  inclinde  en  avant,  presque  inetme,  pai 
leurs  ophtalmopodes  pourvus  d’une  papille  oculaite  tics  sail 
lante.  II  sulTirait  de  supposer  la  chute  ou  la  reduction,  au  corns 
d’une  prochaine  mue,  des  longues  epines  rostrales  des  Binlhio 
can's  pour  que  la  ressemblance  fut  complete. 


Fig.  2.  —  Bentheocaris  stylirostratus,  Bate.  A,  B,  dents  rostrales 
deux  specimens;  t,  epines  du  telson. 

Parmi  les  specimens  d' Hjnnenodora  sp.  que  j  ai  pu  examine!  , 
la  seule  9  dont  l’ovaire  soit  mur  mesure  36  millimetres,  mais 
les  plus  jeunes,  bien  qu’encore  loin  de  leur  matuiite  sexuel  e, 
sont  parfaitement  reconnaissables.  Si  done  les  Bentheocai  is  sont 
destines  a  devenir  des  Hjnnenodora ,  ils  epiouveiont,  ties  pi  . 
de  leur  maturite  sexuelle,  un  changement  qui,  bien  que  fai 
sera  exceptionnel  dans  le  genre  et  n’est  pas  sans  rappelei, 
attenue,  le  cas  des  autres  larves  geantes  d  Eucyphotes. 

Les  Bentheocaris  pourraient  aussi  gardet  jusqu  au 

(i°4) 


12 


forme  de  leur  rostre  et  constituer  des  especes  dont  les  adultes 
sexues  sont  encore  inconnus. 

II  n’est  gubre  possible  d’envisager  un  troisieme  cas,  celui  oil 
ces  larves  ne  deviendraient  jamais  sexudes,  dtant  donne  l’etat 
de  perfection  de  leurs  appendices,  lesquels  ne  different  en  rien 
dc  ceux  des  specimens  adultes  d ' Acantheph/ra  ou  d 'Hyme- 
nodora. 

Stn.  2022  (o~4ooom)  entre  Gibraltar  et  Madere. 

Stn.  1718  (o-5ooom)  entre  les  Canaries  et  les  Acores. 

Les  specimens  de  Bate  ont  etd  recueillis  par  1900  brasses. 


pasiph^id^: 

Anisocaris  puerilis,  H.  C. 


.1  ai  donne  ailleurs  (25)  les  caracteres  de  cette  forme  larvaire, 
provenant  de  I’expe'dition  antarctique  sue'doise.  Les  Pasiphteidas 
sont,  avec  la  famille  precddente,  les  seuls  Eucpphotes  conser- 
\ant  toute  leur  vie  des  exopodites  sur  toutes  les  pattes  thora- 
ciques,  a  1  exception  des  Atyidae  du  genre  Xiphocaris ,  qui  sont 
d  eau  douce  et  qu’on  peut  vraisemblablement  laiser  de  cote 
>-lans  le  cas  dont  il  s’agit.  Mais  les  Pasiphaeidae  ont  les  dernieres 
paii  es  de  pere'iopodes  tres  reduites,  les  pinces  des  deux  premie- 
,LS  Pai|es  semblables,  a  carpe  court.  Les  larves  Anisocaris  pre'- 
sentent  piecisement  ces  caracteres,  sans  compter  la  reduction 
°  l  '1  ^ormuL  branchiale,  la  forme  de  la  maxille  et  du  premier 
maxillipede  qui  rappellent  ceux  des  Pasiphteidte,  elles  peuvent 
avec  beaucoup  de  probability  etre  rapportees  a  cette  famille. 

autie  patt,  les  pinces  que  possede  V Anisocaris  drome- 
lanits  Oi  tmann  sont  de  forme  si  spe'ciale  que  cet  auteur  rap- 
porte  espece  a  quelque  Alphaeidd,  ce  a  quoi  s’oppose  le  carpe 
metre  ^  av^eux*®me  Pa're-  A.  dromedarius  mesure  20-21  milli- 
aucun  ?  ’S  ^  Cn  1^su^te  finalement  quelque  Pasiphaeide,  dont 
est  «  dromedarius  »,  le  troisieme  pleosomite  changera 


—  i3  — 


completement  de  forme,  et  il  n’est  pas  plus  etonnant  de  conce- 
voir  les  pinces  definitives  de  la  premifere  pince  se  sculptant, 
pour  ainsi  dire,  avec  reduction  de  taille,  aux  depens  de  celles 
de  la  larve. 

L 'A.  puerilis  (Fig.  3)  ne  mesure  que  i5  millimetres  et  ses 
pereiopodes  sont  beaucoup  moins  avances  qus  ceux  de  l’espece 
d’Ortmann,  les  pinces  n’dtant  pas  encore  apparues. 

Le  Caricyphus  angulatus  Bate,  par  la  forme  de  son  troi- 
sieme  pleosomite,  me  parait  etre  une  larve  comparable. 


^IG-  3.  —  Anisocaris  puerilis ,  n.  sp.  —  Les  chiffres  i  a  5  correspondent 
respectivement  au  type  vu  lateralement,  a  la  maxille,  au  premier  maxil- 
lipede  et  aux  pereiopodes. 

Les  larves  des  deux  families  precedentes,  si  elles  se  ressem- 
blent  par  les  exopodites  presents  sur  la  cinquieme  paire  et  par 
dautres  details,  tel  que  l’aspect  denticule  des  pleurons  abdo- 
nfinaux,  peuvent  etre  facilement  distinguees  par  la  mandibule, 
ddpourvue  de  palpe  chez  les  Anisocaris ,  et  qui  conservera  ce 
®eme  caractere  chez  toutes  les  formes  larvaires  suivantes,  ou 
s°n  aspect  est  d’ailleurs  tres  uniforme. 


fi04) 


HIPPOLYTIILE 


Hippocaricyphus  acutus,  H.  C. 


J’ai  fait  connaitre  ailleurs  les  details  concernant  cette  espece, 
qui  m ’a  servi,  en  meme  temps  que  la  suivante,  a  montrerl’in- 
tdret  considerable  que  presentent  ces  larves  e'nigmatiques  d’Eu- 
cyphotes.  Je  rappelle  que  la  premiere  paire  est  identique  a  celle 
dcs  Hoplophoridce,  que  la  deuxieme  paire  a  le  carpe  tres  long 
ct  destine  sans  doute  a  se  segmenter;  que  la  cinquieme  paire 
se  tcrmine  par  une  pince  presque  aussi  parfaite  que  celle  de  la 
deuxieme  paire. 

Jc  dois  toutefois  revenir  sur  la  structure  de  la  maxille,  dont 
I  aspect  est  si  particulier.  La  lacinie  distale  est  divisee  dans 
toute  sa  hauteur  par  un  sillon  tres  net,  de  sorte  que  j’avais  ete 
conduit  a  adopter,  dans  l’attribution  de  ces  lacinies,  un  ordre 
dillerent  de  celui  qui  est  classique.  Comme  le  sympodite  de  la 
maxille  possede  trois  articles  et  non  pas  deux,  ainsi  que  l’a 
montre  H.  J.  Hansen,  j’attribuais  a  l’article  basal  la  lacinie 


proximale,  tres  inegalement  divisde  en  deux  lobes,  et  a  chacun 
dcs  ai  tides  suivants,  chacune  des  2  lacinies  simples  si  nettement 
i ndiquees  chez  les  Caricyphus.  Cette  interpretation  se  trouvait 
expliquer  simplement  la  structure  de  la  maxille  chez  les 
I  eneides  et  les  Lophogastridm,  comme  le  montrent  les  figures 
que  j  en  ai  donne,  et  rendait  la  maxille  plus  comparable  a  la 
maxi  1 1 u le,  dont  1  article  basal,  ainsi  que  l’a  montre  Hansen, 
possede  la  lacinie  proximale  indivise  du  membre. 

Mais  Hansen  croit  que,  sur  la  maxille,  l’article  proximal 
poi  te  pas  de  lacinie.  Malgre  l’aspect  si  schematique  du  mem- 
ie  chez  les  Caricyphus ,  et  la  generalisation  si  se'duisante  qu’on 
‘.  peut  faiie,  je  suis  aujourd’hui  porte  a  reconnaitre  que  l’opi- 
nion  de  Hansen  est  la  vraie,  comme  s’appliquant  de  facon 
.-.eneiale  a  la  conception  de  la  maxille  chez  les  divers  Crustaces. 
(Fl§-  4 

o  •  1  ^ 

on  admettait,  comme  je  l’ai  fait,  que  l’article  proximal 


—  i  5  — 


porte  une  lacinie,  la  maxille  des  Ddcapodes  deviendiait  diffici- 
lement  comparable  a  celle  des  Euphausid;e,les  lacinies  des 
Lophogastridae  ne  seraient  pas  exactement  superposables  a  celles 
des  Decapodes.  11  est  certain,  d’autre  part,  qu’en  dehors  des 
Hippocaricj'phus  on  ne  trouve  chez  les  Decapodes  aucun  autie 
exemple  de  lacinie  distale  divisde  en  deux  completement,  cette 
division  faisant  ddfaut  meme  chez  VIcotopus  amplissimus.  Ce 
dernier  argument  est  de  faible  valeur,  mais  les  deux  premieis 
sont  de  plus  grand  poids.  Us  m’ont  determine:  a  suivie  la  nota 
tion  classique  dans  mon  travail  sur  les  Schizopodes  de  la  mission 
Charcot,  apropos  de  V Antarctomysis  maxima  H.  J.  Hansen. 

La  formule  branchiate  comprend,  outre  les  5  pleurobranchies, 

2 arthrobranchies  a  l’dtat  de  bourgeons  sur  le  tioisieme  maxilli 
pede,  une  autre,  moins  apparente  sur  la  premiere  paii  e,  2  boui 
geons  epipodiaux  sur  le  troisieme  maxillipede  et  la  premieie 
paire.  Rien  ne  perniet  de  dire  si  ces  bourgeons  sont  destines  a 
s’accroitre  par  la  suite,  ou  au  contraire  a  dispaiaitie. 

Le  type  mesure  19  millimetres.  Stn.  i83q  (re'gion  des  Acoies. 
filet  a  grande  ouverture,  0-1000  metres). 

Hippocaricyphus  bigibbosus,  H.  C. 

Depuis  la  description  du  premier  specimen,  long  de  02  milli 
metres,  j’ai  pu  en  examiner  un  autre  atteignant  40  millimetres, 
si  semblable  qu’il  appartient  certainement  a  la  meme  espece. 
La  seule  difference  porte  sur  le  rostre,  inerme  au  bold  infei ieui 
dans  le  plus  petit  specimen,  et  qui  porte  maintenant  5  dents. 

(Fig-  4). 

II  n’y  a  pas  de  progres  sensibles  dans  la  foime  des  appen 
dices  thoraciques,  ni  dans  le  developpement  des  bianchies,  qui 
comprennent  5  pleurobranchies,  2  arthrobranchies  sui  le  tioi 
sieme  maxillipede,  et  trois  epipodites  diriges  vers  le  bas. 

Cette  enorme  larve,  l’une  des  plus  grandes  connues  chez  les 
Eucyphotes,  offre  les  plus  singulieres  ressemblances  avec  les 
Hippolytidds  du  genre  Chorismus  Bate.  Une  espece  de  ce  genre, 
peu  diffdrente  du  Cli.  tuberculatus  Bate,  montre  prdcisement 

(104) 


la  forme  «  bi-gibbosus  »  des  pleosomites,  le  rostre  -4-  dents  est 

tres  peu  different,  la  formule  branchiale  identique.  Or,  parmi 
les  nombreux  exemplaires  de  cette  espece,  il  se  trouve  des 
jeunes  ne  mesurant  guere  plus  de  20  millimetres,  et  qui  ne 
prdsentent  avec  les  adultes  aucune  difference,  sauf  celles  existant 
dans  toutes  les  especes  entre  les  specimens  de  petite  et  de  grande 
taille. 

L’analogie  est  si  grande  entre  ces  Chorismus  et  V  Hippocari- 
cj'phus  bigibbosus  que  dans  aucun  autre  cas  le  probleme  ne  se 


pose  de  facon  plus  aigue  de  savoir  si  cette  larve  ge'ante  est  un 
stade  normal  du  ddveloppement  de  quelque  espece  voisine,  ou 
une  forme  anormale,  devoyde,  et  incapable  d’atteindre  1’etat 
adulte. 

Stn.  1 85 1  (o-3ooom)  specimen  de  32  millimetres. 

Stn.  2187  (o-25oom)  specimen  de  40  millimetres. 


—  17  — 


Lysmata  sp? 

Ce  specimen  est  encore  une  larve  par  la  forme  de  ses  man- 
dibules,  qu’il  est  inutile  de  decrire  tant  elles  se  rapprochent  de 
cellesdes  especes  prdcddentes,  et  de  celles  qui  suivront. 

Mais  elle  prdsente  d’autre  part  des  caracteres  d’adulte  tres 
marques,  de  sorte  qu’elle  est  tres  proche  de  sa  forme  definitive, 
et  qu’elle  l’eut  sans  doute  acquise  au  bout  de  quelques  mues. 

Le  specimen  mesure  a  peine  io  millimetres.  Le  rostre  est 
beaucoup  plus  court  que  les  ophtalmopodes,  inerme  en  dessous, 
arrne  de  5  dents  en  dessus,  la  plus  proximale  correspondant  a 
la  dent  gastrique  fre'quente  chez  les  formes  larvaires  etudiees 
ici.  II  n’y  a  pas  d’epines  sus-orbitaires,  ni  d’epine  cardiaque. 
L’ abdomen  est  rdgulierement  courbe;  le  sixieme  pleosomite  est 
plus  court  que  le  telson.  (Fig.  5,  A,  A’). 

Le  telson  a  trois  paires  d’epines  au  bord  posterieur,  les  deux 
plus  internes  tres  longues  et  egales,  les  externes  courtes.  II  est 
Lange  de  longues  soies  sur  ses  bords  lateraux.  (Fig.  5,  t). 

Les  ophtalmopodes  sont  grands,  mais  depourvus  de  papille 
oculaire  et  a  corndules  tres  petites,  rappelant  par  suite  les 
adultes.  Le  fouet  externe  de  l’antennule  porte  des  soies  senso- 
rielles  sur  sa  moitid  proximale,  obscurement  divisee  en  articles 
et  brusquement  distincte  de  la  partie  distale  plus  etroite. 
(%•  5,  b). 

La  maxillule  a  son  «palpe»  a  un  seul  article,  le  maxille  a 
sa  forme  definitive,  son  exopodite  est  court  et  large,  son  endo- 
P°dite  indivis. 

Le  deuxieme  maxillipede  possede  absolument  sa  forme 
adulte,  avec  son  dernier  article  beaucoup  plus  large  que  long, 
bordant  l’avant  dernier  article  plutot  qu’il  neje  continue.  II  en 
est  de  meme  des  maxillipedes  de  la  troisieme  paire,  dont  1  cn- 
dopodite  n’a  plus  que  trois  articles.  (Fig.  5,  h). 

Les  pattes  de  la  premiere  paire,  symetriques,  se  terminent 
Par  une  pince  un  peu  plus  longue  que  le  carpe.  Celles  de  la 
deuxieme  paire  ont  un  tres  long  carpe  portant  une  trace  de 

(i°4) 


—  i8  — 


multi-articulation  peu  distinctc,  rappelant  bien  celle  des  Lys- 
mata. 

Les  pattes  suivantes  ont  le  meropodite  muni  de  3  Opines  a 
leur  bord  inferieur,  le  dactyle  bifide  et  muni  en  outre  de 
3  dpines  au  bord  inferieur,  ces  membres  etant  tres  pres  de  leur 


bosseld,  une  courbure  tres  irreguliere,  ils  ne  portent  aucune 
soie  et  visiblement  ne  sont  pas  fonctionnels.  (Fig.  5,  k,  /,  wt,  ex). 

Les  pleopodes  ont  leur  forme  definitive. 

La  formule  branchiale  comprend  5  pleurobranchies;  je  n’ai 
pas  vu  de  bourgeon  arthro branchial  sur  le  troisieme  maxilli- 
pcde.  L  epipodite  du  deuxieme  maxillipede  est  indivis,  les 


—  19  — 

membres  suivants  en  possedent  jusque  sur  la  quatrieme  paire 
indusivement ;  celui  du  troisieme  maxillipede  (Fig.  5,  i)  est 
bifurque  en  2  branches  dgales,  moitids  du  bourgeon  branchial 
primitif,  et  qui  donneront  respectivement  l’epipodite  en  forme 
de  crochet,  et  le  talon  de  cet  dpipodite,  en  forme  de  branche 
montante,  correspondant  au  tubercule  setifere  des  epipodites 
suivants. 

Le  spdcimen  a  plusieurs  points  communs  avec  les  Lys- 
mata  dans  la  forme  gdndrale  du  corps,  du  rostre,  des  yeux,  des 
pattes  thoraciques,  du  telson.  Le  fouet  antennulaire  externe 
n  est  pas  bifurque,  mais  il  pourrait  se  faire  que  cette  bifucartion 
a  peine  indiqude,  se  continuat  par  la  suite  du  developpement. 
Corame  la  mandibule  des  Lysniata  est  depourvue  de  palpe,  les 
changements  a  survenir  dans  celle  du  spdcimen  seraient  tres 
faibles.  La  principale  difference  est  dans  la  formule  branchiale, 
°u  il  manque  les  deux  arthrobranchies  presentes  sur  le  troisieme 
maxillipede,  mais  il  est  possible  qu’elles  m’aient  echappd,  le 
specimen  etant  assez  mutile  dans  cette  region  precisement. 

Bien  que  le  spdcimen  soit  de  petite  taille,  et  ne  soit  plus 
tout  a  fait  larvaire,  il  represente  un  cas  de  developpement  plus 
prolonge  que  les  exemples  classiques,  et  rappelant  celui  du 
Pandalus  borealis. 

Stn.  1200  (ties  du  Cap-Vert,  surface). 

Il  me  semble  que  le  Bresilia  atlantica  Caiman,  du  sud-ouest 
tie  1  Irlande,  est  un  Hippolytide  comparable  aux  formes  larvaires 
enigmatiques  qui  prdcedent.  Le  spdcimen,  unique  jusqu  a 
present,  mesure  29  millimetres.  Il  presente  beaucoup  de  earac¬ 
hes  larvaires  :  faibles  denticulations  du  rostre,  pleurons  abdo- 
minaux  peu  developpes,  telson  a  12  paires  d'epines,  7  laterales 
et  5  terminales,  deuxiemes  maxillipedes  coudes,  mais  non 
dargis  distalement,  le  dernier  article  dans  le  prolongement  du 
precedent  et  muni  d  un  stylopodite,  enfin,  exopodites  encoie 
fringes  de  soies  sur  les  2  premiers  pereiopodes.  La  deuxieme 
paire  de  ceux-ci  porte  des  pinces  beaucoup  plus  faibles  que  celles 
de  la  premiere  et  le  carpe  tres  court,  indivis,  rappelle  celui  des 
Caridion. 

Apres  une  discussion  tres  serree  de  tous  ces  caracteies, 

(104) 


20  — 


Caiman  ne  peut  que  se  decider  a  creer  une  famille  speciale  pour 
ce  remarquable  Eucyphote,  provenant  de  ^bo  brasses  et  dont  les 
j'eux  ddpigmentds  sont  depourvus  de  corndules. 

Bien  des  details  analogues  —  forme  du  rostre,  des  yeux.  du 
deuxieme  maxillipede,  du  telson,  ne  pouvant  etre  rapportes  a 
un  adulte  connu  —  se  retrouvent  a  des  degrds  plus  ou  moitis 
marquds  chez  les  larves  dont  il  est  question  ici.  Elles  possedent 
de  plus  la  mandibule  uniformdment  simple  et  bipartite,  alois 
que  celle  du  Bresilia  atlantica  est  faiblement  dchancrde  et  poite 
un  palpe  a  2  articles.  On  peut  au  sujet  de  cette  derniere  espece 
se  poser  la  question  de  savoir  si  un  tel  spdcimen,  immatuie 
malgrd  sa  taille,  finira  par  devenir  l’adulte  d'une  grande  espece, 
ou  s’il  ne  represente  pas  au  contraire  l’ultime  developpement 
que  puisse  ateindre  une  forme  monstrueuse.  Et,  comme  il 
s’agit  d  une  espece  des  profondeurs,  on  peut  aussi  se  demandei 
si  les  larves  anormales  auxquelles  el le  se  laisse  comparer  n  ont 
pas,  elles  aussi,  a  la  suite  de  leur  longue  existence  pdlagique, 
une  phase  oil  elles  achevent,  sur  les  grands  fonds,  leui  vie 
inddfiniment  larvaire. 

PAN  DALI  D^E  et  THALASSOCARIDiE 

Je  reunis  ces  deux  families,  dillicilement  separables  d  ailleurs, 
et  qui  ne  le  sont  plus  au  point  de  vue  des  formes  larvaires  leui 
appurtenant.  Celles-ci  paraissent  etre  nombreuses,  et  paimi 
celles  qui  atteignent  la  plus  grande  taille. 

Les  Eretmocaris  Bate  sont  probablement  des  larves  de  cette 
famille.  Elles  n’ont  pas  d’exopodites  sur  la  cinquieme  paiie,  et 
le  propodite  tres  renfle  de  ce  membre  rappelle  de  facon  singu- 
liere  celui  des  larves  du  Pandalus  borealis ,  dont  les  trois  derniets 
propodites  sont  renfles.  Cette  forme  du  membre  est  arapprochei 
aussi  de  la  cinquieme  paire  exagerement  longue  des  larves  d  Al- 
pheidae  :  Diaphoropus ,  Anebocaris ,  Parathanas ,  et  des  Retro- 
caris ,  larves  de  Palemonidce. 

Les  Procletes  Bate,  et  les  Atlanlocaris  Ortmann  rappellent 


desi  pres  les  Thalassocaris  Stimpson  qu'il  est  difficile  de  ne  pas 
les  considerer  comme  des  formes  larvaires  appartenant  a  ce 
genre,  Mais  il  se  pose  alors  unc  question  non  rdsolue  :  les  plus 
grands  specimens  de  V  Atlantocaris  gigas  (53mm,  dont  32.2  sans 
lerostre)  n’ont  encore  qu’une  paire  de  pinces,  la  deuxieme,  les 
specimens  plus  petits  n’en  possedant  pas  encore,  comme  les 
Procletes.  Ilya  deux  paires  de  pinces  chez  YAtl.  longirostris , 
de  sorte  que  les  Thalassocaris  adultes,  qui  en  sont  si  voisins, 
possedent  peut-etre  aussi,  sur  la  premiere  paire,  les  pinces 
microscopiques  que  Caiman  a  montrd  exister  chez  beaucoup 
d’especes  de  Pandales.  En  admettant  que  les  Atlantocai  is 
finissent  par  donner  quelque  espece  de  Thalassocaris ,  leui 
premiere  paire  de  pinces  subirait  une  regression  en  devenant 
celle  de  l’adulte. 

En  tous  cas,  les  especes  de  Thalassocaris  recueillies  pai 
Stimpson  et  par  Dana,  ces  derniers  possedant  des  oeufs,  sont 
bien  loin  des  dimensions  des  larves  Atlantocaris.  Le  Regains 
lucidus  Dana,  9,  mesure  9  lignes,  soit  20  millimetres  environ. 

J’ai  signale  ddja  l'importance  d’un  detail  qui  ne  parait  pas 
avoir  e'te  remarqud  dans  cette  derniere  espece  :  c’est  le  seul  Eu- 
cyphote  connu  oil  Eon  reldve  des  epines  sur  les  bords  lateraux 
du  rostre,  disposition  constante  chez  les  Gnathophausia.  Sui 
E  dessin  que  donne  Ortmann  de  VOligocaris  bispinosa ,  il  sella¬ 
ble  qu’il  ait  ete  figurb  de  semblables  epines,  mais  elles  ne  sont 
pas  tres  nettes,  alors  qu'il  n’y  a  aucun  doute  a  leur  sujet  sui  le 
dessin  de  Dana. 

Les  larves  suivantes,  parmi  celles  que  j  ai  etudie’es,  me 
paraissent  se  rapporter  a  des  Pandalidte. 


Pandacaricyphus  pandaliformis,  n.  sp. 


Le  caractere  le  plus  frappant  de  cette  espece  est  l’extreme 
'essemblance  exterieure  qu’elle  presente  avec  1  Hippocai  icjphus 
ac“tus.  Le  rostre,  dente  seulement  en  dessus  (9  dents),  les 
epines  sus-orbitaires  faibles,  les  ophtalmopodes  avec  une  forte 

(104) 


22 


papille  oculaire  saillante,  les  deux  paires  d’antennes,  le  troi- 
sieme  pfeosomite  saillant,  en  forme  d’aiguillon  de  rosier,  le 
telson  avec  un  lobe  mddian,  ne  prdsentent  que  de  tres  faibles 
differences  avec  1’espece  cifee.  (Fig.  6,  A,  B). 

On  peut  en  relever  a  partir  du  premier  maxillipede,  dont  le 
sympodite  est  moins  volumineux  par  rapport  aux  deux  bran¬ 
ches  de  l’appendice,  dont  l’exopodite  n’est  pas  e'largi  a  la  base. 
Sur  le  deuxieme  maxillipede,  l’article  distal  se  rapproche  de  la 


fotme  adulte,  en  ce  qu’il  est  separe'  de  l’article  precedent,  dont 
il  a  la  largeur,  par  une  suture  oblique.  (Fig.  6,  h). 

Les  maxillipedes  de  la  troisieme  paire  (absents  chez  YH.  acu- 
lltsJ  raPPellent  ici  ceux  d’un  Pandale  adulte,  par  le  second  arti¬ 
cle  du  membre  aplati  et  courbe,  faisant  un  angle  prononce  avec 


—  23  — 


I’article  basal.  Mais  il  y  a  encore  5  articles  sur  Lendopodite  de 
cet  appendice.  (Fig.  6,  i). 

La  difference  avec  YHipp.  acuius  devient  tres  grande  a  partir 
de  la  premiere  paire  de  pattes  qui,  au  lieu  de  porter  une  pince 
volumineuse  relativement,  se  termine  par  un  simple  stylopodite 
et nediffere quctrds  peudes  maxillipddes  precedents,  (big.  6,  k). 

La  deuxieme  paire  est  asymdtrique  et  porte  des  pinces. 

A  droite,  le  carpe  n’est  gudre  plus  long  que  la  pince,  il  est  a 
a  gauche  2.5  fois  plus  long,  et  la  pince  est  plus  petite.  Il  n  }  a 
pas  trace  de  segmentation  sur  le  carpe.  (Fig.  6,  /,  l  )• 

Les  trois  autres  paires  sont  semblables,  et  leui  dactyle  se 
termine  par  un  long  et  grele  stylopodite.  Le  propodite  est  lege 
rement  renfle.  Les  exopodites  sont  tres  longs  et  volumineux. 

(Fig.  6,  mj. 

Laformule branchiale  comprend  5  pleurobranchies,  2  ait  to 
branchies  sur  le  troisieme  maxillipede,  sous  forme  de  bourgeons 
tres  rapproches,  • —  comme  si  elles  provenaient  de  la  division 
d’un  bourgeon  unique  prodpipodial  —  et  aussi  de  bourgeons 
d’arthrobranchies  j usque  sur  la  quatrieme  paire,  mais  de  morns 
en  moins  visibles.  Ilya  egalement  des  bourgeons  epipodtaux 
jusque  sur  la  quatrieme  paire  incluse,  sans  qu  il  soit  possib  e 
de  dire  si  ces  rudiments  branchiaux  sont  destines  a  se  develop 
per  par  la  suite,  ou  a  disparaitre,  tellement  ils  sont  peu  deve- 
loppes  par  rapport  aux  pleurobranchies. 

L’exemplaire  provient  de  la  Stn.  1 834  (legion  des  Acotcs, 
filet  a  grande  ouverture,  o-iooo  metres).  f  , 

11  mesure  i9mm5.  Le  point  le  plus  remarquable  qu  t  P1C 
sente  est  certainement  sa  ressemblance  avec  une  latve  un 
famille  bien  distincte. 


IcOTOPUS  AMPLISSIMUS,  n.  sp. 

J’ai  pu  etudier  3  exemplaires  de  cette  espece,  de  taille  tnegalc. 
Le  plus  petit  mesure  t6mm3,  le  second  3o  millimetres,  le  troi- 
sieme  43  millimetres.  Celui-ci  me  parait  btre  la  plus  gran  c 
connue  des  larves  analogues,  car  sa  longueut,  sans  le 

(104) 


—  24  — 


dc  32mm8.  L'Atlantocaris  gigas  Ortmann,  qui  mesure  53  milli¬ 
metres,  n’en  mesure  guere  que  32.2  sans  le  rostre,  qui  est 
ddmesurdment  long. 

L'espece  se  rapproche  de  Ylcotopus  arcurostris  Bate,  qui 
mesure  io  millimetres  seulement,  elle  en  differe  par  l’absence 
de  dents  &  la  partie  infdrieure  du  rostre,  mais  surtout  par  la 
forme  des  ophtalmopodes. 

Le  rostre  est  droit,  en  forme  de  Crete  dlevde  au  niveau  des 
dpines  sous-orbitaires,  et  porte  12  dents  en  dessus.  L’epine 
pterygostomiale  est  suivie  d’une  rangde  de  12  autres  e'pines  plus 
petites,  au  bord  inferieur  de  la  carapace.  II  y  a  aussi  une  dent 
cardiaque.  L’abdomen  est  rbgulierement  arrondi,  le  sixieme 
pldosomite  plus  long  que  le  telson.  Celui-ci  est  mutild  a  son 
bord  postdrieur.  (Fig.  7,  A). 

Les  yeux  sont  trds  volumineux,  surtout  par  les  corndes,  en 
foime  d  ovoide  irrdgulier,  a  corndules  tres  petites.  II  n’y  a  plus 
de  papille  oculaire  sur  l’ophtalmopode.  (Fig.  7,  B).  Les  yeux 
paiaissent  depigmentes,  mais  par  retraction  du  pigment  dans  la 
zone  interne  de  l’oeil.  L’article  basal  de  l’antennule  est  tresforte- 
ment  excave  pourrecevoir  les  ophtalmopodes.  Les  fouets  anten- 
nulaires  sont  tres  longs,  l’externe  indivisportantdessoies  senso- 
1  tel  les  sur  sa  portion  basale  qui  comprend  6  articles,  et  rappelant 
de  tres  pres  ceux  de  beaucoup  de  Pandalides  adultes.  II  en  est 

de  meme  du  fouet  antennaire,  grele  a  la  base  et  tres  finement 
annele. 


Le  «  palpe  »  de  la  maxillule  est  a  un  seul  article.  (Fig.  7,  e). 

La  maxille  est  tres  particuliere  par  la  forme  de  son  endopo- 
dite  ties  large,  indivis,  plus  long  que  l’exopodite,  et  dont  on  ne 
trouverait  d’exemples  que  chez  les  Euphausidae.  (Fig.  7 ,/,/J- 
es  maxillipedes  de  la  premiere  paire  se  rapprochent  de  la 
onne  adulte;  1  exopodite  n’est  que  faiblement  dlargi  a  sa  base. 
(Fl§-  7i  g)- 

C.eux  de  la  deuxieme  paire  sont  simplement  coudes  en  leur 

teu,  les  tiois  derniers  articles  sont  en  ligne  droite  et  le  der- 

’.  ^U1  ne  montre  encore  aucune  trace  d’elargissement,  se 
ermme  par  une  simple  soie.  (Fig.  7,  h). 

OUS  les  autres  appendices  sont  simples  et  semblables,  ter- 


—  25  — 


mines  par  un  stylopodite.  Les  maxillipedes  dc  la  troisieme  paire 
out  toutefois  le  propoditc  plus  long  ct  plus  grele  que  le  carpe, 
et  le  propodite  des  deux  premieres  paires  de  pattes  est  un  peu 
elargi  comme  s'il  devait  s’y  former  le  doigt  fixe  d  une  pince, 


surtout  sur  la  deuxieme  paire,  ou  le  propodite  est  court  et  ne 
ttiesure  que  la  moitie  du  carpe.  (Fig.  7,  i,  k,  I).  (104) 


Sauf  la  cinquieme  paire,  toutes  les  autres  possedent  de 
volumineux  exopodites. 

La  formule  branchiale  comprend  5  pleurobranchies,  2  bour¬ 
geons  d’arthrobranchies  et  un  bourgeon  e'pipodial  tres  petit  sur 
le  troisieme  maxillipede. 

Les  ple'opodes,  comme  les  pleurons  abdominaux,  rappellent 
assez  ceux  d'un  adulte. 

Lorsqu’on  compare  ce  spe'cimen  avec  les  deux  autres  plus 
jeunes,  on  ne  peut  y  relever  que  de  tres  faibles  changements. 
Les  principaux  portent  sur  le  rostre,  qui  porte  seulement  8  dents 
chez  le  specimen  le  plus  jeune,  sur  les  antennules  notablement 
plus  allongees,  sur  les  epines  sus-orbitaires  plus  grandes,  sepa- 
rees  du  rostre  par  une  portion  droite  du  bord  frontal,  par  les 
yeux  surtout,  dont  la  corne'e  n'est  pas  plus  large  que  1’ophtal- 
mopode,  et  qui  montrent  une  papille  oculaire  large  et  legere- 
ment  convexe.  (Fig.  7,  a ,  a’). 

Les  pleurons  abdominaux  sont  seulement  un  peu  moins 
developpes,  et  le  telson  ne  porte  que  deux  paires  d’dpines  pos- 
terieures,  ce  qui  est  la  disposition  presente  chez  les  especes 
adultes.  (Fig.  7,  t). 

Les  appendices  buccaux  sont  a  peine  moins  avances,  le 
«  palpe  »  de  la  maxillule  est  toujours  indivis. 

L  exemple  de  V Atlantocaris  gigas ,  qui  linit  par  posseder  des 
pinces  sur  la  deuxieme  paire  lorsqu’il  mesure  53  millimetres, 
lait  penser  que  Ylcotopus  amplissimus ,  au  cours  de  quelque  mue 
suivante,  en  possedera  egalement.  Mais  le  fait  de  parcourirune 
si  longue  periode  de  croissance  sans  perfectionnement  sensible 
de  1  organisation,  quelles  qu’en  soient  les  causes,  est  un  des 
exemples  les  plus  remarquables  des  anomalies  du  ddveloppe- 
ment  chez  les  Eucyphotes. 

Les  trois  specimens  de  16,  3o  et  q.3  millimetres  proviennent 
tespectivement  des  Stn.  1715  (o-iooom),  Stn.  1760  (o-3ooom) 
Lanaties  et  Stn.  2276  (o-i7oom)  au  voisinage  des  Baleares.  (Filet 
a  grande  ouverture). 


ICOTOPUS  APPROXIMA,  n.  sp. 


Le  specimen,  unique,  mesure  22  millimetres  environ,  rostre 
compris.  Celui-ci,  trds  long,  compte  10  dents  en  dessus,  5  en 
dessous.  II  y  a  une  dent  sus-orbitaire  longue  et  gtele.  L  epine 
pterygostomiale  est  suivie  de  6  autres  de  longueur  ddcroissante. 
L’epine  cardiaque  est  prdsente.  (Hg.  8,  A ,  B). 

Le  sixieme  pleosomite  est  non  seulement  plus  court  que  le 
telson,  mais  aussi  plus  court  que  le  somite  precedent,  caiactere 
assez  rare  meme  parmi  les  especes  adultes  de  Pandalidre.  Le 
telson  offre  de  meme  des  caracteres  rappelant  ceux  des  adultes, 
ilya  quatre  paires  d’epines  en  dessus,  et  qpaiies  posteiieuies, 
les  plusexternes  trds  longues,  les  autres  presque  egales.  (Fig.  8,  tj. 
Le  bord  postdrieur  du  cinquieme  pldosomite  est  inerme. 

Les  ophtalmopodes  sont  tres  longs,  coniques,  a  deux  ai  tides 
tres  distincts.  La  cornde  terminale  est  semi-ovoide,  a  coineules 
tres  fines.  II  y  a  une  papille  oculaire  tres  visible,  separee  du 
bord  de  la  cornde  par  une  depression  peu  marquee.  (Fig.  8,  B ,. 

Les  fouets  antennaires  sont  simples;  le  scaphocetite  est 
beaucoup  plus  long  que  les  antennules.  A  la  face  inferieure,  il 
y  a  une  dpine  sur  Particle  antennulaire  basal  et  le  basicdnte. 
(Fig.  8,  B’).  Le  fouet  antennaire  mesure  plus  de  la  moitie  de  la 


longueur  du  specimen. 

Les  mandibules  ont  la  forme  habituelle,  simples  et  depout 
vues  de  palpe.  (Fig.  8,  d).  Le  palpe  de  la  maxillule  est  indivis, 
la  maxille  a  son  endopodite  dtroit,  plus  court  que  1  exopodite, 
bien  different  par  suite  de  la  forme  qu’il  presente  dans  l’espece 
precedente.  (Fig.  8,  f). 

Bien  que  les  maxillipedes  de  la  deuxieme  paiie  soient  nota 
blement  elargis,  l’article  distal  est  toujours  plus  long  que  large 
ot  dans  l’axe  du  membre.  (Fig.  8,  h).  Les  maxillipedes  de 
ttoisieme  paire  et  les  pattes  de  la  premieie  paire  ne  dt  brent 
guere  que  par  le  propodite,  beaucoup  plus  long  que  le  catje 
dans  le  cas  des  maxillipedes.  (Fig.  8,  z,  k). 

La  deuxidme  paire,  la  plus  courte  de  toutes,  se  teinnne  p 

(104) 


—  28  — 


une  pince  grele,  dont  la  paume  est  plus  longue  que  le carpe, 
celui-ci  tout  a  fait  indivis.  Les  3  autres  paires  sont  semblables 
sauf  l’absence  d’exopodite  sur  la  cinquieme,  chacune  terminee 
par  un  long  stylopodite.  (Fig.  8,  /,  m,  o).  Comme  chez  la  plupart 
des  larves  dont  il  est  ici  question,  les  sternites  thoraciques  sont 
nettement  se'pares  par  des  sillons  transverses. 


Fig.  8.  — 


Icotopus  approxima,  n.  sp.  —  A,  type  vu  lateralement;  B,  region 
ionta  e,  vue  en  dessous;  B\  antennule  et  antenne,  vues  en  dessous; 

5' ,  ai  t  i  obi  anchies  et  epipodites  rudimentaires ;  h  a  t,  appendices  divers 
et  telson. 


^  a_^  pleurobranchies,  2  arthrobranchies  rudimentaires 

.  C  °^s'bme  maxillipede,  contigues  comme  si  elles  prove- 

arthr  b  *C  ^  ^*V*S*on  ^  un  bourgeon  d’abord  unique,  une  seule 
anchie  rudimentaire  sur  chacun  des  membres  suivants 


—  29  — 

sauf  le  cinquieme,  et  des  bourgeons  tres  peu  developpes  d’epi- 
podites  jusque  sur  le  quatrieme  pereiopode  inclus.  (Fig.  8,  Brj. 

Les  pldopodes  sont  bien  ddveloppes,  munis  de  soies  et  cer- 
tainement  fonctionnels. 

Les  teguments  sont  tres  mous,  comme  si  le  specimen  sortait 
dune  mue  re'cente. 

Stn.  1715,  filet  a  grande  ouverture  (o-iooom). 

Ces  deux  especes,  a  des  titres  divers,  different  notablement 
del’ Icotopus  arcurostris  Bate.  L 7.  amplissimus  s’en  eloigne  pai 
l’absence  des  dents  au  bord  inferieur  du  rostre,  la  forme  des 
yeux,  l’endopodite  si  particulier  du  premier  maxillipede. 

L  7.  approx  ini  a  a  des  dents  au  bord  inferieur  du  rostie,  des 
ophtalmopodes  assez  semblables  a  ceux  de  1  espece  typique,  de 
meme  que  les  maxillipedes.  Mais,  par  le  developpement  des 
pattes  de  la  deuxieme  paire,  terminees  par  des  pinces,  du 
sixieme  plbosomite,  du  telson,  du  fouet  antennaire,  elle  se 
montre  beaucoup  plus  avancee  et  s’eloigne  en  meme  temps  de 
l’espece  prdcedente.  S’il  s’agissait  d’especes  normales,  de  tels 
caracteres  auraient  une  valeur  generique,  mais  je  crois  inutile 
de  multiplier  les  noms  de  genres  pour  des  formes  dont  on  suit 
si  peu  de  chose. 


Kyptocaris  oligodon  n.  sp. 

Le  principal  caractere  separant  les  genres  Kyptocaris  et  Ico¬ 
topus  Sp.  Bate  est  la  presence  de  pinces  sur  la  deuxieme  paiie 
de  pattes,  dans  le  premier  genre.  Je  crois  cette  difference  illu- 
soire,  les  pinces  pouvant  tres  bien  finir  par  apparaitre  a  une 
taille  p>lus  grande,  comme  c’est  le  cas  pour  1  Icotopus  appt  oxinia 
compart  a  17.  arcurostris ,  Mais  il  est  preferable  de  conserver 
ce  nom  de  genre,  en  l’absence  de  preuves  de  cette  synonymic, 
etaussi  parce  que  la  forme  du  rostre  est  bien  differente,  par  le 
petit  nombre  de  dents  presentes. 

L’espece  que  je  rapporte  au  genre  Kyptocaris  est  tepiesentee 
Par  deux  specimens  tres  mutiles,  de  developpement  un  peu 
indgal. 


(104) 


—  3o 


Le  plus  petit  spe'cimen  mesure  i8mm5.  Lerostreest  un  peu 
plus  long  que  le  scaphoce'rite,  uni,  sauf  trois  faibles  dents  a  la 
base.  (Fig.  9,  A.  B).  II  y  a  une  paire  de  dents  sus-orbitaires, 
une  epine  antennaire,  et  une  dpine  ptdrygostomiale  simple.  Pas 
de  dent  cardiaque.  L’abdomen  est  rdgulierement  courbe,  le 


nquieme  pleosomite  tres  long.  Le  telson  porte  5  paires  d’epines 
..  °*^  Postei ieur,  dont  les  deux  externes,  inegales,  rappellent 
CC  C,S  /  beaucouP  d’especes  adultes.  II  y  a  deux  paires  d’epines 
SUr  la  face  superieure  du  telson. 


—  3i  — 


Les  ophtalmopodcs  sont  coniques,  termines  par  une  cornea 
semi-ovoi'de,  moins  allongde  que  dans  l’espbce  precedente.  Ils 
presentent  une  papille  oculaire  tres  visible.  (Fig.  9,  B). 

Les  antennulcs  et  les  antennes  rappellent  aussi  1  espece  pre¬ 
cedente,  mais  les  fouets  antennaires  sont  brisds  a  leur  base. 

Les  mandibules,  maxillules  et  maxilles  comme  dans  1  espece 
precedente.  L'exopodite  du  premier  maxillipede  n  est  pas  elaigi 
a  sa  base,  l'endopodite  du  deuxieme  maxillipede  est  encoi  e 
allonge*;  ses  deux  moitids  font  un  angle  tres  obtus  et  son  extie- 
mite  n’est  pas  dlargie.  (Fig.  9,  g-,  h).  Tous  les  autres  appendices 
sont  brisds  sur  les  deux  specimens,  permettant  cependant  de  \oii 
que  la  cinquieme  paire  seule  manque  d’exopodite. 

La  formule  branchiale  est  celle  de  l’espece  precedente,  les 
bourgeons  dpipodiaux  et  ceux  des  arthrobranchies  moins  de\e- 
loppes  encore,  sauf  toutefois  l’arthrobranchie  super  ieuie  du 
troisieme  maxillipede,  crdnelee  sur  les  bords  et  plus  volumi- 
neuse. 

Les  pleopodes  sont  greles,  munis  seulement  de  quelques 
soies  molles;  les  pleurons  abdominaux  sont  dailleuis  peu 
developpes. 

Le  second  specimen  mesure  20  millimetres  enviion,  il  se 
niontre  un  peu  plus  avancd  au  point  de  vue  des  pleurons  abdo 
winaux  et  des  pleopodes. 

Tous  deux  proviennent  de  la  Stn.  r 874  (Acores),  filet  a 
grande  ouverture  (o-20oom). 

Le  Kjptocaris  stylofrontalis  Bate  en  differ  e  pat  le  tostie 
pourvu  de  deux  dents  seulement,  par  le  troisieme  pleosornite 
saillant  en  arriere,  par  les  ophtalmopodes  plus  allonges.  Le 
^pe,  long  seulement  de  7  millimetres,  provient  des  Phrltpprnes. 
^  possede  ses  membres  intacts,  sauf  les  exopodites  thotaciques, 
les  pattes  de  la  deuxieme  paire  se  terminent  par  des  prnces  et 
possedent  un  carpe  tres  court,  indivis.  Parmi  les  Pandalides,  ce 
sont  les  Chlorotocus  qui  se  rapprocheraient  le  plus  de  ces  larves 
au  point  de  vue  de  la  forme  du  carpe,  court  et  a  2  artrcles 
Seulement. 


(104) 


OlIGOCARIS  (?)  BREVIROSTRIS  n.  sp. 

L 'Oligocaris  bispinosa  Ortmann  possede  un  long  rostre  dente 
sur  ses  deux  bords,  et  portanr  memo,  d'aprds  la  figure  au  moins, 
4  dpines  laterales.  Je  soulignece  ddtail,  dont  Ortmann  ne  parle 
pas  dans  sa  description  de  l’espece,  a  cause  de  son  extreme 
raretd  chez  les  Decapodes  (Thalassocaris  lucidus  Dana  et  Oligo¬ 
caris  brerirostris  seraient  les  seuls  cas  connus),  et  a  cause  de 


ric.  io.  —  Oligocaris  (?)  brerirostris.  —  A,  B,  type  vu  lateralement 
et  en  dessus;  a,  fouets  antennulaires. 


son  importance,  comme  rappel  d’un  caractere  ties  habituel  chez 
les  Gnathophausia. 

L  espece  que  je  rapporte  a  ce  genre  ne  presente  rien  de  sem- 
blable,  et  je  me  base  uniquement,  pour  l’y  classer,  sur  les  exo- 
podites  qui  manquent  aux  deux  dernieres  paires  de  pattes. 


Comme  le  specimen  cst  ties  mutile,  jc  ne  saurais  d’ailleurs  lui 
assigner  plus  exactement  une  place. 

La  pointe  rostrale  est  seulement  un  peu  plus  longue  que 
large  a  la  base,  ses  cotds  sont  concaves.  II  y  a  7  dents  au  bord 
superieur,  le  bord  inferieur  est  inerme  et  la  moitid  distale  du 
rostre  beaucoup  plus  grele  que  sa  base  dans  le  sens  vertical. 
Les  dents  supraorbitaires  sont  courtes  et  fortes.  L’angle  ptery- 
gostomial  n’est  pas  epineux;  il  n’y  a  pas  de  dent  cardiaque. 
(Fig.  10,  A,  B). 

Le  troisieme  pleosomite  est  un  peu  prolonge  en  arriere  mais 
nest  pas  dpineux  sur  la  ligne  mddiane.  II  n’y  a  pas  d  epines 
laterales  sur  le  cinquieme  pleosomite,  comme  chez  1  O.  bispinosa 
Ortmann.  Le  sixieme  pleosomite  est  plus  long  que  le  telson, 
dont  le  bord  postdrieur  manque. 

Les  ophtalmopodes,  pourvus  d'une  large  papille  oculaite, 
sont  coniques,  dvasds,  et  se  terminent  par  une  surface  a  giandes 
corneules,  divisee  en  deux  regions  comme  chez  les  Anebocaris . 
(Fig.  10,  B).  Le  fouet  antennulaire  externe  est  a  5  groupes  de 
s°ies  sensorielles,  l’interne  un  peu  plus  court,  termine  pat 
soies.  (Fig.  10,  a).  C’est  la  une  disposition  frequente  dans 
les  stades  les  plus  jeunes  des  larves  diverses  etudiees  ici,  mais 
1ui  rappelle  particulidrement  les  Anebocaris ,  de  meme  que  le 
scaphocerite,  large  et  ne  depassant  guere  en  longueur  les  anten- 
nules. 

La  mandibule  est  dep>ourvue  de  psalpe.  Celui  de  la  maxillule 
est  a  deux  articles.  La  maxille  rappelle  celle  des  larves  d  Hopdo- 
Phoridae.  L'exopodite  du  premier  maxillipede  n  a  pas  d  expan- 
sion  a  la  base. 


Fous  les  autres  appendices  sont  brises.  On  peut  cependant 
'°'r,  au  moins  du  cote  gauche  du  specimen,  que  les  deux  det- 
J'e|s  pereiopodes  ont  une  hampe  p>lus  grele  et  ne  doivent  pas 
i'°rter  d’exopodite. 

Les  5  pleurobranchies,  de'veloppees  seulement  au-dessus  de 
eui  point  d’insertion,  sont  a  peine  crenelees  sur  leurs  boids,  il 
r‘ y  a  pas  trace  d’arthrobranchies  ni  d’epipodites,  meme  sur  le 
tr°isieme  maxillipede.  Le  bourgeon  du  deuxieme  maxillipede 
est  encore  indivis. 


(104) 


-34- 

Les  pleopodes  sont  greles,  depourvus  dc  soies,  et  lespleurons 
abdominaux  peu  ddveloppe's. 

Le  specimen  mesure  iomm8  de  longueur  totale.  1 1  provient 
de  la  Stn.  1781  (Acores);  filet  a  grande  ouverture  (o-5ooom). 


nikid^e 

Hectarthropus  xikiformis  n.  sp. 

.1  ’ai  pu  examiner  une  serie  de  trois  specimens  de  cette  espece. 
Elle  est  certainement  tres  voisine  de  YH.  compressus  Bate, 
mais  il  y  a  dans  les  sillons  de  la  carapace  et  la  longueur  du  ros- 
tre  des  differences  assez  grandes  pour  qu’il  soit  preferable  de 
Ten  distinguer  specifiquement. 

Le  plus  grand  specimen  mesure  i3mm5  environ.  Le  rostie 
est  tres  dtroit,  subule',  lisse.  Les  epines  sus-orbitaires  sont  obli¬ 
ques  vers  le  haut.  II  y  a  une  epine  gastrique  et  une  epine  cai- 
diaque.  L’epine  antennaire  est  faible,  Tangle  pterygostomial 
marque  d  une  longue  epine,  et  le  bord  inferieur  de  la  caiapace, 
au-dessous  de  cette  epine  et  a  sa  suite,  piorte  une  serie  de  10 
autres  pointes  fines.  Ilya  sur  la  carapace  des  sillons  tres  mat 
que's,  rappelant  ceux  des  Nematocarcim/s.  (Fig.  11,  A,  A). 

L  abdomen  est  regulierement  courbe,  le  cinquieme  pleoso 
mite  porte  de  part  et  d’autre  une  forte  epine.  (Fig.  it?  B). 
telson  plus  court  que  le  sixieme  pldosomite,  porte  5  panes 
d  epines  inegales,  les  paires  1 ,  3,  5  courtes,  les  paires  2  et  4  ties 
longues.  (Fig.  n,  t). 

La  face  dorsale  porte  aussi  2  paires  d’e'pines. 

Les  ophtalmopodes  sont  en  forme  de  cone  tronque  oblique 
ment,  les  corndes  dtant  plus  developpdes  en  arriere.  II  y  a  une 
papille  oculaire  tres  visible,  en  forme  de  saillie  conique,  au  bold 
anterieur  de  1’ophtalmopode  vu  en  dessus.  (Fig.  n,  A). 

Les  antennules  sont  plus  courtes  que  le  scaphocerite,  poui 
'  ues  2  fouets  simples,  l’externe  p>lus  gros  et  plus  court. 

Les  mandibules  ont  la  forme  simple  habituelle;  le  «  palpe  » 
de  la  maxillule  est  a  2  articles.  Sur  la  maxille,  comrne  sur  celle 


-  35  — 


des  Catjciphus ,  la  lacinie  du  troisieme  article  sympodial  est 
divisee  en  deux  dans  toute  sa  hauteur.  (Fig.  u,  d, 

Sur  le  premier  maxillipede,  l’endopodite  est  a  4  articles  dis- 
dincts,  l’exopodite  a  peine  dlargi  a  sa  base. 


''  n'  Hectarthropus  nikiformis,  n.  sp.  —  A,  A  ,  type  vu  en  dessus  et 
carapace  vue  lateralement  •  B,  extremite  de  l’abdomen;  d-t,  appendices 
divers  et  telson. 


(104) 


36  — 


Le  deuxieme  maxillipede  est  coude  a  angle  ties  obtus,  et 
son  article  pe'nultieme  faiblement  dlargi. 

Le  troisieme  maxillipede,  comme  tous  les  membres  suivants 
est  egalement  coude,  a  angle  obtus,  le  propodite  est  settlement 
un  peu  plus  long  que  le  carpe,  et  le  dactyle  termine  par  un 
stylopodite.  (Fig.  ii,  i). 

Les  pattes  de  la  premiere  paire  sont  asymdtriques.  A  gauche, 
le  membre  est  tres  semblable  au  prbcbdent,  le  propodite  etant 
toutefois  un  peu  plus  long  et  le  dactyle  plus  robuste.  A  droite. 
le  membre  se  termine  par  une  pince  prdhensile.  (Fig.  n,  k). 

Les  pattes  de  la  deuxieme  paire  sont  symbtriques,  greles,  a 
carpe  tres  long,  indivis;  elles  se  terminent  par  des  pinces  de 
petite  taille.  Les  trois  paires  suivantes  sont  semblables,  allon- 
gbes,  le  propodite  egal  au  carpe,  le  dactyle  termind  par  un  sty¬ 
lopodite.  (Fig.  ii,  I,  /',  m). 

La  formule  branchiale  ne  comporte  que  5  pleurobranchies. 
II  n’y  a  pas  de  bourgeons  d’arthrobranchies  ou  d’epipodites, 
meme  sur  le  troisieme  maxillipede. 

Les  pleurons  abdominaux  sont  grands,  les  pleopodes  sont 
frange's  de  soies  et  fonctionnels. 

Le  specimen  suivant  est  long  de  8  millimetres.  Le  rostie 
mesure  seulement  i  fois  les  dpines  supra-orbitaires,  les  ophtal- 
mopodes  sont  beaucoup  moins  elargis,  la  cornde  presque  ter- 
minale,  le  papille  oculaire  placd  assez  loin  de  celle-ci.  (Fig.  i2,A)- 
Le  fouet  antennulaire  externe  a  seulement  4  articles  au  lieu  de 
8,  le  fouet  antennaire  est  court,  divise  en  un  petit  nombre  dai- 
ticles. 

II  ny  a  pas  de  differences  bien  sensibles  dans  l’aspect  des 
appendices  buccaux  et  thoraciques.  (Fig.  12,  d-l).  Elies  sont 
plus  visibles  sur  ces  derniers,  et  se  traduisent  surtout  pat  la 
1  arete  plus  grande  des  poils. 

La  formule  branchiale  est  absolument  la  meme.  Les  pleu- 
i  ons  abdominaux  et  les  plbopodes  sont  notablement  moins 
developpes;  le  telson  est  plus  large  a  son  extremite  distale,  qui 
poite  en  plus  une  paire  d’epines  internes  tres  petites,  ayant 
dispam  chez  le  specimen  precedent.  (Fig.  12,  t). 

L  exemplaire  le  plus  petit  mesure  seulement  qmm  5,  a  peine. 


—  37  — 

I!  est  malheureusement  tres  mutild,  mais  se  laisse  cependant 
reconnaitre  comme  appartcnant  a  la  meme  espece,  au  point  de 
vuedela  forme  du  rostre  et  des  ophtalmopodes,  qui  sont  peu 
differents.  Les  pleurons  abdominaux  sont  a  peine  indiques  et 
lespleopodes  reduits  a  des  bourgeons;  les  epines  du  cinquieme 
ple'osomite  sont  cependant  presentes.  (Fig.  12,  C).  Le  telson 


*  ses  bords  presque  paralleles,  son  bord  posterieur  droit  poite 
paires  d’epines  inegales,  et  une  septieme  paire  sur  les  bolds 


12 


O- 


lateraux.  (Fig. 

bes  appendices  buccaux  se  montrent  seulement  un  peu  moins 
lb:\eloppeS  que  ceux  des  precedents  specimens,  chez  lesquels 

(104) 


-  38  — 


Ieur  forme  n’a  pas  sensiblement  change,  y  compris  les  maxilli- 
pcdes  de  la  deuxieme  paire.  Toutes  les  pattes  thoraciques 
manquent  sauf  celle  de  la  cinquieme  paire  a  droite,  depourvue 
d'exopodite  comme  sur  les  2  specimens  precedents,  mais  quise 
montre  ici  avec  le  propodite  dlargi,  rappelant  les  pattes  des  trois 
dernieres  paires  chez  les  larves  du  Pandalus  borealis ,  et  —  bien 
que  beaucoup  moins  ddveloppee  —  la  cinquieme  paire  des 
Eretmocaris ,  telle  que  l’a  figurde  Brooks.  (Fig.  12,  C). 

La  formule  branchiale  reste  toujours  la  meme.  II  est  proba¬ 
ble  que  sur  ce  specimen,  les  pattes  des  deux  premieres  paires 
etaient  de  forme  simple  et  sans  pinces,  comme  sur  1  H.  exilis 
Bate,  qui  est  de  taille  comparable. 

Le  fait  le  plus  curieux  que  prdsentent  ces  larves  est  precise- 
ment  l’armature  des  pfinces  des  2  premieres  paires,  qui  serait 
absolument  celles  des  Nika ,  si  le  carpe  de  la  deuxieme  paiie 
dtait  multiarticule,  et  qui,  en  dehors  des  Nika ,  ne  se  retrouve 
plus  chez  les  Decapodes.  D’ailleurs  le  rostre  simple,  l’abdomen 
arrondi,  sont  aussi  des  caracteres  qui  pourraient  faire  presumei 
des  Nika. 

Si  l’on  excepte  Y  H.  tenuis  Bate,  qui  n’est  peut-etre  pas  a 
rapprocher  des  autres  especes,  il  reste  4  formes  larvaires  parais- 
sant  distinctes  :  les  H.  exilis ,  compressus ,  expansus  Bate,  toutes 
du  Pacifique,  H.  nikiformis ,  n.  sp.  de  l’Atlantique.  Le  genie 
Nika  n  en  compte  guere  davantage  :  Nika  edulis  Risso,  Couchti 
Bell,  platyura  Fisher  des  eaux  eu ropecnnes,  Nika  macrognatha 
Stimpson,  havdiensis  Dana,  japonica  de  Haan,  processa  Sp.  Bate 
du  Pacifique,  especes  toujours  tres  rares  et  dont  le  nombie 
serait  probablement  reduit  par  une  revision  serree.  D  apres  la 
courte  description  de  Fischer,  Nika  platyura  porteraitdes  epines 
supra-orbitaires,  comme  les  Hectarthropus ,  mais  aucune  n  a  de 
sillons  sur  la  carapace  ou  d’epines  au  cinquieme  pleosomite. 

L  H.  expansus  Bate  porte,  sur  le  deuxieme  pleuron  abdomi¬ 
nal,  une  epine  dirigee  en  avant  et  qui  rappelle,  comme  ano- 
malie,  les  formes  si  singulieres  des  pkurons  chez  YAnebocai  is 
attcy lifer  H.  C. 

Stn.  1715  (filet  a  grande  ouverture,  o-iooom)  pres  de  Tdneriffe. 


■ 


—  3g  — 


A  L  P  H  E  I  D  M 

Le  developpement  des  Alpheidae  a  ete  suivi  jusqu’a  l’etat  de 
jeune  reconnaissable  par  Brooks  et  Herrick.  Ces  auteurs  ont 
observe  d’une  part  les  mysis  tres  avancdes  de  certaines  especes 
de  Synalphdes,  naissant  avec  leurs  pinces  diffeienciees,  et  qui 
demandent  cependant  io  jours,  en  traversant  4  mues,  P0Ul 
devenir  des  jeunes.  Dans  le  cas  d  une  espece  indeterminee 
(Alpheus  precox  Br.  et  H.),  la  vie  larvaire  nauiait  toutefois 
dure  que  24  heures.  II  faut  noter  que  ces  larves  ont  a  la  nais 
sauce  leur  mandibule  pourvue  d’un  palpe  et  profondement 
bipartite.  Les  changements  qu’elles  subissent  sont  ties  faibles. 

D’autre  part,  Brooks  et  Herrick  ont  etudie  le  developpement 
des  larves  zoes  de  deux  espfeces  difficiles  a  determinei  av  ec  pie 
cision,  dont  Tune  est  voisine  de  YA.  Bermudensis  Bate  et  dont 
l’autre  parait  bien  etre  YA.  hetet'ochelis  Say.  Cette  deinieie 
aurait  trois  modes  distincts  de  developpement,  suit  ant  les  loca 
lites,  et  suivant  qu’elle  se  rencontre  ou  non  dans  les  Eponges. 
L’etude  rigoureuse  de  la  systdmatique,  dans  ce  gi  oupe  difficile, 
m’a  rendu  beaucoup  plus  incredule  quant  a  la  ftequencc  dc  la 
pcecilogonie  chez  les  Alpheidae.  Les  differences  dans  le  mode  de 
developpement,  abrege  ou  explicite,  affectent  toujouis  deux 
formes  extremement  voisines,  mais  ce  caracteie  ne  se  iencontre 
jamais  seul;  d’autres  differences  morphologiques  l’accompa- 
gnent,  montrant  que  les  deux  formes  «  ne  se  connaissent  plus  » 
at  qu’on  ne  saurait  les  conserver  dans  une  seule  et  meme 
espece. 

Les  larves  zoes  observees  par  Brooks  et  Henick  montrent, 
jusqu’au  cinquieme  stade,  les  pattes  de  la  cinquieme  paiie  ties 
allongees  et  sdtiformes,  si  caracteristiques  des  Diaphoi  opus,  a, 
les  pattes  des  deux  premieres  paires  apparaitiaient  brusquement 
et  les  yeux  commenceraient  a  etre  reconverts.  Les  stades  sui 
vants  ne  sont  pas  decrits  avec  detail,  1  apparence  des  jeunes  s 
dessinant  tres  vite.  Ceux-ci,  tres  reconnaissables,  ayant  perdu 
leurs  exopodites,  mesurent  au  plus  5  millimetres.  Biooks 


-  - 


—  4°  — 

Herrick  de'crivent  la  mandibule  de  la  zoe  comme  bipartite  et 
palpigere,  la  branche  externe  —  et  sans  doute  aussi  le  palpe?  — 
disparaissant  sur  la  larve  au  quatrieme  stade  pour  rdapparaitre 
plus  tard,  cette  forme  de  la  mandibule  existant  en  effet  chez  les 
jeunes.  En  rdalite,  la  mandibule  des  zods  d'Alplieus  est  simple 
et  ddpourvue  de  palpe;  le  rudiment  de  ce  dernier,  que  jelui  ai 
attribue  dans  un  travail  ant^rieur,  est  line  saillie  sans  contours 
nets  qui  occupe  bien  la  place  du  futur  palpe,  mais  qui  ne  le 
reprdsente  probablement  pas.  La  mandibule  reprdsentde  par 
Brooks  et  Herrick  est  celle  d’une  larve  mysis;  comme  les  au¬ 
teurs  ont  attribud  une  mandibule  simple  et  sans  palpe  a  une 
larve  mysis  tres  particuliere  de  VA.  heterochelis ,  je  crois  qu’ily 
a  eu  interversion  des  dessins  se  rapportant  a  ces  larves,  a  propos 
desquelles  on  pourrait  relever  d’autres  details  qui  ne  me  parais- 
sent  pas  non  plus  tres  exacts. 

Les  larves  Diaplioropus ,  Anebocaris,  Parathanas  decrites 
par  Sp.  Bate,  sont  des  larves  d’Alpiheidte. 

Le  nom  de  Parathanas  indique  que  Sp.  Bate  l’avait  soup- 
conne  pour  ce  genre.  P.  decorticus  mesure  6  millimetres  seule- 
ment,  ses  deux  paires  de  pinces  sont  prdsentes,  le  carpe  de  la 
deuxieme  paire  est  me  me  multiarticuld.  On  peut  presumer  que 
la  lan  e  deviendra  un  jeune  reconnaissable  a  la  prochaine  mue, 
a\ec  une  taille  peu  differente  de  ceux  observe's  par  Brooks  et 
Herrick.  II  ne  ressort  d’ailleurs  nullement  de  la  figure  et  de  la 
description  de  Bate  que  les  Parathanas  soient  des  larves 
d  Athanas  plutot  que  d’un  autre  Alpheide. 

A\  ec  les  Diaplioropus  commencent  a  se  montrer  les  larves  de 
taille  anoimale.  D.  longidorsalis ,  dont  tous  les  pe'reiopodes  sont 
simples,  mesure  9  millimetres. 

Le  stade  suivant,  Anebocaris ,  a  ete  beaucoup  plus  souvent 
obsen  e ,  c  est  a  lui  qu’il  faut  rapporter  le  Diaplioropus  versipellis 
ate,  dont  les  pinces  des  deux  premieres  paires  sontpre'sentes(i). 
lanes  dont  S.  Lo  Bianco  a  pu  suivre  la  transformation  en 

troisieme^iire T'rbUe  '■  la  Pre.lP*®re  paire  de  pattes  les  maxillipedes  de  la 
chent  plus  fa  •  ]  L6S  pinces  d®)^  volumineuses  de  la  premiere  paire  se  deta¬ 
le  specimen  d e ' S {T 'd u ' a  11  c Ll n  autre  appendice  et  devaient  manquer  sur 


Alpheus  ruber  —  et  aussi,  d’apres  des  renseignements  particu¬ 
lars  de  l’auteur,  en  A.  megacheles  Hailstone  —  sont  aussi  au 
stade  Anebocaris.  Celles  que  j’ai  moi-meme  examinees  sont 
toutesace  stade  egalement.  Les  larves  de  YA.  ruber ,  que  S.  Lo 
Bianco  a  bien  voulu  me  communiquer,  mesurent  au  plus  6mm  4. 
L’i.  quadroculus  Bate  mesure  8  millimetres;  YA.  versipellis 
9  millimetres.  Les  plus  petits  Anebocaris  que  j’ai  examines, 
provenant  des  collections  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  ont 
7mm8;  d’autres  specimens  mesurent  8,  9,  11,  i3  millimetres  sans 
montrer  de  progrbs  bien  sensibles  dans  le  developpement. 
•1.  anc/ lifer ,  du  a  l’expedition  antarctique  suedoise,  mesure 
meme  16  millimetres. 

La  famille  des  Alpheidre  fournit  done  une  serie  tres  graduelle 
de  formes  larvaires,  en  meme  temps  qu’un  repere  de  valeur  par 
suite  de  l’observation  de  S.  Lo  Bianco.  Je  ne  connais  malheu- 
reusement  pas  la  taille  des  jeunes  de  YA.  ruber  provenant  des 
larves  Anebocaris,  ni  la  taille  maxima  que  peuvent  atteindre  ces 
dernieres.  Tout  ce  que  Ton  peut  dire,  e’est  que  rien  ne  s’oppose 
a  priori  a  ce  que  les  diverses  larves  decrites  ci-apres,  et  que  je 
designe  par  les  lettres  A  a  E,  ne  finissent  par  donner  des  Alphe'es, 
aPrcs  une  vie  larvaire  plus  ou  moins  prolongee.  Mais  il  est  e'ga- 
iement  possible  que  la  taille  de  ces  larves,  franchement  anor- 
males  dans  le  cas  de  YA.  ancylifer ,  indique  un  depart  dans  une 
direction  sans  issue,  n’aboutissant  jamais  a  l’adulte. 


Anebocaris,  sp.  (A) 

Le  cdphalothorax  mesure  0.28  de  la  longueur  totale  du 
C0|PS)  qui  est  de  g  millimetres.  II  est  comprime  lateralement,  et 
1  fois  aussi  long  que  large.  II  porte,  sur  le  bord  frontal,  3  dents, 
14?  Aj,  les  deux  latdrales  petites,  le  rostre  moins  long 
l|Ue  Large  k  la  base  (rapport  1.8),  a  bords  tres  concaves.  Les 
Pleurons  abdominaux  sont  a  peine  marques,  le  deuxieme  n’a  pas 
Cnc°re  sa  forme  caracteristique.  Le  sixieme  pleosomite  est  1.16 
°is  plus  long  que  le  telson.  Celui-ci  est  etroit,  depourvu 
dpines  sur  sa  face  superieure.  II  porte  a  ses  angles  posterieuis 

(104) 


—  42  — 

2  tres  longues  epines,  et  entre  dies  3  autres  paires.  Leurs  lon¬ 
gueurs  relatives  sont  comme  7,  1.4,  2,  1.  (Fig.  1 3,  .4,  t). 

Les  ophtalmopodes  sont  tres  distincts  du  bord  frontal  et 
mobiles  sur  un  court  pddoncule  conique.  Leur  longueur  est 
contcnuc  prds  de  rq  fois  dans  la  longueur  totaic  du  specimen. 
Les  corndes  sont  antdro-externes,  avec  une  forte  saillie  apicale 
surtout  visible  latdralement.  II  y  a  sur  la  portion  non  corneenne 
une  petite  «  papille  oculaire  »  tres  peu  visible.  Les  corneules 
sont  circulaires  et  mesurent  au  moins  33  j*  de  diametre.  Elies 
sont  par  suite  peu  nombreuses,  200  environ.  (Fig.  i3, /let  14,  dj. 


I  ig.  1.1.  Anebocaris,  sp.  —  A,  type  vu  lateralement.  Les  lettres  e-t 
designent  les  divers  appendices  et  le  telson. 


Les  antennules  mesurent  environ  le  double  de  la  longueur 
des  ophtalmopodes.  Le  fouet  externe  porte  3  groupes  de  quel- 
ques  soies  sensorielles  volumineuses. 

scaphocerite  est  aussi  long  que  l’antennule,  a  bords  paral- 
'  es,  muni  de  quelques  longues  soies  sur  son  bord  interne  et 
une  epine  latdrale.  Le  fouet  lui  est  egal  en  longueur  et  n’est 
pas  encore  anneld. 


-  4? 


La  mandibule  est  indivise  et  sans  palpe.  Sa  forme  reste  la 
meme  chez  tous  les  specimens. 

La  maxillule  a  ses  lobes  i  et  3  visibles,  ce  dernier  bifurque. 
Le  «  palpe  »  est  a  un  seul  article  et  porte  3  soies.  La  maxille  est 
peu  avancee  et  rappelle  celle  de  la  zoe  par  le  faible  developpe- 
mentde  l’exopodite  et  des  lacinies.  (Fig.  1 3,  e,f). 

Le  basipodite  du  premier  maxillipede  porte  4  epines  diver- 
gentes  sur  son  bord  interne  elargi.  L’endo-  et  l’exopodite  sont 
droits,  ce  dernier  termind  par  4  paires  de  soies  plumeuses. 

(%  1  \g)- 

L'endopodite  du  deuxieme  maxillipede  est  encore  droit,  et 
ses  articles  peu  marques.  Celui  du  troisieme  maxillipede  est 
droit  egalement,  a  3  articles  bien  distincts.  L'un  et  l’autre  se 
terminent  par  une  forte  soie  (stylopodite).  (Fig.  i3,  h,  i). 

Les  pinces  de  la  premiere  et  de  la  deuxieme  paire  sont  encoie 
imparfaites,  le  doigt  fixe  etant  de  moitie  plus  court  que  son 
oppose.  Le  carpe  de  la  deuxieme  paire  est  aussi  long  que  la 
paume.  (Fig.  i3,  k,  l). 

La  troisieme  paire  est  cylindrique,  avec  ses  articles  distincts, 
sauf  l’ischiopodite,  qui  n’est  visible  sur  aucun  des  membies 
thoraciques.  La  quatrieme  paire  n'a  encore  aucun  article  dis¬ 
tinct,  elle  n’a  guere  que  les  2/3  de  la  precedente.  (Fig.  i3,  w,  n). 

La  cinquieme  paire,  tres  allongee,  depasse  1  extremite  des 
antennules.  Son  stylopodite  est  droit  et  lisse  a  la  pointe.  Sui 
aucun  des  membres,  a  partir  du  deuxieme  maxillipede  inclus, 
il  n’y  a  trace  d’e'pipodites,  seuls  sont  presents  les  bouigeons  des 
pleurobranchies. 

Les  pleopodes  sont  encore  tres  courts,  leur  branche  inteinc 
11  a  que  les  2/3  de  la  longueur  de  l’externe,  et  une  largeur  moitie 
moindre.  Ils  ne  portent  aucune  soie  sauf  une  terminant  la 
tame  externe.  (Fig.  1 3,  p). 

Stn.  i83q,  Acores;  filet  a  grande  ouverture  ^o-iooo* ). 


(104) 


-  44  — 


Axkbocaris,  sp.  (B) 

Le  ccphalothorax  mesure  0.27  de  la  longueur  totale,  qui 
est  de  8mm  2.  11  est  plus  dpais  que  sur  le  spe'cimen  pre'cddent,  et 
2.2.1  fois  seulement  aussi  long  que  large.  Le  rostre  est  2  fois 
moins  long  que  large  entre  les  e'pines  latdrales,  qui  sont  tres 
petites.  Les  cornees,  vues  latdralement,  prdsentent  une  forte 


14.  Region  frontale  des  diverses  larves  Anebocaris  A.  B.  C.  D.  E. 
R,  larve  Anebocaris  de  YAlpheus  ruber. 

■suillie  apicale.  \us  en  dessous,  les  ophtalmopodes  apparaissent 
foime  cylindro-sphdrique,  les  cornees  en  occupent  un  peu 
moms  de  la  moitie.  (Fig.  14,  B). 

Le  fouet  externe  de  l’antennule  porte  3  groupies  de  1,  2,  3 
■  ties  sensorielles,  le  fouet  interne  se  termine  par  deux  soies.  Le 

,  ^  loceiite  poi  te  une  quinzaine  de  soies  espacees.  Le  fouet 
n  est  pas  annele. 


Les  pleurons  abdominaux  sont  distincts,  Ie  deuxieme  recou- 
vrant  les  deux  autres  contigus.  Le  sixieme  pleosomite  est  plus 
court  que  le  telson  (rapport  i.3).  Celui-ci  porte  la  meme  arma¬ 
ture  d’e'pines  que  dans  l’espece  precedente. 

Les  appendices  buccaux  sont  dans  le  meme  etat  que  sur  le 
spe'cimen  pre'cddent.  Le  deuxieme  maxillipMe  toutefois  a  ses 
articles  bien  distincts  et  il  est  le'gerement  courbe  vers  l’interieur. 
II  en  est  de  meme  du  troisieme  maxillipede. 

La  premiere  paire  de  pattes  est  absente  sur  les  trois  speci¬ 
mens,  des  2  cotes.  La  deuxieme  paire  a  le  carpe  plus  long  que 
la  pince,  indivis  encore. 

Les  troisieme  et  quatrieme  paires  sont  l’une  et  l’autre  bien 
developpe'es,  egales.  L’ischiopodite  n’est  pas  encore  visible. 

La  cinquieme  paire,  comme  chez  le  specimen  A. 

II  n’y  a  aucune  trace  d’epipodites,  meme  sur  le  troisieme 
maxillipede. 

Les  pleopodes  sont  un  peu  plus  allonges,  avec  leurs  deux 
branches  egales,  mais  encore  depourvues  de  soies. 

3  specimens  semblables,  Stn.  1710,  pres  Te'nerife;  filet  a 
grande  ouverture  (o-iooom). 

Ces  specimens  sont  plus  avances  que  l’espece  A,  bien  que  de 
meme  taille.  La  forme  de  leurs  ophtalmopodes,  la  largeur  beau- 
c°up  plus  grande  de  la  carapace,  le  carpe  de  la  deuxieme  paire 
plus  grand,  ont  en  outre  des  differences  telles  qu’il  s’agit  sans 
doute  d’une  espece  distincte. 


Anebocaris,  sp.  (C,  D) 

Les  deux  specimens  dont  il  s’agit  appartiennent  probable- 
inent  a  la  meme  espece,  dont  ils  representeraient  deux  stades 
successifs.  Je  les  decris  neanmoins  separement  pour  mieux  faire 
lessortir  leurs  differences. 

Le  specimen  C  est  long  de  nmm2.  Le  cephalothorax  mesure 
0,o2  environ  de  la  longueur  totale.  Les  pleurons  abdominaux 
s°ntbien  formes,  le  sixieme  pleosomite  est  le'gerement  plus  long 
9Ue  le  telson,  dont  la  forme  et  l’armature  epineuse  n’ont  pas 


Le  i  'ostre  est  un  peu  plus  long  quc  large  a  la  base,  et  les 
cpines  iatdrales  sont  longues,  aigues  et  parallbles.  Les  cornees 
ont  une  saillie  apicale  moins  prononede  que  dans  les  specimens 
precedents.  Vus  en  dessus,  les  ophtalmopodes  sont  assez  sem- 
blables  a  ceux  du  specimen  A;  ils  en  different  surtout  eneeque 
le  bord  frontal  les  recouvre  un  peu  plus  a  la  base,  conune  si  la 
disposition  caractdristique  des  Alpheida;  commencait  a  se  dessi- 
ner.  Les  yeux  sont  aussi  moins  grands,  dtant  contenus  1 3.5  fois 
au  lieu  de  i  i.2d  (B)  dans  la  longueur  totale.  (Fig.  14,  C). 

Le  fouet  externe  de  l’antennule  porte  4  groupes  de  soies  sen- 
sorielles,  le  fouet  interne  est  beaucoup  plus  long  et  segmente. 


Lc  scaphocerite  qui  sera  libdre  a  la  prochaine  mue  est  bien 
Vf1  .Ie’  avec  son  e'pine  laterale  n’atteignant  pas  le  bord  de 
^  ecaille,  contiairement  a  ce  qui  a  lieu  dans  la  forme  actuelle  de 
appendice.  Le  fouet  antennaire  est  aussi  long  que  l’antennu- 
ane  externe,  et  distinctement  anneld.  (Fig.  i3,  b ,  c). 
j,  es  maxiHipedes  de  la  deuxieme  paire  sont  plus  recourbes 
'  ei  s  1  autl  e5  et  plus  renfles  aussi  a  leurs  extremites  que  dans 
es  specimens  precedents. 

,LeS  ^a^tes  de  premiere  paire  sont  grandes,  un  peu  inegales 
asSSemb  ableS'  Le  doigt  1110 bile  n’a  plus  de  stylopodite,  il 
npfit-o  -Un  ^CU  S°n  °PP°se'>  et  il  est  plus  allonge  dans  la  future 
Petlte  Pmce’  dont  la  paume  est  aussi  plus  grele 


—  47  - 


Les  pattes  de  la  deuxieme  paire  sont  aussi  un  peu  ine'gales 
et  dissemblables,  la  plus  petite  est  du  meme  cote  pour  les  2  pai- 
res.  II  est  a  retnarquer  que  cette  indgalite  subsiste  chez  l’adulte, 
bien  qu  a  un  degrd  infiniment  moindre  que  pour  la  premiere 
paire.  Le  carpe  est  plus  long  que  la  pince  et  encore  indivis. 

Les  pattes  3  et  4  sont  sensiblement  egales,  elles  sont  termi¬ 
nus  par  un  stylopodite  tres  court. 

La  cinquieme  paire  est  relativement  plus  courte  que  dans  les 
specimens  precedents.  Elle  a  maintenant,  comme  les  autres 
pereiopodes,  un  ischiopodite  visible. 

Les  pleurobranchies  sont  bien  distinctes,  ainsi  que  les  epi- 
podites  2  sur  les  maxillipedes  de  la  troisieme  paire  et  les  4  pre¬ 
miers  pereiopodes. 

Les  pereiopodes  ont  maintenant  quelques  soies  au  bord  de 
leurs  rames  aplaties.  Les  2  premiers  ont  leur  tige  completement 
cachee  par  les  pleurons. 

Ce  specimen  provient  aussi  de  la  Stn.  1715. 

Le  specimen  D  est  long  de  i3  millimetres.  Le  cephalothorax 
mesure  o.33  de  la  longueur  totale.  Les  pleurons  abdominaux, 
L  sixieme  pleosomite,  le  telson,  comme  dans  le  specimen  pre¬ 
cedent. 

Le  rostre  ddpasse  legerement  les  ophtalmopodes  en  longueui, 
ses  proportions  restent  cependant  les  memes  que  prdeddemment, 
les  epines  latdrales  chant  plus  distantes.  Elles  sont  un  peu  divei- 
gentes,  et  assez  longues  pour  atteindre  le  bord  de  la  coinee. 

Les  ophtalmopodes  se  sont  elargis  a  la  base,  mais  non  les 
eornees,  devenues  plus  hemisphdriques.  Le  recouvrement  des 
Jeux  par  le  bord  frontal  est  notablement  plus  avance  que  dans 
le  specimen  C.  (Fig.  14.  D). 

A  part  les  mandibules,  les  appendices  buccaux  sont  assez 
laPprochds  de  leur  forme  adulte.  Sur  la  maxillule,  le  lobe  supe- 
Leur  (troisieme  article  du  membre)  porte  sur  son  bord  3  epines. 
La  tnaxille  a  son  exopodite  et  ses  lacinies  bordes  de  soies.  Sui 
le  premier  maxillipede,  les  epines  bordant  le  basipodite  du  cote 
e«erne  sont  devenues  des  soies.  L’exopodite  est  elargi  ala  base. 
«e-  .6,  d,  d\  e,  f,  g>. 


- 


-  48  - 

Lcs  pinces  de  la  premiere  paire  sont  encore  plus  asymetri- 
ques,  du  fait  de  la  plus  grande  d’entre  elles,  la  seconde  ne 
s'dtant  pas  accrue.  Le  doigt  mobile  n’a  pas  augmente'  de  lon¬ 
gueur,  l'accroissement  portant  sur  la  paume  de  la  pince. 

La  cinquieme  paire  s’est  encore  un  peu  raccourcie,  elle  est 


""  I(,‘  .  Anebocaris,  sp.  D.  — d-o,  appendices  divers;  o  designe  le  stylopodite 
du  cinquieme  pereiopode.  Au  bas  de  la  figure,  epipodites  et  arthrobranchie 
rudimentaires. 


plus  couite  que  l’antennule.  Son  stylopodite  est  dente  en  scie. 
(Fig.  r  6,  o>. 

Les  pleopodes  sont  franges  de  soies  tres  fines.  (Fig.  16,  p). 
specimen  de  la  Stn.  iSqg,  golfe  de  Gascogne:  filet  a  grande 
ouverture  (o-i5oo'«,  sur  fond  de  4780™). 


'  — 


-  49  — 


Anebocaris,  sp.  (E 


Le  cephalothorax  mesure  seulement  0.27  de  la  longueur 
totale,  qui  ne  ddpasse  pas  7mm8.  Les  pleurons  abdominaux  sont 
bien  distincts,  le  sixieme  pldosomite  est  a  peu  pres  egal  au 
telson,  legerement  plus  court.  Les  trois  dents  du  bord  frontal 
rappellent  le  specimen  A,  mais  le  rostre  est  encore  plus  court, 
sa  largeur  dgalant  2.5  fois  sa  hauteur.  Les  dpines  laterales  sont 
courtes,  et  recourbdes  vers  le  haut,  de  meme  que  le  rostre. 

Les  ophtalmopodes  sont  entierement  a  de'couvert.  La  cornee 
presente  une  forte  saillic  apicale.  Vue  en  dessus,  elle  est  un  peu 
plus  large  que  l’ophtalmopode  qui  ne  se  montre  pas  renfld  a  sa 
base.  La  longueur  des  yeux  n’est  contenus  que  1 1  fois  dans  la 
l°ngueur  totale ;  ces  organes  sont  par  suite  aussi  grands  que  sur 
L  specimen  B,  un  peu  plus  grands  meme,  ce  qui  contraste  avec 
le  de'veloppement  un  peu  plus  avancd  des  autres  appendices. 
(%  14,  E). 


Le  fouet  antennulaire  externe  porte  8  fortes  soies  disposees 
cn  a  groupes,  le  fouet  interne  est  de  meme  longueur  et  termine 
Pur  2  soies.  Sur  l’un  des  specimens,  dont  la  mue  suivante  est 
plus  prochaine,  le  futur  scaphocerite  est  visible,  avec  son  dpine 
lutdi ale  tres  forte  et  son  dcaille  assez  reduite;  il  doit  etre  assez 
laPprochd  de  la  forme  adulte,  et  rappelle,  par  sa  brievete,  VAl- 


wopsis  trispinosus. 

Le  fouet  antennulaire  est  distinctement  annele,  il  egale  en 
°ngueur  les  fouets  de  l’antenne. 

Les  appendices  buccaux  —  sauf  les  mandibules  —  sont  un 
?eu  Plus  avancds  que  ceux  des  specimens  B. 

Lendopodite  du  premier  maxillipede  est  plus  etroit,  et  porte 
es  soies  a  Pextremite.  (Fig.  17,  g).  Celui  du  deuxieme  maxil- 
We  est  nettement  courbe  dans  sa  moitie  distale,  ses  trois 
n*eis  articles  raccourcis  et  elargis.  Le  troisieme  maxillipede 
j  Us  grele,  et  ses  articles  plus  distincts.  (Fig.  17,  h,  i). 

"ts  pinces  de  la  premiere  paire  sont  tres  developpdes,  ine- 
'apport  1.66),  de  forme  deja  bien  diffdrente.  Celles  de  la 


(104) 


30 


deuxieme  paire,  d'egale  longueur,  different  surtout  par  le 
volume,  leurs  largeurs  etant  dans  le  rapport  1.45.  II  en  est  de 
meme  pour  le  carpe,  plus  grand  que  la  pince  (rapport  1 .25). 
(Fig.  17,  k,  /;. 


Les  pattes  des  troisieme  et  quatrieme  paires  sont  egales, 
pourvues  d’un  ischiopodite  distinct,  terminees  par  un  tres  court 


stylopodite.  La  forme  du  futur  dactyle  n’est  pas  encore  visible. 
(Fig.  17,  m). 

L’ischiopodite  de  la  cinquieme  paire  est  egalement  bien  dis¬ 
tinct.  (Fig.  17,  0). 

Les  pleurobranchies,  les  epipodites  a  et  (3  sont  aussi  avance's 
quesur  le  specimen  C  et  D.  II  en  est  de  meme  pour  les  pldo- 
podes,  surtout  sur  celui  des  specimens  dont  la  mue  est  proche. 
Comme  les  scaphoce'rites,  les  uropodes  et  le  telson  sont  dessines 
sm  cet  exemplaire,  avec  une  diminution  notable  de  longueur; 

I  uropode  externe  futur  montre  une  tres  forte  epine  suturale,  le 
telson  futur  porte  sur  son  bord  externe  les  2  paires  d’epines 
habituelles  et  entre  elles  6  soies.  (Fig.  17,  t,  u). 

■  specimens  de  la  Stn.  1715. 


Alpheus  ruber  (stade  Anebocaris) 


Diaphoropus  sp.,  Lo  Bianco 

Le  plus  grand  des  specimens  que  m’a  communiques  M.  Lo 
unco  rnesure  6mm  4.  (Fig.  18).  Les  pleurons  abdominaux  sont  a 
J^ne  marques,  le  sixieme  ple'osomite  est  1.2  fois  plus  long  que 
I'j^son.  Les  yeux  tres  grands  ne  sont  contenus  que  10  fois  dans 
°ngueur  totale.  Le  rostre  est  aussi  long  que  large,  les  epines 
p  plus  rapprochees  que  dans  les  especes  prece- 


lat^'ales  beaucou 


fo;tes’  et  aussi  beaucoup  plus  faibles.  Les  yeux  sont  aussi  de 
f0r|lle  J.^S0'ument  differente.  Ils  montrent  lateralement  une  tres 
■  saiLie  apicale  de  la  cornee,  mais  cette  saillie  est  encore 
eendessus,  le  bord  interne  de  l’ophtalmopode  etant  forte- 
»«conc«e.  (Fig.  ,4,  R). 

ft'ux  S  aFPenc^ices  thoraciques  sont  un  peu  plus  avancds  que 
et  ^es  specimens  B,  l’ischiopodite  des  membres  est  distinct, 
)  a  des  traces  des  dpipodites  a.  Le  stylopodite  de  la  cin- 
Cfl  e  Paire  porte  quelques  denticules  a  son  extreme  pointe, 
le  £)•  C  C^6Z  sP^c*men  D  precedemment  decrit,  et  comme  chez 
^phoropus  versipellis  Sp.  Bate. 

I  es  P^opodes  ont  leurrames  ovoides  et  depourvues  de  soies, 
IIle  beaucoup  plus  petite.  (I04) 


32 


Parmi  les  autres  larves  de  VA.  ruber  qui  m  ont  ete  commu¬ 
niques  par  M.  Lo  Bianco,  se  trouvent  au  moins  5,  peut-etre 
6  stades  du  ddveloppement.  La  plus  jeune  larve,  qui  est  au 
stade  Diaphoropus ,  mesure  4  millimetres.  Sur  la  quatneme 
paire  de  pdrdiopodes,  l’endopodite  n  est  encoie  representee  que 
par  un  bourgeon  hemisphtfrique,  celui  de  la  troisieme  paire  est 
encore  tres  court,  les  exopodites  etant  de  la  meme  taille  que  les 
precedents.  II  n’y  a  pas  trace  de  pldopodes,  le  sixieme  pldosomite 
est  2  fois  plus  long  que  le  telson.  Celui-ci  est  trapezoidal,  son 
bord  posterieur  est  un  peu  concave  seulement,  et  porte  7  panes 


d’dpines  inegales,  plus  une  huitieme  paire  laterale.  A  1  interieui 
se  voit  le  telson  futur,  de  longueur  e'gale,  mais  beaucoup  moms 
large,  et  sur  lequel  paraissent  s’inserer  seulement  0  PaI1  L's 
d’epines.  (Fig.  18,  vi).  Les  uropodes  sont  plus  courts  que  e 
telson.  (Fig.  18,  1). 

La  larve  qui  parait  venir  ensuite  mesure  5  millimetres.  Le 
quatrieme  pereiopode  a  maintenant  son  endopodite  en  forme  de 
bourgeon  ovale,  et  les  bourgeons  des  pleopodes  sont  piesents. 


—  53  — 


Le  telson  a  ses  bords  latdraux  legerement  convexes;  son 
bord  posterieur  est  droit  et  porte  5  paires  d'epines  inegales. 
(Fig.  18,  n).  A  ces  deux  stades,  les  endopodites  des  deux  pre¬ 
mieres  paires  de  pattes  sont  dirigds  en  dedans  et  n’ont  pas  encore 
de  pinces. 

La  plus  petite  larve  possddant  les  pinces  de  la  premiere 
paire  mesure  5mm  8.  Elle  n’a  encore  que  de  tres  petits  bourgeons 
des  pleopodes ;  le  telson  a  son  bord  posterieur  un  peu  plus  etroit 
que  sa  base,  avec  5  paires  d’dpines  ine'gales.  (Fig.  1 8,  hi).  La 
pince  de  la  premiere  paire  n’est  presente  que  d’un  cote',  et 
celles  de  la  deuxieme  paire  manquent.  Les  pattes  des  troisieme 
etquatrieme  paires  sont  encore  cylindriques,  peu  inegales,  avec 
des  traces  peu  distinctes  de  divisions. 

Une  larve  mesurant  5n,m  9,  et  dont  la  premiere  paire  de  pattes 
uianque,  doit  etre  le'gerement  plus  avancee.  Les  bourgeons  des 
pleopodes  sont  un  peu  plus  grands,  et  la  deuxieme  paire  possede 
la  meme  taille  au  moins  que  la  premiere  dans  le  specimen  pre¬ 
cedent.  La  troisieme  paire  est  aussi  plus  allongee  et  plus  dis- 
tinctement  segmente'e. 

Une  des  larves  les  plus  grandes  sur  lesquelles  le  telson  porte 
encore  5  paires  d’e'pines  posterieures  mesure  6mra  1 .  Les  pinces 
des  deux  premieres  paires,  bien  que  fortement  inegales,  sont 
beaucoup  plus  petites  que  chez  les  specimens  les  plus  grands 
(’n'm4)-  Le  carpe  de  la  deuxibme  paire  est  plus  petit  que  la  pince. 
Les  pattes  des  troisieme  et  quatrieme  paires  sont  presque  egales, 
distinctement  segmente'es.  Le  stylopodite  de  la  cinquieme  paire 
porte,  pour  la  premiere  fois,  des  denticulations  a  1  extremite. 
Les  pleopodes  sont  maintenant  birames,  mais  de  taille  moitie' 
m°indre  que  sur  les  larves  les  plus  grandes.  Le  telson  est  plus 
d'rge  que  chez  ces  dernieres  a  son  bord  posterieur,  qui  est  droit. 
(FiB*  18,  iv). 

Entre  cette  larve  et  les  plus  avancees  se  trouve  encore  un 
stade,  reprdsente  par  une  larve  de  6  millimetres,  aussi  grande 
Pai  suite,  mais  un  peu  moins  developpee  que  celle  ddcrite  en 
Premier  lieu.  Elle  en  differe  surtout  par  les  pleopodes  le'gere- 


nent  plus  petits,  et  par  le  telson  qui  porte  encore  les  petites  epi- 
cs  rue'dianes.  Mais  le  bord  posterieur  est  arrondi,  et  cette  paiie 
Esparaitra  vraisemblablement  a  la  mue  suivante.  (Fig.  18,  v). 


(104) 


-  54  - 


Anebocaris  ancylifer,  H.  Coutiere 

J'ai  ddcrit  ailleurs  (25)  cette  tres  remarquable  espece,  dont 
je  rappelle  ici  les  particularity  essentielles  :  la  forme  tres 
comprimde  du  corps,  le  rostre  tres  long,  rappelant  celui  des 
Athanas ,  mais  de  section  ovale  et  non  triquetre,  les  pleurons 
abdontinaux  tres  developpds,  contigus  sur  la  ligne  me'diane 
ventrale,  de  facon  a  enfermer  les  pldopodes  dans  une  sorte 
de  cavitd  imparfaite,  les  pleurons  des  paires  3  et  4  se  termi- 
nant  en  une  forte  pointe  rdcurrente,  dispositions  e'tranges  et 
sans  exemple  chez  les  Eucyphotes  adultes.  Enfin,  la  consis- 
tance  des  teguments,  rappelant  ceux  des  adultes,  et  contras- 
tant  avec  le  tres  faible  developpement  des  appendices  bucco- 
thoraciques,  comparables  en  tous  points  a  ceux  des  Anebocaris 
de  I’A.  ruber.  Je  rappelle  aussi  que  cette  larve,  ressemblant  a 
un  Athanas  par  la  longueur  du  rostre,  ne  saurait  en  aucune 
facon  etre  rapportee  avec  certitude  a  ce  genre,  d’ailleurs  in- 
connu  jusqu’a  present  dans  la  region  sud-ame'ricaine  antarc- 
tique  et  n’atteignant  peut-etre  jamais  une  taille  comparable  a 
celle  de  cette  larve  (i6mm).  Les  Athanas  ont  d’ailleurs  les  pleu- 
1  ons  du  sixieme  pleosomite  articules,  ce  que  rien  n’indique  dans 
le  cas  pre'sent,  et  l’aspect  si  insolite  des  pleurons  3  et  4  re'pon- 
diait  assez  bien  a  celui,  tres  exagere,  que  presentent  ceux  des  c? 
de  beaucoup  de  Synalphees.  II  en  est  de  meme  de  l’e'pine  du 
sympodite  des  uropodes. 

L  hypothese  d  une  larve  d’Alpheide  monstrueuse,  destinee  a 
disparaitre  sans  atteindre  jamais  l’etat  adulte,  se  pose  a  propos 
dc  cet  Anebocaris  plus  peut-etre  que  pour  aucune  autre  larve 
geante,  en  raison  de  ses  singuliers  details  de  structure. 


"£  yyv  w. . 


(X04) 


—  56  — 


PALEMONI  DjE 

Lcs  jeunes  du  Palemoneies  vulgaris ,  d  apres  Faxon,  celles 
du  Leander  adspersus ,  d’apres  Mortensen,  mesurent  8  millime¬ 
tres,  au  bout  de  5  stades  larvaires.  Elies  sont  done  relativement 
grandes,  meme  si  Ton  en  deduit  la  longueur  du  rostre,  tres 
court  chez  les  jeunes  de  Crangonidae  ou  d’Alpheidae  qui  leui 
sont  comparables. 

Au-dessus  de  cette  tail le  viennent  se  placer  les  larves  Retro- 
cat'is  et  Coronocaris  Ortmann.  Ces  dernieres  ont  le  fouet  ex- 
terne  des  antennules  profondement  bifurque',  ce  qui  semble  bien 
indiquer  des  Palemonidae,  elles  mesurent  de  io  a  i5  millimetres, 
et,  meme  a  cette  derniere  taille,  les  pattes  thoraciques  de  la 
deuxieme  paire  ne  sont  pas  plus  grandes  que  celles  de  la  pie- 
miere.  Comme  le  rostre  est  ddpourvu  de  dents,  on  pourrait 
e'galement  penser  a  des  Pontonidae.  Mais  ce  dernier  caracteie 
me  ferait  e'earter  les  Lysmata ,  et,  bien  que  la  cinquieme  pane 
soit  allongee  comme  chez  les  Diaphoropus  et  Anebocaris ,  je  ne 
crois  pas  non  plus  qu’il  s’agisse  d’Alpheidae,  chez  lesquels  le 
fouet  de  l’antennule  est  a  peine  biparti.  La  cinquieme  pane 
allongee  se  retrouve  chez  les  Retrocaris ,  larves  chez  lesquelles, 
au  moins  a  leur  taille  maxima  connue  (i6mm)  la  deuxieme  paiie 
indique  nettement  des  Palemonidae,  comme  d’ailleurs  lafoime 
du  rostre  et  les  dents  de  la  carapace. 

Je  remarque  que  le  Reti'ocaris  contraria  Ortmann  a  des 
pleurons  abdominaux  tres  developpes,  les  deux  premiers  poitant 
des  prolongements  epineux  qu’on  ne  remarque  pas  chez  les 
especes  adultes,  au  moins  a  la  place  qu’ils  occupent.  IIspoui- 
raient  etre  interpretes,  de  meme  que  chez  V Anebocaris  anc/lifi’  • 
et  bien  qu’ils  soient  beaucoup  moins  developpes,  comme  1  indice 
d  un  mode  de  developpement  anormal. 

Chez  le  R.  spinosa ,  Ortmann  signale  des  specimens  de  taille 
comprise  entre  5  et  12  millimetres,  les  premiers  etant,  a  ce  point 
de  vue,  deszoes  normales.  La  encore,  comme  chez  les  Alpheidse, 
les  Pandalidm,  on  peut  e'tablir  une  sorte  de  serie  depuis  les 


—  57  — 


larves  normales  jusqu’a  celles  atteignant  des  tallies  excessives, 
et  Ton  ne  voit  pas  oil  Ton  pourrait  faire  le  depart  entre  les 
larves  aboutissant  a  des  adultes  suivant  le  processus  habituel  et 
celles  qu’il  faut  peut-etre  considdrer  comme  n’y  parvenant 
jamais. 

J’ai  decrit  ailleurs  (25)  des  larves  Retrocaris  longues  de  5  a 
6millimetres,  provenant  de  l’expddition  antarctique  sue'doise  et 
capture'es  dans  la  meme  station  que  des  Campylonotus  vagans. 
Ces  larves  n’ont  pas  de  pattes  thoraciques  differenciees,  sauf  la 


Fig.  20.  —  Retrocaris  antarcticus,  H.  C.  — ■  Type  vu  lateralement 
et  appendices  divers. 


dnquieme,  tres  allongee  comme  chez  les  Retrocaris ,  mais  beau- 
coup  plus  forte,  et  dont  le  propodite  porte  une  serie  de  longues 
soies  paralleles.  En  outre  de  ce  caractere,  elles  ont  aussi  en 
comimin  avec  les  Retrocaris  les  deux  epines  antennaires  placees 
3  la  suite,  la  forme  de  la  crete  rostrale,  et  surtout  le  tioisieme 
pleosomite,  relevd  en  pointe  a  concavite  anterieure.  Des  ressem- 
blances  aussi  grandes  conduisent  a  penser  que  les  pattes  thoia- 
ciques  de  la  deuxieme  paire,  une  fois  developpees,  seront  chez  le 

1I04) 


—  58  — 


A*,  antarcticus  comme  chez  les  autres  Retrocaris,  plus  grandes 
quc  cclles  de  la  paire  antdrieure  et  indiquant  un  Pale'monide. 
Comme  la  Crete  rostrale  des  Campj'lonotus  pagans  est  assez  ana¬ 
logue  a  celle  de  ces  larves,  il  est  fort  possible,  en  raison  de  la 
presence  des  uns  et  des  autres  dans  la  meme  station,  qu’il 
s'agisse  de  cette  espece.  Aucune  de  ces  larves  ne  depassemalheu- 
reusement  6  millimetres,  de  sorte  qu’elles  ne  peuvent  apporter 
aucun  dclaircissement  a  la  question  de  savoir  si  les  Retrocaris 
de  grande  taille  sont  anormales. 


CoRONOCARIS  HUMILIS,  n.  sp. 

La  larve  dont  il  s’agit  mesure  seulement  6  millimetres,  elle 
est  beaucoup  moins  avanede  que  celles  ddcrites  par  Ortmann 
|L.  brevis ,  io  millimetres;  C.  gracilis ,  io  a  i5  millimetres)  et 
n  a  pas  encore  d’appendices  differencies. 

Le  rostre  est  large  et  aplati,  pourvu  en  dessus  d  une  seule 
dent,  et  compris  entre  les  deux  dpines  sus-orbitaires,  qui  sont 
peu  saillantes.  11  y  a  une  dent  gastrique,  une  dpine  antennaire 
et  une  dpine  pterygostomiale,  ces  deux  dernieres  non  indiquees 
sui  les  dessins  un  peu  sommaires  d’Ortmann.  Le  troisieme  pleo- 
somite  est  saillant  en  arriere,  comme  chez  les  especes  prece- 
dentes.  Mais  les  pleurons  abdominaux  sont  a  peine  indiques,  les 
pldopodes  reduits  a  des  bourgeons,  le  telson  encore  elargi  dista- 
lement  et  echancre,  avec  5  paires  indgales  d’dpines  posterieures 
et  2  paires  laterales.(Fig.  21,  A,  B). 

Les  yeux  sont  grands,  et  depassent  le  rostre  en  avant;  les  cor- 
nees  hemispheriques  ont  une  papille  oculaire  bien  visible  sur 
L  bold  interne  de  l’ophtalmopode,  a  la  limite  de  la  cornee.  Le 
iouct  antennulaire  externe  est  simple,  mais  les  4  soies  qui  le 
teiminent  sont  disposdes  en  deux  groupes,  indication  sans 

Lite  de  la  fonne  bifide  qu’il  possede  chez  les  especes  d  Ort¬ 
mann.  (Fig.  21,  B). 

t-s  mar>dibules  sont  simples  et  sans  palpe,  le  palpe  de  la 
pede  C  -CSt  ^  Un  Seu^  article.  A  partir  du  deuxieme  maxilli- 
n.-e’  tous  ,es  appendices  sont  semblables,  sauf  le  cinquienre 

qui  ne  porte  pas  d’exopodite. 


—  5g  — 

Les  pattes  de  la  premiere  et  de  la  deuxieme  paire  ont  leur 
propodite  un  peu  renfld,  avec  une  ldgere  indication  d’un  proces¬ 
sus  opposable  futur.  (Fig.  21,  /»,  l).  Sur  la  cinquieme  paire,  le 
propodite  est  plus  long,  et  surtout  lc  stylopodite  terminant  le 
dactyle.  (Fig.  21,  0). 


^0. 21.  —  Coronocaris  htimilis,  n.  sp.  —  A,  B,  type  vu  lateralement  et  en  dessus, 
f-t,  appendices  divers  et  telson. 


II  y  a  5  pleurobranchies,  aucune  indications  d  e'pipodites. 
Lespece  rappelle  le  C.  brevis  d’Ortmann,  dont  les  ophtalmo- 
P°des  sont  relativement  plus  grands,  et  les  dents  sus-orbitaires 
plus  fortes. 

Stn.  i83q,  (Acores);  filet  a  grande  ouverture. 


Periclimenes  sp. 


■Is  donne  ici  la  figure  de  cette  espece,  dont  j  ai  parle  dans  un 
tfavail  anterieur  (18).  Le  specimen  qui  la  represente  mesure  21 

millimetres.  La  formule  rostrale  est  —  dents.  Les  deux  epines 

(104) 


—  6o  — 


antennaires  sont  dispose'es  coinme  chez  les  Periclimenes ,  et  l’ab- 
sence  de  palpe  a  la  mandibule,  bien  que  celle-ci  soit  profonde- 
mcnt  bipartite,  indique  aussi  une  espece  de  ce  genre.  Chez  les 
Palcemonetes ,  en  effet,  les  mandibules  n'ont  pas  de  palpe,  mais 
il  n’y  a  pas  d’epine  he'patique,  qui  est  remplacee  par  la  bran- 
chioste'giale. 

L’espece  differe  beaucoup  des  P.  amethfsteus  et  scriptus 
Risso,  auxquelles  on  pourrait  la  rapporter  d'apres  sa  prove¬ 
nance  (Acores).  En  particulier,  la  deuxieme  paire  est  beaucoup 
plus  volumineuse. 

Le  detail  le  plus  important  que  prdsente  le  specimen  est  la 
presence  d’exopodites  encore  tres  marquds  sur  tous  les  pe'reio- 
podes  sauf  le  cinquieme.  I  Is  sont,  a  vrai  dire,  de'pourvus  de  soies, 


tic.  22.  —  Periclimenes  sp.  —  Rostre  et  epines  de  la  carapace; 
ex,  exopodite  du  deuxieme  pereiopode. 

Par  suite  non  fonctionnels,  alors  que  les  pleopodes  ties  longs 
sont  absolument  ceux  des  adultes. 

Par  tous  les  autres  details  de  forme  en  particulier  par  le 
volume  des  pinces  de  la  deuxieme  paire,  le-  specimen  repond 
aussi  aux  caracteres  des  adultes  du  genre.  La  persistance  des 
cxopodites  larvaires  sur  un  specimen  d’aussi  grande  taille  est 
une  indication  en  faveurde  la  possibilite,  pour  les  larves  ge'antes, 
d  atteindre  quelque  jour  l’e'tat  adulte. 

Stn.  i834  (fileta  grande  ouverture  o-iooom). 

On  peut  faire  deux  hypotheses  au  sujet  des  larves  qui  piO 
cedent  .  ou  bien  elles  finissent  par  donner  des  adultes,  ou  bicn 
dies  n’aboutissent  pas  a  ce  terme  normal  et  disparaissent  avant. 


—  bi 


Dans  le  premier  cas,  elles  peuvent  etre  ou  bien  les  larves 
habituelles  d’especes  donnees,  ou  bien  des  cas  anormaux  de 
developpement  chez  des  especes  possddant  d’ordinaire  des  larves 
normales. 


II  n'est  pas  facile  de  ddfinir  le  mot  de  larves  normales,  car, 
dans  le  nombre  extremement  petit  des  cas  ou  les  premiers 
stades  post-larvaires  ont  dte  observes,  on  a  pu  noter  des  mysis 
mesurant  au  moins  i3  millimetres  et  probablement  plus  (Pan- 
dalus  borealis)  et  jusqu’a  16  millimetres  (Pontophilus  Norjve- 
gicus).  Pour  toutes  les  larves  a  formes  adultes  inconnues  au- 
dessous  de  cettc  taille,  il  devient  done  possible  d’admettre  la 
suite  normale  du  developpement.  D’apres  le  tableau  que  j  ai 
donne  au  debut  de  cette  note,  on  peut  voir  qu  un  assez  grand 
nombre  seraient  ainsi  dlimine'es. 

II  existe  quelques  cas  bien  constates  oil  la  vie  larvaiie  vaiie 
de  3  a  7,  8  et  probablement  9  stades  larvaires.  Devant  le  fait  de 
l’existence  de  larves  de  grande  taille,  on  est  conduit  a  supposei 
que  la  duree  de  cette  vie  larvaire  peut  se  prolonger  bien  davan- 
tage,  soit  habituellement,  soit  accidentellement  chez  certaines 
especes.  Les  modes  de  developpement  seraient  variables  dans 
de  tres  larges  limites  au  lieu  de  l’etre  seulement  dans  les  limites 
etroites  jusqu’a  present  connues.  La  lenteur  avec  laquelle  dis- 
paraissent  les  exopodites  dans  certains  cas  (Periclimenes  sp.) 
est  un  argument  important  dans  ce  sens. 

En  cherchant  it  s’expliquer  les  raisons  de  ces  differences,  on 
est  conduit  it  examiner  ce  qui  se  passe  dans  les  groupes  votsins. 
Ainsi  que  je  l’ai  fait  remarquer,  les  Hoplophoridte  se  placent  en 
dehors  de  tous  les  Eucyphotes  par  les  caracteres  de  leurs  larves 
mysis,  dont  la  mandibule  est  pourvue  d  un  palpe  et  dont  toutes 


les  pattes  thoraciques  sont  pourvues  d’exopodites.  I  Is  se  com¬ 
ponent  a  ce  point  de  vue  exactement  comme  les  Peneides,  et 
aussi  comrne  les  Euphausidae  au  point  de  vue  de  la  duiee  de  la 
vie  larvaire. 

Bien  que  celle-ci  ne  se  termine  vraiment  qu  avec  la  matuiite 
des  glandes  genitales,  il  est  possible  de  la  limiter  piatiquenrent 
au  moment  oil  il  ne  se  fait  plus,  dans  1  aspect  mot  phologique 
exterieur,  d’apparition  ou  de  disparition  de  parties,  celles-ci  sc 
bornant  a  evoluer  insensiblement  jusqua  la  moit  de  1  adulte. 

(104) 


— 


— 


—  62  — 


Chez  les  Decapodes  ct  Schizopodes  dont  il  vient  d’etre  ques¬ 
tion,  l'apparition  du  palpe  de  la  mandibule  n’est  qu’un  incident 
de  la  vie  larvaire.  Celle-ci  se  poursuit  encore  apres  pardes  chan- 
gements  plus  ou  moins  profonds  dans  1’armature  e'pineuse  du 
rostre,  du  telson,  Papparition  de  branchies  ou  d’dpipodites,  la 
dc:croissance  des  exopodites  qui,  sans  disparaitre  totalement, 
peuvent  cesser  d’etre  fonctionnels,  ce  qui  implique  un  mode  de 
locomotion  tout  autre. 

Ainsi  envisagee,  la  vie  larvaire,  au  moins  chez  les  Pe'neides 
et  les  Hoplophoridte,  comporte  des  larves  «geantes».  J’aimon- 
trd  quc  dans  le  developpement  de  V Acanthephyra  purpurea ,  la 
forme  definitive  du  rostre  n’dtait  atteinte  qua  une  tailie  avancee, 
de  facon  tres  graduelle.  Les  Bentheocaris  seraient  encore  plus 
t\  piques,  s  ils  venaient  a  donner  finalement,  comme  il  est  proba¬ 
ble,  des  especes  d’ Hymenodora  presque  de'pourvues  de  rostre. 
La  chute  des  epines  rostrales  se  ferait  en  effettres  tardivement, 
les  Bentheocaris  atteignant  jusqu’a  38  millimetres. 

( .hez  les  Peneides  du  genre  Funchalia ,  enfin,  M.  E-L.  Bouviera 
pu  etablir  avec  une  certitude  presque  entiere  que  les  Grimaldiella 
sont  des  larves  de  ce  genre,  atteignant  20  millimetres  de  longueur 
sans  que  1  on  puisse  dire  que  ce  soit  la  leur  tailie  maxima  (23). 

Chez  les  Eucyphotes,  il  se  trouve  que  les  cas  les  plus  exac- 
tement  comparables  sont  ceux  ou  la  larve  nait  au  stade  rnysis 
d  un  ceuf  volumineux,  cette  larve  possedant  a  sa  naissance  des 
mandibules  palpigeres.  D’ordinaire,  la  fin  de  la  vie  larvaire  est 
mai  quee  de  facon  nette  par  la  chute  des  exopodites,  ce  qui  em- 
[  ec  ie  la  similitude  d’etre  totale,  mais  elle  le  devient  dans  Ie  cas 
s  Hoplophondae  du  genre  Systellaspis  et  Hoplophorits,  ce  qui 
,  ^  e  soB  et  dans  le  cas  des  Pasiphteidae  du  genre  Sympasiphcea 
ou  les  exopodites  persistent. 

la  CSt’  POUI  le  dire  en  passant,  la  ressemblance  entre  ces 

,  ,  m3  sis  et  celles  des  Decapodes  infe'rieurs  qui  m’ont  porte 

ceiei  les  exemples  fortuits  de  developpement  abregd  (1) 

A  cote  des  ca/cl  ^  developpement  n’est  pas  aussi  abrege  qu’il  le  parait. 
a  gros  ceufs  travpr^6  ce  u'  de  1  Alpheus  pro; cox,  les  larves  des  Synalphees 
et  il  en  est  de  merr|Sent  autant  de  stades  que  les  zoes  des  especes  voisines, 
gres  de  l’un  a  l’antra  ^>OU3I  Filannonetes  Vartans  macrosenitor.  Les  pro- 
autre  stade  sont  seulement  moins  marques! 


—  63  — 


chez  ies  Decapodes  comme  la  reapparition  d’un  mode  qui  est 
normal  chez  les  Schizopodes  Mysidae  et  Lophogastridae. 

Chez  les  autres  Eucyphotes,  la  mysis  succbdant  a  la  zoe  n  est 
plus  exactement  comparable  a  la  prdcddente.  Le  changement  de 
forme  de  la  mandibule  et  I’apparition  de  son  palpe  subissent 
un  retard  notable,  ils  se  produisent  en  meme  temps  que  la  chute 
des  exopodites  et  marquent,  au  meme  titre  quc  celle-ci,  la  lin 
de  la  vie  larvaire,  qui  est  par  suite  nettement  ddfinie.  Les  deux 
mysis  sont  toutefois  comparables  au  point  de  vue  des  exopodites, 
absents  sur  la  cinquieme  paire  de  pattes,  alors  qu  ils  sont  pre¬ 
sents  sur  ce  membre  chez  les  Decapodes  inferieurs  (Hoplopho- 
ridae,  Penbides)  et  les  Schizopodes. 

Pour  rester  dans  les  Eucyphotes,  il  se  trouve  done  que  les 
Hoplophoridte  se  sbparent  de  tous  les  autres  au  point  de  vue  de 
leurs  formes  larvaires.  Lcur  place  dans  ce  groupe  de  Decapodes 
nest  cependant  pas  douteuse,  et  il  est  facile  de  mettre  en  evi¬ 
dence  dans  les  autres  families  des  caracteres  d  Hoplophoridae. 

C’est  de  la  meme  maniere  que  Ton  pourrait  concevoit  les 
larves  «geantes»  exceptionnelles  des  Eucyphotes  :  dune  patt, 
elles  reprdsenteraient  des  cas  fortuits  de  reapparition  d  un  mode 
de  ddveloppement  constatd  chez  les  Hoplophoridae  et  les 
Pendides.  D’autre  part,  toutefois,  elles  auraient  garde  la  man¬ 
dibule  simple  et  sans  palpe,  la  cinquieme  paire  sans  exopodite, 
qui  caracterisent  les  larves  habituelles  des  Eucyphotes. 

Quelle  que  soit  la  valeur  des  raisons  precedentes,  on  est 
encore  portd  a  envisager  les  larves  qui  precedent  comme  donnant 
finalement  des  adultes  pour  une  raison  d’ordre  extia-scientilique, 
qu’on  pourrait  l’appeler  1’  «  horreur  du  vide  »  :  c’est  qu’il  est 
insolite  d’imaginer  des  formes  n’aboutissant  pas,  malgi  b  1  etat 
de  perfection  exterieure  auquel  elles  parviennent. 

Cette  seconde  hypothese  s’appuie  sur  les  raisons  suivantes. 

Les  formes  larvaires  «  geantes  »  des  Eucyphotes  sont  ties 
rares,  elles  ont  ete  capturees  dans  des  stations  oil  ne  se  i  encon- 
Lent  pas  les  larves  habituelles,  dont  le  developpement  est 
eonnu.  A  de  tres  rares  exceptions  pres,  elles  ont  et<i  captuiees 
a  la  surface  ou  pres  de  la  surface,  loin  de  la  zone  littoiale, 
au-dessus  de  profondeurs  d’eau  considerables.  Ce  sont  des 

(io4> 


—  64  — 

conditions  anormales,  amenant  a  conside'rer  ces  larves  coniine 
des  formes  devo3rdes,  entraindes  hors  de  leur  habitat,  narrivant 
pas  a  retrouver  Ies  conditions  extdrieures  necessaires  a  leur  evo¬ 
lution.  D’ou  leur  raretd,  surtout  marquee  pour  les  specimens 
de  grande  taille. 

On  pourrait  objecter  que  meme  s’il  s’agit  de  larves  aboutis- 
sant  ii  des  adultes,  le  cas  est  toujours  anormal  et  rare,  et  quon 
nc  peut  s’attendre  a  une  grande  frequence  des  captures.  Lorsqu  il 
s’agit  d’animaux  bathype'lagiques  ou  pdlagiques,  la  surface  de 
dispersion  est  tellement  dnorme  par  rapport  aux  moyens  de  cap¬ 
ture  qu’il  est  difficile  d’dtablir  la  mesure  de  la  rarete  dune 
espece.  Les  Glaucothoe ,  par  exemple,  larves  «geantes»  de  Pa- 
guridae,  dont  le  c as  est  tres  comparable  par  les  problemes  qu  il 
pose,  etaient  des  etres  rarissimes  jusqu’au  jour  oil  la  Prmcesse- 
Alice  en  a  rencontrd  un  veritable  «  banc»  (21).  Dailleuis,  pas 
plus  pour  les  Glaucothoe  que  pour  les  Icotopus  ou  les  Athnto- 
ca?'is,  si  on  les  rencontrait  abondants,  cette  frequence  n  etabln ait 
qu’il  s’agit  de  larves  normales. 

Il  y  a  cependant  quelques  faits  montrant  que  ces  lanes 
d  Eucyphotes  peuvent  se  rencontrer  dans  d’autres  eauxque  celle 
de  la  surface.  Les  Procletes  biangulalus  Bate,  les  Bentlieocai  is 
Bate,  le  Bresilia  atlautica  Caiman  proviennent  des  profondeuis. 
Si  ces  formes  deviennent  finalement  des  adultes,  on  peut  en 
infe'rer  que  celles  de  la  surface,  qui  leur  ressembient,  peuvent  a 
quelque  moment  se  compiorter  de  meme.  Si,  au  contraiie,  ces 
iormes  n’aboutissent  pas,  c’est  que  la  raison  de  cette  anonralie 
ne  doit  pas  etre  cherche'e  dans  la  condition  extrinseque  du  chan 
gement  d’habitat. 

Une  autre  objection  grave  est  la  difficult^  de  rapprochei  ces 
laives  d  especes  adultes  connues.  Elle  se  pose  surtout  poui  les 
formes  de  grande  taille,  et  elle  a  pour  corollaire  le  fait  que  les 
gi  ands  specimens  d’une  espece  donnee  ne  montrent  que  des 
changements  insignifiants  quand  on  les  compare  a  ceux  de  taille 
moitie  moindre,  par  exemple.  Comme  ces  larves  sont  toujouis 
nees,  a  1  origine,  d’un  oeuf  d’une  espece  adulte,  qui  par  suite  se 
peipetue,  les  zoes  originelles  de  ladite  espece  fornieraient  deux 
groupes,  l’un  de  larves  normales,  l’autre  de  monstres  a  vie 


—  65  — 


larvaire  inddfinie,  qui  reproduiraient  au  plus  la  caricature  de 
1’adulte,  pourrait-on  dire,  mais  ne  pourraient  jamais  realiser  sa 
forme  parfaite. 

II  est  certain  que  cette  maniere  de  voir  prend  beaucoup  de 
force  devant  les  cas  comme  celui  de  V Hippocaricjrphus  bigib- 
ksus)  qui  rappelle  dtroitement  les  Choristnus  Bate,  mais  qui 
mesure  40  millimetres,  alors  que  les  jeunes,  dans  une  espece 
aumoins,  rigoureusement  semblables  auxadultes  en  tous  points 
saufla  maturitd  sexuelle,  mesurent  lamoitid  de  cette  taille. 

On  peut  objecter  que,  pour  lentes  que  soient  les  modifica¬ 
tions  de  forme  du  corps  et  des  appendices,  elles  finissent  cepen- 
dant  par  se  produire  5  les  Icotopus,  les  Atlcintocaris,  les  Hectar- 
Ihi'opus,  les  Anisocaris,  d’abord  ddpourvus  de  pinces,  finissent 
Par  on  acqudrir,  les  dents  du  rostre  augmentent  de  nornbie 
iHippocaricfphus ),  la  forme  du  telson  se  rapproche  de  celle  des 
adultes  prdsumds.  II  n’est  pas  impossible  qu’une  seule  mue 
aniene  a  elle  seule  des  changements  plus  radicaux  que  toutes 
wiles  qui  ont  precdde,  qu’une  «  crise  »  des  glandes  genitales  pai 
exemple,  amene  une  vdritable  metamorphose,  l’adulte  futui  se 
sculptant  pour  ainsi  dire  dans  le  corps  de  la  larve  avec  reduction 
de  taille,  comme  le  cas  est  si  frequent  chez  les  Insectes. 

One  troisieme  objection  est  celle  tiree  des  anomalies  de  foi  me 
que  presentent  certaines  de  ces  larves.  Je  ne  parle  pas  des 
dpines  sus-orbitaires  tres  habituelles,  de  la  spinulation  du  bold 
infdrieur  de  la  carapace,  du  troisieme  pleosomite  prolongd  en 
opine  ou  gibbeux,  toutes  dispositions  se  retrouvant  chez  les 
lar?os  normales.  Mais  les  Atlcintocaris  par  exemple,  finissent 
Pat  avoir  2  paires  de  pinces  egales,  alors  que  les  1  halassocaiida., 
qui  s’en  rapprochent  le  plus,  paraissent  n’en  posseder  que  sui 
deuxieme  paire  de  perdiopodes.  Le  fait  s  expliqueiait  facilc- 
lent  s’il  y  avait  chez  ces  adultes  des  pinces  minuscules  mecon 
ttlles  sur  la  premiere  paire,  ce  qui  est  tres  possible.  II  serait 
plus  embarrassant  si  les  adultes  presumes  ne  possedaient  qu’une 
Pa're  de  pinces.  Les  memes  organes  sont  bien  plus  insolites 
chez  les  Anisocaris ,  qui  ne  peuvent  guere  etre  que  des  larves 
Pasiphaeidae,  et  qui  ont  des  pinces  de  la  premiere  paiie 
s'andes,  de  forme  compliquee,  si  bien  qu  Ortmann  a  pense 
IJPporter  ces  larves  a  des  Alpheidae.  (104) 


—  66  — 


Chez  VIcotopus  amplissimus  H.  C.,  l'endopodite  de  ia 
maxille  large,  foliace  et  indivis,  rappelle  celui  des  Euphausidte. 
Aucun  des  Eucyphotes  adultes  auxquels  on  pourrait  compare;: 
cette  larve  n’en  possede  de  semblablc. 

Enfin,  V Anebocaris  ancylifer  H.  C.,  possede  des  prolonge- 
ments  de  forme  tres  dtrange  sur  Ies  pleurons  abdominaux,  exa- 
gerant  ceux  de  certains  males  de  Synalphdes,  et  les  tdguments 
du  corps,  aussi  solides  que  ceux  des  Alpheidae  adultes,  contras- 
tent  vivement  avec  l’aspect  Iarvaire  des  appendices. 

Ces  details  insolites  donneraient  a  penser  que  Ton  se  trouve 
en  presence  de  larves  monstrueuses.  mais  ils  sont  en  somme 
tres  rares,  et  leur  importance  ne  peut  etre  e'tablie.  Bien  des 
larves  d’especes  connues  presentent  des  singularite's  de  foinies. 
La  mysis  du  Dichelopandalus  Bonnier i,  telle  que  1  a  de'cute 
G.-O.  Sars,  possede  sur  le  cephalothorax  une  paire  de  longues 
cornes  recourbees  dont  il  serait  aussi  malaise'  de  donner  la  signi¬ 
fication. 

Un  des  caracteres  les  plus  frappants  de  ces  larves  est  la  dis¬ 
proportion  qui  existe  entre  l’dtat  d’achevement  des  diverses 
regions  du  corps.  Alors  que  l’abdomen  avec  ses  pleurons  et  ses 
appendices  peut  avoir  acquis  une  forme  tres  voisine  de  cello 
des  adultes  possibles,  que  le  cephalothorax  et  le  rostre  avec 
leurs  epines,  permettent  de  pousser  souvent  assez  loin  la  com- 
paraison  avec  ces  memes  adultes,  les  pattes  thoraciques  sont 
i  estees  entierement  larvaires. 

Les  exopodites  franges  de  soies  sont  certainement  des  organes 
fondamentaux  dans  la  stabilite  et  la  locomotion  de  ces  larves, 
les  endopodites  sont  toujours  cylindriques,  paralleles,  dii igo's 
en  avant  ou  a  peine  coudes  entre  le  meropodite  et  le  caipe, 
tei  mines  par  de  longs  stylopodites. 

Comme  ces  appendices  fournissent  toujours  des  caracteies 
sexuels  secondaires  importants,  leur  faible  developpenient  nn 
poi  te  a  penser  que  si  les  larves  dont  il  s’agit  sont  monstrueuses, 
>1  }  auiait  lieu  d’en  chercher  la  cause  dans  quelque  condition  in 
terne,  par  exemple  l’e'tat  des  dbauchesde  leurs  glandes  genitales, 

{.  lutot  que  dans  des  conditions  ddfavorables  du  milieu  exterieui. 
Liles  seraient  «  acrome'galiques  ».  Elies  atteindraient  la  taille 


— 


-  —  6  7  — 

maxima  compatible  avec  la  perfection  leurs  organes  tie  relation 
et  de  nutrition,  mais  en  gardant  inddfiniment  l’aspect  infantile, 
et finiraient  par  disparaitre  sans  se  reproduire. 

Les  exemplaires  dont  j’ai  pu  disposer  sont  de  trop  grande 
valeur  pour  que  je  me  sois  permis  de  les  mutiler  pour  l’etude. 
J’ai  seulement  constatd  qu’il  n’existait  pas  trace  d’ouvertures 
genitales,  que  le  deuxibme  pldopode  ne  possddait  jamais  le 
double  rdtinacle  qui  distingue  les  <3*.  Sur  le  plus  grand  des 
specimens  de  V Hippocaricyphus  bigibbosus ,  dont  l’abdomen  et 
le  thorax  etaient  presque  sdpards,  je  n’ai  pu  apercevoir  trace  de 
glandes  genitales.  C’est  un  point  qui  pourra  sans  doute  etre 
aborde  par  la  suite. 

Dans  une  note  tres  importante(2i)  consacree  aux  Glaucothoe , 
M.  Bouvier  cst  amend  a  les  considerer  comme  des  larves  de 
Pagures,  larves  anormales,  continuant  de  croitre  en  menant  une 
existence  pelagique  au  lieu  de  tomber  sur  le  fond  et  de  s’y 
choisir  un  abri  dans  une  coquille  appropriee,  soit  parce  qu’elles 
n°at  pas  trouvd  cette  coquille,  soit  a  cause  d’un  courant  qui 
les  aempechdes  d’atteindre  le  fond.  M.  Bouvier  espere  pouvoir 
soumettre  au  controle  experimental  le  role  que  pourrait  jouer 
la  presence  ou  l’absencc  d’une  coquille  dans  revolution  de  ces 
larves.  Les  anomalies  qu’elles  presentent  sont  si  semblables  a 
eelles  des  larves  d’Eucyphotes  que  les  memes  causes  doivent  les 
provoquer.  Les  arguments  donnds  par  M.  Bouvier  dans  son  beau 
travail  ont  beaucoup  contribud  a  me  faire  envisager  comme 
■aonstrueuses  les  mysis  geantes  d’Eucyphotes,  mais  pour  celles- 
c'i  tout  au  moins,  la  cause  de  cette  monstruosite  possible  ne 
Pouvant  etre  l’absence  d’un  abri  sur  le  fond,  je  pencherais 
plutot  pour  l’hypothese  d’une  cause  interne,  imprimant  a  la 
iarve,  a  partir  de  l’ceuf  et  dans  l’oeuf  meme,  une  direction  evo¬ 
lutive  anormale. 


(104) 


INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE 


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13.  G.-O.  Sars.  —  Account  of  the  postembryonal  development  of  P.  bore¬ 
alis  Kr.,  Rep.  of  Norw.  fish.  &  mar.  Investig.  I,  n°  3,  p.  *-45,  pk  >' 
x.  i goo. 

(104) 


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1 6.  Lo  Bianco.  —  Le  pesche  pelagische  abissali...  nelle  vicinanje  di  Capri, 

Mittheil.  Zool.  Station  zu  Neapel,  Bd.  i5,  3,  p.  438.  igoi. 

17.  E.-L.  Bouvier.  —  Observations  nouvelles  sur  les  Crevettes  de  lafamille 

des  Atyides,  Bull.  Sc.  de  la  France  et  de  la  Belgique,  XXXIX,  p.  5j- 
i3q.  1905. 

18.  H.  Coutiere.  —  Notes  preliminaires  sur  les  Eucyphotes  recueillis  par 

le  filet  a  grande  ouverture,  Bull.  Mus.  Ocean.  Monaco  n°  48.  1905. 

19.  H.  Coutiere.  — Sur  les  epipodites  des  Crustaces  Eucyphotes,  C.  R.  Ac. 

Sc.  3  juillet  1905. 

20.  H.  Coutiere.  —  Sur  les  Crevettes  du  genre  Caricyphus,  C.  R.  Ac.  Sc. 

24  juillet  igo5. 

21.  E.-L.  Bouvier.  —  Nouvelles  observations  sur  les  Glaucothoes,  Bull.  Mus. 

Ocean.  Monaco  n°  5i.  1905. 

22.  H.  Coutiere.  —  Sur  la  synonymie  et  le  developpement  de  quelques  Ho- 

plophoridce,  Bull.  Mus.  Ocean.  Monaco  n°  70.  1906. 

c3.  E.-L.  Bouvier.  —  Sur  la  position  poologique,  les  affinites  et  le  develop - 
pement  des  Peneides  du  genre  Funchalia  Thn  ,  C.  R.  Ac.  Sc.,  t.  CXL1V 
n»  18,  p.  95 1-954. 

24.  H.  Coutiere.  —  Sur  la  duree  de  la  vie  larvaire  chep  les  Eucyphotes 

C.  R.  Ac.  Sc.  27  mai  1907. 

25.  H.  Coutiere.  —  Sur  quelques  formes  larvaires  d'Eucyphotes  provenant 

de  V expedition  antarctique  suedoise,  Bull.  Mus.  Paris  n°  9.  1907. 


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AVIS 


Le  Bulletin  est  en  depot  chez  Friedlander,  11,  Carlstrasse. 
Berlin. 

Les  numeros  du  Bulletin  se  vendent  s^parement  aux  prix 
suivants  et  franco  : 

Fr. 

89.  —  Notes  sur  les  gisements  de  Mollusques  comestibles  des  C6tes 

de  France.  —  La  region  d’Auray  (Morbihan)  avec  1  carte, 
par.  L.  Joubin,  professeur  au  Museum  d’Histoire  naturelle 
de  Paris  et  a  1’institut  Oceanographique .  2  20 

90.  —  Description  de  l’extremite  posterieure  du  corps  anormale 

chez  deux  Motella  fusca  Risso,  par  le  Dr  M.  Jaquet, 
Gonservateur  au  Musee  Oceanographique  (avec  une  plan- 
che  double) .  1  ® 

91.  —  Analyse  de  quelques  dchantillons  de  Pelagosite  recueillis 

dans  le  port  de  Monaco,  (kun  espcranta  traduko),  par 
G.-H.  Allemandet .  0  30 

92.  —  Conference  du  1"  dccembrc  1906.  La  Presqu’ile  de  Qui- 

beron  (avec  quatre  planches),  par  L.  Joubin,  professeur 
au  Museum  d’Histoire  naturelle  de  Paris  et  a  l’lnstitut 
Oceanographique .  1  50 

9^-  —  Quelques  impressions  d'un  naturaliste  au  cours  d’une  cam- 

pagne  scientihque  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  (190:1), 
par  E.-L.  Bouvier,  professeur  au  Museum  d’Histoire 
naturelle,  Membre  de  l’lnstitut .  1  30 

94.  —  Sur  l'existence  de  la  Mye  dans  la  Mcditerranee,  par  Fred 

Vles,  preparateur  du  Laboratoire  de  Roscoft .  0  30 

95.  —  Sur  la  huitidme  campagne  de  la  Princesse-Alice  II,  par 

S.  A.  S.  le  Prince  Albert  1"  de  Monaco .  0  30 

9®-  —  Orchomenella  lobata,  nouvclle  espece  d’Amphipode  des 

regions  arctiques,  par  Ed.  . .  1  * 

97-  —  Sur  une  methode  de  prelevement  de  l'eau  de  mer  destinee 
aux  etudes  bacteriologiques,  par  MM.  P.  Portier  et 

J.  Richard . •••■•  1  * 

9®-  —  Questionnaire  relatif  aux  especes  comestibles  de  Crustaces, 

par  H.  CounkRE . 0  50 

99-  —  Note  preliminaire  sur  quelques  Asterics  et  Ophiures  prove- 
nant  des  campagnes  de  la  Princesse-Alice,  par  R.  Kiehler, 

professeur  a  la  Faculte  des  Sciences  de  Lyon . .  .  1  00 

I0°.  LTndustrie  des  Salines  cdtieres,  par  le  Dr  L.  Maillard, 
professeur  agrege  k  la  Faculte  de  Medecine  de  Paris  (avec 
8  planches)..... .  2  “ 

101.  Notes  supplcmentaires  sur  les  Calanoides  de  la  Princesse- 

Alice  (corrections  et  additions),  par  G.  O.  . .  0  30 

102,  Note  sur  une  forme  jeune  de  Trigla,  par  le  D'  M.  Jaquet, 

Conservateur  au  Musee  Oceanographique .  0  30 

io^-  Note  sur  les  Srachiopodes  recueillis  au  cours  des  dernieres 
croisieres  du  Prince  de  Monaco,  par  M.  L.  Joubin,  profes¬ 
seur  au  Museum  d’Histoire  naturelle  de  Paris  et  a  Tins- 
titut  Oceanographique .  0  30 

104.  Sur  quelques  formes  larvaires  enigmatiques  d’Eucyphotes, 
provenant  des  collections  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco, 
par  H.  Coutiere .  2  8 


MONACO.  -  IMPR.  DE  MONACO.